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La fois où, plus capable de te sentir, je t’ai collé au frigo

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Il fut un temps où je me sentais à court de tout face à ton opposition. Face à toi. Tu t’opposais à TOUT. Tu étais la meilleure en TOUT. Nos idées étaient de la m**de. Tu roulais des yeux plus rapidement que les roues d’une voiture sport sur une piste d’essai. J’en suis venue à détester cette attitude. Toi, je t’aimais. Mais honnêtement, je frôlais parfois la déraison et je mélangeais mon dégoût de ton opposition et de ton toi tout entier.

J’étais l’adulte. Toi, tu n’étais que l’adulte en devenir. Je savais que tu étais en apprentissage. Il existe toutefois une zone entre le réel et l’émotionnel qui fait que l’on balance rapidement vers l’envie de haïr le TOI en devenir. Une zone grise qui est décrite, mais tant et aussi longtemps qu’elle n’a pas été vécue, elle ne peut être comprise.

J’en ai passé des nuits à te bercer. À te consoler. À t’aimer en tout point. Mais là, plus rien n’allait. Nous étions aux antipodes. Je redoutais le moment où je te lancerais que j’en avais marre de cette attitude qui te rendait si méprisable. Que je ne pouvais imaginer avoir enfanté un être aussi peu respectueux à notre égard. J’en ai ravalé des paroles. Essuyé des larmes. J’ai prié comme jamais pour que tu redeviennes ce petit être si chéri dans mon cœur. J’ai lu et relu des articles et bouquins qui parlaient de ton état : L’ADOLESCENCE.

J’avais besoin de renouer avec le beau en toi. Celui vers lequel je courais pour m’y retrouver tellement notre complicité était belle et bonne pour nous deux. Jadis.

J’ai mis en place des plans d’action. Renforcements positifs. Puis des retraits, des conséquences. De la DISCIPLINE. Plus tu t’éloignais, plus je te voulais près de moi. Puis… le plus loin possible de moi. Juste de me replonger dans cet état me donne la nausée. M’imaginer te rejeter loin de moi qui t’avais tant désiré allait à l’encontre de tout.

Et puis… la nostalgie des beaux jours m’est revenue. J’étais à deux doigts de tout. Je le sentais. Notre proximité m’était plus qu’importante.

J’ai écrit sur une feuille les moments où tout allait bien entre nous deux. Les moments où tu étais disponible au NOUS que nous étions auparavant. J’ai pris soin de placer ces moments à la vue, à ma vue. Directement sur le frigo. Tu ne lis pas ce qui s’y trouve. Tu n’ouvres la porte que pour la collation ou le déjeuner. Moi, je les lisais souvent. Chaque fois que je passais devant.

J’ai pris soin de mettre de côté tous les mauvais moments que nous passions ensemble pour ne me consacrer qu’à l’essentiel. Ne me consacrer que sur le positif. Nous refaire. Lire et relire les moments que nous aimions tant passer ensemble et où j’avais ton entière collaboration m’ont projetée vers l’envie de les recréer. Tu étais disponible à mettre la table, je me garrochais là-dessus. J’accordais toute mon énergie à ces trop rares moments qui passaient. Petit à petit, nous avons réappris à rire. À passer du bon temps ensemble. Nous avons recréé des moments importants à vivre.

Petit à petit, j’étais moins la mère qui te confrontait, mais de plus en plus la mère qui collaborait. Nous n’étions plus dans une atmosphère de contrôle, mais de plus en plus dans une atmosphère d’épanouissement.

Les moments positifs ont finalement pris le dessus sur le négatif que nous avions créé.

Cette liste, je l’ai maintenant dans mon cœur et j’y rajoute des moments inoubliables tous les jours. Je tente de faire en sorte que l’on puisse toujours rester connectés. J’ai vu que toi aussi, tu fais des efforts et ils sont si salutaires.

Jamais je n’aurais cru que notre frigo aurait fait en sorte que nous allions nous rejoindre à nouveau. Comme quoi la cuisine est et restera vraiment un lieu rassembleur.

 

Mylène Groleau

Désemparent!

J’ai très peu dormi, à peine quelques heures…<

J’ai très peu dormi, à peine quelques heures…

Ma fille était en pleurs au souper hier. Une belle adolescente qui te lance au visage son mal de vivre. Total. « Pourquoi faut-il toujours faire semblant que tout va bien! » Elle n’arrive pas à communiquer. L’effort provoque encore plus de sanglots. Elle a même demandé, d’elle-même, à rencontrer le psychologue de l’école.

Je me sens si seul.

Sa mère est morte depuis cinq ans. Déjà. Avant son dernier souffle, je lui avais promis que tout irait bien… Sans doute l’influence de l’homme à la cape rouge. Ce héros masculin rassurant. Mais nous avons tous notre kryptonite. Moi, c’est le désarroi d’une femme.

Une mère, ça sait comment faire dans ces moments-là. Naturellement. C’est l’image que j’ai retenue. Comme une définition de tâches. Imaginons la pression qui pèse sur elles. Et tous ces hommes qui prennent cette fuite, dès qu’ils en ont l’occasion. Le singe dont on fait cadeau. Sans dire merci. Impossible dans mon cas.

Me voilà plutôt à blaguer. À faire le clown. Triste.

Mais je lui dis au moins l’essentiel. Que je vais l’aider. Que je l’aime. Au travers de mots superflus. De phrases mal dites. Michel, enlève donc ton masque. Tes filtres. Sois la personne sensible que tu es. Pas facile de m’écouter. La carapace est solide. Bâtie depuis l’enfance. Très peu m’ont vu sans.

