Tag système scolaire

La maternité, un droit donné à toutes… malheureusement non ! – Texte : Annie Corriveau

Avec toute cette controverse cette semaine à propos du départ d’une enseignante en congé de mat

Avec toute cette controverse cette semaine à propos du départ d’une enseignante en congé de maternité, je me devais de mettre mon petit grain de sel !

Toutes les femmes n’ont pas cette chance de pouvoir porter un enfant. Plusieurs aimeraient tellement connaître cette joie, ce bonheur de sentir grandir ce petit être en soi. Une grossesse, c’est comme gagner à la loterie. Certaines vont gagner le gros lot plusieurs fois et certaines autres jamais. Une grossesse, ça ne se décide pas comme ça, c’est un hasard. Ça peut se planifier, oui, mais ça n’arrive pas quand on le décide mais quand ça arrive.

Quel que soit le métier que tu pratiques, tu as le même droit que chaque femme à la maternité. Que tu sois policière, comptable, secrétaire, enseignante, chaque femme est libre de porter la vie. Le débat de cette semaine ne devrait pas être sur ce droit, mais bien sur les causes du manque d’enseignants en ce moment.

Le problème du manque d’enseignants n’est vraiment pas causé par les femmes qui deviennent enceintes. C’est un problème de société, tant qu’à moi. C’est certain que pour un enfant, changer d’enseignant à chaque deux mois n’est vraiment pas l’idéal, mais il est où le vrai problème ? Qu’en est-il des vraies raisons ?

Je suis maman. La vie m’a choyée avec deux beaux enfants en santé et j’en suis reconnaissante chaque jour. J’ai aussi été enseignante. J’ai enseigné un an le français au secondaire et je vais vous dire pourquoi j’ai quitté. Et là, je vous parle en toute sincérité et en connaissance de cause. Vous croyez que les enseignants sont chanceux parce qu’ils ont tout l’été de congé, qu’ils ne travaillent pas les jours fériés, qu’ils ont plein de journées pédagogiques. Allez passer ne serait-ce qu’une semaine dans une école à faire toute la planification, la recherche de matériel, s’assurer que chacun de vos élèves a accès aux ressources auxquelles il a droit, à gérer les plans d’interventions, l’enseignement, la correction, l’aide aux devoirs, la récupération. Vous pensez sincèrement que ces sept semaines de vacances sont exagérées. Une année scolaire pour un enseignant, c’est comme un marathon. Tout le monde franchit la ligne d’arrivée, pas tous à la même vitesse, pas tous avec la même énergie. Une seule année m’a permis de constater à quel point être enseignant est une vocation.

Et oui, j’avais un contrat encore cette année comme enseignante. Oui, j’ai dû me désister de mon contrat car je me suis trouvé un autre emploi. Est-ce que ça m’a brisé le cœur d’abandonner mes élèves en pleine année scolaire ? TELLEMENT ! Alors de dire que c’est sans émotion qu’une enseignante quitte en congé de maternité, OUF… Personnellement, ça m’a brisé le cœur, mais encore là, pour quelle raison ai-je quitté ? Le salaire, la charge de travail, l’essoufflement. Une année, une seule année et jamais au grand jamais je ne vais critiquer les raisons pour lesquelles un enseignant ou une enseignante quitte en pleine année scolaire.

Ce problème, il faut vraiment le régler en société. La profession enseignante n’est tellement plus valorisée aujourd’hui. Il faut vraiment se poser des questions. Connaître les raisons du pourquoi. Qui se doit de régler ce problème ? Moi, vous… non, malheureusement !

Annie Corriveau

Le ministre de l’Éducation dérape, les familles du Québec écopent

Nous aurions pu croire que notre nouveau ministre de l’Éducation,

Nous aurions pu croire que notre nouveau ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, choisirait d’utiliser l’argent des contribuables pour optimiser notre système d’éducation, mais non! Il préfère plutôt s’acharner sur les familles qui se retirent du système. Comment? En modifiant drastiquement un règlement sur l’enseignement à la maison qui venait tout juste d’être adopté à l’Assemblée nationale en juin dernier. En orchestrant une attaque en règle contre la liberté éducative. Il ne s’agit pas ici d’un combat entre parents-éducateurs et intervenants en éducation mais plutôt d’une cause commune : le bien-être des enfants.

Pourquoi ne pas avoir attendu les résultats de cette année de transition avant de tenter d’imposer une marche à suivre encore plus restrictive? Une cinquantaine d’études se sont penchées sur les apprentissages en famille. Dans l’ensemble, elles ne confirment aucune inquiétude sur le développement socioaffectif des enfants scolarisés à domicile, leurs performances académiques ou leur intégration sociale à l’âge adulte (voir L’école à la maison au Québec : un projet familial, social et démocratique de Christine Brabant). Les parents font aussi bien que l’école, sinon mieux. Alors, pourquoi ignorer les recommandations de souplesse de la protectrice du citoyen?

