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J’aurais voulu être… moi!

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On nous dit toujours de ne pas regarder derrière, que c’est du passé. On nous suggère de regarder droit devant et de vivre le moment présent. Sauf que dans la vie, on change. Plus les années passent et plus on évolue. Nous vivons certaines épreuves ou certains évènements qui font de nous des personnes différentes. Est‑ce qu’on devait avoir des regrets? Je ne pense pas. Si nous sommes devenus ce que nous sommes aujourd’hui, c’est grâce au passé. Est‑ce que parfois, on voudrait avoir vécu notre vie différemment? Peut‑être.

Pour ma part, il y a ma vie avant la dépression et ma vie après la dépression. Quand on est au bout du rouleau, quand on touche le fond du baril, quand on est à bout, choisissez l’expression qui vous convient, il y a des prises de conscience obligatoire à faire. Ici, le constat a été bien simple : je n’ai pas vécu ma vie jusqu’à maintenant en m’écoutant pour vrai. Je n’ai pas respecté mes valeurs. Je n’ai pas fait ce qui me rendait heureuse et fière. Au contraire, j’ai fait ce que la société voulait que je fasse. Pour plaire, pour être dans le rang, pour ne pas déranger, pour ne pas trop faire parler de moi, pour être acceptée, pour ne pas faire de vague, etc.

Alors j’ai accouché à l’hôpital, mon premier enfant a eu quelques vaccins, mes enfants ont porté des couches jetables, j’ai acheté des purées, ils ont eu des jouets, trop de jouets, beaucoup trop de jouets en plastique, mes enfants sont allés à la garderie, puis à l’école, puis au service de garde, puis au camp de jour. 

Si j’avais écouté ma petite voix intérieure, si j’avais décidé de vivre selon mes valeurs et si j’avais assumé mes choix, ça ne se serait pas passé comme ça! J’aurais voulu accoucher en maison de naissance. Je suis contre les vaccins. J’aurais voulu utiliser des couches lavables et j’aurais fait mes propres purées. J’aurais eu le courage de dire à ma famille que ça suffit les jouets. Je serais restée à la maison avec mes enfants. J’aurais adoré leur faire l’école à la maison. Je ne me serais pas limitée à une maison. J’aurais voulu avoir une caravane et voyager en famille pour voir le plus de choses possible.

N’ayez pas peur de vivre selon vos convictions, vos valeurs et vos choix. Assumez, choisissez, soyez vrais. Ça va peut‑être choquer ou bousculer des gens. Des gens qui, comme moi avant, restent dans le rang pour ne pas déranger. Laissez de côté la phrase « Mais qu’est-ce que les autres vont penser?! » On s’en fout de ce qu’ils vont penser.

Est‑ce que c’est trop tard pour moi? Pour certaines choses, oui… Je ne pense pas que mes enfants, à l’âge où ils sont rendus, aimeraient l’idée de manger de la purée faite maison par maman! Mais pour ce que je peux changer, il me reste du temps. Et pour le reste, ce sera dans une autre vie. Et cette fois, je me fais la promesse de vivre pour moi.

Valérie Grenier

L’ordre des choses

Quand nous sommes enfants, on nous explique l’ordre des choses dan

Quand nous sommes enfants, on nous explique l’ordre des choses dans la vie. « Concentre-toi sur tes études ! Quand tu seras grand, tu trouveras la bonne personne. Vous vous marierez et aurez des enfants. Fin de l’histoire. »

L’ordre des choses… comme si le bonheur n’avait qu’une seule recette. Comme si suivre ces étapes vous destinait à un avenir heureux à coup sûr. Quelle bêtise ! La vérité, c’est que le bonheur peut prendre tellement de formes et ce n’est pas tout le monde qui peut comprendre ça !

