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Le pays des Calinours

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la pandémie à ses pl

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la pandémie à ses plus jeunes enfants…

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la situation à ses jumeaux de quatre ans…

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas leur parler de la COVID et de les laisser sur leurs petits nuages au pays des Calinours…

Nous avons fait ce choix le 13 mars soit à la fermeture des écoles… Nous revenions de voyage pour la relâche et nous étions tous à la maison depuis quelques jours… Pourquoi vous expliquer la situation, mes amours, alors que vous étiez avec maman depuis décembre, car nous avons déménagé et aucune garderie n’avait de place pour vous ? Pourquoi changer notre routine et vous alarmer ? On est bien ensemble non ?

Oh je sais, on ne comprend pas toujours notre choix… On juge un peu les parents de faire ça… « Ben voyons, comment vous pouvez cacher ça à vos enfants ? »

Je dirais : « Ben voyons, pourquoi je leur donnerais de l’anxiété avec une situation qu’ils ne comprendraient pas ? »

Ma plus vieille est bien entendu au courant. Elle respecte l’omerta. Parce qu’elle connaît sa sÅ“ur, elle sait très bien que c’est mieux ainsi. Je crois qu’elle apprécie ses grasses matinées sans réveil nocturne… Elle respecte notre choix et comprend qu’à quatre ans, ce n’est pas évident de cesser les câlins et respecter le deux mètres avec TOUT le monde sauf sa famille immédiate.

Pour toi, ma plus jeune, celle qui vit toute son anxiété dans son « j’ai mal au ventre maman… », je sais que si on te rend nerveuse, tu auras mal au ventre. Tu voudras te coller sur papa ou maman, tu vas te rouler en boule avec ta doudou sur le divan… Aussi, tu projetteras ton anxiété sur ton frère jumeau qui ne comprendra pas pourquoi il est anxieux, tu nous poseras 1 000 questions auxquelles il nous sera difficile de te répondre… Tu te réveilleras la nuit pour nous les poser une autre fois… t’sais, des fois que la réponse serait différente quand il fait noir…

Pour toi aussi, mon garçon, qui me posera des questions, mais ne comprendra pas ce virus, cette distance de deux mètres, cette inquiétude chez les adultes… Les réponses de papa et maman ne seront pas à ton goût et il y aura beaucoup de pourquoi… Je pense à toi aussi qui vivras l’anxiété de ta sÅ“ur par symbiose… sans l’avoir demandé !

Nous avons fait ce choix de façon consciente et après six semaines, j’y crois encore. Les jumeaux s’ennuient de leurs amis de notre ancienne ville, mais nous ne sommes plus là… Ça va bien aller ! Ils aimeraient voir mamie, mais comme on dit que ce n’est pas possible et qu’ils viennent tout juste de passer une semaine complète avec elle à la relâche… Ça va bien aller ! Ils voudraient souper avec grand-papa et grand-maman, mais ils pensent qu’ils habitent encore loin comme avant… Ça va bien aller !

Toi qui nous connais, sache que je ne veux pas ton avis ; je te demande seulement de respecter notre choix. Nous sommes leurs parents, donc nous sommes les meilleures personnes pour choisir ce qui est le mieux pour eux ! J’aimerais que tu respectes mon choix, mais je ne te demande pas d’être d’accord. 😉

Je suis persuadée que je fais le meilleur choix pour EUX, MES amours.

Mes enfants commencent l’école en septembre, il me reste encore du temps, non ?

Stéphanie Poitras

Pour toi, le finissant du secondaire 2020

C’était ta dernière année. Tu savais déjà ce que tu allais faire plu

C’était ta dernière année. Tu savais déjà ce que tu allais faire plus tard dans la vie ou tu hésitais encore. Tu venais de faire ton inscription au cégep quelques semaines plus tôt et tu te croisais les doigts pour être accepté au premier tour dans ton premier choix. Ton secondaire allait se terminer dans trois mois. Tu rêvais du bal des finissants. Tu avais hâte de regarder ton album et de le faire signer par tout le monde. Ce que tu ne savais pas, c’est que la COVID allait frapper et qu’elle changerait tout cela pour toi.

Tu as toujours rêvé qu’une catastrophe survienne pour qu’il n’y ait subitement plus d’école du jour au lendemain. Je le sais, moi aussi à ton âge, je le souhaitais. Sauf que là, c’est arrivé pour vrai. Une semaine c’est le fun, deux aussi. Mais là, le temps a commencé à être long. Ce que tu n’avais pas prévu dans ton scénario est que la catastrophe qui t’empêcherait d’aller à l’école t’empêcherait aussi de voir tes amis, de sortir et de vivre ta vie normalement.

Semaine 3… 4… 5, tu t’ennuies de l’école, chose que tu ne pensais jamais vivre dans ta vie. Tu t’ennuies des corridors pleins de gens, du son de la cloche, de courir pour changer de local entre les périodes. Tu te demandes si tu te souviens de la combinaison de ton cadenas. Tu t’ennuies de tes collègues de classe et même de tes professeurs !

