Tag soir

Complicité du soir

Ce soir, j’ai couché mes enfants trop tard. J’étais bien inten

Ce soir, j’ai couché mes enfants trop tard. J’étais bien intentionnée, pourtant ! Mais l’heure a filé sous mon nez. Pourquoi, me direz-vous, ai-je donc négligé l’heure du coucher ? En plein milieu de semaine… crime de lèse-majesté, OMG ! Jetez-moi en prison, ça presse.

Ce soir, j’ai couché mes enfants plus tard que d’habitude. Même les petits, remplis de leur besoin de dormir pour bien grandir et bien apprendre. J’ai osé défier la loi inébranlable de la routine du dodo. Tic tac tic tac… pendant combien de jours leur humeur sera-t-elle hypothéquée, ma foi !

Ce soir, j’ai couché mes enfants plus tard, parce que. Oui, oui, parce que. Parce qu’on avait le goût de se coller, bien empilés au milieu des doudous. Parce qu’on a pris le temps de lire un chapitre, puis un autre, et encore un autre. Et même un autre livre. Au complet celui-là. Sens dessus dessous. En plus d’avoir regardé le film en fin de semaine. Un peu accroc, me direz-vous ! C’était à la demande des enfants. Et au bonheur de maman.

Une chose en entraînant une autre, on a jasé d’émotions. De cerveau. Du fait que les mamans et les papas aussi ont des émotions. Qu’une maman fâchée, ça se peut, et que ça n’a pas nécessairement l’air du personnage de Colère enflammé et prêt à tout détruire. Une colère, c’est comme le reste, ça peut s’exprimer sainement.

On s’est dit que le dégoût et la peur peuvent sauver des vies. Sans eux, vous mangeriez de la viande restée sur le comptoir pendant des jours et vous traverseriez les boulevards sans regarder des deux côtés. Elles sont utiles, les émotions !

On s’est rappelé une de mes idées fétiches : une émotion qu’on n’exprime pas, ça pourrit en dedans et ça finit par puer le vieux fromage pourri. Aussi bien la laisser sortir avant que ça empeste !

On s’est aussi rappelé que même la joie, ça peut casser des fenêtres et briser des cœurs. « T’sais maman, la fois où j’étais trop excité et que j’ai cassé mon jouet en le lançant… ». Oui, je sais. Tu t’étais laissé emporter par un débordement d’émotion. Et tu as été bien triste juste après.

« Et toi, quelle émotion ressens-tu le plus souvent ces temps-ci ? »

« De la joie, beaucoup de joie ! Mais à l’école, un peu de tristesse aussi, parfois. Mais je n’ai pas le goût d’en parler. »

« C’est bien correct, tu sais. Je suis là si tu veux en parler à un autre moment. Ton professeur et ta sœur aussi. »

Et la tristesse ? Elle a sa place dans l’histoire ? C’est désagréable, la tristesse. C’est moche. Mais c’est temporaire.

« Tu te souviens quand tu as été triste l’autre jour ? Qu’est-ce qui t’a aidé à passer par-dessus ta peine ? »

« Ben… je suis allée te voir pour en parler, et tu m’as aidé à réparer mon jouet. »

Voilà. Tout est dit. Une émotion, on la ressent, on l’observe, et on agit. Ou pas.

Ce soir, au milieu des doudous, il y avait mes petits minous chéris qui avaient peut-être plus besoin de se coller et de jaser d’émotions que de dormir 30 minutes de plus.

Ils ont à peine eu le temps de se rendre à leur oreiller qu’ils dormaient déjà, apaisés par une conversation toute simple, cœur à cœur, accompagnée de plein de colleux réconfortants.

Ce soir, la tristesse, la colère, la peur, la joie et le dégoût avaient droit de cité dans nos mots. Mais je peux vous jurer que mes cocos se sont endormis avec la joie au cœur. Et moi aussi, je m’endormirai avec l’impression de bercer mes chatons en leur disant des mots doux.

Nathalie Courcy

Sortir le soir

J’ai toujours aimé ça : sortir le soir. Aller dans les bars,

J’ai toujours aimé ça : sortir le soir. Aller dans les bars, savourer des ailes de poulet, boire de la bière, sentir l’odeur du tabac, danser jusqu’au petit matin… À quinze ans, j’ai commencé à rentrer tard le soir et à fréquenter ces endroits mystérieux et rassurants. Je m’y suis toujours sentie à ma place.

Puis un jour, j’ai eu des enfants. Quand mon ventre s’est arrondi, je n’ai plus eu envie de sortir. J’étais fatiguée, nauséeuse… Quand bébé est arrivé et m’a volé toute mon énergie, je ne sortais pas non plus. Je ressentais le besoin de rester collée à lui, je ne voulais pas me séparer de lui. Puis vinrent bébés numéro deux et numéro trois. Trois enfants en trois ans et demi! Les seuls moments où je pouvais avoir une soirée de libre, je la passais avec mon chéri!

Quand numéro trois a eu dix-huit mois, j’ai eu de nouveau la piqûre… Pour la première fois depuis des années, je suis retournée voir un concert, puis un autre, et encore un autre… Ces occasions étaient rares et précieuses! Mon échappatoire et ma soupape!

