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Le marathon des rencontres de profs

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Vous connaissez le meilleur moyen de perdre 20 livres (à part la gastro… ouach!)? Se taper le marathon des rencontres de profs post-premier bulletin quand on a plusieurs enfants dans plusieurs écoles. Divorcée, quatre enfants dont deux au secondaire, trois écoles dans trois coins différents de la ville. Go les jambes!

Vous imaginez le portrait, n’est-ce pas? Retour du boulot à 17 h 12, départ de la maison à 17 h 14. De grâce, apportez une bouteille d’eau et une collation, sinon, vous allez rencontrer les ambulanciers au lieu de voir les profs. Évidemment, tout bon parent qui se respecte aura imprimé le bulletin de chacun de ses poussins. On peut même apporter une photo de notre ado (sur 2500 élèves, ça se peut que le nôtre soit moins mémorable, ce qui est peut-être une bonne chose!).

La freak en moi annote les bulletins avec des questions ou des commentaires, surligne le nom des enseignants, prévoit l’ordre dans lequel les rencontrer :

  1. Titulaire : Il passe souvent plus de temps avec notre enfant, le connaît mieux, et peut faire le pont entre la direction ou les autres profs et nous.
  2. Les enseignants des matières plus problématiques : Par problématique, j’entends les échecs, les résultats en chute libre, les commentaires négatifs sur l’attitude de l’enfant. On les rencontre pour comprendre ce qui se passe et pour savoir comment aider.
  3. Les enseignants des matières préférées de notre enfant : C’est bon pour le moral d’un parent d’entendre quelqu’un encenser son enfant, dire qu’il est passionné, intéressé, qu’il travaille bien ou qu’il aide ses collègues de classe. Quand je discute des rencontres de profs avec mes cocos, je peux ajouter du positif, parler de ce qui les motive et les encourager à utiliser leurs stratégies positives dans les matières qui leur posent plus de défis.
  4. Les enseignants des matières principales (français, maths, sciences, anglais) s’ils ne font pas partie des trois premières catégories.
  5. Les spécialistes (éducateurs spécialisés, travailleurs sociaux, directeurs pédagogiques, orthopédagogues et autres aidants professionnels) : S’il y a un plan d’intervention, il y a déjà eu ou il y aura une rencontre plus poussée, mais un petit « check » peut être bienvenu. Ça permet aussi de remercier ces personnes et de leur assurer notre collaboration.

Évidemment, pour mes enfants qui sont au primaire, le nombre d’enseignants est réduit, je m’en tiens souvent au titulaire (et au stagiaire, qui a souvent des informations très intéressantes à partager puisqu’il fait des activités spéciales ou des projets de recherche dans le cadre de ses études). Pas que je n’accorde pas d’importance aux profs de musique et d’éducation physique, mais avec le tic-tac de la soirée qui se fait entendre, je dois faire des choix. Si vraiment il y a un problème dans ces matières, je peux toujours communiquer avec l’enseignant avant ou après les rencontres de bulletins.

Je pars aux rencontres de profs avec l’intention consciente d’écouter le point de vue des enseignants. Ce n’est pas l’endroit pour engueuler les profs (ce n’est jamais l’endroit ni le temps pour faire ça anyway). On peut être en désaccord avec la méthode pédagogique, on peut être conscient que le courant ne passe pas entre le prof et notre jeune (ou entre le prof et nous!), mais ce n’est pas dans les cinq minutes accordées par discussion qu’on aura le temps de régler la situation. Les profs sont habituellement ouverts à nous rencontrer à nouveau s’ils sentent du respect de notre part.

Je peux aussi partager mon point de vue de parent. Même s’ils veulent personnaliser leur enseignement, les profs ne peuvent pas connaître chaque enfant par cœur. Il y a peut-être une situation familiale ou un trait de caractère de notre enfant qui rend les choses plus complexes. Le prof sera content d’apprendre que derrière les mauvaises notes de notre jeune, il y a une amélioration de 20 % depuis l’année précédente…

Je demande systématiquement ce que mon enfant peut faire pour s’améliorer ou pour continuer à bien travailler, et aussi ce que moi, comme parent, je peux faire pour aider le personnel de l’école à aider mon enfant. L’éducation, c’est un travail d’équipe! Je considère que l’école est un milieu de vie, pas seulement un milieu d’enseignement et de performance. Je pose donc des questions sur la façon dont mon enfant fonctionne en classe, s’il a des amis, s’il est poli, s’il participe aux activités, s’il a l’air heureux d’apprendre, s’il s’endort ou s’il énerve les autres…

Je m’assure de prendre des notes qui aideront ma mémoire d’huître alzheimer. Je transmettrai les informations obtenues au papa et, à un moment approprié, je m’assoirai avec chacun de mes enfants pour discuter de ces rencontres. On fera un plan de match pour corriger ce qui ne va pas et on se félicitera pour nos bons coups.

Les notes sur le bulletin, c’est bien beau, mais ça ne veut pas tout dire, donc les rencontres de profs sont nécessaires pour tracer un portrait plus complet de notre enfant comme élève. Un résultat de 70 % pour un enfant dyslexique ou qui a manqué deux semaines de cours parce qu’il était malade, ça peut être extraordinaire, alors que pour son voisin de pupitre, le 70 % vient peut-être d’un manque d’étude ou d’un refus d’écouter en classe. La discussion et les stratégies aidantes ne seront pas les mêmes.

À l’approche des rencontres de profs, quelles sont vos stratégies pour survivre au marathon et en tirer le meilleur?

P.S. Si vous angoissez à l’idée de vous taper le marathon des rencontres de profs, ayez une pensée pour les profs qui, eux aussi, perdront 20 livres à se taper une ou deux journées de rencontres de parents tout de suite après s’être tapé la correction des évaluations et la rédaction des bulletins. Soyez gentils et reconnaissants envers eux, soyez ouverts à leurs recommandations tout en étant un bon ambassadeur de votre enfant. Et une fois à la maison, offrez-vous un massage de pieds ou un bon chocolat chaud-Bayley’s!

