Archives février 2017

BABI, BABI et demi : Message aux familles d’un Bébé à Besoins Intenses

Toi, la maman d’un bébé qui pleure du matin au soir et du soir a

Toi, la maman d’un bébé qui pleure du matin au soir et du soir au matin, qui te donne l’impression qu’il aurait mieux fait de rester dans ton utérus une année ou deux de plus pour trouver sa sécurité, qui se trouve trop loin de toi même s’il est dans tes bras ou dans le porte-bébé…

Toi, le papa qui fais ton possible pour prendre le relais quand tu reviens du travail, pour libérer les bras et alléger les épaules de ta douce, toi qui te sens impuissant devant ce bébé-criard, ce bébé-colère, ce bébé-jamais-satisfait-toujours-en-manque-d’une-sécurité-que-vous-pensez-lui-donner-mais-qui n’est-jamais-suffisante…

Toi, le grand frère, la grande sœur, qui est écœuré d’entendre ce petit monstre en couche hurler quand tu aimerais déjeuner en paix, quand tu voudrais regarder ton émission préférée, quand tu voudrais jouer avec tes parents à la cachette ou à Minecraft, toi qui es à bout de te faire voler ta place et ton temps de qualité avec tes parents par un bébé qui prend toute la place et qui occupe tout le temps de tout le monde…

Je vous comprends. Mon mari vous comprend. Ma fille aînée vous comprend. Nous sommes passés par là. Et nous nous en sommes sortis! Alors vous aussi, vous réussirez. Vous ne savez pas quand et ça rend le moment présent encore plus pénible. Si quelqu’un pouvait vous promettre que dans une semaine, un mois, un an, ce rythme de vie infernal sera chose du passé, vous auriez au moins quelque chose à vous raccrocher. À la fin de chaque journée, au moment de coucher la petite bestiole intense (bébé dormira une heure, peut-être deux si vous êtes chanceux, avant de recommencer son cirque), vous pourriez au moins faire un X libérateur sur le calendrier. Bébé sera peut-être toujours intense et hypersensible, mais un jour (promis juré craché!), ce sera plus facile. Votre amour, votre patience, votre écoute, votre façon de répondre à ses multiples besoins paieront. Le lien entre vous sera encore plus fort et il se sentira en sécurité.

Même si on sait d’avance que les bébés pleurent, ont des coliques, lancent des objets et vivront éventuellement un terrible-two (et toute autre phase poche qui fait partie du développement normal), personne n’est préparé mentalement et physiquement à vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec une boule de rage et d’anxiété. Aucune réserve de sommeil ne tient le coup devant l’accumulation interminable de nuits interrompues par des séances de berçage pendant lesquelles bébé sanglote et se tord dans tous les sens.

Dans un autre billet, je parlerai aux frères et sœurs de ces BABI. Vous aussi, ce bébé vous fait vivre beaucoup d’émotions, alors ça vaut la peine d’y consacrer un texte entier. Je m’adresse ici aux parents.

  • Consultez un médecin (peut-être y a-t-il un problème physique qui explique les crises), un pharmacien ou un homéopathe (pour un traitement contre les coliques ou l’anxiété, par exemple); visitez un ostéopathe. Avec mes enfants, le reiki est aussi très efficace! Peut-être que vous avez des doutes, mais entre vous et moi, vous avez tout à gagner.
  • De grâce, gardez toujours près de vous de la musique (classique ou métal, selon ce qui vous apaise et qui peut « enterrer » les pleurs à 90 décibels (au-delà, on est sur le bord de perdre l’ouïe. Sérieusement). Une fois que vous avez été à l’écoute de votre bébé (A-t-il faim, soif? Est-il malade, mouillé, inconfortable? A-t-il trop chaud, trop froid? Est-il trop stimulé?) et tout fait pour le soulager (lait, eau, purées, couche changée, vêtements appropriés, bouillotte (un colleux ventre à ventre fait le travail), emmaillotement, massage, chansons), la musique peut étirer votre patience jusqu’à ce que le calme revienne.
  • Ayez sous la main une liste de personnes de confiance qui sont prêtes à prendre soin d’un BABI (en toute connaissance de cause, sinon ça peut ruiner une relation) pendant un moment pour vous donner une chance de refaire vos forces.
  • Pensez à tout ce qui vous aide à rester zen : parfums, huiles essentielles, massage, bruit blanc, méditation… Vous shooter au Valium est déconseillé si vous allaitez… D’ailleurs, vider votre bar en une soirée est déconseillé en tout temps. Par contre, ça peut être un fantasme qui vous aide à passer à travers une soirée particulièrement pénible!
  • Gardez votre humour, autant que faire se peut. Quand vous n’en avez plus, même pas une petite pincée, et avant de penser à lancer votre bébé par la fenêtre, déposez-le dans son lit et allez prendre de l’air pendant cinq minutes. Question de sécurité. Même les personnes les plus saines d’esprit peuvent péter un plomb.
  • Appelez la Ligne Parent, votre marraine d’allaitement, votre mamie ou votre meilleure amie. Avec votre conjoint(e), partagez les tâches (bercer bébé cinq heures par nuit devient une tâche même si vous le faites avec amour, croyez-moi!) avant de devenir fous. Ou de vous séparer.
  • Gardez une boîte de jeux pour vos autres enfants, que vous pouvez utiliser même si bébé BABI exige toute votre attention. Il se peut qu’un lecteur DVD ou une tablette en fassent partie. Rappelez-vous : c’est temporaire. Si votre plus vieux devient accroc, il sera toujours temps de gérer ça quand monsieur BABI sera de meilleure humeur.
  • Sortez. Et pas juste pour aller faire l’épicerie. Faites des activités avec vos autres enfants, sortez voir des amis, faites des activités qui vous tentent, mangez au resto en amoureux. Je ne l’ai pas fait, je le regrette encore. Il faut se donner un coup de pied dans le derrière avec de solides caps d’acier, mais votre corps, votre cerveau, vos oreilles, vos bras et votre cœur ont besoin de silence, d’air frais, de calme. Mute and reset!
  • Ne vous définissez pas seulement comme un parent. Et ne vous définissez surtout pas comme un mauvais parent. Ça vous arrivera. Exprimez-le (même si tout le monde vous dira que vous ne devriez pas dire ça!) Souvenez-vous que les circonstances ne définissent pas ce que vous êtes. Vous faites de votre mieux? Votre bébé n’est pas facile? Vous êtes un bon parent. Vous faites des erreurs? Ça vous arrive même de sacrer quand votre bébé se réveille pour la 3000e fois? Vous êtes un bon parent. Nul besoin d’être un parent parfait pour être un bon parent.

