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Inspirer, expirer : la petite histoire d’une garde partagée – Texte : Julie Lévesque

Préparer le sac de transfert, tes petits patins, les rares objets q

Préparer le sac de transfert, tes petits patins, les rares objets qui ne sont pas en double dans l’autre maison. Inspirer, expirer. Faire une réserve de bisous sur ton joli visage au cas où tu en aurais besoin quand je ne serai pas là. Oui, je sais… c’est moi que ça rassure.

Te prendre dans mes bras, te serrer fort, avoir chaque fois une petite humidité dans le regard. Je ne sais pas quand ça va passer ou si ça passera un jour. Je n’en ai pas l’impression.

Prendre place dans la voiture, mettre des chansons que tu aimes, chanter fort et rire encore. Être parfois aussi en silence parce que c’est toujours un peu difficile de se séparer. Inspirer, expirer jusqu’à l’autre maison.

Te sortir de la voiture, te voir si grande déjà du haut de tes cinq ans aller retrouver ton papa d’amour. Cogner à la porte, inspirer, expirer. Te rappeler avec le sourire pour la 100 000e fois combien je t’aime. Et surtout, te dire de passer une super fin de semaine avec ton papa à t’amuser et à faire plein de belles activités ! Voir ton magnifique sourire une dernière fois et fermer la porte.

Je sais que tu seras bien. Soupirer de soulagement. Un baume.

M’asseoir dans la voiture, inspirer, expirer et ne pas être capable de contenir les maudites larmes qui arrivent comme un torrent dans mes yeux… encore une fois.

Aller prendre soin de moi, parce que ça aussi, c’est important. Inspirer, expirer…

Julie Lévesque

Le retour des héros

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7 h 45. Vendredi matin, devant l’école. On entend couler sur le trottoir les larmes silencieuses des parents séparés et de leurs enfants. C’est l’heure des au revoir. Une séparation hebdomadaire d’un parent, qui permettra à la fin de la journée les retrouvailles avec l’autre parent. Celui qui vient de passer sept jours à s’ennuyer de ses trésors.

C’est le moment où le parent sort de la voiture pour ouvrir la portière de ses enfants. Pas parce que ces derniers sont incapables de le faire seuls. Non. Juste parce que c’est leur dernière chance de se donner un câlin, de se murmurer « je t’aime mon chaton ». Juste parce qu’une fois debout sur le trottoir, le parent pourra observer ses enfants marcher vers l’école jusqu’à la dernière seconde. Juste parce que ça lui permet, à lui aussi, de faire une transition entre sa vie de parent à sa semaine de non-gardien.

7 h 47. Clac. La portière s’est refermée. Les pas des enfants les ont menés jusque derrière les portes de l’école. 7 h 47 c’est l’heure pour le parent de ravaler une larme et de se dire qu’un jour, peut-être, le deuil du départ sera moins pire.

C’est aussi l’heure du bilan de la semaine et des bonnes résolutions. Le parent se juge de n’avoir pas su gérer la discipline ou les devoirs ou la chicane de la fratrie comme il se l’était promis. Il se félicite pour l’activité trippante qu’il a organisée ou pour la soirée complice qu’il a su créer. Et il se jure à lui-même que la prochaine fois, il sera un parent à la hauteur de ses enfants.

Vendredi après-midi. 16 h 32. On entend les cris des enfants qui retrouvent le parent qui leur a manqué toute la semaine. « Papa ! Euh… Maman ! » Quand ça fait une semaine qu’ils disent « papa » 123 fois par jour, la langue fourche. Ils débaptisent maman, sans faire exprès, sans vouloir lui faire de peine. Puis ils racontent leur semaine, les amis, la dernière idée fofolle du prof, le repas préféré ou la paire de mitaines rapiécée.

16 h 40, les enfants entrent dans leur maison, dans leur autre maison. Ils inspirent profondément pour envoyer le message à leur cerveau que l’environnement a changé. Ici, leur chambre est à droite, pas à gauche comme chez papa. Ils retrouvent leurs jouets, leurs amis de quartier, leurs habitudes « de chez maman ». Dont ils devront se défaire encore, dans sept jours.

Un peu plus tard ce même vendredi soir, un parent reviendra chez lui, dans sa maison, dans sa seule maison. Il y sera seul, dans cette maison. Ou peut-être accompagné d’un nouveau conjoint, d’amis, d’autres enfants. Il expirera longuement pour laisser s’échapper la peine du vide qu’il ressent. Il rangera le dernier livre lu par son enfant et déposé à toute vitesse sur le coin de la table devant l’appel du matin : « Il est 7 h 40, on doit partir pour l’école ! » Le parent laissé derrière refera les lits, replacera les toutous. Fera le lavage. Notera sur sa liste d’épicerie les ingrédients pour concocter les repas préférés de ses enfants.

Le vendredi suivant, quand ce sera son tour d’être accueilli comme un héros à la sortie de l’école, il veut que tout soit prêt à la maison, pour accueillir le retour triomphant de ses enfants.

