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Phases ou personnalité ?

Terrible two, threenager, fucking four, je n’aime pas trop ces e

Terrible two, threenager, fucking four, je n’aime pas trop ces expressions. Bien qu’elles réfèrent à des comportements distinctifs du développement des tout-petits, elles sont surtout négatives, alors que ces périodes sont aussi tellement riches !

J’ai déjà abordé la question, nous avons eu des crises de bacon avec notre plus vieux, sons et lumières comme je me plais à le dire. Pourtant, ses deux ans ont aussi été l’année durant laquelle il a évolué à une vitesse fulgurante, où son langage s’est précisé, sa personnalité s’est dessinée. Le threenager est passé plus inaperçu. Nous avons eu quelques maladresses s’apparentant à de l’arrogance, mais nous avons désamorcé les situations avec humour et ce fut très efficace. Ses trois ans ont plus été la transition post-terrible two. Encore des crises, mais plus nuancées. Nous avons continué de travailler les techniques de gestion des émotions, et il réussit depuis à verbaliser tellement mieux.

À quatre ans, les crises sont moins fréquentes, il est plus outillé (et nous aussi) pour les traverser, mais elles font encore partie de notre vie. Notre grand est sensible, une vraie éponge. Il absorbe nos émotions, se préoccupe des autres. J’ai moi-même dû apprendre à gérer mes émotions intenses… il ne tient pas du voisin, comme on dit ! Alors, nous ne sommes pas étonnés que son défi principal soit relié à ces grandes émotions qui le submergent. Terrible two ou non.

Notre deuxième a deux ans. Ses « non » sont de plus en plus fréquents et de plus en plus affirmés. Bien que nous n’ayons pas encore vraiment vécu de crise de bacon, il commence à être plus confrontant. Il veut s’affirmer, tout diriger et faire ce qu’il veut. Nous savons qu’il nous apportera (c’est déjà bien entamé) ses propres défis, que nous devrons trouver de nouvelles stratégies pour l’accompagner, lui. Sa réalité n’est pas la même que celle de son grand frère, même s’ils se ressemblent beaucoup. Je me reconnais aussi beaucoup en lui, en deuxième de la fratrie qui tente de faire sa place en voulant parfois être un petit caporal.

Certains parents ne connaissent pas les crises de bacon, leurs enfants n’en ont jamais fait. D’autres y goûtent très intensément et se demandent comment passer au travers. Ces phases ne sont pas définies clairement dans le temps. Ce sont des périodes du développement des tout‑petits tout à fait naturelles et ils apprennent tous à s’exprimer, à s’affirmer, à apprivoiser leurs émotions, à partager, à dire non, etc. Il en va surtout de leur personnalité. Un enfant très intense et très sensible aura sans doute un terrible two plus fort qu’un enfant naturellement plus tempéré, même en ayant les parents les plus outillés de la Terre. Les crises seront plus fortes pour un enfant dont les émotions le submergent. Les confrontations seront plus fréquentes pour un petit qui a un fort caractère. C’est normal, ils vivent leurs défis à eux, qui correspondent à leur personnalité.

Alors, à vous, parents pour qui cette période est plus intense, lorsqu’un autre parent vous dit qu’il n’a jamais vécu une crise de bacon, que son enfant n’aurait jamais osé dire ou faire telle confrontation, ne vous remettez pas en question pour autant. Tant mieux pour ce parent si cet aspect est plus facile ! Les enfants sont tous différents et vivront des défis également différents tout au long de leur vie, et nous aussi par le fait même !

Jessica Archambault

Qu’est-ce que ça va être quand elle sera ado?!

Si j’avais dû manger toutes les crises de bacon que notre fille a

Si j’avais dû manger toutes les crises de bacon que notre fille aînée a faites jusqu’à ses treize ans, je serais morte depuis longtemps d’une attaque de cholestérol grimpant. Quand ton enfant te répond bête à dix-huit mois, qu’il lance son matelas queen au bout de ses bras à trois ans, qu’il détruit l’intérieur de ta minivan à sept ans… tu te dis que ça ne sera pas jojo à l’adolescence, une fois que les hormones règneront en reines.