Avoir un BABI est une épreuve. Être un BABI est un diagnostic. Ce n’est pas un mythe. Je vous donne la permission d’envoyer promener ceux qui vous diront que les BABI n’existent pas, que vous n’êtes pas assez (stricts, patients, encadrants, tough : choisissez). En ce moment, vous n’avez pas besoin de ces personnes. Entourez-vous de personnes qui vous aiment assez pour accepter que vous êtes plus qu’à bout et que vous avez besoin d’aide, de personnes qui vous donnent un coup de pouce et une petite tape sur l’épaule.

ligne parent

http://sphq.org/trouver-un-homeopathe-membre/

https://www.ritma.ca/osteopathie-association.php

 

Quand les enfants quittent

Autour de nous, nous avons tous quelqu’un qui nous fait des reproc

Autour de nous, nous avons tous quelqu’un qui nous fait des reproches du genre : « Ouain… on te voit pas souvent » ou « Je pensais que tu m’avais oublié ». Tellement désagréable! Je me suis promis que JAMAIS, je ne serais ce genre de personne. Mais voilà, d’ici l’été, mes deux garçons auront quitté tour à tour le nid familial. Et devinez ce qui m’arrive? Je me retiens à deux mains pour ne pas leur faire de telles remarques. C’est l’horreur!

J’ai tant soupiré devant le désordre de leur chambre. À présent, je soupire de la voir vide. Moi, qui me pensais forte et indépendante. Moi, qui me croyais prête à leur départ étant donné la garde partagée. Me voilà les yeux pleins d’eau, à la vue de cette publicité de Tim Hortons, dans laquelle le jeune homme parti à l’université paye des cafés à sa mère… Le rêve!

J’ai tant travaillé pour qu’ils deviennent autonomes. Aujourd’hui, je me surprends à espérer qu’ils auront encore besoin de moi. J’entends mon écho leur répéter cette phrase, un peu exaspérée par leur proximité : « Veux-tu que je te mette en p’tite boule et que je te remette dans mon ventre? » Maintenant, la nostalgie m’envahit lorsque je vois un enfant sauter au cou de son parent. Quel beau souvenir!

Hier encore, ils étaient tout petits. L’un me demandant de lui flatter la joue pour s’endormir, l’autre de lui chanter La poulette grise. Je nous revois, « collés collés » dans mon lit à l’heure de l’histoire. Rituel sacré et petit bonheur quotidien d’autrefois.

Bien sûr, ça n’a pas été facile tous les jours. Les enfants peuvent être des magiciens du bonheur. Cependant, il arrive que la magie se teinte de noir. Deux garçons atteints de « dys… » et compagnie représentent un défi qui semble parfois insurmontable. L’école a été un chemin parsemé d’obstacles.

Toutefois, à coup de petites réussites et de beaucoup de persévérance, ils ont grandi. Chacun à sa façon, ils font leur place dans la société. L’aîné aura réussi à obtenir un diplôme du cégep et le cadet s’installe lentement dans le monde du travail, heureux de laisser l’école derrière lui.

En terminant, chers fils que j’aime de tout mon cœur et que je chérirai toute ma vie (c’était leur phrase préférée lorsqu’ils avaient quelque chose à me demander), j’espère que vous saurez mordre dans la vie et profiter des instants de bonheur qu’elle vous offrira. Sachez que je suis extrêmement fière de notre parcours et des hommes que vous devenez.

Isabelle Lord

Ressources Parents

Coaching familial

Et maman

Les adolescents en fugue

De nos jours, l’adolescence commence de plus en plus jeune et surt

De nos jours, l’adolescence commence de plus en plus jeune et surtout, fini de plus en plus tard. Les adolescents, on le sait, sont en recherche de liberté et d’autonomie. La liberté ne signifie pas nécessairement pour eux la même chose que pour nous. Ils veulent également contester l’autorité, qu’elle soit parentale ou autre. Donc, si on prend un mixeur à drink et qu’on mélange un peu de recherche de liberté avec une tasse de contestation, le tout arrosé d’une demi-tasse de courage, d’insouciance et d’influence, ça donne la recette parfaite pour un drink de plus en plus à la mode : LA FUGUE.

Non, nos adolescents ne fugueront pas tous. Certains n’en auront jamais le courage, alors que d’autres n’en sentiront pas le besoin ou encore ne choisiront pas cette option. Mais à voir le nombre de fugues au Québec chaque année, je pense qu’il est important d’en parler à vous, les parents d’adolescents ou de futurs adolescents.

Mais qu’est-ce qui arrive avec nos ados lors de leurs fugues?

La plupart d’entre eux se ramassent chez un ami pour 24 à 48 heures. Il est primordial d’avoir le plus possible de coordonnées de tous les amis de vos adolescents. Ce sera la première piste d’enquête importante à explorer pour les parents ou encore pour les policiers. Même s’ils ne se ramassent pas chez leurs amis, ces amis seront une source d’informations exceptionnelle, car les ados, ça se texte tous les jours sur leur cellulaire, sur Messenger ou tout autre forme de communication mobile. Ces amis pourront donc faire rapidement avancer les recherches. Mais parlons un peu plus des fugues chez nos adolescentes.

À quels risques pourraient-elles être confrontées? Que peut-il leur arriver?

Il y a des grands méchants loups qui attendent avec impatience nos brebis adolescentes afin d’augmenter leur troupeau. Oui, on appelle ça des proxénètes. Ces individus stagnent dans des endroits très bien choisis afin de servir de porte de sortie pour nos adolescentes en fugue et en manque de ressources. Les stations de métro et les parcs sont des endroits de choix pour les grands méchants loups. Voici comment ils procèdent :

— Ils vont les approcher tranquillement en leur demandant ce qu’elles font dans le coin. Ils seront gentils, agréables et généreux. Ils peuvent leur offrir un endroit où habiter pendant leur fugue. Un endroit sécuritaire, gratuit et amusant. Ils sont jeunes et cool.

— Ils vont complimenter la jeune fugueuse. Ils vont la nourrir, l’héberger et surtout la GÂTER. Elle se sentira belle et désirable, car croyez-moi, ces loups sont de vrais charmeurs. Ils vont même jusqu’à leur laisser croire qu’ils forment un couple. Elles recevront des cadeaux, des vêtements et tout ce qu’elles souhaitent. Après tout, ils sont prêts à investir sur leur future source de revenus!

Par la suite, la fugueuse se sentira redevable puisqu’elle aura reçu beaucoup de son loup charmeur. Si elle ne se sent pas redevable, le loup lui fera sentir qu’elle doit l’être. Et malheureusement, elle le sera.

