« Cardio matante »  : risible ?

Récemment, je suis tombée sur des « stories » d’un contact sur Instagram. Cette personne filmait à leur insu des femmes s’entraînant dans un parc. Un genre de cardiopoussette sans les poussettes ni les poupons. L’objectif de ces courtes vidéos ? Ridiculiser ces dames.

Pourquoi ? Je ne le comprends toujours pas.

Je ne parle pas d’une adolescente maladroite n’ayant pas encore conscience de la portée de ce genre de gestes et manquant d’expérience de vie, mais bien d’une femme dans la trentaine supposément éduquée et équilibrée…

En fait, je n’ai jamais compris qu’on puisse rire de quelqu’un qui se botte les fesses pour bouger et prendre soin de sa santé. Que le genre d’activité choisie ne te corresponde pas et te fasse sourire, ok. Par contre, rire de ceux qui la pratiquent, pourquoi ?

J’ai été celle qui s’entraînait plus de vingt heures par semaine, j’ai aussi été celle qui a dû s’y remettre. Heureusement, sans jamais me rendre à un point où ma santé était mise en péril et où mon apparence me freinait. Mais assez pour vivre et ressentir la différence entre ces deux situations.

Il est selon moi mille fois plus facile d’aller courir quand ton corps suit, quand le cardio est au rendez-vous, quand les grandeurs standards de vêtements de sport te vont bien, quand tu as une certaine coordination de base. Je ne dis pas qu’il n’y a aucun mérite, qu’il n’est pas possible de relever des défis et d’avoir l’impression que notre cœur va sortir de notre poitrine. La persévérance est admirable, mais ce n’est pas l’idée ici.

Par contre, quand tu sens ton corps trembler et bouger de manière peu avantageuse au moindre impact (que tu aies raison ou non, c’est ta perception, ton émotion), quand tu ne sais pas quoi porter parce que tu as l’impression d’être saucissonnée dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à un legging, quand tu crois que tes articulations ne tiendront pas le coup, quand passer devant le miroir te donne envie de pleurer, quand tu n’arrives pas à monter un étage à pieds sans transpirer et avoir l’air de faire de l’emphysème… le défi est tout autre. Je pourrais continuer avec de nombreux exemples supplémentaires, mais l’essentiel y est.

Je trouve tellement admirable que quelqu’un se mette ou se remette à l’entraînement lorsqu’il y a des obstacles à surmonter, que ce soit des défis reliés à la santé, une image de soi déformée ou autre. Ces personnes méritent d’être encouragées. Et, si vraiment une « matante » qui fait des squats au parc te lève le cœur à ce point, elle mérite minimalement d’être ignorée et toi, questionne-toi. Tu as un sérieux problème si tu ressens du plaisir à diminuer les autres.

Je ne comprends pas qu’on puisse ridiculiser quelqu’un qui prend soin de lui, qui sort bouger. J’ai beau chercher, je ne trouve absolument rien de drôle à ça, peu importe l’apparence de l’athlète du dimanche.

Et je ne parle même pas du manque de respect immense que représente le fait de filmer quelqu’un en cachette et de diffuser ces images sans son consentement.

Alors, l’auteure de ces « stories » a simplement été supprimée de mes contacts, car je ne veux aucun lien, même de loin, avec des personnes médiocres pouvant poser de si petits gestes.

Jessica Archambault



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