L’équipe de Ma Famille Mon Chaos compte deux collaboratrices qui font l’école à la maison : Elisabethe & Elizabeth (si vous voulez une fille rebelle, vous savez comment l’appeler!). Nous avons uni nos plumes aujourd’hui pour répondre à la fameuse question : si vous offrez réellement une éducation de qualité à vos enfants, qu’est-ce que ça peut bien faire qu’on vous oblige à suivre la progression du programme québécois et la passation des examens ministériels?

Simplement? Ça nous empêche de faire de notre mieux. Nous avons la chance de pouvoir offrir une éducation sur mesure. Expérimenter une variété de programmes et choisir ceux qui répondent le mieux aux forces et aux faiblesses de nos enfants. S’adapter aux occasions du quotidien plutôt que d’imposer une scolarité rigide et déconnectée de notre réalité. Consacrer temps et énergie aux apprentissages, sans perdre une minute avec des examens. De nombreux enseignants se lèvent eux-mêmes pour dénoncer le fait que les examens ne représentent pas adéquatement l’expérience éducative vécue en classe. Alors, pourquoi accepter l’imposition d’une mesure dénoncée à l’intérieur même du système scolaire? Nous pouvons comprendre qu’un enseignant utilise un examen pour prendre le pouls de sa classe, mais un parent-éducateur qui guide son enfant, en un à un, n’a pas besoin d’examen. La diversité des méthodes est une richesse à protéger!

Vous êtes les premiers à admirer les profs innovateurs et stimulants. Ceux qui s’informent des dernières découvertes en éducation, bâtissent une relation de confiance avec leurs élèves et leur offrent des projets stimulants… Hé bien, c’est ce que nous voulons vivre avec nos enfants et ça nécessite de la flexibilité. Si un voyage, un spectacle, un événement, une exposition, une lecture ou une rencontre allume une étincelle de curiosité chez Marius, Iris, Astrid ou Hadrien, maman Elisabethe voudra profiter de leur motivation. Il est donc possible que l’ordre et le rythme des apprentissages diffèrent par rapport à une classe typique.

L’aîné d’Elizabeth, Emerick (11 ans), résume ainsi la problématique : « Le ministre se présente comme un sauveur qui veut aider les enfants qui se retrouvent dans les écoles religieuses illégales, mais sa solution pénalise les enfants qui font l’école à la maison. Ce n’est pas la bonne solution. C’est un peu comme Thanos (personnage du film Avengers: Infinity War) qui veut sauver l’Univers mais qui utilise une terrible solution. » Bon, c’est un peu intense comme comparaison, mais vous comprenez l’idée!

Donnez-nous la chance de suivre les meilleures pratiques proposées par le Conseil supérieur de l’éducation et d’expérimenter le règlement actuel. Au lieu de nous imposer des examens, laissez-nous démontrer la progression des apprentissages de nos enfants par portfolio (méthode que les experts, les chercheurs et plusieurs écoles alternatives considèrent comme plus efficace) dans les matières de base (langue française, langue seconde, mathématique, science et technologie, arts, développement de la personne et univers social).

Maintenant, nous avons besoin de votre aide. Vous croyez que ça ne vous concerne pas? Pourtant, nous ne connaissons pas un seul Québécois qui laisserait bafouer les droits et libertés de ses concitoyens sans protester. Nous sommes vos voisins, vos amis, vos collègues ou des membres de votre famille. Nous avons besoin de votre ouverture et de votre soutien. Alexandre (8 ans) vous lance un candide appel à la solidarité et la justice : « Si tous s’unissent, nous pourrons y arriver. Les parents, les enfants, tous peuvent participer. »

Comment nous soutenir? Écrivez à votre député pour lui dire que la liberté éducative compte pour vous et que vous vous opposez fortement au projet de règlement qui viendrait modifier le règlement sur l’enseignement à la maison.

Pour trouver votre député, il suffit d’entrer votre code postal dans la boîte Mots-clés. Vous aurez facilement accès au nom de votre député et à ses informations de contact.

Merci!

Si vous voulez en apprendre plus sur l’expérience d’Elizabeth qui vit l’éducation à domicile au quotidien depuis quatre ans, nous vous invitons à lire ses articles déjà publiés :

Choisir l’enseignement à la maison :

Mes enfants ne vont plus à l’école

Avoir confiance en ses compétences de parent-éducateur :

Et si on sautait la maternelle?

La légalité de l’enseignement à la maison :

Sortir du rang

La richesse de notre aventure d’école à la maison :

Les apprentissages en famille (ressources pour le premier cycle du primaire)

Elizabeth Gobeil Tremblay

& Elisabethe Boucher

 

À toutes les « Mme Annie », merci!

