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La vérité, je ne suis pas enceinte – Texte: Arianne Bouchard

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu des enfants. Je me disais quâ€

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu des enfants. Je me disais qu’à l’âge mature, quand j’aurais fini mes études, que j’aurais un emploi stable mais aussi, bien sûr, une relation durable, je mettrais en marche la machine à bébés.

Quand finalement, je suis arrivée à l’âge adulte, je me suis rapidement rendu compte que vouloir, c’est pas TOUJOURS pouvoir. T’as beau avoir fini l’école, t’as beau avoir un bon salaire et toute la stabilité du monde, c’est pas toute. Il faut que ton corps veuille lui aussi.

J’ai toujours pensé que ce serait facile de tomber enceinte. Ma mère a eu six enfants, qu’elle a pratiquement pondus comme une portée de chatons, si tu vois ce que je veux dire. Ensuite, ma sœur elle aussi a eu des enfants, tout aussi facilement. Je me disais forcément que nous avions une bonne prédisposition, tu comprends ?

Mais non.

Et ça, on ne l’apprend pas à l’école. Ce n’est pas parce que ta mère, ta sœur pis toutes tes amies tombent enceintes aussi facilement que de respirer, que ce sera forcément le cas pour toi. On ne te dit pas non plus à quel point ce sera difficile à vivre. On te parle juste des dangers de tomber enceinte en respirant trop proche d’un garçon et des joies de devenir maman à l’âge convenable. On ne te parle pas de l’entre-deux. On ne te parle pas du fait que chaque mois, tu croises les doigts, les orteils pis tout ce qu’il est humainement possible de croiser pour finalement tomber enceinte ; et on ne te parle pas non plus de la déception de ne jamais être enceinte.

C’est un tabou.

Tu te sens obligée de garder cela pour toi, parce que personne n’en parle. Pourtant, tous les jours, quand tu ouvres ton téléphone, tu vois des photos de bébés partout. C’est comme si le reste du monde se liguait contre toi, pour te narguer un peu. Tout le monde a des bébés, mais pas toi. T’as beau être contente pour tes amis, t’as ben beau trouver leur bébé mignon à en crever, ça t’empêche pas d’avoir une petite pointe d’amertume à chaque fois. Toi aussi t’en veux un, de toutes les fibres de ton être.

Tu te demandes ce qui cloche chez toi, parce que forcément, y’a quelque chose qui ne fonctionne pas. Tu fais tous les tests possibles avec ton médecin de famille. Tout est beau. Sauf que ton médecin, ce n’est pas non plus un spécialiste de la fertilité. Et ça, c’est une autre affaire ! Faut attendre un an avant de pouvoir consulter en fertilité ! C’est long pis c’est stressant ! Et le stress, c’est pas bon pour concevoir, qu’ils disent… un cercle vicieux !

En attendant, tu fais ce que tu peux, tu essaies de surveiller ton cycle, mais si t’es comme moi, t’es irrégulière, pis ça ne fonctionne pas plus que de demander à un cheval de pondre un œuf. Tu peux avoir un cycle de trente, de soixante et même des fois de quatre-vingt-dix jours ! Alors tu essaies d’autres choses. Tu notes tout dans une application qui est censée t’aider, ou pas, mais qui dans tous les cas te stresse parce qu’y a toujours pas de régularité dans ton cycle et même l’appli ne comprend pas.

Tu prends des vitamines, tu lèves les jambes en l’air après l’amour, tu fais des tests d’ovulation juste pour voir si au moins tu ovules, parce que t’as pu tellement confiance en ton corps, bref, tu fais TOUTE ! Pourtant, encore là, ça marche pas.

Chaque mois, t’es déçue quand tu regardes le test de grossesse et que la cigogne n’est pas passée et t’essaies de te consoler avec des phrases positives, pas réconfortantes du tout finalement de style : « Pas grave, je suis encore jeune », « Pas grave, j’ai plus de temps pour me préparer à tout ce changement », « Pas grave, essayer c’est mieux que rien et si ça fonctionne pas dans quelques mois, je vais pouvoir consulter en fertilité » et la meilleure : « Ça va bien aller ». C’est drôle, parce que de mon point de vue, ça va pas pantoute !

Finalement, t’as pas le choix, tu lâches prise avant de tomber dans la dépression. Tu te dis que tu vas arrêter d’y penser, tu ne peux rien y faire de toute façon.

Alors tu t’endors le soir, dans un sommeil peuplé de rêves de couches sales, de régurgits et de pleurs, mais pourtant, t’as toujours autant envie de devenir maman.