Combien de fois ai-je croisé des regards découragés ou horrifiés (dont le mien dans le miroir!), des têtes qui se dévissaient en faisant des « non » incrédules ou qui s’efforçaient de s’invisibiliser pour ne pas devoir intervenir? Combien de fois ai-je entendu des parents, des proches et des éloignés, des pertinents et des étrangers, qui donnaient leur opinion sur la situation : « Qu’est-ce que ça va être quand elle sera ado?! » Parce qu’évidemment, un enfant agressif, violent même, ne peut qu’empirer. Il ne peut que poursuivre sa dégringolade sur la route du pas-de-classe et de la délinquance…

Bien sûr, mon mari et moi aussi, nous nous inquiétions. Nous espérions franchement que les choses se replaceraient avant que les conséquences s’aggravent. Mais juste avec de l’espoir, on ne va pas loin, alors on a travaillé fort ensemble, avec notre fille et avec plein d’intervenants. Et avec le temps, qui fait parfois de la magie.

Notre grande Peanut a eu treize ans il y a quelques semaines. Le fameux chiffre 13. La malchance, le malheur, les règles, les hormones full pin, les faces de baboune qui ne veulent plus rien faire avec leurs parents, les mâchoires qui s’ouvrent à peine et juste pour dire « m’hein? », les bras qui traînent à terre tellement ils ont poussé sans prévenir. Intense comme l’est notre fille, on s’attendrait à ce que ce soit l’enfer en la demeure! Qu’on essuie dix crises par demi-heure…

Mais non! (Et c’est ici que les parents désespérés verront poindre la lumière au bout du tunnel.) Notre grande Peanut est devenue… heureuse! Elle est toujours aussi intense et émotive et drama queen, mais de façon positive. La plupart du temps (sinon, la barre serait trop haute pour les trois autres qui frapperont éventuellement le mur de l’adolescence). Elle se sait différente, et elle en est fière. Tellement qu’elle se sent plus solide face aux élèves qui la niaisent et essaient de la faire sortir de ses gonds. « Maman, ils doivent être mal dans leur peau pour essayer autant de me prendre en défaut. J’ai décidé que c’était leur problème, pas le mien. »

Elle qui lisait des tonnes de livres (elle est en train de se faire toute une paire de quadriceps à force de monter les six étages de l’école jusqu’à la bibliothèque!), elle les écrit maintenant, les publie sur WattPad, me les fait réviser (alors que la moindre remarque auparavant la faisait entrer dans une de ces rages!). Elle qui n’a jamais voulu suivre des cours d’arts parce qu’elle ne tolérait pas de se faire dire quoi faire, elle est maintenant dans un programme d’arts et multimédias et tripe à fond, persévère et travaille avec acharnement pour s’améliorer. Elle qui éclatait sous la pression de ses émotions fortes, elle exprime maintenant ses sensations et toute la subtilité de ses sentiments avec des mots et des nuances, avec confiance.

Elle qui voulait mourir, elle est maintenant addict à la vie, et à toute une vie! Une vie pleine, belle, remplie d’espoir et tournée à la fois vers le moment présent et vers un avenir rayonnant. Elle sait, et nous savons, qu’il y aura parfois des périodes creuses, mais nous profitons de l’ici-maintenant et de cette magnifique percée de soleil pour continuer de construire sur le positif. Et surtout pour y croire, intensément.

Belle ado, belle jeune femme en devenir, je t’aime et je t’ai toujours aimée!

Parents, grands-parents qui êtes découragés devant votre enfant qui s’adolescentise… gardez espoir. Et ne cessez jamais d’accompagner votre jeune. Un jour, ce sera son tour de vous tendre la main pour tenir la vôtre.

Nathalie Courcy

Ben oui, je t’aime inconditionnellement! Mais j’ai mes limites!

Quand tu étais petite, tu m’as chié dessus des dizaines de fois.

Quand tu étais petite, tu m’as chié dessus des dizaines de fois. J’ai passé des mois à sentir le lait prédigéré parce que tu régurgitais plus que tu buvais. J’ai usé mes planchers et mes dessous de pieds à force de te promener en chantant « Partons, la mer est belle » : c’est tout ce qui arrivait à calmer tes coliques et tes angoisses.