 

Nathalie Courcy

Réflexion d’un papa

Je suis seul à la maison depuis six jours. J’ai fait le plein de

Je suis seul à la maison depuis six jours. J’ai fait le plein de sommeil comme personne d’autre. J’ai eu du temps libre à profusion. Mais là, j’en ai assez. Ma tête et mon cœur de papa sont en manque de vous, mes enfants. Je ne peux plus rien faire d’autre que d’attendre le moment de nos retrouvailles et les minutes passent trop lentement. Bon, enfin, c’est l’heure. J’y vais.

« Papa, as-tu une amoureuse, là? » me demandes-tu, mon fils en bouclant ta ceinture comme un grand. Ta question spontanée, que tu me lances pendant que mon regard croise le tien à travers le rétroviseur, m’amuse, car elle est nouvelle. Six jours ont passé sans se voir et c’est à ça que tu penses en premier. Ta question me travaille aussi, car elle est naturelle et sincère. L’effet de surprise passé, je retrouve mon équilibre et te réponds : « Non mon fils. Tout l’amour que j’ai, eh bien, il est pour ta sœur et toi ».

La vue soudaine du gros chien blond sur le trottoir te ramène à tes priorités d’enfant et m’évite peut-être un « Ben là papa, t’sais! » Je vous regarde de nouveau à travers le rétroviseur et je me dis que c’est très bon de vous avoir avec moi. On va enfin retrouver notre fort familial que nous avions laissé la dernière fois et pouvoir le solidifier ensemble avec de nouveaux blocs d’amour.

Quand vous n’êtes pas là, je pense beaucoup à vous. Je vous le dis souvent, je sais. C’est plus fort que moi. Mais je ne vous dis pas tout. Quand vous n’êtes pas là, j’ouvre des tiroirs de ma mémoire. J’en ai des tonnes heureusement. Je puise dans mes réserves de souvenirs. Et dans le concret, je ne range pas vos jouets qui traînent pendant vingt-quatre heures au moins. C’est ma façon de faire la transition de votre absence soudaine. Le bordel laissé partout dans la maison devient de l’art beau à mes yeux quand je reviens seul chez moi. Et je ne grogne pas à marcher pieds nus sur la voiture Hot Wheels banalisée sur le tapis que tu y as laissée, mon fils. Et je n’ai pas honte devant la visite qui découvre une Barbie décapitée ou démembrée par toi, ma fille. Et je garde vos dessins faits au stylo sur ma main pendant des jours. Ce sont MES tatous à moi.

Quand vous n’êtes pas là, je recroise notre voisin qui m’a vu jouer avec vous, déguisé en policier vêtu d’une veste de flottaison, sifflet en bouche, prêt à vous arrêter pour excès de vitesse en Big Wheel. Il me salue, sourire en coin. Je n’ai pas honte. Je m’assume. Je suis très fier de jouer des rôles que vous m’attribuez et qui vous amusent comme des petits fous. Ça me fait du bien. Un jour, notre voisin me comprendra. Je lui souhaite de vivre ça de tout cœur.

Quand vous n’êtes pas là, mes oreilles deviennent des radars qui captent au ralenti toutes les voix d’enfants. Mon scanneur biologique s’enclenche pour vérifier si c’est vous. Je sais que ce n’est pas vous, mais je me retourne quand même pour valider avec mes yeux bioniques. Ça fait déjà six ans que le mot « papa » résonne en moi. C’est beau, fort et unique.

Quand vous n’êtes pas là, je perds goût à lire les recettes, j’ai trop de chaises vides autour de ma table à dîner et j’accepte que ma voiture devienne un char auquel vos traces de bottes sales donnent enfin une vraie utilité. Quand vous n’êtes pas là, les routes tracées à la craie sur notre cour doivent résister à la pluie, et le rose et le mauve deviennent mes couleurs préférées.

Quand vous n’êtes pas là, votre grand-mère me répète que vous êtes en âge de vous rappeler toute votre vie de ces précieux moments qu’on passe ensemble. J’y crois et ça rend chaque moment passé ensemble encore plus précieux. J’imagine déjà de petits tiroirs que vous avez peinturés de votre couleur préférée et qui traînent dans votre mémoire.

Maintenant que vous êtes là, que diriez-vous si ce soir, on se faisait un movie night avec du « pokcorn », bien collés ensemble à regarder votre film préféré pour la centième fois comme si c’était la première fois?

Marc-André Bergeron

 

La porte bonheur (ou entre deux mondes)

Lorsque deux adultes se séparent, c’est généralement parce que

Lorsque deux adultes se séparent, c’est généralement parce que rien ne va plus dans le couple qu’ils formaient. Il est donc préférable qu’il en soit ainsi. Surtout si des enfants sont nés de cette union. Dans ce cas, la séparation permet aux deux adultes de continuer leur équipe parentale pour le mieux‑être des enfants. En tout cas, c’est l’idéal souhaité.

