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À vous qui quittez pour la grande école…

Une dizaine de jours à partager avec vous : c’est tout ce qu’i

Une dizaine de jours à partager avec vous : c’est tout ce qu’il me reste.

Je suis toujours nostalgique en fin d’année. Partager votre quotidien fut une chance. Vous m’êtes prêtés pendant quelques mois et ceux-ci s’achèvent.

Du haut de vos douze ans, vous regardez le monde, chacun à votre façon.

Certains avec le désir fou de voler de vos propres ailes, d’autres que je n’aurai pas réussi à rassurer et qui vous interrogez encore sur la grande école, quelques-uns qui partez avec la crainte de perdre des amis.

Vous partez avec un bagage de connaissances, mais surtout avec le cœur bien rempli d’expériences de toutes sortes !

Vous accompagner vers la sortie du monde magique de l’enfance est un privilège dont je ne me lasse pas. Malgré vos humeurs, malgré vos doutes, malgré votre laisser-aller, parfois. Franchir la porte de la préadolescence amène son lot d’émotions😊!

J’aime être la dernière à vous faire prendre un rang, la dernière à apposer un collant sur votre dictée (qu’elle soit réussie ou non, vous savez que c’est l’effort qui compte)…

J’aime être celle qui aura tenté, souvent, de calmer vos peurs face à ces belles années qui vous attendent.

J’espère vous avoir bien préparés et vous avoir transmis le souci du travail bien fait.

Que les années à venir vous guident vers une profession qui vous fera trouver les fins de semaine trop longues (ça m’arrive parfois, vous savez !) ou du moins, qui vous fera aimer les lundis matins😊!

Vous me manquez déjà. Comme chaque année, j’aurai du mal à retenir mes larmes. Accompagner des grands, côtoyer des enfants aux personnalités si variées, découvrir la sensibilité de plusieurs, rire avec vous et pleurer, parfois, partager vos moments de bonheur et vos peines aussi ; tout cela fait que j’adore enseigner.

Il m’arrive de devoir me pincer tant j’ai le cœur gonflé de joie juste à penser à vous, à vos réussites, à vos bons coups.

Je suis reconnaissante sans fin de pratiquer un métier qui me permet d’aider des p’tits humains à grandir.

À vous, mes élèves devenus grands, je vous souhaite de relever de grands défis, de faire des rencontres inoubliables, de changer le monde, à votre façon.

Je profiterai des dernières journées à vos côtés, heureuse de voir l’étincelle dans vos yeux et la grande fébrilité qui vous anime en ces jours si précieux : les derniers de votre enfance…

Bonne fin d’année !

Madame Karine

(Texte de Karine Lamarche)

Iglou iglou, mais pas chez nous

Du monde saoul, j’en ai vu dans mon enfance! La matante pu capable

Du monde saoul, j’en ai vu dans mon enfance! La matante pu capable de nourrir son enfant dans un party de parenté tellement elle a frenché le goulot… Le mononcle qui cale sa caisse de six pendant un trajet de quarante-cinq minutes, qui arrête trois fois en chemin pour se vider la vessie sur le bord de la 55. Heureusement, son épouse compréhensive avait depuis longtemps pris le relai derrière le volant. Et ce même mononcle de cinquante ans en train de vomir sa vie à odeur de Labatt 50… à peine une heure après le début du réveillon des Fêtes… bel exemple pour la jeunesse. Des cousins ruinés à cause des dettes d’alcool et de drogues, qui ne voient tellement plus clair qu’ils ne voient plus d’espoir, sauf au bout d’une corde… Sans compter ceux qui ont perdu leur emploi et leur famille à cause de la divine bouteille!

Et le grand frère alcoolo avant même de finir son secondaire… jusqu’au jour où le téléphone sonne à huit heures du matin : « Euh… je suis à l’hôpital… Je comprends pas trop ce que je fais ici… le doc m’a dit que j’ai passé la nuit en camisole de force… Il paraît que j’ai calé un 40 onces en trois heures… Je me suis pété la gueule en tombant… Je suis devenu violent… Perdu la carte… Faudrait que m’man vienne me chercher… » Ç’a été la fin de l’abus d’alcool pour lui.

Mais pour d’autres, la dépendance à l’alcool est encore et toujours omniprésente. T’sais, quand en quatre décennies, tu as vu une personne une seule fois à jeun… ça donne une idée qu’elle n’a pas passé beaucoup de journées lucide. Ça donne une idée du nombre de « premières fois » de ses enfants dont elle ne se souvient pas parce que les vapeurs d’alcool étaient trop épaisses. Ça explique aussi pourquoi j’ai longtemps eu peur des effets de l’alcool dans ma vie.