Semaine 6, la décision est prise : les cours sont annulés pour le reste de l’année pour les élèves du secondaire. Tu seras convoqué pour aller chercher tes effets personnels à l’école, et c’est comme ça que l’aventure va se terminer. Les corridors seront vides, les professeurs absents et tes amis aussi. Toi qui avais si hâte à ton dernier examen en juin pour dire au revoir à cet endroit et aller de l’avant vers une nouvelle aventure, tu vas quitter autrement. Tu n’auras pas la chance de dire au revoir à tes professeurs, de les remercier pour l’aide qu’ils t’ont apportée au cours des dernières années.

Je ne sais pas si le montage de ton album de finissants était terminé. Je ne sais pas si tu pourras en avoir un. Pour le bal, j’ai de la peine pour toi, car je me rappelle à quel point je rêvais de ma robe de bal depuis le début de ma cinquième secondaire. Peut‑être l’avais‑tu déjà trouvée ou peut‑être que tu allais bientôt commencer le magasinage pour la trouver. Savais‑tu déjà avec qui tu irais au bal ? C’est un rite de passage important qui marque la fin d’une étape et un premier pas vers ta vie d’adulte, ça méritait d’être souligné ! Le virus en a décidé autrement.

Pour tous les finissants du secondaire 2020 et plus particulièrement pour ma cousine Rébecca, soyez fiers de vous, de ce que vous avez accompli au fils des dernières années. Vous aurez quelque chose d’unique à raconter à vos enfants lorsqu’ils arriveront eux aussi en cinquième secondaire et qu’ils vous demanderont comment ça s’est passé pour vous.

Annie St-Onge

La rentrée de mai

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances dâ€

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances d’été. Mais sans été.

Les élèves sont partis. Sans savoir.

Les concierges ont tout désinfecté.

Les enseignants ont déplacé leur bureau de travail dans leur cuisine ou leur sous-sol.

Ils ont tout fait pour se réinventer. Pour apprendre de nouvelles façons de communiquer avec leurs élèves, avec les parents, avec l’équipe-école, avec les collègues. Team work encore plus que d’habitude.

Ils ont appris le fonctionnement de toutes les plateformes de partage de fichiers et de vidéoconférences. Ils sont devenus leurs propres techniciens informatiques, leurs propres cameramen ou camerawomen. Ils ont adapté leur matériel d’enseignement et d’évaluation à une modernité qu’on avait plus ou moins vue venir : l’enseignement à distance, à grande échelle, au secondaire comme au primaire. Je ne peux même pas imaginer de quoi ça a l’air avec les petits de maternelle…

***

Et maintenant que l’école rouvre ses portes, on fera le chemin inverse, comme à toutes les rentrées scolaires.

Les enseignants sont déjà de retour dans leur classe. Ils ont placé les pupitres (mais en ont sorti la moitié dans le corridor). Ils ont refait leur liste d’élèves (enthousiastes de retrouver ceux qui reviennent, tristes que la moitié du groupe reste à la maison ou soit envoyée dans une autre classe). Ils referont cette liste chaque semaine, en fonction des nouvelles inscriptions et des changements d’idée.

Ils planifient l’horaire des premières journées :

  • Beaucoup de temps consacré aux nouvelles règles à respecter (deux mètres de bulle, des collants aux planchers pour indiquer la direction des déplacements, des lavages de mains encore plus fréquents, et l’obligation d’attendre son tour deux par deux au lieu d’attendre en rang).
  • Le casse-tête des arrivées et des départs d’élèves, des récréations et des dîners.
  • Les matières (en nombre réduit) à réviser ou à enseigner en groupe live et à distance, sans autre matériel scolaire que ce qui se trouve dans les pupitres des élèves et dans l’imagination du prof.

Viendront les journées de canicule, la fatigue de fin d’année et la période des évaluations. Coronavirus, on n’y échappe pas ! Normalement, c’est balancé avec les voyages de fin d’année, les BBQ de juin, les célébrations de finissants, les activités extérieures dans les jeux d’eau et les parcs… mais pas cette année. Juin 2020 sera drabe. Mais mémorable.

Puis, le concierge refera sa tournée, encore et encore. Et encore. Chaque classe, chaque racoin, chaque lieu partagé. Matin, midi, soir. Tout sera nettoyé, organisé, désinfecté. Ça sentira l’eau de Javel dans les corridors ! Chaque jour. Je vous jure, les élèves ne s’enfargeront pas dans les boîtes à lunch qui traînent. Ce sera (en bon québécois) spik’n span.

Puis sonnera l’heure du retour des élèves. Comme à chaque mois de septembre, ce sera progressif, pour ne pas étourdir les enfants et les intervenants. C’est juste que là, la rentrée est en mai. C’est juste que là, la plupart des élèves connaissent leur école, leur classe, leurs amis, leur prof. Mais ils devront les regarder avec des yeux nouveaux. Des yeux prêts à découvrir un nouveau monde stérile en microbes, mais tout aussi fertile en apprentissages et en amitiés. C’est juste que là, les parents ne tiendront pas les mains de leur enfant jusqu’à la porte de la classe. Ils devront plutôt les badigeonner de Purel avant de leur dire au revoir de loin.