Je ne lui dis surtout pas ce que je pense des psychologues. Des panneaux sur le bord de l’autoroute. Aux messages variés, voire contradictoires. On espère juste qu’ils veulent nous amener où on veut vraiment aller. Rien comme un être perdu pour égarer tous les autres dans son sillage. S’en rendre compte après toutes ces séances. C’est chèrement payé, un domaine aussi vague. Je sais, plutôt sarcastique.

Si c’était mon amoureuse, je la prendrais dans mes bras. Juste le réconfort. La chaleur d’un câlin. J’ai trop peur. D’elle. Pas capable d’oser. La crainte de l’animal sauvage de cet âge ingrat. Un père, est-ce que ça peut être affectueux avec sa fille? Dans mes modèles, un père n’était affectueux avec personne.

Je suis si perdu.

Je lui parle de sommeil (elle dort moins que moi). D’utiliser moins sa tablette. Que l’équilibre mental, c’est fragile. Que la météo n’aide pas. Que ça peut même être lié à un dérèglement chimique. Une carence. Qu’elle devrait recommencer à prendre des multivitamines. Que je le fais encore. N’importe quoi, qu’elle doit se dire.

Depuis, l’angoisse. Toutes ces heures à penser. Des solutions, c’est plus aisé à trouver pour soi. Le sort de ceux qu’on aime, ça embrume le cerveau. Solide. J’ai même encore entendu le début du chant des oiseaux. Ça prendra juste un peu plus de café pour faire ma journée.

Elle a manqué son autobus ce matin. J’étais content d’aller la reconduire à l’école. Juste être là. Tenter de lui glisser quelques mots de réconfort. Tout croche.

Je sais au moins que j’ai changé. Je n’hésiterai pas à demander de l’aide. À impliquer son entourage. Le mien. Facile, ce n’est pas pour moi. Vous commencez à connaître le personnage. Ne riez pas!

Son frère n’est pas de mon moule. Il est chanceux. Il me dira ce matin qu’il est inquiet pour sa sœur. J’en profite pour lui dire de ne jamais attendre d’en parler quand ça ne va pas. Je le rassure, je prendrai soin d’elle.

Serais-je un bon modèle? Malgré tout, malgré moi…

 

michel

 

La dégringolade scolaire de mon ado

Il y en a qui disent que ce n’est pas le chemin que tu prends qui

Il y en a qui disent que ce n’est pas le chemin que tu prends qui est important, mais bien l’endroit où tu arriveras. C’est une phrase qui a bien du sens. Mais quand vient le temps de l’appliquer à ton adolescent qui ne prend pas l’école au sérieux et qui semble se foutre de ses résultats scolaires, c’est une autre paire de manches.

Au primaire, mon enfant réussissait très bien et ne devait pas trop étudier pour avoir de bonnes notes. Une fois au secondaire, ce fut un peu plus difficile, car il devait y avoir un peu d’efforts pour réussir, mais tout fonctionnait quand même correctement. Mais plus le secondaire avance, plus c’est difficile. HOUSTON, we have a problem! Notre ado n’aime pas l’école. Notre ado ne trouve aucune motivation à réussir à l’école. Notre ado ne prend pas cela au sérieux et ne semble pas comprendre qu’il va nuire à son avenir et à ses choix futurs malgré toutes les discussions qu’on a ensemble. Notre ado n’apporte pas ses devoirs et ses leçons à la maison, prétextant les avoir faits en classe alors que c’est souvent faux. Notre ado a des examens de reprise et ne s’y présente pas. Notre ado a des 0 % dans certains examens. Vous voyez un peu le portrait de la situation?

Mais pourquoi? Notre enfant est intelligent et très allumé. La réussite lui pend au bout du nez, car dès qu’il décide de s’appliquer et de mettre l’effort, tout lui réussit. Mais c’est là le problème, l’effort. Je sais que la paresse est le meilleur ami de l’adolescent, mais il y a tout de même des limites. Ses enseignants lui donnent des chances en offrant des examens de reprise, mais rien ne fonctionne. Quelques fois, nous sommes témoins d’un petit 15-20 minutes d’études à 21 h la veille d’un examen, car nous avons vraiment insisté. Comme c’est une étude de dernière minute sans trop de motivation et cela n’influence pas beaucoup le résultat du lendemain.

Parfois, je me dis que notre enfant doit probablement redoubler pour avoir l’électrochoc dont il a besoin. Mais même la possibilité d’échouer son année scolaire et de la refaire ne semble pas augmenter son rythme cardiaque. Et de toute façon, n’est-ce pas notre responsabilité en tant que parents de tout faire pour guider notre enfant, redonner vie à sa motivation et faire notre maximum pour éviter de perdre une année de scolarité?

Voici ce que je lui répète constamment, mais que j’ai envie de lui écrire :

–        La réussite ne dépend que de toi. Tu as tout ce qu’il faut pour réussir et tes rêves les plus fous sont possibles, car tu as la capacité et l’intelligence pour faire ce que tu désires

–        Ce que tu ne fais pas maintenant par manque de motivation ou par paresse, tu devras le refaire tôt ou tard.

–        Prends conscience que tes gestes d’aujourd’hui influenceront ta situation de demain. Ta vie adulte est en train tout doucement de se dessiner et c’est toi qui tiens le crayon.