Adolescente, à l’époque des premières rencontres avec la bouteille, mon œsophage se fermait automatiquement après une bière. Comme si j’avais un détecteur de surplus d’alcool intégré. Alors, au lieu de caller l’orignal comme plusieurs expérimentateurs, je flattais le dos de ceux qui se vidaient l’estomac dans le bol de toilette (ou ailleurs). Je téléphonais aux parents des jeunes qui avaient dépassé les bornes, et je lavais les cheveux gluants des filles avant que leurs parents arrivent. Et je ramassais les corps morts et les botchs de cigarettes au petit matin.

Adulte, j’ai eu quelques excès. Une bouteille de Caribou un soir de Carnaval… un enterrement de vie de fille sur la Grande-Allée… mais tout ça de façon plutôt contrôlée. Quand j’ai rencontré mon futur époux, notre première soirée s’est déroulée autour d’un (deux-trois) pichets. Mais rapidement, on a compris qu’on n’était pas dans la gang des alcoolos. On aimait prendre un petit verre en soupant, lui aimait goûter des bières et collectionner les verres qui vont avec, c’est à peu près ça.

Mais ça m’inquiétait tout de même. Chaque verre rempli, chaque verre vidé sonnait une alarme en moi. « Fais attention : alcoolique potentiel! » J’en avais tellement vu… J’en avais trop vu. Quand j’en parlais, ça créait quelques frictions. Il avait l’impression que j’exagérais, que je voyais des bibittes partout. « Voyons donc, je suis loin d’être alcoolo, relaxe un peu! » Mais l’alarme sonnait encore la fois d’après.

À force de vivre ensemble, de discuter, d’analyser ma peur et mon passé, on a compris. J’avais toutes les raisons du monde de craindre l’alcoolisme, mais j’étais tombée sur un gars qui n’avait pas ce problème. Il aimait le goût de l’alcool, il aimait prendre un verre entre amis ou en amoureux, mais pas à n’importe quelle heure, pas dans n’importe quelle occasion, pas au point d’être tout le temps guerlot. Il était bien ancré dans la réalité. Bien loin d’une dépendance.

Il a respecté ma limite, ma crainte. Il m’a écoutée. Il m’a expliqué. Avec douceur. J’ai pris le temps d’observer. D’analyser notre réalité sous l’angle du présent et non du passé. Et j’ai compris que l’alcool pouvait être synonyme de plaisir partagé, de plaisir momentané, de plaisir contrôlé. Je ne regrette pas d’avoir exprimé mes craintes, ça m’a permis de les soigner.

Ce que nos enfants voient, c’est notre relation saine à l’alcool. Ils savent que ça existe, ils savent que ça peut être bon et agréable, ils savent aussi (parce qu’on leur en a parlé) que ça peut faire déraper quelqu’un pendant une soirée ou une vie. Et à mon plus grand bonheur, ils trouvent que ça a l’air dégueulasse!

Faites le test! Mesurez votre niveau de dépendance

http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/index.htm

Alcooliques Anonymes Québec

http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/index.htm

Dépendances: alcool, drogues, jeu (Portail Santé Mieux-Être du gouvernement du Québec)

http://www.sante.gouv.qc.ca/problemes-de-sante/dependances/

 

Jeunesse J’écoute: Alcool et drogues

http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/index.htm

Nathalie Courcy

Merci pour tout, mon père!

Je me souviens encore de ces matins où nous jouions à la main chau

Je me souviens encore de ces matins où nous jouions à la main chaude toi et moi, assis à la table de cuisine. Ma toute petite main attendait avec impatience que ta grosse main la frappe. Doucement, comme une caresse. Très fort pour qu’elle devienne rouge et que ce soit encore toi qui gagnes. Je me souviens de ces fins de semaine à la maison, quand je revenais après le patin et que nous faisions le ménage au son de Rod Stewart ou Santa Esmeralda. Je me souviens de ces soirées au Lac Aylmer ou nous pêchions la barbotte au bord du feu. Je me souviens de ces matins très tôt où nous partions en bateau pour aller « troller » en espérant attraper le plus gros brochet, le plus gros doré ou le plus gros achigan. Je me souviens de ces week-ends en bateau, ces moments où Francis Cabrel chantait et où on profitait de la vie en famille. D’ailleurs, chaque fois que j’entends Francis Cabrel, Rod Stewart ou Santa Esmeralda, je pense à toi.