Si je me fie à ce que j’ai vu sur l’écran de mon ordinateur cette semaine, quand l’enseignante de mon fils de première année lui a fait visiter sa classe virtuellement, élèves et enseignants attendent ce moment avec impatience, même s’il sera rempli d’inconnu. Tout le monde (incluant les spécialistes du gouvernement, Horacio en tête) aura ses réticences et ses inquiétudes, et une hâte peut-être faite de maux de ventre et d’attentes trop élevées. Et tout le monde apprendra de tout ça.

Les profs et les enfants ont déjà compris que leur plus grand défi, ce sera de résister à l’appel des câlins. Et mon garçon, lui, sait que sa prof a déjà collé dans son pupitre la photo de son toutou préféré parce qu’il devra le laisser à la maison. Bien qu’il ait très hâte de retourner à l’école, il s’ennuiera aussi de son cocon familial. Au moins cette fois-ci, les vacances arriveront à peine un mois après la rentrée !

Nathalie Courcy

Mon papa, confiné

Dans quelques jours, ce sera la fête de mon papa. Il aura 73 ans. Mon

Dans quelques jours, ce sera la fête de mon papa. Il aura 73 ans. Mon papa est atteint d’une maladie grave des poumons, une maladie dégénérative et malheureusement, elle ne se guérit pas.

Mon papa, comme beaucoup de papas, est confiné. S’il sort, il met sa vie en danger. Comme la plupart d’entre nous, vous me direz. Oui. Mais lui, ses poumons fonctionnent à moins de 30 %. Mon papa a des poumons malades.

Je lui ai donc formellement interdit de sortir. J’ai mal en dedans. J’ai mal de devoir lui dire quoi faire. J’ai mal aussi de voir que beaucoup de papas, de mamans et de grands‑parents sont prisonniers. J’ai mal de savoir qu’il y a des gens malades qui ne peuvent voir leur famille et qu’ils sont confinés, seuls.

Mon papa est dans une maison remplie d’amour. Une maison où les gens font attention, où les gens ne sortent pas vraiment sauf pour l’essentiel. Une maison où le lavage de mains devient presque une manie et où une crise d’hystérie surgit si la personne entre sans le faire. Mon papa est, je crois, bien entouré. Oh, ce n’est pas toujours facile, comme dans toutes les maisons, mais mon papa n’est pas seul. C’est ce qui compte.

Je lis de plus en plus des témoignages de préposé. e. s ou d’infirmiers. ères qui racontent comment les personnes âgées sont isolées et comment ces humains sont maltraités, mal nourris, mal aimés. J’ai mal en dedans.

J’ai souvent mal en voyant mon papa ne plus travailler et ne plus avoir de souffle. Sa santé va bien, mais son souffle ne va pas, lui. Ses poumons malades ne vont pas bien, eux, mais il me dit qu’il est heureux parce qu’il n’est pas seul. J’ai toujours peine à le croire. Je sors toujours de sa chambre avec le cœur en miettes. Et lui, il sourit, tout le temps!

Depuis le confinement, je réalise peu à peu ce que mon papa a toujours voulu me dire. Je réalise que j’ai fait le bon choix. Avoir les gens qu’on aime loin de soi en sachant qu’ils sont malades, il n’y a rien de pire. J’ai une pensée pour celles et ceux qui le vivent. Vraiment.  

  • Papa, tu peux descendre, le souper est prêt!

Tranquillement, je vois une petite tête blanche descendre l’escalier, à son rythme bien sûr, le sourire aux lèvres pour déguster un bon repas, en famille.

Oui, mon papa habite avec moi et en cette période de confinement, nous sommes bien heureux de nous avoir! Bonne fête papa!

Tania Di Sei

M’avouer vaincue, moi? Nah!

Ben oui, je suis une maudite bornée. Celle qui ne veut jamais perdre la fa

Ben oui, je suis une maudite bornée. Celle qui ne veut jamais perdre la face. Celle qui fera tout pour éviter le pire. Je suis celle qui va sourire en public, mais qui va rager rendue à la maison. Je suis comme ça. 

Je suis aussi celle à qui la vie a enlevé des personnes importantes cette année, mais qui continue de dire que tout va bien. Parce que je suis celle qu’on croit quand je dis que tout va bien. Je ne veux pas m’avouer vaincue et montrer que ça pourrait ne pas aller.

Oh, je suis celle qui dit que ça va avec le confinement ! Oui, je me plains de la perte des festivals, des spectacles et de ma belle culture d’amour qui me manque déjà, mais je ne veux pas m’avouer vaincue si je dis que chaque fois que quelqu’un sort de chez moi, je panique ; que si ma fille revient à la maison sans se laver les mains, c’est l’hystérie en dedans de moi parce que je pense à mon père qui est là avec ses poumons malades. Je voudrais avoir des yeux à rayons X pour scanner tout le monde qui s’approche de ma porte et surtout, je voudrais envelopper mon père dans du papier bulle pour le protéger. 

