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Les départs qui rassemblent – Texte : Karine Lamarche

Perdre quelqu’un qu’on aime, ça fait mal. Ça nous écorche. On encaisse le choc. On finit par

Perdre quelqu’un qu’on aime, ça fait mal. Ça nous écorche. On encaisse le choc. On finit par comprendre à quel point l’humain est complexe et que dans cette complexité existe une extraordinaire faculté : traverser le deuil, vivre avec notre peine et redevenir fonctionnel au quotidien. C’est complètement fou, mais c’est vrai.

Vient le redoutable moment du dernier au revoir, ce rassemblement : les funérailles. Ce moment malaisant où les accolades, les sanglots, les rires, parfois, les maladresses aussi, se côtoient. Et pourtant, aujourd’hui, avec la sagesse acquise au fil des ans peut-être, j’y ai vu beaucoup de beau.

Retrouver des cousins/cousines, des tantes, des oncles et se rappeler des souvenirs qui semblent si loin… Constater le chemin parcouru par certains. Réaliser qu’on a des intérêts communs avec d’autres et vouloir que le temps s’arrête afin de poursuivre de belles discussions.

Observer le soutien que tout un chacun s’apporte, au gré de la cérémonie. Trouver ça beau, simple, touchant.

Reprendre la route après une journée chargée d’émotions, le cœur triste d’avoir salué pour la dernière fois un être aimé, mais heureuse d’avoir renoué avec des humains extras.

Oui, il y a de ces départs qui rassemblent.

Merci, tante Claudette.

 

Karine Lamarche

 

Nouveau départ

J’ai toujours voulu tout lâcher, recommencer à zéro. Pourtant,

J’ai toujours voulu tout lâcher, recommencer à zéro. Pourtant, chaque fois, je redescendais sur terre. Je ne peux pas faire ça, j’ai un loyer et des comptes à payer. J’ai un bon emploi, je suis syndiquée et j’ai un bon fonds de pension en plus.

Non, non, non. Suffit les rêveries et retour à la routine.

Un jour, mon conjoint se fait offrir un poste pour une ville en Abitibi à plus de sept heures de route de ma famille, de ma ville et de mes amis. C’est maintenant ou jamais. Est-ce que j’ose tout lâcher pour tenter la grande aventure ? Let’s go.

Le lendemain, je donne mes deux semaines de préavis et la fin de semaine d’après, nous descendons en Abitibi pour visiter des logements. Ç’a beau être une ville, ce n’est vraiment pas comme Montréal. La semaine d’après, nous déménagions. Parfois pour oser faire face au changement, il vaut mieux appliquer la méthode du pansement et tout arracher d’un coup.

J’ai pleuré souvent, je me suis sentie loin. Quand on fonce, c’est normal d’avoir la chienne. Seule avec mon amoureux dans une nouvelle ville, pas d’amis, sans repères, sans emploi et avec les comptes qui s’accumulaient. J’ai postulé à quelques endroits, rencontré quelques personnes. Je ne vous cacherai pas que les débuts ont été durs.

Malgré tout, je ne regrette rien. J’ai moins d’amis qu’à Montréal mais ici, la communauté est ton amie. J’ai pu progresser dans ma carrière et j’ai pu obtenir des emplois que je n’aurais jamais eu l’occasion d’avoir à Montréal. J’ai enfin réussi à faire pousser mes tournesols, que je plante chaque été en faisant un souhait avec chaque graine.

Ici, la nature est partout et mon niveau d’anxiété a diminué significativement. Parfois, ça vaut la peine de se faire peur, d’oser tout quitter et de recommencer ailleurs. Il faut croire en ses projets et ne pas arrêter pendant les phases difficiles. C’est le plus beau cadeau que j’ai pu me faire. J’ai peut-être perdu mon ancienneté dans un emploi bien rémunéré, mais j’ai investi dans ma santé, mon bonheur et dans mon fonds de pension spirituel.

Ce n’est pas tous les jours facile. J’apprends encore un peu plus sur moi avec le temps qui passe.