Il lui présentera l’idée qu’il a beaucoup dépensé pour elle et qu’il est temps de le rembourser un peu. Évidemment, la brebis a un portefeuille très dégarni… et il le sait très bien. Il l’emmènera donc, très subtilement, à la convaincre d’avoir une relation sexuelle avec un ou des amis contre de l’argent. Et de plus en plus subtilement, il l’emmènera à faire d’autres clients contre de l’argent qu’elle devra lui remettre. Bien entendu, le loup lui expliquera que ce n’est que pour un court moment et que cet argent s’accumulera et servira à s’acheter un condo pour qu’ils puissent habiter ensemble, meubler le condo et être heureux en couple. La brebis, complètement amoureuse de son loup, finira par accepter, se disant que de toute façon, c’est pour le bien de leur couple.

La brebis verra bien que son loup a beaucoup d’autres brebis qui font la même chose qu’elle, mais le loup lui expliquera qu’elle, c’est sa blonde, voire sa femme. Les autres ne sont là que pour travailler et il n’a aucun sentiment pour elles. De plus, elles lui font faire plus d’argent, ce qui l’aidera à s’acheter un condo plus rapidement. Il la convainc que tout cela n’est que passager. Le problème est que chaque brebis se fait évidemment dire la même chose par le loup rusé… et malheureusement, chacune des petites brebis égarées va le croire, car c’est un excellent menteur et un manipulateur.

Certains loups vont même convaincre la brebis de changer de province, car ses parents et la police la recherchent beaucoup trop intensivement, et ces derniers pourraient gâcher leur rêve. La plupart des brebis accepteront ce déménagement. Il y aura même un changement de coupe de cheveux et de couleur de cheveux, question que les photos publiées par les autorités ne nuisent pas trop à son commerce lucratif.

Un jour, si les policiers ne la retrouvent pas avant, la brebis finira par voir qu’elle s’est fait avoir et que son loup a fait plusieurs milliers de dollars sur son dos. Elle essaiera de fuguer de chez son loup puisqu’elle ne peut pas le laisser comme ça : il n’accepterait pas qu’elle parte. La jeune fille vivra alors une peine d’amour, mélangée à un sentiment de trahison et de honte. Et en plus, elle doit retourner chez ses parents dans un cadre plus rigide et structuré avec, évidemment, un manque de confiance de la part de ses parents. Et il y aura un long et difficile travail de reconstruction d’estime d’elle à faire.

Les fugues chez les adolescents existeront toujours et les policiers continueront toujours à travailler pour les retrouver. Pensons prévention. Abordez le sujet avec vos jeunes. Parlez-leur de ce que vous savez maintenant à propos des loups.

PARLEZ-EN SURTOUT AVEC VOS ADOLESCENTES. Elles doivent connaître les patterns au cas où un jour, elles sauraient en reconnaître les signes lors d’une fuite. Surtout, n’évitez pas le sujet de peur de leur donner des idées. Faites-leur lire cet article s’il le faut. Imprimez-le et laissez-le traîner dans la maison. C’est pour leur bien et leur sécurité.

 

Fuir ou frapper : pas les seules options

Mes filles arrivent à l’âge où j’ai fait subir à ma mère l

Mes filles arrivent à l’âge où j’ai fait subir à ma mère l’inquiétude aiguë de ne pas savoir où j’étais, mais de savoir que j’allais mal. En deuxième année du secondaire, je me suis sauvée deux fois de l’école privée. J’ai fugué. Pas longtemps, pas loin, mais assez pour semer la panique. Et je ne voudrais tellement pas que mes enfants fassent la même chose! (Je m’excuse encore, maman…)

La Nathalie de l’époque était malheureuse. Elle avait le goût de mourir. Elle avait des amis, elle réussissait très bien à l’école, elle avait des buts dans la vie (gagner les compétitions de fanfare avec les cadets, gagner le concours de dessins et la dictée annuelle), elle avait un toit pour se couvrir et une famille aimante. Tout pour être heureuse et bien dans sa peau, mais apparemment, quelque chose manquait.

Il manquait un père, qui me manquait terriblement depuis son décès cinq ans plus tôt. Le deuil s’étirait, et l’expression du deuil n’était pas toujours bien accueillie. À l’âge où je vivais mon trip d’Œdipe, lui apprenait qu’il avait un cancer incurable. Alors à l’âge où j’aurais eu besoin de mon papa policier pour me policer et m’aimer, il me manquait. Un manque dans le sens de sevrage. Avec des souffrances et des séquelles.

Je ne manquais pas de confiance en moi, je connaissais mes forces et j’étais capable de répliquer aux terreurs de cinquième secondaire qui essayaient de terroriser la classe de petites bollées que nous étions. Mais derrière l’ado frondeuse que j’étais, derrière la mi-rebelle, mi-nerd, il y avait une fillette terrorisée, jammée à l’âge où son papa était parti et où elle subissait des abus de la part de jeunes garçons en rut. Pas facile de se définir comme jeune fille, quand nos repères masculins sont aussi biaisés.

Et puis, j’avais deux frères, eux aussi premiers de classes et rebelles à leurs heures. Ils étaient passés maîtres dans l’expérimentation des mauvais coups de la vie. Alcool, drogues, découchages, tests d’explosifs, violence… Je me rappelle avoir eu cette conversation avec moi-même : « Tu dois faire quelque chose qu’eux, ils n’ont pas fait. » Ils n’avaient jamais fugué, alors c’est ce que j’ai fait. Probablement par manque d’attention, aussi pour exprimer un mal-être.

Quand on habite dans un petit village de campagne perdu entre Montréal et Québec, le choix des destinations est limité. La première fois, j’avais planifié l’expédition. J’avais apporté un deuxième manteau pour éviter d’être repérée grâce à mon manteau rose bonbon. J’avais calculé le temps que je devais niaiser à ma case pour que les autres élèves partent à leur cours avant moi. J’avais choisi la journée où notre première période avait lieu dans un autre pavillon. Ça me donnait une raison pour sortir de l’école. Il ne me restait qu’à passer par un chemin où je ne serais aperçue par personne et ce serait tiguidou.

J’ai marché, marché, marché. Et encore marché. Le long de la rivière gelée en contemplant l’idée très attirante de me pitcher dedans. Deux visions m’en ont empêchée : la panique que je ressentirais avant que mon corps s’endorme, et l’impact que ce suicide aurait sur les compétitions de fanfare. Je ne voulais pas, bien sûr, que ma famille et mes amis aient de la peine, mais au bout du compte, c’est bel et bien mon appartenance aux cadets qui m’a retenue sur la rive.

