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Remonte ! Prends-toi en main !

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Je ne sais pas qui tu es. Tu es un homme, une femme… Tu as 16 ans ou bien 60… Tu as des enfants ou pas. Mais une chose que je sais, c’est que tu as besoin d’aide. Tu t’es perdu à un moment de ta vie, celle qui t’a échappé aujourd’hui… Alors ce soir, je t’écris pour te dire que lorsque j’apprends ton histoire, par les médias, par le bouche-à-oreille, par des écrits ou par tes propres mots, tu me touches.

 

Plusieurs ne se contentent que de te juger. Tu t’es laissé aller, tu as plongé dans ton propre merdier. Mais à mes yeux, tu ne l’as pas fait sans déclencheur. Tu as marché dans des illusions de bonheur. Tu es un inconnu, un ami, un frère. Tu es humain, malgré les gestes que tu as peut-être posés pour avoir ce « fix » dont tu as besoin.

 

La paix que tu y trouves parfois est bien entendu éphémère. Tu nourris chaque fois ton enfer. Peut-être que tu crois garder le contrôle ; assurément, tu ne pensais nullement le perdre, te perdre.

 

Ta première fois aura été par curiosité ou par obligation. Tu as peut-être été encouragé ou que tu as cru t’échapper. Mais lorsque tu retombes sur tes pieds ou que tu te relèves de ton séant, la réalité te bouscule. Te blesse, t’effraie ou sinon, tu n’es pas encore suffisamment loin dans ta déchéance pour t’en être rendu compte. Ou au contraire, tu le sais très bien, mais tu n’arrives plus à remonter. Tu te promets d’arrêter. De ne plus consommer. Mais ton corps appelle encore et encore ce faux veau d’or.

 

Tu as peut-être perdu des gens que tu aimes ou c’est sur le point d’arriver. Certains ont voulu t’aider, les aurais-tu écoutés que tu en serais sorti, aujourd’hui. D’autres t’ont fui. Je comprends chacun d’eux, les batailles ne sont pas ragoutantes. Nous avons tous et chacun nos propres combats, alors comment pourrions-nous combattre chaque fois pour tous ?

 

Ce soir, je pense à toi, sans nom, sans sexe, sans religion et sans prétexte. Dans ma vie, à plusieurs reprises, j’ai eu des chances dans mes malchances. Je ne suis jamais tombée dans cette vrille qu’est la consommation. Mais à tout moment, j’aurais pu. C’était si facile, on me l’a si souvent proposé, la main tendue. Mais j’ai refusé. Je n’ai aucun mérite, ça a été mon choix.

 

Ton choix à toi, aujourd’hui, qu’est-il ?

Pour toi, envers toi.

Que vois-tu lorsque tu croises ton regard dans cette ombre qui t’entoure ?

Qui es-tu qui ne vaut pas la peine de se battre ?

Tes veines gonflées, tes narines brûlées, ta gorge en feu, ta voix qui ne fait plus que crier silencieusement.

 

Tu trembles ? Aurais-tu tenté un sevrage ? Tu n’y arriveras pas nécessairement seul, tu sais. Il existe de l’aide. Beaucoup. De nos jours, si tu cries ton mal-être, quelqu’un t’entendra. Peut-être croiras-tu que tu dois souffrir pour guérir. Certes, cela arrivera à plusieurs niveaux, mais ne reste pas seul. Entoure-toi de gens qui savent ce qu’ils font.

 

Toi, sache que la vie est dure. Douloureuse bien souvent. Mais rappelle-toi tes joies, rappelle-toi qu’après chaque nuit, le soleil se lève sur un nouveau jour. Sois ton propre soleil et laisse la bourrasque d’aide souffler loin de toi tes nuages. Participe à la tornade !

 

La terre entière pourrait croire en toi, mais si toi tu ne le fais pas… ça restera vain. Va. Il est temps de te prendre en main. Un jour, tu regarderas derrière, et levant le bras en pointant le doigt très haut, tu pourras fièrement crier : « J’AI RÉUSSI ! JE VIS ! À VOUS MES DÉMONS, JE NE VOUS LAISSE DE MAJEUR… QUE MON DOIGT ! »

 

Simplement Ghislaine

 

 

Drogue : aide et référence (DAR) offre soutien, information et référence aux personnes concernées par la toxicomanie, et ce, à travers tout le Québec.