J’en ai passé, des nuits blanches à te bercer. Parfois parce que j’étais incapable d’arrêter de t’admirer. Parfois parce que tu faisais le party. Parfois parce que je ne pouvais cesser de m’inquiéter ou de me torturer.

J’en ai passé, des journées complètes au téléphone et sur Internet, à essayer de trouver LA personne qui allait m’écouter et me croire, à chercher LA ressource qui comprendrait jusqu’à quel point on était à bout. « Ben non madame, une petite fille de cinq ans, ce n’est pas violent ». Et les vingt-cinq ecchymoses qu’elle m’a faites sur les avant-bras, sans compter les cheveux arrachés, la dent cassée, le cœur écrabouillé… « Vous faites ce qu’il faut, madame… il faut juste attendre que son cerveau se développe »; « Elle apprend à gérer ses émotions. C’est difficile, elle ressent tout de façon extrême. Mais elle y arrivera. » ; « On ne médicamente pas une enfant si jeune »; « C’est trop tôt pour diagnostiquer une problématique mentale. On ne veut pas mettre d’étiquette »; « Je comprends que vous êtes à bout, mais elle réussit bien à l’école, elle a quelques amies. C’est bon signe! »

Sans compter les discours culpabilisants, les miens et ceux des bien-pensants : « Ses deux parents sont intenses, ça ne peut pas faire autrement : elle est intense, elle aussi! » (oui, mais nous, on ne lance pas des chaises pour sexprimer.); « Petits enfants, petits problèmes; grands enfants,… » Non. Ça ne m’encourage pas. Et si ça se voulait drôle pour détendre l’atmosphère si lourde qu’on pourrait le hacher à la tronçonneuse, désolée, ma patience fanée m’empêche de rigoler. « Toi aussi, ça t’arrive de péter un plomb… les enfants apprennent par l’exemple ». En effet, et pendant très, très longtemps, je me suis contenue, j’ai parlé calmement, mais fermement. Pis un bon moment donné, le presto a sauté. Depuis, c’est vrai, j’appréhende les crises et je réplique aux cris. Pas la bonne méthode, mea culpa. La récipiendaire du trophée de la tolérance a démissionné.

« Ben oui, mais là, à quoi tu t’attendais?! C’est l’adolescence! Les hormones! Les SPM! Tu étais sûrement pareille à son âge! » Je. M’ex. Cu. Se. Je n’ai pas été une ado facile. Mais je n’ai pas battu mes parents. Je n’ai pas détruit la maison. Et mon adolescence n’a pas commencé à dix-huit mois. Faque, quand je suis arrivée à l’adolescence, le piton « patience » de ma mère n’était pas encore arraché.

Je ne suis plus à l’heure des « T’aurais donc dû » et des « À quoi t’as pensé? ». Si j’avais écrit chacune des solutions testées et des ressources appelées en renfort depuis les douze dernières années, je rendrais jaloux Marcel Proust avec sa recherche du temps perdu. Quand même ses profs admettent n’avoir jamais, jamais rencontré quelqu’un d’aussi entêté et intense, tu comprends que les conséquences, les récompenses, les homélies, la discipline constante et les gestes de réparation, ça marche avec tes autres enfants et avec les enfants des autres, mais pas avec ta grande fille. Elle a la rébellion tatouée dans ses gènes.

Un jour, cette détermination se transformera en qualité incroyable. Elle fera de grandes choses. Elle changera le monde. Elle ira sur la Lune si ça lui tente. Mais d’ici là, elle traverse ma limite au quotidien. Ses pétages de coche qui surviennent à tout instant, au détour d’un refus ou d’une demande de compromis ou juste parce que, je n’en suis plus capable. Je n’ai plus la couenne assez dure pour endurer ou ignorer la liste d’insultes qu’elle me crie par le cœur. Elle peut être si douce, si merveilleuse, si reconnaissante, puis en une seconde, me faire sentir comme une merde de la pire espèce, comme une moins que mère, une mère de rien, comme la pire des mères. Et après, quand elle se calme, elle se confond en excuses, en « je suis désolée, tu es la meilleure maman du monde, j’ai perdu le contrôle ». Oui, tu as perdu le contrôle. Encore une fois. Une millionième fois.