À toi qui penses souvent à tout lâcher. À toi qui es tanné de ton quotidien. À toi qui veux voir du pays ou revoir tes priorités. À toi qui veux commencer un nouveau projet.

Je te dis : FONCE ! Tu ne regretteras pas. Fais de toi et de tes rêves une priorité. Que ce soit de partir un blogue, écrire un livre, faire un album, déménager ou bien changer de carrière, tu n’as rien à perdre et tout à gagner.

Tu ne perds jamais au change quand tu décides de miser sur toi.

Et toi, à quoi rêves-tu ? Quel est ton plan ?

Et surtout, comme dirait Yan Thériault du Daily Buffer Podcast, qu’avez‑vous fait aujourd’hui pour faire avancer votre projet ?

Anouk Carmel-Pelosse

 

Dire au revoir

On se salue au p

On se salue au passage. On se dit à demain, à ce soir. On se souhaite un bon weekend. Se dire au revoir, c’est fréquent, même commun.

 

Cependant, parfois, on se dit au revoir sans savoir.

 

On se salue, on se dit qu’on s’aime, qu’on va s’ennuyer l’un de l’autre.

 

On se rassure en se disant qu’on se reverra sous peu, que la vie nous réserve, on l’espère, de belles surprises…

 

Perdre un collègue de travail qui, bien souvent, est devenu un ami, un confident, ne se fait pas sans peine.

 

Perdre un collègue, c’est accepter qu’un autre prenne sa place. C’est ouvrir son cœur à cette personne, mais sans oublier celle qui a laissé un vide.

 

Perdre un collègue, c’est vivre des deuils au quotidien. C’est devoir s’habituer à son absence.

 

Le temps finit toujours par soulager cette absence, mais jamais il n’efface la trace que cette personne a laissée dans notre cœur.

 

Karine Lamarche

Les voir partir

Ce soir, je les

Ce soir, je les ai vus partir pour la première fois avec leur papa. Avec mon très-nouvellement-ex-conjoint. Je savais qu’ils allaient partir pour la fin de semaine. C’était prévu. Je devais même les accompagner. Mais les choses ont changé. Je n’ai plus le cœur à la fête depuis que je suis séparée.

Ce n’est pas la première fois que nos enfants quittent pour quelques jours. Même comme couple, ça arrivait qu’un des deux parents se gâtait en amenant toute la marmaille et en laissant un temps de « congé » à l’autre. Ça arrivait qu’un des deux parents partait pour une semaine, deux semaines, seul. Pour le travail ou pour des vacances. On avait prévu cette promenade loin de la maison pour la fin de semaine. Mais moi, je n’avais pas prévu la montée d’émotions.

« Maman, tu ne viens pas avec nous? »

La séparation est tellement récente qu’on habite encore ensemble et que l’annonce « officielle » n’a pas encore été faite. On n’a pas besoin de précipiter le déménagement, on n’est pas en situation de crise. Pas de violence, pas d’abus d’alcool ou de drogues, pas d’infidélité. Pas de chicanes incessantes, pas de paroles blessantes, pas de claquage de porte. Des silences, oui. Des « sourires par en bas », comme diraient les enfants. Des tristesses, quelques obstinations sur les rôles de chacun, la division des tâches, les priorités. Des discussions sur ce qu’on veut de la vie, sur ce qu’on est et ce qu’on veut être. Ensemble ou séparés.

« Maman, est-ce que ça se peut que vous vous sépariez? »

Ils ne sont pas fous, nos enfants. Ils voient bien que papa dort dans une autre chambre. Ils voient bien qu’une distance physique sert de bouclier aux câlins habituels. Ils sentent bien que les choses ont changé. Nous, on veut faire ça « comme des grands », ou plutôt comme des enfants : sans plan mal intentionné, sans agenda caché, sans misérabilisme. On ne marche plus dans la même direction depuis longtemps. On a essayé fort, peut-être même trop longtemps, peut-être pas de la bonne façon. Mais on a le même désir de protéger le bonheur de nos enfants dans tout ça. Dans ces décisions de grands qui affectent aussi les petits. Alors on prendra notre temps pour bien faire les choses et pour faire les bons choix.

