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Le dragon-cracheur-de-feu – Texte : Solène Dussault

Depuis quelque temps, un dragon loge sous mon toit. Dès qu’il se lève le matin, tout couetté, i

Depuis quelque temps, un dragon loge sous mon toit. Dès qu’il se lève le matin, tout couetté, il me pulvérise de ses yeux rouges et vengeurs, l’air de dire « ah non, tu habites encore ici, toi ? ». Ce dragon a 15 ans et je n’ai pas vu venir le réveil de la bête.

C’est son été des grandes nouveautés, son été de tous les possibles. Il a commencé à travailler à l’épicerie du coin, c’est son premier emploi étudiant. Je suis bien heureuse pour lui, qu’il vive cette expérience enrichissante. Il apprend à servir des clients (oui servir, dans le sens de répondre à des besoins autres que les siens) et à faire des phrases de plus que deux mots. Il apprend à faire des demandes à un gérant (parce qu’à cet âge-là, il faut structurer sa pensée si on veut pouvoir se faire accorder quelques jours de congé. On ne peut pas juste grogner et marmonner). Mais le dragon en lui est irrité à la moindre contrariété : un autre employé ne fait pas les tâches comme il le devrait et il en râle toute la soirée parce que LUI, le dragon-fidèle-au-poste, fait bien son travail.

Et c’est aussi en ces lieux bénis qu’il a rencontré sa première flamme : une toute belle. SA première toute belle. C’est dans le vestiaire des employé.e.s qu’ils se sont embrassés pour la première fois. Voir son visage, quand il s’est assis dans l’auto qu’il m’a dit « Maman, je l’ai embrassée !!! ». Ça valait tour l’or du monde. J’étais heureuse et fière qu’il me partage ce moment d’intimité. Il n’était pas obligé de me faire cette confidence l’ado-dragon.

Mais voilà que cette nouveauté dans sa vie l’a transformé. Il est passé de l’enfant docile à JE-VEUX-VIVRE-MA-VIE-ET-PRENDRE-DES-DÉCISIONS. Il veut décider des journées où il la voit. Il veut décider de l’heure à laquelle je dois aller le reconduire à leur lieu de rencontre. Il veut prendre des décisions avec elle. Il veut partir de chez moi, il a tellllllement hâte de vivre sa vie. Sa diarrhée verbale déferle sur moi sans fin. Il me fait monter de force dans le manège des montagnes russes.

Assis au comptoir de l’îlot de cuisine, il me lance ses flèches piquantes. Il me crache qu’il est tanné que je décide pour lui. Il veut être autonome, il veut se péter le nez tout seul en vivant ses expériences lui-même. Il veut décider de son heure de retour à la maison. Il veut TOUT TOUT TOUT…

En quelques jours, son feu intérieur a brûlé les traces de son enfance pas si lointaine. Il voulait encore que j’aille dans sa chambre lui dire « Bonne nuit ». Il dormait encore la porte de sa chambre ouverte. Il acceptait encore de m’accompagner dans certains magasins. Cette époque est révolue. Mais lorsqu’il peut encore tirer des bénéfices de sa mère, le dragon peut être futé. Il aimerait bien que je lui fasse cuire ses rôties, que je prépare son lunch, que je fasse le taxi. Bref, que je continue à lui donner ma chemise malgré son air bête et les cornes qui lui sont poussées.

Et là, un moment donné, la mère bienveillante et compréhensive en moi le « call » pour une rencontre au sommet. Je m’assois à la table de la cuisine avec une feuille de cartable et un stylo. Il SAIT. Lorsque je m’installe avec mes outils de mère-qui-veut-trouver-des-solutions, il sait qu’il ne gagnera pas et qu’il devra collaborer. Il déplie son long corps, évacue quelques respirations par ses narines fumantes, se lève avec un écouteur Air-pod à l’oreille et vient me rejoindre à la table en disant « Ah non, pas encore tes cr**** de feuilles ». Je me retiens pour ne pas partir à rire. Parce qu’à ce point, je suis déjà gagnante. Il s’est levé et est venu à ma rencontre. Avec un dragon, il faut y aller très lentement et lui donner l’impression qu’il décide.

Je commence mon bla-bla, lui demandant quels sont ses besoins. Il me jette un regard qui veut dire « Ben voyons toé, mes besoins, de kossé que tu veux dire ??? ». Et j’attends sans rien dire. Je suis calme et lui aussi. Je vous épargne le reste de la démarche ultra pédagogique. Il repart avec la feuille, sur laquelle j’ai écrit les quatre besoins qu’il m’a dictés. Et j’ai fait des beaux p’tits croquis pour qu’il comprenne des concepts de la vie. Mais il retient une chose de mon message on ne peut plus clair : il a 15 ans et aura une liberté de dragon de 15 ans dans un cadre d’amour fixé par les adultes de son entourage. Ce cadre de stabilité et d’ouverture y restera jusqu’à ses 18 ans. Que notre accompagnement ira ensuite en diminuant…

C’est le matin, le lendemain de ma rencontre au somment avec lui. Son aide-mémoire est dans sa chambre. Je ne sais pas s’il l’a chiffonné, déchiré, jeté. Je ne sais pas si à son réveil, l’ado-dragon se souviendra de notre discussion d’hier soir. Peut-être aura-t-il tout oublié ? Je répéterai avec plaisir. Mon dragon, je l’aime et je sais qu’un jour, il retournera se coucher dans sa grotte. Je me dirai alors que c’était une période de cauchemars vraiment nécessaire à son épanouissement et que je découvrirai un homme souriant, heureux, libre et en pleine possession de ses moyens.