Je me souviens des couvre-feux à mon adolescence, quand je descendais en ville à pied pour aller rejoindre mes amies au terrain de balle et que tu me disais que si je n’étais pas revenue à neuf heures, la porte serait barrée. De cette soirée avec mon premier chum où Mom m’attendait assise dans les escaliers à la maison. De cette soirée où vous étiez censés passer la semaine sur le bateau et que vous êtes revenus parce qu’il y avait une tempête sur le lac. Il n’y avait pas de cellulaires dans le temps. J’ai eu la peur de ma vie quand je suis revenue à la maison et que toutes les lumières étaient allumées.
Je me souviens d’un père aimant, travaillant, intègre. Un père strict, mais tellement généreux. Un père tendre et affectueux qui aime sa femme et ses enfants de tout son cœur. Un père taquin et drôle. Ton rire contagieux résonne dans mes oreilles quand je lis une histoire drôle ou qu’on me raconte une blague. Tu aimes tellement rire… Voir la maladie qui te gruge aujourd’hui me brise le cœur. Tant de souffrances. Malgré tout, j’ai la chance de pouvoir te dire à quel point je t’aime. À quel point je te serai à tout jamais reconnaissante d’avoir fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. La mère qui essaie du mieux qu’elle peut de faire que ses enfants se souviennent de leur papy comme moi. Un papy qui les aime plus que tout.

Alors aujourd’hui, je te dis : MERCI POUR TOUT, MON PÈRE! Tu resteras à tout jamais dans mon cœur. Le chemin est difficile, mais je t’accompagnerai jusqu’au dernier moment. Je tiendrai ta main pour que ton départ soit plus doux…
Je t’aime, mon Père xxx

Le plus fort c’est mon père

Paraît que les odeurs sont ce qu’il y a de plus f

Paraît que les odeurs sont ce qu’il y a de plus fort pour raviver des souvenirs. Pourtant cette semaine, en voyant défiler une nouvelle sur mon fil d’actualités Facebook, c’est une image qui m’a ramenée très loin dans le temps… Au temps où j’adorais que ma maman me fasse des lulus et où je dormais dans un lit en fer forgé rose bonbon.

Cette image m’a transportée dans un des moments les moins glorieux de mon enfance. La seule chose qui n’est pas embrouillée de ce souvenir, c’est cette image : le fameux coq jaune et rouge sur l’étiquette bleue de la Laurentide…

D’aussi loin que je me souvienne, mon père a toujours été aimant. J’étais sa précieuse, son véritable miracle inséminé artificiellement au beau milieu des années 80. Mais d’aussi loin que je me souvienne, malgré que je sois enfant unique, nous étions quatre à la maison. Mon père avait une relation malsaine avec l’alcool, une relation d’amour/haine qu’il ne contrôlait pas.

Le souvenir que j’ai du célèbre coq est lié directement à la première fois où j’ai compris que quelque chose clochait avec cette dépendance qu’avait mon père.

Assise à ses côtés dans la voiture, j’avais entre les mains un sac de friandises, et lui, entre les cuisses, sa canette de Laurentide. On était là tous les deux, stationnés sur le quai à regarder les bateaux de pêche rentrer du large. Il me faisait rire, je le faisais sourire, un de nos nombreux beaux moments père/fille.

Quand un policier a cogné contre la vitre de la voiture, le visage de mon père s’est assombri. Je me rappelle que tous les deux chuchotaient. Je me rappelle de mon père suppliant le policier de le laisser me ramener à la maison. Tout à coup, plus rien n’était beau dans ce moment. Mon père a refermé sa fenêtre, a posé sa main sur ma jambe et avant de m’embrasser sur le front, m’a fait un grand sourire : « Papa va te ramener à la maison. »

Nous sommes sortis de l’auto, je suis entrée dans la maison, mais pas lui.

Les années ont passé et nous étions toujours quatre à la maison, mais maintenant, je le savais, je comprenais. Même si ma vie était belle et joyeuse, pleine d’amour et de bons moments, même si j’étais toujours tenue à l’abri des conséquences de cette maladie qu’avait mon père, je savais. Le début de l’adolescence, les hormones en ébullition et le désir de vouloir être traitée en adulte face à ce problème m’ont apporté leur lot de frustration. Jusqu’au point de tout lui balancer en plein visage : « Tu es dégueulasse, t’es tout le temps saoul, tu m’écœures! »

Je lui ai fait tellement de peine… et tellement de bien à la fois. Il avait finalement compris toute la haine que j’avais envers cette maudite étiquette bleue ornée d’un coq.

