Archives janvier 2017

Pour toi, mon tendre lave-vaisselle!

Il y a maintenant cinq jours que tu m’as quittée. Ma vie en est t

Il y a maintenant cinq jours que tu m’as quittée. Ma vie en est toute chamboulée. Je me rends maintenant compte à quel point je te sous-estimais. Tu étais là et je ne te remarquais pas. J’ai fait ce que la plupart d’entre nous font lors d’une relation à long terme : je t’ai pris pour acquis!

Trop souvent, je t’ai rempli beaucoup plus que je n’aurais dû. Pire encore, il y a des fois où je n’ai même pas rincé la vaisselle avant de te la donner. Je sais même pas si tu aimais ça, les mottons?! J’en suis désolée, c’est juste que des fois, j’étais vraiment pressée. Je ne me rendais pas compte de tout ce que tu accomplissais pour nous. Ton absence se fait sentir, je me sens maintenant comme monsieur Miyagi dans Karaté Kid; laver, laver, essayer. Laver, laver, essayer.

Trois fois par jour, sans compter les petites grignotines ici et là. Cinq personnes minimum par repas, tu étais exténué et je ne m’en suis pas aperçu. J’ai tenté de te réanimer mais en vain. À coup de petite vache et de vinaigre, tu sentais bon, mais je te sentais me glisser entre les mains. Je t’ai même fait le bouche-à-bouche à partir de ton petit tuyau crasseux. Je te jure, j’ai fait tout ce que j’ai pu.

Maintenant, lorsque je lave ma vaisselle, le regard vide, je regarde dehors et je nous imagine main dans la main à gambader pieds nus. On se couche dans l’herbe côte à côte avec une quenouille dans la bouche à observer les nuages passer. Ou bien nous balançant, cheveux aux vents par un bel après-midi d’été.

Tant de fois, les enfants et moi avons dansé au rythme de tes vagues… va en paix, mon cher ami. Tu as donné le meilleur de toi-même.

Peace out body!

Geneviève Dutrisac

 

Confessions d’une maman (partie 2)

Confessions d’une maman (partie 2)

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Confessions d’une maman (partie 2)

J’aime ma minivan.

Voilà, c’est dit. Je pars ça fort de même.

J’aime la routine. Ça me sécurise, ça calme mon anxiété. (Oui oui, un break, ça fait du bien. VRAIMENT du bien! Mais pas trop longtemps, parce que sinon, les enfants deviennent des monstres. Et moi aussi.) Par contre, j’aime mettre de la magie dans notre routine, la « briser » avec des petites choses simples.

Je mange des cochonneries en cachette de mes enfants. Souvent.

Je ne pensais jamais répéter aussi fréquemment « J’peux-tu faire caca tranquille », « Enlève ça de ton nez! » ou « Ark!! Mets pas ça dans ta bouche! »

Des fois, je me mets à rire quand je chicane mes enfants. Oui. Dans leur face, je craque et je ris. Bravo mom, BRA-VO…

Quand mes enfants me répètent pour la dixième fois de suite « Mamaaaaaan, regarde-moi! Maman! Regarde! », je fais souvent semblant d’être vraiment impressionnée et intéressée. Par contre, je serai toujours leur plus grande fan. Pas de doute là-dessus.

Des fois, je suis une championne olympique de l’organisation.

Des fois, je suis la plus bordélique du monde et la plus étourdie. #mommybrain

Des fois, mes enfants m’énervent. Mais encore plus souvent, JE m’énerve MOI-MÊME.

Je relave beaucoup trop souvent les mêmes brassées de lavage. Ou quand ça va trop bien, c’est parfois la sécheuse que j’ai oublié de partir. #jeménervemoimême #mommybrain

Parlant de vêtements, nos bas sont presque tous orphelins. Mes enfants portent rarement deux bas pareils.

Je trouve que je ressemble de plus en plus à ma mère. Et je la comprends de plus en plus chaque jour. (Tu as fait une maudite bonne job, maman!)

Des fois, je me fais des scénarios de fous quand mes enfants se font mal ou qu’ils sont malades. Ça ne finit jamais comme ce qui pouvait m’être passé par la tête pendant une fraction d’une seconde.

Si on a la chance d’avoir un moment en amoureux, l’homme et moi (un souper au resto par exemple), c’est certain qu’on parlera inévitablement des enfants au moins la moitié du temps.

Même s’ils ont généralement une très bonne alimentation, mes enfants mangent aussi du McDo, de la pizza, du Kraft Dinner ou pas mal toute autre chose qui peut m’éconosmiser du temps, quand j’en ai besoin. Ben oui. Et quand je leur dis qu’on mange un souper-déjeuner, ils pensent que c’est surtout pour leur faire plaisir. HA! Un jour, ils comprendront.

Mes enfants m’ont fait prendre conscience de moi-même. Je ne savais pas que je me verrais autant à travers eux, que j’apprendrais à mieux me connaître. Qu’ils m’amèneraient à me dépasser, à (essayer de) faire de moi une meilleure personne.

Je ris quand mes enfants tombent (sans se faire mal, ne vous inquiétez pas).

Parfois, je crie. Je ne hausse pas le ton; je crie. Et je n’aime pas crier.

Il y a des jours où j’ai tellement hâte de pouvoir ENFIN les coucher! Quand l’heureux moment arrive finalement, aussitôt qu’ils se sont assoupis, je vais dans leur chambre pour les admirer et les bécoter. Malgré leur comportement dans la journée, quand je vois mes enfants endormis, je leur pardonne tout et je m’accuse de tout le reste.

La phrase : « Maman, t’es belle » me fait un bien indescriptible.

Je ne pensais jamais aimer autant de ma vie. Aimer à en avoir mal, aimer inconditionnellement.