Et moi? Moi, je n’ai pas le droit de perdre le contrôle. Interdit par la loi. Interdit par ma foi en toi. Interdit par ma vision de moi. Un ultimatum. Devrai-je vraiment appeler la DPJ pour qu’ils viennent te chercher, qu’ils nous éloignent l’une de l’autre le temps que ça passe? Ça fait des années que j’attends que ça passe. Que j’espère la fin du terrible two, du fucking four, de toutes ces phases plates qui devraient t’aider à grandir, mais qui font rétrécir notre relation. Ma fille, je t’aime inconditionnellement multiplié par un million, gros comme mille univers à l’infini. Mais je m’aime aussi. J’aime aussi mon couple amoureux. J’aime aussi mes autres enfants que tu terrorises et qui apprennent par notre exemple. L’état de crise et l’état d’urgence sont devenus notre réalité, et je refuse de vivre ça encore et encore. Je refuse de le faire vivre à toute la famille. Je refuse que les autres se sentent intoxiqués par cet air malsain, rempli d’insultes et de chaises qui revolent.

P.S. Depuis l’écriture de ce texte, les choses se sont replacées. Merci, ma fille, d’avoir choisi de recommencer la médication qui t’aide à gérer ton surplus d’émotions fortes.

Eva Staire

La mère que j’aurais voulu être

Pour plusieurs, je suis une superwoman, une super maman, un

Pour plusieurs, je suis une superwoman, une super maman, une super toute. (J’imagine que pour plusieurs autres, je suis complètement à côté de la track, mais coudonc.). Moi, quand je me regarde dans l’âme, je suis souvent fière de ce que je suis et de ce que j’accomplis. Mais quand la journée a été pénible, que les efforts d’éducation positive m’ont fait frapper le mur de béton et que la patience s’effrite au rythme d’un pastel sec qu’on met à la puissance dix dans le mélangeur, il se peut que le hop-la-vie prenne le bord.

Avant de devenir maman, je m’imaginais trouver l’équilibre entre la mama cool et la mère encadrante, stricte au besoin et compréhensive. Je m’imaginais faire plein d’activités d’apprentissage, de bricolage, de développement moteur, de découverte du monde, et tout autant d’activités pas pédagogiques pantoute, juste pour le plaisir d’avoir du fun et de rire. C’est ce que j’ai fait pendant les dix-huit premiers mois de la vie de ma fille aînée.

Puis, ça s’est gâté. Les crises sont devenues aussi régulières que les heures dans une journée. Tic : Une crise. Tac : Une crise. Tic : Une autre crise. Tac : encore une. Petite sœur est née et s’est mise à pleurer. Elle a arrêté quatre mois plus tard, me laissant épuisée, à moitié sourde, remplie de doutes sur ma capacité d’être une bonne mère (ou une mère tout court) et avec l’estime personnelle d’une carpe passée date injectée au valium.

Moi qui avais toujours des idées de bricolage originales, qui me promenais entre trois et quatre heures par jour en plein air avec ma plus vieille, qui prenait la vie une heure à la fois, je suis devenue une zombie. Oui, oui! Une zombie qui ne sort plus (l’extérieur angoissait mes filles hypersensibles, qui hurlaient et essayaient de retourner dans mon utérus à cause des bruits, des corneilles, du soleil, des étrangers…), qui ne bouge plus, qui ne parle plus, qui ne chante plus (ma plus jeune ne tolérait aucun son), qui ne sourit plus, qui ne joue plus. Une zombie qui n’est plus.

À force de me faire lancer de la nourriture par la tête parce que ce n’était jamais au goût de la plus vieille, je me suis découragée de faire des repas sains et variés. À force de devoir ramasser seule les gâchis de peinture post-bricolage et d’avoir peur de me faire attaquer par une paire de ciseaux, j’ai rangé le matériel d’art. Pour de bon. À force de me faire dire que j’exagérais ou que mes enfants dérangeaient et étaient mal élevés, j’ai fini par m’isoler. Mais les quatre murs d’une maison, c’est assez nul pour remonter le moral. J’ai heureusement gardé un cercle rapproché de personnes aimantes et compréhensives, ce qui nous a sauvés. Mais j’ai perdu le courage d’être la maman que je voulais.

