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Nos matins différents — Texte : Nathalie Courcy

Un jour, j’ai fermé mes yeux et j’ai imaginé des matins différents. Des matins sans « dép

Un jour, j’ai fermé mes yeux et j’ai imaginé des matins différents. Des matins sans « dépêchez-vous », sans triple réveil pour le même enfant, sans retard, sans palpitations cardiaques, sans boucane qui sort par les oreilles. Des matins en douceur, avec du temps pour lire et pour se coller, du temps pour relaxer, du temps pour se dire des mots d’amour au lieu des mots d’urgence.

Ce jour-là, j’ai osé croire que ça se pouvait. J’ai eu le courage de me demander ce que moi, j’apportais dans nos matins de fous, et ce que je voulais apporter dans nos matins doux.

J’ai eu le courage d’ouvrir une discussion au sommet avec mes enfants. Faire le point sur ce qu’on ne voulait plus et surtout sur ce qu’on voulait désormais. Sur nos bons coups, aussi. Personne n’a obstiné, tout le monde a contribué. Des idées, des propositions, des échanges. C’est ça, la famille ! Avec beaucoup d’amour.

Les ajustements étaient mineurs : un cadran, une façon différente de réveiller un enfant, un mot code qui remplace les mots déclencheurs de mauvaise humeur, une heure de réveil personnalisée. Mais plus que tout, c’est la prise de conscience qui a tout changé. On voulait tous commencer nos journées du bon pied et partir de la maison avec le cœur rempli plutôt qu’avec le cœur à sec.

Rapidement, les changements se sont fait sentir. Je suis une fille de matin, c’est là que j’ai le plus d’énergie. Je prends le temps de méditer au lit, même de faire quelques étirements avant de me lever. Parfois, je mets de la musique pendant que je fais les lunchs. Mes plus jeunes s’occupent de leurs collations. Ma plus vieille fait son repas la veille. On a ajouté certains repas du traiteur pour diminuer mon écÅ“urantite de faire des sandwichs et de remplir des thermos. Mes garçons se préparent à leur rythme, ils lisent et jouent tranquillement. J’accepte que mes filles montent à la dernière minute parce qu’elles sont responsables. On a le temps de lire, de se coller, de se dire des mots d’amour. Et tout le monde part à l’heure, l’âme en paix. C’est-ti pas beau ? Je m’ennuie de tous ces matins où mes poussins venaient me rejoindre dans le lit, mais j’adore nos nouvelles routines matinales.

Je suis plus du genre solution que du type problème. Si un problème existe, c’est qu’il a des solutions, mais la première étape, c’est toujours ben de prendre conscience du problème, de le nommer et d’imaginer ce qu’on veut à la place. Et moi, je veux du doux.

Et vous, quelle routine avez-vous réussi à changer ou à améliorer dans votre vie quotidienne ? Ça pourrait donner des idées à d’autres… et à moi !

Nathalie Courcy

 

J’ai peur de me réveiller

Quand j’y repense, depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai tou

Quand j’y repense, depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours eu les mêmes buts dans la vie. Être enseignante, avoir une grande famille, vivre avec l’homme de ma vie, et par-dessus tout, être heureuse… Et chaque matin, je me réveille dans cette vie. Je comprends maintenant, plus que jamais, l’expression « être sur son X ». Parce je me tiens justement sur le mien, à deux pieds joints.

Je n’ai jamais dit que c’était facile non plus. La vie est faite de montagnes russes… Parfois, j’ai l’impression de me lancer dans le vide pour descendre au plus bas. Et d’autres fois, j’ai l’impression d’être au sommet de l’Everest, le cœur léger et la fierté au ventre. Et ces temps‑ci, c’est comme ça que je me sens…

J’ai l’impression d’avoir coché les points les plus importants sur la liste de ma vie. Et tout à coup, j’ai peur. J’ai vraiment peur. J’ai peur de me réveiller. Mon plus grand cauchemar, c’est de me réveiller dans mon lit d’adolescente, avec la peur au ventre de ne pas y arriver. Je me souviens de ces années, où la jeune femme insécure et ternie tentait de suivre le troupeau, sans faire de vagues… Aujourd’hui, je sais que je ne suis plus cette femme‑là. J’ai confiance en moi, je suis fière de ce que j’accomplis chaque jour et je suis sincèrement heureuse. Mais parfois, au fond de mon lit, j’ai peur de m’endormir et de me réveiller en arrière. Peur que tout ceci ne soit qu’un rêve. Peur que je ne sois en fait que cette adolescente qui a le mal de vivre. Peur de ne jamais vivre ce que je suis déjà en train de vivre…