Si j’écris tout ça, ce n’est pas pour me déculpabiliser ou quoi que ce soit d’autre. Je le fais juste parce que, comme toi, je suis une maman. Une maman qui a maintenant comme devise « choisir ses batailles ». Une maman qui, comme toi, fait de son mieux. Je suis une maman qui pleure parfois, mais je suis aussi celle qui a le pouvoir magique d’enlever les larmes de ses enfants et celui de les faire sourire ou rire instantanément (ok, parfois, c’est plus difficile que d’autres). Je suis comme toi une maman qui perd parfois patience, mais qui déplacerait des montagnes, peu importe le temps que ça prendrait, pour ses enfants. Je suis une maman, avec une vie de maman, qui même si c’est parfois bien difficile, ne changerait de place avec personne (bon, peut-être juste le temps d’une petite semaine dans le sud en amoureux…!).

Au fond, ce ne sont pas des confessions (mis à part pour la minivan, peut-être).

Je suis juste une maman.

Comme toi.

Et comme toi (même si certains jours, je pense le contraire), je suis une bonne maman.

Caroline Gauthier

Savoir se pardonner

Lorsque je me suis mariée et que j’ai eu mes enfants, je m’éta

Lorsque je me suis mariée et que j’ai eu mes enfants, je m’étais juré que rien ni personne ne me séparerait du père des enfants ni ne m’éloignerait d’eux. Je m’étais fait cette promesse à moi-même, je l’avais faite à lui aussi et je l’ai même faite devant Dieu à notre mariage. Puis, quand les enfants sont arrivés, je leur ai promis secrètement de toujours leur donner le meilleur de moi-même.

J’ai failli à ma promesse. Je me suis séparée du papa de mes trois versions mini. Ça ne cadrait plus. Ça n’allait même pas mal. Ce n’était juste plus moi alors que cela avait toujours été parfait pendant douze ans. Je ne collais plus à l’image de celle que je regardais chaque matin exécuter la routine familiale comme une automate. Ma vie me semblait d’un ennui impossible. Mes enfants m’exaspéraient à un point que je n’aurais cru possible. Et mon mari passait lentement du chum à l’ami… La raison? Juste la vie, je pense. Je sais, c’est plate comme réponse.

Allez-y, jugez-moi! De quoi peut-on me qualifier? De menteuse? D’irrespectueuse? De paria? Nul besoin d’en rajouter, je me tape sur la tête par moi-même assez fortement, ne vous en faites pas. Parce que malgré les promesses rompues, mes valeurs ne sont pas disparues soudainement. Je ne suis pas devenue une autre personne. Je suis la même. Cette même personne qui croit qu’il faut toujours aller chercher son bonheur où qu’il soit. Celle qui croit à la vie, celle qui est prête à tout pour le meilleur.

La vie est cependant parfois plus complexe qu’une promesse. Il y a parfois plus de facteurs à considérer, plus de variables qui peuvent changer les choses. Et parfois aussi, on abandonne. Ou on change. Ou la vie nous porte ailleurs. Dans un ailleurs où l’on n’aurait jamais cru même exister. Ou toutes ces réponses.

Puis, un bon matin, après les larmes, la colère contre tout et tout le monde à portée de tir à commencer par moi, j’ai vu les choses autrement. J’ai compris que même si je rompais une promesse, je respectais tout de même ma promesse aux enfants : celle de toujours leur donner le meilleur de moi. Parce que si le meilleur de moi passe par une nouvelle vie de laquelle leur papa ne fait pas partie (ou du moins, plus comme avant), et bien, ainsi soit-il! J’ai vu qu’il est possible que le meilleur de moi implique des choix et des décisions qui ne feront pas l’unanimité et qui ne se feront pas sans heurts. J’ai compris que pour leur donner le meilleur de moi, je me dois d’être à mon meilleur à moi, peu importe ce que ça implique.

Bien sûr que les familles nucléaires parfaites ou les anniversaires de mariage qui s’accumulent chez certains me feront toujours un petit pincement au cœur. Ne pas avoir offert aux enfants une cellule familiale classique fera toujours partie des deuils de ma vie. Par contre, mes enfants sauront toujours qu’il n’y a pas qu’une seule façon de faire les choses, et que différent ne veut pas dire moins bien. Je leur apprends ainsi à ne pas simplement marcher dans les rangs sans se questionner. Je veux leur prouver par l’exemple que les élans du cœur sont parfois plus salutaires que tous les chemins suivis sans entrain.

Et me voilà, deux ans plus tard. Plus zen, plus sereine avec mes choix. Surtout plus convaincue que jamais que je peux leur apporter le meilleur de moi en étant un moi version-améliorée-à-temps-partiel plutôt qu’un temps plein désagréable.

Puis, telle une confirmation, il y a quelque temps, j’ai été subjuguée comme plusieurs d’entendre Josée Boudreault parler de son AVC à Tout le monde en parle. Elle disait que ça la rendrait probablement meilleure, même si c’est difficile, même si ses capacités ne sont plus et ne seront peut-être plus jamais ce qu’elles ont été. Je comprends. Être blessée d’amour, séparée c’est un peu comme être en rémission d’une maladie… d’un AVC… Le cœur meurtri, handicapée de plein de choses qui allaient de soi dont le confort du quotidien. On se retrouve projetée dans un monde où l’on doit réapprendre à fonctionner. Puis, on réalise que c’est peut-être ce qui nous est arrivé de mieux pour nous dépasser. Pour transmettre réellement le meilleur de nous.

Alors je me lève devant mes enfants et tous ceux qui constituent mon univers. Grande et forte. Remplie de l’envie de prouver que c’est possible de tracer sa propre voie, d’y croire. C’est probablement la plus belle leçon que l’on peut leur donner. Savoir se relever. Redresser le tir lorsque ça ne semble pas être tout à fait ça. Faire preuve de résilience. Faire le mieux avec ce que l’on a. De grandes leçons souvent dites, mais peu souvent démontrées par l’exemple. Et l’exemple peut prendre différentes formes, l’exemple est malléable. Comme nos vies. À partir de là, tout est possible.