–        Nous t’aimons et avons encore confiance en toi. Vas-y avec de petits défis. L’important est d’y mettre plus d’efforts et de concentration. L’effort est gage de réussite.

–        Nous n’accordons pas beaucoup d’importance aux résultats, mais plutôt à l’effort que tu y mets. Nous sommes là pour t’aider, t’encourager et t’épauler.

Je sais qu’il y a beaucoup de parents comme nous qui vivent la même situation. Je sais que nous nous sentons impuissants, voire coupables de ne pas trouver comment rectifier la situation. Dites-vous que nous ne sommes pas eux et ne pouvons décider pour eux. Il ne faut jamais abandonner puisque ce serait leur offrir le laissez-passer qu’ils attendent pour abandonner eux aussi. Dites-leur que vous les aimez et félicitez les petites réussites et les périodes d’effort.

 Commentez pour que les ados dans cette situation puissent vous lire afin de leur donner vos conseils.

Eva Staire

Ma fille devient une femme, que je le veuille ou non

- Mom, qu’est-ce que ça te fait de me voir vieillir ?

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– Mom, qu’est-ce que ça te fait de me voir vieillir ?

Voilà une question que ma fille m’a posée cette semaine. Ouch, le cœur de mère vient de prendre une débarque ! Ma mini a un chum. Un vrai. Elle m’a même annoncé que pour la première fois de sa vie, elle était à l’aise et elle l’a embrassé. Re-ouch, mon cœur veut pleurer !

Qu’est-ce que ça me fait de la voir grandir ? J’ai une immense fierté de la voir aller, mais j’ai aussi l’impression de la perdre. Je perds mon bébé un peu plus chaque jour. On m’avait dit que ça passerait vite, mais je n’avais jamais réalisé que ce serait si vite. Ça me fait réaliser qu’un jour, elle n’aura plus besoin de moi. Un jour, je serai « seulement » sa mère. Un jour, elle me trouvera dépassée, comme les autres. Un jour, elle me trouvera « trop vieille pour comprendre ». Et ça, ça me fait peur…

Ma petite fille devient une femme, que je le veuille ou non.

Je veux que tu saches, ma fille, que maintenant, tu es autonome. Tu prends tes décisions, tu les assumes et tu m’en parles quand ça te fait du bien. Sache que ma porte sera toujours ouverte, si tu as besoin de conseils ou simplement si tu as besoin de te confier. En attendant, je te laisse voler, voler de tes propres ailes, mais n’oublie jamais ceci :

  • Ne laisse jamais personne t’obliger à faire des choses que tu n’as pas envie.
  • Ne laisse personne décider à ta place.
  • Respecte-TOI en premier, écoute ton cœur et suis ton instinct ; c’est fort l’instinct !
  • Fais-TOI confiance en premier lieu.
  • La vie est magnifique : aime, savoure, amuse-toi.
  • RIS. Ris aux éclats, le plus souvent possible.
  • Poursuis tes rêves, n’abandonne pas et ne laisse personne te décourager.

La vie d’ado n’est peut-être pas facile tous les jours, mais en passant au travers, tu deviendras celle dont tu as toujours rêvé ! Aie confiance en toi autant que moi, j’ai confiance en toi et tu défonceras toutes les barrières avec ton caractère !

Un caractère d’ado n’est pas facile à gérer, mais utilise-le en positif ! Sois têtue envers tes convictions, tiens-les, ne les abandonne pas sous l’influence des autres ! Fonce, ose, rêve.

Il n’y a que toi pour décider du genre de femme que tu veux devenir. Prends soin de toi. Aime-toi et ne t’abandonne surtout pas. Sois forte et reste forte pour toi.

Tu feras ton chemin, tu créeras ton bonheur et tu seras fière de toi, et ça, c’est ce qu’il y a de plus important !

Tania Di Sei

J’aimerais tellement être une adulte

Vous, chers adultes qui travaillez et vivez dans VOTRE logement et q

Vous, chers adultes qui travaillez et vivez dans VOTRE logement et qui avez peut-être une famille, qu’est-ce que ça fait d’être un adulte? De décider des repas, de travailler, de faire le taxi et bien sûr, de faire le ménage? Beaucoup de gens nous disent de profiter de notre jeunesse, car ça passe vite. D’autres disent même s’ennuyer de leurs folies d’adolescents. Pourtant, je sais que je ne suis pas la seule « ado » à avoir hâte d’être une adulte. Il y a tant d’avantages à être une grande personne, mais vous ne le voyez pas.

Premièrement, vous pouvez conduire. Vous avez peut-être même votre propre voiture. Repensez aux années où vous ne pouviez vous déplacer qu’à vélo ou en transport en commun. Ce n’était pas pratique, hein? Bien sûr, vous devez payer l’essence et les réparations de la voiture, je le sais bien.

Deuxièmement, vous avez maintenant votre propre logement ou votre maison ainsi que vos propres « électros ». Que demander de mieux? Oui, je sais, vous devez les nettoyer ce logement et ces électroménagers, mais dites-vous qu’en les nettoyant, ça vous fait bouger. Donc, pas besoin d’aller au gym!

Ensuite, vous choisissez vous-mêmes ce que vous mettez dans votre panier d’épicerie. Vous pouvez y mettre ce que vous voulez! Des croustilles, des bonbons, de la pizza, etc. Mais attention, c’est vous qui allez payer ces gâteries. Et soyez raisonnables : faire le ménage, ça brûle des calories, mais manger des croustilles, pas vraiment!