J’ai marché dans le froid hivernal jusqu’à une forêt. Et là, je me suis couchée en boule sous une chaloupe qui y avait échoué. Comme moi. Je ne sais pas combien de temps j’y suis restée, mais je sais que j’ai marché dans le sens inverse tout l’après-midi. À 3 h 45, je montais dans l’autobus jaune comme si de rien n’était. Pendant que moi, j’étais dans ma tête, en plein débat sur ma volonté d’en finir, de continuer à marcher ou de revenir, ma mère, mes profs, la direction de l’école étaient en mode panique : où est Nathalie?

Il n’y a pas vraiment eu de conséquences, peu de discussions à la suite de cette fugue. J’ai perdu des points de bon comportement à l’école parce que je m’étais absentée sans permission. Dossier clos.

La deuxième fois, ce n’était pas prévu. Mais bien sûr, comme rien n’avait été réglé, la répétition était prévisible. Je ne me souviens même plus de ce qui a déclenché mon départ, mais je suis partie de l’école encore une fois. Et j’y suis revenue quelques heures plus tard. Le soir, ma prof titulaire m’a téléphoné, inquiète. Elle a été très présente toute l’année et son écoute m’a soulagée d’une grande tristesse. Plusieurs années plus tard, je l’ai croisée par hasard et j’ai pu la remercier. Mais maintenant qu’elle est décédée, je reste avec le regret de ne pas l’avoir remerciée assez.

Le lendemain de ma fuite, la directrice générale a demandé à me rencontrer dans le corridor : « Nathalie, normalement, on devrait te mettre à la porte du collège. Tu as perdu tous tes points à cause de tes absences non autorisées et aussi parce qu’il t’arrive d’insulter des profs (vous savez, ceux qui m’appelaient “Poison” ou “Microbe” parce que je parlais trop et que je dessinais en classe…). Mais tu es une de nos meilleures élèves. J’ai l’impression que c’est juste une mauvaise passe. Acceptes-tu de rester avec nous? »

J’ai eu un samedi de retenue (pendant lequel j’ai pratiqué mes pièces au cor français en vue des compétitions, et aussi mangé du sucre à la crème préparé par la surveillante) et j’ai dû promettre de ne plus m’enfuir. Promesse tenue, je ne suis plus partie de l’école ni de la maison.

Quand on pense aux « si » (si ç’avait été dans une grande ville, si je n’étais pas revenue la journée même, si j’avais sauté dans la rivière, si quelqu’un m’avait embarquée, si la police avait été lancée à mes trousses, si j’avais reçu plus d’aide dès la première fois, si j’avais été mise à la porte du collège, si, si, si…), on angoisse facilement. Dans mon cas, ces « si » ne se sont pas produits. J’ai été chanceuse et j’ai aussi fait ma chance en revenant chez moi, en acceptant le compromis avec l’école et en apprenant de cette leçon.

Et maintenant que c’est à mon tour d’être maman d’ados, j’espère que je ne serai jamais confrontée aux « si » d’une fugue. J’essaie d’être à l’écoute des signes et d’enseigner à mes enfants d’autres options afin que fuir et frapper ne leur apparaissent pas comme des solutions. On verra si ce sera suffisant.

Nathalie Courcy

Ah! Ce que les enfants peuvent dire!

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Qui n’a pas déjà entendu des citations d’enfants tordants et mignons? Ils ont toujours le don de nous sortir de drôles de phrases dans des moments où on s’y en attend le moins. T’sais, le genre de moments quand on est entourés de plein d’inconnus et où ton enfant crie :

«Maman, Alicia m’a rentré un doigt dans le derrière…

Maman : « Ah! Oui? Alicia, pourquoi fais-tu ça à ta sœur? On ne fait pas ça, sinon il y aura une conséquence. »

Alicia « Ben quoi, j’ai juste rentré mon doigt UN TI-PEU! »

Comme si le UN TI-PEU ne comptait pas… Ha! Ha! J’ai donc décidé de faire un recueil des meilleures citations de mon entourage.

Attention! Sourire en coin et fou rire garantis!

Et vous, quelles ont été les meilleures citations de vos enfants?

Charles, 5 ans : « Maman, les films de tuants, j’aime pas ça! »

Charles 4 ans : Lors d’un voyage à Walt Disney World, Charles sort du manège de Star Wars : « Maman, c’était vraiment pas un manège pour les enfants. J’ai failli vomir dans mes culottes. »

Florence 4 ans : Elle a son air tristounet depuis le matin. Papa lui demande alors pourquoi elle est triste. « Parce que tu as dit que tu allais DONNER mon nom à la garderie. Quel nom je vais avoir, MOI? »

Nancy, 4 ans : « Maman, regarde la belle puante » (bête puante)

Maverick, 4 ans : Au restaurant pour déjeuner, Maverick s’en va aux toilettes avec sa maman. Il lui passe la remarque suivante : « Maman, ton pénis est drôle, il est comme un W. »

Sa maman lui explique qu’elle n’a pas de pénis. Une fois à table, à un moment où personne ne parle, Maverick dit haut et fort : « Ma maman à moi n’a pas de pénis! »

Livia, 4 ans : En revenant d’un souper chez un couple d’amies lesbiennes qui ont eu un enfant, Livia demande : « Maman, comment elles ont fait pour trouver leurs graines? »

Maman avait expliqué à Livia que les papas détiennent les graines pour faire pousser les bébés.

Zoé, 3 ans : « Maman, comment on appelle ça, des p’tits pauvres? Des touts nus? »

Léa, 3 ans : En pointant une femme avec un surplus de poids : « Papa, est-ce que ça veut dire que la madame fait des gros cacas? »

Julia, 5 ans : « Maman, j’ai un coulis! »

– Ah oui? Un coulis?

– C’est dans mon cou… j’ai mal… j’ai un coulis.

– Ah! Un torticolis!

– Oui, c’est ça maman, j’ai un coulis!

Jacob, 7 ans : « Les personnes âgées sont des personnes usagées. »

Amélia, 4 ans : « J’ai hâte d’aller voir le père en miel. » (Père-Noël)

Mathis, 8 ans : En serrant son éducatrice dans ses bras, il lui dit : « Je t’aime tant! »

L’éducatrice lui demande : « C’est quoi, l’amour? »

« C’est quand deux cœurs dansent ensemble. »

Alexandra, 6 ans : « Maman, le film est en français, j’ai compris, il a dit “hamburger”. »

Marie-Ève, 3 ans : En entrant aux toilettes publiques, Maman demande à Marie-Ève de tenir la porte des toilettes, car elle ne barre pas. Marie-Ève répond : « Parce que tu veux pas que personne y voie tes ti-singes, maman? » Toutes les femmes dans les toilettes se sont mises à rire aux éclats.