Je ne veux sûrement pas m’avouer vaincue en lâchant quelques sanglots quand maman m’appelle pour me parler de son boulot et de ses journées épuisantes à s’occuper des personnes âgées atteintes de la maudite COVID‑19. Une maman si extraordinaire, un ange gardien qui a été là toute ma vie pour moi et qui maintenant, met presque sa vie en danger pour les autres. Mais qui s’occupe de maman, aujourd’hui ? Je ne peux pas aller la voir ! 

Je ne veux sûrement pas m’avouer vaincue en disant haut et fort que je ne dors pas depuis le début du confinement ! Mon cerveau est sur le mode puissance maximale ! Il n’a pas compris le concept du repos, lui ! 

Je ne veux pas m’avouer vaincue devant ma fille, si grande, qui pense que tout va bien malgré le confinement, mais au fond, j’ai la chienne ! Qu’est‑ce qu’il va arriver avec ses études ? Elle saura s’adapter mais moi, je gère tout croche ! Je ne suis pas bonne dans ces affaires‑là de gestion d’émotions.

Je ne veux pas m’avouer vaincue en pleurant, en criant ou en disant que tout me rend anxieuse. 

J’ai l’habitude de tout contrôler et pour la première fois de ma vie, je ne contrôle rien. 

Alors je souris et je continue mon chemin en continuant de ne pas dormir, en me demandant quand est‑ce que je vais retourner travailler, de quelle couleur devrais‑je repeindre ma cuisine, quelle autre plante pourrais‑je acheter, est‑ce que je dois repasser à la SAQ ou à l’épicerie ?… Et en me disant que j’ai vraiment hâte de changer d’activité !  

Tania Di Sei

La réalité dans les CHSLD

Depuis le scandale du CHSLD Herron à Dorval, tout le Québec est secoué p

Depuis le scandale du CHSLD Herron à Dorval, tout le Québec est secoué par l’horreur qui sévit dans les CHSLD. Mais êtes‑vous réellement surpris ? Depuis de très nombreuses années, le personnel médical souligne les défaillances du système de santé dans les CHSLD. Le manque de ressources, le manque de personnel qualifié, les différences entre les CHSLD privés et publics et même d’un CHSLD privé à l’autre. Depuis de nombreuses années, nous demandons d’uniformiser la gestion des CHSLD, d’y investir plus de temps, plus d’argent. Pourquoi devons‑nous attendre qu’un évènement aussi atroce que ce qui se passe présentement dans l’actualité pour réaliser tous les défauts et les problèmes soulevés depuis des années ? On doit réaliser tout le travail à faire. Toutes les lacunes de ce milieu de santé.

Depuis notre plus tendre enfance, nous sommes élevés avec comme valeur de respecter nos aînés, de les protéger. Nos aînés sont, tout comme nos enfants, des trésors à chérir. Nos enfants ont tant à apprendre et nos aînés ont tant à nous enseigner. Ils ont pris soin de nous, ils ont probablement combattu pour ce que nous avons aujourd’hui ; nous ne devons pas les abandonner. Pourtant, lorsque ces personnes âgées sont placées en résidence, beaucoup sont laissés à eux‑mêmes.

Avant la COVID‑19, je trouvais leur situation triste et j’étais convaincue qu’aucun changement ne serait apporté. Maintenant, avec la COVID‑19, c’est la folie. Tout le monde doit aider, tout le monde doit se porter volontaire. Encore une fois, il a fallu un drame pour que nous agissions. Mais savez‑vous vraiment ce qui se passe présentement dans les CHSLD ? Je vais vous le décrire et vous verrez que le gouvernement ne dit pas tout.

Premièrement, nous allons dire les vraies choses. En Italie, ils avaient décrété qu’aucune personne de plus de 60 ans ne serait pas traitée, car leur taux de survie était trop bas. Sachez qu’au Québec, nous avons agi de la même manière sans le dire. Qui ne sera pas traité ? Les personnes en CHSLD. Et quand je parle de personnes en CHSLD, je ne parle pas uniquement des personnes âgées, non : je parle de personnes plus jeunes, entre 18 et 50 ans, qui sont totalement lucides, mais qui sont placées dans ces centres parce que leur condition est trop difficile pour que leur famille s’occupe d’elles. Donc, nous avons des personnes entre 18 et 100 ans dans le même bâtiment, qui n’ont pas toutes les mêmes chances de survie face à ce virus, mais nous les abandonnons toutes.

Deuxièmement, saviez‑vous qu’aucun patient en CHSLD n’est transféré à l’hôpital ? Non, aucun. Le CHSLD devient un hôpital, une unité de soins intensifs, mais sans respirateur. Nope, nada, rien, zéro !

