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L’envol

Et voilà. C’est fait. Tu es partie.

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Et voilà. C’est fait. Tu es partie.

Tu viens d’avoir dix‑sept ans et tu as pris ton envol…

Nous te laissons, seule au monde, dans cette petite chambre sur le campus du cégep.

Mon cœur de maman panique, mais je ne dis rien : vas‑tu être capable de débarrer la porte du bâtiment ? Où vas-tu faire ton épicerie ? Et si tu te fais attaquer ? Enlever ? Tuer ? Si tu tombes malade ? Si la porte claque et que tu te retrouves coincée dehors avec tes clés à l’intérieur ?

Et si…?

– Merci, papa et maman, de m’avoir aidée à m’installer. Je vous aime. Ça va aller…

– Anytime, si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle‑moi pis je viens…

– Promis, maman…

Alors, on t’a laissée là.

Sur la route du retour, je n’ai pas pu m’empêcher de verser une larme. Mon bébé… C’est une véritable tempête de sentiments dans notre âme de parents quand notre enfant prend son envol…

Nous sommes partagés entre un sentiment de fierté immense et la tristesse de ne plus l’avoir au quotidien à nos côtés.

Ta chambre est vide.

La maison est vide.

Ton chien te cherche.

Je t’appelle encore pour te dire que c’est l’heure de souper.

Mais la porte de ta chambre ne s’ouvre pas… et ta place à table reste libre…

Alors je t’envoie des messages textes. Je m’excuse… car pendant quelques semaines, il se peut que j’en envoie beaucoup… Tu me réponds avec une gentillesse infinie et une maturité incroyable.

Je suis impressionnée : c’est beau de te voir aller. Tu prends ta vie en main avec tant de passion et de joie !

Et puis… je sais… que de temps en temps… tu vas revenir… alors, le soleil envahira la maison à nouveau… Cette petite tempête de jeunesse… je vais la savourer en silence… Je vais apprécier chaque seconde de ta présence…

Nous sommes si fiers, si inquiets, si tristes, mais si heureux. On t’aime si fort. Vole ! Vole ! Vole !

Gwendoline Duchaine

 

Ne jamais perdre espoir

Je ne sais pas c’est quoi, vraiment de faire une dépression, mais

Je ne sais pas c’est quoi, vraiment de faire une dépression, mais je pense qu’il y a quelques mois, je commençais à foncer tout droit dans le mur. Moi qui disais que ça ne pouvait jamais m’arriver et que j’étais forte, je me suis rendu compte que je perdais tous mes moyens parce que je n’avais pas le contrôle de ma vie.

Pour la première fois de ma vie, je n’avais pas le contrôle. Et ça, c’est la pire chose qu’il pouvait m’arriver. J’étais retournée aux études en rêvant d’un métier depuis tellement longtemps. Je me disais, tout le long de mon parcours, que j’allais avoir un travail en sortant de l’école. Être positif, qu’ils disaient. Et je dois avouer que je suis une fille très positive dans la vie, donc c’était facile, voire naïf, de croire que j’allais réussir rapidement et facilement.

Le diplôme obtenu, j’ai passé trois mois sans emploi. Trois mois à paniquer complètement, mais à essayer de ne pas le montrer, pour ne pas déranger.

Je n’ai jamais été aussi angoissée de toute ma vie. Le cœur qui ne coopérait plus, la tête qui ne voulait pas dormir, mais le corps qui s’épuisait, ça me faisait peur. Je me levais le matin avec l’envie de dormir. Je sortais à l’épicerie et je revenais brûlée comme si j’avais couru un marathon. Je sentais que j’étais sur le bord du précipice, mais je ne devais pas le montrer pour ne pas me faire dire : « Ben voyons Tan, t’es forte! » Je me suis rendu compte que je ne l’étais peut-être plus tant que ça et ça, ça me faisait peur.

Moi qui avais rêvé d’un métier, j’étais rendue à penser que je ne pourrais jamais le faire. Tout ça parce que ça faisait trois mois que je n’avais pas l’emploi de mes rêves… T’sais à force de tout vouloir tout de suite… C’était quoi l’idée d’aller étudier dans les médias, aussi? Je n’arrêtais pas de me demander ce que j’allais faire de ma vie. Je regardais sur les sites d’emplois et rien ne m’intéressait. Je paniquais. Qu’est-ce que j’allais faire de ma vie? Plus je me posais la question, plus je sombrais dans la panique, mais je n’en parlais pas trop parce qu’encore aujourd’hui, je ne suis pas capable de mettre des mots sur ce que je ressentais.

