Le deuil en temps de pandémie – Texte : Carolanne Fillion

Depuis le début de la pandémie, on accorde une très grande importance au nombre de décès causés par la Covid-19 sans y ajouter les décès reliés à d’autres causes. Avez-vous pensé au nombre de personnes endeuillées qu’il pouvait y avoir pour chaque décès ? Faites-vous partie de ces Êtres Humains qui ont perdu un être cher ? Que vous soyez un endeuillé ou l’accompagnateur d’une ou peut-être même de plusieurs personnes décédées, ce texte vous parlera sans doute. Et pour ceux qui ont la chance de ne pas avoir vécu le départ de quiconque d’important à leurs yeux depuis le début de la pandémie, je vous invite à terminer votre lecture et à écrire par la suite à une personne que vous aimez pour le lui dire.

Le décès d’une personne commence, la plupart du temps, par la maladie, la détérioration de l’état de santé. Les mesures mises en place ne permettent pas d’aller rendre visite à ceux qui sont en santé et encore moins aux personnes malades. Ce qui veut donc dire que, depuis le début de cette pandémie, il y a maintenant presque un an, on ne peut voir ceux qu’on aime que par visioconférence. Et la visioconférence, c’est pour les chanceux, ceux qui ont encore leur être cher en vie. Mais peut-être avez-vous eu la chance de parler à ceux que vous aimez avant qu’ils rendent leur dernier souffle. Pour ma part, ma famille proche a pu voir ma fille une dernière fois avant qu’elle soit mise en terre, une dernière fois dans son cercueil. Ça faisait un an que personne ne l’avait vue rire, sourire, vivre…

Parlant de cercueil, les funérailles… Les funérailles, c’est pour les chanceux qui peuvent assister à l’exposition et au dernier au revoir du défunt. Parce que, malheureusement, cette chance n’est pas réservée à tous les proches qui ont perdu quelqu’un. Un maximum de 25 personnes est autorisé dans les salons funéraires et les églises. 25 personnes, si on fait un calcul rapide pour ma fille, ça inclut les parents, grands-parents, arrière-grands-parents et nous avions déjà plus de la moitié de la capacité maximale. Depuis quand, lorsqu’on perd l’un des nôtres, devons-nous choisir qui peut et qui ne peut pas être présent ? Depuis l’arrivée de ce virus, il n’est plus autorisé de faire des funérailles à la hauteur de la personne décédée. Parce que, maintenant, les funérailles c’est un maximum de 25 personnes qui doivent porter un masque, qui doivent être à deux mètres les unes les autres, qui ne peuvent se donner la main ni même se prendre dans les bras.

Le deuil, c’est une série d’étapes qui peuvent être dans un ordre différent d’un endeuillé à l’autre. Les mesures sanitaires nous empêchent depuis près d’un an d’être entourés pour faciliter une ou même plusieurs étapes. Elles nous obligent à vivre tout ça entre les quatre murs de notre maison, seul, seul avec notre peine. Ce qui était rassurant pour moi, c’était de savoir que je pouvais aller voir ma fille au cimetière quand je ressentais le besoin de lui parler ou juste pour m’étendre à côté d’elle pour regarder les étoiles. Mais depuis quelques semaines, on me force à ressentir ce besoin entre 5 h et 20 h. Nous devons donc apprendre à vivre notre deuil sans la présence physique de nos proches…

J’aimerais finir par souhaiter mes plus sincères condoléances à tous ceux et celles qui ont été touchés de près ou de loin par la perte d’un être cher au courant de leur vie. Que ce soit en temps de pandémie ou non, le décès d’une personne aimée entraîne des sentiments difficiles à vivre, peu importe l’année qui est gravée sur l’épitaphe.

Carolanne Fillion



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