Petit à petit, mes enfants ont grandi… Cette année, je fête mes quarante ans. Eux vont avoir seize, quatorze et douze ans. Ils sont autonomes! Alors, le soir, leur maman sort dans les bars! Parfois avec son amoureux, d’autres fois avec ses amis. Leur maman est très souvent en shows. Elle fait presque tous les festivals l’été et adore l’ambiance de Woodstock!

Mes enfants me regardent aller avec fierté. Pourquoi? Parce que je savoure chaque journée et que je profite de la vie! Je m’amuse! Et ça fait de moi une bonne maman parce que ça m’aide à lâcher prise! Je remercie la petite chose rectangulaire qui me permet de rester en contact avec eux en cas de besoin quand je vais lâcher mon fou!

Et qui sait? Un jour, peut-être que je leur ferai découvrir les planchers collants des bars le vendredi soir et la multitude d’artistes que l’on peut y découvrir. Un jour, ils se laisseront eux aussi porter par la musique, la tête légère de houblon et le corps qui bouge au rythme du rock québécois.

Gwendoline Duchaine

 

La fatigue du soir

La fatigue du soir, vous connaissez? Oui, vous la connaissez

La fatigue du soir, vous connaissez? Oui, vous la connaissez. Celle qui vous rampe dessus le soir (parce que trop crevée pour sauter sur vous), celle qui vous vide de vos émotions, de vos réflexions. Celle qui vous fait mal d’être réveillée. Celle qui vous traîne dans la maison comme un zombie qui répète en boucle dans sa tête la liste des choses qu’il reste à faire avant de vous effondrer sur votre lit. Celle qui démarre votre coach privé interne qui vous soutient, comme si vous alliez atteindre le fil d’arrivée: «Lâche pas ma belle, tu es à deux tâches d’y arriver!» Et de l’autre côté, votre petite voix d’athlète crevée qui se bat et s’obstine avec le coach: «Non! Ce soir, je n’y arrive pas. Je m’écroule avant.» Et il y a celle qui cherche un compromis: «D’la marde! Je fais ça demain matin!» Mais qui sait très bien que c’est impossible dans votre horaire. Si elle l’a dit, c’est simplement pour vous encourager. D’ailleurs, ça a fonctionné, puisque les deux secondes où vous y avez cru vous ont fait du bien.

Cette fatigue qui vous tombe dessus d’un coup, sans prévenir et qui vous pousse à vous demander : «Mais comment, bon Dieu, ai-je réussi à me rendre jusque-là?» Vous avez assuré pour les devoirs, le souper, le bébé, la vaisselle, le bébé, les bains, le bébé, les chicanes, les dodos, les verres d’eau, les pipis, les «mamans!», sans même vous en rendre compte. Mais soudainement, en fermant la porte de leur chambre, votre corps vous a dit: «Woow la grande! Je veux ben mais là, pose ton tit derrière parce je te back pu

Vous êtes passée devant un miroir et pendant quelques secondes, vous vous êtes demandé: «Ouf! Est-ce que j’avais l’air de ça aujourd’hui?» Mais finalement, vous n’en n’avez rien à cirer, vous êtes vidée. D’ailleurs, cette expression prend tout son sens maintenant; vous avez mal au dos, aux pieds, vous avez les yeux secs, la bouche molle, les paupières lourdes.

En montant vous coucher, à la deuxième marche, vous vous rappelez le biberon que vous avez oublié de préparer pour la nuit, alors vous redescendez. Bon, c’est fait. Vous remontez de peine et de misère vers votre chambre. En déposant une fesse sur votre matelas, vous entendez votre enfant tousser et renifler dans sa chambre. «Ouch!» Ça vous revient; vous vouliez lui installer l’humidificateur pour la nuit. Vous vous consolez en vous disant qu’au moins, vous ferez cette tâche en pyjama. Votre coach est de retour: «Lâche pas ma grande, t’es à deux enjambées près!» Vous y allez. Chaque pas vous fait mal aux jambes. Voilà qui est fait.

Plus vous approchez de votre chambre, plus vous sentez la paix vous envahir. Vous vous laissez tomber sur le lit. Vous fermez les yeux. «Aah!» Ça y est, vous y êtes enfin. Tout à coup, vous entendez des miaulements en bas: «Ah! shit!» Le chat n’a plus de bouffe. Vous refermez les yeux, en tentant de vous convaincre que ça peut attendre à demain. Il miaule une autre fois, puis une autre. «Câ#!!#!!» Vous êtes tentée de crier à votre conjoint, en bas, pour lui demander de s’en charger (parce qu’évidemment, sans vous, le chat serait mort de faim depuis longtemps), mais vous savez très bien que crier réveillera les enfants qui de toute façon, se feront réveiller par le chat si vous n’y allez pas (il ne manquerait plus que ça). Alors vous faites ce que vous avez à faire.