Finalement, vous n’avez plus l’obligation d’aller à l’école. Si on oublie le fait que j’adore l’école, les cours d’histoire commencent à m’ennuyer. Les adultes, eux, peuvent choisir un travail qu’ils aiment!

Bon, je sais qu’être un adulte, ça coûte cher, mais j’ai hâte de faire partie de ces grandes personnes. Pour l’instant, je profite du moment présent, car je sais qu’on ne peut pas refaire le passé. Mais s’il y a une chose que je sais, c’est que le temps passe vite et bientôt, je serai déjà une adulte. Alors, j’écoute les grandes personnes et je profite de ma jeunesse (et des croustilles gratuites) pendant qu’il est encore temps ;o)

Juliette Roy

Lettre à mon fils, ou gérer une crise d’adolescence à 7 ans

Mon garçon,

Ce soir, je n’ai

Mon garçon,

Ce soir, je n’aime plus la mère que je suis pour toi. Je n’aime plus ce qu’on t’offre comme climat familial. Je n’aime pas ces cris qui sortent de ma gorge chaque soir parce que je n’ai plus de ressources pour me rendre à toi, à ta compréhension. Je suis à bout de devoir me battre chaque soir contre tes attitudes, tes manques de respect, ton rouspètage, ton claquage de porte et ta démolition en cinquante-quatre points de notre maison qu’on essaie tant bien que mal de mettre à notre goût.

Je ne comprends pas d’où ça vient toute cette colère en toi, ce désir de toujours aller plus loin pour tester nos limites. Ça m’use, ça use ton père et ça donne un exemple génial à ta sœur qui s’empresse de faire et de réagir exactement comme toi du haut de ses trois pommes.

Tes plus grands succès récents comprennent, mais sans s’y restreindre :

–          « Wow! Bravo! C’est ça, faites pleurer votre garçon! »

–          « Vous avez juste à me changer de famille; de toute façon, je vous aime même pu. »

–          « Vous brisez mon cœur en mille morceaux, vous êtes vraiment méchants! »

–          « Je vais appeler le 9-1-1 pour qu’ils me fassent changer de maison. »

–          « C’est ça, vous voulez que j’aille au ciel? Je vais y aller d’abord! »

–          « Vous ne m’aimez pas! »

C’est presque drôle quand j’y pense : on dirait que je parle d’un ado de 15-16 ans, mais non, tu n’as encore que sept ans tout frais sonnés. Un ado de sept ans! J’ai soudain un plus grand respect pour mes parents qui ont géré ma mini crise d’adolescence. Quoique vite vite, elle semble moins pire que la tienne déjà parce que j’étais peureuse et que je n’aurais jamais passé outre la ligne du manque de respect. De ton côté, on dirait que ça te stimule. Plus on crie, plus tu ris, plus tu pousses et repousses les limites, tes petits yeux dans nos yeux, nous défiant de tout ton petit être. Mais tu nous défis de quoi au juste? J’aimerais bien le savoir, ça accélérerait la résolution de problèmes.

Et j’essaie de comprendre, et je me questionne… Pourtant, ton père et moi, on est des gens respectueux, on donnerait notre vie pour ta sœur et toi. On vous gâte, limite trop! On a une routine, on est constants (de notre mieux), on est calineux, on fait des farces, on passe beaucoup de temps avec vous, on fait des activités, on joue ensemble, vous n’êtes jamais privés de rien. On est strictes mais pas à l’excès. On est loin, très loin de la perfection, mais il me semble que tu es bien traité. Tu es aimé plus qu’à ton tour et pas juste de nous, de toute notre famille et de notre famille élargie pleine d’amis qui t’aiment comme si tu étais leur neveu.

Qu’est-ce qu’il te faut de plus? Comment on arrête ça, ce cercle vicieux de non-respect, de criage, de négociation, de conséquences? Comment on fait pour tenir le coup en tant que parents, en tant que couple, en tant qu’individus, en tant que famille?

Ce que j’aimerais que tu saches mon grand, c’est que parfois en tant que parents, on tente de tout notre être de garder notre calme, de rester droit, constants et respectueux, mais que ça arrive qu’on s’emporte. Quand c’est le cas, on s’en veut déjà de sortir de nos gonds. On a de la peine de devoir aller jusqu’à crier après notre propre enfant pour réussir à lui faire comprendre quelque chose; c’est notre dernier des derniers recours. J’aimerais que tu saches que maman pleure toutes les larmes de son corps quand tu pleures les tiennes dans ta chambre parce que tu trouves la vie si injuste et tes parents si méchants.

J’aimerais surtout que tu comprennes que, peu importe ce que tu fais, peu importe à quel point on s’emporte ou qu’on se déchire l’un l’autre, tu restes la priorité dans nos vies et on t’aime plus que tout. Tout ce qu’on veut, c’est que tu deviennes la meilleure version possible de toi et ça, ça nous prend beaucoup d’efforts, beaucoup de « non » et beaucoup d’énergie.

Présentement, je comprends tout ça raisonnablement dans ma tête, mais pour un minime instant, j’avoue que j’aimerais juste faire « avance rapide » jusqu’au moment où tu seras un adulte responsable, accompli et respectueux qui me dira enfin ces mots qu’un parent attend toute sa vie durant : « Maman, Papa, je comprends maintenant pourquoi vous avez agi comme ça; c’était pour mon bien et ça m’a rendu une meilleure personne ».