Antoine, 4 ans : « Maman, je n’ai pas hâte de conduire une auto. »

– Pourquoi?

– Parce que je vais avoir une barbe.

– Hein?

– Ben oui maman, quand je vais être un monsieur, je vais avoir du poil partout.

Mikaël, 4 ans : Sa grande cousine lui demande de lui nommer les parties du corps qu’elle lui pointe. « Le nez, les dents, le rack à dents. » (les gencives)

Xavier, 3 ans : « C’est laquelle, ta planète préférée? La planète ceinture (Saturne)

Alexis, 3 ans : « Maman, on s’en va à St-Moustache » (St-Eustache)

Élliot, 4 ans : En discutant avec son père,  Papa demande à Élliot : « C’est quoi, le bébé du chat? »

– Un chaton.

– C’est quoi, le bébé du chien?

– Un chiot.

– C’est quoi, le bébé d’une vache?

– Un vachier.

Pénélope, 2 ans : « Maman, je veux un bisou de Ski-mous. » (Esquimaux)

Xavier 4 ans : « Maman, y’a plein d’étoiles d’araignées » (toiles)

Lucas, 5 ans : « Maman, est-ce que la lune est pleine?

– Non Lucas, elle sera pleine dans deux dodos.

– Elle n’est pas encore pleine parce qu’elle n’a pas encore mangé assez d’étoiles? »

Mélissa, 4 ans : « Maman, y’a de la pluie verglissante. » (verglaçante)

Élliot 4 ans : Maman lui demande de mettre sa belle chemise. Élliot : « Avec ma belle crevette! » (cravate)

Pierre, 4 ans : Lors de l’enterrement de son arrière-grand-mère : « Maman, pourquoi ils plantent grand-mamie? »

Lily-Jade, 2 ans ½ : Elle adore Céline Dion. Sa grand-maman lui demande quelle chanson elle préfère. Lily-Jade répond : « Pas de tes affaires »

Camille, 3 ans : Dans la douche, Camille prend le savon et fait semblant de se mettre du déodorant. « Regarde papa, je suis capable de me mettre de l’anti-haleine de d’sous de bras!»

 

Ta vie en maquillage

Qu’on en mette un peu, beaucoup ou pas du tout, le maquillage fait

Qu’on en mette un peu, beaucoup ou pas du tout, le maquillage fait partie de notre culture et de notre société depuis toujours. J’ai pensé faire un survol du maquillage à travers notre vie de fillette qui se transforme en vie de maman.

À douze ans : Enfin! Tu as une danse dans un gymnase d’école… prétexte idéal pour te maquiller! Tu appliques un rouge à lèvres couleur rouge 1990, mascara, fond de teint, le tout volé dans la sacoche de ta mère. Finalement, tu ressembles au Joker dans Batman.

À dix-sept ans : Tu te dis qu’avec la face de Christina Aguilera dans son dernier clip, tu ne te feras pas « carter » dans les bars. Alors, tu te maquilles de la racine des cheveux jusqu’aux orteils. Et le tout en quatre couches pour être certaine que ça tienne. À ton retour, tu ressembleras encore au Joker, mais version Heat Ledger. Pour te démaquiller, ça te prend du savon à vaisselle dans une grosse chaudière d’eau chaude avec une éponge en laine d’acier. 

À vingt-cinq ans : Tu retrouves le tube encore neuf de cache-cernes dans le fond de ta sacoche et tu te demandes pourquoi tu l’as acheté. Avec un peu de mascara et un gloss, tu es prête pour sortir fraîche comme une rose et tu l’es encore à ton réveil le lendemain… à 11 h 30.

Enceinte : tu essaies de cacher l’acné qui te pousse sur le front, puis sur le menton, pour ensuite te demander si c’est pas la varicelle. Tu te dis qu’au moins, tu n’auras jamais besoin de Botox avec ton visage bouffi qui a décidé de s’agencer à tes pieds. Tu décides de mettre l’accent sur ce qui n’a pas changé sur ton corps, alors tu achètes plein de beaux vernis à ongles! Tout le monde te dit que tu es rayonnante! Tu la ris encore aujourd’hui.

Quand tu viens d’accoucher : Tu réalises que te maquiller est le moindre de tes soucis. Dans le fond, il y a juste ton bébé qui te voit de proche et si tu as l’air de ce que tu as l’air en ce moment, c’est un peu beaucoup de sa faute, alors il ne peut pas vraiment te juger! Tu agrémentes ton look de poudre pour les fesses, de parfum de régurgitations, ou de p’tit lait… d’ailleurs, tu as sûrement entendu quelque part que le lait maternel fait des miracles pour tout et n’importe quoi, alors tu es game de l’essayer en produits de beauté. Tu te rassures en te disant que Cléopâtre a fait vraiment pire. Mais, au fond, tu viens de fabriquer et de donner la vie au plus merveilleux des petits êtres humains, alors tu te fiches royalement du reste!

Quand tu as des enfants : ça te prend vraiment beaucoup de maquillage pour arborer le look naturel de tes vingt-cinq ans. Ton bâton de cache-cernes dure maintenant une semaine gros max! Tu commences à remarquer l’œuvre du temps sur ton visage, ou l’œuvre des salons de bronzage. Tu songes de plus en plus sérieusement à approcher les thanatologues pour leur demander des échantillons de cosmétiques! Bien quoi! Toi aussi, tu veux avoir l’air reposé!

Puis, tu réalises (en tout cas, je te le souhaite) que vieillir est un privilège que certains n’auront malheureusement pas. Que tes parents avaient donc raison de te dire que le physique n’est pas ce qui compte le plus dans la vie, mais bien ta personnalité. En tout cas, moi, c’est ce dont je me souviens le plus des gens, de leur attitude plutôt que de ce dont ils avaient l’air en 2004 ou même hier… À moins que tu sois Ronald McDonald, ça marque, ça, quand même! 😉

Et vous, quelle est votre relation avec le maquillage? Avez-vous des photos à nous montrer?

Krystal Cameron,

Éducatrice spécialisée

www.parentsconfiants.ca

 

Le jour où tu t’es lassé de nager

J’avais dix-neuf ans qua

J’avais dix-neuf ans quand je t’ai rencontré. Tu avais six ans de plus que moi. Tu avais les cheveux longs et des Dr Martens rouges, et tu conduisais un vieux 4X4 brun duquel émanait une odeur de soirées de party entre amis. Je ne peux pas dire qu’il y a eu un coup de foudre, mais rapidement, une complicité s’est installée. On habitait le Plateau Mont-Royal, on courait les festivals de musique, on regardait des films underground. On était libres et heureux. Tu étais mon ami, mon meilleur ami.

