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Tu es enceinte, tu ne rayonnes pas… et tu as le droit.

Mise en contexte : j’en suis à la fin de ma troisième grossesse

Mise en contexte : j’en suis à la fin de ma troisième grossesse. J’ai déjà fait deux fausses couches qui m’ont anéantie. J’ai deux merveilleux garçons et j’adore les enfants. Je suis très consciente qu’être enceinte est un privilège refusé à plusieurs. Mais pour être honnête, quand je suis enceinte, je ne rayonne pas. En fait, plusieurs me font de beaux compliments et c’est vraiment gentil, mais je ne me sens pas rayonnante. Vraiment pas. Le seul glow que je peux avoir, c’est en m’achetant le parfum de J-Lo du même nom. Je sais que je ne suis pas là seule dans cette situation qui peut être quand même culpabilisante.

La maternité, c’est comme un voyage. Dans mon cas, être enceinte, c’est prendre l’avion pour aller en voyage : c’est à dire la partie la moins agréable du processus, mais en même temps essentielle pour arriver au pays des bébés.

Ça commence quand même avec une joie immense de pouvoir aller en voyage, une excitation et un vertige de bonheur. Ensuite viennent les saignements, le spotting ou pour bien résumer : le syndrome du papier de toilette. Tu vérifies chaque fois à en saigner des yeux, et tu connais maintenant toute la palette de couleurs des rouges et des marrons. Tu dois faire des efforts surhumains pour gérer ton anxiété de perdre ce minuscule pépin qui grandit en toi. Tu fouilles jour et nuit sur le Web à la recherche de réponses à des questions que tu sais très bien que ça ne changera rien à ta situation et à ton anxiété, mais tu le fais pareil.

Ça se peut que ça vienne aussi avec l’arrêt de plein de choses que tu aimais. Certains sports, voyage, alcool, cigarette, manèges, pause de « rapprochements » et médication. La médication dans mon cas était en lien avec le TDAH, ce qui fait que mon petit hamster mental sent la fumée à force de courir dans sa roue. Ça draine de l’énergie que tu n’as pas en surplus avec la grossesse. Tu suis les recommandations du médecin avec force et vigueur au début. Tu t’y attendais et tu feras tout pour que ton bébé soit en santé. Un moment donné, ça se peut que ça te manque beaucoup quand même.

Ensuite viennent les maux de cœur et les vomissements. Ce feeling que tu as vécu la plus grosse brosse de toute ta vie la veille… quand tu t’es couchée à 19 h en même temps que les enfants. Tous les jours. Tu peux facilement passer pour une figurante zombie dans Walking dead. Et ça se peut que ça dure au‑delà des douze semaines tant attendues.

À travers ça, tu vis des grands bonheurs. Un cœur qui bat, c’est magique. Une échographie où tout est positif, c’est le plus grand bonheur. Ça te donne un boost! Tu sens ton bébé bouger, c’est merveilleux, il va bien. Tu ne vis pas ça pour rien, ton enfant vit en toi et c’est merveilleux.

Le voyage en avion continue. Des turbulences ici et là. Des sautes d’humeur, le nerf sciatique qui coince, des brûlures d’estomac, des vomissements spontanés! Tu as peut‑être du diabète de grossesse… Manger était ton seul luxe du moment, c’est tellement injuste. Tu te sens lourde! Tu as l’impression d’avoir mangé trois tonnes de roches. Tu es une tortue sur le dos. Tu as une seule position pour dormir. Tu as des crampes. Tu fais quatre pipis par nuit. Tu as de fausses contractions. Tu as besoin d’aide pour plein de choses anodines, comme ramasser un papier par terre ou enlever tes bottes. Ça se peut aussi que tu vives des complications, que tu doives être alitée. Tu pleures beaucoup, de peine et aussi de joie.

Ce sont des inconforts normaux de la grossesse on te dira, ça vient avec. Comme si tu l’avais cherché en quelque sorte. On te racontera pire que ce que tu vis. On te racontera mieux que ce que tu vis… surtout sur Instagram.

Moi, je veux que tu saches que c’est normal de se sentir comme tu te sens en ce moment. Tu es normale. Tu as le droit d’être tannée. D’être écœurée, même. Que ça fasse dix ans que tu essaies d’être enceinte ou que tu portes un bébé surprise. Je sais que tu n’es pas tannée de ton bébé. Que tu l’aimes du plus profond de ton cœur depuis ce + sur le bâton. Tu n’as pas à te justifier, je te comprends. Tu as le droit d’être tannée de vomir, d’être stressée, de ne plus reconnaître ton corps, d’avoir l’impression d’avoir 108 ans dans ton corps et deux ans dans ta tête. Tu as le droit d’avoir peur. Peur de ne pas y arriver, peur d’être une mauvaise mère. Peur de ne pas retrouver ton corps d’avant. Bien oui, c’est normal, même si tu n’es pas une personne superficielle ça fait peur de voir son corps changer à vitesse grand V.