Mais ça, je sais que c’est dans plusieurs dizaines de chapitres et peut-être même dans une tout autre histoire puisque ce ne sont pas tous les enfants qui finissent par voir et comprendre ça. Rendue là, j’espère juste que tu seras heureux et que tu seras la meilleure version du garçon merveilleux que je sais que tu as le potentiel d’être.

En attendant, cheers aux parents qui, comme nous, se battent chaque soir pour faire de leur progéniture les leaders du monde de demain. On a du pain sur la planche, mais à regarder autour de moi, je dirais qu’on a plusieurs agents de changement pour l’avenir qui sont en train de faire leurs dents sur leurs parents qui eux, ont hâte à demain matin… pour aller se reposer au travail et qui espèrent qu’à leur retour, tout sera de retour à la normale.

Marie-Eve Piédalue

 

Phobie, nous te vaincrons !

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivale

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivalent d’un missile-laser-longue-portée-nucléaire. L’idée de recevoir un vaccin ou de devoir faire une prise de sang l’angoisse profondément, la fait hyperventiler, la plonge dans l’insomnie, lui donne des maux de ventre et de tête, lui fait faire des cauchemars. Même si elle essaie de se calmer le pompon. Mais aujourd’hui, elle a vaincu.

Retour en arrière.

Petite, grande Peanut accumulait les phobies comme une fillette collectionne les autocollants. C’était devenu impossible de sortir, de voir du monde, d’exister. Mais on le faisait quand même. À petites doses, progressivement. Je ne voulais pas qu’on reste prises dans le duo « fuir ou combattre ».

On en a fait, des mini pas de bébé pour que les choses s’améliorent. Au début, ça s’améliorait parfois et ça dégénérait souvent. Mais à la longue, on a fini par apercevoir un semblant de lueur entre deux séries d’orages.

Quand le temps est venu de recevoir les vaccins de quatrième année du primaire, on a établi un plan de match avec l’infirmière du CLSC. Elle avait bien vu, à l’école, que le cas était sérieux. On ne parlait pas ici d’une peur normale, même pas d’une peur anormale. On parlait d’une vraie phobie. Une peur démesurée, incontrôlable, créée par un sentiment que sa vie est menacée et que la souffrance sera immense et éternelle. Doudou, toutou, musique, Au clair de la lune, bouteille d’eau, visualisation, faire des jokes pour changer les idées : tout y a passé. Ça a pris trente minutes, elle a hurlé, pleuré, essayé de se sauver. Mais on a réussi. Ensemble. Et elle était fière d’elle. Elle avait survécu (littéralement, puisque telle était sa peur), et elle pouvait construire là-dessus pour la fois suivante.

On a célébré ce progrès. Il faut dire que la fois précédente, il avait fallu se mettre à quatre infirmières, une maman et une couverture de contention pour faire une prise de sang. Et ben, ben de la volonté. J’avais perdu cinq livres juste en transpiration. Alors là, trente minutes et juste mes muscles pour la tenir, c’était un grand pas.

Revenons au présent.

Ma fille devait faire une prise de sang ce matin. À treize ans, elle comprend que c’est nécessaire. Elle comprend que ça pique une seconde et qu’elle n’en mourra pas (d’ailleurs, c’est elle qui fait la préparation mentale pour ses frères pour diminuer leurs peurs avant la vaccination). Elle comprend tout ça. Sa tête comprend tout ça. Sa tête connaît aussi tous les trucs pour se calmer, pour éviter d’avoir la patate qui veut sortir de la poitrine, pour dormir malgré l’angoisse. Elle sait qu’il n’y a pas moyen de fuir et que combattre rendra la prise de sang plus difficile, voire douloureuse.

Sa tête sait tout ça. Son cœur veut sincèrement que ça se passe bien.

Ce matin, donc, on arrive au CLSC pour la prise de sang. On s’y rend avant 7 heures pour lui éviter d’angoisser toute la journée. Elle a bu, elle a mangé. Elle respire. Elle a apporté sa musique et ses écouteurs, son livre, mais elle n’a pas la tête à ça. Dès qu’elle voit la porte de la clinique, son corps se raidit, prêt à fuir ou à combattre.

– Maman, je sens le stress monter. J’ai encore plus mal au ventre que la nuit dernière.

Dans la salle d’attente, elle est agitée, elle bâille. Elle se colle sur moi, apprécie que je lui caresse le dos. Elle redevient cette fillette qui collectionnait les autocollants. Elle parle peu, chose inhabituelle mais compréhensible.

– Numéro 515 ? Salle E8.

C’est le temps. Dans quelques minutes, ce sera chose du passé. J’ai même osé porter une jupe, tellement j’ai la certitude que je n’aurai pas besoin de la maintenir de force.

– Maman, j’ai pas envie. Ça va faire mal, je le sais. Pas aujourd’hui, un autre jour. Je suis pas prête. Je peux pas. Ça fait plus ou moins mal qu’un vaccin ? Peux-tu chanter pour moi ? Non, chante pas. Ça me stresse encore plus. Tiens-moi dans tes bras. Faut pas que je voie l’aiguille. Est-ce qu’elle est longue ?

Son cerveau vire dans le vide. Je peux imaginer les influx nerveux se bousculer et s’entrechoquer. Une collision d’heure de pointe. Elle lutte entre sa volonté de rester calme et de faire ce qu’il faut pour être en santé, son désir instinctif de s’enfuir de la clinique (au moins pour une minute, ou pour une journée… mais le lendemain, le stress serait encore plus présent) et son besoin de combattre ceux qui essaient de la piquer.

Un deuxième infirmier arrive. Il l’a entendue pleurer doucement.