Je berce mon nouveau-né dans mes bras, mon tout dernier bébé… Et j’ai peur de me réveiller demain matin, avec le sentiment que tout cela n’existait pas en fait. Je m’imagine raconter à mon mari ce rêve, dans lequel nous avions fondé une magnifique et grande famille. Je nous imagine en rire au petit matin, de ce rêve.

Parce que c’est exactement ça en fait, je vis mon propre rêve. Et j’ai peur que tout s’écroule. Peur de tout perdre. Je ne dis pas que je passe ma vie à en avoir peur non plus. Je sais bien rationnellement que tout ceci est réel et je ne vais pas vivre dans la peur chaque jour. Mais aujourd’hui, juste un instant, je vous parle de cette peur. Cette petite voix au fond de moi qui me chuchote de profiter de chaque seconde, parce que personne ne sait quand tout cela va s’arrêter.

Puis, si par malchance, un jour tout doit s’effondrer, je veux me souvenir de cet instant de perfection. L’instant présent. Celui où je suis comblée par la vie. Parce que je sais que bien des gens n’auront même jamais la chance d’effleurer ce bonheur.

Alors, je profite de chaque câlin d’enfant, de chaque berceuse, de chaque éclat de rire, de chaque matin où nous sommes enlacés… Parce qu’un jour, on ne sait pas trop quand, la fragilité de la vie nous ramènera à la réalité. Et peut-être que quand on meurt, on ne s’endort pas. Au contraire, on se réveille. La mort, au fond, ce n’est que le réveil du rêve de sa vie… Alors, aussi bien faire en sorte que ce soit le plus beau des rêves…

Joanie Fournier


Se réveiller la peur au ventre

Depuis trois semaines, je me réveille avec une boule dans le ventre e

Depuis trois semaines, je me réveille avec une boule dans le ventre et je me sens envahie par une grosse vague de déprime. Un peu comme quand on se réveille d’un mauvais rêve et qu’on reste avec un arrière-goût de tristesse, de colère, de peur… T’sais, comme lorsqu’on rêve que notre chum nous a trompée et qu’on se réveille un peu en maudit après lui ?

Je pense pouvoir dire que les choses allaient relativement bien depuis le début du confinement, du moins le premier mois. Je pensais avoir découvert la clé du succès : m’occuper ! Je me suis lancée dans mille et un projets qui m’occupaient l’esprit : j’ai terminé des rénovations qui ne finissaient plus de finir, j’ai lavé des recoins perdus de ma maison, j’ai savouré des instants de bonheur avec ma marmaille, j’ai pris goût à la popote, etc. J’en étais rendue à croire que la COVID-19 avec eu raison du pauvre hamster qui habitait ma tête depuis vingt ans !

Mais il faut croire que le satané hamster s’en est remis et il semble bel et bien immunisé parce qu’il est revenu en force ! Maintenant que la maison est propre (et dire que personne n’en sera témoin !), que j’ai réglé la To do list qui ornait le devant du frigo depuis cinq ans, que je peux affirmer fièrement avoir fait du pain maison et que mes enfants se sentent aimés et encadrés à souhait, j’ai peur ! Oui, j’ai peur ! 

Je n’ai pas tant peur des microbes : ça, mon rationnel s’en charge. J’ai peur de la suite des choses, de l’après-confinement, du retour à la normale. J’ai peur d’avoir un peu perdu ma place dans la société dont je me suis volontairement exclue depuis quelques semaines. Je me sens loin de mes amis, de ma famille, de mes collègues et des enfants que je côtoie habituellement chaque semaine. Je n’ai plus accès à tous ces sourires, ces tapes dans le dos et ces échanges qui me valident que je suis appréciée, que je suis utile, que j’ai des forces et que je suis « essentielle », moi aussi, à ma façon. J’ai l’impression de ne plus briller et ça me fait peur, parce qu’une étoile qui ne brille plus a tendance à être oubliée.

