Aimer n’a pas de sexe – Texte: Joanie Fournier

Les enfants posent des questions. C’est normal, ce sont des enfants. C’est leur rôle de poser des questions sur la vie. Et je pense que tous les enfants se posent les mêmes questions, mais selon leur génération, leur culture, leurs valeurs, ce ne sont pas tous les parents qui donnent les mêmes réponses. Je pense cependant qu’il est important de donner l’heure juste à nos enfants. De leur expliquer les choses telles qu’elles sont, tout simplement.

Chez nous, ces discussions font partie du quotidien. Je ne me rappelle pas qu’on ait eu UNE discussion sur la sexualité ou sur l’amour, par exemple. Je sais qu’on en parle souvent parce que certaines phrases clés sont répétées souvent ici. Par exemple, j’ai toujours répété à mes enfants, depuis aussi longtemps que je me souvienne, qu’ils ont le choix. Ils ont le choix d’être en couple, ou pas. Ils ont le choix de se marier, ou pas. Ils ont le choix de vouloir des enfants, ou non. Ce n’est pas parce que moi j’ai voulu me marier à l’église devant Dieu, que moi j’ai voulu une grande famille, que moi je suis tombée amoureuse d’un homme, qu’ils doivent faire la même chose. Ce sont mes choix de vie à moi, mes préférences à moi, ce qui me rend heureuse, moi.

Je leur répète constamment qu’ils pourront aimer qui ils veulent. Garçon, fille, cisgenre, transgenre, intersexe, peu importe. Mais, il y a bien une condition ! La personne choisie doit les respecter, les aimer, les traiter avec amour et bienveillance. Parce que je m’en fiche de savoir que mon enfant est hétérosexuel, homosexuel, asexuel, etc. Ce qui m’importe, c’est qu’il sache être dans une relation saine où il se sent aimé, respecté et en sécurité.

J’espère secrètement que mes enfants ne feront jamais de « coming out ». Parce que je ne veux pas qu’ils pensent avoir besoin de se mettre dans l’une de ces catégories. Nul besoin de sortir du placard quand tu n’as jamais été forcé de t’y cacher, non ? Je me dis que je leur souhaite de connaître l’amour, avec un humain formidable. Ils méritent d’être aimés et de connaître ces petits papillons.

J’ai souvent l’impression que notre génération aime mettre des mots sur des gens, des catégories où les encadrer, des boîtes où les restreindre… Dès que quelqu’un sort des catégories connues, on lui en invente une ! Un nouveau mot, un nouveau concept. Pourvu qu’on ait tous une case où se ranger. Je n’ai jamais compris…

Tant que ton cœur bat et peut aimer, à mes yeux, tu es un humain. C’est aussi simple que ça. C’est un garçon ou une fille ? C’est un humain. C’est un hétérosexuel ou un homosexuel ? C’est un humain. D’où il vient ? De la Terre. Je n’ai pas ce besoin d’enfermer des gens dans des cases pour leur accorder de la valeur. À mes yeux, on naît tous égaux et ce sont nos actions qui déterminent la personne que nous voulons être. Donc si tu me traites bien, je te respecte.

Peut-être justement que si chaque enfant pouvait s’habiller comme il veut, choisir le métier qu’il veut et décider de la personne qu’il aime, la paix serait plus facile à obtenir pour tous. Peut-être que finalement, c’est la prochaine génération qui a tout compris. Si seulement tous les enfants pouvaient avoir réellement le choix. Je connais trop d’enfants à qui les parents imposent leurs valeurs et leurs propres choix. Je connais trop de parents incapables d’ouvrir leur esprit.

Et si nos enfants connaissaient en fait les réponses à leurs propres questions ? Peut-être justement qu’il faut arrêter de penser que c’est aux adultes d’apprendre aux enfants. Peut-être que c’est le tour de nos enfants de nous apprendre la vie. Peut-être qu’ils savent mieux que nous comment être un bon humain…

Joanie Fournier

 



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