On a grandi ensemble, on a fait un bout de chemin. La vie n’était pas toujours rose, la mer n’était pas toujours calme. On a souvent voulu fuir; on a souvent eu des doutes. Je ne compte plus les fois où j’ai fait mes valises dans ma tête et imaginé ce que ce serait de repartir à zéro, de refaire ma vie avec quelqu’un d’autre.

Malgré les épreuves, on a eu trois enfants ensemble, trois magnifiques enfants. J’ai vu ton regard s’illuminer en les voyant grandir. Tu prenais un plaisir fou à leur faire découvrir le monde. Tu étais un papa fier et affectueux. Je me suis souvent dit que peu importe ce qui nous arriverait, je ne regretterais jamais de t’avoir choisi comme père de mes enfants. Tu les aimais d’un amour pur et sincère!

Notre chemin a abouti à un cul-de-sac. Avec du recul, je vois maintenant que ton problème de santé mentale était un facteur important dans notre éloignement. On a choisi de se séparer, de ne plus se contenter. On se souhaitait du bonheur et on voulait plus que tout réussir notre séparation : pour le bien de nos trésors. On a levé nos verres à nos dix ans de vie commune, on s’est serrés fort et on ne s’est souhaité que du beau pour l’avenir.

Et c’est là que la tempête a frappé. Non seulement la mer n’était pas calme, mais on se faisait engouffrer par les vagues. Impuissante, je te regardais te noyer et toi, tu t’accrochais à moi, me tirant vers le fond. Deux ans de tempête, deux ans pendant lesquels je t’ai regardé te débattre dans l’eau, revenir à la surface reprendre ton souffle pour replonger dans les profondeurs. Il y a eu des moments où je me suis demandé si ce n’était pas ce que tu voulais, au fond, te laisser couler. Tout le monde te lançait des bouées, mais tu n’en voulais pas.

En octobre, tu t’es lassé de nager. J’imagine que tu n’en avais plus la force. On était tous à bout de forces! Nos enfants avaient neuf ans, six ans et trois ans. Par une douce journée d’automne, trois enfants ont appris qu’ils n’avaient plus leur papa. Ces trop petites merveilles que tu aimais plus que tout, tu avais choisi de les abandonner. Ces trois petits êtres qui ont fait naître une lueur dans ton regard ont vu la leur s’éteindre en un instant.

Aujourd’hui, je le dis : je t’en veux! Je te déteste pour ce que tu as fait! Je voudrais avoir la chance de te brasser et de te raisonner. Je voudrais te faire prendre conscience de toute la douleur, de toutes les questions, de toute la culpabilité et de toute la tristesse que tu nous as laissées en posant ce geste. Cette douleur que tu n’arrivais plus à supporter, tu nous l’as léguée. Tu m’as laissé un énorme fardeau sur les épaules : être le seul parent de nos enfants. Comprends-tu ce que ça signifie? Comprends-tu la pression qui pèse sur moi? De savoir que peu importe ce que je ferai, peu importe l’amour que je donnerai à nos enfants… jamais, JAMAIS, je ne pourrai leur épargner cette douleur et ce vide qui les suivront toute leur vie. Jamais je ne pourrai répondre à tous leurs questionnements, car jamais je ne pourrai expliquer l’inexplicable.

J’avais trente-deux ans quand tu t’es suicidé. Tu avais six ans de plus que moi. Tu avais les cheveux courts, tu étais père, tu étais amaigri et je ne te reconnaissais plus. La vie continue pour les enfants et moi : on se lève le matin, les enfants vont à l’école, on rit en famille, on fait des activités, on se colle, on s’aime…

La vie continue, mais elle ne sera plus jamais la même : elle sera toujours teintée par ton départ. Ce nuage noir nous suivra toujours, de près ou de loin : il fera à tout jamais partie de qui je suis et de qui les enfants deviendront.

 

L’amitié à l’âge adulte

Quand on demande à un jeune enfant pourquoi Jérémie est son ami,

Quand on demande à un jeune enfant pourquoi Jérémie est son ami, il donne tout plein de raisons qui sont pour nous irrationnelles : il a un beau camion rouge pour jouer, il a une piscine, ses parents me donnent de la crème glacée, etc. Pour eux, c’est ça, un ami. À mesure que les enfants grandissent, leur perception de l’amitié change. Un jour, ce même enfant dira qu’il est ami avec Jérémie parce que Jérémie est gentil avec lui. Puis, il dira que Jérémie est son ami, car il était là pour lui lors de sa première peine d’amour. La perception de l’amitié change avec l’évolution et la maturation de la personne. Mais si on me demande, à l’âge adulte, pourquoi quelqu’un est mon ami, je vais répondre quoi?

L’amitié à l’âge adulte, c’est une tout autre paire de manches. On ne peut plus dire que c’est notre ami parce qu’il a une belle voiture. Ça ne fonctionne plus ces réponses-là. Il faut chercher plus loin. Parce que c’est puissant. Mes amis, je les compte sur les doigts de mes mains, mais je les ai choisis. La quantité n’a plus d’importance à l’âge adulte. Les fake friends, c’est non.

Dans mon cas, je considère qu’il y a deux types d’amis quand tu es un adulte : ceux qui ont un parcours semblable au tien et ceux qui ont pris un chemin différent. Après le secondaire, beaucoup d’amitiés éclatent. Sans le vouloir, on s’éloigne les uns des autres, même s’il y a quelques mois seulement, nous étions inséparables. Un déménage, l’autre étudie, l’autre travaille, l’autre voyage. Difficile de se voir à cause des horaires parfois fous, parfois surchargés. Certains restent tout de même nos amis à travers tout cela. Après, on rencontre de nouvelles personnes à notre nouvel emploi, dans nos cours au cégep et à l’université. Des gens qui ont des points communs avec nous. Certains plus que d’autres. Plusieurs deviendront des amis. Avec ces deux types d’amis, on a des conversations différentes. Des passe-temps et des sorties différentes. Toutefois, ils sont tout de même nos amis. On organise parfois des rencontres entre ces personnes, on les invite lors de notre fête, parce qu’on en est fier. C’est fini le temps où on était ami avec quelqu’un parce qu’il nous aidait dans nos devoirs de maths.

Pour moi, mes amis doivent être honnêtes. Si c’est laid ce que je porte, je veux qu’ils me le disent. S’ils trouvent que le gars sur lequel le trippe n’est pas bon pour moi, je veux qu’ils me le disent. Je veux aussi qu’ils ne dépendent pas de moi et je ne veux pas dépendre d’eux. Les chiens de poche du secondaire, c’est fini. On peut chacun vivre notre vie sans avoir ABSOLUMENT notre ami avec nous. Ah! Et je suis capable d’aller à la toilette toute seule. Je n’ai pas besoin de mes amis pour m’accompagner.

