Premier Noël sans Papa

Pour la première fois, nous avions fait le sapin un 26 novembre. Une journée grise et froide. Cette journée-là, nous avions décidé de prendre congé de l’hôpital. Papa était inconscient et nous n’avions aucune interaction depuis le 22 novembre. À l’hôpital, les infirmières nous avaient recommandé de nous reposer, car les prochains jours seraient difficiles.

 

J’avais demandé à mes amis de venir m’aider pour monter des étagères dans mon sous-sol et mes amis avaient décidé de me sortir au resto. Un souper inoubliable pendant lequel nous avons discuté de ce qui allait se passer dans les mois suivants. Je gardais espoir que tout allait s’arranger. Vers 11 heures, alors que j’étais assise sur la banquette d’un petit bistro de Boucherville, un frisson m’a traversé le corps. J’avais compris qu’il se passait quelque chose de grave, mais à l’hôpital, on m’a dit de dormir en paix, que tout était sous contrôle.

 

Le lendemain matin à 6 heures, l’hôpital m’a appelée pour me dire de m’y rendre, que le médecin devait nous parler. Les prises de sang du matin révélaient que plus rien n’allait. Nous devions prendre une décision. Nous avons donc pris la décision de le laisser partir. Au départ, on laissait le cœur artificiel branché, mais après une heure, l’équipe médicale nous a conseillé de le débrancher, car sinon, ce serait très long. Quelques heures après l’avoir débranché, Papa nous a quittés, entouré de sa sœur et de sa tante.

 

Papa nous a quittés à moins d’un mois de Noël. Avec toute l’organisation, les funérailles, la gestion émotive de deux enfants de quatre et de six ans, l’esprit des fêtes n’y était vraiment pas. Comme à l’habitude, nous avons passé le 24 décembre dans ma famille. Mes parents et mon frère ont tout fait pour nous changer les idées et nous tenir occupés. Les enfants avaient leur moment. Quelques moments d’émotions où nous avons vraiment ressenti son absence. Nous avons passé le 25 entourés de la famille de Papa. Encore une fois, son absence était très présente, mais tout était encore tellement frais que nous nous sentions tous (les adultes) comme dans un état second, comme dans un mauvais rêve.

 

C’est l’année suivante qui a été la plus difficile. Cette année-là, j’étais retournée au travail. Comme je travaille avec le public dans un endroit qui est ouvert vingt-quatre heures par jour, j’ai trouvé mes journées extrêmement difficiles. Laisser mes enfants la veille de Noël fut de la torture. La journée de Noël, grand-maman est venue chercher mes beaux enfants pour la journée. Dans l’entrée, deux enfants en crise. Deux enfants qui ne voulaient pas laisser partir maman. Mon fils me tenait la jambe en hurlant. Cette journée-là, je me suis fait une promesse. Je me suis promis que plus jamais, je ne laisserais mes enfants la veille ou la journée de Noël. Mes deux trésors n’ont qu’un parent et ils vont l’avoir avec eux tous les Noëls, quel que soit leur âge.

 

Cette année sera le premier Noël sans Papy. L’an dernier, Papy avait organisé une fête avec ses frères, sa sœur, ses neveux et ses nièces, car ils savaient que c’était son dernier Noël. Ce fut très difficile mais très festif. Beaucoup d’anecdotes, de farces et de rire. Papy était un homme strict, mais un homme qui aimait rire et faire des farces. Cette année encore sera une année difficile et émotive. Un Noël où nous serons encore tous ensemble, mais où une personne de plus manquera à la table.

 

 

Annie Corriveau



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