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Maman, papa, je vous entends – Texte: Nancy Pedneault

Il y a longtemps que j’ai envie de vous en parler. Mais chaque fois, les mots restent pris dans ma

Il y a longtemps que j’ai envie de vous en parler. Mais chaque fois, les mots restent pris dans ma gorge. Je ne sais pas comment vous dire ça…

Maman, papa, je vous entends.

Mon cerveau d’enfant est en formation, mais mes oreilles entendent très bien. Alors, quand vous passez des commentaires sur moi, je vous entends et surtout, je vous crois. Vous êtes ma référence.

Comme je suis encore petit, je ne fais pas la nuance entre une mauvaise journée et un mauvais enfant.

Quand vous discutez à mon sujet à la garderie, je vous entends. Je ne comprends pas tous les mots, mais je sais qu’il ne sont pas positifs: tannant, dort mal, crise. Je crois que je suis méchant.

Quand vous parlez à mon prof, devant moi, en disant que je suis anxieux, je deviens anxieux. Je crois que je le serai toujours. Je ne sais pas que c’est momentané et qu’il est possible de trouver des solutions. Je vous crois.

Quand vous dites à vos amis et à la famille que je suis un enfant difficile, je vous entends. Je sens que je ne m’améliorerai jamais. Je vous crois.

Papa, maman, je vous en prie, faites attention aux mots que vous utilisez quand vous parlez de moi en ma présence. Laissez une trace positive dans mon cerveau.

Voici quelques trucs :

L’acronyme TDAH n’est pas un petit nom d’amour. Pourtant, je suis énergique, enjoué et créatif. Soulignez mes bons côtés.

Plutôt que dire que je suis beau, dites de moi que je suis intelligent et débrouillard. Je développerai ces qualités.

À la place de malcommode, vous pourriez souligner que je suis curieux et drôle.

Vous voyez, ce n’est pas difficile!

De votre enfant qui vous croit sur parole.
Nancy Pedneault

La covid n’a pas anéanti le rhume ! Texte : Marina Desrosiers

Vous vous souvenez de ce temps lointain, avant mars 2020, quand le virus du rhume circulait allégre

Vous vous souvenez de ce temps lointain, avant mars 2020, quand le virus du rhume circulait allégrement dans les garderies, les écoles, les milieux de travail, les hôpitaux… ? On n’en faisait pas de cas, tant que ça ne se transformait pas en « grosse grippe d’homme » (d’ailleurs, il faudrait penser à trouver une expression moins sexiste pour ça…).

Levez la main, ceux qui continuaient de se rendre au travail, qui envoyaient leurs enfants à l’école ou dans leurs activités parascolaires, qui prenaient les transports en commun, qui passaient chercher du lait ou du pain à l’épicerie… N’ayez pas honte, on l’a tous fait !

C’était la « belle époque », l’ère de l’invincibilité. Pourquoi un rhume nous aurait-il arrêtés ? Pourquoi aurait-on donné le pouvoir à un virus de gâcher notre routine métro-boulot-dodo ? On ajoutait une boîte de mouchoirs à notre boîte à lunch, un paquet de pastilles et hop ! À pieds joints dans notre quotidien inchangé. Même si ça voulait dire qu’on laissait traîner le virus partout dans les lieux publics, autour de nos collègues, autour des amis de nos enfants et de leurs enseignants, à plein d’endroits qui attendaient juste de contaminer d’autres mains et d’autres corps. Même si ça voulait dire qu’on étirait la période de symptômes parce qu’on empilait les manques d’énergie.

C’était la belle époque, non ?

Celle où la santé était prioritaire deux fois par année : au Jour de l’An (« de la santé pis ben du bonheur ! ») et quand on se retrouvait fiévreux au lit avec l’impression de mourir. L’époque où on était con‑vain‑cus que la Terre arrêterait de tourner si on manquait une journée de travail ou si nos enfants manquaient une journée de garderie ou d’école. Vous imaginez le drame ??!! Toute une journée de bricolage ou de calculs 2 +2=4 de moins dans une vie ! Une journée de repos sur les 2160 journées consacrées à l’école entre 5 et 17 ans…

Entre vous et moi, c’était surtout la belle époque pour les virus, microbes et autres bibittes du même genre. Ils n’ont pas dû nous trouver rigolos avec nos confinements et notre désinfectant à mains… Ils ont vécu cachés pendant plus de deux ans dans l’attente de leur grand retour.

Les revoici !

En force à part ça !

Parce que notre système immunitaire à nous, celui de nos enfants, de nos bébés, de nos parents, il s’est affaibli à force d’être moins stimulé. Nos anticorps ont pris une pause (bien qu’ils aient été chatouillés par les vaccins entretemps). Et maintenant, tout de suite, immédiatement, c’est le temps de les réveiller ! Les virus automnaux débarquent et ils ont faim ! Ce n’est pas parce qu’on a mis toute notre attention sur le coronavirus que le rhinovirus est mort !