Sauf que parfois, pour ne pas dire trop souvent, après la séparation, rien ne va plus dans l’équipe parentale non plus. C’est généralement le cas au sortir d’une relation toxique ou de violence conjugale. Alors, les enfants se retrouvent à grandir dans deux univers séparés, où la communication entre les deux parents, lorsqu’elle existe, est sous tension. Mais la communication est généralement quasiment inexistante, voire impossible, lorsque l’on parle d’un contexte de violence psychologique. Les enfants n’ont alors aucune passerelle entre les deux univers à la dérive dans lesquels ils grandissent. Ils se retrouvent, dès lors, en conflit de loyauté et surtout, perturbés par ce manque d’arrimages entre leurs deux maisons. Là est le danger pour leur équilibre émotionnel et mental, ainsi que pour leur besoin de stabilité et de sécurité.

Comme il faut être deux pour construire un couple, il faut aussi être deux pour que la séparation se passe sans trop de heurts pour les enfants. Malheureusement, la maturité émotionnelle des parties concernées n’est pas toujours au rendez‑vous et souvent, les blessures narcissiques du passé prennent le dessus sur l’intérêt des enfants. La séparation devient alors une déclaration de guerre envers l’ex et l’occasion de lui faire payer l’échec du couple déchu. Il ne faut jamais sous‑estimer ce que quelqu’un qui a mal à l’ego est prêt à faire pour reporter ses souffrances sur l’autre.

Ces tristes histoires engraissent les avocats et engorgent les tribunaux. Triste à dire, bien que trop vrai.

Lorsque l’on entre dans ce cercle vicieux de règlements de compte post séparation, en oubliant où se situe l’intérêt des enfants dans ce chaos, c’est bien illusoire de croire que, soudainement, celui qui entretient cette relation malsaine par l’entremise des avocats, cessera d’agir ainsi et reviendra à la raison pour préserver l’intérêt des enfants. Car c’est plus fort que lui. C’est une question d’ego, de contrôle et de mainmise sur l’autre. Une façon de maintenir un lien avec l’ex, tout en privant les enfants de l’unité et d’une continuité familiale.

Alors, comment préserver les enfants dans ce genre de situation?

Il y a plusieurs petits gestes qui peuvent être posés par le parent conscient de l’impact de ce conflit sur ses enfants. Tout d’abord, éviter d’évoquer les histoires des parents devant eux. Rester à l’écoute des besoins et surtout du ressenti des enfants face à cette situation dont ils ne sont pas responsables, même s’ils en subissent les dommages collatéraux. Et si les enfants n’ont pas la permission de passer d’une maison à l’autre avec leurs jouets, doudous ou quoi que ce soit qui leur permettrait de créer un pont entre leurs deux univers, dans ce cas, faites preuve d’imagination et de créativité pour établir un lien entre les deux résidences des enfants, sans avoir besoin du soutien ou de la collaboration de l’autre parent.

Pour ma part, voici une des solutions que j’ai privilégiées : mes enfants m’avaient indiqué qu’ils avaient une petite porte de fée chez leur père. J’ai donc décidé d’en construire une chez nous afin que les fées puissent se promener de chez le père à chez moi et veiller, en tout temps, sur les enfants. Ainsi leurs deux univers restent connectés, sans que cela dépende d’une entente entre les deux parents.

Cette petite porte leur permet de rester des enfants et de s’évader dans un imaginaire sans parents, sans tensions, sans violence, et sans conflits de loyauté. Un monde qui leur appartient et qui les sécurise. Une porte comme un phare dans l’océan du ciel. Une étoile où les rêves qui y font escale sont éternels. Cette deuxième étoile à droite, qui les guidera tout droit jusqu’au matin, vers de meilleurs lendemains, loin des histoires de grands.

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez www.laviecontinuemalgretout.com

Vanessa Boisset

Partager un présent !

Et ils vécurent heureux… Vous refermez le livre, ils son

Et ils vécurent heureux… Vous refermez le livre, ils sont endormis.

Votre histoire est aussi terminée. Depuis trop longtemps, le cœur ne bat plus pour elle/lui ; mais vos autres amours sont toujours là ! À l’année, jour et nuit.

J’imagine que personne ne fait des enfants en y pensant. À ce moment, triste, voulu, libérateur où la décision est prise. Peu importe la raison. Après tout, les enfants subiraient bien pire si la relation se continuait encore dans l’indifférence. Dans l’amertume, le cynisme, l’absence de respect. Ou pire…

Ensuite, passer aux principes, aux modalités. Ce genre de contrat qu’il vous sera impossible, à l’un et l’autre, de respecter à la lettre. Évolution lente de la société. Du presque tout le temps  – ou la fin de semaine sur deux, selon votre sexe – vers une réalité vécue de plus en plus à l’amiable. Convaincu que l’Ex (NDLR : avec une majuscule, car c’est son nouveau nom) est tout aussi essentiel à leur développement.

La garde partagée !

Surtout le partage du vide, de l’absence, de l’ennui pour les deux parents. Voir désormais ceux que vous aimez inconditionnellement, uniquement qu’une semaine, sur deux. Leur dire adieu, déchiré par en dedans, chaque semaine. Ce que toutes vos fibres refusent intensément.

En plus de subir aussi leur passage dans la chambre de décompression. Celle de la décontamination. Les heures suivant leur arrivée de chez l’Ex. La transition obligatoire ! Même si les styles de vie sont plutôt semblables, les enfants doivent s’adapter. Ne serait-ce qu’à leur environnement physique. Vous, vous devrez entendre : « Chez papa on fait… » ou « Maman nous permet… » L’urticaire n’est jamais très loin !