Je tente ainsi de tracer ma nouvelle voie. Celle que je pave pour mes enfants. Je me surprends à les voir tirer de petites leçons au fil du temps. Et ça me plaît. Je leur enseigne à se pardonner de ne pas suivre le chemin à la lettre. Se pardonner de sortir parfois du rang pour se démarquer. Se pardonner et se relever. Pour être soi. Et je réalise que c’est là que moi, je leur donne leur meilleur de moi.

 

 

Isabelle Rheault

Jumeau perdu, jumeau vécu (première partie)

Nous écrivons ce texte à quatre mains en souvenir des deux cœurs

Nous écrivons ce texte à quatre mains en souvenir des deux cœurs que nous avons portés. Nous avons toutes deux vécu une grossesse gémellaire qui s’est soldée par le décès in utero d’un des jumeaux et la naissance d’un bébé vivant.

L’annonce d’un bonheur multiplié par deux

Nathalie : En clinique de fertilité, j’avais annoncé au médecin que j’étais en train de devenir enceinte de jumeaux. Il ne me croyait pas. Le jour même de la prise de sang confirmant la grossesse, le médecin m’envoyait passer une deuxième prise de sang dès le lendemain. Je savais intuitivement que le taux de HCG était dans le piton et le lendemain, il atteignait l’Everest. Huit semaines après l’insémination, l’échographie nous montrait deux cœurs et deux mini embryons.

Mélanie : Premier mois d’essai, première grossesse. Je tenais le test de grossesse dans mes mains, fébrile, un mélange de toute sorte de sentiments virevoltait en moi. J’étais heureuse, inquiète, j’avais peur, j’avais hâte. J’ai su tout de suite que cette grossesse était spéciale. J’avais tous les symptômes puissance dix et très tôt. Déjà à neuf semaines, j’avais un petit bedon. J’ai dû aller m’acheter des pantalons de maternité. Les gens qui me rencontraient me disaient : « Mon Dieu! Tu grossis vite! Tu attends sûrement des jumeaux. » Je ne savais pas, dans le temps si tout se passait bien. On n’avait pas d’écho avant dix-neuf semaines, mais quelque chose en moi savait. Une première intuition de maman, je suppose.

Adieu, mon bébé

Nathalie : Le lendemain de l’échographie de huit semaines, je partais enseigner en France pendant un mois. Comme pour mes grossesses précédentes, j’avais peu de symptômes, mais la fatigue était plus grande. En lisant à propos des grossesses gémellaires, j’ai appris qu’il pouvait arriver qu’un seul fœtus se rende à terme. (Je sais maintenant que ça arrive très souvent, mais que la plupart du temps, le jumeau disparaît sans que personne n’ait connu son existence. Il peut même être « absorbé » par l’autre bébé). Une semaine avant de revenir au Canada est née en moi l’intuition que je ne donnerais naissance qu’à un seul bébé. Cette idée s’est transformée en certitude.

À treize semaines d’aménorrhée, je séjournais chez ma mère avec mes deux filles. J’ai commencé à avoir mal au ventre et au cœur, comme si j’avais une indigestion. Après quelques jours, je suis partie seule au cinéma. La noirceur et la solitude m’ont fait du bien et m’ont remise sur pied. Mais la nuit suivante, à cinq heures, j’ai senti un liquide couler entre mes jambes.

Je suis allée à la salle de bain et j’ai accueilli dans mes mains un caillot d’une longueur de dix centimètres. Je ne voulais pas réveiller mes filles. Je ne voulais pas qu’elles voient cette boule sanglante. J’avais peur de les traumatiser, alors j’ai déposé mon bébé dans l’eau froide de la toilette et j’ai fait partir l’eau. Comme si je le baptisais.

Quelques heures plus tard, un médecin confirmait par échographie qu’un des fœtus avait laissé derrière lui un hématome de quelques centimètres. Sur l’écran noir et blanc, je voyais un bébé, un seul, étendu de tout son long puisqu’il avait soudainement beaucoup d’espace. Alors que je sentais déjà les mouvements des bébés dans mon ventre avant la fausse couche, j’ai dû attendre la vingt-quatrième semaine avant de recommencer à sentir mon bébé bouger. J’étais inquiète, j’avais peur d’être dans le 50 % malchanceux de celles qui perdent le deuxième fœtus même s’il est en santé.

Pourtant, je n’ai eu aucune hémorragie. La grossesse s’est poursuivie comme si de rien n’était, comme si je n’avais pas perdu la moitié de mes espoirs.

Mélanie : J’avais fait le voyage jusqu’à Québec pour faire les boutiques de maternité. Le lendemain de mes achats, mon gros bouvier bernois est tombé malade. Très malade. J’ai dû prendre la décision de le faire euthanasier. Pourquoi je vous raconte ça? Parce que c’est là que le destin a frappé. Je pleurais beaucoup, je l’aimais tellement, ce chien-là! Je pleurais même sans arrêt. J’ai commencé à avoir mal au ventre, je me suis dit que je pleurais trop, que ça devait être ça. Un peu plus tard, j’ai su que quelque chose n’allait pas.

En allant faire pipi, je me suis relevée et l’eau de la toilette était rouge, beaucoup trop rouge. Je paniquais, j’étais à Québec, je ne savais pas où aller. J’ai pensé téléphoner à une amie qui était dans la région. Elle m’a dit : « J’arrive ». Elle m’a conduite à l’hôpital. Je saignais beaucoup. Au triage, l’infirmière, avec toute sa délicatesse, m’a dit : « Ton bébé, tu l’as perdu, il y a beaucoup trop de sang. Le médecin te verra plus tard, retourne dans la salle d’attente ».