Tes peurs et ton chialage ne font pas de toi une personne qui n’apprécie pas le fait de porter la vie. Ça n’enlève pas le fait que tu es pleine d’empathie pour celles qui n’arrivent pas à tomber enceintes. Ça ne fait pas de toi une mauvaise mère. Tu le vis comme ça, c’est tout, et tu as le droit. Tu as de bonnes et de moins bonnes journées. Certaines adorent prendre l’avion, d’autres non.

Si tu rayonnes et que tu adores être enceinte, parce que j’en connais plusieurs femmes qui seraient enceintes toute leur vie, sincèrement je suis heureuse pour toi. Continue de ventiler ton bonheur et tes bonnes expériences, on a aussi besoin de positif! Ça nous rappelle que chaque grossesse est différente et qu’il y a de l’espoir.

Par contre, si tu ne rayonnes pas du tout, je veux dire, vraiment pas, que dans ta tête ou dans ton cœur, c’est gris et nuageux constamment, n’hésite pas à en parler. Va voir ton médecin ou un spécialiste, ça arrive à plein de mamans. Ne reste pas seule avec cette culpabilité de ne pas rayonner, il y a de l’aide pour toi.

Ne lâche pas, l’avion finira par atterrir et une autre aventure débutera pour toi.

Krystal Cameron

 

L’élève endeuillé

Transportons-nous en septembre dernier. Nouvelle année scolaire, no

Transportons-nous en septembre dernier. Nouvelle année scolaire, nouvelle routine scolaire, nouvelle prof. Les espoirs étaient grands ! Le match était parfait, mon fils était tombé sous le charme de sa prof de façon instantanée. Bang !

Rapidement, les remplacements se sont multipliés. « Ma professeure était absente ce matin, il y avait une remplaçante ». « Madame T. sera absente demain, elle a un rendez-vous. On aura un suppléant ». « Ça fait deux jours qu’on n’a pas vu notre prof. Penses-tu qu’elle est malade?… »

Ding ! Ding ! Ça, c’est la cloche qui a sonné dans le cerveau de la mère qui sait. Qui sait qu’une jeune enseignante, qui a choisi de travailler avec les jeunes enfants et donc qui les aime, qui a un seul enfant, jeune par-dessus le marché… peut vouloir un autre enfant… peut devenir enceinte… et en a pleinement le droit !

Quelques jours plus tard, la nouvelle s’est officialisée : prof enceinte, grossesse à risque, sera bientôt retirée du milieu scolaire. Remplaçant recherché. En attendant, les suppléants se succéderont pour permettre à l’enseignante de prendre soin d’elle et de la petite boulette d’amour qui grandit en elle.

Même si mon garçon de sept ans ne savait pas jusque-là que sa prof allait partir « pour vrai », il le sentait. Et il la pleurait déjà. Chaque jour, chaque soir. Ses comportements régressaient. Ses yeux s’éteignaient. Il ne voulait plus apprendre. Lui qui adorait l’école, il ne voulait plus y aller. « L’école, ça sert à rien, c’est nul ! » Comprendre, ici : « L’école sans Madame T., je ne m’en sens pas capable, je me sens nul ! »

Il a fait payer aux suppléants sa rage de perdre à petit feu une personne si significative pour lui. Comme si c’était leur faute, alors qu’ils jouaient le mauvais rôle, celui de l’adulte sur un siège éjectable, celui de l’adulte qui doit juguler la crise et adoucir la transition, sans savoir combien de temps l’hémorragie durera.

Dring ! Dring ! L’enseignante m’a appelée directement, dès qu’elle a su quelle date elle partirait pour de bon. « Madame, qu’est-ce que l’école pourrait faire pour aider votre fils à s’adapter ? Qu’est-ce que je peux faire pour le préparer ? Il a tellement de peine ! »

Oui, il portait une peine terrible, celle d’un deuil, celle du sentiment d’abandon, de la peur du rejet. L’insécurité de l’enfant qui perd un presque parent. Un repère.

« Maman, aujourd’hui, j’ai pleuré, beaucoup. Mais je ne veux pas te dire pourquoi. Pas tout de suite. »

Ce à quoi sa grande sœur a répondu : « Tu sais, même si tu ne lui dis pas ce que tu penses et ce que tu ressens, maman, elle le sait quand même. » Oui. Et maman comprend. Maman respecte ton silence. Maman est là.