Je vous rassure, sans doute ce n’est qu’invention. Après tout, les enfants, de tout temps, savent très bien jouer la carte du « diviser pour régner ». Même chez les couples les plus amoureusement unis.

Les plus chanceux vivront une harmonie presque plus grande qu’avant la séparation. Les activités en « famille ». Même, à la limite, incluant l’autre être aimé. Le nouveau, la nouvelle. Celui ou celle qui a la délicatesse d’utiliser votre prénom gentiment.

Certainement pas du vécu dans la plupart des cas. La blessure initiale est trop profonde, l’Ex sait très bien comment rouvrir la plaie. L’amertume, le cynisme, l’absence de respect n’est jamais très loin…

Pour la majorité, sans doute, ça restera alors un moment de stress. Discuter avec l’Ex pour un sujet ou l’autre qui concerne les enfants. Combien les prendront même alors en otage, pour continuer la domination ? Même insidieusement. La gangrène des petites actions qui veulent assouvir la vengeance.

Saviez-vous que certains font l’échange avec du linge souillé laissé en « cadeau » ? Que certains « oublient » de remettre la carte d’assurance-maladie… Qu’ils prennent, seuls, des décisions importantes. Que certains demanderont toujours des changements d’horaire, à leur seul avantage. Qu’ils préparent, sournoisement et en leur faveur, la décision de l’ado…

Ça, c’est sans même parler des aspects financiers. Le chantage le plus efficace, celui qui puise dans votre cœur.

Toutes ces voix autour de vous… « Fais-le pour les enfants, passe par-dessus ! » Sans doute les conseils de ceux et celles qui n’accepteraient rien de tout ça. Juste nous écouter sans vouloir tout régler, ça ne vous tente pas ?

Mais que la communication soit ouverte ou aussi fermée qu’avant, la réalité est là. Celle que toute parcelle raisonnable de vous accepte, mais que votre cœur rejette. Ils vous manquent terriblement quand ils ne sont pas avec vous !

Le paradoxe cruel de la garde partagée, pour l’amour à temps plein…

 

michel

 

Saluer l’arrivée du Nouvel An toute seule comme un creton

Cette année, j’étais seule le 31 décembre à minuit.

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Cette année, j’étais seule le 31 décembre à minuit.

Ça ne m’est jamais arrivé en quarante ans. Je dois apprivoiser la chose.

Je peux passer go sur le party du jour de l’An sans trop de peine. Ça vire souvent en soirée de télévision de toute manière. Je suis capable de regarder les émissions de fin d’année toute seule comme une grande.

La bonne bouffe en bonne compagnie me manquera, les rires autour d’une coupe de bulles aussi. J’ai hésité jusqu’à la dernière minute entre une soupe en conserve et un repas brie-saumon fumé-pain frais maison et brownie décadent. Et le Bye Bye avait intérêt à être vraiment crampant pour me faire rire. J’aurais plus feelé pour regarder Réellement l’amour en vidant une boîte de mouchoirs. Mais ç’aurait été du masochisme émotionnel.

Ce qui m’a manqué, surtout, ce sont mes enfants, les étincelles dans leurs yeux excités de pouvoir veiller jusqu’au milieu de la nuit, le premier câlin de 2020, les souhaits de bonne fée murmurés à leur oreille une fois qu’ils sont endormis. Mais bon. J’avais la chance d’être avec eux à Noël. Je suis mal placée pour chialer! L’appel téléphonique de ma belle ado à minuit pile a mis un baume sur mon cœur. Un petit crémage en sucre à la crème qui apaise.

Je peux aussi me passer de la route à faire. Je suis déménagée de chez ma mère à dix‑sept ans. Si on fait un savant calcul, ça fait vingt-trois ans que je suis sur la route non-stop dans le temps des fêtes. J’ai conduit douze heures dans le temps de Noël, sans compter les trois appels pour faire survolter la voiture à -37. Donc là, je n’étais pas fâchée de rester dans mon nid. Au chaud. Et de dormir dans mon lit. J’ai dû m’imaginer que mes enfants venaient m’y rejoindre le 1er janvier pour une séance de chatouilles.

Je suis douce-amère en pensant à cette nuit de transition annuelle. C’est juste une date. Une occasion de faire le bilan et de prendre des résolutions, ce que je fais plutôt à l’année. Le choc des prises de conscience est moins pire quand on le fait au fur et à mesure. Je me retrouve avec du temps de congé, sans aucune obligation, même pas la pression de me mettre sur mon 36. Ma grosse robe de chambre rose en polar et mes bas turquoises pas assortis du tout étaient parfaits. Et confortables.

Ils ont été parfaits avec le foyer, la télécommande, de la musique (out, les rigodons!) et mon kit d’art-thérapie. Des découpures de magazines, des pinceaux, des crayons, de la colle, des cartons multicolores. Mes cartes de tarot et de pensées positives, pour m’inspirer. Mon journal. Et quelques numéros de téléphone au cas où le vague à l’âme m’aurait pris.