Je souhaitais voyager en famille. Les chicanes ont mis un terme à nos expéditions. Je voulais leur enseigner à patiner, à nager, à faire du vélo, à attacher leurs lacets, à jouer de la musique. Leur refus de dépasser les frontières hermétiques de leur zone de confort m’a choquée : moi pour qui la persévérance et la notion d’effort et d’amélioration sont primordiales, je suis tombée de haut. Je n’avais pas transmis ces valeurs à mes enfants.

Je me voyais enseigner à mes enfants à la maison et participer pleinement à leur développement cognitif et social. Pendant des années, la période des devoirs a été synonyme de drame25 000. Mes enfants comprennent rapidement la matière, mais toujours faut-il qu’ils acceptent d’apprendre et de s’exercer. Leur tendance à l’opposition dans le milieu familial a rendu impossible cette voie alternative à l’éducation en milieu scolaire. Au moins, à l’école, ma plus vieille filtre son drama-queenisme aigu et ma plus jeune se laisse porter par le rythme du groupe. Elles apprennent et évoluent, c’est ce qui compte.

Les spécialistes ont beau nous dire que les enfants se comportent souvent différemment à l’école et à la maison, qu’ils savent que nous les aimons inconditionnellement donc ils se permettent d’être eux-mêmes dans leur famille, que nous faisons tout ce que nous devons faire pour que nos enfants progressent bien… ça fait mal quand même. Ça fait me poser bien des questions.

Parfois, les réponses sont difficiles à avaler. Elles goûtent l’amertume d’une vision de la maternité qui s’est éteinte au fil des échecs. Parfois, les réponses me recrinquent quand je me concentre sur les progrès de chacun et sur les moments magiques que nous vivons en famille. La vie a construit la mère que je suis, une mama cool qui est encadrante, stricte au besoin et compréhensive. Plus impatiente que je voudrais, parfois vraiment découragée, mais maman aimante quand même.

Nathalie Courcy

 

Les crises

ARRRGGGG, LES CRISES!!! Vous les connaissez, vous les voyez venir, vous entendez presque l

ARRRGGGG, LES CRISES!!!

Vous les connaissez, vous les voyez venir, vous entendez presque la musique de requins menaçants qui joue dans les films. Et PAF, c’est l’éruption du volcan : Votre enfant fait une crise (AAAAHHHH!!!), une belle, une bonne là, et c’est sa 5e aujourd’hui.

Maintenant, pourquoi elles surgissent, que pouvez-vous faire?

Tout commence souvent vers l’âge de 2 ans. C’est normal qu’à cet âge l’enfant dise non à tout. Pour reprendre les mots d’une de mes profs : Lorsque l’enfant vous dit non, il se dit oui. En d’autres mots, votre enfant s’affirme. Il apprend à prendre sa place dans ce monde qui est encore plein de découvertes. Il apprend aussi à se situer dans les relations qu’il entretient avec les autres. Bref, vous êtes au premier rang pour observer cet individu qui se construit. Votre bébé qui était d’abord fusionnel perçoit petit à petit qu’il est un être à part entière. En ce sens, les crises, c’est presque beau (j’insiste sur le presque).

Il faut aussi savoir que 2 ans, c’est une période pleine de frustrations pour l’enfant. Ce petit être qui a fait TELLEMENT d’efforts pour marcher et donc conquérir le monde, veut tester les limites. Toutefois, il se fait maintenant arrêter pour plein de choses: « Touche pas à ci, fait pas ça, étends pas ton caca sur le plancher, etc ». Lorsqu’il se sent brimé dans cet élan de liberté tant attendue, l’enfant peut vivre beaucoup de frustrations. Il découvre qu’il ne peut pas tout faire comme bon lui semble. Résultat possible : Une crise! Maintenant je vous pose la question, comment réagiriez-vous si on vous empêchait très souvent de faire ce que vous voulez? Ajoutez à ça, que vous n’auriez pas tous les mots pour exprimer ce que vous ressentez. Vous seriez probablement frustré vous aussi. En grandissant, si l’enfant a appris que ses crises sont payantes il sera plus enclin à en refaire. Certains enfants utilisent aussi les crises pour attirer l’attention.