Nathalie Courcy

Et si on parlait de l’intégration des élèves à risques…

RisqueS avec un grand S.

Risque

RisqueS avec un grand S.

Risque de vivre de graves difficultés d’apprentissage. Risque d’avoir un comportement inadéquat. Risque de vivre des épisodes d’impulsivité et de violence. Risque de vivre de l’anxiété.

Les classes spéciales se font de plus en plus rares. Ces classes sont pourtant si bien pensées pour des enfants aux besoins particuliers… Ce sont des milieux rassurants offrant un nombre de places restreintes et des adultes aux qualités professionnelles diverses, placés là exprès pour soutenir ces petits humains dans leur quotidien.

Aujourd’hui, la tendance est d’intégrer ces élèves aux écoles régulières, avec tous les défis que cela comporte, mais sans le filet de sécurité offert par une classe spéciale.

Je parle au nom de l’élève qui lui, ne vit aucune problématique, qui a cette chance d’être né avec un bon potentiel académique, qui ne vit pas d’anxiété, qui évolue dans un bon milieu et qui se retrouve pourtant négligé en classe quand on intègre à son milieu un élève à risques.

Cet élève ne mérite pas un enseignant moins présent pour lui parce qu’un autre élève demande plus au quotidien. Il mérite sa part d’attention, il mérite un enseignant qui le pousse plus loin encore, il mérite un environnement sécuritaire. Il a le droit de débuter sa journée sans entendre un élève crier, faire des bruits, lancer des objets parfois, même… Il mérite de vivre une vie d’élève normale.

Je parle au nom de cet enseignant qui redouble de créativité tous les matins pour accueillir cet élève (parfois deux ou trois…) particulier, cet enfant pour qui chaque matin est source de stress. Pour la majorité d’entre vous, entrer à l’école, défaire son sac et faire la routine demandée apparaît fort simple. Or, c’est souvent tout un défi pour un enfant vivant avec un TSA ou un TDA/H très marqué. Le nombre d’élèves, le bruit, les consignes… tout cela devient si anxiogène que son comportement devient imprévisible.

Cet enseignant, tu l’ignores peut-être, mais il subit régulièrement de la violence verbale et parfois même physique.

Je parle au nom de l’éducatrice spécialisée qui aujourd’hui, ne travaille plus seule dans une école. Elle fait souvent partie d’une équipe, car désormais, les besoins sont trop criants.

Elle est à bout de souffle. Son local déborde d’enfants qui ne sont pas disposés aux apprentissages. Elle fait des pieds et des mains pour imaginer des solutions parfaites qui répondent aux besoins de tous (parents, élèves, directions, enseignants…). Elle se sentirait tellement plus compétente autrement…

Dans une classe spéciale, son rôle est mieux défini ; les élèves auprès de qui elle doit intervenir, moins nombreux et sa relation avec eux, bien établie.

Je parle au nom des parents. Les parents d’enfants qui eux, ne sont pas « à risques » et qui méritent un milieu stimulant. Ces parents qui se font rapporter par leurs enfants des situations inquiétantes et tristes à la fois qui ont été vécues en classe. Cher parent, sache que l’enseignant de ton enfant fait son possible.❤️

Je parle au nom des directions d’école, coincées entre les mesures gouvernementales, la commission scolaire et les parents de ces élèves à risques… C’est une position si délicate!

Oui, l’intégration de ces enfants aux classes régulières peut être une bonne chose pour eux. Toutefois, plus le temps passe, plus les groupes se complexifient et plus je trouve que trop d’enfants en paient le prix. Leur imprévisibilité fait que parfois, de l’anxiété se développe chez d’autres enfants et parfois même, chez les adultes qui subissent de la violence verbale au quotidien…

Posons-nous la question : intégrer les élèves à risques, oui, mais dans quelles conditions? L’accompagnement en classe réservé à ces enfants, jadis, est presque totalement disparu aujourd’hui… Or, il faisait une grande différence. Pour l’élève touché par ce service, en premier lieu, mais aussi pour tous les humains qui gravitent autour de lui, petits et grands.❤️

Eva Staire

Sexualité et école, ça fait bon ménage?

J’ai reçu cette semaine le plan des ateliers proposés aux diffé

J’ai reçu cette semaine le plan des ateliers proposés aux différents niveaux scolaires pour répondre à la nouvelle norme d’éducation à la sexualité. J’étais curieuse de savoir ce qu’on enseignerait à mes petits de première et troisième années, et quelle approche serait privilégiée avec mes grandes du secondaire.

J’ai été charmée (oui, oui, charmée!) par le programme annoncé. Et je suis curieuse d’entendre mes enfants me raconter les ateliers.

J’avais peur qu’on fasse dans le rose bonbon ou au contraire, qu’on crée des peurs en ne parlant que des bibittes et des affaires pas belles.

Mais non.

On parle à la fois de découverte du corps, d’affection, d’estime de soi, de désir, d’agressions sexuelles, d’infections transmissibles sexuellement, de grossesse et de poils au menton.

Mais pourquoi, pourquoi donc, me direz-vous? Pourquoi en parler à l’école? N’est-ce pas aux parents d’aborder ces sujets délicats avec leurs enfants? N’est-ce pas aux parents de choisir ce que les chastes oreilles de leurs rejetons peuvent tolérer?

Oui, et non.