En cette nuit du jour de l’An, j’ai eu une pensée lumineuse pour tous ceux et toutes celles qui, comme moi, ont salué l’arrivée de 2020 tous seuls comme des cretons. (Oui, je sais, cette expression n’a pas d’allure! Mais qui sait comment le plat de creton se sent, tout seul dans le frigo?) Le 2 janvier, la vie normale a repris pour moi. Le travail, l’horaire de garde des enfants, la routine. J’aurai pris un temps d’arrêt nécessaire. J’aurai même eu le temps de peinturer mon sous-sol (faut bien que je m’occupe l’esprit quand mes oisillons me manquent!) Et je retrouverai bientôt mes poussins d’amour.

Pour d’autres, la solitude durera au-delà de cette nuit. Certains ont dit adieu à une personne aimée dans les derniers temps. Certains sont seuls à l’année. Certains vivent loin des leurs et doivent se fier à Facetime pour voir leurs proches devenus loin. Pour eux, la question n’est pas de savoir comment occuper ces quelques heures plus émotives. Il s’agit d’apprendre à vivre avec l’absence, la solitude ou la perte. À ceux-là, à celles-là, je souhaite une année 2020 sereine et douce. Aux autres aussi. On le mérite tous, n’est-ce pas?

Nathalie Courcy

Les voir partir

Ce soir, je les

Ce soir, je les ai vus partir pour la première fois avec leur papa. Avec mon très-nouvellement-ex-conjoint. Je savais qu’ils allaient partir pour la fin de semaine. C’était prévu. Je devais même les accompagner. Mais les choses ont changé. Je n’ai plus le cœur à la fête depuis que je suis séparée.

Ce n’est pas la première fois que nos enfants quittent pour quelques jours. Même comme couple, ça arrivait qu’un des deux parents se gâtait en amenant toute la marmaille et en laissant un temps de « congé » à l’autre. Ça arrivait qu’un des deux parents partait pour une semaine, deux semaines, seul. Pour le travail ou pour des vacances. On avait prévu cette promenade loin de la maison pour la fin de semaine. Mais moi, je n’avais pas prévu la montée d’émotions.

« Maman, tu ne viens pas avec nous? »

La séparation est tellement récente qu’on habite encore ensemble et que l’annonce « officielle » n’a pas encore été faite. On n’a pas besoin de précipiter le déménagement, on n’est pas en situation de crise. Pas de violence, pas d’abus d’alcool ou de drogues, pas d’infidélité. Pas de chicanes incessantes, pas de paroles blessantes, pas de claquage de porte. Des silences, oui. Des « sourires par en bas », comme diraient les enfants. Des tristesses, quelques obstinations sur les rôles de chacun, la division des tâches, les priorités. Des discussions sur ce qu’on veut de la vie, sur ce qu’on est et ce qu’on veut être. Ensemble ou séparés.

« Maman, est-ce que ça se peut que vous vous sépariez? »

Ils ne sont pas fous, nos enfants. Ils voient bien que papa dort dans une autre chambre. Ils voient bien qu’une distance physique sert de bouclier aux câlins habituels. Ils sentent bien que les choses ont changé. Nous, on veut faire ça « comme des grands », ou plutôt comme des enfants : sans plan mal intentionné, sans agenda caché, sans misérabilisme. On ne marche plus dans la même direction depuis longtemps. On a essayé fort, peut-être même trop longtemps, peut-être pas de la bonne façon. Mais on a le même désir de protéger le bonheur de nos enfants dans tout ça. Dans ces décisions de grands qui affectent aussi les petits. Alors on prendra notre temps pour bien faire les choses et pour faire les bons choix.

Une décision cérébrale. Une décision réfléchie. Pesée. Pesante aussi, quand vient le temps de dire au revoir aux enfants. Comme si nos enfants me disaient : « Tu vois maman, c’est ça maintenant, notre vie. On dit “au revoir” et on se quitte. » Avoir le motton, c’est ça que ça fait. C’est ouvrir la porte de la maison pour serrer mes enfants dans mes bras avant leur départ et être celle qui reste en arrière, celle qui comptera les dodos jusqu’au retour. C’est ne pas être capable de répondre comme il faut à leurs questions parce que je ne veux pas éclater en larmes.

Éviter le drame. Me donner le droit de pleurer. Je savais que ça allait arriver, je pensais que j’aurais au moins le temps de voir la voiture du papa tourner le coin avant de m’effondrer. Mais le motton d’émotions s’est pointé quelques secondes plus tôt, quand je ne l’attendais pas. Boule de sanglots dans la gorge, attendant le OK pour se laisser aller, désir de se cacher, de se rouler en boule dans un garde-robe avec une grosse doudou et un chocolat chaud, les larmes qui montent, qui roulent, le goût de crier, de courir pour rattraper mes bébés. 