Nous sommes devenus une famille de trois, non pas sans embûches, mais avec beaucoup de patience, d’aide et de résilience. Il a été le plus fort, il a combattu et gagné beaucoup de batailles, il en a aussi perdu quelques-unes. J’imagine que tous ces combats étaient en fait les préliminaires du plus grand combat qui l’attendait à l’aube de ses soixante ans.

Quand le cancer s’est amené dans notre famille, je savais que ce serait sa dernière bataille. Que tous les combats de sa vie l’avaient affaibli malgré son caractère de cochon (digne héritage que je chéris), son désir de vaincre et de vivre.

Mais je savais aussi qu’il avait été, qu’il était et qu’il serait toujours pour moi, le plus fort.

 

 

Karine Arseneault

 

Touche pas à mes enfants!

Parlons d’inceste. Parlons dâ

Parlons d’inceste. Parlons d’abus. Parlons de la peur que ça nous injecte dans le cœur.

J’étais petite. J’étais la plus jeune de la famille. J’étais une fille. J’avais deux frères débordant d’hormones adolescentes et de désirs exploratoires. Ils ont abusé à répétition de mon petit corps innocent, avec ma permission qu’ils avaient manipulée : « Je vais te donner mon toutou si tu me fais bander »… « Si tu le dis à m’man, tu vas le regretter. Elle ne te croira jamais de toute façon. »

Mais elle m’a crue. Elle a exigé qu’ils arrêtent leurs petits « jeux » immédiatement. Ils ont obéi.

Fin de l’histoire.

Euh… Non!

Dans le temps, on ne parlait pas de « ces affaires-là » (lire : tout ce qui dérange la bonne conscience collective, ce qui est sale et « pas beau », ce qui est fait dans les souterrains des familles et des sous-sols d’église, mais qui ne doit jamais remonter à la surface). J’ai eu la chance d’être écoutée et crue, d’être défendue. Mais avec du recul, j’aurais aimé que ça aille plus loin. Qu’il y ait une réelle intervention, une aide psychologique pour moi et pour eux. Une (ré)conciliation familiale. Mais dans ce temps-là… dans un petit village où tout se sait… on enterrait les faits, on taisait les émotions, on lavait les draps à l’eau de Javel et on retournait au quotidien neutre et sans histoires.

Qu’est-ce que j’en ai gardé?

Un malaise par rapport à ma propre sexualité. Je n’avais pas réussi à faire bander mes frères pourtant si excités. Je n’avais pas réussi à leur faire de pipe comme il se doit. Par contre, j’étais fière en titi d’avoir dénoncé. Je n’ai pas eu le toutou promis, mais j’ai gardé ma virginité et mon pouvoir de dire « NON. »

Au secondaire, j’ai consulté. Par moi-même. « Bonjour madame la psychologue, j’aurais besoin d’aide. J’ai été abusée pis ça marche pas dans ma tête. » J’ai parlé à des enseignants en qui j’avais confiance. Certains m’ont écoutée et prise dans leurs bras. D’autres m’ont répondu : « Ben voyons, l’inceste, c’est pas vraiment un abus sexuel! Tes frères, c’étaient des adolescents, ils voulaient juste essayer des affaires. » Ou encore : « Il n’y a pas eu pénétration, faque c’est pas si pire que ça. Arrête de dramatiser pis reviens-en! »

Au cégep, j’ai fait une démarche de réconciliation. Je voulais comprendre ce qui leur était passé par la tête et par les couilles. Je voulais surtout les entendre demander pardon. Un l’a fait, de façon sincère. Ça lui étranglait la conscience depuis tellement d’années, et il n’osait même pas imaginer ce que c’était pour moi. L’autre? Il m’a répondu que j’étais une cr*** de folle, une menteuse chronique, que je devrais être enfermée à l’asile. J’en ai parlé à notre mère. Je ne sais pas s’ils en ont discuté (le silence… le maudit silence…), mais ça a pris des années avant qu’il y ait une suite à l’histoire. Un soir, un courriel :

« Ce que j’ai fait était pas correct. Je te demande pardon. »

Et moi, l’épaisse (oui, oui, je m’autoflagelle), j’ai donné mon pardon sur un plateau doré. J’étais tellement soulagée qu’il admette enfin ses gestes! Comme si j’avais besoin de ça pour me confirmer que j’étais saine d’esprit, que je n’avais pas tout inventé. Pourtant, bien que les souvenirs soient flous, ils sont bien ancrés dans la réalité.

Quand j’ai rencontré celui qui deviendrait le père de mes enfants. Il y a eu des froids à défaire, une confiance à gagner. Il a su écouter, respecter. J’ai eu terriblement peur d’accoucher de garçons en premier, peur que l’histoire se répète. Encore aujourd’hui, je porte les séquelles de cette plongée trop précoce et trop forcée dans la sexualité. Mon corps porte des souffrances crues qui émergent à l’occasion sous forme de crampes, de blessures, de tensions.