Je veux aussi qu’ils acceptent mes choix, mais ils peuvent toujours me donner leur opinion. Je veux qu’ils comprennent qu’on peut être des semaines sans se parler, mais que je les aime pareil, que je ne les ai pas oubliés. On est en confiance les uns avec les autres. C’est un peu ça, l’amitié. Une relation réciproque de confiance. Un partage. Une épaule sur laquelle pleurer. Un regard parfois trop objectif sur nos décisions. Un souci du bien-être de l’autre. Une empathie inconditionnelle. Une joie excessive pour un projet mené à terme. Un rêve accompli. Des projets qui n’aboutiront pour la plupart probablement jamais, mais qui procurent tant de plaisir à planifier.

Une amitié, ce n’est pas sans difficulté. Cependant, l’amitié, c’est aussi de savoir se relever, travailler ensemble pour créer des liens encore plus solides malgré l’adversité. C’est de tenir tellement à l’autre que ça fait parfois mal. C’est de faire des compromis sur nos valeurs communes parce que ben, on les aime, nos amis. Pour moi, une amitié n’est pas une question de matériel, d’argent, de cadeaux. C’est plus de savoir que l’autre est là pour moi si j’en ai besoin, et que moi, je serai aussi au rendez-vous en retour.

Ce texte est dédié à mes amies Chloé, Katrine, Amélie, Audray, Julie, Véronika, Katherine, Amélie, Emilie et Kathy. Je vous aime à l’infini!

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Stéphanie P.

 

T’es vite en affaires, ma belle!

Quand on dit que l’amour se pointe le bout du nez quand on s’y a

Quand on dit que l’amour se pointe le bout du nez quand on s’y attend le moins… c’est parfois vrai! C’est ce qui m’est arrivé. J’ai failli faire ma snob et le repousser, mais finalement, j’ai plongé.

Ramenons-nous vingt ans en arrière (oui, on commence à porter fièrement l’étiquette de vieux couple!). Je revenais de passer six mois pour travailler et découvrir le monde. J’avais entamé mon passage sur les bancs de l’université, je travaillais pendant l’été pour payer mes études. Je traînais dans ma petite poche arrière une peine d’amour qui m’écrabouillait le cœur. Le genre dont tu es convaincue à 3 000 % de ne jamais te remettre. Rencontrer quelqu’un n’apparaissait pas sur ma liste de projets, même à long terme.

Et puis, il est apparu. Jeune homme, beau pétard, cultivé, intéressant, athlétique, à l’écoute, drôle, poli, respectueux, à la recherche de l’amour de sa vie, en quête de stabilité relationnelle. « Je cherche la femme de ma vie, celle avec qui je vais fonder ma famille », m’avait-il dit. Cartes sur table. On niaise pas avec la puck! Non mais, on s’entend qu’on n’a pas toutes ça sur notre chemin à l’âge de vingt ans!

Il m’a invitée à sortir. « Oui, ok! » On a ri. On a bu. On a discuté. Enfants, famille, carrière, études, histoire mondiale, musique, voyages, rêves sérieux et désirs fous. On avait en commun d’être partis de la maison familiale à seize ans. Nos mères étaient toutes les deux agentes de pastorale, quelle coïncidence! Lui aimait U2, moi les Beatles. On avait en commun d’être des machines à parlotte, alors la soirée s’est éclipsée en un éclair au chocolat.

Il s’est réveillé dans mon 2 ½. Et qui dit 2 ½ dit juste un lit. Simple, par-dessus le marché. Pour faire une histoire simple et sauter quelques détails, il s’est réveillé dans mon lit et dans mes bras. C’était le jour un de notre cohabitation. Pourtant, je lui avais demandé un mois pour « décider » si je l’aimais. Comme si ces affaires-là se décident avec la tête.

On a caché notre relation le plus longtemps qu’on a pu. Mais avant que la pleine lune revienne, on s’était dit « je t’aime » et tous nos amis avaient remarqué nos yeux dans la graisse de bine quand on se croisait. Un amour si fort, ça se cache mal, ça prend toute la place.

« Si tu veux, tu peux apporter ta brosse à dents chez nous… » J’ai fait une place dans la garde‑robe. Une place sur le bord de l’évier de la salle de bain. Dans le lit, par contre, il fallait s’empiler. On a quand même habité pendant deux ans dans cet appartement minuscule et dans ce lit à une place. Appelons ça un bon test pour le couple.

Six mois après notre première rencontre, nous étions fiancés. Dix-huit mois plus tard, mariés. Nous avions en mains les clefs de notre maison. Le vrai petit couple standard : maison, garage, auto, voyages… Je venais à peine de fêter mes vingt-deux ans.

Mais qui aurait dit qu’être vite en affaires à ce point-là pouvait mener à une aussi belle histoire d’amour, au récit d’une relation durable et à l’épreuve de tout?

Et si jamais nos enfants sont aussi vite sur la switch à mariage, on s’attend à assister aux noces d’ici dix ans!

Les petits soldats

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Ils mènent un combat sans merci, quotidien, contre de méchantes cellules qui envahissent leur petit corps. Ce sont les êtres les plus courageux, les plus souriants, les plus résilients et les plus vivants que j’ai rencontrés dans ma vie.
Quand tu pousses les lourdes portes de l’hôpital pour enfants, et que tu rencontres les petits soldats…

Autour d’eux, il y a une armée : parents, famille, amis, accompagnants, médecins, soignants, associations… une véritable guerre, une croisade… Chacun a son rôle, sa place, le cœur débordant d’amour pour ces enfants qui luttent pour survivre.

Chaque jour est une montagne. Chaque heure est un combat. Contre la maladie et la souffrance. La douleur est présente constamment.
Les armes sont puissantes et les traitements dévastateurs. La déchéance physique de ces êtres si fragiles est terriblement révoltante. Le désespoir se cache derrière toutes les portes… Et pourtant, sur les visages, on ne lit que des sourires. Sur les murs, on ne voit que des dessins. Les couloirs sont remplis de couleurs. La compassion et l’amour sont partout.

Les petits soldats sont entourés de parents dévoués qui tentent de ne pas se noyer. Dévastés par des nouvelles si mauvaises, ils continuent de jouer, de colorier et de chanter des comptines.

Ces enfants-là te remettent les idées en place. Ils te montrent à quel point tu as de la chance d’avoir la santé et comme elle est précieuse. Ils t’enseignent à savourer chaque minute et à la rendre plus belle encore. Ils te font réaliser qu’il n’est pas nécessaire de t’inquiéter quand ton gars a une mauvaise note en histoire ou que ta fille part en voyage seule pour la première fois.