Les « au revoir » ont été plus rapides que d’habitude. Je m’y habituerai. Les prochaines fois, on saura plus où on s’en va avec notre famille qui vient de basculer dans l’autre 50 % de la population québécoise : celle des couples séparés. Le temps soigne bien des blessures à l’âme, paraît-il…

 

Eva Staire

Une moitié de toi…

Ma fille est partie avec papa pour deux semaines depuis vendredi mat

Ma fille est partie avec papa pour deux semaines depuis vendredi matin dernier et j’ai le cœur triste. Malgré que ce soit notre troisième été séparés, son papa et moi, il me semble que je ne m’habitue pas à ce long deux semaines sans elle. Elle aussi lorsqu’elle est partie, elle m’écrit deux-trois textos durant ce vendredi pour me dire : « Je t’aime maman d’amour. » Je sais fort bien qu’elle passera deux semaines de vacances extraordinaires avec une belle-maman qui l’adore et ses « demis », comme elle les appelle. Elle fera du vélo avec papa, fera plein de belles découvertes et surtout, elle vivra son moment présent comme elle le fait si bien à neuf ans. Elle prendra des tonnes de photos de ses moments de bonheur avec cette belle grande famille où le sport est à l’honneur. Elle prendra soin de ses chiens et elle développera encore plus son autonomie loin de sa maman.

Mettre un enfant au monde et vivre la moitié de sa vie signifie de lâcher prise sur toutes les premières où elle ne sera pas avec moi. Apprendre à partager les anniversaires, séparer les fêtes importantes ou ouvrir les cadeaux le 27 décembre est souvent déchirant. Pour elle, cependant, c’est aussi d’avoir un mois de vacances l’été, car papa part deux semaines puis maman deux semaines par la suite; le double de cadeaux, de câlins, avoir deux maisons, de nouveaux cousins et cousines, des nouveaux amis dans le quartier où papa s’est installé et une vie où la moitié du temps, on est avec un de ses parents.

Des amis en couple me disent que c’est peut-être le meilleur des deux mondes, car on a du temps comme parent séparé pour faire ses activités. J’avoue que je suis peut-être une meilleure maman lorsqu’elle arrive et que j’ai le cœur rempli de bonheur de la retrouver, la tête pleine d’idées pour NOTRE fin de semaine ensemble et une réserve de patience en banque.

J’espère que tu passeras de belles vacances, ma belle cocotte, et j’ai hâte que tu me racontes tes semaines à la mer avec papa et ta nouvelle famille depuis deux ans et demi.   Sache que malgré la distance et ton absence, je pense à toi tous les jours, j’entends même ta petite voix chantante qui pousse ma porte le matin et ton rire lorsque tu viens me rejoindre au lit pour des câlins.

Véronique Hébert

Pour tous commentaires : V23hebert@icloud.com

 

Fabien et l’aliénation parentale

Je m’a

Je m’appelle Fabien et j’ai neuf ans. Ma voisine m’aide à écrire ce message. C’est que j’ai un problème, un gros problème. Mon papa et ma maman ne vivent plus ensemble, ils sont divorcés. On m’a dit que ce n’était pas de ma faute, mais des fois, je pense que j’ai peut-être fait quelque chose de pas correct pour que ça arrive. J’ai une petite sœur, elle s’appelle Marie. Marie habite maintenant avec ma maman et moi, j’ai choisi d’habiter avec mon papa, car je ne voulais pas qu’il soit seul. Mais je ne suis pas heureux.

 

Ma sœur et ma maman me manquent. Mais mon papa me dit souvent que c’est mieux comme ça, car de toute façon, ma maman aime plus Marie que moi. Je pense parfois que c’est vrai et d’autres fois, je pense que c’est faux. En réalité, je ne sais plus quoi penser. Mon papa me dit plein de choses sur maman qui me font de la peine et ça me donne envie de pleurer très souvent. Chaque fois que je dois aller voir maman, papa me répète des choses pas gentilles sur ma maman : « Elle ne t’aime pas pour vrai »; « Elle préfère Marie »; « Tu es une charge pour elle, tu la déranges ». Il me dit que tout ce qui arrive, que le fait que notre famille est brisée, c’est de sa faute à elle.

 

Alors moi, je suis parfois fâché contre maman. Elle n’est pas gentille ma maman, elle a brisé notre famille!

 

Je commence à ne plus avoir envie d’aller la voir, à pleurer et crier pour ne pas y aller. Je crois que parfois, j’ai très envie d’être avec elle et ma sœur et avec le nouveau copain de maman aussi! Il est gentil, je le sais, mais papa m’a dit que je ne devrais pas l’aimer, que son copain ne m’aimait pas, qu’il ne voulait pas de moi. Je ne sais pas si c’est vrai. J’ai peur de perdre ma maman et ma sœur, mais j’ai peur aussi de perdre papa si je vais avec maman. Je ne sais plus quoi faire.

 

Alors ma voisine m’a dit d’écrire mes sentiments et qu’après, ça m’aiderait. Je ne sais pas si ça m’aide vraiment, mais je veux essayer parce que je ne suis pas heureux. Moi, ce que j’aimerais, c’est que papa arrête de dire des bêtises sur maman. Je ne veux pas savoir pourquoi papa n’aime plus maman et pourquoi maman n’aime plus papa. Tout ce que je veux, c’est de pouvoir être parfois avec mon papa et parfois avec ma maman et ma sœur et être heureux.