J’ai rencontré l’homme de ma vie. J’avais quinze ans. On me regardait comme une extraterrestre quand je clamais haut et fort que j’allais passer le reste de ma vie avec lui. Les plus jeunes ne comprenaient pas. Certains pariaient sur notre échec amoureux. Les autres avaient presque pitié, jugeant que nous passions à côté de tellement de plaisirs de la vie en nous casant aussi jeunes. Les plus vieux ne comprenaient pas. Nous ne pouvions ni parler du futur, ni de mariage, ni de famille. Ils nous regardaient avec des yeux désapprobateurs, parce qu’eux, « EUX, ils savaient ». Ils étaient persuadés de savoir qu’on ne peut pas trouver l’amour à un si jeune âge.

Nous ne suivions pas l’ordre des choses.

Nous nous sommes fiancés le soir du bal des finissants. Personne ne comprenait. Ceux qui nous félicitaient ne manquaient pas d’ajouter une petite blague suggérant l’échec éventuel de cette histoire. Ils étaient tous persuadés de savoir. Moi, tout ce que j’étais persuadée de savoir, c’est que j’aimais cet homme éperdument et qu’il était le seul à m’avoir appris à m’aimer moi-même.

Nous ne suivions pas l’ordre des choses.

À peine majeurs, nous partions vivre ensemble, en appartement, dans une ville éloignée de tout ce que nous connaissions. Il commençait son baccalauréat et travaillait à temps partiel. Je commençais un certificat à la même université, je travaillais à temps plein. Nous n’avons jamais rien demandé à personne. Je me rappelle encore notre première nuit dans cet appartement. Peu de meubles, beaucoup de poussière, et énormément d’amour et de bonheur.

Mais nous ne suivions pas l’ordre des choses.

À vingt-et-un ans, nous avons choisi de fonder une famille. Ensuite, tout s’est enchaîné à une vitesse folle. Parce que oui, quand on a des enfants, le temps ne s’égrène plus dans le sablier de la vie, il y coule à flots !

Nous avons eu une fille, il était encore au baccalauréat et moi à mon premier certificat. Nous avons eu une autre fille, il était à la maîtrise, et moi à mon deuxième certificat. Nous nous sommes mariés, le jour de notre dixième anniversaire de couple.

Nous ne suivions pas l’ordre des choses.

Nous avons vécu le deuil d’un troisième enfant. Nous l’avons enterré et pleuré. Nous avons vécu la pire des souffrances comme parents, avant nos vingt-cinq ans…

Notre bébé non plus n’a pas suivi l’ordre des choses.

Nous nous sommes relevés. Nous nous sommes aimés. Nous avons eu une (troisième) quatrième fille. Il était au doctorat et je finissais mon baccalauréat.

Nous n’avons pas suivi l’ordre des choses.

Aujourd’hui, nous avons une maison magnifique, des études complétées dont nous pouvons être fiers, et trois merveilleuses filles qui ne cessent de nous émerveiller. Je regarde derrière moi et je vois tout ce que nous avons accompli. Je me rappelle chacun des regards désapprobateurs. J’entends encore les jugements. Je me regarde, je nous regarde, et je sais que je referais exactement les mêmes choix, si tout était à refaire. Parce que vous savez quoi ? On a suivi NOTRE ordre des choses. Chaque personne mérite le bonheur et le chemin pour y parvenir est rempli d’embûches. Ne laissez jamais les autres prédire votre échec. Ne laissez jamais les autres vous dicter le chemin de votre propre bonheur.

Notre grande fille est maintenant entrée dans le grand système scolaire. Nous sommes excités pour elle, comme des enfants. Elle apprend à lire, à écrire, à compter, etc. Mais on lui a déjà appris l’essentiel : dans la vie, il n’y a pas de recette miracle. Écoute ton cœur, suis ton instinct et tu seras la seule responsable de ta réussite. Si tu veux quelque chose, persévère, persévère et persévère encore. La seule règle, c’est de tout faire pour être heureuse.

Et vous, avez-vous suivi l’ordre des choses ?