Assise sur la petite chaise droite de la salle d’attente, je pleurais en silence. J’attendais que le médecin confirme la nouvelle. J’ai attendu longtemps. La salle était bondée. J’ai finalement vu le médecin urgentiste. Il m’a examinée et a confirmé beaucoup plus gentiment que je n’étais probablement plus enceinte. Il m’a envoyée passer une écho pour être certain qu’il ne restait plus rien. Encore de l’attente, avec un peu d’espoir… Je flottais dans une sorte de bulle je ne voulais juste pas croire que tout ça était vrai.

Finalement installée sur la table d’échographie, le technicien en radiodiagnostic a posé le petit machin sur moi. Il m’a dit : « Je ne comprends pas, tu es toujours enceinte ». Un profond soulagement s’est installé en moi. « Mais il y a un hématome plus bas. Tu étais enceinte de jumeaux, maintenant il n’en reste qu’un. »

J’étais toujours enceinte, mais un des bébés avait repris ses ailes d’ange sans que je puisse le tenir dans mes bras… Un mélange de désespoir et d’espoir s’était installé en moi. Je pleurais mon bébé perdu, mais j’étais soulagée pour le bébé qui se battait toujours pour rester.

À suivre…

http://jumeauxandco.com/grossesse-gemellaire-2/le-syndrome-du-jumeau-perdu/

http://jumeauxandco.com/interviews/conseils-dexperts/devenir-parents-de-jumeaux-quels-impacts-psychologiques/

Nathalie Courcy et Mélanie Paradis

Grosse vache

À onze ans, j’ai attrapé la gastro. Je me suis vidée pendant qu

À onze ans, j’ai attrapé la gastro. Je me suis vidée pendant quatre jours. Incapable de manger ni même de garder ce que je buvais, j’ai perdu dix livres en moins d’une semaine. Une tante, en visite à la maison, m’a regardée en disant :

─ Mon Dieu, t’as ben maigri, toi !

─ J’ai eu la gastro, que je lui ai répondu naïvement.

─ Ahhh, ben tu devrais vomir plus souvent, t’es plus belle de même ! Hahaha !

Je n’ai pas répondu. J’ai retenu mes larmes pis j’ai souri. Bêtement. En quatre mots, elle venait de briser la femme que j’étais en train de devenir et moi, je venais de comprendre que ma beauté se définissait par mon poids ou plutôt, par l’absence de celui-ci.

Depuis les trente dernières années, je me suis trouvée ordinaire. Pas mal grosse. Plutôt toutoune. Assez torche. Presque normale. Presque en forme. Presque mince. Mais jamais belle. Je ne me souviens pas d’avoir accepté un compliment sans douter de l’honnêteté de ce dernier. Pas de souvenir de me trouver vraiment bonne dans quoi que ce soit. Pas de souvenir de m’être regardée dans le miroir en me trouvant belle, séduisante, désirable, peu importe le poids sur la balance ou la taille de mes pantalons. Pas de souvenir d’avoir fait l’amour la lumière ouverte. Pas de souvenir d’avoir soutenu le regard désirant d’un homme qui pose les mains sur moi.

Grosse vache. Ce sont ces mots qui résonnent dans ma tête lorsque je suis devant un miroir. C’est long, une vie entière à se trouver laide, inadéquate. Et le chemin pour faire demi-tour est ardu, confrontant, troublant.

J’ai quarante ans et je peux dire que toute ma vie, j’ai souffert de troubles alimentaires et d’une faible estime de moi. Est-ce uniquement le commentaire de cette tante qui a engendré ce trouble? J’en doute. Ce dont je suis certaine par contre, c’est qu’on pèse très mal le poids des mots qu’on utilise en parlant aux enfants. Cochonnette, Toutoune, Boulette ne sont pas des surnoms affectueux. Costaude et grassette ne sont pas des caractéristiques qui doivent désigner un enfant. Ce sont des mots qui déforment lentement, insidieusement l’image qu’ils ont d’eux-mêmes.

« Arrête de manger des chips, tu vas avoir une grosse bedaine! »; « Continue de manger, pis on va te rouler par terre, c’est ça que tu veux?! »; « Tu dois pas avoir si faim que ça avec les réserves que t’as! Aweille, vas-y, prends-en un autre, c’pas comme si ça allait faire une différence! » ne sont pas des conseils éclairés et bienveillants, ce sont des calls de marde qui détruisent profondément les enfants. 

Quand j’entends une femme dire, à la blague, à ma fille de quatre ans qu’elle a de la cellulite, ça me donne envie de vomir. Quand j’entends une maman appeler sa petite fille Cochonnette parce qu’elle considère qu’elle mange trop ou tout le temps, ça ne me fait pas sourire. Quand j’entends un papa dire à sa fille qu’elle était trop trop groooooosse quand elle était bébé, je me demande toujours s’il est conscient de l’impact que ces mots peuvent avoir sur elle. Quand moi, malgré mes efforts pour ne pas transférer mes blessures à ma fille, je me regarde dans le miroir en me rentrant le ventre, en grimaçant, en étant triste, je me demande quel message elle reçoit.

Les mots blessent tellement plus qu’on le pense et comme adultes, il est de notre responsabilité d’aider nos enfants, tous les enfants, à se définir positivement, à grandir forts et confiants. On dit souvent que les enfants entendent tout, voient tout, absorbent tout, répètent tout, tout le temps. Alors, moi je dis, profitons-en! Disons-leur souvent, à tous et tout le temps qu’ils sont et seront toujours parfaits comme ils sont.

Eva Staire

 

Le souffleur à neige a eu raison de la féministe en moi… Texte: Mélanie Paradis

Je suis la première à crier sur les toits qu’une femme peut tout

Je suis la première à crier sur les toits qu’une femme peut tout faire, qu’elle n’a rien à envier aux hommes…

Et puis, il y a eu ce jour-là. Ce jour d’après tempête où l’homme est parti travailler. Je regarde par la fenêtre et je vois la neige. Cette tonne de neige tombée en une seule nuit. Je me dis que ce n’est pas si grave, que je n’ai pas à sortir. Et là, le téléphone sonne.