J’étais sur le bord du précipice, pas parce que j’en faisais trop, mais parce que je ne faisais rien! C’est un peu ironique, mais j’étais la fille aux mille et un projets et là, trois mois sans rien. Vous allez me dire que ce n’est pas long trois mois, mais c’est long dans la tête d’une fille hyperactive qui doit bouger sans arrêt!

Qu’est-ce que j’allais faire de ma vie? LA phrase qui m’a le plus angoissée parmi toutes celles qui existent. Mais j’ai continué à me battre, à chercher des solutions et à persévérer.

Et puis, un jour, le téléphone a sonné. J’avais une entrevue pour un emploi. Puis, deux semaines plus tard, le téléphone a sonné à nouveau et j’avais une deuxième entrevue pour un deuxième emploi!

Eh bien, j’ai accepté les deux! Et je peux vous dire maintenant que mon rêve, il se réalise pour vrai.

C’est drôle, parfois, de voir comment la vie est faite. Moi qui n’ai jamais cru au destin et à ces choses-là, je me rends compte que parfois, je n’ai pas le choix de croire que c’est bien fait, d’une certaine façon. Je me serais bien passé de l’angoisse, mais à travers tout ça, j’ai appris qu’on ne peut pas tout avoir tout de suite et qu’il faut être patient. Il faut travailler fort pour obtenir des résultats et surtout, surtout, il ne faut jamais perdre espoir. J’ai failli tout perdre, mais une petite voix me disait de ne pas abandonner.

Tania Di Sei

 

Des bébés et des études

Nous étions tous les deux étudiants et amoureux fous l’un de lâ€

Nous étions tous les deux étudiants et amoureux fous l’un de l’autre. Après plusieurs années en couple, nous savions que nous voulions des enfants. Nous regardions devant nous et nous savions pertinemment que plusieurs années d’études étaient encore devant nous. Mais nous n’avions qu’une seule vie à vivre, et il était hors de question de passer à côté. Nous avons donc choisi d’avoir un enfant, en étant tous les deux aux études à l’Université. Nous avons calculé nos budgets, organisé nos sessions et pris la décision en toute conscience d’accueillir un petit être dans notre famille.

Quand j’ai accouché de ma première fille, Papa était en stage final de son baccalauréat. Heureusement, j’ai accouché en soirée et il a pris une journée de congé pour nous ramener à la maison, à notre sortie de l’hôpital. C’était mon premier bébé, un mini-trésor dont je devais prendre soin. Entre deux sessions. J’ai continué à suivre des cours à l’Université le soir. Papa n’a eu aucun congé de paternité et pourtant, j’avais l’impression qu’il était là avec nous. Nos familles habitaient loin de nous. Nous n’avions que nous au monde.

Deux ans plus tard, j’en étais à la moitié de mon baccalauréat. Papa était à la maîtrise. Et nous avons décidé d’avoir un autre enfant. Encore une fois, j’ai accouché pendant la nuit et Papa est allé travailler le matin même. La semaine suivante, il partait en congrès plusieurs jours. Cette fois-là, j’ai demandé à nos familles et amies de venir nous donner un petit coup de main… S’adapter à la vie avec deux enfants, ce n’est pas évident. Pendant qu’on étudie, ce l’est encore moins !

Je suivais des cours de fin de semaine à l’Université. Papa passait ses samedis à faire le taxi entre la maison et la salle de classe pour que je puisse allaiter. Parce que oui, en plus, j’allaitais ! J’ai eu la chance inouïe de croiser sur mon passage des professeurs humains et compréhensifs. Le soir d’un examen final, j’ai dû amener ma fille de quelques semaines avec moi. La professeure responsable ce soir‑là a passé toute la période à se promener avec mon bébé dans les bras, pour qu’elle reste profondément endormie et que je puisse faire mon examen.

Parce qu’on était toujours autant en amour, on a même fait un troisième bébé. Notre dernière fille est venue au monde pendant que Papa entreprenait son doctorat. J’ai fini mon baccalauréat avec des cours à distance, entre un allaitement et un changement de couche.

Est-ce que ça a été facile ? Non, pas tous les jours. Est-ce que c’était le chemin le plus simple ? Non plus. Mais je vous assure que nous n’avons aucun regret. Les études sont terminées, les diplômes sont accrochés au mur. Ces petits bouts de papier ont à nos yeux encore plus d’importance. Quand on passe devant, on se rappelle tous les sacrifices, les choix, les nuits blanches et les fins de session. Et quand les enfants passent devant, ils voient le dépassement de soi et l’accomplissement. Parce que dans la vie, le chemin facile semble attirant, mais ce ne sera jamais le seul choix que tu as.

Nos filles ont grandi. Maintenant, ce sont elles qui vont à l’école. Et comme elles nous l’ont enseigné quelques années plus tôt, c’est notre tour de leur apprendre ce qu’est la persévérance. Parce que parfois, les chemins plus compliqués sont aussi plus enrichissants.