Mais en attendant… ça craint !

Arianne Bouchard

 

Ma grossesse : tomber enceinte sous stérilet

Après avoir encaissé le choc de la grossesse, on s’est dit que p

Après avoir encaissé le choc de la grossesse, on s’est dit que peu importe ce qui arriverait, un bébé, ce n’est jamais négatif… au contraire! C’est certain que ça allait CLAIREMENT prendre une meilleure routine et qu’on allait devoir aller chercher un peu d’aide, mais l’important, c’était qu’un petit être avait décidé de se loger en moi et nous avait choisis comme parents. 🙂

Par contre, ce que je ne savais pas, c’est qu’une grossesse avec un stérilet… c’est tout sauf plaisant. Oubliez la grossesse sans tracas!

Première étape, appeler son médecin afin de faire faire des prises de sang. Pourquoi? Pour s’assurer que le taux HCG (l’hormone de grossesse) augmente normalement.
Habituellement, le taux HCG doit doubler aux deux jours. Dans le cas d’une grossesse non évolutive ou d’un début de fausse couche, le taux ne double pas ou stagne.
Dans mon cas, on voulait aussi s’assurer que le taux doublait bien puisque le port du stérilet fait souvent en sorte que les femmes font des grossesses ectopiques (en dehors de l’utérus). Dans ce cas, encore une fois, le taux HCG ne double pas normalement.
Tout ça pour dire qu’au bout de deux semaines de stress à faire des prises de sang, j’ai enfin pu être soulagée lorsque ma doc m’a appelée pour me dire que tout semblait bien normal et que ma grossesse évoluait bien.

J’étais à sept semaines, et je savais très bien que rien n’était joué avant le fameux douze semaines. Par contre, J’ÉTAIS ENCEINTE! Un bébé miracle… un bébé stérilet!
Je me souviens m’être dit qu’Étienne devait carrément aller se faire vasectomiser après l’accouchement, parce que j’étais beaucoup trop fertile! Hayden étant un bébé pilule, Anna un bébé qui est arrivé le premier mois d’essai et bébé no 3 avec un stérilet, c’était hors de question d’avoir une famille de dix, haha!

Alors que je commençais à prendre conscience de tout ce qui se passait, j’ai réalisé que ma grippe ne passait pas, j’avais des douleurs au ventre et ma fièvre continuait… Après discussion avec mon médecin, je me suis dirigée à l’hôpital puisque mes symptômes faisaient partie de ceux d’une grossesse ectopique. En arrivant devant l’infirmière et en lui expliquant que j’étais enceinte sous stérilet NOVA T, et en lui racontant mes symptômes… j’ai vu dans ses yeux une petite lueur de tristesse. En sortant du bureau, elle m’a dit : « Bonne chance… ».

Psychologiquement, je ne savais pas trop quoi penser.

J’ai une façon bizarre d’agir quand j’ai peur d’avoir mal… je préfère voir le négatif! De cette façon, je ne peux pas être triste ou déçue. Sauf que dans ce cas‑ci, c’était probablement la pire chose à faire. Je me souviens m’être assise dans la salle d’attente, avec deux amis qui étaient venus me tenir compagnie, et m’être dit « Bon et bien, je ne suis pas enceinte finalement! Je vais attendre que la fausse couche arrive. »

Le médecin m’a appelée dans la salle et m’a expliqué qu’il y avait peu de chances que la grossesse soit viable à cause du stérilet, que peu de grossesses l’étaient.
En fait, le stérilet peut parfois laisser passer des spermatozoïdes qui sont redirigés vers le mauvais endroit, soit les trompes de Fallope. C’est lorsque le spermatozoïde s’implante à cet endroit que survient une grossesse extra-utérine.

Là, entendons‑nous, je ne suis pas médecin, alors je manque peut-être un peu d’infos sur le sujet, mais je tente tant bien que mal d’expliquer le mieux possible ce qu’on m’a dit et ce que j’ai vécu. 🙂 Au pire, pour toutes autres questions, il y a GOOGLE haha!

Donc, après ma conversation avec la doc, elle m’a envoyée passer une échographie pour voir si ma grossesse était assez avancée pour la voir en écho et surtout pour voir si l’embryon s’était implanté à la bonne place. Étienne étant à la maison avec les enfants, c’est ma meilleure amie qui était avec moi dans la salle d’échographie.