Je veux mes enfants libres, je les veux confiants, mais il m’arrive de craindre ce qui pourrait leur arriver. Malgré le pardon, devant mes frères, je garderai toujours un réflexe interne de lionne : « Touche pas à mes enfants ». Je fais confiance aux gens qui nous entourent, comme ma mère et moi faisions confiance à mes frères. On ne peut pas se mettre à douter de tout le monde et imaginer des scénarios d’horreur dès que nos enfants ne sont pas à portée de regard!

Mais il m’arrive d’avoir peur. Il m’arrive de me poser des questions sur les intentions des gens. Une montée d’hormones est si vite arrivée! Une pulsion incontrôlable, quelques onces d’alcool, un coin sombre, on ne sait jamais.

Mes enfants ne connaissent pas cette portion de ma vie. Mais ils possèdent l’information qui pourrait leur éviter de se retrouver dans une situation d’abus. Ils savent qu’en tout temps, ils peuvent me parler et ils seront écoutés et soutenus. Et ils savent que les câlins et les bisous, ça ne s’arrache pas.

Statistiques concernant les agressions sexuelles : http://www.statcan.gc.ca/pub/85-224-x/2010000/part-partie2-fra.htm

Agressions sexuelle Montréal : http://agressionsexuellemontreal.ca/violences-sexuelles/inceste-et-abus-sexuel

Guide d’information à l’intention des victimes d’agression sexuelle : http://www.scf.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/Violence/guide-agressions-sexuelles2008-fr.pdf

 

La tradition de Noël vient de se poser entre mes mains

Je suis enfant unique. Ma mère a un frère et mon père, un frère

Je suis enfant unique. Ma mère a un frère et mon père, un frère ainé. J’ai souvenir d’être toute jeune, de célébrer le réveillon avec sept convives, pas plus. Les deux familles fêtaient chacune de leur côté. Mes parents n’ont jamais été des « veilleux » de soirée. Je pense qu’ils ne se sont jamais rendus à la phrase double sens « Bon…, un dernier p’tit café avant de partir ? » Honnêtement, je n’ai jamais connu l’ouverture des cadeaux à minuit; 9h30 max, peut-être 10h00, tout le monde était reparti chez soi. La poudre de fée était temporaire. Je pense qu’elle existait juste pour me permettre de vivre mon enfance avec un semblant de magie.

 

En 1994, mon grand-père est décédé. C’est aussi l’année que mon SEUL cousin est né du côté de ma mère. Ma grand-mère maternelle est ma dernière « précieuse » en vie. Elle a 76 ans aujourd’hui et elle vient tout juste de prendre sa retraite l’an dernier.

Étant jeune, je regardais avec envie les films de Noël; les bottes qui se multipliaient dans la baignoire, la montagne de manteaux qui formait le Kilimandjaro dans la chambre des maîtres, les cousins cousines qui entraient de dehors les joues complètement rougies par l’hiver québécois… Je n’ai jamais connu ça! Pour moi, ça existe juste dans les vues. Pourtant, j’aurais tant souhaité, moi aussi, avoir MON Noël bonbon digne des familles parfaites.

L’an dernier, ma grand-mère a osé faire une grande annonce. Elle se désistait pour préparer le prochain Noël, donc celui de cette année, car « c’est prenant, éreintant ». Elle souhaite aller au restaurant et décorer minimalement pour éviter d’avoir à serrer des tonnes de décorations brillantes et bruyantes en plein mois de janvier.

Je comprends, je la comprends tellement. C’est vrai que c’est tout un contrat organiser Noël. Elle a maintenu le phare si longtemps, elle peut bien se permettre d’accrocher ses lumières, non?

Je frôle ma 34e année de vie. Ironiquement, je viens de passer dans le camp des organisateurs. La tradition de Noël vient de se poser entre mes mains. C’est à moi de jouer. Euh… ok! Et je dois faire quoi au juste pour garder en vie les traditions ?!?

Le sapin est fait, les décorations sont installées dans la demeure, les centaines de lumières ornent plus ou moins parfaitement le pourtour de ma maison. Wonderful Christmas Time commence lentement à envahir les différentes radios et j’ai déjà raté deux recettes de sucre à la crème, trop mou/pas assez dur.

Alors, pourquoi c’est si tough de se réunir autour d’une dinde avec le sourire? Pourquoi avec les années, on doit se forcer à se voir une fois par année? Parce que si je ne le fais pas, PERSONNE ne le fera. Je verrai Noël mourir entre mes mains et je me considère beaucoup trop jeune pour fermer la lumière.