 

Solène Dussault

Ta fin de session – Texte: Nathalie Courcy

Mon grand, Ma grande, On a les deux pieds en plein en décembre. Tu es à l’école depuis

Mon grand,

Ma grande,

On a les deux pieds en plein en décembre.

Tu es à l’école depuis plus de trois mois, non-stop. Pas de virtuel cette année, pas de pause.

C’est intense, je le sais !

Je te vois aller : ton agenda bien rempli, tes périodes d’études qui s’enchaînent, ta liste d’évaluations qui ne fait que s’allonger.

Je veux te dire que je te comprends et que je t’admire.

Je te comprends parce que je suis passée par là si souvent, pendant tellement d’années. J’avais du plaisir à me claquer toutes ces évaluations, tous ces travaux à remettre, mais c’était quand même exigeant. J’arrivais aux fêtes et je commençais à moucher dès que je remettais mon dernier essai. Systématiquement. Un signe que je fonctionnais sur la batterie de secours, même si je ne me donnais pas le temps de le ressentir.

Je t’admire parce que tu pourrais avoir mille autres préoccupations, mille autres occupations. Tu pourrais aller chiller avec des amis, aller magasiner, aller au gym, passer ton temps à chialer. Mais non. Tu t’appliques à bien faire les choses. Tu t’organises. Tu fais des efforts constants, résultats ou pas. Tu sacrifies des soirées en famille pour remettre un travail à temps. Tu prends le temps de préparer un cadeau personnalisé pour l’échange de cadeaux de ta classe. Tu mets même ton cadran la fin de semaine pour arriver à Noël en même temps que tout le monde. Tu prends même le temps de respirer, ce que j’ai appris à faire à quarante ans.

Wow et re-wow.

Quand je t’exprime ma fierté de te voir aller, tu me réponds humblement : « Oui mais maman, je fais juste mon travail ! Ma job présentement, c’est d’étudier… »

Ben oui. Permets-moi d’être reconnaissante parce que je le sais bien que les ados ne donnent pas tous la même importance à leurs études. Combien de parents s’arrachent les cheveux à essayer de convaincre leurs jeunes d’écouter en classe et d’étudier ? J’ai été de ceux-là, et j’apprécie d’autant plus que maintenant, tu choisisses de mettre les efforts sur ta réussite scolaire et sur ton cheminement personnel.

Je te l’ai dit, hein, que je suis fière de toi ? Ah oui, je me répète… Ça doit être mon âge vénérable. Tu ne m’obstineras pas là-dessus, certainement !

Je te l’ai dit, hein, que je suis là pour toi ? Si tu as des questions, des inquiétudes, si tu as besoin de lâcher ton fou, si tu as envie d’un câlin… je suis là ! Toi, tu fais ta job d’étudiante, ta job d’étudiant. Et moi, je fais ma job de maman.

Pis je t’aime.

Les fêtes s’en viennent. Promis, on va relaxer et s’amuser ensemble. Et je vais te laisser dormir.

Nathalie Courcy

Moniteur de camp de jour… tout un job ! Texte : Annie Corriveau

La période estivale est une période de casse-tête pour tous les parents. Quoi faire avec nos enfa

La période estivale est une période de casse-tête pour tous les parents. Quoi faire avec nos enfants pour ne pas qu’ils passent leurs journées écrasés à regarder la télé ou à jouer à des jeux vidéo ?

 

Étant solo, j’ai vécu ce casse-tête pendant plusieurs années. Ma porte de sortie, le camp de jour de notre ville. Mes enfants y ont passé leurs étés, ont vécu des moments inoubliables, tout ça grâce à des ados qui travaillent très fort pendant huit semaines à jouer les G.O. pour les jeunes de 5 à 12 ans.

 

Depuis l’été passé, ma grande n’est plus une jeune du camp de jour mais une monitrice. Elle a tellement aimé son expérience comme jeune qu’elle a décidé de consacrer son été à divertir elle aussi les jeunes. Un travail à temps plein qui est très exigeant, mais très valorisant pour elle. Elle passe énormément de temps à préparer des activités, des défis, des jeux pour divertir son groupe et s’assurer que tout le monde passe du bon temps. Lire ici que le temps qu’elle passe à tout préparer, elle n’est pas payée ! Même que des fois, elle débourse elle-même quelques dollars pour des activités ou des petits cadeaux pour son groupe.

 

Je ne vous le cacherai pas, j’ai beaucoup d’admiration pour le travail qu’elle accomplit. D’autant plus que dans notre magnifique ville, nous n’avons pas de piscine municipale. Ici, que quelques parcs avec des jeux d’eau. Mais tout le site ne peut y aller en même temps… À ne pas oublier non plus, nous sommes en temps de pandémie ! Avec une année scolaire hors du commun qui a laissé tout le monde épuisé, ces jeunes doivent planifier leurs activités et tenir compte des mesures sanitaires. Ils travaillent avec des masques, ne peuvent mélanger les groupes entre eux. Doivent respecter la distanciation.