Une décision cérébrale. Une décision réfléchie. Pesée. Pesante aussi, quand vient le temps de dire au revoir aux enfants. Comme si nos enfants me disaient : « Tu vois maman, c’est ça maintenant, notre vie. On dit “au revoir” et on se quitte. » Avoir le motton, c’est ça que ça fait. C’est ouvrir la porte de la maison pour serrer mes enfants dans mes bras avant leur départ et être celle qui reste en arrière, celle qui comptera les dodos jusqu’au retour. C’est ne pas être capable de répondre comme il faut à leurs questions parce que je ne veux pas éclater en larmes.

Éviter le drame. Me donner le droit de pleurer. Je savais que ça allait arriver, je pensais que j’aurais au moins le temps de voir la voiture du papa tourner le coin avant de m’effondrer. Mais le motton d’émotions s’est pointé quelques secondes plus tôt, quand je ne l’attendais pas. Boule de sanglots dans la gorge, attendant le OK pour se laisser aller, désir de se cacher, de se rouler en boule dans un garde-robe avec une grosse doudou et un chocolat chaud, les larmes qui montent, qui roulent, le goût de crier, de courir pour rattraper mes bébés. 

Les « au revoir » ont été plus rapides que d’habitude. Je m’y habituerai. Les prochaines fois, on saura plus où on s’en va avec notre famille qui vient de basculer dans l’autre 50 % de la population québécoise : celle des couples séparés. Le temps soigne bien des blessures à l’âme, paraît-il…

 

Eva Staire

Ta deuxième vie débuta un 1er juillet

À toi qui rêves de liberté. Qui aspires à te propulser dans le v

À toi qui rêves de liberté. Qui aspires à te propulser dans le vaste monde des adultes à la vitesse grand V. Toi qui crois en toi et en ta vie.

Nous y voici. À ce grand jour dont tu trépignais tellement d’envie et où nous nous questionnions à savoir si nous avions failli à notre tâche à un certain moment donné… Si nous avions omis de t’inculquer des choses qui te seront importantes pour affronter seule les aléas de la vie, de TA propre vie.

Le jour où la fille de mon conjoint nous a annoncé qu’elle avait déniché LE coin de paradis pour aller compléter ses études, j’ai versé des larmes. Une fois de plus. Comme quatorze ans auparavant lors de son entrée en maternelle. Ma voix s’est éteinte au bout du fil et je marmonnais sans cesse des « Je suis contente pour toi ! Tu sembles si heureuse ! ». Mes balbutiements m’empêchaient en fait de sombrer dans les questions existentielles.

Elle a grandi. Je sais qu’elle a su lire à travers ma voix éteinte toutes mes inquiétudes. Mais elle n’a pas l’expérience de pouvoir les comprendre. Puis, à son arrivée à la maison, elle nous a déroulé sous le nez son billet pour sa liberté… Ce bail avec ces milles signatures et initiales, ses annexes et alinéas. Plus les pages tournaient, plus notre cœur battait la chamade… Et si nous avions omis de lui enseigner quelques choses d’ultra important !?

Puis, pendant les semaines qui nous séparaient du jour J, on s’était fait des plans afin de lui permettre de vivre ses nouvelles responsabilités. De petites suggestions ici et là qui, dites autrefois, n’auraient pas eu le même impact. Lui permettre de devenir l’adulte qu’elle voulait devenir avant son grand départ. On acceptait un tant soit peu qu’elle en soit rendue là… et que c’est grâce à nous tous qui avions gravité autour d’elle qu’elle s’y était si bien rendue.

Le contexte de son départ ne se fait pas dans la cohue ou dans la discorde, mais plutôt dans son affirmation de jeune adulte qui clame haut et fort : « Faites-moi confiance ! »

Depuis qu’elle a l’âge de marcher que son papa et sa maman choisissent ce qui est le mieux pour elle. Lors de leur séparation, leurs choix ont toujours été faits dans l’intérêt de leur enfant. Qu’elle obtienne les meilleures chances afin de se développer et de vivre de belles occasions.