– Salut, je m’appelle Jonathan ! Toi, c’est comment ?

Ma fille n’est même pas en état de se rendre compte que quelqu’un lui parle.

La bonne nouvelle, c’est que l’histoire se termine très bien, presque sans larmes. Sans cris.

Une infirmière a tenu sa main pour garder son bras droit, tout en douceur. L’infirmier Jonathan, pas intimidé du tout par sa phobie (« T’sais quoi ? Quand j’avais ton âge, moi aussi ça me faisait paniquer, les aiguilles. Pis r’garde maintenant, je suis infirmier. On peut tout le temps dépasser nos peurs. Heille, c’est super ! C’est déjà terminé ! En plus, tu as du beau sang rouge, même pas vert ! Bonne nouvelle, tu n’es pas une extraterrestre ! »), a piqué et fait les prélèvements tout en lui changeant les idées. Et moi, maman toujours prête, je l’ai prise dans mes bras en détournant sa tête (et la mienne !) de l’aiguille.

Et maintenant, si on se déplace dans quelques mois ou dans quelques années, je peux vous dire que la prochaine fois qu’elle devra se faire piquer pour un vaccin ou pour un prélèvement, elle fera ça comme une championne. Encore plus qu’aujourd’hui ! Parce qu’elle a appris. Parce que son corps apprend à gérer la menace et à la relativiser. Parce que l’empreinte d’une expérience positive (bien qu’inquiétante pour elle) se grave dans son cerveau. Parce que d’ici là, elle continuera de faire des baby steps et des pas de géants. Et elle vaincra sa phobie.

Pour lire d’autres textes qui parlent de l’anxiété de ma grande Peanut et de ses stratégies pour la vaincre :

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/non-ne-te-sauverai/

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/monsieur-zen-rencontre-miss-peur/

Nathalie Courcy

 

L’été : Quand la maison devient un hôtel

Dites-moi que je ne suis pas la seule à avoir cette impression !<

Dites-moi que je ne suis pas la seule à avoir cette impression !

Préado : 12 ans.

Quand les journées sont plates au camp de jour et qu’elle n’a pas le choix d’y aller. Quand revenir en fin d’après-midi fait son bonheur, elle rentre, elle se change et repart. Quand j’arrive de travailler et qu’il y a un mot sur la table : « Partie chiller avec mes amies ».

Oups, elle vieillit !

Je prépare donc le souper, seule, et j’attends. J’attends qu’elle rentre. Je ne sais jamais si ce sera vers 17 h 30, 18 h ou parfois même 18 h 30. Ben coudonc. La patience est une vertu, il paraît !

  • Allô mom ! On mange quoi ? C’est prêt dans combien de temps ?
  • Quand ce sera prêt. (Non mais t’sais !)
  • Ah, c’est parce que mes amies m’attendent au parc, je dois repartir vite !

Ok, c’est à ça que je sers, l’été : faire à manger.

Mais bon, on soupe, je mange quatre bouchées et elle, elle a déjà fini !

  • Bye mom, à ce soir.
  • Hey ! Ramasse ton assiette, prépare ton lunch pour demain, nourris le chien !

Oh que je viens d’être la pire mère au monde en terminant ma phrase ! Je me sens comme une tenancière d’hôtel. La cliente arrive, se change, mange, repart et revient pour se coucher ! Je ne la vois presque pas, sauf pour les besoins essentiels. Facile, la vie de jeune !

Mais chez nous, c’est ça l’été ! Pas de règles. On s’amuse ! Pas de routine, on en a assez toute l’année ! Il y a un couvre-feu, bien sûr, je ne suis pas si indigne ! Mais j’avoue que parfois, ça me joue des tours ! Miss, qui sent qu’elle a tous les droits, agit donc comme si elle avait tous les droits !

En faire le moins possible : oui mais c’est l’été !

C’est assez difficile d’établir quelques règles dites spéciales pour l’été ! Un peu de ça, mais pas de ceci ; tu peux faire ça, mais pas ceci. Mettons donc tout sur la faute de l’été ! Ça nous en fait moins sur les épaules ! En fait, les enfants travaillent tellement fort toute l’année, ils ont tellement de règles à respecter, d’horaires à suivre, d’échéanciers scolaires, pourquoi en faire autant l’été ?

Non merci ! Je suis, moi aussi, en vacances d’une certaine manière ! Congé de devoirs et congé de routine !

Pour le moment, vaut mieux ne pas m’obstiner avec elle, je la laisse aller !

Mais… profites-en, fille, car le mois de septembre arrive vite !

Tania Di Sei

 

Ma fille, nos passions et moi

Depuis qu’elle est née, ma fille aînée a bien dû se faire dire

Depuis qu’elle est née, ma fille aînée a bien dû se faire dire 300 millions de fois (sans exagération bien sûr!) qu’elle me ressemble sans bon sens. Elle est à l’âge où ça lui fait encore plaisir (ouf!), mais aussi à l’âge où elle se rend compte à quel point notre ressemblance dépasse notre binette.

Au-delà de notre teint et de nos cheveux foncés et de nos yeux bridés, on partage aussi plusieurs passions : les livres, les arts, l’écriture, les mots. Alors quand on peut, on en profite pour se faire une journée entre « grandes » (bon… 5′ 2″, ce n’est pas nécessairement ce qu’on appelle « grandes », mais disons qu’on est les plus vieilles de la famille à part le papa). Plus ça va, et plus ces journées sont ressourçantes!