Pour le moment, je vais respirer par le nez, tenter de négocier avec mon p’tit hamster et me donner le droit de m’éteindre un peu, le temps de laisser les autres étoiles briller pleinement dans le ciel… tout en souhaitant retrouver mon éclat d’ici quelques semaines.

Stéphanie Nesteruk

Mon amie l’insomnie

Mon amie,

Depuis plusieurs annÃ

Mon amie,

Depuis plusieurs années, j’ai une amie qui me rend visite au moins deux fois par semaine et plus je vieillis, plus ses visites sont fréquentes. Pourquoi? Il me semble que j’ai assez donné. Elle le fait toujours la nuit, autour de 2 h. Elle arrive sournoisement, sans crier gare, sans prendre le temps de m’aviser de sa visite ni du nombre d’heures qu’elle passera chez moi. Parfois, ses visites sont de courtes durées, mais à d’autres moments, elle me fait royalement suer, elle s’incruste dans ma vie, dans mes nuits.

Mon conjoint n’est plus du tout dérangé par ma visiteuse, car depuis quelque temps, il dort ailleurs. En fait, il dort ailleurs depuis la venue de cette nouvelle amie. Elle prend beaucoup trop de place.

Parfois, je quitte ma visiteuse pour me réfugier dans les bras de mon homme en espérant qu’elle me laissera enfin tranquille.

Elle me réveille toujours et m’empêche de dormir; pourtant, elle le sait que j’en ai besoin. J’ai des tonnes d’heures de sommeil à récupérer! J’ai quand même eu trois enfants qui m’ont tenue en éveil des nuits et des nuits.

Aujourd’hui, ils ont dix‑huit et vingt ans et il leur arrive encore de me tenir réveillée, soit par leurs entrées et sorties tardives ou parce qu’ils ne sont pas rentrés du tout. Ou tout simplement parce que je m’inquiète pour eux.

Cette généreuse et aimable amie (grrrr) provoque souvent en moi des réflexions, des questionnements lors de ses visites inattendues et cela réveille mon hamster. Alors là, ils s’amusent comme des petits fous tous les deux.

Moi, pendant ce temps, j’essaie de relaxer, de me rendormir. Tourne sur un bord, tourne sur l’autre. J’ai chaud! J’ai froid! J’ai soif! Je me lève pour faire pipi! Je prends un livre, mais je n’arrive pas à me concentrer. J’écoute de la musique douce, j’essaie de méditer, mais en vain.

Au début, je me fâchais. J’étais vraiment en colère contre elle. J’avais beau lui dire de me laisser tranquille, de revenir plus tard vers 5 h 30 ou 6 h, mais rien à faire.

Elle s’entête! Elle aime bien venir me déranger au beau milieu de la nuit. Plus je m’impatiente, plus elle rit de moi et ses visites s’éternisent dans le temps.

Alors, j’ai décidé de la jouer cool! Je ne m’en occupe plus. Je la laisse seule. Je ne l’écoute plus et je ne me fâche plus. Ça ne donne rien. Mon hamster s’apaise aussi lorsque je l’ignore.

Cette nuit, elle s’est présente vers 1 h 30. J’ai pris le temps de jaser avec mon hamster pour savoir si je n’avais pas oublié de mettre mon linge dans la sécheuse, ce que j’allais porter lors de ma sortie, pourquoi la télé était encore allumée. Pourquoi ma fille n’arrête pas d’aller aux toilettes, est-elle malade? Ah ben! Elle ne s’est pas lavé les mains, pourtant elle le sait! Je lui ai quand même souvent répété l’importance du lavage de mains! Ouin! Décroche, la bonne femme. Ta fille est presque une adulte.

Mon fils est venu me demander pourquoi je ne dormais pas encore à 3 h 30. Tu te couches tard, qu’il me dit! Ben non! Je suis couchée depuis 21 h 30. Ben tu travailles demain… Ben oui, stie, je le sais mon grand!

Bon! Mon hamster s’est endormi, mon amie cligne des yeux et baille. Je crois que je vais pouvoir retourner au pays des rêves. Allez! Ouste! Dégage!

Shit! Il est déjà 4 h! Il ne me reste plus beaucoup de temps avant que sonne l’alarme de mon réveil-matin.

Maudite insomnie! Merci quand même pour ta précieuse collaboration!

Line Ferraro