Les petits soldats sont un exemple pour tous : adultes et enfants. Nous devrions tous prendre le temps de les encourager. Même si ça fait mal. Même si ça fait peur. Même si…

Certains retrouveront un jour une vie plus sereine, malgré la maladie qui sera toujours là, malgré les séquelles qui les réveilleront souvent le soir…

Certains soldats tombent au combat. Laissant leurs parents, leurs familles et leurs amis le cœur immensément vide.

Certains soldats tombent au combat, emportant une partie de moi. Anéantissant l’insouciance et la légèreté du quotidien.

Les petits soldats ont besoin de la plus puissante arme du monde : l’amour.
Alors, osez. Osez pousser les trop lourdes portes des hôpitaux pour enfants. Osez apporter votre sourire, votre temps, vos blagues, votre talent, votre cœur. Osez soutenir ces petits soldats et porter leurs parents dans vos bras si apaisants. Osez les bercer, les aimer, même si… certains tombent au combat…

Gwendoline Duchaine

 

Faire des bébés: non, faire l’amour ne suffit pas toujours

Moi, j’en voulais, des enfants. Plusieurs. Et tôt. À peine mari

Moi, j’en voulais, des enfants. Plusieurs. Et tôt. À peine mariée, je voulais m’entourer de cocos et de cocottes à aimer, à accompagner. Mais il arrive que la vie nous mette des barres d’acier dans les roues. Ce qui devait durer à peine plus de neuf mois (en comptant le temps de faire le bébé, de le mener à terme et de l’accoucher) a finalement pris plusieurs années. Ce qui devait être une aventure romantique entre mon homme et moi s’est finalement passé entre mon chum, les médecins, les infirmières, les biologistes, et moi. Avec un donneur de sperme en prime.

Premier mois d’essais : ça ne marche pas. Pas de stress, ça nous fait plus de temps pour avoir du plaisir à deux. Deuxième, troisième, quatrième mois : manque de chance, manque de timing. Rendus au sixième mois, on commence à se dire que c’est le fun de faire l’amour, mais que ce serait le fun, aussi, que je devienne enceinte. Éventuellement. On commence à s’informer plus, à prendre des trucs (les pattes en l’air, une journée sur deux, les soirs de pleine lune…), à se dire qu’on n’est peut-être pas dus pour procréer.

Une fois la demi-année passée, on commence à s’inquiéter. Je commence à obséder. Il commence à se détacher. Faire l’amour devient une obligation, un calcul. Je prends ma température chaque matin, avant même d’ouvrir mes paupières. J’ai une température pas possible, tellement basse qu’elle tombe en bas des chartes, dans le vide. J’ai des cycles tellement courts qu’aucune ovulation ne pourrait trouver sa place. Mais il faut attendre avant de consulter. Attendre le fameux « un an » d’essais.

Un an : c’est presque une fête! Toujours pas de mini-nous à l’horizon, mais au moins, on peut maintenant consulter, chercher des réponses, trouver des solutions. Ça, c’est sans compter l’année d’attente. Il y en a donc ben, du monde infertile? Pourtant, à voir toutes les bedaines rebondies et les poussettes remplies, on a l’impression d’être les seuls à qui la parentalité ne sourit pas. Les amies, les belles-sœurs, les collègues ont des beaux « + » sur leurs tests de pipi. Pas moi. J’échoue même mes tests d’ovulation!

Les questionnaires médicaux débutent, les tests s’accumulent. À qui la faute? On est sous enquête. Chaque nouvel examen médical nous place sur une nouvelle liste d’attente. Nous sommes pris dans une tranchée où on ne voit rien, faussement à l’abri de résultats qui pourraient anéantir notre désir partagé d’avoir une famille à nous. Ponction testiculaire (ouch!), spermogramme, calendrier des températures, échographies vaginales… Notre patience s’use, nos discussions s’enflamment, notre relation s’effrite. C’est prouvé, les parents qui doivent faire le deuil d’un enfant décédé risquent leur couple à la roulette russe. Nous étions endeuillés d’un enfant même pas né.

Puis, le verdict est enfin tombé. Mes cycles étaient une catastrophe. Trouver ma période fertile était aussi difficile que de trouver un grain de sel dans une tempête de neige. Mais ce n’était pas tout. Mon homme n’avait aucun spermatozoïde. Aucun. Zéro. La ligne de vie plate comme le graphique cardiaque d’un mort.

Les discussions ont repris de plus belle. Adoption? Insémination? Abandon du projet bébé? Séparation? L’amour a triomphé et la technologie l’a aidé. Nous avons opté pour l’insémination avec donneur. J’étais déjà boostée aux hormones. Je devrais en plus me piquer (avec une seringue qui me semblait gigantesque!) au milieu de la nuit pour stimuler l’ovulation au max. Ce qu’on ne ferait pas pour tenir notre bébé dans nos bras. Plan de match accepté, défi relevé!

On a dû convaincre une psychologue que nous serions de bons parents (eh! Oui, les futurs parents infertiles doivent réussir cette étape, ce qui rend encore plus frustrant le fait que tant de parents négligents deviennent parents juste en se regardant!) On a rencontré la biologiste de l’hôpital qui nous a aidés à choisir le donneur (dans le temps, on était conseillés par un biologiste qui connaissait tous les donneurs et qui se fiait aux caractéristiques physiques du papa pour sélectionner le donneur anonyme; depuis que la loi sur les dons de matériel humain a changé, les échantillons de sperme se magasinent sur Internet… en tout cas). On a observé les spermatozoïdes au microscope. Ça grouillait de vie! C’est rare que des futurs parents voient leur futur bébé aussi tôt!

Étendue sur la table d’examen en position d’examen gynécologique, j’ai reçu le sperme d’un inconnu qui avait été assez généreux pour donner sa semence. Et deux semaines plus tard, j’apprenais que j’étais enceinte. Première échographie à dix semaines, premiers coups de pied à onze, décollement placentaire à treize, hémorragie à quinze… puis, calme plat. Beau bébé en santé né à quarante semaines.

Ma première grossesse a donc duré presque cinq ans, entre le moment où on s’est dit : « On arrête de se protéger » et le jour où on a pris notre bébé tant désiré dans nos bras. Les autres grossesses ont été plus simples : une fois qu’on comprend le truc (non, faire l’amour ne suffit pas toujours), il était plus facile de réaliser notre rêve de famille.

Si un jour, nos enfants nous reprochent de ne jamais les avoir désirés, nous savons déjà quoi leur répondre!

Eva Staire