Heureusement qu’elle était là, parce que je tentais tant bien que mal de garder mon calme, mais tout ce que j’avais en tête c’était « OK, je me suis fait un scénario, peu de femmes tombent enceintes avec un stérilet et il y a encore moins de grossesses viables, fais‑toi à l’idée ».

Je me souviens avoir entendu le docteur parler comme si tout était beau et ma meilleure amie lui demander si c’était le cœur qu’on voyait. Dans ma tête, je leur en voulais de parler de mon bébé comme ça, comme si tout était beau. Parce qu’en fait, même si la grossesse est extra-utérine, le bébé est en vie. Certains vont me dire que ce n’est pas un bébé, mais bien un embryon… Mais pour moi, c’était un bébé, MON bébé! Tout ce que je me disais, c’est que mon bébé était là, que son petit cœur battait normalement, mais que j’allais devoir me faire avorter puisque la vie avait fait en sorte qu’il ne s’était pas niché à la bonne place.

Et c’est là que j’ai entendu un « Madame, votre grossesse est totalement normale. L’embryon s’est implanté dans votre utérus, vous pouvez voir ici………… » et j’ai cessé d’écouter parce que les larmes coulaient sur mes joues.

C’est le cœur léger que je me suis redirigée vers la salle d’attente puisque je devais revoir la gynécologue avant de quitter. Vous imaginez mon état d’esprit? C’était totalement irréaliste, mais les mots du radiologue raisonnaient dans ma tête « Vous êtes bel et bien enceinte » et c’est tout ce que ça me prenait pour enfin flotter!

Une fois dans la salle avec la gynécologue, elle m’a reconfirmé ce qu’on m’avait déjà dit, mais elle a ajouté que le port du stérilet mettait ma grossesse à risque. Que j’allais devoir être suivie de près si je décidais de garder mon bébé et que les fausses couches étaient nombreuses pour celles qui avaient un stérilet.

Elle m’a donc conseillé d’enlever le stérilet puisque ma grossesse était jeune. C’est donc ce qu’elle a fait… en me spécifiant que les prochains jours, même la prochaine semaine, seraient déterminants à savoir si je perdrais le bébé ou pas. Vous avez bien lu… en quelques heures, j’étais enceinte, enceinte sûrement, enceinte d’une grossesse extra-utérine non viable, oh et de nouveau enceinte pour terminer ma journée avec le retrait de mon stérilet et le stress d’une fausse couche.

C’est là que mon cerveau a décidé de fermer boutique concernant la grossesse. J’ai arrêté d’y penser et d’espérer.

Heureusement pour nous, bébé d’amour est encore là et comme ses frères et sa sœur, c’est une vraie battante!
Je suis heureuse, vraiment!
Sauf qu’on dirait que mon corps et ma tête sont en mode protection. Qu’est‑ce qu’on peut encore m’annoncer qui pourrait me stresser hein?

Bref je me souhaite une belle fin de grossesse et surtout, que mon cœur et ma tête se réconcilient haha! Et à vous toutes qui tomberez enceintes avec un stérilet, gardez toujours espoir, parce que je suis la preuve que nos bébés sont bien plus forts qu’on le croit. 🙂

Le petit dollar de sable : une histoire de préconception

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Et si on jasait un peu de la préconception? Cette période qui précède la grossesse. Ce moment où l’on fait le choix d’enfanter. Pour certains, le désir d’avoir un enfant est très clair; pour d’autres, cette période est remplie de remises en question, de doutes et de réflexions. Il arrive parfois qu’elle ne soit pas consciente puisque la grossesse arrive en surprise. On s’attarde souvent trop peu à cette période, cet espace-temps où les gens se préparent parfois plus physiquement (prendre des vitamines, cesser de fumer, arrêter la consommation d’alcool, etc.) que psychologiquement. J’avais envie de vous partager mon histoire de préconception, car avec ma petite dernière, elle a été particulièrement significative. Si le cœur vous en dit, j’aimerais bien connaître vos histoires en commentaires.

 

Alors voilà, mon plus vieux venait d’avoir trois ans. Mon mari et moi étions presque certains que nous voulions un autre enfant, mais j’hésitais. J’avais peur de ne pas savoir partager mon temps et mon cœur avec l’arrivée d’un autre bébé. Je me demandais si c’était le bon moment, si nous étions prêts. Je sentais, par contre, une grande envie de revivre une grossesse et un accouchement. J’avais envie que mon fils puisse connaître le bonheur de la fratrie, ce lien particulier qui est tantôt agréable, tantôt déplaisant, mais qui nous fait grandir. J’avais envie de recommencer cette aventure avec mon amoureux, de le revoir être père à nouveau, de voir grandir un autre enfant sous nos yeux fatigués, mais admiratifs. Bref, j’étais indécise.

