S’oublier dans la maladie de son enfant

À deux, le bonheur est simple. Tu prends le déjeuner au lit, tu vas au cinéma, tu vas à des spectacles, tu peux aller à l’épicerie au jour le jour si tu en as envie… En gros, tu t’occupes de toi et de ton couple. C’est ti pas beau la vie hein? Un matin en prenant ton café, tu regardes ton homme et tu ressens tellement d’amour que tu te sens tout d’un coup prête pour une famille. Tu y réfléchis, c’est certain, mais cette envie se passe dans le cœur. Tu veux qu’il soit le père de tes enfants. Plus le temps passe, plus l’envie envahit tes pensées. Tu regardes ta montre et tu te rends compte que tu as déjà trente ans passés… faut faire vite! Le temps ne pardonne pas, comme ils disent.

Alors chanceuse comme tu es (ce n’est même pas sarcastique en plus!), tu réussis à tomber enceinte après deux essais seulement. C’est la fête! Vous aurez votre petit trésor. La lune de miel est encore là! Vous continuez à être deux même si toi, tu te sens trois ou quatre au fur et à mesure que les mois passent. De quelle couleur veux-tu mettre la chambre, chéri? Ah! Tu as tellement de goût mon amour, je te laisse choisir!

Tout va pour le mieux. Un jour de pluie, à l’échographie, tu apprends que ton bébé à une malformation. Que l’équipe médicale devra te suivre de plus près jusqu’à la naissance de ta cocotte. Le choc! Et le stress ne fait que commencer.

Tu ne sais pas vraiment à quoi t’attendre

Tu vogues de rendez-vous en rendez-vous, en espérant en savoir plus. Tu espères que cela disparaîtra comme par magie. Mais malheureusement, dans votre cas, c’est impossible. Alors la culpabilité te gruge comme un castor gruge son bois. La tension en toi monte et l’irritabilité (en plus des hormones…) augmente à une vitesse que tu ne peux plus contrôler. Tu as beau être amoureuse et communiquer, parfois, tu as besoin de prendre un break de ta tête. Respire, ce sera plus facile lorsque bébé sera parmi vous.

La planète des licornes roses

L’accouchement a été plus facile que prévu, mais après votre enfer a commencé. L’amour n’est pas facile, tu es d’accord avec moi. Je te confirme que l’amour avec un enfant malade, c’est au-delà de ce que tu peux t’imaginer. Chaque personne du couple arrive avec un bagage de valeurs, de vécu et de croyances. Et c’est exactement à ce moment que tu découvres qui tu as à tes côtés. Déjà, qu’avoir un enfant malade est une source constante de stress, imagine deux minutes si je te dis que tu as un trouble d’anxiété généralisée… Tu vis rarement le même type d’inquiétudes que ton amoureux, tu ne les verbalises pas de la même manière non plus, alors allo les conflits potentiels! Tu es franchement à mille lieues de la planète des licornes roses.

Quatre ans plus tard, vous n’avez toujours pas de bonne nuit de sommeil derrière votre cravate et vous avez passé au travers d’une malformation rénale, d’une opération à cœur ouvert et une possible ré-opération s’annonce. Vous avez compris que vous étiez une équipe. Que pour le moment, l’important, c’est votre enfant! Que vous ne pouvez pas être des parents et des amoureux comme les autres! Votre couple, vous ne l’oubliez pas. Tu sais qu’il est là pour toi et toi pour lui. Vous vous accordez quelques soirées seuls, mais est-ce suffisant? Par contre, ce que tu sais surtout, c’est que malgré les épreuves que vous traversez, l’amour que tu éprouves ne s’éteint pas. Qu’il faut s’aimer très fort pour combattre la maladie main dans la main! Lorsque vos vieux jours arriveront, vous continuerez de vous regarder dans les yeux et vous y verrez une vie remplie d’amour sans aucun regret.

Alexandra Loiselle-Goulet



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