Certains parents garderont le sujet tabou, classé secret CIA, comme si ça n’existait pas, comme si c’était laid et sale. Comme dans le temps. On dit pas ces choses-là…

On ne les dit pas et quoi? On attend que l’enfant ait sa première éjaculation nocturne sous le couvert de la honte et des draps à laver en catimini? On attend que l’adolescent ne sache que faire de son surplus d’hormones et le garroche à tout vent sur quiconque veut bien le recevoir, ou pas? On préfère que le jeune curieux de comprendre ce qui se passe avec sa poitrine ou ses testicules se fie à Wikipedia pour le lui expliquer? Et s’il se retrouvait sur un site XXX, au lieu de visiter un site fiable? On préfère peut-être laisser le soin à OD de fournir les modèles à nos jeunes éponges…

Qu’on le veuille ou non, nos enfants ont et continueront d’avoir une sexualité, tout comme leurs parents. Et leurs grands-parents… sinon, ça ne fait pas des enfants forts. Il paraît, si je me fie à mes propres cours de formation personnelle et sociale, dans le temps. Cours qui n’ont pas fait de moi une dévergondée, by the way. Ce n’est pas parce qu’on en entend parler qu’on développe soudainement un désir de tout découvrir et de tout vivre, now!

Je suis d’avis que chaque parent devrait ouvrir la discussion avec ses enfants, dès leur plus jeune âge. Nommer les choses par leur nom, dans le respect, sans en faire un sermon sur la montagne. Permettre aux enfants de poser des questions, de s’exprimer, de s’étonner de leur corps qui change et qui ressent différemment. Ça mettrait la table pour le programme encadré de l’école qui, évidemment, est planifié en fonction du groupe et non du développement psycho-sexuel de chaque enfant. Ça mettrait surtout le tapis rouge pour une communication familiale ouverte, qui accueille au lieu de taire.

Mettre la sexualité à l’ordre du jour dans les familles et dans les écoles, ça peut, peut-être, sauver un enfant de l’inceste, parce qu’il aura appris très tôt à dire non et à dénoncer. Il aura appris que son corps lui appartient, tout comme le corps de la petite voisine ou du petit cousin leur appartient aussi. Ça s’appelle « pas touche sans consentement clair ».

Ça pourrait sauver une trop jeune fille d’une grossesse non désirée, un jeune adulte d’une maladie qui reviendra le hanter toute sa vie. Ça pourrait sonner l’alerte chez les proches d’une anorexique dès les premiers signes d’un mal-être corporel. Ça pourrait garder un jeune transsexuel en vie parce qu’il aura entendu un message commun (ou non) sur la valeur de la différence et de l’acceptation, autant à l’école que dans sa famille. Au moins, il l’aura entendu quelque part.

Avec tout le temps que nos enfants passent dans la communauté scolaire, il me semble normal et souhaitable que l’école fasse partie de la solution pour une société qui prône l’acceptation, le respect, la connaissance de soi et l’estime personnelle.

De la même façon que les écoles véhiculent ouvertement un message environnementaliste qui renforce le message des familles et des municipalités, elles peuvent jouer un rôle déterminant dans la transmission d’informations concernant la sexualité. Ensuite, libre à chacun d’adhérer au message commun. Et de discuter des ateliers sur la sexualité à la maison!

Nathalie Courcy

Détresse psychologique et météo intérieure – Texte: Stéphanie Dionne

Les spécialistes de la santé se disent inquiets pour la santé mentale des jeunes. Ce serait plus d’un adolescent sur trois qui vit un niveau élevé de détresse psychologique. Comme cité dans un article de La Presse, la Dr Karine Igartua lance le mouvement Alphas connectés et invite le milieu scolaire à mettre en place des actions concrètes pour favoriser le développement émotionnel et comportemental sain chez les jeunes. Elle propose d’instaurer un cours d’éducation à la santé mentale de la maternelle jusqu’à la fin du secondaire. « Les tout-petits pourraient apprendre à reconnaître et gérer les quatre émotions de base », dit-elle.

 

Nous devons effectivement éduquer les jeunes au développement d’une saine santé mentale et les accompagner afin qu’ils puissent vivre pleinement et sainement ce qui se passe à l’intérieur d’eux. Pour cela, il importe que les adultes – parents, enseignants et éducateurs (tous les « AS » Adultes signifiants comme dirait Stéphane Paradis) – puissent créer les conditions essentielles pour permettre aux enfants de reconnaître leurs émotions, de les accueillir et d’agir de manière à avoir un impact positif sur eux-mêmes et sur les autres.

 

Oui, cela commence avec nous. C’est à nous de devenir des êtres matures émotionnellement pour accompagner les jeunes, nos jeunes. Apprendre à se connaître et prendre soin de soi, c’est le travail le plus important de toute une vie. On ne cesse de vivre de nouvelles situations et de faire face à de nombreux changements. On ne cesse donc jamais d’apprendre même en tant qu’adulte. Nos émotions sont des leviers d’apprentissage exceptionnels lorsqu’elles sont observées et accueillies. Dans le cas contraire, elles deviennent de réels freins à l’apprentissage qui empêchent notre cerveau, notre cœur et tout notre corps d’être disponibles à quoi que ce soit d’autre.

 

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe déjà plusieurs personnes au sein de divers organismes qui sont prêtes à accompagner les jeunes et à appuyer les parents et les enseignants dans les écoles. Laissez-moi vous parler d’une femme qui est, selon moi, une précurseure dans ce domaine. Manon Jean est la fondatrice de l’Arbre en cœur qui présente des conférences, des formations et des ateliers sur la météo intérieure. Je tiens mes outils d’accompagnement de cette personne. Elle m’accompagne dans cet univers fascinant que j’ai appris à construire à mon image en tant que femme, mère, amoureuse et coach.

Je lui laisse reprendre la plume pour vous partager ce qu’elle permet aux enfants de vivre pour accueillir leur météo intérieure.