 

Accessible 24 heures par jour et 7 jours par semaine, le service téléphonique spécialisé est bilingue, gratuit, anonyme et confidentiel.

 

Pour poser une question ou se confier

514 527-2626

Montréal et environs

1 800 265-2626

Partout au Québec

http://www.drogue-aidereference.qc.ca/www/index.php?locale=fr-CA

 

 

Reviens dans ta vie

J’aurais envie de vous demander à vous, lecteurs et lectrices, ce

J’aurais envie de vous demander à vous, lecteurs et lectrices, ce que vous pensez du vice. Bien entendu dans la société telle que nous la connaissons. Qui dit le mot « vice » sourit en s’imaginant quelques actions décadentes, voire excitantes. Mais ici, je vous parle du vice de la consommation de substances illicites.

Dans l’actualité, nous voyons passer des histoires d’horreur que bien trop d’hommes, de femmes et d’enfants vivent.

Si j’étais cette personne qui a un ami, une connaissance, un enfant en vol plané, comment je réagirais? Que lui dirais-je pour l’aider? Pourvu que cette personne veuille de cette aide. Je crois que je chercherais à comprendre ses méandres. À voir si la blessure si grande qui l’a amenée à cette consommation peut être combattue autrement.

Chemin faisant, vouloir arrêter de consommer est déjà un bien grand défi; le faire en est un qui semble insurmontable à beaucoup.

À toi.

Pourquoi te blesses-tu ainsi? Ma question n’en est pas une de jugement, mais bien une recherche de compréhension.

Pourquoi t’es-tu abandonné? Je ne cherche pas à te piéger. Je veux t’aider.

Si j’étais à tes côtés, je te serrerais contre moi. Encore et encore. Je voudrais siphonner à coups d’affection tout ton poison. Je voudrais te mettre en garde, même si déjà, à voir où tu en es, tu connais la danse.

Si j’étais ta sœur, ta mère, ton amie, je me battrais à tes côtés, bras levé et fier de te voir batailler. Je ne te jugerais pas. Je ne t’abandonnerais pas. Pour autant que toi, tu ne baisses pas les bras.

L’actualité dit haut et fort un mot que tu dois retenir absolument :

FENTANYL

Ne t’en approche pas! Les drogues de la rue t’achèveront. Celles prescrites t’y mèneront si tu ne prends pas quelques précautions.

Si j’étais toi, j’aurais peur. En même temps, je crois que même en le sachant, j’aurais possiblement l’envie de continuer, car lorsque survient l’envolée, la peur revêt tout sauf l’envie d’être apeuré.

Je crois, sans l’avoir vécu, comprendre cette recherche d’absence.

J’imagine selon des témoignages ce que procure ce mirage.

Te sens-tu fort? Au-dessus de tout?

Oublies-tu tes torts? Ceux qui te rendent fou?

Effaces-tu la honte qui te brime chaque seconde?

Dans ton cœur, cette bombe à laquelle tu succombes?

Te sens-tu t’échapper loin de ta dure réalité?

Ne pouvant pas tout quitter, tu te tues à petites gorgées.

Oublies-tu tes pleurs lorsque tu fixes les couleurs?

Puis la douleur qui revient après quelques heures.

A-t-elle réglé tes besoins de t’évader?

Ce moment où tu as lâché prise

Quand dans ton sang, ça a circulé

As-tu oublié ta crise?

Puis tu redescends, les pieds encore plus pesants. Tu te dis que c’est fini, AUJOURD’HUI. Mais tu te mens.

Tu as perdu, tu perds, tu perdras, tôt ou tard crois-moi.

Si beaucoup ne s’en sortent pas.

TOI, FAIS-LE!

SAUVE-TOI!

Tu mérites mieux que ce trépas de mort-vivant. Tu avais des rêves : les as-tu oubliés complètement? De l’aide, il y en a!

Des méthodes, il en existe tellement.

Mais le premier pas est unique. Il ne peut venir de personne d’autre que toi.

Mourir, que ce soit d’un coup ou à petit feu, c’est mourir quand même.

Vivre, que ce soit un combat de fou, c’est VIVRE surtout!