Un peu à la manière de la maman canne, nous lui permettons de déployer vigoureusement ses ailes en tentant de garder pour nous-mêmes nos inquiétudes afin de ne pas les lui transmettre. L’important réside dans le fait qu’elle sache que peu importe ce qui va se passer, nous serons là pour l’accompagner. Il y a toutefois une large marge entre « la sauver de toutes les situations qu’elle rencontrera en faisant tout et en payant tout à sa place », et l’accompagner dans la quête de ses responsabilités.

Le rôle de parent consiste en gros à s’assurer d’offrir à l’enfant un brin d’estime de soi, à lui permettre d’acquérir l’autonomie et le sens des responsabilités nécessaires une fois rendu à l’âge adulte. À cela s’ajoute l’équilibre émotionnel et un niveau de développement social, tout en assurant les besoins de base. C’est tout un contrat ! Le bail d’une vie qui nous appartient jusqu’au jour où nos enfants veulent s’émanciper, se libérer de nous, de notre autorité.

Mais il n’y a rien de plus beau que de voir un enfant déployer ses ailes et foncer tête première dans sa plus belle aventure : devenir responsable. Chaque réussite lui appartient à part entière. À chaque embûche rencontrée, nous serons là pour la soutenir et l’épauler. Mais nous ne ferons rien à sa place.

Lorsque ce jour est arrivé, je me suis sentie comme la première fois où je l’avais laissée seule dans l’immense cour de récréation avec pour seule référence sa nouvelle enseignante rencontrée cinq grosses minutes auparavant. Seule avec son immense sac à dos pour la protéger de tout, de tous et pour s’y lover. Elle tenait fermement les bretelles de son sac comme elle avait tenu ma main lorsque nous avions franchi la clôture d’accès à la cour quelques minutes avant. Mes yeux remplis de larmes et le cœur en miettes, mais remplis de fierté, je la laissais plantée là, en l’observant au loin.

Puis, la même émotion de séparation m’est revenue deux autres fois, à trois ans d’intervalles. J’ai toujours eu le même cœur serré et les mêmes yeux dans l’eau. J’ai pleuré de la voir si grande, pleuré d’être incertaine de mes tâches de maman que j’avais accomplies, pleuré pour tout et pour rien. Chacune des larmes laissaient couler une émotion différente. Mais les retours étaient tellement agréables. Tellement remplis de joies. Je passais du vide en moi et je me sentais à nouveau remplie par cette présence.

La semaine dernière, nous étions tous là pour déménager sa petite vie emballée dans des boîtes de carton. Nous étions tous là, pour souligner cette étape. J’ai eu du mal, une fois de plus, à la laisser plantée là, seule… au cas où elle aurait encore besoin de nous. Mais son amoureux était là. Ses colocataires seront là. Et nous resterons là, à l’attendre pour qu’elle nous raconte sa vie. Sa vie où nous resterons, quelque part.

Et cette étape se répètera. Deux fois encore où je revivrai la même sensation de vide en moi. Où il y aura les mêmes incertitudes, les mêmes inquiétudes. Mais aussi la même immense satisfaction du devoir accompli. Et les retrouvailles de toute ma famille qui se réunira le plus souvent possible autour de la table pour que chacun me raconte sa vie. Des retrouvailles qui me feront oublier ces étapes d’affranchissement.

Bonne chance ! La vie te sera belle !

Et si… si jamais il y a des si… sache que notre porte te sera toujours ouverte.

Mylène Groleau

Je me souviendrai toujours

Je me souviendrai toujours

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Je me souviendrai toujours

Un certain matin du mois de juin, le souffle m’a coupé. J’ai lu sur Facebook que la maladie te tuait à petit feu. Que le foutu cancer te rongeait par en dedans. La vie, c’est au présent que tu dois la vivre. Le futur pour toi reste incertain. Ce jour-là, sans le savoir, tu m’as donné toute une claque au visage.