Joanie Fournier

Être ce qu’ils veulent que tu sois !

Je refais surface tranquillement. En arrêt de travail depuis six mo

Je refais surface tranquillement. En arrêt de travail depuis six mois, j’ai officiellement donné ma démission il y a quelques semaines à un travail qui ne me convenait plus.

Déjà six mois que je suis à la maison avec mes enfants. Six mois de réflexion, de repos, de remises en question, de révélations mais surtout, de pur bonheur. Je suis une maman à la maison et j’adore ça ! Je ne sens pas du tout l’appel du travail. Sauf que mon entourage et la société ne manquent pas de me rappeler que je dois aller travailler. Je ressens cette maudite pression tous les jours. Cette pression que nous avons depuis l’adolescence, nous poussant à décider à quinze ans ce qu’on veut faire comme travail pour le reste de notre vie. La pression des jugements des autres qui malheureusement, ne manquent pas de faire des commentaires désobligeants sur le dos d’une maman qui veut rester à la maison. « Elle se fait vivre par son mari ! », « Elle ne doit pas faire grand-chose de ses journées ! » Et parfois, c’est pire…

Il fut un temps où le travail représentait l’identité d’une personne. Aujourd’hui, notre travail, donc les revenus financiers qu’il génère, participe à l’assouvissement des besoins fondamentaux des familles. Autrement dit, à nos besoins physiologiques (nourriture, chaleur, etc.) et à nos besoins de sécurité, comme le fait d’avoir un toit sur la tête.

Et si c’était ce que je voulais choisir ? Et si être une maman à la maison était ce qui me définissait ? Je veux que mes enfants puissent relaxer et se reposer pour vrai pendant la semaine de relâche, pendant les deux mois d’été et lors des journées pédagogiques. Je ne veux plus culpabiliser quand ils sont malades et que je dois m’absenter du travail. Je les ai trop longtemps réveillés à six heures en plein mois de juillet pour aller au camp de jour parce que je travaillais. Oui, c’est arrivé que je leur aie donné un médicament avant de les amener à l’école en me croisant les doigts pour que l’effet dure jusqu’à la fin de la journée. Pas de pauses, pas de temps libres et pas de matins tranquilles en pyjama.

Je suis au courant, ne vous inquiétez pas, que la société d’aujourd’hui, c’est ça. C’est la vie, qu’on me dit. Les deux parents travaillent et les enfants suivent l’horaire des parents. Je l’ai fait pendant douze ans. Mais moi j’ai le goût de faire autrement. Moi j’ai envie de suivre mes valeurs. J’ai le goût de trouver des solutions pour que notre famille soit capable d’arriver financièrement, parce qu’on n’est pas millionnaires. Et j’ai le goût de bâtir des souvenirs durables avec mes enfants.

Je ne veux pas que ma famille soit riche en argent, je veux qu’elle soit riche en temps ! Parce qu’au-delà du travail et des enfants, il y a l’épanouissement de soi et il faut trouver nous-mêmes ce qu’on veut vraiment. Alors maintenant, quand les gens me demanderont ce que je fais dans la vie, je pourrai leur répondre que je fais mon possible. Mais j’ai l’intention de leur répondre : je fais ce que j’aime, avec ceux que j’aime !

 

Valérie Grenier

Les chroniques d’une belle-mère colorée

Moi je suis une fille passionnée, qui n’a pas froid aux yeux, qui

Moi je suis une fille passionnée, qui n’a pas froid aux yeux, qui arrive à se démarquer du lot en un temps record et qui a la tête remplie de rêve. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été carriériste. Avoir des enfants n’a jamais fait partie de mes rêves. Je ne voulais même pas de distractions, pas de chum, pas d’enfants; digne du monastère mon affaire! Tout ce qui m’importait, c’était d’avoir LA carrière.