Troisièmement, la pénurie de médicaments injectables. Autre grand secret. Certaines pharmacies ne sont plus capables de s’approvisionner en Morphine, en Lorazepam (Ativan), en Scopolamine (râles et surplus de sécrétions pulmonaires), en Furosemide (élimination de l’eau). Ces médicaments sont essentiels, surtout en soins palliatifs. Présentement, les personnes en CHSLD meurent de la COVID‑19 oui, mais noyées dans leurs sécrétions. Les pharmaciens/pharmaciennes se battent contre des compagnies pharmaceutiques pour avoir accès à ces médicaments. Beaucoup d’entre eux doivent acheter le même produit à une autre compagnie qui le vend entre 5 à 20 fois le prix. Les pharmacies font leur maximum pour éviter que les personnes souffrent, mais nos droits sont limités.

Quatrièmement, les familles de ces patients. C’est horrible. Ils ne veulent pas voir leur proche mourir seul. Plusieurs ont collé des messages dans les fenêtres, d’autres viennent tous les jours les divertir. J’ai vu une famille apporter son échelle pour atteindre la fenêtre de son proche mourant. À tour de rôle, ils montaient avec leur pancarte, leur cœur, leur chanson et disaient un dernier au revoir. Au bas de l’échelle, la famille en pleurs à deux mètres les uns des l’autre. C’est horrible.

Il y a beaucoup à faire en CHSLD. Nous avons oublié ces êtres humains, nous les avons abandonnés. Nous les avons sacrifiés. Quand tout sera terminé, quand les CHSLD seront vides, nos cœurs à nous seront pleins, de tristesse, de honte et de colère. Nous avons crié à l’aide longtemps et tout le monde se fermait les oreilles et regardait ailleurs. J’espère que cette pandémie saura remettre les choses à leur place, remettre de l’ordre dans notre système de santé défaillant.

À tous les médecins, résidents, infirmières, infirmières auxiliaires, préposés aux bénéficiaires et tous les autres membres du personnel médical : NE LÂCHEZ PAS !

Eva Staire

L’enfant oublié

Pour toutes sortes de raisons, où que tu sois en ce moment, tu vis quelque

Pour toutes sortes de raisons, où que tu sois en ce moment, tu vis quelque chose de triste. Au retour de la relâche, tu n’avais plus vraiment d’enseignant. Peut-être même avant.

Tu as vu défiler tellement d’adultes dans ta classe depuis les derniers mois que tu as oublié le nom de certains. Ton enseignant à toi, ton repère, ton phare, a quitté pour sa raison à lui. Épuisé, blessé, malade… Tu as compris, tu avais accepté.

Ce n’était pas facile, mais tu t’étais habitué à ces changements. Parfois, tu as dû t’adapter à cinq adultes en une seule journée… Ta consolation, c’était d’être avec ta gang.❤️

Et voilà que cette situation inattendue survient… Tu es coupé de ta classe, de ta gang. Ton prof? Bof, tu n’en avais plus vraiment. Sauf que présentement, cette absence commence à peser. Entendre tes amis dans la rue raconter leur rencontre virtuelle, recevoir des messages attentionnés de leur enseignant… Ça te fait de la peine. Tu n’as pas cette chance.

Je veux te dire que même si tu te sens oublié, sois assuré que quelque part, un enseignant t’es dédié, virtuellement, sur papier. Cette personne ne te connaît pas. C’est difficile pour elle d’organiser des rencontres alors que tu ne l’as peut-être jamais vue. Dis-toi une chose, cet enseignant n’attend que ça : te rencontrer en vrai, te connaître.

D’ici là, continue d’écrire à tes amis, de les appeler. Le soleil brillera à nouveau très bientôt. 🌸

Karine Lamarche

La réouverture des écoles

Comme beaucoup de parents, nous attendons tous avec impatience les mesures

Comme beaucoup de parents, nous attendons tous avec impatience les mesures annonçant le déconfinement. Nous scrutons les paroles de notre premier ministre et on voit les foules se soulever dès qu’il est question de rouvrir nos écoles…

Le 22 avril, François Legault a annoncé qu’il présenterait sous peu un plan de réouverture des écoles et des entreprises par région. L’idée principale est de relancer d’abord les régions les moins touchées par la maladie et celles où la situation est stable actuellement. Il a spécifié que les parents qui ne souhaitent pas envoyer leurs enfants en classe n’y seront pas obligés.

Et déjà, face à la possibilité de laisser ce choix aux parents, j’espère sincèrement que ce choix sera éclairé, assumé et surtout, respecté. Je voudrais penser que tous les parents, peu importe le choix qu’ils feront, sauront respecter le choix des autres parents. Et disons qu’en temps normal, la parentalité de nos jours ne se fait pas toujours dans le respect de la différence… J’espère vraiment que cette pandémie aura appris aux parents à ne pas juger le choix des autres.

Alors voilà : peut-être que tu feras le choix d’envoyer tes enfants à l’école. Parce que tu dois aller travailler. Parce que tu as envie que tes enfants retournent à l’école pour apprendre et socialiser. Parce qu’il n’y a personne qui a une santé à risque chez vous. Parce que tu te sens à bout et que tu as besoin d’un break. Parce que tu ne te sens pas à l’aise d’enseigner à la maison. Parce que tes enfants ont envie d’y retourner. Je te dis : Let’s go! Envoie-les à l’école. C’est juste bien correct.