Pendant plusieurs années, la relation entre nous deux a été tendue, limite destructrice. Ses crises m’usaient, mon impatience grandissante l’enrageait. Mauvais match. Entre nous, le principe de l’enfant qui reflète son parent (et inversement) s’applique à 2000 %. Nous nous connaissons tellement par cœur que même inconsciemment, nous sommes capables d’appuyer avec insistance sur les boutons pression de l’autre. Pas winner, quand tu essaies d’avoir une famille zen.

On a travaillé très, très fort ensemble pour améliorer les choses et pour retrouver le plaisir que nous avions à être ensemble quand elle était petite et pas compliquée. Et on a réussi! Donc maintenant, quand les plus jeunes accompagnent papa dans ses aventures Pokemon, nous en profitons pour vivre un condensé d’activités qui nous plaisent et pour reconnecter.

En fin de semaine, bonus : nous avions trois jours ensemble, juste toutes les deux. On a pris ça cool… cinéma, dodo jusqu’au milieu de l’avant-midi, soirées à jaser, quelques heures écrapoues sur le divan pour qu’elle m’enseigne les rudiments de son logiciel de dessins (ça fait longtemps qu’elle m’a dépassée dans l’art de dessiner, et si on ajoute le mulltimédia aux techniques traditionnelles, je suis complètement out!) J’étais sincèrement intéressée, et elle était sincèrement comblée.

Tout un dimanche à magasiner, à vagabonder au Michael’s (le paradis pour mon artiste!) et dans les librairies, à manger de la crème glacée molle trempée dans des délices à l’érable et aux Oréo, à dire des niaiseries et des réflexions philosophiques, à se donner des colleux, à dessiner ensemble et à prendre le temps de vivre. Non mais, c’est qui la chanceuse? Bibi! Ma fille me répète souvent qu’elle se trouve chanceuse d’avoir une mère qui ne lui fait pas honte, qui n’est « pas juste une mère » et qui la comprend vraiment. Elle rit de mes conneries et de mes maladresses, et elle écoute mes homélies sans protester.

L’inverse est aussi vrai. Je suis chanceuse d’avoir une grande fille comme elle. On en a arraché pendant des années, mais maintenant que les crises et les sautes d’humeur incontrôlables sont choses du passé (la plupart du temps), on a vraiment du plaisir ensemble. On se comprend mutuellement sans s’expliquer, et pourtant, on s’explique quand même, juste parce qu’on aime ça, parler. Elle me rend fière. Je ris de ses conneries et de ses maladresses, et j’écoute toutes ses histoires (ok, parfois, je lui demande de me donner une pause! Elle a le mâche-patates à spin encore plus que moi!). On se fait du bien.

Avoir passé ces années à l’aimer et à chercher des solutions pour qu’elle redevienne elle-même rend notre relation encore plus solide. Elle exprime maintenant sa reconnaissance devant mon entêtement à l’aider et à la soutenir. Elle se veut gentille et elle l’est. Vraiment. Et quand on prend le temps d’être ensemble, juste toutes les deux, loin du tourbillon de ce que représente une famille de six personnes, on se rend encore plus compte du chemin parcouru. C’est un moment privilégié qui nous permet d’être, tout simplement, et de vivre nos passions et notre ressemblance.

Il m’est important de vivre ces tête-à-tête avec chacun de mes enfants, avec mon amoureux et avec moi-même. Ça me permet de remettre le compteur à zéro, d’approfondir les relations et d’intensifier le bien-être.

Et vous, vous réservez-vous des moments en tête-à-tête avec chacun de vos enfants? Que faites-vous quand vous vous accordez ce privilège?

J’avais quinze ans

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J’avais quinze ans et je suis partie. J’avais dit oui à ma première relation, à ma première bière, à ma rébellion. J’avais une quête inconnue en moi, celle de trouver qui j’étais, ce que j’étais et surtout, comment aimer l’image que le miroir me renvoyait.

 

Pour les uns, j’étais celle qui s’impliquait dans les sports, en littérature, dans les activités et à la bibliothèque scolaire. Pour les autres, ceux qui étaient majoritaires, j’étais simplement, personne.

 

Heureusement, pour quelques rares, j’étais l’amie, importante et surtout forte à leurs yeux. Cela contrebalançait ces années où j’avais été celle que les plus populaires avaient prise en grippe.

 

Des insultes, des rires et des moqueries. Des injures et des coups.

 

Toi qui me lis, si tu savais comme j’avais mal. En dedans, pleine de douleur prisonnière. Je me sentais parfois brûler comme si j’allais céder à une auto-combustion. Mon masque était parfait, tous n’y voyaient que du feu, personne ne regardait au fond de mes yeux.

 

Le feu qui couvait semblait parfois sur le point de me consumer. Alors je courais. Je frappais de mes poings ce sac suspendu qui recevait ma hargne. Ma colère, ma peur de moi-même, mon enfer.

 

Alors je courais encore.

 

Les années précédentes, lorsque le feu frôlait mes lèvres, je courais vers cette amie qui m’est toujours aussi importante aujourd’hui. Mais au moment où mes quinze ans ont sonné, elle n’était pour un temps pas accessible. Je ne savais plus où courir. Vers qui me tourner. Alors j’ai bravé.

 

Résistant aux règles, je me suis débrouillée pour me perdre. J’ai dormi sous des bancs, dans des lieux que beaucoup ignorent et que moi-même, je préfère oublier. Puisque mon âme avait si mal, je forçais mon corps à endurer plus fort. Je ne comprenais pas toute cette rage, ce vide. J’avais envie de crier autant que de pleurer à la fois. J’aimais et je détestais autant en quelques instants.