 

Maintenant, j’en appelle au gros bon sens des parents envers ces jeunes. Première question : feriez-vous ce travail, vous ? Deuxième question : est-ce que toutes les activités que vous demandez aux moniteurs de camps de jour de faire avec vos enfants, vous les faites, vous, à la maison ? Troisième question : est-ce que vous croyez toutes les histoires de vos enfants ? Est-ce que votre enfant a la vérité absolue sans vérification ?

 

Je m’explique… Depuis la semaine dernière, une maman se plaint que les enfants ne vont pas jouer assez avec l’eau. Est-ce que cette maman-là est certaine que son enfant aime vraiment jouer avec l’eau ? La maman se plaint, mais l’enfant ne veut pas car il n’aime pas ça être mouillé… Une maman se plaint que son enfant ne boit pas d’eau… Est-ce que cette maman envoie une gourde à son enfant ? Ben non ! Une maman se plaint que les enfants passent trop de temps au soleil. Est-ce que vous croyez que les moniteurs eux-mêmes resteraient des heures au soleil ? Ils mettent tout en œuvre pour protéger les jeunes de leur groupe, car ils passent tellement de temps ensemble, aussi bien que ça en soit du bon. Une maman se plaint que son enfant a un coup de soleil… L’enfant n’a pas de crème solaire dans son sac. Ce ne sont que quelques exemples d’histoires dont ma fille et ses amis discutent ensemble.

 

Ces moniteurs sont responsables oui, mais encore faut-il que le parent fasse aussi sa part de travail de parent. On ne peut pas demander l’impossible à quelqu’un si on ne peut le réaliser soi-même. Toutes ces histoires m’ont empêchée de dormir une nuit complète. J’ai écrit ce texte pendant une course de 5 km tellement ça m’occupait l’esprit.

 

Pourquoi ? Parce que ces jeunes s’investissent corps et âmes pour divertir des enfants de parents qui ne font que critiquer, que se plaindre. Les moniteurs font leur possible. Ils essaient de faire passer un été inoubliable à ces jeunes. Pourquoi ne pas les remercier à la place ? Pourquoi ne pas leur dire MERCI ? Alors je le fais ici et si vous connaissez un ado qui consacre son été à s’occuper des plus jeunes, faites comme moi et dites-lui MERCI ! Identifiez-le ou identifiez-la ici pour qu’on puisse nous aussi lui dire MERCI !

 

Annie Corriveau

 

Je te lève mon chapeau, l’ado ! Texte : Marilyne Lepage

Tellement obnubilés par nos problèmes d’adultes, on a fini par

Tellement obnubilés par nos problèmes d’adultes, on a fini par oublier l’essentiel, toi. On a tenu pour acquis que tu avais la maturité de tout gérer, on a même minimisé ce que tu traversais. Voyons, l’école à la maison, il y a bien pire que ça, on se disait !

Vois-tu, tu es dans une période de ta vie où le côté social occupe une place très importante. Du jour au lendemain tu as dû faire le deuil des rassemblements avec ta gang à l’école, le plaisir de traîner dans les rues, de voir ton chum ou ta blonde et vivre au jour le jour sans te soucier de demain. Ce qui fait la beauté de l’adolescence, quoi !

Le problème, c’est que pour toi, la motivation d’aller à l’école passe par le côté social. Sur Teams, ce n’est pas tout à fait le même feeling. J’ai rêvé de mon bal de finissant à partir de ma première année du secondaire. Si j’avais eu à faire le deuil de cet évènement, ça aurait passé de travers. Alors à toi qui finissais, je ne peux qu’imaginer ce que tu traverses.

Je ne sais pas comment va ta motivation, je ne sais pas comment tu vas, mais j’ai envie de te dire que tu as le droit de te sentir comme tu te sens. Tu fais quotidiennement des concessions sur ce qui compte le plus pour toi. C’est normal que ça finisse par te fatiguer, que ta patience ait des limites.

On sait qu’on ne peut changer le contexte. C’est un fait. Mais ce n’est pas le temps de lâcher, parce que s’il y a bien une chose dont je suis certaine, c’est qu’il y a eu un début, il y a un maintenant et il y aura un après. Ce que je veux te dire, c’est que c’est temporaire !

Même si ça peut te sembler banal actuellement, accroche-toi à ce qui compte le plus pour toi et bats-toi pour ça. Penses-y, fixe-toi des objectifs et déploie tous les efforts pour y parvenir. Parce que le soleil va finir par revenir, il finit toujours par revenir.

Petits et grands, on a perdu quelques plumes durant cette crise planétaire. T’es pas seul, promis !

Je te lève mon chapeau bien haut, l’ado ! T’es vraiment fort, tu as su t’adapter plus que jamais et tu as encaissé les coups sans broncher. Je m’excuse que tu sois tombé entre deux chaises durant cette pandémie. Ta résilience est inspirante, mais ça ne veut pas dire que tu doives réduire au silence ta souffrance.

Si plus rien ne va, parle à tes parents, à tes intervenants ou à une ligne téléphonique. La seule chose qui compte, c’est que tu parles.