Les enfants, je ne les ai jamais appréciés. Je les voyais comme de minis humains à l’état brut pour lesquels leurs « créateurs » devaient tout sacrifier, au profit de leur propre vie. Ils se devaient de les faire entrer dans un moule parfaitement défini par la société. Moi qui suis totalement en dehors dudit moule, comment voulez-vous que j’arrive à faire entrer qui que ce soit dedans? Pourtant, la vie m’a rattrapée, elle avait d’autres plans pour moi…

Vers l’âge de dix-huit ans, j’ai virtuellement rencontré un jeune homme. Déjà là, je venais de trahir mes plans de vie, on se souvient que j’avais fait vœu de chasteté, ou presque. J’étudiais au cégep de ma ville, mes amies avaient toutes des voitures et moi, j’usais leur siège passager. Tout le monde était content! Cinq soirs par semaine, j’allais au « bureau ». C’est ainsi que nous appelions le bar auquel nous allions finir la soirée après notre vrai travail, celui qui servait à payer la bière. Bref, je vivais une belle vie sans souci, sans avoir de comptes à rendre à personne, sans avoir personne qui me réveillait aux petites heures du matin. Bref, une vie de jeune adulte, une vie que vous avez déjà eue vous aussi, t’sais, avant de rencontrer un beau brun avec qui vous avez procréé?

Après plusieurs jours de discussions sans fin, le squelette est sorti du placard. C’était trop beau pour être vrai. Pire qu’une ombre au tableau, pire que l’arrière-goût de bière après mes soirées trop arrosées… Il m’avoua que son ex-conjointe attendait un enfant, D’UN JOUR À L’AUTRE. J’ai hésité entre rire, pleurer, me sauver en courant ou faire les trois en même temps. La maman a vidé l’appartement un peu plus de trois semaines après avoir su qu’elle était enceinte. Celui dont je ne nommerai jamais le nom, par souci d’anonymat pour cette ex-conjointe, que j’appellerai affectueusement « l’homme » dans mes textes, je m’y étais attachée et je voyais bien qu’il n’était pas le méchant dans l’histoire. Je voyais bien que ce n’était pas toujours de la faute du papa si maman avait sacré son camp sans rien dire. Je voyais bien qu’il vivait assez mal la situation actuelle.

Je voyais bien, aussi, qu’il attendait ardemment mes premières réactions. Derrière mon écran, parce que oui, notre relation était toujours virtuelle, je pouvais presque ressentir l’angoisse lui monter à la gorge, alors qu’il souhaitait une réponse de ma part. Moi, j’étais sans voix. Je ne comprenais plus ce qui se passait, je souhaitais me réveiller. Certains se diront qu’il y a bien pire dans la vie, c’est vrai. Certains me trouveront égoïste, c’est vrai. Pourtant, quand vous avez dix-huit ou dix-neuf ans, que vous avez trouvé quelqu’un avec qui ça coule, que votre seul souci du vendredi soir, c’est le choix du drink, cette nouvelle-là a l’effet d’une bombe.

Vous comprendrez que si je suis devenue une belle-mère blogueuse aujourd’hui, c’est que j’ai poursuivi ma route avec cet homme, malgré les embûches.

C’est donc LE jour de mes dix-neuf ans que j’ai compris, alors que l’homme dormait, que sa fille (surprise, c’est une fille!) pleurait et que, moi, je ne savais pas quoi faire. Ce jour-là, j’étais chez lui, dans un 2 ½ trop petit pour notre nouvelle composition familiale (une chance, je n’avais pas amené le chien). Je me suis avancée vers ce petit bout de vie plein de bave (ARK) qui ne demandait qu’à débarquer de son parking à bébé (une petite balançoire qui swing toute seule), je l’ai regardée dans les yeux et je vais toujours me rappeler lui avoir dit : « Bon! Je vais te prendre, mais a une condition : arrête de pleurer! ». À cinq mois, je sais qu’elle n’a pas compris et rationnellement, je sais aussi que j’ai seulement comblé un besoin primaire, mais ça a marché. Le jour de ma fête, je me suis donc retrouvée avec un bébé ne m’appartenant pas dans un bras, à brasser des nouilles de l’autre main. Je me suis mise à pleurer. À dix-neuf ans, c’était vraiment ÇA ma vie?! J’ai beaucoup pleuré. Où je l’avais échappé? Comment j’étais passée d’une cégépienne fêtarde à… ÇA?

