Lorsqu’ils s’en vont…

Lorsque l’on se sépare et que le noyau familial éclate, il y a plusieurs deuils qui nous attendent. Parmi ceux-ci, il y a celui de voir les enfants partir à la fin de chaque période de garde. Qu’on les ait avec nous pour deux jours, une semaine ou un mois, la tristesse est la même.

Pour ma part, chaque veille de départ me souffle son vent de nostalgie, de « c’est déjà fini » et de cœur de maman qui se serre… Le combat débute. D’un côté, l’adulte raisonnable me rappelle que nous avons passé de très bons moments et qu’ils reviendront la semaine suivante. De l’autre, l’enfant en moi a les yeux qui s’embuent facilement et ne veut pas les voir partir.

Pourtant, Dieu seul sait combien ils arrivent parfois à nous exaspérer et à nous mener aux limites de notre patience! Certains pourraient croire que le départ est doux et presque désiré. Que c’est facile, voire agréable d’avoir du temps pour soi, sans eux. Non. Jamais. C’est toujours trop tranquille lorsqu’ils n’y sont pas. La maison est vide. Sans âme. Privée d’une partie d’elle, comme nous.

Parce que c’est un peu contre nature de ne pas avoir sa couvée sous son toit chaque soir. Malgré ce qu’on en dit. Et malgré le fait que la famille éclatée est maintenant ultra commune. Ce n’est pas ce que l’on souhaite lorsqu’on voit leur petite binette pour la première fois. On ne pense pas qu’on devra se séparer d’eux un jour. Du moins pas avant trèèèèès longtemps! Surtout pas pour des raisons de grands que les petits doivent subir.

Et lorsqu’ils partent, on sait qu’on devra affronter à nouveau ces moments difficiles. Ces matins trop calmes où l’on décide de déjeuner au bureau pour ne pas voir leurs chaises vides à table. Et il n’y aura pas ces petites voix aigües qui racontent leur journée à notre retour du travail. Et on n’aura personne à border après le pas-d’histoire. Non, il n’y aura que notre vie d’avant eux, celle qui fait plus ou moins de sens maintenant qu’ils sont là.

Et à travers tout cela, on doit trouver notre équilibre personnel. Et on doit, bon gré, mal gré, trouver un nouveau rythme de croisière. Peu à peu, semaine après semaine, le cœur s’habitue. De nouvelles habitudes s’installent, on comble le vide avec autre chose parce qu’il faut bien avancer. Comme tout deuil, le temps fait bien les choses et réussit à nous faire voir tout cela différemment. Ce n’est ni un scénario idéal ni le chemin le plus facile, mais on doit assumer et y trouver notre compte. Et on y arrive.

Et les jours passent et on les retrouve enfin! On vit tous ces petits moments avec ardeur, sachant trop bien que c’est toujours éphémère. Trop court! Mais, ce n’est pas ce que l’on dit après tout, que la rareté d’une chose en augmente la valeur?

 

Isabelle Rheault



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