Choisis-toi.

Simplement, Ghislaine

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Voici le site : « Drogue : aide et référence (DAR) »

DAR offre soutien, information et référence aux personnes concernées par la toxicomanie, et ce, à travers tout le Québec.

Partagez cet outil, n’hésitez pas à l’utiliser aussi!

http://www.drogue-aidereference.qc.ca/www/index.php?locale=fr-CA

 

Aveux d’un alcoolique — Je suis allergique à la boisson!

Dès mon jeune Ã

Dès mon jeune âge, la boisson était présente dans ma vie. Quand mes parents festoyaient, je me cachais pour boire la broue des bières vides que mes parents avaient bues. Au secondaire, les partys étant plus fréquents, je me suis mis à consommer drogue et alcool. Malheureusement, ces mauvaises habitudes m’ont suivi tout le long de mon adolescence. C’était un cercle vicieux, car je n’y voyais aucun inconvénient ou problème de dépendance dû au fait que mon entourage consommait tout autant.

La conscience!

En vieillissant, ma consommation en est venue à nuire à mes relations amicales, amoureuses ainsi qu’à mes projets et à ma lucidité. Je n’étais plus moi, j’avais perdu le contrôle! Je ne me rendais pas compte de tout l’impact que cela pouvait engager autour de moi ni de la peine que je pouvais causer aux gens que j’aime. Cela m’a pris de nombreuses années avant de comprendre, de réaliser et d’accepter que l’alcool était ma pire ennemie! Il m’a fallu perdre beaucoup d’amis, de blondes et d’argent avant de frapper le mur. Même encore là plusieurs années se sont écoulées jusqu’à ce que j’aie mon fils. C’était définitif : j’étais allergique à la boisson!

Combien de personnes ai-je pu blesser autour de moi? Il n’était pas question que mon fils le soit à son tour. Je devais changer pour le mieux, pour mon bien à moi et celui de mon fils. Je devais briser cette routine qui durait depuis trop longtemps, depuis mon grand-père, mon père et moi-même qui étions alcooliques.

Aujourd’hui et maintenant, j’ai le contrôle de ma vie!

Maintenant, je peux vous dire que je suis fier, mais que la bataille n’est pas encore gagnée puisque ce sera un éternel combat. Mais je peux vous dire une chose : je suis fier de moi! Je suis fier puisque cela fait six mois que je ne consomme plus une goutte d’alcool. Je continue à croire que consommer nous fait sombrer dans le négatif et nous rend tous malheureux. Avec plus de recul aujourd’hui, je peux vous dire que la boisson, cette allergie incontrôlable où tu ne sais t’arrêter, m’a causé plus de mal que de bien. N’hésitez pas à demander de l’aide et n’ayez pas honte! C’est en parlant que les gens s’ouvrent sur leurs problèmes.

SIGNÉ : d’un père fier d’être sobre!

Voici des ressources d’aide pour dépendants à l’alcool, aux drogues ou aux jeux :

– Centre de réadaptation en dépendance pour obtenir des thérapies : https://www.ciusss-centresudmtl.gouv.qc.ca/nos-installations/centre-de-readaptation-en-dependance/

– Pour les proches, amis, familles de dépendants; Al-Anon ou simplement pour parler à quelqu’un : http://al-anon-montreal.org/

– Alcooliques anonymes : http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/

– Maison Jean-Lapointe : http://www.maisonjeanlapointe.org/

Traverser ça ensemble

J’ai toujours pensé qu’un couple de

J’ai toujours pensé qu’un couple devait un jour ou l’autre être confronté à un obstacle. Dans mon cas, ce jour est arrivé il y a quelques années. Ça faisait quelques mois que je me posais des questions. L’attitude de mon homme avait changé, il manquait de l’argent. Toutes les choses que je pouvais imaginer sont passées dans mon esprit. J’ai vécu une partie de ma deuxième grossesse avec beaucoup d’angoisse et de tristesse.