La vie continue.

Je t’admire profondément. Malgré la tempête qui arrache tout sur son passage, tu souris. Tu as pris la décision que la vie, c’est beau. Tu dois ça à ta femme et à tes deux garçons hein ? J’arrive à peine à imaginer ce que tu ressens en les regardant… Est-ce la dernière fois ? J’ai des frissons. Tout doit se bousculer dans ta tête. Comment vivrez-vous mon départ ? J’aimerais tellement les consoler, leur dire que ça va bien aller… Mais la réalité nous rattrape… Je ne veux pas vous mentir. Ce sera difficile. Mais la vie continue ! Faites-le pour moi, ma culpabilité de vous quitter sera moins grande. Svp.

Les souvenirs que je garde de toi

Je t’ai connu en cinquième secondaire. J’étais assise en face de toi pendant le cours de mathématique. Tu avais un des plus beaux sourires que je n’avais jamais vus. Tu me faisais du bien. Nous sommes rapidement devenus amis. Moi qui détestais les chiffres, j’en suis venue à aimer cette période de cours. Des fous rires, j’en ai eu avec toi. La vie était simple à tes côtés. « Stresse-toi pas Alex, je suis là, je vais t’aider. » J’ai passé cette matière grâce à toi. Merci ! Après, nous avons pris chacun notre chemin. La vie est ainsi faite.

L’impact que tu as sur moi

Apprendre ta maladie a provoqué en moi une urgence de vivre. Une soif de faire ce dont j’ai envie… Pas pour les autres, mais pour moi. Juste pour moi. Je me surprends à respirer l’odeur de ma fille juste pour le plaisir. J’embrasse maintenant mon homme comme si l’on se remariait tous les jours. La vie est si courte ! Je n’ai que trente-sept ans… Un monde de possibilité se dessine devant moi. Ce n’est qu’à moi de décider ce que je veux en faire. Car moi, j’ai la chance d’avoir la santé.

Leçon de vie

Je te remercie sincèrement pour cette leçon de vie. Grâce à toi, je vois la vie différemment. Je la respire autrement. Je prends conscience du moment présent et du bonheur dans les petites choses. Je pardonne plus facilement et je m’excuse régulièrement. Je me rends compte de l’importance des gens et de l’amour que j’ai pour eux. Tu n’es aucunement au courant de l’impact que tu as eu dans ma vie seulement avec ce message sur les réseaux sociaux. Ton courage, ta franchise, ta bonne humeur et ton positivisme font de toi un être exemplaire.

Je te souhaite la paix

Je ne sais pas si tu auras le temps de lire ce texte. À travers celui-ci, je te souhaite de trouver la paix dans les petits plaisirs de la vie. Le soleil, le bruit du vent, le rire de tes enfants et la chaleur des bras de ton épouse. Continue de te battre comme tu le fais, car par tes yeux, la vie mérite vraiment d’être vécue !

Alexandra Loiselle

Déménager en Italie : ce que mon profil Facebook ne vous dit pas

Le 29 juin 2017, je débarquais en Italie avec mon mari, nos deux ga

Le 29 juin 2017, je débarquais en Italie avec mon mari, nos deux garçons et notre chat. Mon mari a été choisi pour travailler sur la base internationale de l’OTAN à Naples. Nous vivrons donc les trois prochaines années sur un autre continent. Quelques jours après notre arrivée, une bonne amie m’écrit pour prendre des nouvelles et pour savoir si on est au paradis. Est-ce qu’on est au paradis ? Cette question tourne en boucle dans ma tête…

Il est normal que mes amis assument que je suis au paradis si je ne partage que les photos de notre magnifique hôtel, de notre première pizza napolitaine et d’un coucher de soleil sur la mer Méditerranée. Mais ça me met mal à l’aise. Évidemment que je souhaite profiter de chaque occasion et garder le focus sur le positif dans toute cette aventure, mais ça me chicotte d’avoir l’impression de manquer d’authenticité. J’ai donc décidé de corriger le tir et d’ajouter un peu plus de « vrai » sur les réseaux sociaux. Voici donc mon dernier statut, version « Dans la vie, tout n’est pas toujours rose », avec un pot-pourri des moments %#?!& de notre déménagement :