J’œuvre dans les écoles primaires depuis déjà douze ans et mon objectif premier : favoriser l’accueil des émotions et des sentiments chez l’enfant par l’entremise d’une métaphore qui se nomme : la météo intérieure. Selon moi, la météo intérieure c’est simple, concret et non menaçant pour l’enfant et même pour l’adulte. Par l’entremise de cette métaphore, l’enfant apprend tout doucement à lire le temps qu’il fait en lui-même et s’habitue à accueillir ses alertes météorologiques. De plus, il apprend à vivre en compagnie de ses amis (les adultes de demain) qui eux aussi vivent parfois de l’instabilité météorologique!

MAIS POURQUOI? Moi personnellement, le jour où je suis devenue une maman, j’ai compris très tôt que je devais créer quelque chose pour mes enfants afin qu’ils puissent m’accueillir dans mon propre désordre émotionnel. Je n’ai aucun problème de santé mentale, mais je savais pertinemment que j’avais besoin de me remettre au monde émotionnellement, de me reconstruire afin d’offrir à mes enfants tout le confort nécessaire pour s’épanouir eux-mêmes. De là est née la météo intérieure, que j’ai écrit mes trois livres, construit mon programme Arbre en cœur dans les écoles primaires et réalisé mes recherches avec l’Université du Québec à Trois-Rivières afin d’obtenir des fondements scientifiques concernant l’accueil des émotions.

Visionnez le documentaire : La météo intérieure

MES EXPÉRIENCES SCOLAIRES Depuis douze ans, je réussis à vivre de mon travail, car devinez quoi? Les écoles ont peu de budget à consacrer directement au bien-être des jeunes. J’ai donc créé un OBNL afin de financer moi-même la réalisation de ces activités dans les écoles, constatant autant de besoins chez les enfants. J’ai à cœur le développement du savoir-être chez l’enfant afin qu’il puisse réussir sa vie et dans la vie!

Les ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, de la Famille et de la Santé et des Services sociaux gagnent à offrir les moyens aux écoles et aux parents de développer une saine relation avec leur monde émotionnel, physique et psychologique. Manon Jean, auteure et fondatrice du concept Arbre en cœur.

De mon cœur qui souhaite le bien-être de chacun de nous!

Stéphanie Dionne

 

La boîte à lunch oubliée

Toute seule sur le bord de la porte, elle me fixe. Abandonnée, nég

Toute seule sur le bord de la porte, elle me fixe. Abandonnée, négligée… Elle communique par télépathie et son message est clair: « Il va falloir que tu m’apportes à l’école ce matin, parce que le p’tit, lui, il m’a complètement oubliée. » Un vrai duel western entre elle et moi.

Il y a d’abord l’instinct qui embarque. Une maman, ça protège ses petits. Surtout de la faim. C’est le fun parce qu’il n’y a pas d’ambiguïté sur ce dossier-là. Les enfants ont faim, les parents les nourrissent, point final. C’est pas comme les microbes, les tests non réussis, les petits tannants de cour d’école… et un autre paquet d’affaires qu’on ne peut pas contrôler.

La décision devrait donc être facile à prendre : je lui apporte sa boîte à lunch à l’école.

Mais attends un peu là… Il n’a pas cinq ans, il en a onze. Est-ce que c’est encore ma responsabilité ou c’est maintenant la sienne? En réparant son erreur, est-ce que je lui donne vraiment un coup de main ou est-ce que je le pousse vers l’irresponsabilité chronique? Est-ce qu’un jour, il fera une bêtise et on me dira : « Toi, t’étais du genre à arriver en sauveuse à l’école quand ton fils oubliait sa boîte à lunch, hein? ». Est-ce que j’assume l’étiquette qu’un juge de la bonne conduite (voire une autre maman aussi perdue que moi!) m’apposera dans un futur 5 à 7?

Bref, si je veux qu’il retire une bonne leçon de ça, aussi bien le laisser se débrouiller seul, c’est clair.

Mais se débrouiller… ça ressemble à quoi, exactement, tes options, en 6e année, quand t’as rien à manger? T’apprends quoi de ça? C’est assez limité, faut l’avouer. C’est pas comme au secondaire. Tu ne peux pas décider de t’acheter quelque chose à la cafétéria ou retourner chez toi pour dîner… Ça risque de ressembler à un estomac qui va gargouiller tout l’après-midi chez un pré-ado qui mange habituellement comme dix. Mais c’est encore drôle… Si je lui en laissais la chance, il pourrait me surprendre. Un peu d’entraide entre copains, ça aussi, ça resserre les liens.

Voyons, je suis là à essayer de prévoir ce qui pourrait ressortir d’un simple oubli… Et si je faisais juste preuve d’un peu d’empathie et que je me mettais à sa place quelques instants? Si j’avais oublié mon lunch, moi, comment est-ce que je me sentirais? Qu’est-ce que je souhaiterais que mon chum fasse s’il avait la possibilité de m’aider? Ben, je serais fâchée contre moi-même d’avoir été distraite et j’apprécierais que n’importe qui que je considère dans mon équipe me dépanne. Mais là, on pourrait me dire : « Est-ce réellement une bonne idée de se demander comment on souhaiterait qu’un ami réagisse? C’est ça, tu te prends pour son amie. T’as oublié que t’étais sa mère. C’est pas la même chose. » Mer-de.

Un autre cas de spirale infernale d’angoisse maternelle.

Et puis, on fait quoi à la fin? On l’apporte ou non cette boîte du diable?

Elizabeth Gobeil Tremblay

« Congé de lecture »

Mes deux plus grandes filles vont maintenant à l’école primaire.

Mes deux plus grandes filles vont maintenant à l’école primaire. Nous avons vu passer près d’une dizaine d’enseignantes dans leurs vies scolaires depuis le tout début. Nous avons rencontré des femmes passionnées qui leur ont donné envie de lire, d’écrire et d’apprendre… Et personnellement, c’est ce que je trouvais le plus important. Moi aussi, j’enseigne. Moi aussi, j’essaie d’user de pédagogie pour transmettre des savoirs. Mais ce n’est pas l’enseignante ici qui vous écrit. C’est la maman.