Alors voilà : peut-être que tu feras le choix de garder tes enfants chez toi. Parce que tu peux travailler de la maison ou que tu es déjà en congé. Parce que des gens ont une santé fragile chez toi. Parce que tu aimes ça rester en famille en confinement. Parce que tes enfants trippent à faire l’école à la maison. Parce que tu as peur des risques du déconfinement. Je te dis : Let’s go! Garde-les chez toi. C’est juste bien correct.

Alors voilà : peut-être que tu te sens bien perdu là-dedans. Peut-être que tu trouves que c’est une très grande responsabilité de devoir faire ce choix. Peut-être que tu as besoin d’y réfléchir encore. Peut-être que tu attends de voir ce que les autres vont faire autour de toi. Peut-être que tu as envie de tirer à pile ou face. Peut-être que tu vas laisser tes enfants prendre cette décision. Je te dis : Let’s go! Tu as le droit de te sentir perdu aussi, c’est juste bien correct.

Mon seul souhait, c’est que les parents prendront leur propre décision, sans juger celle des autres. Chaque parent fait de son mieux en ce moment. Et chaque parent prendra la bonne décision pour lui, pour sa famille, peu importe ce qu’il choisit de faire. Respect. Le but, ce n’est pas de se juger entre nous et encore moins de se sentir coupables de faire ce choix.

De plus, ça prend des parents qui feront les deux choix ! On a besoin de parents qui enverront leurs enfants à l’école. Parce que grâce à eux, l’économie pourra reprendre et cela permettra d’augmenter notre immunité collective. On a aussi besoin de parents qui garderont leurs enfants à la maison jusqu’en septembre. Parce que grâce à eux, nous pourrons échelonner les cas plus graves et éviter d’engorger les hôpitaux. Grâce aux choix de ces parents, nous pourrons échelonner la contamination et du coup, permettre à la société entière de mieux combattre cette cochonnerie.

Alors, encore une fois, peu importe ton choix, rappelle-toi que celui du voisin est tout aussi valable que le tien, malgré sa différence.

Joanie Fournier


Bienvenue dans mon monde

Le début de cette pandémie nous a causé bien des soucis à tous. Certain

Le début de cette pandémie nous a causé bien des soucis à tous. Certains ont même développé de l’anxiété. Beaucoup de gens vivent du stress face au côté financier. Des séparations s’ensuivent, car ce mode de vie exige une adaptation et un contrôle de ses émotions. Les situations problématiques vécues par les gens sont nombreuses.

J’ai dû m’adapter moi aussi. Étant habitué de rester seul à la maison la semaine et de prendre soin de moi tout seul, je devais m’oublier un peu. Mes enfants étaient là et ils ne pouvaient pas passer leur journée devant les écrans. Ma femme fait du télétravail et elle fait sa part aussi. Entendre du bruit et des cris tous les jours est une grosse adaptation aussi pour mon TSPT. Cela a été très dur pour ma femme et moi, et j’ai dû faire d’énormes sacrifices. Mais c’est un combat de tous les jours et j’essaie de m’améliorer.

Quand je devais sortir, j’étais anxieux d’attraper ce virus à cause de tout ce que je voyais à la télévision. J’avais des symptômes physiques graves pendant les trois premières semaines… Normalement, je regarde très rarement les nouvelles car il y a beaucoup de négatif. Souffrant d’un TSPT sévère et de beaucoup d’anxiété, j’ai grandement diminué le nombre de fois où je consultais les nouvelles. Et cela m’aide beaucoup maintenant.

Un autre facteur de stress était que je me demandais qui allait s’occuper de ma petite famille si je tombais malade. Ma femme est immunosupprimée, ce qui veut dire que présentement, je suis le seul qui fait les courses. Aussi, ma chienne d’assistance Théra n’a pas eu de rendez-vous depuis deux mois maintenant. Normalement, elle se fait belle toutes les quatre semaines. Je ne peux pas lui couper ses griffes moi‑même, car je ne vois pas la petite veine à travers ses griffes noires. N’oubliez pas qu’elle est très importante pour moi. Ce n’est pas seulement un animal de compagnie.

Malgré tout, je me suis adapté quand même assez vite. Comme un militaire qui va à l’étranger pendant six mois dans un pays souvent apocalyptique. Sorties au restaurant, cinéma, magasinage, journée à la plage, etc. : ça n’existe pas. Sur un camp, on mange, on dort, on travaille, on s’entraîne et on patrouille. On ne sait jamais si on va revenir vivant dans notre beau pays. Quelques minutes de téléphones sont permises par semaine pour communiquer avec nos proches. Quand même, notre situation de confinement présentement n’est pas si pire !

Est‑ce que j’ai acheté beaucoup d’épicerie ? Non, seulement un petit peu plus que d’habitude, graduellement, pour éviter d’y aller trop souvent. Nous, les militaires, sommes habitués à avoir une liste d’équipement pour nos bagages afin d’avoir un peu de tout. Donc je me suis assuré que ma famille puisse avoir un peu de tout, sans exagérer. Mon expérience militaire me disait que les supermarchés ne pourraient pas fermer.