  1. Nous devrions emménager dans notre maison vers la fin juillet. Imaginez deux secondes… un mois sans : votre salle de lavage, votre cuisine, les jouets des enfants…
  1. On a TOUJOURS avec nous deux sacs qui contiennent ce que l’on possède de plus précieux et nos documents les plus importants. Toujours. À la piscine, à l’épicerie, en randonnée, dans l’avion… Et on doit toujours être vigilants pour ne pas se les faire voler.
  1. Dans l’avion, il faut aussi ajouter à ces deux sacs : une cage à chat, une valise à roulettes pour le chat (litière, bouffe, bols…) – lesdites roulettes ont bien sûr déclaré forfait et explosé à l’aéroport – et un sac à dos pour les trucs standards de voyage (collations, chandails chauds, crayons à colorier…)
  1. Une hôtesse de l’air bête qui trouve que tu n’es pas sortie assez vite de l’avion avec tes deux enfants, ton chat et tes quatre sacs. Notez qu’il est 2 h du matin pour tout ce beau monde, que les calmants pour le chat et les Gravol pour ton neuf ans ne font plus effet après huit heures de vol et que le chat, le neuf ans et toi, n’avez pas du tout apprécié les turbulences de l’atterrissage. T’es juste rendue à Munich.
  1. Ton hôtel, y’é ben beau, mais les fourmis envahissent la place pour se pitcher dans le bol de bouffe du chat, pis la douche ben, est tellement petite que tu ne peux même pas te pencher pour ramasser ton savon.
  1. Ton neuf ans a presque passé une nuit blanche dans l’avion et ses deux premières nuits à Naples à lire dans son lit à cause du décalage horaire. Quand tu le réveilles à 9 h du matin pour qu’il s’habitue au changement d’heure, il est 3 h du matin pour lui. Vous pensez que ça donne quoi comme humeur ?
  1. Et évidemment, tout le monde a attrapé le rhume. Pis les Italiens ben, je sais pas où ils cachent leurs boîtes de Kleenex. Je n’en ai pas encore trouvé une seule à l’épicerie ni à l’hôtel…
  1. Et moi qui réalise que ma belle capacité d’adaptation est motivée par une immense peur de ce que les autres peuvent penser. Moi qui me considérais bien libre par rapport au jugement des autres. Je réalise que je suis encore très sensible sur ce point. Plongée dans une autre culture où je ne connais pas les coutumes et les façons de faire, je me mets une incroyable pression à jouer au caméléon, à vouloir m’intégrer rapidement. Je supporte difficilement de ne pas connaître encore la langue, l’étiquette… Est-ce que le serveur s’attend à recevoir un pourboire ? Quel montant ? Pourquoi tout le monde enfile un gant à l’épicerie pour choisir ses fruits ? Comment fonctionne cette balance avec laquelle je semble devoir peser mes légumes ? Où est le foutu beurre ? Ça fait trois fois que je fais le tour du rayon des produits laitiers !
  1. Et il y a la peine d’avoir quitté nos proches, notre peine et celle des enfants. Et cette espèce d’attente entre deux mondes où on a commencé à s’intégrer aux lieux et aux gens, mais en sachant que c’est temporaire. Que dans trois semaines, il faudra explorer un nouvel endroit encore.
  1. Et la paperasse, la bureaucratie… Passer six heures sur la base militaire à se promener de bureau en bureau pour trouver tel formulaire, faire étamper tel formulaire, retourner chercher quelque chose qui manque… Et savoir qu’on y retourne demain encore avec les enfants pour chercher d’autres formulaires, s’inscrire à d’autres endroits, signer une autre feuille…

Bref, le paradis ? Honnêtement, non. Une aventure que j’adore avec des hauts et des bas ? Définitivement, oui !