En septembre l’an passé, mon grand petit bonhomme poussait la por

En septembre l’an passé, mon grand petit bonhomme poussait la porte de son école avec tout sauf un sourire… Nous avions passé les dernières semaines de vacances à essayer de le motiver, l’encourager. Rien à faire, il partait pour l’école ce matin‑là la mine basse et mon cœur de maman démoli. C’était la rentrée et chez nous, ce n’était pas joyeux comme dans les autres maisons. Ça ne peut pas l’être quand ton p’tit garçon de cinq ans se lève la nuit pour pleurer qu’il n’aime pas l’école, ça peut juste te briser le cœur… et chaque matin rempli de larmes nous rendait de plus en plus impuissants.

Puis les semaines ont passé et il s’est mis à nous parler de l’école à l’occasion… et parfois même avec un petit sourire timide. Chaque bonne journée était une lueur d’espoir.

Diagnostic de TDA, médications, adaptations, psychologue, pédopsychiatre, pédiatre, orthophoniste, orthopédagogue, ergothérapeute, éducatrice spécialisée… toute une armée pour outiller un petit garçon perdu au milieu du grand monde scolaire.

Et parmi eux… Mme Annie.

Derrière chaque bonne journée, il y avait Mme Annie.

Derrière chaque réussite, il y avait Mme Annie.

Devant chaque obstacle, il y avait Mme Annie.

Elle était là, la main tendue et le cœur grand ouvert.

Son désir de voir Miko s’épanouir et aimer l’école a été un baume sur chaque mauvaise nouvelle, sur chaque diagnostic incertain. Chaque bonne nouvelle et chaque petit bonheur méritaient d’être partagés avec elle.

Mme Annie a été notre phare dans une année de brouillard.

Elle ne faisait que son travail, nous le savons, mais elle l’a si bien fait qu’en juin, dans notre maison, il y a un petit garçon qui s’est levé en disant qu’il avait hâte aux vacances, mais qu’il avait aussi vraiment hâte d’aller en première année.

Je vous invite à nous partager vos belles histoires, à nous présenter vos « Mme Annie » à vous.

Karine Arseneault

Contes de mille et une écoles…

<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0p

Il était une fois une école où on faisait beaucoup plus qu’apprendre.

Dans cette école, les enfants avaient le bonheur de grandir et de déployer leurs ailes auprès d’adultes significatifs pour eux, entourés de grandes personnes bienveillantes et inspirantes.

Combien de bobos madame Marilou a-t-elle soignés? Elle ne les compte plus, bien entendu! Jamais elle n’a fait sentir, cette année encore, qu’un enfant la dérangeait lorsqu’il se présentait à elle pour donner un coup de fil à la maison : une boîte à lunch laissée sur le comptoir, des patins oubliés dans l’entrée, une clé permettant de rentrer dîner…

Monsieur Sylvain a accepté avec joie l’aide offerte par les petits comme les grands pour faire la tournée des classes et des salles de bain en fin de journée. Il a pris le temps de partager son savoir, les règles d’hygiène de base et a même récompensé ces enfants par des friandises, à l’occasion (manger des bonbons à l’école, c’est un grand bonheur, non?)

Les chauffeurs d’autobus peuvent également faire la différence dans la vie de votre enfant… Cette année, l’un d’entre eux s’est inquiété de ne pas revoir un enfant à l’arrêt habituel après le dîner. Ne voyant aucun véhicule dans l’entrée et connaissant la santé précaire du garçon, il a pris soin d’aviser le personnel de son inquiétude. Ce chapitre se termina de belle façon, somme toute, puisque le garçon en question avait simplement voulu s’octroyer un après-midi de congé… 😉

Au service de garde, cette année, j’ai vu plusieurs éducateurs se présenter bien avant leur quart de travail. Ils ont offert de leur temps pour surveiller des élèves et les aider dans différents projets.

J’ai vu madame Manon, pendant un voyage au chaud, en vacances, graver le nom de chacun de ses élèves dans le sable et leur fabriquer un cadre souvenir orné de sable et de coquillages; au-delà du souvenir bien tangible qu’est la photo, ils se souviendront surtout de la grande bonté de cette femme. 🌸

J’ai vu madame Nadine, notre directrice, panser les plaies d’un élève et tenter de retracer sa dent… Il doit assurément y avoir une ligne écrite en très petit dans les tâches connexes de son contrat qui l’ont forcée à agir de la sorte… 😉

 

J’ai appris que madame X (je tais son nom puisqu’elle ne souhaite pas être identifiée) paie, chaque année, les fournitures scolaires d’un enfant qu’elle ne connaît pas. Elle achète ce dont ses fils ont besoin et prépare un troisième sac qu’elle apporte à l’école à la rentrée scolaire. Cet enfant qui reçoit ce cadeau apprend qu’un humain, c’est beau.