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Marilyne

Le prix de la liberté (ou : Mais pourquoi donc travailler?) – Texte : Nathalie Courcy

Pourquoi, donc, mon ado adorée, faudrait-il que tu travailles ? P

Pourquoi, donc, mon ado adorée, faudrait-il que tu travailles ? Pas nécessaire, t’sais ! Tu es logée, nourrie, habillée, transportée, éduquée. Tu as même des REEE engrangés pour payer tes prochaines années d’études, don généreux de tes parents si aimants (et si parfaits… awèye, avoue !) Qu’est-ce qui pourrait bien te motiver à utiliser tes précieux temps libres pour travailler au salaire minimum et te faire possiblement suer à répondre à la caisse à des clients pas tout le temps fins-fins ?

Tu as un bon point. Mais moi j’en ai sept ! Pis 7, ben, c’est un chiffre parfait. Faque, j’ai raison.

  1. Tu as le goût de t’acheter (cocher les cases appropriées):

a) Des bonbons trop sucrés, pas full recommandés par ton dentiste et ta mère grano.

b) Des vêtements à la mode qui coûtent un bras pis la peau des deux.

c) Du maquillage, de la teinture, tout ce qui ne rentre pas officiellement dans la catégorie « Essentiels de l’hygiène corporelle ou mentale ».

d) Un voyage quelque part (ça c’est cool, parce que la pandémie te donne plus de temps pour économiser !)

e) Un ordinateur ou une machine à coudre ou un char ou… n’importe quelle bébelle électrique ou à moteur qui ne fait pas partie du budget familial.

   2. Tu as des ambitions d’études, de carrière ou de vie qui t’amèneront (trop vite à mon goût) à vivre loin du cocon familial. Je veux bien t’aider, mais je ne suis pas prête à payer deux hypothèques pendant vingt ans.

   3. Ton vécu dans la famille et à l’école t’a permis de prendre beaucoup de maturité et d’autonomie depuis près de 18 ans. Mais là, c’est le temps de passer au niveau suivant d’un jeu nommé Reality Check. Ça se joue comme Mario Bross, sauf que les pièces de monnaie ne s’attrapent pas en faisant des acrobaties dans les airs (et tu ne peux pas t’amuser à perdre des vies… tu tomberais direct Game Over si tu sautais dans le vide, faque essaye pas). Et je te jure que quand tu TE trouveras, tu crieras VICTOIRE ben plus fort que quand Mario trouve la princesse.

   4. Je me doute que ton but dans la vie n’est pas de passer des codes-barres au-dessus d’une machine qui fait des BIP stridents mille fois par jour ou de faire des crèmes glacées enrobées dans le chocolat à l’érable version cabane à sucre saupoudré de sparkles Il n’y a pas de sots métiers, c’est ce que ma prof d’Éducation au Choix de Carrière (ECC, pour les vieux de ma trempe) disait, et je suis d’accord. Mais je te connais, tu as une vision plus… visionnaire ? Pendant que tu fais tes heures, un, tu ne te mets pas dans le trouble (dans une ancienne vie dans la capitale québécoise, on disait que le travail et les cadets sortaient les jeunes du Carré d’Youville et les empêchaient de devenir des poteux… dire que maintenant, c’est légal !!) et deux, tu apprends. Mais ma foi du bon Dieu, qu’est-ce que tu apprends donc ? Deux ou trois notions pertinentes, du genre la politesse, l’effort, la ponctualité, l’esprit d’équipe, l’adaptation aux imprévus, le respect, la valeur des choses et du temps, l’organisation. Et plein d’autres belles valeurs quétaines dont tu découvriras l’importance à un âge vénérable comme le mien.

   5. Que dire des lignes que tu ajoutes dans ton CV ! À 16 ans, on peut se permettre de n’avoir que des expériences de gardiennage et de bénévolat dans son CV. Mais à 26, c’est moins hot. Ça prend des références. Ça prend des compétences en plus des diplômes. Ça prend des preuves que tu peux être une bonne employée, ou une bonne employeuse. Ou une bonne ce que tu voudras être. Ça prend aussi de l’expérience d’entretien d’embauche, parce qu’entre toi et moi, se présenter en entrevue peut être aussi agréable que d’essayer des maillots de bain dans une boutique où tous les miroirs sont en dehors des cabines d’essayage.

   6. Et puis oui, ça prend de l’argent. Mauvaise nouvelle, hein ! Les choses ont un prix. Je ne veux pas t’écœurer, mais la vie coûte cher, même pour ceux qui font du 0 déchet minimaliste tirant sur la simplicité volontaire. C’est en gérant ton propre budget que tu apprendras que le montant qui sort de ton compte doit toujours être moins élevé que ce qui y entre. Maths de base, 1reannée du primaire. Avec le temps, tu continueras à comprendre les mystères des taxes, des rabais, des factures et des T4, la joie de faire tes impôts et la nécessité de payer tes cartes de crédit avant la date limite.

   7. Un jour, tu verras dans ton compte le nombre magique que tu attendais depuis un bon bout. Celui dont tu rêvais, celui pour lequel tu travaillais si fort. Tu verras le montant qui te permettra de t’acheter ce qui te donnera encore plus l’impression d’être une jeune femme autonome. Ce sera à toi, comme aucun vêtement ni aucun objet que j’ai pu t’acheter depuis ta naissance. (Je me souviens encore de la radiocassette avec deux haut-parleurs intégrés que je m’étais achetée « dans le temps »… 130 beaux dollars bien économisés. Ihhhh ! Que je me sentais grande !) Cette journée-là, peut-être que tu seras reconnaissante que je t’aie un peu botté les fesses pour que tu te trouves un emploi.