Elizabeth Gobeil-Tremblay

 

Léane et Pauline, une histoire de femmes fortes (et du cycle de la vie et de la mort)

Tu es entrée dans nos vies samedi, à 22h20. Habituellement à cette heure-là, les gens se prépar

Tu es entrée dans nos vies samedi, à 22h20. Habituellement à cette heure-là, les gens se préparent à dormir. Pas toi. Oh que non ma p’tite dame! Toi, tu entrais tête première dans un monde qui t’était inconnu en éclaboussant tout le monde de ta beauté. T’as choisi une drôle de date pour arriver tu sais, parce que le lendemain, toute la famille était réunie pour saluer une dernière fois ton arrière-grand-mère Pauline. Même que, lorsque Pauline est partie au paradis des arrière-grands-mères, j’ai bien pensé que ta mère accoucherait de toi ce jour-là. Ça m’a fait un peu peur au fait, parce que je voulais que ta fête t’appartienne à toi et à toi seule, je ne voulais pas que ta mère et ta grand-mère soient tristes en te chantant bonne fête pour la première fois.

Le soir de ta naissance, je pense que tout le monde était triste et anxieux à l’idée que le lendemain il nous allait falloir dire au revoir à Pauline. C’est toujours un peu difficile les au revoir, surtout quand tu ne sais pas vraiment quand est-ce que tu vas revoir la personne, et surtout quand la personne tu l’aimais beaucoup.

Elle t’aurait aimé, énormément, ton arrière-mamie Pauline. Elle aimait tellement ça les bébés! Un jour ma belle Léane, quand tu seras assez grande pour lacer tes souliers toi-même et que tu sauras compter jusqu’à cent, je vais te donner mes souvenirs les plus précieux pour que tu les gardes avec toi pour les jours de pluie. Je vais te raconter comment elle aimait cuisiner et combien ses desserts étaient extraordinaires. Je vais tourner les pages des albums photos avec toi assise sur mes genoux et je te regarderai t’éblouir sur la finesse de ses doigts et la fougue qu’elle avait dans le regard. Lorsque tu viendras nous visiter avec ta mère, ma cousine d’amour, je vais te regarder en m’exclamant bien fort “est tu belle cette enfant là!”, en te pointant du doigt, parce que c’est exactement ça que ta mamie aurait fait.

Tu lui ressembles déjà beaucoup, petite merveille! Ta mère aurait voulu que tu sortes la semaine dernière, elle était prête, elle avait hâte de te voir la binette mais toi… Tu n’en fais déjà qu’à ta tête! On m’a dit que tu avais déjà fait tout un remue-ménage du ventre de ta mère jusqu’à la chambre de naissance et que tu ne donnais pas ta place… Ça me rappelle quelqu’un ça! Ta mamie, c’était une femme forte. Pas dans le sens où elle tirait des autobus avec ses dents ou qu’elle cassait des planches à mains nues. Non. Une VRAIE femme forte. Celle qui élève sa marmaille et qui la couve toute sa vie, celle qui aide toujours, partout, tout le temps et qui ne s’arrête jamais pour se reposer. Celle qui a mené une vie plus rough que n’importe qui mais qui ne s’en sert jamais comme excuse et qui ne s’apitoie pas. Droite, forte, fière. Une vraie belle femme que tout le monde aime et qui aime son monde. Une tête de cochon aussi, qui écoute le docteur une fois sur trois et qui mange, boit, rit et fait rire, jusqu’à son dernier souffle. Une femme inspirante, avec le coeur gros comme une maison.

Je vais te raconter tout ça, ma petite cousine d’amour, un peu pour te remercier d’avoir à toi seule rétabli l’ordre des choses et bouclé la boucle du cycle de la vie.

On est tous encore triste parce que c’est jamais facile dire au revoir, mais on est maintenant aussi tous heureux, parce qu’avec toi la vie commence.