Chez nous, ma mère ne trippe pas sur le cas de son frère. Ma mère est en conflit d’intérêts avec ma grand-mère ce qui fait que la cohabitation est impossible, même pour le temps d’un ragoût de boulettes! Imaginez les heures de plaisir. Et dire que personne n’a parlé de son opinion sur Safia Nolin encore! 😉

Fut une époque où Noël reposait carrément sur les épaules des générations antérieures. Ils avaient le flambeau des mœurs et leur mission était de s’assurer de la pérennité de ce que la famille avait instauré comme rituel. La messe de minuit, le chocolat chaud, les enfants qui font dodo jusqu’à 22h00 en pyjamas à pattes, les oncles et les tantes qui dansent en rond un peu pompette dans la cuisine. Grand-maman qui sort la mitaine de four pour le fameux jeu du cadeau suremballé. L’échange de cadeaux qui semble durer une éternité. Courir 234 fois à la fenêtre pour observer le vrai Père Noël arriver pour sa distribution. Des sourires francs, une convivialité évidente. Ouais, ouais, ouais.

L’an dernier, le Noël vert en a surpris plus d’un. J’ai accompagné mon fils à l’extérieur avec son manteau pas trop chaud. Le iPad bien ouvert à l’application Norad pour suivre le trajet GPS du Père Noël dans le ciel du monde entier. Il était émerveillé et il cherchait vraiment à le voir passer.

J’ai pris une photo avec mon cœur. J’ai cligné des yeux trois fois pour emmagasiner cette image dans ma mémoire, à tout jamais. Je savais que ce serait la dernière fois. L’an prochain, il apprendrait peut-être la vérité. Et si c’était sa dernière année avec la foi magique ?

Une table ronde fera l’affaire; je n’aurai pas besoin de cuisiner pour une armée. Je risque de m’endormir sur le divan à 22h56, le 24 décembre au soir… Je vais réveillonner avec tout le monde, mais juste pas la même journée, dans la même maison.

-Est-ce que je vais prendre une cuisse ou une poitrine pour Noël ? Ma plus grande question!
-Crémeuse ou traditionnelle la salade ?
-Ahhhhhh, pis j’me gâte solide! Un mixte des deux, why not!

 

Le resto, le 25 décembre, je trouve ça triste. Mais je vous promets une chose. La magie de Noël opérera. Je suis de celle qui recycle le bonheur. J’ai des cargaisons de « Joyeux Noël » pour le futur. Je regarde en avant et je tente d’être au-dessus de ce chamaillage de bébé lala!

Je viens de comprendre la vie. Ma grand-mère avait raison. Dans la vie, quand tu veux du sucre à la crème, bien tu t’en fais. Essai numéro trois : mon sucre à la crème est excellent. Il goûte comme dans mes souvenirs d’antan. Pareil!

Noël 2016 vs 1972

Comme à chaque année depuis plusieurs années, la période des fê

Comme à chaque année depuis plusieurs années, la période des fêtes me rend nostalgique.

 

J’ai souvenir de mes Noëls d’enfant. J’ai souvenir à quel point on attendait le 25 décembre au matin pour ouvrir les cadeaux, sous l’arbre, tant souhaités. Les cadeaux qu’on avait regardés et entourés dans le catalogue Distribution au consommateur ou Sears. Notre fameux Walkman jaune Sony qui se refermait avec une clip sur le côté ou encore notre jeu vidéo « ultra moderne » Atari. Je le voulais tellement. Est-ce que la boîte sous le sapin correspondait à la grosseur du cadeau souhaité ? Est-ce assez lourd? Le bruit, en brassant la boîte, est-il compatible à mon Walkman ?

Voilà où je veux en venir!  Le désir et l’attente. Je vais plaider coupable. Mes enfants sont BEAUCOUP trop gâtés toute l’année. Tellement que quand arrive le temps de Noël, la liste de cadeaux désirés est difficile à remplir. Pas difficile parce qu’ils ne sont pas demandant. NON, difficile, car ils sont gâtés pourris à longueur d’année. Même que j’ai de la difficulté à les aider à trouver des suggestions. Je sais, ce sont nous les parents qui avons accepté que Noël devienne commercial. Je m’en veux.

Suis-je le seul dans cette situation ? Suis-je le seul à trouver que la magie de Noël n’est plus ce qu’elle était ? Que tout est matériel ? Que les familles ne se réunissent plus comme elles le faisaient ? Mais où sont donc rendus les Noëls d’autrefois ? Sommes-nous trop fatigués ? Trop blazés ?