 

Ça fait longtemps que ça dure. J’en ai assez! J’ai mal dans mon cœur et j’ai la tête toute mélangée. J’ai envie de pleurer, de crier et même des fois de frapper! Si je ferme les yeux, j’arrive à me rappeler les fois où j’ai eu du plaisir avec papa et maman quand ils étaient dans la même maison. Mais je me rappelle aussi les disputes. Alors je pense que c’est mieux comme ça, qu’ils n’habitent plus la même maison et arrivent à être heureux sans être ensemble. Mais moi? Moi, je voulais continuer à être une famille! Il y a des personnes qui m’ont dit que ma famille existe encore, mais qu’elle est différente. Même si moi, je ne voulais pas qu’elle soit différente, je dois l’accepter!

 

J’ai un ami qui s’appelle Sébastien. Lui aussi, son papa et sa maman ne vivent plus dans la même maison. Mais son papa ne dit jamais rien sur sa maman. Des fois, ils jasent même ensemble en souriant. Moi, c’est différent. Je crois que j’aimerais ça que papa et maman soient quand même amis, mais papa dit des choses méchantes et maman réagit, alors je ne pense pas que ça arrivera.

 

Je crois que je vais donner une chance à ma maman parce qu’elle me dit qu’elle m’aime et je crois que c’est vrai. Dans mon cœur, je sais que c’est vrai. Elle est triste que je ne sois pas là plus souvent et elle doit pleurer des fois quand je fais des crises pour ne pas la voir. Je l’aime ma maman, même si papa ne l’aime plus et qu’il est toujours en colère contre elle.

 

Alors voilà, ça m’a fait du bien cette lettre. Je crois que je vais la faire lire à papa et maman, mais pas tout de suite. Avant, je vais aller voir ma maman pour ma prochaine visite et je vais essayer de profiter du temps que j’ai avec elle. Peut-être que je vais aimer ça? Peut-être que je vais voir maman et Marie sourire d’être contentes de me voir. Je vais essayer.

 

À bientôt! Je vais peut-être écrire une autre lettre bientôt.

 

Fabien ( personnage fictif)

Lorsqu’ils s’en vont…

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Lorsque l’on se sépare et que le noyau familial éclate, il y a plusieurs deuils qui nous attendent. Parmi ceux-ci, il y a celui de voir les enfants partir à la fin de chaque période de garde. Qu’on les ait avec nous pour deux jours, une semaine ou un mois, la tristesse est la même.

Pour ma part, chaque veille de départ me souffle son vent de nostalgie, de « c’est déjà fini » et de cœur de maman qui se serre… Le combat débute. D’un côté, l’adulte raisonnable me rappelle que nous avons passé de très bons moments et qu’ils reviendront la semaine suivante. De l’autre, l’enfant en moi a les yeux qui s’embuent facilement et ne veut pas les voir partir.

Pourtant, Dieu seul sait combien ils arrivent parfois à nous exaspérer et à nous mener aux limites de notre patience! Certains pourraient croire que le départ est doux et presque désiré. Que c’est facile, voire agréable d’avoir du temps pour soi, sans eux. Non. Jamais. C’est toujours trop tranquille lorsqu’ils n’y sont pas. La maison est vide. Sans âme. Privée d’une partie d’elle, comme nous.

Parce que c’est un peu contre nature de ne pas avoir sa couvée sous son toit chaque soir. Malgré ce qu’on en dit. Et malgré le fait que la famille éclatée est maintenant ultra commune. Ce n’est pas ce que l’on souhaite lorsqu’on voit leur petite binette pour la première fois. On ne pense pas qu’on devra se séparer d’eux un jour. Du moins pas avant trèèèèès longtemps! Surtout pas pour des raisons de grands que les petits doivent subir.

Et lorsqu’ils partent, on sait qu’on devra affronter à nouveau ces moments difficiles. Ces matins trop calmes où l’on décide de déjeuner au bureau pour ne pas voir leurs chaises vides à table. Et il n’y aura pas ces petites voix aigües qui racontent leur journée à notre retour du travail. Et on n’aura personne à border après le pas-d’histoire. Non, il n’y aura que notre vie d’avant eux, celle qui fait plus ou moins de sens maintenant qu’ils sont là.

Et à travers tout cela, on doit trouver notre équilibre personnel. Et on doit, bon gré, mal gré, trouver un nouveau rythme de croisière. Peu à peu, semaine après semaine, le cœur s’habitue. De nouvelles habitudes s’installent, on comble le vide avec autre chose parce qu’il faut bien avancer. Comme tout deuil, le temps fait bien les choses et réussit à nous faire voir tout cela différemment. Ce n’est ni un scénario idéal ni le chemin le plus facile, mais on doit assumer et y trouver notre compte. Et on y arrive.

Et les jours passent et on les retrouve enfin! On vit tous ces petits moments avec ardeur, sachant trop bien que c’est toujours éphémère. Trop court! Mais, ce n’est pas ce que l’on dit après tout, que la rareté d’une chose en augmente la valeur?

 

Isabelle Rheault

Suis-je un papa indigne?