« Madame Paradis, c’est le docteur de Leïla. La culture d’urine est revenue positive, il faudrait que je voie Leïla. J’ai une place à 11 h 15. » My God! C’est dans deux heures, ça.

« D’accord, on sera là. »

Et là, je pense au mur blanc qui m’empêche de sortir en voiture. En plus, l’homme étant pressé ce matin, a poussé sa neige à lui sur ma pile de neige à moi.

Allez! On habille la troupe (avec une collaboration plutôt absente) et on sort pelleter. Après trente minutes de pelle traîneau, le visage rouge suintant l’effort, la merde blanche étant beaucoup plus pesante que je pensais, la gorge en feu de ramener mes filles à l’ordre (bon, ok, d’essoufflement aussi), je capitule. Je regarde le foutu mur blanc et il est pratiquement intact, à croire que je pelletais avec une pelle d’enfant.

Je pense soudainement au souffleur de l’homme, dormant paisiblement dans le cabanon. Je me dis que la solution est là qui m’attend sagement.

Je me dirige difficilement vers le cabanon, j’ouvre la porte et je l’admire, mon miracle. J’étudie le tout un peu. Allez, la grande! Si l’homme est capable, toi aussi. Je pèse innocemment sur le démarreur électrique. Tout toooouuut toooooooout! Et bang ! Plus rien. J’essaie de nouveau, même résultat. Encore une fois… Cette fois, ce sera la bonne… non pas du tout. L’osti de gréement refuse de partir… J’ai juste une envie, c’est de le frapper à grands coups de pied en jurant.

J’essaie de le starter de façon manuelle, je suis toute pognée dans un racoin. J’essaie de bouger la chose qui, dans la main de l’homme a l’air de peser une plume, mais pour moi, c’est comme essayer de déplacer un bloqueur sur la ligne offensive au football. Tout ça prise dans mon culotton dernier cri un peu trop ajusté, l’homme, lui, n’étant jamais pris dans son culotton marine directement sorti des années 80.

Je tire sur la corde. Je n’obtiens même pas un rot de sa part, c’est comme si je m’étais contentée de le flatter. À quoi bon mettre un piton start là-dessus si on ne peut pas le starter avec? C’est pas supposé partir one shot? L’homme étant si fier de sa machine, on s’attendrait que celle-ci soit parfaite. Ben non, juste une cochonnerie de plus qui traîne dans le cabanon. Je fulmine, je regarde l’heure, je panique. Je n’y arriverai jamais… Parce qu’ici, on en a de la neige. De la grosse neige pesante, aussi lourde que les bottes du gars qui conduit le tracteur déneigeur. Tu sais, ce gars-là que l’homme refuse d’engager parce qu’il a son foutu souffleur à neige…

Et là, miracle… mon voisin qui pelletait chez lui arrive… Il m’a sûrement entendue répondre au moins cinquante fois à mes filles :

« Maman, quoi tu fais? »

« J’essaie de starter l’osti de souffleur à votre père. »

Donc, le voisin arrive avec son gros tracteur et dégage le mur avec une facilité déconcertante…

Je ravale mon orgueil féministe et lui fais un gentil signe de la main pour le remercier…

Et là, je plie mon linge, en endormant mes filles et en faisant les lunchs pour le lendemain, mais déneiger (chant d’oiseaux)…

Mélanie Paradis

Le processus pour obtenir des soins en santé mentale

Lorsqu’on souffre de maladies mentales, il est TRÈS facile de sâ€

Lorsqu’on souffre de maladies mentales, il est TRÈS facile de s’y perdre quand vient le temps de crier à l’aide. Le processus pour obtenir des soins est complexe et parfois long, mais il est la première étape pour apprendre à gérer les crises, à accepter les diagnostics et à éventuellement, vivre de nouveau.

Puisque j’ai vécu le processus à plusieurs reprises, je me permets de vous faire de belles listes pour aider à tendre la main à ceux et celles qui ne savent pas où commencer.

*** Il est à noter que ces étapes peuvent être différentes, selon la région où vous vous situez, de vos besoins et du fonctionnement des équipes. Tsé, un système de santé uniforme, là?! #sarcasme.

  1. Prendre rendez-vous et consulter votre médecin de famille HA! Tu vas dire que 25 % des Québécois n’ont pas de médecin de famille. L’attente pour en obtenir un est très longue, mais vous pouvez faire votre demande ici : http://sante.gouv.qc.ca/programmes-et-mesures-daide/inscription-aupres-d-un-medecin-de-famille/. Advenant que vous n’ayez pas la chance d’avoir un médecin de famille, dirigez-vous vers une clinique sans rendez-vous. Pis si ça urge, genre que tu ne peux pu vivre là-là-maintenant, appelle le 911 ou va-t’en à l’urgence sans tarder.

Lorsque tu verras le médecin, ce qu’il faut retenir est que ce dernier est là pour t’AIDER. Discute avec lui de ce qui se passe, dis-lui tout, pas de cachette. Il est fort probable que tu te fasses prescrire des médicaments. N’oublie pas que les médicaments peuvent aider, mais qu’ils ne sont pas une solution miracle. Combine ça à une thérapie, de l’activité physique (juste une marche peut aider si tu n’es pas trop du type sportif) et une bonne alimentation, et ton cocktail sera winner.