 

J’ai connu plusieurs enseignantes qui, cette année encore, ont acheté des surplus pour leur classe puisque parfois, le crayon, la gomme à effacer, le cahier, le rapporteur d’angles, ils n’arrivent jamais.

 

J’ai connu des enseignantes et des éducatrices qui ont partagé leur collation ou qui ont apporté un fruit supplémentaire, sachant qu’un de leurs élèves ne mangerait pas à sa faim.

 

Cette école, c’est la mienne, c’est la vôtre, c’est celle de votre enfant. 😊

 

Cette école, vous l’ignorez peut-être, elle est remplie de petites fées qui veulent le meilleur pour votre trésor. 💜

 

Parlez-moi d’un adulte qui a fait la différence pour vous…

 

 

Karine Lamarche

 

Dois-je frotter la lampe ?

C’est une lourde responsabilité, d’être parent…

<p styl

C’est une lourde responsabilité, d’être parent…

Chacun de nos enfants est différent. Unique. Parfois, sans aucun signe visible. Nous cherchons tous à adoucir les contraintes qu’on leur impose. Le cadre structuré. Inadapté. Les bâtons, dans les roues d’un astronaute. L’incompréhension, nourrie par le refus de s’ajuster.

J’ai même risqué le rendre maussade, par une médication qui a cet effet secondaire. Tout comme elle diminue aussi son appétit. Pour le bien de la classe. Une paix alors voulue par l’enseignante. Épuisée par ses questions. Par son exception active. Confrontée à ses propres limites intellectuelles.

Je peux la comprendre, j’ai toujours alimenté sa soif de connaissance. Pour acheter un peu de quiétude, avec du contenu pour l’occuper. Malicieusement, jusqu’à lui donner des statistiques sportives à ingérer.

Souvent, j’observe discrètement mes enfants. Depuis qu’ils sont nés. J’analyse leurs interactions. Avec les autres, avec moi. Pour me rassurer qu’ils auront les outils de base pour affronter le monde extérieur. C’est ma tâche de les y préparer. Trop conscient des écueils. De tout ce qui peut éteindre. Atteindre. Blesser.

Tous les parents restent fiers. Des progrès. De l’épanouissement. Des tout petits riens qui parsèment leur parcours d’enfant. Ils sont si formidables. Encore plus dans un système scolaire qui veut tous les récompenser. Également. L’estime de soi, c’est une fibre fragile. Tissée par le doute.

Mais si votre enfant était vraiment différent ?

Se dévoilant dès la maternelle. Dans un groupe du même âge, pour mieux comparer. Les autres qui ne veulent pas jouer aux jeux mathématiques, parce que « c’est pas juste, si on n’est pas dans son équipe ! » Son évaluation de « TDAH », qui révèle une partie de son immense potentiel. On vous recommande un programme spécialisé, alors que lui, il veut seulement suivre ses amis. Au concours de mathématiques provincial, il se classera septième. Sur près de 16 000 élèves de son niveau. Il est alors le meilleur élève de l’école. Dans toutes les matières. Sans effort.

Vous feriez quoi ?

Il y a aussi le revers de la médaille. Ils sont des enfants hypersensibles, anxieux, isolés. Tout un poids à porter, sur de si frêles épaules. Je constate, déjà, que le téléphone ne sonne pratiquement jamais la fin de semaine. Il plonge plutôt dans la programmation avancée. Seul avec son écran. Avec son clavier pour s’exprimer pleinement.

À ma mesure, je vais continuer de le défier. J’ai au moins une certaine avance sur ses connaissances générales. Depuis un an, il dévorait les romans adultes en français ; il en est rendu à ceux dans la langue de Shakespeare. Il va me dépasser, c’est évident. Je vais devoir rester sur le quai, à le regarder partir. Fier et inquiet, à la fois.

Que ce moment arrive bientôt, ou non, je vais surtout lui parler en sachant qu’il comprend. Espérer être le meilleur tuteur qu’il peut avoir. Un guide. Échanger sur ses capacités, autant que sur les attitudes qu’il lui faut développer. Principalement, qu’il faut toujours faire des efforts à sa mesure. Le véritable étalon, c’est notre potentiel. Rien de moins.

Il comprendra bien assez vite que la société n’est pas un lieu paisible, pour les gens d’exception. Que les dirigeants, pour la très grande majorité, ils n’en sont pas. Que le système a des failles, qu’ils ne peuvent combler. Pire, que la réticence au changement est virulente. Que la vie n’est pas raisonnable.

J’ai décidé, je vais le laisser le plus longtemps possible sur la route du plus grand nombre…

 

michel