Mais ma grande, j’y pense. Je t’ai souvent dit que nos enfants ne nous appartiennent pas et que la plus belle valeur que je peux vous transmettre, c’est la liberté. Mais pas n’importe laquelle. Une liberté responsable et assumée. L’argent n’achète pas tout, bien sûr. Mais l’argent bien géré aide à atteindre ce type de liberté. Et c’est ce que je te souhaite.

P.S. Tu te souviens, hein, de ce qui est écrit en mini caractères dans notre contrat mère-fille ? Quand tu seras riche, tu m’amèneras faire un tour de machine au soleil et tu me payeras la crème glacée. Je vais prendre celle aux mangues avec enrobage de chocolat blanc. S’il te plaît.

Nathalie Courcy

Toi, mon explosion d’émotions ! Texte : Ghislaine Bernard

Mon chaton, mon grand pourtant à mes yeux encore petit. Comme tu gr

Mon chaton, mon grand pourtant à mes yeux encore petit. Comme tu grandis, te voilà déjà plus grand que moi, ta maman. Du haut de tes treize ans, tu deviens petit à petit (mais si rapidement) un homme ! Cette année particulière aura vu passer ton arrivée à l’école secondaire. Une entrée si particulière que tu ne l’auras pas vécue comme prévu. Avec ces restrictions qui sont les nôtres, dans le monde entier avec ce virus infâme qui sévit… Mais tu t’en sors vraiment bien mon grand ! Je suis fière de toi !

Ta résilience est immense. Je sais que tu as mal vécu bien des changements dans nos vies, dans ta vie. Victime de décisions qui ne t’appartiennent pas. Mais tu as malgré tout su garder ta joie de vivre, ton intrépidité et surtout, surtout ton envie d’avancer. Tu as toujours été curieux de tout, voulant connaître un peu chaque sujet.

Certes, parfois je te freine dans certains élans, je m’en excuse, mais tu es si jeune encore. Tu as pris sur toi certaines responsabilités qui ne te reviennent pas, c’est tout à ton honneur, mais je préfère que tu vives ta jeunesse pleinement avant de plonger dans ce monde d’adultes. J’aime te voir rire, faire le pitre et j’adore ton enthousiasme devant tes mille et mille questionnements face à tous les sujets qui traversent ta route.

Avec l’adolescence arrivent aussi des émotions contradictoires, tu te contractes parfois sans vraiment comprendre toi-même pourquoi tu le fais, mais tu ne peux t’arrêter. C’est normal mon chaton. Ton esprit, aussi impétueux et rapide soit-il, ne fournit pas suffisamment d’explications ou de rationalité à tes émotions. Alors, plutôt que d’imploser, tu exploses parfois pour ce qui semble aux yeux des adultes des pacotilles qui ne méritent pas autant de réactions. Mais je sais que pour toi, ce ne sont jamais des inepties, c’est ton monde. Ta réalité, ta vérité. Même si l’expérience t’apprendra qu’il existe des choses bien pires, tes sentiments, eux, sont réels et présents. Tu ne peux les repousser sans te renier toi-même.

Alors, mon fils, ne te renie jamais, reste fidèle à toi-même dans toute la beauté de ton âme, n’oublie jamais que toutes nos discussions, même si parfois nous ne sommes pas d’accord. Même si souvent tu me trouves injuste dans mes interventions, sache que je t’aime.

Tu es un jeune homme fantastique et tu seras, je peux l’entrevoir, un homme génial. Écoute toujours ton cœur en lui partageant ton esprit. Tu as cette intelligence émotionnelle qui t’aidera toujours à vaincre tes vautours. Je serai là, pour toi. Toujours. Car tu es mon fils et rien ni personne ne changera jamais cela. JE ne voudrais PAS… en AUCUN cas changer cela ! Tu es mon aîné, mon tout premier. Ce bébé qui m’a apporté tellement d’émotions, tellement d’amour, merci.

Merci d’être mon soleil, mon étoile, ma force et ma plus grande fierté. Tu sais par ta simple présence emplir mon cœur d’amour pur (même si parfois, tu le remplis aussi d’impatience ou même de colère !) Sache que je sais. Je sais tes batailles. Je sais tes interrogations. Je sais ce poids que tu mets sur toi. Mais tu sais mon grand, la vie, c’est si simple : aime. Aime qui tu es, ce que tu fais. Aime faire les choses à ta manière en y greffant les conseils et expériences des autres. Suis TA route, celle que TU veux suivre.

Je te promets de toujours marcher à tes côtés, même si parfois, un peu essoufflée, je semble être derrière… sache que si je ralentis, c’est pour mieux t’observer et constater à quel point, encore et encore de toi, je peux être fière.

Je t’aime ! Prends la vie comme elle vient, change ce qui ne te plaît pas et surtout, crois en toi. La vie, c’est un amalgame d’émotions. Il y a des hauts, il y a des bas, tant que tu restes fidèle à celui que tu veux être, peu importe ce que ce sera. Fonce là où le bonheur t’attend, rien de moins, rien de plus. Dans ta vie, sois ce géant que tu VEUX être pour toi-même, pour personne d’autre.

Simplement Ghislaine.