  1. Obtenir une référence pour le Guichet d’accès en santé mentale du CLSC le plus près de chez vous Habituellement, c’est ton médecin qui s’occupe de cette étape, en adressant le beau ti-papier de référence directement au Guichet d’accès en santé mentale de ton CLSC. Ensuite, l’étape 3 viendra. À un moment donné. De mon côté, mon doc m’a donné le Golden Ticket pis j’ai dû faire le reste des démarches moi-même. Elle ne savait même pas quelles étaient les prochaines étapes et j’ai vécu La maison qui rend fou d’Astérix, mais x 1 000.
  1. Ta demande est évaluée par l’équipe du Guichet d’accès en santé mentale Une infirmière ou une travailleuse sociale te contactera pour compléter ton dossier et une date de rendez-vous te sera assignée pour faire une première évaluation en personne. Ensuite, ça peut se décliner en plusieurs étapes :
  • Si tu n’as pas d’assurance ou si l’infirmière/travailleuse sociale juge nécessaire que tu sois suivi (e) sur place, le CLSC peut t’offrir les services d’un psychologue pour entreprendre une thérapie. À noter que l’attente peut être longue, encore une fois.
  • Il se peut que ton dossier soit transféré du CLSC au service de psychiatrie de l’hôpital le plus près de chez toi. Si le psychiatre juge qu’il serait bon de te rencontrer, tu seras contacté pour la prise d’un rendez-vous.
  • L’infirmière ou la travailleuse sociale fait un compte rendu de ta rencontre au psychiatre de l’hôpital le plus près de chez toi. Ensuite, c’est le psychiatre qui fait ton diagnostic et détermine le type de soins psychiatriques spécialisés dont tu as besoin. Le rapport d’évaluation et les recommandations de traitements sont envoyés à ton médecin, qui te contactera ensuite pour prendre un rendez-vous avec toi et pour en discuter.

Pour ma part, j’ai eu un premier rendez-vous avec une infirmière en santé mentale du CLSC du Lac-Saint-Louis. À la suite de cette première rencontre, on m’a offert une deuxième rencontre avec l’infirmière, mais aussi avec… TADAAAAAAAA! La psychiatre en personne! Fuckée, tu dis?

J’ai été écoutée et les diagnostics sont tombés. Live, dans ma face, comme une bombe. Bah! Ce n’était rien de surprenant, je les connaissais tous déjà. Mais de savoir que maintenant, je serais suivie en psychiatrie hebdomadairement, par la Chef du département en personne, je me sentais spéciale, mais pas pour les bonnes raisons. Plus du genre « Heille wow! Je suis une méchante folle pour vrai de vrai… », parce que quand on chill dans un département de psychiatrie d’hôpital une fois par semaine, on se rend compte assez rapidement que ce n’est pas tout le temps « bien vu » d’être malade dans sa tête. Pis pourtant, le département déborde… donc techniquement, je ne suis pas seule! Soigner sa tête est aussi important que soigner son corps.

Il ne faut pas oublier que les demandes sont analysées en fonction de la gravité de la situation. Si ta demande prend plus de temps qu’une autre, ce n’est pas parce qu’on te considère moins malade ou moins important. C’est plutôt parce que la vie d’une autre personne est probablement en danger. Si tu vois que ta situation s’aggrave et que tu crois que tu devrais être vu(e) plus rapidement, n’hésite pas à contacter l’infirmière ou la travailleuse sociale de ton CLSC. Ou le 911. Parce que les services d’urgence sont là pour ça aussi, ne l’oublie pas.

Tendre la main n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt un signe de force intérieure incroyable. #briserlestabous #tunespasseul

http://sante.gouv.qc.ca/dossiers/dossier-sante-mentale/

http://sante.gouv.qc.ca/repertoire-ressources/clsc/

 

Vie de vagin

« Faque là, fille, t’as le choix : soit je r’garde ce qui s

« Faque là, fille, t’as le choix : soit je r’garde ce qui se passe avec ton vagin, soit j’examine les oreilles de ta fille. On n’a pas le temps pour les deux. C’est simple de même. » Ses grands yeux bleus me fixaient en affichant un air d’impatience. Tsé, le regard «Awwwwweilllle-branche-toééé! » du médecin écœuré qui en est à sa 37e heure de travail consécutive. Un vagin ou des oreilles. Dre Lucie avait raison. C’était un choix facile.

Ça faisait quatre jours que j’avais mal au ventre et que ça me brûlait quand j’allais faire pipi. Sans savoir ce que c’était, je savais que ça n’allait pas partir aussi vite que c’était arrivé. Soit je me gâtais avec un examen gynécologique en règle et des antibiotiques pour retrouver mon vagin de course, soit je laissais le soin à ma fille de quatre ans de découvrir le chemin nébuleux de l’autoguérison en souhaitant que son tympan n’explose pas. Elle avait raison, Dre Lucie, vraiment simple comme choix. Des oreilles, elle en avait deux!

Dans un moment de doute, j’ai baissé les yeux. J’ai vu la petite face blafarde de ma cocotte, ses yeux bouffis, sa conjonctivite naissante pis l’empreinte de sel laissée par sa larme à moitié séchée. J’ai pris un grand respire pis j’ai PAS choisi mon vagin. Avant de me coucher, pendant que je me versais un verre d’eau froide entre les jambes pis que je grimaçais en faisant pipi, je me suis dit que si jamais je devais me réincarner en partie anatomique, je ne reviendrais pas en vagin. Drôle de réflexion? Je sais, oui.

Ça doit être vraiment poche, la vie d’un vagin. Ça commence par des bobettes cheap qu’on achète pour faire plaisir à notre chum. Full polyester, full teinture chimique, full pas confo : un string de danseuse avec la corde raide comme d’la jute pis qui nous écorche le d’dans des fesses quand on marche avec. On essaie de bouger avec assurance et sensualité, mais on n’y arrive pas dans nos bobettes made in China. On se ressaisit, on se dit que c’était un coup d’folie, que ça ne vaut pas la peine de garder ça, mais là, « Minou » se pointe dans « chambre; le regard avide et le pantalon content-content. Huit secondes top chrono : les bobettes de faux satin soyeux sont su’l’ plancher pis la bonne femme est su’l’ dos. On ne se plaint pas, nous autres aussi, on a aimé ça, mais trois jours plus tard, c’est la catastrophe-allergie-à-la teinture et hop les antibios! La vie 1 — Vagin 0.