Parce qu’en tant que maman, je vais peut-être vous choquer, mais je m’en fou un peu de ce que mes filles apprennent à l’école. Ce qui m’importe, c’est bien plus « comment » ça leur est transmis. Je pense qu’elles ont encore beaucoup de temps devant elles pour apprendre des notions de mathématiques ou des accords de français. Mais il y a une chose qui doit leur être transmise tous les jours : L’envie d’apprendre. Cette soif d’apprendre, de découvrir, d’être curieuses et de remettre les choses en question, ça, c’est le plus important. Les amener à réfléchir, à penser par elles-mêmes, à philosopher… À avoir envie d’en apprendre encore plus tous les jours. Pour moi, c’est ça le plus important à l’école. Parce que quand on apprend dans le plaisir, tout est mémorisé beaucoup plus rapidement et efficacement.

J’ai une grande fille de 9 ans qui lit à une vitesse impressionnante et qui a un vocabulaire vraiment riche. Mais par-dessus tout, elle aime lire. Que dis-je? Elle adore lire. Elle lit tous les jours en arrivant de l’école, pas parce que je lui demande, mais juste parce que ça l’aide à se détendre. Ça calme son anxiété. Ça l’aide à gérer ses émotions. La lecture lui permet de s’évader le temps d’un roman. Et des romans, elle en lit des tonnes ! Cet amour de la lecture évidemment est encouragé chez nous et transmis également aux plus jeunes. Parce qu’en tant que maman, je pense que la lecture ouvre tout un monde d’apprentissages et de réflexions.

Mais cette année, les méthodes utilisées par l’enseignante de ma fille viennent heurter mes valeurs… Elle a une enseignante qui a beaucoup d’expérience. Elle utilise ses bonnes vieilles méthodes depuis des décennies. Mais ce n’est pas parce qu’on a l’habitude de faire quelque chose que c’est forcément la bonne chose à faire… Pour la première fois depuis cinq ans, ma fille doit s’asseoir pour faire plus de trente minutes de devoirs tous les soirs. Il y a 20 minutes de lecture obligatoire tous les soirs. Sauf le vendredi, où c’est écrit dans son agenda : « Congé de lecture. »

Ma fille adorait faire des exercices en devoirs. Parce qu’il n’y avait aucune obligation. L’été, elle me suppliait d’aller lui acheter des cahiers d’exercices et de lui imprimer des mots croisés sur Internet. Elle lisait aussi tous les soirs parce qu’elle adorait ça. Ça ne fait qu’un mois que ma fille est avec sa nouvelle enseignante et ça fait déjà des ravages sur son envie d’apprendre… Elle a bien retenue ce que son enseignante lui enseigne : La lecture est un devoir, une corvée. Maintenant, elle fait ses devoirs en pleurant et en rageant de fatigue. Elle refuse de lire du vendredi au lundi, parce que tsé, c’est pas obligatoire. La lecture qui était pour elle une grande passion est devenue une corvée.

« Congé de lecture. » Ces petits mots ont marqué son esprit. Parce qu’un congé, c’est forcément une pause de quelque chose de désagréable. Congé de travail. Congé de devoirs. Congé de tâches ménagères… Pourquoi ne pas écrire « Lecture pour le plaisir » ? Ces petits mots ont tellement de pouvoir…

La semaine dernière, ma fille a fait une dictée sans faute. Qu’elle était fière d’elle ! Parce qu’elle adore écrire. Parce qu’elle sait qu’elle est bonne là-dedans et que ça lui fait du bien. Et bien vous savez ce que son enseignante lui a donné comme récompense ? Oui, vous l’aurez deviné… « Congé de dictée. » La dictée que ma fille aimait tant. La dictée, qui pour elle, n’avait jamais représenté un examen où il faut se stresser. Ce n’était pour elle qu’un autre exercice pour le plaisir. Ma fille m’a demandé pourquoi elle était punie d’avoir eu 100% à sa dictée… Pourquoi elle n’avait pas le droit de faire la dictée la semaine prochaine… Et elle avait vraiment de la peine. Encore une fois, ce simple « congé de dictée » lui apprend que la dictée doit être vue comme une tâche, un devoir, un fardeau.

Mon cœur de maman trouve le début de l’année bien difficile… Parce que ma fille ne se plaindra pas à l’école. Elle va encaisser sans rien dire et continuer de sourire à son enseignante parce qu’elle veut lui plaire. Mais moi tout ce que je vois, c’est la petite graine que cette enseignante a planté dans son esprit fertile… Cette petite graine qui germera trop vite… Et dans quelques années, quand ma fille aura une boule d’anxiété dans le ventre devant chaque examen, quand elle lira à reculons les livres obligatoires en français et que je devrai tenter de la soudoyer pour qu’elle accepte de faire ses devoirs, et bien je saurai où tout ça a commencé. Parce que quand on plante des petites graines dans les esprits de demain, il faut savoir qu’on a énormément de pouvoir sur leurs avenirs. Et les petits mots sont si puissants…

Je veux être optimiste. Je continue de dire à ma fille qu’elle passera une belle année avec son enseignante. Je lui parle des projets qui s’en viennent dans sa classe. Je mets l’accent sur le positif. Parce que j’essaie à mon tour de planter quelques graines… Je sais qu’être enseignante est exigeant et que ces femmes ne comptent plus leurs heures depuis des années. Je sais qu’elles sont sous-payées et qu’elles méritent tellement plus de reconnaissance. Je sais que c’est une profession vraiment difficile et que plus les années avancent, plus le système scolaire est fragile. Mais ma fille ne vivra cette année qu’une seule fois dans sa vie… Et les idées qu’on lui transmet resteront à jamais… Je fais le choix de faire confiance à son enseignante. Ce n’est peut-être qu’un début d’année difficile… Ses méthodes vont peut-être changer… J’espère seulement qu’elle réalise tout le pouvoir qu’elle a entre les mains, chaque jour. Et avec des grands pouvoirs, viennent de grandes responsabilités…

Eva Staire

Déjà la visite de l’école secondaire!