 

Nous étions en vacances aux Îles-de-la-Madeleine. Une partie de la famille de mon mari s’y trouve. Un voyage familial qui me donnait le goût d’agrandir la mienne. Un jour, nous sommes allés à la plage marcher sur le bord de l’eau avec l’espoir de trouver des dollars de sable. La température chaude et calme était idéale pour profiter des îles, mais plutôt défavorable à notre but, puisque les dollars de sable se trouvent plus facilement après les tempêtes et la pluie.

 

Je marchais en silence, les pensées bien occupées par mes réflexions. J’ai respiré profondément et j’ai parlé à mon enfant futur, celui que je désirais. Je lui ai dit intérieurement : « On fait un marché : si je trouve un dollar de sable, ce sera ma confirmation que c’est le bon moment ». C’est un peu étrange, limite ésotérique, mais c’était mon inspiration du moment.

 

Après un bon quarante‑cinq minutes de marche, aucun dollar de sable ni pour moi ni pour ceux qui m’accompagnaient. J’étais déçue et je rationalisais tout ça en me disant que c’était un peu bête comme façon de décider de faire un enfant ou non. Nous étions sur le point de partir quand, à mes pieds, j’ai vu le plus petit mini dollar de sable que j’avais vu de ma vie. Quand je l’ai vu, j’ai souri en regardant le ciel, le cœur rempli d’excitation. J’avais l’impression que mon bébé me donnait le OK, qu’une petite âme m’avait fait un clin d’œil. J’avais trouvé un petit dollar de sable, magnifiquement parfait, tout petit et fragile… tout comme le petit bébé qui a grandi dans mon ventre le mois suivant.

 

 

Roxane Larocque

Pis ? Es-tu enceinte?

D’emblée, je vous dirais que cette question ne se pose pas. Je ne

D’emblée, je vous dirais que cette question ne se pose pas. Je ne parle pas d’une personne proche de vous qui se confie et avec qui vous êtes très à l’aise. Je vous parle de toutes ces autres femmes que vous connaissez plus ou moins.

Devenir enceinte… Il ne faut surtout pas que ça arrive pendant une plus ou moins longue partie de notre vie et, tout d’un coup, il faut que ça arrive tout de suite! C’est un processus tellement complexe et tellement intime. Certains (oui au masculin, j’inclus les papas dans le processus!) vivent très bien avec tout ça et sont très zen. D’autres vivent stress et angoisse à différents niveaux parce qu’ils sont suivis en fertilité, parce qu’ils ont vécu des fausses couches ou simplement parce qu’ils sont de nature plus anxieuse.

En plus de ne pas savoir comment ces couples vivent tout ça, il y a le fameux stade des douze semaines que chacun vit différemment. Poser la question à une femme qui n’a rien annoncé, c’est lui demander de vous mentir ou lui imposer de vous en parler alors qu’elle n’est peut-être pas prête.

J’ai fait deux fausses couches. J’ai abordé la question dans un précédent texte. Je trouve très indélicat de me faire demander : « Pis? Es-tu enceinte? » par des personnes de qui je ne suis pas si proche, mais qui sont tout de même au courant de la situation. Pour que je parle d’une grossesse, je dois être enceinte ET prête à en parler! C’est certain que c’est une bonne nouvelle que je vais toujours partager rapidement avec mes proches, peu importent les circonstances. Les collègues et autres personnes que j’apprécie, mais qui ne font pas partie de mon cercle proche… au risque de sembler de mauvaise foi, je ne leur dois rien. Je devrais avoir le droit d’annoncer les événements que je vis à qui je veux, quand je veux. Eh oui, après deux fausses couches, bien que rationnellement, je sache que je suis une simple statistique triste, que je ne suis pas plus à risque qu’une autre d’en vivre une troisième, je suis malgré tout pas mal plus stressée qu’à ma première grossesse. Eh oui, j’attendrai mon échographie de douze semaines avant de faire une annonce officielle. Si je me fais poser (encore!) cette question avant, je serai seulement très inconfortable de vous faire comprendre le plus délicatement possible que vous êtes indiscrets, que je sois enceinte ou non. Ça me rend très inconfortable comme situation et j’ai beaucoup de difficulté à comprendre que ces personnes ne soient pas conscientes de me brusquer.