Ça vient pis ça sort aussi, dans ce coin-là : des tampons, des DivaCup, du lubrifiant, du latex, des amoureux pis des gringos. On s’émancipe, on s’apprivoise, on a du fun et, pas longtemps après, on se case, on s’assagit. Là, c’est la grossesse, c’est Dieppe : le débarquement de Normandie! Vingt-quatre heures de travail pour accoucher de huit livres compactes d’amour. Passage ravagé, le v’là, effoiré, déchiré. Miséricorde. Faut le recoudre, le r’nipper pis faire ben des exercices si on ne veut pas toute notre vie faire pipi dans nos pantalons. La vie 2 — Vagin 0.

On pense que le pire est passé, qu’une fois les naissances finies, notre vagin aura enfin un répit, mais non. La ménopause se pointe et avec elle, la sécheresse, la douleur et le manque d’envie. On se bourre de ginseng et on se beurre de lubrifiant. On se tue dans les cours de yoga, on redouble d’ardeur au gym, on se cherche un boost d’hormones, d’endorphines, mais y a rien qui marche. Niet, nada, c’est le néant. La région aride, on attend la mort, la réincarnation, le retour à nos vingt ans. C’est la traversée du désert. Tristounette, on prie en attendant. Et un beau jour, Alléluia, l’univers nous entend et on trouve des pilules miraculeuses qui simulent la Mousson! On revit, on sourit, on est gaillarde : Minou, vient par ici, pis aweille dans l’lit! L’humidité retrouvée, l’engin reprend vie! La vie 3/4/5 — Vagin 0.

Conclusion philosophique de tout ça? Ben, non, y en a pas! Sauf que la vie d’un vagin, c’est un interminable combat de UFC. Alors, mesdames, et même messieurs, prenez votre temps et choisissez bien en quoi vous voulez vous réincarner dans votre prochaine vie!

 

Lorsqu’ils s’en vont…

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Lorsque l’on se sépare et que le noyau familial éclate, il y a plusieurs deuils qui nous attendent. Parmi ceux-ci, il y a celui de voir les enfants partir à la fin de chaque période de garde. Qu’on les ait avec nous pour deux jours, une semaine ou un mois, la tristesse est la même.

Pour ma part, chaque veille de départ me souffle son vent de nostalgie, de « c’est déjà fini » et de cœur de maman qui se serre… Le combat débute. D’un côté, l’adulte raisonnable me rappelle que nous avons passé de très bons moments et qu’ils reviendront la semaine suivante. De l’autre, l’enfant en moi a les yeux qui s’embuent facilement et ne veut pas les voir partir.

Pourtant, Dieu seul sait combien ils arrivent parfois à nous exaspérer et à nous mener aux limites de notre patience! Certains pourraient croire que le départ est doux et presque désiré. Que c’est facile, voire agréable d’avoir du temps pour soi, sans eux. Non. Jamais. C’est toujours trop tranquille lorsqu’ils n’y sont pas. La maison est vide. Sans âme. Privée d’une partie d’elle, comme nous.

Parce que c’est un peu contre nature de ne pas avoir sa couvée sous son toit chaque soir. Malgré ce qu’on en dit. Et malgré le fait que la famille éclatée est maintenant ultra commune. Ce n’est pas ce que l’on souhaite lorsqu’on voit leur petite binette pour la première fois. On ne pense pas qu’on devra se séparer d’eux un jour. Du moins pas avant trèèèèès longtemps! Surtout pas pour des raisons de grands que les petits doivent subir.

Et lorsqu’ils partent, on sait qu’on devra affronter à nouveau ces moments difficiles. Ces matins trop calmes où l’on décide de déjeuner au bureau pour ne pas voir leurs chaises vides à table. Et il n’y aura pas ces petites voix aigües qui racontent leur journée à notre retour du travail. Et on n’aura personne à border après le pas-d’histoire. Non, il n’y aura que notre vie d’avant eux, celle qui fait plus ou moins de sens maintenant qu’ils sont là.

Et à travers tout cela, on doit trouver notre équilibre personnel. Et on doit, bon gré, mal gré, trouver un nouveau rythme de croisière. Peu à peu, semaine après semaine, le cœur s’habitue. De nouvelles habitudes s’installent, on comble le vide avec autre chose parce qu’il faut bien avancer. Comme tout deuil, le temps fait bien les choses et réussit à nous faire voir tout cela différemment. Ce n’est ni un scénario idéal ni le chemin le plus facile, mais on doit assumer et y trouver notre compte. Et on y arrive.

Et les jours passent et on les retrouve enfin! On vit tous ces petits moments avec ardeur, sachant trop bien que c’est toujours éphémère. Trop court! Mais, ce n’est pas ce que l’on dit après tout, que la rareté d’une chose en augmente la valeur?

 

Isabelle Rheault

Césarienne : On m’a volé mon bébé.

Tu bougeais dans mon ventre, nous étions ensemble, tu étais en moi

Tu bougeais dans mon ventre, nous étions ensemble, tu étais en moi. Lorsque je mettais ma main sur ma bedaine, tu venais te blottir… Et d’un coup, sans prévenir, la douleur a commencé. Si fort. J’avais si mal. Tu allais arriver! Je ressentais un mélange de joie et de terreur. Ta naissance était imminente!

Lorsque j’ai compris que ça n’allait pas… quand j’ai vu les médecins et les infirmières courir… Quand j’ai croisé leur regard grave… l’angoisse c’est installée en moi. Que se passait-il?
Tout est allé vite, si vite, trop vite.
Je me suis retrouvée seule au bloc opératoire, sans mon chéri à mes côtés. Seule avec cette idée que nous allions mourir toi et moi. Seule avec ce chirurgien qui m’annonçait qu’il me couperait en deux et te sortirait de mes entrailles.