Ode à l’ado extraordinaire

Je vous entends d’ici chialer contre les ados qui mettent leur mus

Je vous entends d’ici chialer contre les ados qui mettent leur musique trop forte dans l’autobus! Contre ceux qui laissent traîner leurs assiettes sales dans leur chambre comme un appel désespéré à la coquerelle! Contre ceux qui rentrent à pas d’heure et qui vous laissent vous morfondre dans le noir, un huitième café à la main. Contre ceux qui s’étirent tellement les yeux vers le ciel quand on leur parle qu’on craint qu’ils restent pris ainsi…

Tut tut tut.

Il y en a, des ados à l’odeur d’aisselles pas frottées, aux bras trop longs, au discours trop court, aux nuits de sommeil de quatorze heures et aux hormones dans le plafond… mais je veux vous parler d’un autre genre d’ados.

Je veux vous parler des ados qui font des efforts pour ranger leur chambre et qui se laissent même parfois aller à un extra vaisselle, même s’ils aimeraient mieux gosser sur Instagram ou ronfler jusqu’à la fin de leur secondaire.

Des ados qui acceptent sans protester de garder la petite sœur tannante ou le voisin fatigant, juste pour vous laisser une soirée en couple ou pour vous donner une heure de OH-MY-GOD! LIBERTÉ à l’épicerie ou chez le dentiste.

Des ados qui vous accueillent le soir avec un repas tout prêt et presque équilibré ou avec une assiette de biscuits chauds sortis du paradis de la pâtisserie (lire : votre four). De ceux, aussi, qui ratent des recettes ou qui salissent beaucoup trop de vaisselle, mais qui au moins, essaient d’apprendre le B-A-BA de la cuisine.

Des ados qui osent s’aventurer sur le marché du travail ou dans l’aventure de la conduite automobile même s’ils savent que le défi a les proportions everestiennes.

Des ados qui animent les camps de jour, qui mettent tout leur cœur et toutes leurs heures estivales à préparer des jeux et des comptines pour amuser vos cocos (et vous laisser travailler…). Ces mêmes ados qui ont aussi chaud que tout le monde, mais qui continuent à avoir l’air de faire la job la plus palpitante et la plus payante de la planète. Des ados qui gèrent des crises de vedettes, des fatigues de ti-pet et des « je veux ma mamaaaaaaaaannnnnn » d’enfant qui ne se peut plus.

Des ados qui vous prennent dans leurs bras en disant : « Merci tellement, maman, de m’aimer comme tu le fais. Je le sais que tu n’es pas obligée ; je le sais que je te fais parfois la vie dure ; mais je ne te remercierai jamais assez de m’avoir donné la vie et de la rendre belle. ». Des ados qui osent dire « Je suis en colère » ou « J’ai peur ».

Des ados qui n’ont pas honte de leurs parents, au contraire. Des ados qui disent : « Sais-tu quoi? Mes amis ont officiellement décrété que tu es la mère la plus cool de l’univers. Pas parce que tu essaies d’être notre amie, juste parce que tu es toi. ». Et si en plus ils te trouvent drôle et te laissent faire des jokes plates, gros bonus. Des ados qui ont appris avec le temps comment choisir de bons amis et comment dire non aux pas fins.

Des ados qui acceptent de plus en plus souvent les conseils des parents parce qu’ils se rendent bien compte que ça a bien du bon sens. Des ados qui demandent « À quoi ça goûte l’alcool? » au lieu de se saouler en cachette. Des ados qui jasent d’avortement, de cannabis et de jeans troués parce qu’ils veulent protester juste assez (mais qui se serviront de vos arguments sagement mémorisés dans leur essai de fin d’année).

Des ados qui vous apportent le déjeuner au lit le jour de votre fête, et deux-trois autres jours dans l’année. Parfois même avec un poème gribouillé sur une serviette en papier. Des ados qui boudent parfois comme des ados, mais qui viennent s’excuser sans que vous ayez à le leur demander.

Des ados qui téléphonent à leurs grands-parents « juste parce que ». Qui rêvent de leur premier appartement, de leurs premiers partys pas de parents… mais qui déposent leur tête sur votre épaule pendant le film du vendredi.

Ai-je l’air de me vanter si je vous dis que ces ados dont je parle sont très fortement inspirés de mes deux grandes chouettes? Elles ne sont pas parfaites et je les trouverais plates si elles l’étaient (ça me ferait faire des complexes!), mais mausus que je ne les remplacerais pour rien au monde!

 Nathalie Courcy

 

Je ne survivrai pas à votre adolescence

Un soir, je me suis assise en silence à table pour le souper.

Un soir, je me suis assise en silence à table pour le souper.

Je les ai regardés. Un par un.

Et j’ai seulement prononcé ces mots :

– Je ne survivrai pas à votre adolescence…

La tête dans mes mains, je n’avais alors même plus de questions, plus d’espoir. Je ne peux pas. C’était trop pour un cœur de parent. Je démissionne. Je n’y arrive plus.

Le découragement, la fatigue, le stress de ce quotidien si pesant… Je suis rentrée dans le mur de l’adolescence et je me suis effondrée.

Cette période est terriblement difficile pour les enfants, je le sais bien… mais parle‑t‑on de la détresse des parents?

Je me sens inutile, dépassée, incompétente, chiante… j’ai l’impression d’être une police en permanence.