Ah! Et demander à une collègue bien fort qui n’est même pas votre amie Facebook dans un cadre de porte d’un endroit rempli de gens : « Aye! T’attendais pas un bébé, toi? », ça aussi, c’est non. Utilise ton fin sens de la déduction; si tu me savais enceinte il y a environ cinq mois et que je n’ai pas de bedaine… comment je te dirais ben ça pour ne pas créer de malaise? « Oui, mais plus maintenant et je n’ai pas du tout envie d’en discuter avec toi. » J’aurais aimé penser à cette réponse plus tôt, mais j’ai été grandement prise au dépourvu…

Simplement, soyez délicat. Après tout, une femme enceinte déborde d’émotions, paraît-il!

Jessica Archambault

 

Ta fausse couche est pire que la mienne…

Ah! C’est un concours? Eh ben… je n’avais pas reçu le mémo!

Ah! C’est un concours? Eh ben… je n’avais pas reçu le mémo! Par contre, bien honnêtement, ça ne m’intéresse pas du tout d’y participer.

Le parcours vers la parentalité est si différent d’une famille à une autre… Certains ont de la facilité à procréer alors que d’autres auront un cheminement laborieux et interminable en fertilité. Certaines feront des fausses couches à répétitions, d’autres aucune. Certaines vivront bien la perte d’un bébé et ce sera un drame immense pour d’autres, certaines vivront une grosse dépression post-partum, d’autres seront sur un nuage sans jamais en descendre. Je pourrais continuer longtemps comme ça tellement les situations sont différentes et nombreuses.

Plusieurs facteurs influencent ces réactions et ces perceptions, sans oublier que des émotions, ce n’est pas rationnel! Pouvons-nous réellement comparer ces événements et les hiérarchiser? Pour plusieurs, il semblerait que la réponse soit oui et ça me laisse sans voix.

Nous avons l’immense chance que ça fonctionne rapidement pour nous. Chéri me regarde et un petit bébé grandit dans mon ventre. Je suis tombée enceinte au deuxième cycle d’essais pour notre fils et du premier coup pour les deux grossesses qui ont suivi.

Après la première fausse couche, les commentaires étaient gentils, mais balayaient toute légitimité de tristesse.

« Vous en avez déjà un en santé, alors vous savez que vous êtes compatibles. »

« De toute façon, tu tombes enceinte vite, non? »

Sur le coup, ces commentaires ne m’ont pas fait réagir. Après tout, c’était vrai. Aussi, nous étions très rationnels et nous nous appuyions sur les statistiques. Entre 20 et 25 % des grossesses se terminent en fausse couche : c’est énorme, mais ce n’est pas grave. Nous voulons quatre enfants, c’était donc à peu près certain qu’on vivrait ça une fois.

C’est quand je suis retombée enceinte, dès le cycle suivant, que les commentaires ont commencé à me faire sourciller.

« Déjà!? Dis-le pas trop fort, c’est gênant! » Hein? Je dois être gênée de tomber enceinte facilement? Et c’est moins une bonne nouvelle parce qu’on n’a pas attendu plusieurs mois?

« Si tu fais une autre fausse couche, ce ne sera pas trop dur à prendre vu que tu sais que tu tombes enceinte facilement. » HEIN? Ce serait censé être moins triste? Pourtant, « les statistiques » ne nous seraient plus favorables. On tomberait à une grossesse heureuse sur trois. Et le stress de la grossesse suivante, il n’a pas lieu d’être?

Cette grossesse s’est aussi malheureusement interrompue beaucoup trop tôt. Mais là, c’était triste, là on faisait pitié…

Vous remarquerez que je n’aborde pas tellement nos émotions et réactions à ces diverses étapes. Simplement parce que ce n’est pas le point. En fait, ce qui me laisse perplexe, ce sont les gens qui se permettent de déterminer à notre place si nous devons être tristes ou stressés, à quel point, à quel moment et, surtout, qui se permettent de juger de la légitimité de nos émotions.

Ces constatations s’ajoutent à celles vécues et entendues par d’autres femmes et couples. Les fausses couches ne sont pas les seules visées. Juger à quel moment une femme peut angoisser à l’idée de ne pas être encore enceinte : après combien de temps est-ce acceptable? Six mois? Deux ans? Être déçue d’accoucher par césarienne alors que maman et bébé sont en santé : légitime ou non?

Il me semble pourtant que toutes les émotions sont légitimes et que je ne peux pas juger une réalité qui n’est pas la mienne… Mais peut-être suis-je trop sensible…

Jessica Archambault