Le grand départ

[gallery bgs_gallery_type="slider" ids="2869,2868,2867"] L'idée m'est apparue sournoisement, ent

L’idée m’est apparue sournoisement, entre deux biberons. Une envie d’aventure, ça arrive à tout le monde je crois, surtout lorsque ta routine est empreinte de visites chez le docteur avec tes poupons, de coliques interminables, de fatigue avec un grand F et de manque absolu de temps à deux. Une envie d’aventure, de grande aventure, ça se nourrit de paysages pittoresques, de repas locaux hallucinants et de selfies du haut d’une montagne. L’idée me tenait en vie, en quelque sorte, c’était mon refuge, mon “happy place”, là où je pouvais me réfugier l’espace d’un dodo en rêvant à toutes ces choses que je voulais découvrir et tous ces sols que j’avais envie de fouler.

En entendant le médecin nous dire que Félix ne vivrait pas plus longtemps que trois ans, l’idée est devenu plus forte. On se disait, mon mari et moi, que si nous allions devoir nous préparer au pire et accepter la mort de notre enfant, pourquoi ne pas le faire ailleurs… Pourquoi ne pas le faire en étant heureux? On se disait : “On devrait partir! On devrait tout vendre, tout quitter, emmener les jumeaux à l’aventure avec nous! On devrait prendre le risque!” Mais bon, entre un rêve et un projet il y a toute une marge de manœuvre à contrôler et surtout, à planifier…

Et puis, après avoir tenté le tout pour le tout et arrêté la médication de Félix pour commencer un traitement “maison” à l’huile de chanvre (cbd), le miracle est arrivé: Félix a pris du mieux!

C’est là que l’idée est devenue si forte qu’on aurait dit qu’elle criait.

Pourquoi rester? Mon mari qui travaille comme un fou 50/60 heures par semaine en plus des 75 minutes de transport qu’il se tape matin et soir, alors que je suis a la maison seule avec les jumeaux, au Texas en plus! Pourquoi rester dans cette maison que nous rénovons depuis deux ans, loin de nos familles respectives (lui du Tennessee, moi du Québec) et regarder nos vies filer devant nous? Pourquoi? Par insécurité? Pas peur? Par habitude? Alors paf comme ça, on a mis la maison sur le marché par nous-mêmes et nous nous sommes dits que si la maison se vendait en six mois, on partait à l’aventure… Nous l’avons vendue au deuxième visiteur!

Forts des 60 jours sans convulsion/crise de Félix, on a tout trié, empaqueté, vendu, donné, entreposé et compartimenté! On a fait des piles, des listes longues comme le bras (ceux de mon chum parce que les miens ne sont pas très longs). Et le 18 mai 2016, après avoir passé la semaine à partager nos effets personnels entre l’entrepôt et le centre de dons, la seconde où nous sommes sortis du notaire, nous embarquions joyeusement dans la minivan débordante de vêtements, de biberons, de couches et de livres. Direction aventure!

Des jumeaux qui ont célébré leur premier anniversaire le 8 juin et des parents qui ont quitté leur travail et leur domicile pour leur en faire voir de toutes les couleurs! Un mois plus tard, alors que nous venons d’arriver à Taos au Nouveau-Mexique pour y passer la semaine, n’en revenant toujours pas d’avoir réussi à trouver le courage de tout quitter, je crois avoir enfin trouvé la paix. La grande Paix! Celle qui te fait oublier que tu possèdes un cellulaire, celle qui te fait sourire pour rien aux p’tites madames fatigantes qui veulent câliner mes enfants, celle qui te fait faire des beaux rêves la nuit et qui te réveille de bonne humeur le matin… La sainte paix. La paix tout court.

Nous nous sommes donné quatre à six mois, vivant des profits de la vente de notre maison et explorant presque tous les états des USA pour ensuite parcourir le Canada d’ouest en est.

Est-ce que j’ai peur des fois? Oui. Est-ce que je crois que c’était un peu fou comme décision? Oui. Est-ce que je le regrette? Jamais.

À suivre…

Pour en savoir plus sur l’incroyable histoire de naissance des jumeaux Oscar et Félix.