Pour moi, sortir pour l’essentiel est déjà une réalité depuis un bon bout de temps. Normalement, je sors de la maison seulement pour faire mes courses. La plupart des activités avec les enfants sont effectuées avec ma femme. Donc pour mon mode de vie, rien n’a changé. C’est pour cela que je vous dis : Bienvenue dans mon monde.

Oui, j’aimerais bien souvent aller voir des groupes rock que j’ai aimés pendant ma jeunesse. J’aimerais faire beaucoup de choses, mais les foules et le bruit, pour moi, c’est impossible.

Étrange à dire mais maintenant, je me sens mieux dans cette situation. Les supermarchés sont presque déserts. Une discipline rigoureuse est établie, ce qui vient me rejoindre face à mon expérience militaire. Les gens ont peur et ont probablement plus peur que moi. Donc ils gardent leurs distances. Bien sûr, je choisis les endroits où la plus grande discipline est respectée, peu importe le prix des aliments qui y sont vendus. Je me sens bien dans un supermarché presque désert. Je n’ai pas de flash-back. Je commence à me sentir plus en sécurité alors que d’autres vivent de l’insécurité. Je dois vous avouer que je privilégie la livraison à domicile autant que possible et l’achat local.

Je vois l’anxiété sur le visage des gens. Après tout, je suis devenu un expert dans ce domaine. Depuis deux ans que je consulte et que j’observe mes signes afin d’avoir des outils pour ma blessure. Quand quelqu’un est anxieux, ça devient plus facile pour moi de le découvrir.

Je me sens bien chez moi et je préfère ne pas sortir depuis presque deux ans maintenant. Il faut seulement du temps d’adaptation avec ceux qui ne peuvent pas vivre ainsi. Mais pour moi, c’était déjà ma façon de survivre.

Alors je vous souhaite la meilleure des chances, soyez disciplinés et restez chez vous autant que possible.

Carl Audet

L’ampleur de la crise

Maintenant, je comprends pourq

Maintenant, je comprends pourquoi tout le monde parle de gestion de crise. Cette crise, selon moi, a commencé le 13 mars dernier à l’annonce de la fermeture de toutes les écoles du Québec. Sauf que notre famille n’avait pas encore eu l’occasion d’en mesurer l’ampleur. Parce que moi, le 13 mars dernier, j’entrais à l’hôpital pour donner naissance à mon quatrième et dernier bébé. Je ressortais de l’hôpital durant le week-end… ce qui fait que depuis ce jour, je n’étais pas encore sortie de la maison !

Bien sûr, j’étais consciente que mon congé de maternité n’allait pas se passer comme je l’avais imaginé. Je n’aurais jamais pu planifier faire l’école à la maison à mes trois grandes filles, entre deux allaitements, alors que je souffrais déjà d’un cruel déficit de sommeil… Disons que j’avais imaginé un congé de maternité avec beaucoup plus de moments calmes à la maison… Mais bon, on s’est vite retroussé les manches (pas le choix !). On a fait un horaire aux grandes, pour tenter d’équilibrer les matières scolaires et les temps libres. Et j’ai vite appris à jongler dans ce quotidien.

Jusqu’ici, même après un mois, j’avais tout bonnement l’impression d’être en vacances, en famille. Même que je nous trouvais choyés d’avoir eu la chance de vivre les premières semaines de bébé tous ensemble. Mais voilà, je n’avais pas réalisé l’ampleur de la crise…

Oui… Je trouvais ça triste que nos familles ne puissent pas voir mon bébé. Je trouvais ça rushant d’avoir les enfants qui débordent d’énergie dans la maison. Je trouvais ça dur de n’avoir aucune aide de personne. Mais sans plus. Je ne réalisais tout simplement pas ce qui se passait dehors.

Je regardais les points de presse, j’écoutais les nouvelles et je voyais les points de vue défiler sur les réseaux sociaux. J’étais consciente que nous vivions quelque chose d’historique. Mais je n’avais pas réalisé à quel point…

Puis, après un mois passé sans sortir de la maison, j’ai dû me rendre à la clinique pour le premier rendez‑vous médical de bébé. Pis là, j’ai pogné de quoi ! J’ai réalisé l’ampleur de la crise… Un gros coup de poing au visage… Du plastique qui recouvre les murs, des salles d’attente complètement désertes et du personnel qui dévisage chaque personne qui entre… On m’a accueilli avec la porte barrée, avec une grosse pancarte indiquant d’attendre SANS TOUCHER À RIEN. Une infirmière est venue m’ouvrir la porte, elle m’a enfilé un masque avant que j’aie eu le temps de lui dire bonjour. Elle m’a enduit les mains de désinfectant et m’a demandé d’attendre dans l’entrée, debout. Elle m’a remis un formulaire à remplir, en me spécifiant que je devais utiliser mon propre crayon pour le faire.