Évidemment, le bol du chat est au sous-sol, alors vous descendez ce qui vous semble être des milliards de marches pour vous y rendre. Au passage, vous croisez les trois paniers de vêtements à plier et les six piles à ranger, vous apercevez du coin de l’œil ce qui pourrait être le salon, mais vous n’en êtes pas certaine vu son état. En passant devant la salle de jeux, vous constatez qu’avant d’aller dormir, votre enfant avait échappé des tonnes de billes à colliers sur le plancher et qu’elles y sont toujours. Vous fermez les yeux et vous soupirez.

En remontant vous coucher la quatrième fois, vous faites un détour vers la chambre des enfants. Non pas parce que c’est sur votre liste, mais parce que vous en avez envie. En entrant dans la chambre, vous vous sentez tout à coup juste… bien. Vous réalisez que finalement, de ces tâches et de ces piles, il ne vous restera rien du tout. Mais ce petit bruit que fera votre garçon lorsque vous déposerez un baiser sur son front, cette caresse que vous ferez sur la joue si douce de votre bébé endormi, ce doux parfum que vous respirerez en embrassant les cheveux de votre fille, vous ne les oublierez jamais. La fatigue disparaîtra, mais ces petits moments de bonheur, vous les porterez toujours.

Karine Delorme

 

Mon marathon désorganisé

Je vous envie un peu, beaucoup (je dirais même à la folie), vous,

Je vous envie un peu, beaucoup (je dirais même à la folie), vous, les gens bien organisés. Ici, dans ma maison, toutes les tentatives d’engager madame organisatrice ont échouées. Je suis pourtant remplie de bonnes intentions, mais sans succès.

Depuis plusieurs années, j’essaie très fort d’introduire une certaine routine de préparation dans ma vie de maman. Quand je n’avais que moi à gérer dans mes petites bottines, je détestais avoir une structure de vie. Pour moi, l’organisation tuait la spontanéité. Pour être honnête avec vous, je la trouvais même ennuyante. J’aimais que la vie me surprenne chaque jour, j’appréciais n’avoir aucune idée de la suite des choses. Je voyais ces femmes noter tout dans leur agenda, avoir des « to do list ». Elles semblaient être réglées comme une horloge. Je peux dire que leur emploi du temps semblait extrêmement bien structuré, mais à cette époque, je ne voulais en rien leur ressembler. Maintenant, je les comprends tellement.

Me voilà, aujourd’hui, maman d’un grand soleil de 8 ans et d’un petit loup de 20 mois. Le matin est toujours digne d’une course olympique dans notre petit nid. Tout doit se passer si rapidement qu’Usain Bolt serait médaillé d’argent s’il nous avait comme adversaires.

Je me lève trop tard. Ensuite, je dois faire les lunchs, habiller mon trotteur, lui donner la toast qu’il me demande pour qu’il me la rejette en hurlant, car ce n’est pas LA rôtie qu’il veut. Puis, mon grand bonhomme ne désire pas s’habiller, il souhaite regarder la télévision. Je sens la tension monter en moi. C’est à ce moment que je cherche la boîte à lunch et qu’elle est introuvable. Je me dis que j’aurais vraiment dû la préparer la soirée d’avant. Le moment venu de quitter la maison, je veux le parapluie et devinez qui a disparu de sa cachette? Hé oui! Le parapluie a fait une fugue. Ouf… je suis déjà épuisée.

La soirée n’est pas plus paisible. Papa termine le travail à des heures toujours différentes, souvent plus tard que tôt. Je me transforme alors en poule pas de tête. J’arrive, je lance les sacs au sol, je dépose petite bouille sur le plancher et demande à mon petit écolier de faire ses devoirs. Par la suite, je me pose la fameuse question « qu’est-ce qu’on mange pour souper? ». Je regarde l’heure, je me dis que le temps presse, Lilix, de son surnom, semble affamé. Tellement qu’il essaie, lui même, de faire à manger en se disant qu’il pourrait se transformer en bacon sautillant sur le plancher. Voilà que je m’efforce à gérer la crise en plus de mon grand coconut qui m’obstine qu’il ne veut pas faire ses devoirs ce soir, qu’il les fera demain. Il désire sortir jouer, mais bien entendu je suis DÉBORDÉE, donc je n’ai pas du tout le temps de le surveiller, alors la réponse est non. Nous avons également droit à du boudin pour le souper. J’apprécie grandement leur aide, mais du boudin au bacon, je n’aime pas! Une heure plus tard, je finis par trouver une idée de repas rapide et nous finissons par manger. Par après, la course folle au bain arrive, mon mini se débat pour être certain que je sois incapable de lui mettre sa couche. Je vous dirais même que c’est une grosse torture pour lui. Le pyjama, lui, je n’en parlerai même pas. L’heure du dodo sonne enfin!

Le dernier bisou rempli de rêve donné, je descends les marches à pas de souris. C’est aujourd’hui que je vais changer. C’est ce soir que je prépare tout pour demain. Je me donne le droit à une petite pause. Je m’installe confortablement et je regarde mon Facebook. Le temps passe et je bâille aux corneilles. Je décide de me coucher, me disant que je ferai tout demain. Et voilà que le matin venu le marathon olympique recommence…