J’essaie de lâcher prise, mais chaque semaine, un de mes enfants invente une nouvelle bêtise, un nouvel échec scolaire, un nouveau problème de santé, une nouvelle peine d’amour, un nouveau party, une nouvelle consommation, un nouveau manque de respect, de nouveaux cris… Le tourbillon d’émotions ne s’arrête jamais…

Je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Je ne pensais pas que mon cœur tremblerait autant. Mais surtout, je ne pensais pas qu’un jour, ceux que j’aime le plus sur cette planète allaient me faire mal comme ça…

Je ne sais pas comment je vais survivre à votre adolescence…

 

Gwendoline Duchaine

 

Comment tu fais, toi, parent?

Si je te pose la question, c’est parce j’ai tant de difficulté

Si je te pose la question, c’est parce j’ai tant de difficulté à faire face…

Mon ado est partie. Ma fille s’est envolée. Dix-sept ans.

Si jeune, mais si mature. Elle a pris sa vie en main, elle avance, elle m’épate, elle m’inquiète.

Comment tu fais, toi, parent? Pour ne pas arrêter de respirer quand ton enfant disparaît dans le métro de cette ville trop grande et pleine d’inconnus…

Comment tu fais pour dormir quand il oublie de répondre à ton texto le soir? Tu imagines des centaines de scénarios horribles, tu t’accroches à l’espoir pour ne pas appeler les secours, le cœur en panique…

Comment tu fais pour ne pas fondre en larmes en entrant dans sa chambre vide? Les semaines passent, mais tu ne t’habitues pas à cette absence… ce vide…

Comment tu fais pour ne pas mourir d’inquiétude quand tu vois qu’il rushe autant au cégep, qu’il dort trop peu car il travaille dans un resto le soir, qu’il manque de temps pour ses devoirs, qu’il ne mange presque plus, qu’il subit du stress permanent et que tu te sens si impuissant… si loin…

Comment tu fais, toi, parent, pour pas virer fou quand ton enfant ne vit plus avec toi?

Quand tu ne sais pas où il est, où il dort, ce qu’il fait, avec qui il vit, avec quelles personnes il évolue, s’il a de la nourriture dans son réfrigérateur, s’il a barré sa porte, s’il a pensé à prendre son traitement, s’il s’est perdu, s’il va bien…

Tu n’as plus ce regard bienveillant, cet accompagnement quotidien auprès de ton enfant. Il n’est plus sous ton toit. Il est sans filet… Tu te sens sans filet… Ce sentiment te terrifie…

Cet enfant qui était en toi, cet enfant si petit, que tu as vu grandir, manger, marcher, courir, grimper, sauter, tomber, apprendre, avancer… s’est envolé…

Toi, tu trembles à chacun de ses battements d’ailes, tu vois tant d’obstacles dans son ciel si bleu. Tu te sens abandonné.

Comment tu fais toi, parent? Pour te rassurer, avoir confiance dans cette nouvelle vie et lâcher prise?

Comment tu fais pour l’aimer sans l’apeurer?

Comment tu fais pour ne pas brailler chaque fois que tu le laisses seul dans sa nouvelle vie, que ta vue s’embrouille sur le chemin du retour, et que tu retrouves ta maison trop vide?

Dis-moi, comment tu fais toi, parent, quand ton enfant s’en va?

Gwendoline Duchaine

 

Les ados et Internet

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«Moi, dans mon temps»… Je ne pensais jamais dire ça une fois dans ma vie. Du haut de mes trente-trois ans, je viens d’avoir une belle claque au visage.

Moi, dans mon temps, Internet à treize ans n’existait pas. On vivait nos expériences, une étape à la fois et surtout, dans l’intimité. Maintenant, à treize ans, les ados ont leur cellulaire. On leur en fournit un en promettant qu’une fois par mois, on va fouiller dedans pour question de sécurité… ce qu’on laisse tomber bien assez vite parce que nos enfants, on leur fait confiance.

Le cellulaire fait partie intégrante de leur vie, il est «scotché» à leur main et c’est la catastrophe si on les sépare.

Moi à treize ans, je voyais mes amies, on dansait, on chantait et on riait. On avait nos petits chums et on jasait dans le sous‑sol, collées sur eux. Sans plus.

Aujourd’hui, à treize ans, elles s’abonnent à des sites de rencontres pour adultes en mettant une fausse date de naissance. Elles voient des profils de garçons qui mentent sur leur âge et surtout, elles voient des vidéos qu’elles ne devraient pas voir, à treize ans…

Moi à treize ans, j’avais un appareil photo, on se prenait en photo lors de nos partys de sous‑sol, on s’arrangeait pour qu’elles soient belles parce qu’on devait attendre quelques jours avant de les voir. Pas question d’avoir des photos ratées ou encore des photos gênantes parce qu’un inconnu s’occupait de les faire développer! On ne voulait pas avoir honte en allant les chercher!

Aujourd’hui, à treize ans, elles font des selfies et des «shooting photos» avec le ventre à l’air à moins trente, dehors. Au début, on pense que c’est inoffensif même si ça nous rend inconfortables par en dedans, mais on les laisse faire, parce qu’on leur fait confiance.

Moi dans mon temps, j’en ai bu de l’alcool, pour essayer. Oui, même à m’en rendre malade, parce qu’à treize ans, on ne sait pas boire! Parce qu’à treize ans, on commence à faire nos expériences. On expérimente, le mot le dit, c’est normal.

Aujourd’hui, à treize ans, il faut boire de l’alcool, sinon on est out

Moi, dans mon temps, on jouait à la bouteille. Ben oui, on l’a tous fait. On embrassait notre voisin de droite pis on trouvait ça drôle. Mais c’était dans l’intimité, entre amis.