La direction aussi m’a téléphoné. « Il vit un réel deuil. Il s’est attaché tellement vite à sa Madame T.! Nous ferons tout pour le sécuriser, pour créer la stabilité dont il a tant besoin. »

Le nouveau prof s’est présenté en octobre. Période d’adaptation (mon fils est très fort pour tester les gens et vérifier s’ils sont assez tough pour l’aimer inconditionnellement). Et puis, une certaine accalmie, avec quelques bas, plusieurs hauts.

S’est-il attaché à son nouvel enseignant ? Disons qu’il le respecte, mais il ne s’est pas donné le droit de créer un véritable lien. Surtout qu’il sait qu’en mars, ce prof temporaire partira. Lui aussi. Un autre deuil. Une petite mort.

Mon fils apprend. C’est aussi à ça que ça sert, l’école, même si ça peut paraître nul : apprendre à dire au revoir, parfois même adieu. Apprendre à prendre le risque de s’attacher même en sachant qu’il faudra se détacher en juin ou avant. Apprendre à aimer et à se laisser aimer. Apprendre que chaque personne qui passe dans notre vie nous apporte quelque chose, même si elle part aussi avec une part de nous.

Nathalie Courcy

Ma grossesse sans échographie

Dès l’annonce de ma grossesse, j’ai été envahie d’une grand

Dès l’annonce de ma grossesse, j’ai été envahie d’une grande joie, mais aussi d’un grand besoin de protéger ce mini être humain en moi. Chaque décision a été réfléchie en long et en large par mon conjoint et moi. Nous avons fait plusieurs choix en marge des tendances actuelles dans le monde de la naissance. Une des plus marquantes : le choix de ne pas avoir recours aux échographies.

En fait, l’entente prise avec nos (merveilleuses) sages-femmes était que si de leur côté elles avaient besoin de l’information qu’apporte une échographie par souci de sécurité pour mon bébé ou moi, nous allions le faire. Par contre, nous comme parents, nous n’en ressentions pas le besoin. Nous avons préféré l’imaginer, le rêver et l’attendre patiemment.

Mes réflexions sur le sujet ont débuté bien avant ma grossesse. Grâce à ma formation d’accompagnante à la naissance, mais aussi aux nombreux témoignages entendus dans le cadre de mon travail, j’ai eu la chance de réfléchir sur le sujet de la périnatalité pendant plusieurs heures, d’entendre plusieurs témoignages et d’accumuler de belles connaissances sur les pratiques actuelles et l’histoire des naissances au Québec.

Deux constats majeurs me hantaient: les complications font partie de la vie et bien qu’il est important de tout faire pour assurer le bon déroulement de la grossesse, la mort survient parfois. Aussi, la vie intra-utérine des petits bébés est marquante pour eux, il s’agit du début de leur histoire et je voulais la vivre pleinement, loin du stress et des angoisses. De là, justement, mon envie de rester loin des échographies.

Je parle ici des échographies qui peuvent conduire à un diagnostic auquel on ne peut pas réagir en donnant des soins. En fait, je me disais que si un problème est décelé et que le développement du bébé était en danger, la seule option était d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse. Pour avoir accompagné des familles à travers ce processus, je savais le tsunami émotif qu’une telle décision apporte. Je ne me voyais pas capable de prendre cette décision. En fait, prendre cette décision me faisait vivre beaucoup plus de stress que le fait de ne pas avoir d’échographie . Et puis, j’ai entendu trop d’histoires où finalement, après plusieurs examens, on constate que tout est redevenu normal. Soulageant oui, mais stressant surtout.

Je n’avais pas envie que la peur guide mes choix, je n’avais pas envie d’être rassurée, j’avais envie de faire confiance à la vie, et ce, peu importe l’issue de ma grossesse. Puis, il faut dire que les mesures du développement intra-utérin m’agacent autant que celles du développement de l’enfant ou de l’adulte, en ce sens qu’elle ne laisse que peu de place à la différence individuelle, à la déviation saine de la norme et au rythme propre à chacun lorsqu’elles sont utilisées trop rigidement.

En fait, pour moi tout ce qui tournait autour de l’écho était une source potentielle de stress; le futur poids qu’on aurait prédit à mon bébé, la tache qu’on aurait vue à l’écho et qu’on aurait dû explorer plus en profondeur avec une autre écho ou pire, avec une amniocentèse. Souvent, on pense que je n’ai pas eu d’échographie parce que je suis zen. Non, je n’ai pas eu d’échographie justement parce que je voulais rester calme, parce que la moindre anomalie m’aurait affolée.