Joanie Fournier

 

Ton envol

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La porte s’ouvre. Je découvre avec stupeur cet endroit si petit, si loin, si laid et qui sent si mauvais… Toi, tu souris. Tu es heureuse. Tu frétilles de joie en visitant ce futur logement qui sera le tien…

Je te regarde aller, si légère et enjouée. Tu es passionnée. Tu planes de bonheur. Le campus te plait et cette minuscule chambre, tu l’adores.

– Je vais la rendre chaleureuse! Je vais mettre des lumières et des rideaux! On pourra peindre les murs hein?! Et des tapis! Ça va être full beau! OMG maman! J’ai hâte!

Tu es si joyeuse!

Moi, j’ai envie de hurler.
17 ans.
Tu t’en vas.

Je sais que c’est normal et que c’est la vie. Je sais que tu es prête. Une partie de mon cÅ“ur est si fière et si heureuse pour toi. Mais l’autre morceau de mon cÅ“ur de mère, il saigne…

Parce que, ma fille, tu as fait de moi une maman. Depuis 17 ans, nous partageons ce quotidien, cette maison… et tu remplis ma vie avec passion.
Tu vas laisser un grand vide…

Y’aura personne pour me faire chialer quand j’ai besoin de la salle de bain. Y’aura personne pour préparer des gâteaux au chocolat les dimanches après-midi trop froids. Y’aura personne qui écoutera de la musique trop fort. Y’aura personne qui accaparera le téléphone pendant des heures. Y’aura personne qui fera bruler ces bougies qui sentent si bon.

Comment je vais faire pour ne pas trembler chaque seconde de chaque minute de ta nouvelle vie? Comment je vais faire sans entendre le bruit de tes pas le matin? Comment je vais faire sans te dire bonne nuit le soir? Comment je vais faire sans toi?

Tu prends ton envol…

En dedans je pleure… mais je ne te le dirai pas…
C’est ça aussi être maman…

Tu me manques déjà…

Gwendoline Duchaine

 

16 ans: Savoir choisir ce que l’on prend pour la vie devant soi!

J’avais seize ans. Tout comme toi présentement. J’étais devan

J’avais seize ans. Tout comme toi présentement. J’étais devant les mille possibilités que m’offrait ma vie. Les mille possibilités vers lesquelles me tourner. Mais vers laquelle!?

Te voilà à la croisée des mêmes choix vraiment importants.

Tu te sens probablement mélangée. Pas certaine. Et si? Et si?

Te voilà propulsé dans un des plus grands choix de ta vie. Et c’est à toi que revient le droit de choisir, de décider de ce que tu feras de cette vie d’un point de vue professionnel. Quel chemin emprunteras-tu? Le collégial? Le secondaire professionnel? Cela t’amènera-t-il à l’université? Prendras-tu une pause pour bien y penser? Vagabonderas-tu longtemps dans les corridors des établissements avant de savoir où se trouve la sortie de ton labyrinthe?

À mon époque à moi, les professions étaient plus d’ordre général. Maintenant, vous avez la possibilité de vous différencier, de vous perfectionner. Chaque formation peut t’amener à te spécialiser. Jadis, nous avions moins de possibilités de recherches. Sans l’ami Google, on s’en remettait très souvent au conseiller d’orientation de l’école. Les offres étaient moins larges.

Est-ce que c’est ce qui semble tant mélanger ta génération? Trop de choix? Trop de spécialités? En quoi pouvons-nous vous aider et vous offrir une motivation? Une orientation? Un sens à votre futur professionnel?

J’ai un travail qui fait en sorte que j’ai une conciliation FAMIILE-travail hors pair. Un travail de plus de cinquante heures par semaine, par contre. Un travail qui m’a permis d’être à vos côtés depuis votre tendre enfance jusqu’à aujourd’hui. Je suis éducatrice à la maison. Je l’ai fait car mon bonheur passait par vous, et être près de vous me rendait heureuse. Très honnêtement, ça aidait.

Mais toi? Qu’est-ce qui te rendra heureuse? Tu choisiras ta profession en fonction de ta famille? De ce que ton travail t’apportera en termes de reconnaissance? Pour les heures flexibles qu’il t’apportera? Du salaire qu’il t’offrira pour pallier tes dépenses et tes envies? Un travail qui t’offrira la chance de voyager peut-être? Ou encore, te permettra-t-il de rencontrer des gens? De diriger du personnel puisque tu as déjà des facultés de leader? Tu choisiras d’être ton propre patron? Ou, finalement, un travail qui comblera tes envies créatives?