Ceci dit plus l’enfant grandit, plus il devrait être capable de gérer cette frustration. La gérer ne veut pas dire qu’elle est absente! C’est plutôt qu’il trouvera d’autres façons de l’exprimer. Pour y arriver, il a d’abord besoin de vous, de votre patience, de vos mots et de votre soutien.

Maintenant, vous lisez ce texte avec toute la volonté du monde pour comprendre mais vous aimeriez également savoir comment les gérer j’imagine. Voici quelques petits trucs qui peuvent vous aider :

  • L’élément déclencheur : Est-ce que votre enfant est susceptible de faire des crises à des moments précis? Lorsqu’il est fatigué ou ennuyé? Lorsqu’il a faim? Lorsqu’il y a un changement, une transition? Lorsque son petit frère joue près de lui? Si vous êtes capable de relever certains éléments déclencheurs récurrents, vous serez peut-être en mesure de désamorcer la crise.
  • Le besoin derrière la crise : Après avoir relevé l’élément déclencheur, tentez de comprendre le besoin de votre enfant. Est-ce qu’il essaie d’attirer l’attention ou démontre-t-il plutôt une difficulté à gérer ce qu’il ressent? Dans le premier cas, il peut être bénéfique d’ignorer le comportement et lui accorder de l’attention lorsqu’il sera calme. Dans le deuxième cas, vous pourriez plutôt miser sur les émotions.
  • Les émotions : Un enfant est en apprentissage de ses émotions. Ce n’est donc pas toujours facile pour lui de les reconnaitre et les nommer. Aidez votre enfant à le faire en disant par exemple à voix haute : « Je crois que tu es en colère parce que tu n’as pas pu finir ton casse-tête, mais comme je te l’ai dit tu pourras le terminer après ton repas».Aussi, vous pouvez aider votre enfant à se calmer. Lorsqu’il ressent beaucoup de colère, votre voix calme et vos câlins peuvent aider à désamorcer la crise rapidement. S’il ne veut pas se rapprocher ou a besoin d’être en retrait pour pleurer toute sa colère, c’est correct aussi! Intervenir durant la crise peut être totalement inefficace ou même augmenter l’intensité de la crise. Respectez son rythme. L’important pour lui est de savoir que vous n’êtes jamais loin, et toujours prêt à le réconforter lorsqu’il en ressent le besoin.

    D’ailleurs, rappelez-vous que vous êtes les modèles. En intervenant auprès de votre enfant lors des crises vous devez également contrôler vos émotions. En démontrant de la colère, vous envoyez un message contradictoire à votre enfant.

  • Les limites : Votre enfant doit entendre qu’il a le droit d’être en colère mais que les crises ne sont pas acceptées. Parfois avec la fatigue et le brouhaha de la journée, vous pourriez être tenté de céder à la méga giga crise. Sachez toutefois que les limites sont importantes. Non seulement elles donnent des repères aux enfants, mais elles vous permettent d’apprendre à votre enfant qu’il ne peut pas tout faire, crise ou non. À long terme, vous serez contents ! Ceci dit, imposez des limites ne veut pas dire que vous devriez contrôler chacun de ses faits et gestes. Un enfant est un enfant. Il a besoin de jouer, expérimenter, et découvrir. Considérez ce point lorsque vous désirez mettre des limites.

Avant de finir, il est important de souligner qu’il n’y a pas de recettes magiques. Chaque contexte, enfant, parent est différent donc c’est impossible de trouver une solution commune à tous. Je sais, c’est un peu ennuyeux comme conclusion. Ce que je peux vous dire par contre c’est qu’il y a certainement un équilibre qui conviendra à votre famille. Un équilibre entre le « parent-guide », qui l’encourage à découvrir, et le « parent-discipline », qui impose des limites.

Si vous vous sentez dépassé par les crises de votre enfant ou vous avez l’impression qu’il est en constante opposition, discutez-en avec votre médecin de famille ou renseignez-vous auprès de votre CSSS.

 

Crédit photo: languedessignesbebe.com ,www.francetvinfo.fr