Quarante ans : le début de l’autre moitié

Quarante ans déjà. Le temps passe si vite mon chéri. Comme si l’on s’était rencontrés hier. Je me rappelle encore, du haut de tes trente‑et‑un ans et du bas de mes vingt‑deux ans… on faisait la fête jour et nuit, sans enfants, sans maison. Puis, je nous regarde aujourd’hui, et je suis si fière de nous.

Nous sommes passés au travers de la maladie, des problèmes monétaires, de l’éducation de nos enfants et tellement plus. Ce qui en aurait détruit plus d’un, a renforcé notre couple. Lorsque je nous vois en photo, je nous trouve tellement beaux. La beauté que j’y vois est tellement plus importante que la simple enveloppe corporelle. J’y vois un couple fort, uni et vrai.

Je me rappelle, lorsque tu faisais cent heures par semaine afin de subvenir aux besoins de ta famille… on se voyait à peine et je ne m’en cache pas, c’était dur. Il y a eu cette fois où je t’ai appelé. Je venais de savoir par téléphone que j’avais des cellules précancéreuses. J’étais sous le choc. Je ne comprenais rien, je n’y connaissais rien. Malgré que je t’ai dit que tout allait bien et de terminer ta journée, que j’étais « ok », tu es arrivé quelques minutes plus tard. Simplement pour être là, à mes côtés. Je ne crois pas te l’avoir dit, mais merci.

Ton travail acharné a finalement payé. Tes heures sont maintenant raisonnables et tu adores ce que tu fais. Même si certains diront que tu n’en fais jamais assez. Je te le dis mon chéri, jamais tu n’aurais pu en faire plus. Tu es un père aimant, qui ferait tout pour ses enfants. Et même si cela devrait être naturel pour tout un chacun, ce n’est pas le cas. Alors je te lève mon chapeau, mon homme. Tu es un exemple pour tes enfants.

À quarante ans, j’aime penser que c’est le début de l’autre moitié. Notre famille est complète, il ne reste plus qu’à guider nos enfants pour qu’ils deviennent de jeunes adultes respectables. Ils auront des blondes, des chums et quitteront le nid familial un à un. Notre maison finira par être payée, mais sera bien vide. Nous qui n’avons aucune minute libre, en aurons tout simplement trop. Et c’est correct, ainsi va la vie.

Malgré un futur inconnu, j’ose espérer que notre avenir sera doux. J’espère te voir un jour au bras de ta fille, le jour de son mariage. J’espère un jour voir le grand-papa en toi, bercer tes arrières-petits-enfants. J’espère partir à l’aventure et découvrir d’autres cultures, toi tout grincheux. J’espère te garder en santé afin de t’avoir pour toujours à mes côtés.

Tu es mon pilier sur lequel je peux m’appuyer lorsque tout va trop vite. Tu es ma boussole lorsque je suis égarée. Tu es mon guide lorsque je ne sais pas quelle route prendre. Tu es mon thérapeute lorsque j’en ai trop sur les épaules. Tu es le clown dont je n’ai pas peur. Et pour tout ça, je te dis merci.

Est-ce que je pourrais vivre sans toi ? Oui, évidemment. Mais je ne serais que l’ombre de moi-même. La vie serait fade et je chercherais sans cesse cette partie de moi que tu es devenue. En fait, à cette simple idée, les larmes montent à mes yeux.

Alors voilà. Pour tes quarante ans, je voulais simplement que tu saches à quel point tu es spécial pour nous quatre. À quel point tu es un homme extraordinaire.

Ah oui, j’oubliais… bonne fête mon chéri !

 

Geneviève Dutrisac

 

 

 



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