Maudit amour. Parce qu’on les aime pareil, ces petites bêtes-là…

Moi et cette enfant-là, on n’a pas une relation naturelle ni organique; notre relation est forcée. On le sait qu’on s’aime, mais on le sait aussi qu’il y aura toujours une barrière naturelle entre nous deux; je ne suis pas sa mère. Aujourd’hui, ce nouveau-né est rendu à cinq ans et moi, j’approche du quart de siècle. Des sacrifices, j’ai dû en faire beaucoup pour ce petit bout d’humain! Parce que son papa, je l’aime. Ça, elle ne le sait pas. Ça, elle ne le comprendra peut-être jamais. Vous vous dites que c’est un choix, que je dois l’assumer. Sachez que je l’assume bien maintenant et c’est pour cette raison que j’ai envie d’en parler.

Aujourd’hui, ma réalité a changé. J’ai appris à penser pour trois, j’ai appris à prendre ma place dans une famille qui n’était pas la mienne. En fait, nous nous sommes construit une famille, un chaos bien à nous.

Vicky Boivin

Écouter sa petite voix… ou les trois jours de garderie?

Mon fils avait quinze mois, je commençais un nouvel emploi, mon chu

Mon fils avait quinze mois, je commençais un nouvel emploi, mon chum travaillait à temps plein, nous étions donc rendus à trouver une place à la garderie pour notre fils. C’est avec grand bonheur que nous avons appris qu’une bonne amie à moi avait de la place dans son milieu familial. Tout était parfait !

Puis, quand est venu le moment de laisser mon fils dans son nouveau milieu de vie, comme plusieurs enfants, il a pleuré. Il a tellement pleuré qu’il avait la voix rauque le soir quand je l’ai retrouvée. Comme des milliers de mamans et de papas, j’avais le cœur brisé. Je voulais lui faire confiance, je savais qu’il s’y résignerait, qu’il finirait par développer une belle relation avec les gens là-bas. Par contre, il y avait cette petite voix en moi me disait qu’il n’était pas rendu là et nous non plus. Une petite voix que je croyais être celle de l’anxiété. J’essayais de la faire taire, de me dire que je n’avais pas le choix. Puis, on me disait « c’est normal », « il va s’habituer, il va pouvoir socialiser », « il va découvrir de nouvelles choses ».

Je sais que tout cela est vrai, mais je n’en avais pas envie. Je n’avais pas envie de courir chaque matin pour aller le mener avant le travail, de passer du temps avec lui le soir quand tout le monde a sa journée dans le corps, d’être prise au dépourvu quand il serait malade, encore moins qu’il revienne avec les microbes de tout le monde chaque semaine. J’avais envie de regarder le temps passer avec lui, de suivre son rythme, d’assister encore un peu à son développement qui va si vite.

Alors voilà, après trois jours de la marmotte, nous nous sommes assis mon mari et moi, et on a discuté, réfléchi, calculé, rediscuté, recalculé, puis c’était clair : nous allions faire le choix de rester à la maison avec notre fils. Je n’étais plus bien comme maman à la maison à temps plein, mais je n’étais pas prête non plus à retourner travailler quarante heures par semaine. Je n’en avais ni l’énergie ni l’envie. Depuis ce jour, nous alternons donc la garde de notre fils, mon mari et moi. Je réussis à m’accomplir dans mon travail et je me sens bien comme maman. En prime, mon mari passe plus de temps avec notre fils. On a trouvé notre équilibre à nous et ça, je le souhaite à tous.