J’ai une très grande famille. Quand mon grand-père était de ce monde, on se faisait un devoir de se réunir à chaque temps des fêtes. Oncles, tantes, cousins et cousines… tout le monde. La musique de Noël, les échanges de cadeaux, la dinde et la tourtière… Bref, un VRAI Noël. Depuis le départ de mon grand-père (grand-maman étant partie alors que j’avais sept ans), la famille a cessé de se réunir. Il y a bien eu quelques tentatives de la part d’une cousine, d’un cousin ou d’un oncle, mais la tradition s’est tout simplement perdue. À chaque fois que l’on se revoit tous, on se dit qu’on a trop de plaisir ensemble et qu’il faut absolument se revoir. Là-dessus aussi, je plaide coupable.

J’aimerais revenir au Noël traditionnel d’autrefois. Que mes enfants n’ouvrent pas les cadeaux rapidement, afin d’ouvrir le suivant, et qu’ils les apprécient plus que 2 minutes. Que les partys de famille recommencent. Que le soir du réveillon, le décompte puisse se faire en famille, et que tous ne soient pas partis vers 22h00, prétextant être brulés ou que les enfants sont fatigués (même moi, je quitte tôt!). Qu’on puisse coucher les enfants dans les piles de manteaux sur un lit. Qu’on retourne à la messe de minuit en famille.

 

Bon je vous laisse. Je vais aller aider ma fille à faire sa liste de cadeaux de Noël!

Profites-en parce que…

Dès l'annonce de la première grossesse, certaines personnes de no

Dès l’annonce de la première grossesse, certaines personnes de notre entourage semblent se faire un plaisir de nous souligner à quel point c’est important d’en profiter.

 

Quand nous étions en début de grossesse, on nous disait d’en profiter parce qu’à la fin… on ne se supporterait plus!

Quand nous étions en fin de grossesse, on nous disait d’en profiter pour dormir parce que bientôt, nous ne pourrions plus vraiment.

On nous disait de profiter de notre bedaine parce qu’elle allait nous manquer.

 

Dans les premiers jours de notre bulle familiale, on nous disait d’en profiter parce que bientôt la vie redeviendrait folle.

 

Quand bébé s’est mis à gazouiller et qu’on disait adorer l’entendre,  on nous disait d’en profiter parce que vers trois ans, il parlerait tellement qu’on ne saurait plus comment le faire taire!

Quand bébé s’est mis à ramper et à se promener partout, on nous a dit d’en profiter parce que bientôt on allait devoir courir derrière lui et qu’un bébé qui marche, « c’est donc ben pas facile »!

Quand on dit qu’on adore que notre bébé soit colleux, qu’il nous fasse des câlins et des bisous bien baveux, on nous dit d’en profiter parce qu’il ne voudra plus se coller sur ses parents quand il sera grand.

Quand on tripe de voir que notre bébé est curieux et aventureux, on nous dit « Profitez-en parce que ce sera bientôt dur à gérer ».

 

Est-ce qu’on peut juste en profiter s.v.p ?

Est-ce qu’on peut tout simplement savourer la vie qui se crée,  qui grandit, qui arrive, qui évolue, qui sourit, qui joue, qui danse, qui s’éveille, qui explore, et trouver ça fabuleux ?

C’est possible, il me semble…

 

S’il y a bien une chose qu’on sait quand on fonde une famille, c’est que ce ne sera pas facile. Doucement, on commence à faire face aux défis et on s’en sort pas pire. Les moments plus difficiles sont inévitables, alors pouvons-nous apprécier les beaux s.v.p ? Juste s’en émerveiller, sans penser aux « si » et aux « quand » ce sera donc ben tough  ?



Je sais bien que personne ne nous dit ça pour mal faire, mais ça ne me tente pas, MOI, de penser aux moments difficiles. Je les gérerai en temps et lieu. En attendant, je fais des réserves de moments magiques pour être forte et prête à affronter le chaos quand il sera de passage.

 

 

L’intense 3 : Entre le terrible two et le fucking four

Texte de Eve Collard

On parle s

Texte de Eve Collard

On parle souvent du terrible two ou du fucking four (l’adolescence à 4 ans et demi…). Mais qu’en est-il de l’intense 3 ? Vous savez, cette étape qui vient tout juste après les 365 jours pendant lesquels votre enfant a eu 2 ans… Hé oui ! il y a un « après » au terrible two (du moins, chez nous…)!