 

Un soir, j’ai donc décidé de prendre mon courage à deux mains. Je vivais dans le doute depuis trop de temps. Mon chum avait changé quelques mois après le début de ma grossesse qui nous apporta une belle petite princesse. Rien ne rentrait dans l’ordre, même qu’il était vraiment en chute libre. Je me suis donc mise face à lui en demandant avec mon air de glace : « Ce soir, tu vas me dire ce qui se passe! Tu me parles ou je pars avec nos deux enfants. » C’est alors qu’il baissa la tête en me disant que depuis un certain temps, il avait commencé à consommer…

 

Les mots tombèrent comme une bombe! Je m’en doutais, mais de l’entendre… J’étais fâchée. Pourquoi il avait eu besoin de se réfugier là-dedans? Qu’est-ce que j’avais fait? Était-il malheureux avec moi et nos enfants? Je ne comprenais rien. Je pris donc la nuit de repos en berçant ma fille. Les larmes coulaient sur mes joues. Ce fut dans le regard de ce tout petit être de deux semaines cette nuit-là que je trouvai la force. Je décidai alors de partir une semaine chez mes parents avec mes enfants. Le matin venu, j’ai regardé mon chum et je me souviendrai toujours de mon discours :

 

« J’ai décidé de partir chez mes parents, car je trouve qu’avec les conneries que tu fais en ce moment, tu ne nous mérites pas. Demain matin, à ton réveil, avec la solitude qui sera autour de toi, tu te demanderas si c’est vraiment ça que tu veux! Si tu prends la décision de t’en sortir, je serai là, mais avec certaines conditions à respecter. Si tu veux continuer dans cette voie actuelle, tu risques de tout perdre. Ton travail, ta maison, ta famille et peut-être même ta vie. »

 

Je partis donc avec mes enfants qui mettaient quand même un baume sur cette peine. Mon chum m’appela tous les jours, plusieurs fois par jour. Il pouvait venir voir ses enfants quand bon lui semblait. Il vécut une semaine seul en voyant que sa famille était beaucoup plus importante que de se geler. Je revins alors avec des règles strictes à respecter :

          Fournir toute facture

          Montrer ses talons de paye

          Revenir à la maison directement après le travail

          Changer de fréquentations

Il n’avait plus la possibilité de me cacher quoi que ce soit. Oui, il a vécu deux fois une rechute. Par contre, j’avais pris le temps de parler à d’anciens toxicomanes qui m’avaient donné des trucs pour détecter facilement si mon conjoint avait consommé. Je pouvais le savoir même au bout du téléphone. Il était coincé, soit il s’en sortait avec mon aide ou il allait en centre fermé. (Chose qu’il ne voulait pas trop, car nous avions quand même un fils qui voulait son père)

 

Devant notre garçon alors âgé de deux ans et demi, on essaya de rester neutre et de faire comme si de rien était. Notre fille, quant à elle, était tellement petite que nous avions moins d’inquiétudes. Mes parents ont été d’un grand support et ont toujours cru en mon amoureux. J’aurais aimé pouvoir en dire autant de sa famille, mais eux ont préféré fermer leurs yeux sur tout ça. Eux étaient au courant de tout et ne me disaient rien.

 

Pour arriver à passer au travers de toute cette histoire en gardant ma tête sur mes épaules, parler à mon entourage a été ma thérapie. J’ai été franche avec mon conjoint que je ne pouvais pas faire semblant de rien. J’avais besoin de parler à mon monde pour trouver l’énergie et il n’a pas eu trop le choix de comprendre.

 

Moi qui avais avant des préjugés sur les personnes qui avaient ce genre de problèmes, ma perception changea à ce moment. Aujourd’hui, je me rends compte que personne n’est à l’abri d’une dépression ou d’une faiblesse. Il ne faut pas oublier que dans le fond, ces personnes souffrent et ont juste besoin d’une bonne poussée vers le haut. Il faut savoir être ferme et ne pas les prendre en pitié tout en montrant que nous sommes là pour eux. Presque dix ans après cet épisode, tout va bien. Sans dire que je recommencerais, car oh! Non, je n’en serais pas capable. Je crois que toutes les embûches nous font grandir et apprendre. Donc aujourd’hui en regardant en arrière, je crois que j’ai beaucoup appris de tout ça. Je crois même qu’aujourd’hui, ça fait de nous (mon conjoint et moi) de meilleures personnes.