Je crois qu’au fond, j’avais juste du mal à assumer mon choix en marge de la norme. Comme si j’avais envie de suivre la vague de la normalité malgré mon instinct. Ce choix, il est différent et il vient avec des conséquences, certaines positives et d’autres, plus négatives. Évidemment, on aurait plus d’argent si nous avions deux salaires à temps plein, mais nous avons la richesse du temps. Ce temps qui passe si vite et qui est si précieux. Le bonheur, c’est une suite de choix et nous, notre bonheur, on l’a trouvé comme ça.

Roxane Larocque

 

Mère au foyer 2.0

Ma profession : mère au foyer.

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Ma profession : mère au foyer.

Était-ce mon rêve? Pas du tout, mais je m’y plais et je fais de mon mieux! Est-ce que je suis assise devant la télé à longueur de journée? Oh non! Loin de là! La seule chose que je me permets de regarder du coin de l’œil est la fameuse Pat Patrouille.

Mon conjoint et moi avons fait ce choix lorsque je suis tombée enceinte de notre troisième enfant. Nous avons choisi ce « luxe » pour offrir du temps de qualité à nos enfants. Moins de temps avec une gardienne et plus de temps avec maman. Plus d’activités sportives pour les enfants également, puisque « Jo le taxi » est toujours présente!

C’est bien un luxe de nos jours de vivre aisément d’un seul salaire pour une famille de cinq. Est-ce qu’on roule sur l’or? Pas du tout. Il y a des moments plus durs que d’autres, mais nous savons que tout est une question de temps. Lorsque les enfants iront tous à l’école, je me trouverai un nouvel emploi.

Est-ce si évident d’être une femme au foyer de nos jours? Non. Si mes enfants sont impolis, c’est de ma faute. S’ils sont mal élevés, c’est de ma faute. S’ils ne sont pas assez instruits, c’est de ma faute. Ce que je veux dire par là est qu’il est facile de rejeter le blâme sur la gardienne ou l’éducatrice, mais dans mon cas, si mes enfants ont une lacune, c’est clairement de ma faute. Une pression que je me suis mise sur les épaules le jour où j’ai décidé d’être mère au foyer. Je souhaite le meilleur pour mes enfants et j’espère de tout cœur être le juste choix pour eux.

Quel est mon plus gros manque depuis que je suis à la maison? Vous savez, ce sentiment lorsque vous avez une semaine de vacances du bureau et que vous êtes simplement heureux de rester à la maison? Et bien moi, c’est tout le contraire : il faudrait littéralement que je me sauve pour avoir un break! Je rêve sans cesse à la prochaine petite sortie loin de la maison, à ma prochaine évasion. Lorsque je travaillais, je chérissais la route en voiture le matin. Vous savez pourquoi? Parce que j’étais seule. Sans enfants, sans collègues de travail. Cela peut paraître égoïste de ma part, mais c’était mon petit moment à moi.

Loin de moi l’idée de me plaindre parce que je suis consciente de la chance que j’ai, mais les enfants en bas âges ne comprennent pas que parfois, maman a besoin d’une petite pause. Le lavage non plus ne comprend pas que je mérite un répit. J’ai bien tenté de lui parler, mais il ne cesse de s’accumuler.

J’aime l’idée d’être une femme au foyer 2.0. JE peins la maison. JE fais le ménage du garage. JE pellette. JE ne fais PAS de repassage. Oups, ben non! Si mon homme a besoin d’une chemise, il le fait lui-même. L’histoire veut que je n’aie pas mis les plis aux bons endroits à plusieurs reprises. Était-ce voulu? Qui sait…

Je trouve frustrant de voir dans le regard des autres le malaise lorsque je leur dis ce que je fais comme travail. Oui, mon travail. Les gens paient une gardienne ou une ménagère. Moi, j’ai pris la décision de ne pas payer autrui. J’ai accepté le fait de perdre la totalité de mon salaire pour être présente pour mes enfants. Est-ce la meilleure décision? Je n’en ai aucune idée! Mais je ne juge pas les mères qui travaillent, alors ne me jugez pas non plus. J’ai fait le choix de mettre ma carrière de côté pour mes enfants et ce n’était pas un choix évident. Alors de grâce, respectez ce choix.