On m’a volé mon bébé. On l’a arraché de moi. On m’a volé ta naissance. Je ne t’ai pas mis au monde : j’ai été opérée d’un enfant. On m’a volé mon estime de moi. On m’a volé ma maternité. On t’a sorti violemment de mon corps.

Puis il y a eu la douleur. La douleur lancinante qui me prenait la joie de ta venue au monde. Chaque respiration faisait mal. Clouée dans mon lit d’hôpital, accrochée aux tubulures, me tordant de douleur. C’était ça, être maman?
Je ne pouvais pas me lever, alors… j’ai manqué ton premier bain, j’ai manqué tes premières couches, j’ai manqué tes soins. Il a fallu que tu aies trois jours avant que je te vois tout nu. À chaque pas, j’avais mal. Mal à mon ventre et mal à mon âme. On m’avait volé mon bébé.

Je me suis sentie devenir mère en bataillant comme une folle contre les professionnels de santé, pour te donner exclusivement mon lait. Mon corps fabriquait ça pour toi. On m’avait volé ta naissance, alors je me suis vengée. Mon corps n’avait pas été capable de te mettre au monde, mais il t’a nourri pendant deux ans.

La césarienne est une chirurgie. Ce n’est pas anodin. La cicatrice fait mal longtemps. Chaque fois que tu tétais, mon ventre se tordait douloureusement. Je ne pouvais pas manger normalement, j’avais si faim! Pour moi, la césarienne était un échec, une défaite.

Et il y a les gens…

– Tu es chanceuse, tu es comme neuve en bas.
– Au moins, tu n’as pas ressenti la douleur des poussées.
– J’aurais tellement aimé avoir une césarienne…

Oh! non, tu n’aimerais pas ça… ça hypothèque ta santé pour le reste de ta vie. Il faut des mois pour s’en remettre et une année pour ne plus avoir mal à chaque cycle qui revient. Il y a tout ce sang que tu perds, il y a les adhérences, il y a le risque d’infection, la crainte de faire une phlébite et les injections d’anticoagulants que tu dois t’administrer chaque jour pendant des semaines.
Crois-moi… ça ne te tente pas…

Une semaine après la naissance, en poussant la porte de la maison, j’ai fondu en larmes. Ça ne devait pas se passer comme ça. Dans mon livre à moi, notre histoire ne s’écrivait pas ainsi. On m’a volé mon bébé…

À toi, la maman essoufflée…

Ce jour-là, tu tenais dans tes mains le petit bâto

Ce jour-là, tu tenais dans tes mains le petit bâtonnet sur lequel tu venais de faire pipi. Tu attendais patiemment de voir si la petite ligne rose allait enfin apparaître. Tu aurais peut-être aimé qu’il soit inscrit en petits caractères sur la boîte du test de grossesse, qu’être maman allait te procurer de grands bonheurs, mais aussi que parfois, ça te plongerait dans les coins les plus noirs de ton âme. Parce que personne ne parle de ça… c’est tabou. Voici ce que personne ne t’a dit et pourtant…

Personne ne t’a dit que chacun de tes souffles deviendrait le prolongement des siens, parce que tu veux pour lui une vie parfaite. Une vie où il n’aura pas à se relever parce que tu sauras l’empêcher de tomber. Tu voudras le protéger de tout. Une inquiétude viscérale s’installera en toi lorsqu’il voudra être autonome et se détachera lentement de toi.

Personne ne t’a dit que parfois, ton précieux trésor s’endormirait en pleurant, parce que tu n’en pouvais juste plus. Que toi, assise sur ton divan, tu pleurerais en silence. Que tu t’en voudrais de le laisser ainsi en larmes, mais que tu n’aurais juste plus la force de te lever pour le consoler, que tu ne trouverais plus les bons mots, comme quand il était petit.

Personne ne t’a dit que tu passerais des nuits blanches à regarder ton plafond et les heures qui s’égrainent à chercher des solutions.

Personne ne t’a dit que tu te sentirais seule, démunie, même si ton chum est là, couché près de toi, parce que tu es certaine d’échouer dans ton rôle de maman et que tu te demandes quel genre d’adulte il sera.

Personne ne t’a dit que tu te remettrais en question à l’infini. Que tu essaierais chaque fois, malgré les échecs. Parce que soulever une montagne pour ton enfant, tu le ferais. Parce que parfois, tu aurais envie d’abandonner, mais tu trouverais une force nouvelle pour continuer. Parce qu’une maman, ça n’abandonne jamais.

Personne ne t’a dit que ce petit être si merveilleux, en vieillissant, allait te blesser, te faire un trou dans le cœur avec des mots durs. Parce que parfois, un enfant, ça peut tellement être ingrat! Toi qui l’aimes si fort, tu lui pardonneras et malheureusement, il recommencera et toi, tu lui pardonneras de nouveau. Tu l’aimeras toujours…

Personne ne t’a dit que ta vie de couple en souffrirait, que ton chum et toi seriez parfois séparés par un si grand fossé. Qu’il faudrait beaucoup d’amour et de persévérance pour combler ce fossé, pour sauver ton couple…

Personne ne t’a dit qu’un jour tu regretterais ta vie sans enfants. Parce que c’était tellement juste plus facile.

Personne ne t’a dit que toutes les mamans sont comme toi… essoufflées… à un moment donné dans leur vie.

Moi je te le dis… tu n’es pas seule.

Et je te dis ceci aussi :

Que le soleil finira par briller de nouveau. Que ses bras s’enrouleront toujours autour de ton cou pour te dire : « Je t’aime, maman » et à ce moment-là, tu oublieras tout.

 

Mélanie Paradis

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