 

Eva Staire

 

 

Le plus fort c’est mon père

Paraît que les odeurs sont ce qu’il y a de plus f

Paraît que les odeurs sont ce qu’il y a de plus fort pour raviver des souvenirs. Pourtant cette semaine, en voyant défiler une nouvelle sur mon fil d’actualités Facebook, c’est une image qui m’a ramenée très loin dans le temps… Au temps où j’adorais que ma maman me fasse des lulus et où je dormais dans un lit en fer forgé rose bonbon.

Cette image m’a transportée dans un des moments les moins glorieux de mon enfance. La seule chose qui n’est pas embrouillée de ce souvenir, c’est cette image : le fameux coq jaune et rouge sur l’étiquette bleue de la Laurentide…

D’aussi loin que je me souvienne, mon père a toujours été aimant. J’étais sa précieuse, son véritable miracle inséminé artificiellement au beau milieu des années 80. Mais d’aussi loin que je me souvienne, malgré que je sois enfant unique, nous étions quatre à la maison. Mon père avait une relation malsaine avec l’alcool, une relation d’amour/haine qu’il ne contrôlait pas.

Le souvenir que j’ai du célèbre coq est lié directement à la première fois où j’ai compris que quelque chose clochait avec cette dépendance qu’avait mon père.

Assise à ses côtés dans la voiture, j’avais entre les mains un sac de friandises, et lui, entre les cuisses, sa canette de Laurentide. On était là tous les deux, stationnés sur le quai à regarder les bateaux de pêche rentrer du large. Il me faisait rire, je le faisais sourire, un de nos nombreux beaux moments père/fille.

Quand un policier a cogné contre la vitre de la voiture, le visage de mon père s’est assombri. Je me rappelle que tous les deux chuchotaient. Je me rappelle de mon père suppliant le policier de le laisser me ramener à la maison. Tout à coup, plus rien n’était beau dans ce moment. Mon père a refermé sa fenêtre, a posé sa main sur ma jambe et avant de m’embrasser sur le front, m’a fait un grand sourire : « Papa va te ramener à la maison. »

Nous sommes sortis de l’auto, je suis entrée dans la maison, mais pas lui.

Les années ont passé et nous étions toujours quatre à la maison, mais maintenant, je le savais, je comprenais. Même si ma vie était belle et joyeuse, pleine d’amour et de bons moments, même si j’étais toujours tenue à l’abri des conséquences de cette maladie qu’avait mon père, je savais. Le début de l’adolescence, les hormones en ébullition et le désir de vouloir être traitée en adulte face à ce problème m’ont apporté leur lot de frustration. Jusqu’au point de tout lui balancer en plein visage : « Tu es dégueulasse, t’es tout le temps saoul, tu m’écœures! »

Je lui ai fait tellement de peine… et tellement de bien à la fois. Il avait finalement compris toute la haine que j’avais envers cette maudite étiquette bleue ornée d’un coq.

Nous sommes devenus une famille de trois, non pas sans embûches, mais avec beaucoup de patience, d’aide et de résilience. Il a été le plus fort, il a combattu et gagné beaucoup de batailles, il en a aussi perdu quelques-unes. J’imagine que tous ces combats étaient en fait les préliminaires du plus grand combat qui l’attendait à l’aube de ses soixante ans.

Quand le cancer s’est amené dans notre famille, je savais que ce serait sa dernière bataille. Que tous les combats de sa vie l’avaient affaibli malgré son caractère de cochon (digne héritage que je chéris), son désir de vaincre et de vivre.

Mais je savais aussi qu’il avait été, qu’il était et qu’il serait toujours pour moi, le plus fort.

 

 

Karine Arseneault

 

Allaiter un bambin? Pourquoi pas!

"Il n'existe pas de plus grande cause de sevrage que l'effet des opinions d'autrui sur nous"  -

“Il n’existe pas de plus grande cause de sevrage que l’effet des opinions d’autrui sur nous”  – Norma Jane Bumgamer

Depuis déjà plusieurs mois que je souhaite aborder le sujet. Et comme mes nombreuses années d’allaitement tirent maintenant à leur fin, il est grand temps que je le fasse! J’ai allaité mes deux plus vieux jusqu’à 15 mois, mon troisième jusqu’à 3 ans et j’allaite encore le petit dernier qui va bientôt avoir 3 ans lui aussi… Au total, si on ajoute mes trois grossesses, je terminerai bientôt ma onzième année d’allaitement et de pur attachement.