Je suis une mère qui, un jour, travaillera pour être rémunérée. Pour l’instant, je travaille fort à bien élever mes enfants.

Geneviève Dutrisac

Quand ta fille passe… pour ta soeur !

 

 Oui, je suis cette f

 

 Oui, je suis cette fille-là!

 

Celle qui a subi les regards désapprobateurs parce qu’elle était enceinte à dix-neuf ans.

Celle qui s’est fait dire :

-Oui, mais ta carrière ?

-Ma quoi ? J’en ai pas… Elle n’est même pas commencée! Ça règle le problème!

T’sais quand tu n’as pas la même vision que les autres…

Celle qui se fait regarder drôlement quand je leur dis que ce n’était pas un accident.

Celle qui a été accueillie, lors de la première rencontre de parents, par des regards étonnés qu’elle traduisait par « ce n’est pas une rencontre de famille, c’est une rencontre de PARENTS. ».

Je suis la petite fille qui a toujours voulu un enfant à vingt ans. Je suis celle qui voulait grandir avec son enfant. Celle qui se disait que la vie serait plus facile en ayant un enfant jeune. Celle qui était naïve, certes, mais qui n’a pas eu peur de s’affirmer. Je suis celle qui vivait en appartement depuis un bout déjà, celle qui était autonome, qui allait au Cégep et qui travaillait en même temps.

 

 

Ma fille, elle était voulue. Point.

Je suis celle qui n’a PAS mis sa vie sur pause car je suis celle qui a décidé d’ajouter un complément à sa vie. Je ne suis pas celle qui s’est privée de faire des activités et je ne suis pas celle qui s’est privée de faire des soupers entres amis. Mon bébé, je l’amenais partout avec moi. Ma fille dormait partout, elle était habituée de voir des gens, d’aller au restaurant et chez des amis. J’amenais son parc et hop, à l’heure du dodo, le tour était joué! J’étais une maman jeune mais qui savait s’occuper de son bébé, malgré tout.

 

Onze ans plus tard…

 

Je suis ENCORE celle qui se fait regarder drôlement, parce que ma fille fait presque ma grandeur.

Je me fais parfois dire :

-Hein! C’est ta fille ? Wow, je pensais qu’elle était ta sœur!

Ça me fait sourire. Sourire parce que ma fille est magnifique; elle grandit bien et elle est bien élevée. Et, OUI, les gens sont surpris. Et ça aussi, ça me fait sourire.  Ils s’attendaient à quoi ?

 

Ce n’est pas toujours facile, je l’avoue…

 

Élever une ado, quand on a encore notre cœur d’enfant, ça fait en sorte que les flammèches arrivent vite. Parfois TROP vite.  Mais je suis celle qui est capable de prouver aux autres que ma fille n’était pas une erreur de parcours et qu’elle ne le sera jamais. Je suis celle qui est capable d’être fière du chemin parcouru, celle qui a surmonté des montagnes et celle qui les déplacera pour elle. Je suis celle qui combat à tous les jours les jugements, les critiques et les opinions des autres. Je sais ce que je vaux et je sais ce que je fais pour ma fille.

On a chacun son parcours de vie. Moi, j’ai choisi le mien, j’ai trente et un an, je suis maman d’une préado de 11 ans et je suis fière d’entendre ma fille dire à ses amies :

« Moi, ma mère est cool! »

 

La marraine démissionnaire

Dans le temps où mon bedon rond (lire : gigantesque!) servait de be

Dans le temps où mon bedon rond (lire : gigantesque!) servait de berceau à ma fille, mon mari et moi avons passé des heures à discuter du choix de parrain et de marraine. Des membres de la famille? Un couple? Des amis? Des personnes qui habitent la même ville? Des personnes croyantes?