Mon cœur venait tout juste d’encaisser la rentrée de la sixième

Mon cœur venait tout juste d’encaisser la rentrée de la sixième année de mon grand, que j’ai reçu une lettre pour la visite de l’école secondaire. Quoi, pas déjà? Dans mon monde de licornes, je croyais que c’était bien plus tard dans l’année. Comme au mois de février ou mars. Mais non, c’était hier. Je peux vous dire que mon cœur de maman a pris un petit (lire ici « gros ») coup. Mon premier bébé visitait sa future école secondaire. Wow! Il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, lui et sa dent d’en avant manquante commençaient la première année. Je n’ai pas eu le choix d’avoir une prise de conscience. Mon p’tit loup se dirige droit vers l’adolescence. Passage obligé dans la vie! J’aimais vivre dans le déni et penser que cette phase n’existait pas vraiment.

Bon, je reviens à mes moutons! Hier, j’avais un mélange d’émotions. J’étais excitée de voir mon ancienne école, de rencontrer certains profs qui m’ont jadis enseigné. À d’autres moments, je voyais les élèves, je me projetais déjà dans l’avenir et ça m’angoissait. J’imagine que je ne suis pas la seule maman qui vit ça, s’il vous plaît, rassurez-moi!

Pendant la rencontre, je me questionnais à savoir s’il s’adapterait bien, s’il vivrait de l’angoisse, s’il réussirait bien, s’il se perdrait. Trop de questions, en si peu de temps. Je crois que ça ne vous surprendra pas si je vous dis que je suis une personne qui vit un peu d’angoisse!

En visitant, je me suis surprise à dire « dans mon temps ». Oh my god, je parle vraiment comme un vieux parent! Reste que je trouve que les élèves ont accès à plus d’activités que dans mon temps. J’ai eu, pendant un instant, envie de retourner à ces années. J’aurais bien aimé faire de l’impro moi aussi!

En marchant dans l’école, j’étais aussi contente de montrer à mon fils sur quel banc j’étais assise, de lui parler des matières que j’avais aimées, de lui dire que ça n’a pas beaucoup changé. Ce moment m’a rappelé de beaux souvenirs.

Maintenant, je vais le laisser se créer les siens. Je me demande tout de même s’il sera accepté dans le programme d’éducation internationale (P.E.I.). Est-ce qu’il préférera aller faire les défis avec les génies inventifs? Peut-être se découvrira-t-il une passion pour la géographie, comme sa maman? Je ne le sais pas! Seul l’avenir me le dira.

En attendant, je vais aller respirer dans mon sac de papier brun pour ne pas hyperventiler en vue de la vraie rentrée au secondaire, l’an prochain. Ça arrivera si vite, car comme on le dit si bien, le temps passe tellement vite.

Karine Larouche

La salle est vide

Avertissement : ce ne sera pas un texte de parent-shaming.

Avertissement : ce ne sera pas un texte de parent-shaming. Mon but n’est pas de faire la leçon ni de me révolter. Seulement de valoriser l’implication sociale, entre autres pour nos enfants.

Soirée d’assemblée générale à l’école de quartier. J’ai eu un gros deux minutes et quart pour souper (bol de céréales au menu) au retour du boulot avant de retourner à l’école pour la rencontre de classe de mon troisième moussaillon. Mes plus vieilles s’occupent des plus petits, jackpot!

J’arrive dans la classe, la moitié des pupitres n’a pas trouvé preneur. Je me dis que l’horaire des parents retardataires est aussi serré que le mien. Mais non. Ils ne sont pas en retard, ils sont absents. À l’exception de deux parents qui finissent par se pointer en s’excusant parce qu’ils avaient des rencontres avec d’autres enseignants au même moment. Ils se divisent en deux, en trois, pour être partout.

Une heure plus tard, la foule se déplace vers la salle polyvalente. « Foule » est un bien grand mot… J’avais fait l’équation : 600 élèves x 1,5 parent, mettons. Avant même de me rendre à l’école, je sentais l’ochlophobie monter. Mais non! On était quoi… trente personnes? J’étais déçue.

Et pourtant. L’assemblée a eu lieu. Le comité exécutif a été élu. La commissaire a parlé. Les parents présents ont questionné et débattu. Et la séance a été levée. Une soirée pendant laquelle plus de parents auraient pu être présents, mais pendant laquelle bien des parents étaient occupés avec leurs enfants ou leur travail, ou trop fatigués, ou trop n’importe quoi. Peu importe, on n’est pas ici pour juger. On a le droit d’être présent ou pas aux assemblées. Ça n’enlève rien à notre présence auprès de nos enfants et à notre intérêt pour leur éducation.

Mais quand même. Je me permets d’encourager chacun, chacune, à s’impliquer, à être présent pour les enfants. Que ce soit à l’AGA de l’école ou du CPE, comme bénévole à la bibliothèque, comme entraîneur de sport ou comme accompagnateur pour une activité. On n’est pas tous faits pour se faire élire dans les comités. Mais on peut tous être le parent de notre enfant.

Nathalie Courcy

Pas de mammouths à l’école!

Veille de rentrée scolaire, trois minutes après l'heure du coucher

Veille de rentrée scolaire, trois minutes après l’heure du coucher, moment propice par excellence pour que la machine à soucis s’emballe.

 

– Maman, je ne me sens pas bien, j’ai mal au ventre, j’sais pas ce que j’ai…

– Hum… genre des papillons dans l’estomac?