En date d’aujourd’hui, mon fils Xavier a vécu 234 jours de sa phase intense 3. Deux cent trente-quatre jours de montagnes russes, dignes du plus gros manège de La Ronde! L’expression « ange ou démon ?» prend tout son sens quand je constate à quel point les émotions vécues par mon petit bonhomme se retrouvent parfois aux antipodes, et ce, en l’espace de quelques minutes!

De mes trois garçons, mon Xavier (le troisième en plus!) est celui pour qui la période intense 3 est la plus fracassante. Tenace, éveillé, allumé, enjoué, drôle, loquace… des traits de caractère qui, multipliés par le facteur intense 3, font de Xavier un petit homme épatant et surprenant. Un enfant curieux qui évolue à la vitesse grand V, guidé par ses grands frères qui sont, sans le réaliser, des modèles si importants pour lui.

Mais, comme toute bonne chose à sa part d’ombre, la période intense 3 se reflète aussi dans la force de caractère de ce petit bout d’humain. Juste à penser aux négociations interminables vécues lors de l’habillement du matin ou encore lors de la collation (la collation proposée n’est pas du tout celle désirée…), ouf !!!  Tous les irritants normaux de la vie, multipliés par le facteur intense 3, donnent un résultat qui est quelques fois un peu déstabilisant! Heureusement, l’effet montagnes russes nous ramène rapidement vers une phrase tellement cute et inattendue ou encore vers une démonstration d’amour puissance 1000, qu’il est possible pour nous, les parents, de passer à travers cette période (un peu) plus facilement.

Au fond, je crois que ce que je retiendrai de ces 365 jours lorsqu’ils seront passés, c’est que toutes ces réactions et émotions qui sont vécues par mon fils de façon si intense ne sont pas là que pour nous ébranler ou nous faire sourire. En fait, ce sont elles qui le constituent, qui le rendent vivant et qui font de lui un si « bel amour », comme l’appelle sa grand-mère Suzanne. Voulez-vous connaître mon analyse « psycho-maman »? La période intense 3, comme toutes les phases de la vie d’un enfant, sert en fait à outiller les parents pour toutes les prochaines phases à venir. Pour s’encourager, on peut au moins se dire que, contrairement à l’adolescence, l’intense 3 a son lot de moments mignons et rigolos!

Souvenirs d’enfance

Quand je fouille dans ma mémoire pour me rappeler mes souvenirs les

Quand je fouille dans ma mémoire pour me rappeler mes souvenirs les plus doux, les plus beaux… Ce sont de petits bonheurs, simples, qui me viennent à l’esprit…

 

 La corvée des petits pois

On s’assoyait autour d’une grande chaudière vide et ma mère déposait des cageots de petits pois fraîchement récoltés. Avec nos genoux écorchés, nos vêtements salis par la boue et un immense sourire, nous commencions à écosser. Le sceau se remplissait dans les rires, les blagues, les histoires d’autrefois, les chansons que nous fredonnions ensemble. Ces instants étaient magiques, car nous étions réunis. Par-dessus tout, j’adorais croquer dans ce légume sucré et savoureux. La douce chaleur du soleil venait caresser ma nuque. Je fermais les yeux, humant l’odeur de ces futures conserves pour l’hiver.

 

 La corvée des cordes de bois

C’était une grande fête chaque automne! Mon père arrivait avec sa remorque pleine de bûches que nous devions décharger, pour ensuite les empiler contre le mur de la maison, selon une technique bien précise, afin que le tout ne s’effondre pas. La promesse des feux de cheminée à venir, dans lesquels nous allions faire cuire des châtaignes et du pot-au-feu. Mes amis, mon frère et moi attendions ce moment pendant des jours! Nous nous installions en formant une chaîne de travail précise et efficace. Le premier était dans la remorque, tendait une bûche que le second attrapait et lançait au suivant. En bout de ligne, j’avais la tâche de placer ce bout de bois sur le tas, tout en réfléchissant chaque fois à la manière la plus judicieuse de le poser. Ça sentait la forêt, les champignons et la braise froide.

 

C’est impressionnant comme une odeur peut me parachuter dans mon enfance. Une simple odeur et je me retrouve à écosser des petits pois ou à empiler du bois. Nous avions la capacité de transformer quelque chose d’obligatoire, en un moment magique et unique. Ce regard d’enfant que je souhaite tant ne jamais perdre…

 

 Je me pose parfois la question : « Mes enfants auront-ils, tout comme moi, des souvenirs simples, beaux, rassurants ? » Vous savez, ce genre de moments dont nous nous rappelons toute notre vie avec douceur. Est-ce que je leur ai donné ces instants-là ?



 Et vous ? Quels sont vos plus beaux souvenirs d’enfance ?