Mon bébé je savais qu’il avait des chances d’être porteur d’une maladie quelconque ou peut-être même qu’il aurait pu ne pas se rendre à terme. Je le savais, mais je savais aussi que l’échographie n’y changerait rien, que si j’étais pour lui constater une malformation, j’aimais mieux le vivre bourrée d’hormones d’amour au moment de mon accouchement. S’il était pour avoir une vie hypothéquée par la maladie, nous l’aurions accompagné à chaque instant. De toute façon, mon bébé même quand on écoutait son coeur au doppler, il n’aimait pas ça; il bougeait, se cachait, donnait des coups de pieds et j’avais envie de le respecter. Parce qu’on ne sait pas trop ce que ça leur fait à nos minis bébés d’être épiés de la sorte à répétition. Peut-être rien, peut-être pas non plus, sur ce point mes idées sont moins claires.

 

Alors voilà, ce sont les choix que j’ai pris pour cette grossesse, lors de la prochaine peut-être que je ferai des choix différents, peut-être que je ressentirai le besoin d’avoir recours à l’échographie et si c’est le cas, je le ferai sans hésiter. Je demeure fière d’avoir écouté mon intuition et d’avoir fait mes propres choix. Ceci étant dit, sachez que comme dans toutes les sphères de ma vie, je suis pro-choix. Des vrais choix, basés sur des faits, sur le respect de vos désirs, des choix faits en toute confiance et en toute conscience.

39 semaines et 5 jours

Au moment où j’écris ces lignes, j’en suis à 39 semaines et 5

Au moment où j’écris ces lignes, j’en suis à 39 semaines et 5 jours de grossesse. Pis je suis tannée. Mes doigts ont de la misère à taper tellement ils sont enflés et ça c’est sans parler des six fois où je me suis levée pour aller faire pipi (pas plus que 3 gouttes, ben sûr!). Pis pense même pas à éternuer (je te laisse deviner pourquoi).

Pour certaines, être enceinte est le moment le plus merveilleux et magique de leur vie. Pas moi. Dès 6 semaines, petit pois vert qui s’était bien installé, me faisait sentir hangover 24/7. Merci Diclectin.

Bon ok, il y a peut-être le deuxième trimestre qui est un peu plus le fun. Tu recommmences à avoir le goût de faire l’amour. Parfois. Parce que quand tu as déjà une terrible two, ta vie amoureuse (et intime) a déjà pris le bord! Donc, oui quand tu ne baves pas sur ton oreiller à 21h, ça se peut que ton chum reçoive un peu d’affection! Pis il y a aussi le fait que ton petit pois devenu un pamplemousse, ou une courge (ça dépend de l’application que t’as téléchargée sur ton cell) commence à bouger dans ton ventre. Ça c’est le fun.

Et il y a le troisième (et i-n-t-e-r-m-i-n-a-b-l-e) trimestre. Quand tout le monde te regarde comme une extraterrestre au centre d’achat (pas plus tard qu’hier). Quand des étrangers veulent te taponner le bid, et qu’ils te posent des questions genre “Ça s’en vient tu ce p’tit là?” “J’espère qu’il y en a deux!”. J’espère que je me souviendrai de ces moments-là le jour où j’aurai la tête blanche et qu’il me viendra un commentaire tata en voyant une femme enceinte.

Bref, j’ai juste hâte de chanter “Libérée, Délivrée!” comme la poupée Elsa de ma fille (dont les batteries marchent encore même si elle l’a reçue à Noël passé. Pas tuable!) Mais en même temps, comme mon chum me répète depuis des mois, “profites-en, tu vas t’ennuyer de ta bédaine!”. Ben oui, c’est vrai, elle va me manquer, une fois que j’aurai perdu les 40 livres de ma grossesse et que ma deuxième fille va marcher et parler. J’aurai peut-être envie d’en avoir une autre “belle bédaine”, mais pour l’instant, je magasine la vasectomie de mon chum.

Ah oui, je profite aussi des derniers moments de paix et de calme dans ma maison (ok faut le dire vite, ça c’est quand j’ai pas une crise du bacon, minimum 3 fois par jour), parce qu’une fois que tu as pondu ton nouveau-né, c’est le cirque de la visite qui commence. Parce que même si tu dors pas plus qu’une heure consécutive par nuit pis que t’es verte, ils ont donc hâte de voir ton rejeton! Il paraît que c’est moins pire au deuxième. Je vous reconfirme ça dans quelques jours (si elle peut finir par sortir!).