Bon, j’avoue que je suis impressionnée par toutes les mesures préventives et l’assiduité du personnel médical. Mais comme il s’agissait du premier adulte que je voyais depuis un long mois, j’ai reçu ça comme une claque dans’ face ! J’ai réalisé l’ampleur de la crise…

En sortant de la clinique (ne vous en faites pas, je n’ai pas touché à la porte…), j’ai passé le trajet du retour avec un œil différent sur ce qui m’entourait… J’ai vu la distance entre les gens, les masques et les combinaisons de plastique en pleine rue. J’ai remarqué que chaque personne avec les cheveux blancs se faisait dévisager dehors. J’ai vu les magasins fermés, les rues désertes et les stationnements vides. Une ville fantôme… Et j’ai réalisé l’ampleur de la crise…

J’ai une énorme pensée pour les gens qui vivent seuls et plus encore pour les parents qui vivent confinés en appartement avec des enfants qui débordent d’énergie… J’ai une reconnaissance infinie envers tous ceux qui ont dû sortir pour aller travailler depuis un mois, peu importe leurs fonctions.

Je réalise la chance que j’ai en fait d’être en congé de maternité. Je ne pense pas à ce qui se passe dehors. Je ne pense pas à l’argent. Je ne pense pas à l’école ni à la garderie. Je vis avec mes enfants une période historique, dont ils parleront toute leur vie… On vit ce confinement en famille, comme des vacances. Et je savoure d’autant plus chaque jour, maintenant que je réalise l’ampleur de la crise.

Et vous ? Comment ça se passe ?

Joanie Fournier



Je ne veux pas que ça finisse!

Ne me lancez pas des roches (de toute façon, je suis à plus de deu

Ne me lancez pas des roches (de toute façon, je suis à plus de deux mètres). Pas tout de suite, en tout cas. Attendez au moins d’avoir lu jusqu’au bout.

Le confinement, je ne veux pas que ça finisse (à quelques détails près).

Le coronavirus, oust. DÉGAGE! Tu nous fais mal, tu déjoues nos efforts et nos lavages de mains.

Les questionnements angoissants : Jusqu’à quand le compte en banque résistera‑t­‑il à la perte d’emploi? Le test, il est positif ou négatif? Qui nous appelle au milieu de la nuit?… Tout ça, on le jette aux poubelles, que dis-je, au déchiqueteur.

Les humains qui tombent comme des mouches, comme dans la chanson « Plus rien » des Cowboys fringants : on fait un reset, on arrête le carnage!

Les mourants que personne ne veille parce qu’ils ne peuvent pas être les bienvenus, les funérailles où seul le mort est invité, c’est trop. C’est inhumain, insupportable.

Les statistiques qui roulent en boucle aux nouvelles : la courbe, on ne veut pas l’aplatir, on veut l’écrapoutir.

À tous ceux qui vivent les contrecoups de la pandémie (bref, tout le monde, genre, tout humain qui habite sur la planète Terre en ce moment), sachez que je suis de tout cœur avec vous en pensées, en ondes et en tout ce que vous voudrez.

 

Mais pour le reste? J’ose dire que j’en prendrais encore longtemps :

Des tonnes de câlins matin, midi et soir avec mes cocos, n’importe quand!

Des journées en famille, en pyjama ou pas, go! User mes pantoufles, j’adore ça!

Aucune obligation sociale, même pas celle de se maquiller…

Pas de centres commerciaux pour aller dépenser (désolée pour l’économie mise à mal ; ce n’est rien contre les entrepreneurs ni les employés… c’est juste que je suis mieux dans mon cocon que coincée dans le capitalisme)…

Pas de parades de conducteurs stressés deux fois par jour, pas de nervosité à l’idée d’arriver en retard à un rendez-vous ou à l’école, pas de « dépêche‑toi », pas de « tabarouette, l’essence a encore monté »…

La chance de télétravailler aux côtés de mon amoureux (et de créer des stratégies pour rester concentrés)…

Pas de taxi-mom, pas de papou-taxi…

Des repas partagés, des recettes inventées, mille occasions de s’entraider…

La permission de vivre et d’apprendre au rythme de chacun, pas de pression, pas d’évaluations…

Pas d’appels de l’école pour discuter d’un comportent dérangeant ou d’un devoir non remis (un soulagement, je vous dis!)…

Mon rêve d’enseigner à mes enfants, même si dans ma tête, ça ne se passait pas comme ça…

Du temps en quantité pour écouter mes enfants, les entendre rire, accueillir leurs plaintes (« C’est long, maman! Quand est-ce qu’on retourne à l’école? ») et trouver des solutions, pour observer leurs défis, leurs progrès, pour combler leurs besoins et les convaincre que les autres aussi en ont…

Des semaines intensives de maternage pour analyser l’impact de mes interventions parentales, pour admirer les fleurs qui poussent et ajouter un tuteur là où la tige a poussé croche…

Du soleil pour jouer, de la pluie pour danser, de la neige pour se blottir au chaud avec un bon roman…

Le ciel qui se dégage, les rivières qui retrouvent leur transparence, la planète qui arrête de trembler de peur…

Le temps de prendre le temps…

Tout ça, j’en prendrais encore longtemps. Plus la permission d’aller voir ma maman.

Nathalie Courcy