Nous avons opté pour des amis avec des valeurs à la bonne place. Des personnes qui faisaient partie de notre vie par choix. Le parrain du côté du papa, la marraine du côté de la maman. La grande demande a été émotive. Je me souviens de la réaction de la nouvelle « marraine-to-be » devant la question écrite au feutre sur le ventre de mon bébé : Veux-tu être ma marraine? Étonnement, questionnement, mais aussi joie immense. Elle savait l’importance de ce rôle pour nous.

Marraine aimait les bébés et leur odeur (sauf celle des couches, ce qui prouve que c’est une personne saine d’esprit!). Elle n’avait pas d’enfants, mais espérait en avoir un jour. Elle promettait d’aimer notre cocotte, pour le meilleur et pour le pire. De remplacer les cadeaux matériels par des moments complices et des activités spéciales. Nous lui promettions de notre côté de ne pas la considérer comme la gardienne de service, de ne pas lui refiler la petite les soirs de coliques ou à l’âge des fugues. Done deal.

Depuis l’accouchement, cette amie venait souvent nous rendre visite à la maison, mais nous savions bien que ce n’était qu’un prétexte pour catiner, même quand nous habitions en Alberta. Elle coiffait les cheveux de sa filleule, jouait avec elle, lui lisait des histoires. L’amour était sincère et bidirectionnel.
Il y a cinq ans, nous avons redéménagé au Québec, à quelques minutes de chez elle. Quelle joie pour l’amie en moi et pour ma fille, qui pourrait développer des liens encore plus serrés avec sa marraine. La bonne intention de cette dernière était présente : « Je vais l’inviter au cinéma! On va aller à la plage ensemble. Dévorer tous les livres de la bibliothèque municipale. Quand elle sera un peu plus grande, je vais l’amener dans cette boutique où on peut fabriquer nos propres bijoux ».
L’intention y était, mais l’action a pris le bord. En catimini, au fil des promesses non tenues, des rendez-vous décommandés, des appels non répondus. Sa marraine et moi travaillions ensemble tous les jours, mais un malaise s’est installé et a grugé la relation marraine-filleule. Nos chemins se séparaient.
Le moment de la confrontation est arrivé. « Ma cocotte me demande sans arrêt quand elle va revoir sa marraine. Tu lui manques et à moi aussi. »
Une lettre de démission en mauvaise et due forme. « Je préfère ne plus être dans votre vie. On s’est éloignées avec le temps. Je ne le fais pas par méchanceté, mais je ne ressens plus le besoin de vous côtoyer. » En filigrane, il y avait comme raison qu’avec quatre jeunes enfants, nous n’étions plus une famille souhaitable pour elle qui n’en avait pas. Nos enfants étaient trop intenses, trop jeunes, trop… enfants.
Sa décision nous a fait mal. Nous nous sommes sentis trahis. Son divorce en tant que marraine m’a fait douter de ma capacité à entourer mes enfants de bonnes personnes. Mais surtout, nous avions de la peine pour notre cocotte. Elle ne méritait pas d’être rejetée. Son estime personnelle était déjà si fragile, et vlan! Un contrat volontaire d’amour éternel déchiqueté. Au diable, l’engagement devant Dieu et devant la communauté.
Mon mari et moi avons pris le temps de discuter avec notre fille. De mettre la démission sur le dos des amitiés qui ne durent pas toujours. Des histoires d’adultes. Pas de sa faute à elle. Nous lui avons offert de prendre le temps, si elle le souhaitait, de se choisir une nouvelle marraine. Pas de contrat signé, pas de prêtre, pas d’eau bénite sur le front. Mais cette marraine-là, elle aime notre cocotte en intentions et en actions. Comme dirait une autre génération remplie de sagesse, il faut bien que les bottines suivent les babines!