 

Je refusais de lier avec quiconque plus qu’un semblant de sentiments. J’avais un toit qui m’attendait et malgré tout, j’y revenais. Je devais avoir envie de ce que je niais. Un certain après-midi, après avoir reposé le téléphone et retiré cette lame rougie de mon bras, je me suis dit, non, je ne peux pas.

 

Je ne peux pas laisser ce mal en moi prendre autant de place. Comment accepter de me blesser moi-même de cette façon? Je suis allée me faire refermer comme si je souhaitais coudre à mon âme une envie de vivre. Je suis revenue et j’ai confronté.

 

Les années ont passé, où la poudre aux yeux je me suis moi-même lancée. Car je continuais de souffrir. Un vide, un mal que je ne comprenais pas. Même aujourd’hui, en totalité, je n’y arrive toujours pas. J’ai eu longtemps cette envie de trépas.

 

Pourquoi je ne l’ai pas fait ultimement, alors que d’autres s’y ressoudent?

Pourquoi n’ont-ils pas réussi à résister à l’envie d’y rester?

 

C’est qu’on se résigne, soit à vivre, soit à mourir. Je sais que c’est un choix. Que la destination, qu’importe de quel côté elle va, est difficile à trancher. Je sais que la douleur réussit parfois à effacer toutes les peurs. Mais à d’autres moments, ce sont les peurs qui nous dirigent.

 

Peur d’échouer

Peur de réussir

Peur de se réveiller

Peur de dormir

 

La peur est parfois vectrice et à d’autres moments, elle rouvre les cicatrices.

 

Alors plus que la peur de la mort, s’installe la peur de vivre.

Je crois, pour ma part, que l’envie de mourir n’a jamais été une solution, je la voyais plutôt comme une issue, la seule qui m’attendait. J’ai consulté, un peu. Très peu.

 

J’ai lu, j’ai écouté. Je me suis vue et enfin acceptée. Mais je sais que pour toujours, je porterai en moi la cicatrice que ses vautours m’ont laissée comme un vice. Je ne flancherai plus, je ne croirai plus en cette issue. Mais je comprends que parfois, certains s’y précipitent. Ceux qui restent en souffrent. L’incompréhension est ce qu’il y a de pire. Le sentiment de culpabilité est profond et destructeur.

 

Égoïstement, je ne suis pas restée pour eux. Humblement, je vous avouerai ce soir que si je ne suis pas passée de l’autre côté du miroir, ça n’a été que de peu. Mais pour le mieux. J’ai choisi la vie, ma vie. Je vous souhaite tout autant de toujours avoir envie de vivre pleinement. Dans le doute, souvenez-vous : il n’y a pas dans notre vie plus important… que nous.

 

 

Simplement, Ghislaine

À vous qui quittez pour la grande école…

Une dizaine de jours à partager avec vous : c’est tout ce qu’i

Une dizaine de jours à partager avec vous : c’est tout ce qu’il me reste.

Je suis toujours nostalgique en fin d’année. Partager votre quotidien fut une chance. Vous m’êtes prêtés pendant quelques mois et ceux-ci s’achèvent.

Du haut de vos douze ans, vous regardez le monde, chacun à votre façon.

Certains avec le désir fou de voler de vos propres ailes, d’autres que je n’aurai pas réussi à rassurer et qui vous interrogez encore sur la grande école, quelques-uns qui partez avec la crainte de perdre des amis.

Vous partez avec un bagage de connaissances, mais surtout avec le cœur bien rempli d’expériences de toutes sortes !

Vous accompagner vers la sortie du monde magique de l’enfance est un privilège dont je ne me lasse pas. Malgré vos humeurs, malgré vos doutes, malgré votre laisser-aller, parfois. Franchir la porte de la préadolescence amène son lot d’émotions😊!

J’aime être la dernière à vous faire prendre un rang, la dernière à apposer un collant sur votre dictée (qu’elle soit réussie ou non, vous savez que c’est l’effort qui compte)…

J’aime être celle qui aura tenté, souvent, de calmer vos peurs face à ces belles années qui vous attendent.

J’espère vous avoir bien préparés et vous avoir transmis le souci du travail bien fait.

Que les années à venir vous guident vers une profession qui vous fera trouver les fins de semaine trop longues (ça m’arrive parfois, vous savez !) ou du moins, qui vous fera aimer les lundis matins😊!

Vous me manquez déjà. Comme chaque année, j’aurai du mal à retenir mes larmes. Accompagner des grands, côtoyer des enfants aux personnalités si variées, découvrir la sensibilité de plusieurs, rire avec vous et pleurer, parfois, partager vos moments de bonheur et vos peines aussi ; tout cela fait que j’adore enseigner.

Il m’arrive de devoir me pincer tant j’ai le cœur gonflé de joie juste à penser à vous, à vos réussites, à vos bons coups.

Je suis reconnaissante sans fin de pratiquer un métier qui me permet d’aider des p’tits humains à grandir.

À vous, mes élèves devenus grands, je vous souhaite de relever de grands défis, de faire des rencontres inoubliables, de changer le monde, à votre façon.

Je profiterai des dernières journées à vos côtés, heureuse de voir l’étincelle dans vos yeux et la grande fébrilité qui vous anime en ces jours si précieux : les derniers de votre enfance…

Bonne fin d’année !

Madame Karine

(Texte de Karine Lamarche)