Quand on a un modèle inspirant

J’ai envie de parler de mes parents. Parce qu’ils sont inspirants. Parce qu’ils nous ont toujours raconté leur histoire d’amour avec des étoiles dans les yeux,

Ils se sont rencontrés au cégep à l’âge de dix-sept ans. Ma mère ne voulait pas d’amoureux. Elle avait une vie bien remplie, plein d’amis et ça lui plaisait. Mais quand mon père l’a embrassée, elle a succombé…

Quand mon père s’est retrouvé au cégep de Trois-Rivières pour le football, ma mère allait le rejoindre patiemment toutes les fins de semaine, en train, avec le chat.

L’année de leurs dix-neuf ans en a été une importante : ils se sont mariés. Mon père a d’ailleurs perdu son alliance sur le terrain pendant un match. Ils nous ont raconté de nombreuses fois les lampadaires allumés ainsi que les joueurs et spectateurs sur le terrain pour la retrouver!

C’est aussi cette année-là que mon frère s’est installé dans le ventre de notre mère. Oups. Ce n’était pas prévu si tôt. Mais il était une si belle surprise! Un ami et coéquipier de mon père avait organisé une belle vague d’entraide. À chaque entraînement, mon père trouvait quelque chose pour le bébé à venir dans son casier, laissé par chaque joueur, à tour de rôle.

On a aussi eu le récit plein d’humour et d’amour de la première naissance. Une grève des autobus a presque empêché mon père d’arriver à temps. Il a finalement fait du pouce pour ne rien manquer! Le médecin a annoncé à mon père qu’il « sortirait » le bébé, que ce n’était pas compliqué, qu’il n’avait qu’à l’attraper comme un ballon de football. C’est grâce à lui que mon père l’a fait pour ses quatre enfants. À chaque accouchement, il nous « sortait » avec amour et était le premier à connaître notre sexe. C’est d’ailleurs grâce à eux que mon amoureux et moi avons fait de même à la naissance de notre bébé.

Deux ans plus tard, malgré le stérilet, c’était à mon tour de venir grandir dans le ventre de ma mère. Oups. Un peu plus rapide que prévu encore une fois, mais une autre belle surprise. Ma mère en était à sa dernière année de technique au cégep. Si elle manquait la session d’hiver, elle perdait un an. Elle s’est donc fait provoquer le 16 janvier pour pouvoir retourner à l’école. Mon père travaillait de nuit et prenait soin de nous le jour. Ma mère allait à l’école durant la journée et étudiait en me berçant la nuit. Mes parents sont des guerriers!

Cinq ans plus tard, à vingt-sept ans, après deux fausses couches, ma sœur est née. Finies les surprises! Elle était pleinement prévue et désirée!

Ensuite, ils ont décidé que la vasectomie était ce qui convenait le plus à leur réalité. Nous étions cinq. Un beau chaos à gérer!

Et, à l’approche de la quarantaine, ils se sont dit que leur famille n’était finalement pas complète et ont eu envie de se relancer dans l’aventure. Mon père est donc repassé sous le bistouri pour une « dévasectomie ». À son rendez-vous pour vérifier si l’opération était réussie, ma mère était déjà enceinte. Notre mini-sœur est née le lendemain de ses quarante ans. Mon frère avait dix-neuf ans, j’en avais dix-sept et ma petite sœur, douze.

J’ai tellement de péripéties et de souvenirs remplis d’amour qui me viennent en tête!

Bien que ma mère soit douée pour nous raconter la vie comme dans un film, je ne vis pas pour autant dans un monde de licornes et d’arcs-en-ciel. Nous avons tous traversé une crise d’adolescence, nous avons eu nos chicanes et nos points de vue divergents. Nos parents ont dû travailler fort, se serrer la ceinture pour nous offrir le meilleur, comme bien des familles.

Ce que je trouve si beau dans l’histoire de mes parents, c’est justement le chaos, le moins beau, l’imparfait. Ils ont traversé des tempêtes et ne nous les ont jamais cachées. Ils se sont surtout toujours choisis et « rechoisis » au fil du temps et des épreuves. C’est un beau modèle. Grâce à eux, j’ai rapidement compris que l’amour peut être beau, grand et magique, mais qu’il faut aussi y mettre du sien et l’entretenir pour qu’il reste fort.

Je nous trouve chanceux d’avoir eu des parents amoureux et démonstratifs, qui se tenaient la main, se bécotaient et s’ennuyaient quand ils n’étaient pas ensemble. D’avoir appris que la famille est une priorité, qu’il faut en prendre soin. Je nous trouve aussi chanceux d’avoir eu des parents qui assumaient leurs failles et leurs imperfections, qui nous ont montré à les surmonter, à vouloir toujours devenir de meilleures personnes.

Je les trouve inspirants.



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