Aujourd’hui, les ados se dévoilent sur Internet, à la vue de tout le monde. «Oui, mais on s’en fout, ils ne voient pas notre visage».

Et là, notre monde s’écroule. On réalise que les ados d’aujourd’hui sont loin de ce qu’on était «dans notre temps». Oui, la vie change, elle évolue, parfois beaucoup plus rapidement qu’on le souhaiterait, mais ce n’est pas une raison pour accepter n’importe quoi. On passe pour des méchants ou des vieux dépassés qui ne comprennent rien. Mais mon cœur de maman n’arrive pas à comprendre la naïveté des ados.

On a beau leur donner une confiance aveugle, je réalise qu’il faut quand même faire la police du cellulaire de temps en temps. Juste pour les protéger, avant que ça aille trop loin. Même si nos ados trouvent qu’on exagère, même si nos ados nous disent «c’pas grave m’man», on se doit, en tant que parent, de faire notre boulot, que ça plaise à nos ados ou non.

Faites‑le, même si vous pensez que vos ados n’ont rien à se reprocher : jetez un œil à leur contenu de cellulaire… ça pourrait peut-être sauver bien des catastrophes.

Tania Di Sei

 

 

La dégringolade scolaire de mon ado

Il y en a qui disent que ce n’est pas le chemin que tu prends qui

Il y en a qui disent que ce n’est pas le chemin que tu prends qui est important, mais bien l’endroit où tu arriveras. C’est une phrase qui a bien du sens. Mais quand vient le temps de l’appliquer à ton adolescent qui ne prend pas l’école au sérieux et qui semble se foutre de ses résultats scolaires, c’est une autre paire de manches.

Au primaire, mon enfant réussissait très bien et ne devait pas trop étudier pour avoir de bonnes notes. Une fois au secondaire, ce fut un peu plus difficile, car il devait y avoir un peu d’efforts pour réussir, mais tout fonctionnait quand même correctement. Mais plus le secondaire avance, plus c’est difficile. HOUSTON, we have a problem! Notre ado n’aime pas l’école. Notre ado ne trouve aucune motivation à réussir à l’école. Notre ado ne prend pas cela au sérieux et ne semble pas comprendre qu’il va nuire à son avenir et à ses choix futurs malgré toutes les discussions qu’on a ensemble. Notre ado n’apporte pas ses devoirs et ses leçons à la maison, prétextant les avoir faits en classe alors que c’est souvent faux. Notre ado a des examens de reprise et ne s’y présente pas. Notre ado a des 0 % dans certains examens. Vous voyez un peu le portrait de la situation?

Mais pourquoi? Notre enfant est intelligent et très allumé. La réussite lui pend au bout du nez, car dès qu’il décide de s’appliquer et de mettre l’effort, tout lui réussit. Mais c’est là le problème, l’effort. Je sais que la paresse est le meilleur ami de l’adolescent, mais il y a tout de même des limites. Ses enseignants lui donnent des chances en offrant des examens de reprise, mais rien ne fonctionne. Quelques fois, nous sommes témoins d’un petit 15-20 minutes d’études à 21 h la veille d’un examen, car nous avons vraiment insisté. Comme c’est une étude de dernière minute sans trop de motivation et cela n’influence pas beaucoup le résultat du lendemain.

Parfois, je me dis que notre enfant doit probablement redoubler pour avoir l’électrochoc dont il a besoin. Mais même la possibilité d’échouer son année scolaire et de la refaire ne semble pas augmenter son rythme cardiaque. Et de toute façon, n’est-ce pas notre responsabilité en tant que parents de tout faire pour guider notre enfant, redonner vie à sa motivation et faire notre maximum pour éviter de perdre une année de scolarité?

Voici ce que je lui répète constamment, mais que j’ai envie de lui écrire :

–        La réussite ne dépend que de toi. Tu as tout ce qu’il faut pour réussir et tes rêves les plus fous sont possibles, car tu as la capacité et l’intelligence pour faire ce que tu désires

–        Ce que tu ne fais pas maintenant par manque de motivation ou par paresse, tu devras le refaire tôt ou tard.

–        Prends conscience que tes gestes d’aujourd’hui influenceront ta situation de demain. Ta vie adulte est en train tout doucement de se dessiner et c’est toi qui tiens le crayon.

–        Nous t’aimons et avons encore confiance en toi. Vas-y avec de petits défis. L’important est d’y mettre plus d’efforts et de concentration. L’effort est gage de réussite.

–        Nous n’accordons pas beaucoup d’importance aux résultats, mais plutôt à l’effort que tu y mets. Nous sommes là pour t’aider, t’encourager et t’épauler.

Je sais qu’il y a beaucoup de parents comme nous qui vivent la même situation. Je sais que nous nous sentons impuissants, voire coupables de ne pas trouver comment rectifier la situation. Dites-vous que nous ne sommes pas eux et ne pouvons décider pour eux. Il ne faut jamais abandonner puisque ce serait leur offrir le laissez-passer qu’ils attendent pour abandonner eux aussi. Dites-leur que vous les aimez et félicitez les petites réussites et les périodes d’effort.

 Commentez pour que les ados dans cette situation puissent vous lire afin de leur donner vos conseils.

Eva Staire