Trois accouchements, trois expériences

Premier accouchement : Wow ! Quelle expérience !

Ce sont les premiers mots que j’ai dits suite à l’expulsion de mon aîné. Vingt-et-une heures de travail, deux heures et demie de poussée. Je vous le confirme, j’ai travaillé fort pour rencontrer mon petit homme ! Pour chaque contraction, je poussais comme si je voulais chier un ananas (ben ! Oui, je l’ai dit, c’est vulgaire, mais c’est ça !) pendant que mon conjoint discutait du Portugal, de voyages et de bonne bouffe avec le médecin. Je vous jure, s’ils avaient débouché une bouteille de vin pour continuer leur discussion, je n’aurais pas été étonnée !

Mais bref, j’étais alors âgée de vingt-deux ans. Toute pimpante, innocente et surtout fonceuse. J’ai vécu cet accouchement comme une expérience, tout simplement. Je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais. Lorsqu’ils ont déposé le petit dans mes bras, le déclic n’a pas eu lieu. Je tenais un bébé dans mes bras pour la première fois, je ne savais pas trop quoi en faire, mais j’écoutais les directives. J’apprenais. En fait, j’apprenais à aimer ce petit être et jour après jour, mon amour grandissait.

Deuxième accouchement : Pu jamais !

Je ne ressentais aucune contraction. Rien. Niet. Nous sommes même arrêtés manger au restaurant en chemin vers l’hôpital (ben ! oui, j’avais faim et on ne contredit pas une femme enceinte !) À l’hôpital, on m’a expliqué qu’ils voyaient un cas comme le mien environ une fois par année. Le travail était bien là ; sur le moniteur, on pouvait très bien voir mes contractions, mais moi, j’étais dans un état de relaxation totale. Je ne voulais pas prendre la péridurale vu mon état, mais mon médecin me l’a fortement conseillée. C’est elle la pro, j’ai donc suivi ses conseils.

Cinq heures plus tard, lorsqu’ils m’ont annoncé que j’étais prête à pousser, je me suis fait rentrer dedans par un train ! Mon seuil de douleur est passé de zéro à dix, en cinq secondes. Sans les contractions pour me préparer, je n’étais vraiment pas prête mentalement. En seulement dix minutes, je tenais mon deuxième fils dans mes bras. J’ai alors regardé mon conjoint droit dans les yeux et je lui ai dit : PU JAMAIS !

Troisième accouchement : Ok, la troisième fois, c’est la bonne !

Je perds mes eaux et je dois m’occuper de mes deux cocos. Je me rends donc à l’école et à la garderie pour revenir à la maison, pour y attendre mon conjoint. J’ai inondé le banc du côté conducteur de liquide amniotique et j’avais les fesses toutes détrempées ! En route vers l’hôpital, nous sommes restés pris dans le trafic. Un travail « normal » : je sentais très bien mes contractions contrairement à mon deuxième accouchement. Je savais ce qui approchait et tout à coup, je ne voulais plus y aller ! Je voulais ravaler mon bébé ou bien rester enceinte à jamais. Tout sauf accoucher !

Six heures plus tard, je me suis mise à pousser. La tête est sortie, mais les épaules ne passaient pas. J’avais un bébé pris à mi-chemin de la sortie. J’étais en transe, telle la fille dans le film Exorcisme. Je me tordais de douleur quand tout à coup, j’ai entendu la voix de mon médecin me ramener à la réalité en me disant de pousser. Une fraction de seconde plus tard, je tenais ma petite dernière dans mes bras.

Pas besoin de dire quoi que ce soit à mon conjoint, il ne veut plus me voir souffrir ainsi et je ne veux plus non plus. La troisième fois était la bonne. Pour NOUS, c’est fini. Notre famille est belle et complète.

Chaque accouchement est différent et chaque accouchement est une expérience absolument spéciale. Nous vivons des sentiments incroyables qui restent à jamais dans nos mémoires. Le meilleur dans tout ça ? C’est que nous oublions vite ! Nous regardons nos chers enfants avec tant d’amour qu’on en oublie toute la douleur vécue… ou presque.

Je n’échangerais mes expériences vécues pour rien au monde. Et disons-le, entre mamans, c’est vraiment intéressant de se raconter nos histoires ! Elles sont si différentes et semblables à la fois.

Geneviève Dutrisac



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