Mon prof d’histoire – Texte : Véronique Daigle
Il y a de cela un peu plus de 20Â ans, assise sur une chaise orange
Il y a de cela un peu plus de 20 ans, assise sur une chaise orange au secondaire, je tombais sous le charme de mon prof d’histoire. Il était de ceux qui dégageaient une telle prestance et un savoir à couper le souffle. Assise sur ma chaise orange, j’aurais pu l’écouter me parler de guerre et de politique pendant des heures et des heures. Il était captivant, intéressant et surtout, il savait motiver les élèves devant lui. Il y a de cela un peu plus de 20 ans, assise sur cette même chaise orange, j’ai compris que je voulais être comme lui.
Devenir enseignante n’est pas une décision que j’ai prise à la légère. Mon amour pour les enfants et ma passion pour l’éducation ont toujours été au centre de ce choix de carrière. Depuis des années que je me lève chaque matin avec l’envie de changer le monde à ma façon, un enfant à la fois. Je me souviens de cette première étincelle dans les yeux d’un élève. Je me rappelle cette fierté que j’ai dignement pavanée. Apprendre à la génération de demain est certainement une vocation, mais pour moi cela était une passion.
Les années ont passé et avec un immense regret, j’ai vu le métier d’enseignant perdre son blason doré. La charge de travail ne cesse d’augmenter et les groupes classes ne cessent de s’agrandir au détriment du bien-être des enfants. Les mêmes enfants qui, un jour, deviendront les adultes de demain. Je n’avais jamais pensé voir mon métier d’un œil différent. Malheureusement, je ne peux plus me mettre la tête dans le sable telle une autruche. L’éducation va mal, l’éducation a mal.
J’ai toujours dit qu’il faut investir dans ce qui nous tient à cœur. Investir pour développer, investir pour bâtir. Cependant, les hauts dirigeants ne semblent pas voir la réalité. Les yeux fermés, ils continuent de dire que tout va bien quand tout s’écroule. Comment est-ce possible de continuer d’ignorer quand autant de gens pointent la situation ? Une question qui reste malheureusement sans réponse. J’entends déjà les gérants d’estrade nous traiter nous, les enseignants, de bébés gâtés. Nous remettre sur le nez nos vacances d’été que nous payons à même notre propre salaire. Toi, le gérant d’estrade, as-tu déjà regardé pourquoi moi, l’enseignante, je milite ?
J’ai à cœur la réussite de mes élèves. J’ai le souci du bien-être de ceux-ci. J’ai la conviction qu’avec mes demandes, ils seront plus heureux, plus entendus et mieux soutenus. Les enfants sont des êtres humains avec des forces et des faiblesses. Ils ont besoin de cheminer à leur propre rythme dans un milieu adapté à leurs besoins. Ils ont besoin d’une enseignante présente qui peut passer du temps un à un avec eux. Ils ont besoin de différenciation et non de globalité. Ils ont besoin de moi et avec la réalité d’aujourd’hui, je sens que je n’y arrive plus. Qu’allons-nous faire ?
Assise sur cette chaise orange il y a de cela quelques années, en regardant mon prof d’histoire enseigner, j’y croyais.
Ma flamme pour l’enseignement n’est pas éteinte. Elle vacille doucement, mais fragilement. Il est temps d’investir dans l’avenir des enfants. Il est temps de redonner au mot ÉDUCATION son blason doré.
Une enseignante de cœur qui aime son métier.
Véronique Daigle