Allaiter un bambin, c’est parfois avoir l’impression de sortir du garde-robe. Surtout lorsque bébé a plus de 18 mois. Et sérieusement, 18 mois, je suis conservatrice… J’ai souvent eu l’impression de faire un “coming out” lorsque j’annonçais aux gens que j’allaitais encore mon enfant de 3 ans. Oui, il a des dents, il parle, il marche et il est capable de me dire ce que goûte mon lait.

La nature humaine est tellement bien faite qu’à cet âge la production s’adapte très bien aux besoins de l’enfant. Et il faut savoir que c’est tout à fait naturel d’allaiter un bambin puisque l’âge du sevrage non dirigé, c’est-à-dire quand l’enfant délaisse de lui-même l’allaitement, varie entre 2 et 7 ans. Et d’ailleurs, dans plusieurs pays du monde l’allaitement prolongé est culturellement plus accepté, notamment parce que la survie des enfants en dépend.

Le sevrage dirigé est quant à lui amorcé à partir du moment où l’on offre du lait autre que maternel à l’enfant. Et on dit que quatre mamans sur cinq vont sevrer leur bébé en raison de la pression sociale sans même s’en rendre compte. Les opinions et croyances au sujet de l’allaitement des ami(e)s, du conjoint, de la famille et du personnel de la garderie pèsent souvent dans la balance. La pression peut aussi être due au fait que le congé de maternité prend fin. Plusieurs mères croient à tort qu’il ne leur sera pas possible de concilier travail et allaitement et commence à sevrer l’enfant plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant leur retour au travail. Or la logistique entourant la conciliation travail-allaitement est beaucoup plus simple qu’on le pense et il est toujours possible d’adapter l’horaire d’allaitement à l’horaire de travail. D’autant plus que l’enfant allaité est beaucoup mieux protégé contre les virus qui courent bien souvent à la garderie. Des recherches l’ont maintes fois démontré, il y a beaucoup moins de petits nez qui coulent ou de vilaines gastros chez les enfants nourris au sein. Et non, aucune préparation lactée ou autre lait n’arrive à la cheville du lait maternel! Il y a entre 12 et 15 éléments supérieurs dans le lait maternel qui sont impossibles à recréer.

Le lait maternel diminue aussi les risques que l’enfant souffre de leucémie, d’obésité, de diabète, d’asthme, d’eczéma, de maladie coeliaque, d’infections respiratoires, de troubles de comportement et j’en passe. Et, sans oublier le fameux QI (quotient intellectuelle) qui peut être augmenté de quatre à cinq points supplémentaires avec un allaitement à long terme. Donc, plus l’allaitement est long, plus on permet à l’enfant d’atteindre son plein potentiel d’intelligence. De plus, pour la maman, les risques de souffrir d’un cancer du sein ou des ovaires, de diabète de type 2, d’ostéoporose, d’arthrite rhumatoïde ou d’hypertension artérielle sont grandement diminués. C’est pas mal ça? Non?

Ces informations sont déjà connues et véhiculées par plusieurs médias : cours prénataux, guide pratique Mieux vivre avec votre enfant, sites internet, magazines, etc. En fait, depuis plusieurs années, les autorités de santé publique et autres organismes en faveur de l’allaitement travaillent très fort pour en promouvoir les bienfaits. Mais c’est un peu David contre Goliath. Les géants de l’industrie pharmaceutique et alimentaire qui fabriquent les préparations lactées dépensent des sommes faramineuses en marketing et en publicité. Fait encourageant, après avoir atteint des sommets, la popularité des préparations lactées est en perte de vitesse depuis le début des années 80. Mais la bataille est loin d’être gagnée. Il faut donc continuer à sensibiliser et à conscientiser les générations futures sur les bienfaits de l’allaitement pour que celles-ci ne se posent même plus la question à savoir si leurs enfants seront allaités ou pas.

En conclusion, il ne faut pas oublier que ces courtes années d’allaitement sont des moments-clés et privilégiés dans la vie de nos enfants. Le fait de leur offrir un sevrage naturel leur permet de développer leur indépendance à leur propre rythme et, par le fait même, de bâtir une solide confiance en soi.