Peu importe vers quoi tu te dirigeras, sache que tu dois prendre le temps de te connaître. Te connaître ne veut pas simplement dire de te regarder dans la glace le matin avant le départ vers l’école. Sache reconnaître ce qui t’anime. Ce qui t’habite. Ce qui te fait vibrer. Fais des recherches sur ce qui sera ton champ de profession selon toi. Demande à faire un stage d’un jour pour valider ce que tu perçois de cette profession. Cela te permettra d’y voir clair.

À mon époque, j’aurai aimé être à la croisée du chemin version 2018. Je serais probablement devenue ce qui me faisait vraiment vibrer à ce moment. Je ne regrette en rien ce que j’ai fait et ce que je fais actuellement. J’ai juste trop élargi mon champ de carrière. Je suis passée de technicienne en petite enfance à designer d’intérieur en passant par la fleuristerie puis par la gestion de services de garde et, finalement, je suis devenue organisatrice événementielle. Sans compter les multiples perfectionnements étalés sur plus de vingt ans. Je m’étourdis moi-même à énumérer mes études!

Il doit bien me rester un bon vingt ans encore à travailler. Maintenant, je me connais mieux. Je sais ce qui me fait vibrer et j’ai rendez-vous avec un conseiller en orientation. Je m’offre ce que j’aurais dû m’offrir à mes seize ans. Le droit de me connaître.

Prends juste le temps de réfléchir à toi, pour toi… Tu as, dorénavant, toute la vie devant toi. Fais-en bon usage!

Mylène Groleau

Les culpabilités d’une mère étudiante

Les yeux qui brûlent, le crâne en compote et le corps empreint de

Les yeux qui brûlent, le crâne en compote et le corps empreint de fatigue, j’essaie de penser aux quinze derniers mois qui m’ont paru être une éternité.

Plusieurs mois à jongler entre les rôles de mère, d’étudiante, de conjointe et d’amie. De multiples chapeaux que j’enlevais au fur et à mesure, mais que je devais remettre aussitôt selon les différents contextes de mon quotidien.

J’ai fait mon possible. Était-ce suffisant? Je ne sais pas. Mais si j’ai une certitude, c’est bien que chacun de ces rôles a été « botché » à sa façon.

Avec autant de mois à tenter d’exceller dans trop de rôles à la fois, le corps s’use et le mental se met en mode « survie ». Bref, la conciliation n’a pas été facile. Je me levais le matin avec les mêmes pensées qui me hantaient la nuit. Parce que oui, quand tu as autant de rôles à jouer, tu n’as pas le choix de faire un peu de temps supplémentaire. Et le dernier quart, celui de nuit, sert un peu à régler tes comptes.

Bref, dès mon réveil, j’anticipais la journée avec un certain recul. Réveiller les enfants, les préparer pour l’école et la garderie, préparer les lunchs s’ils n’avaient pas été faits la veille, moi à l’école toute la journée, aller chercher les enfants, souper, bain, dodo… Et là, lorsqu’ils fermaient leurs paupières, je me mettais à étudier ou à taper de trop nombreux travaux. Jusqu’à 22 h-23 h-23h30.

Ces journées-là, je les vivais comme le jour de la marmotte. Chaque matin, à 6 h, le cadran sonnait pour me signaler de nouveau que ma réalité plate recommençait.

Et quand je mettais enfin ma tête sur l’oreiller, le soir venu, je m’en voulais. Beaucoup. Je me sentais coupable de n’avoir pris que cinq petites minutes pour jouer avec mes enfants, ou de m’être assise une seule fois dans ma soirée pour demander à mon conjoint : « As-tu passé une belle journée? », ou de ne pas avoir pris des nouvelles de mes amies. La culpabilité était forte et lourde. Comme si ma priorité était de terminer ces foutus travaux au lieu d’envelopper d’amour ceux qui me sont chers.

Je me sentais coincée parce que je n’avais pas le choix. Même si… c’était mon choix. Heureusement, je savais que ce sentiment n’allait pas être éternel.

Néanmoins, la durée, quoique courte dans le temps, m’a paru sans fin.

Maintenant, je me permets de mettre quelques chapeaux sur la patère de ma vie. En fait, c’est la vie qui m’en donne l’occasion. La fatigue est toujours présente et j’ai encore le corps mou comme un pantin, mais je revois le soleil au bout du tunnel.

La culpabilité a troqué sa place pour la fierté. Je me sens fière d’avoir persévéré malgré la douleur de délaisser ces gens que j’aime.

Un jour, je l’espère, mes enfants comprendront que cette absence était de l’amour. Et que ce choix de retourner sur les bancs d’école était, en partie, pour eux. ♥

Kim Racicot