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Nous sommes samedi matin, en route sur l’autoroute 20, direction ville de Québec. Mon amoureuse et moi avons un petit weekend prévu dans la vieille Capitale. Ça va faire du bien! Malgré la belle grossesse qu’elle vit, une fin de semaine pour penser à nous sera très bénéfique. L’accouchement est prévu dans quelques semaines. Je lui fais la remarque que c’est notre dernière fin de semaine de couple avant la naissance de notre enfant.

Je suis déjà papa d’une princesse de six ans. Elle, ce sera son premier enfant. Notre vie de couple des dernières années changera à jamais dans les prochaines semaines. Actuellement, nous sommes un couple une semaine sur deux et un couple/famille l’autre semaine.

Les kilomètres qui filent me plongent dans mes pensées, je suis loin dans ma tête. Très bientôt, le bonheur d’un deuxième enfant m’envahira, mais de grandes craintes planent présentement dans ma tête.

« Vais-je m’ennuyer de la garde partagée? »

« Vais-je m’ennuyer de notre vie de couple/famille qui suit un horaire alternatif d’une semaine sur deux? »

« Il s’agit de la dernière fois où mon amoureuse quitte la maison sans véritable crainte. Lorsqu’on est parent, jamais nous n’avons l’esprit réellement tranquille. »

« Est-ce que notre couple, qui n’a connu que ce mode de vie, sera affecté? »

« Aurons-nous suffisamment de temps pour nous, pour notre couple, pour les petits bonheurs qui meublent notre vie depuis quelques années? »

« Vais-je avoir le temps de penser à moi? »

« Est-ce que je pourrai consacrer autant de temps à ma grande de six ans? »

« Suis-je un meilleur amoureux une semaine sur deux? »

 « Suis-je un meilleur papa une semaine sur deux? »

Lorsque je me suis séparé, une des premières réalités qui m’a frappé ou qui me hantait avant de prendre la grande décision, c’était de devoir faire la concession de vivre avec ma fille à temps partagé. Pour moi, la décision de la garde partagée a toujours été prise en fonction de l’équilibre de vie de ma fille et de la meilleure stabilité possible considérant la situation pour elle. Après plusieurs essais et de constants ajustements, la formule la plus adaptée a été la garde sept jours chez papa et sept jours chez maman. En plus d’une belle flexibilité pour s’ajuster aux aléas de la vie, ça se passait quand même très bien.

Mais je me dois d’être honnête, une fois le deuil provoqué par la garde partagée passé, j’ai pris goût à cet équilibre de vie. Pas parce que je n’aimais pas mon enfant, pas parce que je n’assumais pas mon rôle de père, mais simplement parce qu’à mon avis, cela me permet d’avoir un plus bel équilibre de vie. Au lieu de n’y voir que du négatif comme certains parents, j’ai essayé d’en voir les avantages. Et croyez-moi, ils sont nombreux.

Une semaine sur deux, j’adore avoir plus de temps pour moi, pour mon amoureuse et pour mon couple. J’apprécie d’avoir davantage de temps pour ma carrière, un peu plus pour les amis, en plus de planifier de belles sorties, des soirées ou des fins de semaine en adultes. Ma vie d’homme, d’adulte et d’amoureux en plus de celle de papa doit être répartie le plus également possible pour que je me sente bien. Pour que je trouve mon bonheur.

Certains diront que je suis égoïste, indigne ou irresponsable d’exprimer tout haut et en toute honnêteté ces faits, mais je l’assume totalement. Quand ma fille arrive pour sa semaine chez papa, je suis prêt à ne me consacrer qu’à elle. J’ai toujours très hâte à ce moment de retrouvailles. Chaque fois, je vis une petite émotion et une fébrilité à l’idée de la voir me sourire, de ressentir sa joie et son bonheur. Mon cœur est rempli d’amour et de fierté. À partir de ce moment, nous avons un compte à rebours de sept jours qui débute. Notre objectif : profiter ensemble du temps précieux qui nous est alloué, apprécier le moment présent et tout ce que la vie nous envoie comme bonheur. Je suis un homme choyé, mon amoureuse partage aussi tous nos moments et elle nous en crée. C’est la situation idéale.

Est-ce que ce serait différent si nous étions ensemble en tout temps? Je ne le crois pas, mais rien ne sert d’y réfléchir, ce n’est pas ma réalité. Ne me dites pas que ma vie n’est pas normale, que ce n’est pas ça, la vraie vie! C’est la vie de beaucoup de gens autour de vous, si ce n’est pas la vôtre. Du fait, qu’est-ce que la normalité ou la vraie vie? La normalité de la vie, de notre vie, c’est à tous et chacun de l’établir selon ses propres envies. Il faut se respecter.

Cette vie en garde partagée aura duré tout près de quatre ans. Mon amoureuse et moi attendons notre petite perle très bientôt. Ce sera un immense bonheur. Nous trouverons un nouvel équilibre à travers cette nouvelle vie. Par contre, je suis quand même réaliste, je sais que tout changera… Suis-je un papa indigne si je vous dis que je redoute de m’ennuyer de la garde partagée?