– Ouin…

– Des papillons féroces à grandes dents qui te dévorent l’intestin?

– Ouin…

– Ça ressemble étrangement à de la nervosité… La rentrée scolaire te stresse?

– Ben non voyons, j’aime ça, l’école!

– Même si tu aimes l’école, tu peux être nerveux. Une première journée, dans une nouvelle école en plus… Même les profs et les directeurs d’école ont des papillons la veille de la rentrée. Je t’ai déjà parlé des mammouths, hein?

Mes enfants connaissent l’histoire des mammouths, mais un petit rappel est parfois le bienvenu. En tant qu’abonnés aux ateliers de gestion de l’anxiété, nous avons entendu et raconté cette histoire plusieurs fois. En plus, ce n’est même pas de la fiction! Quoique je n’étais pas là à l’époque pour témoigner…

Il y a des milliers et des milliers d’années, les humains vivaient au milieu des mammouths. Quand ils voyaient une gang de mammouths courir vers eux, ils avaient trois choix :

– Qu’est-ce qui arrive si on s’écrase par terre en boule et qu’on fige devant une gang de mammouths?

– On se fait écraser. On devient une crêpe. Ce n’est pas une bonne solution.

– Parfois, figer et prendre le temps de réfléchir, c’est la meilleure solution. Mais pas devant une urgence mammouths. Le deuxième choix, c’était de se battre.

– Ben là maman, on n’est pas assez forts!

– En effet. Tu as beau avoir des super muscles, ton petit coup de poing sur le nez d’un mammouth ne t’amènera pas très loin. Même chose à l’école : si tu es fâché parce qu’un prof te donne une dictée ou parce qu’un plus petit t’a embêté, sortir tes poings et tes passes de karaté, ça ne t’aidera pas. Tu n’auras pas ce que tu veux. En plus, tu vas avoir des conséquences et tu risques de blesser quelqu’un. Enlève la violence de ton répertoire d’options.

– Et la troisième solution?

– Devant le danger, on peut aussi s’enfuir. Penses-tu que c’est une bonne solution face à des mammouths?

– Faut courir vite en titi, mais ça peut nous sauver.

– En effet. Mais courir vite, ce n’est pas la solution à tout. Si tu te sauves de l’école et que tu cours dans la rue, tu te mets en danger et tu inquiètes pas mal de monde.

– Mais si je m’éloigne pour me calmer ou parce que quelqu’un fait des bruits qui m’énervent, ça va.

Dans la vraie vie de maintenant, on peut parler, écouter, demander de l’aide. Les mammouths sont plutôt rares. Mais dans le temps, le corps humain devait permettre de figer, de frapper ou de s’enfuir. Pour ça, une grande partie du sang était subitement dirigée vers les pieds pour courir et vers les mains pour frapper.

Résultat : le cerveau et le bedon recevaient moins de sang et donc moins d’oxygène.

– Tu te souviens, quand je te dis de prendre des grandes respirations?

– L’air, c’est comme l’eau qu’on boit : ça aide à réfléchir et à se calmer le pompon.

– Si un jour, tu te fais courir après par un mammouth, tu ne prendras pas le temps de penser à toutes les options. Tu vas frapper, tu vas courir ou tu vas figer. Tout ton corps va réagir à l’urgence.

– Comme quand je me suis fait piquer par une guêpe.

– Voilà. Tu ne t’es pas demandé si la guêpe aurait mal ou si elle serait triste que tu la frappes. Tu as crié, tapé, couru. Après, on a pris le temps de réfléchir pour te soigner et pour enlever le nid de guêpes. À l’école, tu as le temps de respirer pour calmer ton cerveau. Ton instinct de survie peut relaxer.

Et le ventre, dans tout ça? En mode panique, notre digestion ralentit. Ce n’est pas la priorité. Si nos organes reçoivent moins de sang, ils font moins bien ce qu’ils ont à faire. Donc en état de stress, on peut avoir des crampes, un peu comme si des engrenages mal huilés essayaient de tourner dans l’estomac. On peut avoir de la difficulté à aller aux toilettes ou au contraire, avoir des selles liquides, parce que notre système ne réagit pas comme d’habitude. Dans ces cas, boire de l’eau, se reposer, respirer, être en contact avec la nature, recevoir des câlins, penser à des choses qui nous font du bien, ça aide beaucoup.

– Tiloup, merci de m’avoir dit que tu ne te sentais pas bien. C’est une excellente façon de faire taire le mammouth-papillon-à-grandes-dents qui essaie de te faire croire que tu es en danger.

P.S. Quelques minutes après le début de la première journée d’école, les papillons à grandes dents, les mammouths et les maux de ventre étaient portés disparus…

Nathalie Courcy

 

La phobie scolaire existe-t-elle vraiment?

Dans l’édition du 2 septembre 2019 de La Presse+, un tit

Dans l’édition du 2 septembre 2019 de La Presse+, un titre accrocheur : « Phobie scolaire — Quand l’enfant ne veut plus aller à l’école ». Une liste de symptômes : refus d’aller à l’école, maux de ventre, crises… On y cite la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Dre Christine Grou : « La pire chose à faire, c’est de l’évitement. » Donc il vaut mieux éviter de garder l’enfant à la maison et plutôt travailler avec l’équipe-école dans le but de le rassurer.

On peut dire que la neuropsychologue que nous avons consultée en 2014 pour le refus scolaire de notre fils suivait la ligne de parti cent milles à l’heure. « Voyons madame, c’est pas normal de ne pas aimer l’école. Le retirer de l’école, ce serait de l’évitement. Ce n’est pas comme ça qu’on arrive à surmonter nos peurs. »

Ben oui, j’ai lu les mêmes livres que vous sur l’anxiété. C’est assez simple. Je crois que j’ai compris le principe. On surmonte nos phobies en s’exposant graduellement à ce qui nous stresse. On gère notre peur, à chaque succès, un petit pas à la fois. On apprivoise le dentiste, l’avion, les araignées…

Mais l’école n’offrait rien de graduel à mon garçon de six ans, rien de rassurant. La seule option de mon coco était de plonger à 100 %, quotidiennement, dans un environnement inadapté qui le stressait. Il avait beau avoir des enseignantes en or qui voulaient l’aider et refusaient de l’abandonner… mais sa détresse était loin d’être prioritaire à côté du p’tit gars qui venait de faire évacuer l’école parce qu’il avait déclenché l’alarme d’incendie. Se tordre les mains, mourir à petit feu, ça ne dérange personne. Ça peut être bien sage et silencieux.

J’ai fait le pari d’écouter mon fils et d’envisager la possibilité que certains enfants trouvent leur compte à l’école alors que d’autres y sont misérables. Comme certains adultes adoreront être emballeurs à l’épicerie alors que d’autres préfèreront être chirurgiens, acteurs ou éleveurs de porcs… Il ne me viendrait pas à l’idée d’essayer de convaincre un plombier qu’il souffre d’une phobie irrationnelle en refusant de passer ses journées dans une porcherie. Alors pourquoi tout le monde traitait mon fils ainsi?

J’ai finalement accepté de le retirer de l’école, à sa demande, en deuxième année. Et vous savez quoi? À travers son expérience de scolarisation à domicile, mon fils s’est épanoui. Comme une fusée, son potentiel a explosé! Ses quatre années d’école-maison lui ont permis de développer une confiance en lui exceptionnelle. Et il a demandé à retourner à l’école pour y faire sa sixième année. Il est revenu, hier, de sa première journée d’école : convaincu qu’il a le meilleur professeur du monde et débordant d’enthousiasme devant cette aventure qu’il se sent prêt à entreprendre.

Oui, dans un monde idéal, l’école bénéficierait de ressources illimitées et conviendrait à tous les enfants. Ou mieux encore : dans un monde réellement fantastique, les enfants pourraient choisir d’aller à l’école ou non.

Elizabeth Gobeil Tremblay

Des mots sourires

Comme je travaille en milieu scolaire, j’ai le bonheur de vivre pl

Comme je travaille en milieu scolaire, j’ai le bonheur de vivre pleinement mes étés. Toutefois, lorsqu’arrive la rentrée, j’ai toujours hâte de retrouver ces grandes et petites « bébittes sur deux pattes ». Ce sont pour eux et elles que j’ai choisi ce métier. Pour leur spontanéité, leur vivacité et leurs couleurs. Ce n’est pas tous les jours faciles, mais lorsqu’ils ou elles m’offrent ce que j’appelle des « mots sourires », je me souviens alors combien je les aime. Afin de vous faire sourire dans le chaos de la rentrée, je les partage avec vous…

😉

Je me penche sur Ludovic pour l’aider à attacher son lacet et au même moment, on me parle dans le radio émetteur que je porte toujours à la ceinture. Lorsque j’appuie sur le bouton pour répondre, il fronce les sourcils et me demande :

– Pourquoi tu parles dans un « Tinky-Winky »?

😉

Au retour d’une fin de semaine de beau temps du début de l’été, je m’approche d’Alexandre pour l’aider à ouvrir sa boîte à collations et j’observe qu’il se gratte vivement la nuque.

– Hé la la! Tu as beaucoup de piqûres de maringouins, Alexandre!

– Non, me répond-il plein d’assurance. C’est pas des piqûres, c’est des bosses de maringouins!

😉

Quelques minutes après avoir tenté de consoler Maya au sujet d’une dispute avec sa meilleure amie, elle vient me retrouver, un sourire illuminant ses grands yeux bleus encore mouillés :

– On s’est réconseillées finalement, me dit-elle.

😉

Alors que je m’occupe de panser le genou d’une fillette, Estéban entre dans le local, l’air inquiet sous ses cheveux blonds.

– Qu’est-ce qui ne va pas, mon grand?

– J’ai mal à la gorge, mais j’ai pas de douleur, m’explique-t-il.

😉

C’est journée pédagogique et nous roulons vers un verger. Soudain, Isaac s’exclame, tout heureux en pointant les pylônes électriques :

– Regarde Isabelle! Des Tours Eiffel!

Quelques minutes plus tard, Nathan me regarde avec ses grands yeux bruns et l’air inquiet, il me demande :

– Pourquoi la montagne nous suit?

Enfin, tout juste avant d’arriver, Jacob, impatient, lance :

– Voyons! C’est ben long ce voyage‑là! C’est pareil comme Cayo Coco!

😊

Yan est de retour après quelques jours d’absence. Sachant qu’il a été malade, je m’informe de son état.

– C’est parce que j’ai eu mal à la mémoire, m’explique-t-il en frottant son front.

😊

Je suis dans le parc avec Louis et un cycliste passe lentement devant nous. De ses jolis yeux en amandes, il l’observe attentivement et affirme :

– Moi, mon vélo court vite!

😊

Il fait chaud et l’année tire à sa fin. Nous amenons donc les enfants aux jeux d’eau à côté de l’école. Le charmant et très sage Jordan s’approche de moi, triste de ne pas avoir son maillot.

– C’est pas grave Jordan, tu pourras mettre tes pieds dans l’eau avec moi.

– Non! tranche-t-il très sûrement. Parce que si je mets mes pieds dans l’eau, tout mon corps va dire : « Go! On y va! ».

😊

Enfin, le dernier mot sourire me vient d’une amie qui un jour, alors que sa puce était malade, lui dit qu’après le souper, si ça ne va pas mieux, elle va lui mettre un suppositoire. La petite hoche la tête et lui demande en secouant ses bouclettes :

– C’est quoi maman, des soupers aux histoires?

Bonne année scolaire à tous!

Isabelle Lord