Nous verrons dans les prochains mois et les prochaines années à quel point la leçon a été comprise : on est malade, on reste chez soi. On tousse, on mouche, on atchoume, on se sent comme de la m…, on a la tête dans le bol : on reste chez soi. Nos cocos coulent du nez, sont bougons, ont vomi leur déjeuner : on les garde avec soi ! Pas indéfiniment… juste le temps que le gros des symptômes et des tousse-mouche-atchoum passe. Même si les maladies bénignes ne sont pas mortelles, ce n’est quand même pas agréable, alors on laisse faire pour partager en « cadeau » d’échange.

Une journée de vrai repos permet souvent de mieux guérir et de guérir plus vite qu’une tête dans le sable qui essaie de se faire croire que « c’est pas si pire… je suis encore capable de marcher ! »

Levez la main, ceux qui ont des souvenirs d’une journée d’enfance où ils étaient malades et où ils sont restés à la maison avec papa, maman, grand-papa, grand-maman, la gentille voisine, peut-être… Les câlins en pyjama, la collation spéciale mangée dans le salon dans une grosse doudou, l’émission de petits bonhommes regardée à une heure pas rapport, la soupe fumante délayée avec de l’eau froide pour pas se brûler… Vous vous souvenez à quel point vous vous êtes sentis importants pour la personne qui a pris toute une journée pour être aux petits soins avec vous ?

Manquer une journée de travail ou d’école quand on est malades, c’est une façon d’aider la santé collective, mais c’est aussi une façon de se forger des souvenirs. Et ça, il n’y a aucun médicament qui bat ça.

Marina Desrosiers

Débuter l’année scolaire la peur au ventre – Texte : Annick Gosselin

Pour la majorité des enfants et des parents, le retour à l’école est synonyme de bonheur. Mais

Pour la majorité des enfants et des parents, le retour à l’école est synonyme de bonheur. Mais pour beaucoup de familles, la rentrée scolaire rime avec anxiété.

Je parle ici des parents qui ont un enfant différent, qui ne rentre pas dans le moule de notre société. Ces familles ont vécu une ou plusieurs années scolaires difficiles et le retour à l’école n’est vraiment pas une expérience agréable.

Leur réalité est un enfant qui a des difficultés scolaires, des difficultés d’adaptation, qui est différent et qui finit par manquer de confiance en lui, qui réalise qu’il n’arrive pas à être comme les autres élèves de sa classe, qui subit une intimidation discrète, qui revient de l’école frustré, révolté et le cœur plein de tristesse.

Les parents voient leur enfant qu’ils aiment plus que tout dans cet état chaque soir en rêvant de l’école et le voyant partir le matin avec une grosse dose d’anxiété. Ça finit par être devenir une situation familiale difficile.

Malgré toute la bonne volonté des enseignants et leur support indéfectible, la réalité pour ces élèves est qu’ils souffrent en silence chaque jour, ou presque. C’est si difficile de voir un enfant souffrir en silence. Il manque cruellement de ressources dans nos écoles et chacun fait de son mieux pour rendre le quotidien de ces enfants plus léger.

Votre bataille comme parents ou comme enseignants pour aider ces enfants ne semble pas donner de résultats au quotidien. Mais le temps est votre meilleur ami. Tout l’amour et les outils que ces enfants reçoivent aura assurément un impact positif à long terme sur le cheminement des élèves en difficulté.

Je suis passée par là, comme élève et comme maman. Je crois qu’en fin de compte, ces élèves qui en ont tellement arraché finissent par devenir les personnes les mieux adaptées pour affronter leur vie d’adulte. L’adaptation et la résilience font partie intégrante de leur vie, depuis leur plus jeune âge, et on les a rapidement outillés pour réagir avec sérénité avec les difficultés que la vie leur envoie.

Chers élèves avec plus de difficulté ou différents, croyez en vous et en vos capacités. Ce n’est pas parce que vous avez l’impression d’être en marge des attentes de la société que vous valez moins, au contraire : vous représentez l’avenir le plus solide de notre société.

Annick Gosselin

Ton entrée à la maternelle – Texte : Roxane Larocque

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déj

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déjà à se connaître depuis 9 mois, chacun occupé à grandir, à devenir. Tu te transformais en humain, je me transformais en maman. Mais ce jour de ta naissance, c’était la première fois que tes yeux rencontraient les miens, ta peau gluante et chaude dans mes bras qui ne voulaient plus te quitter, nos deux regards dépassés par les événements qui se croisaient pour la première fois et qui se demandaient comment on allait se remettre de tout ça. Ton odeur de bébé tout neuf que je respirais profondément à travers tes petits cheveux tout fins.

Depuis ce jour, nous tissons notre relation, quelques mailles de travers à refaire, mais surtout bien du bonheur, de la douceur et de l’amour. On apprend à se défusionner, doucement, depuis ce jour où tu as quitté mon corps. Mon envie de retrouver mon corps, mon temps, mes esprits. Ton envie d’avoir plus d’autonomie, de découvrir le monde qui t’entoure et de partir à l’aventure loin de moi.

Comme il passe vite, le temps.

J’étais celle qui guérissait tous tes maux par ma seule présence, celle qui devinait tes besoins avant même que tu les nommes. Te voilà maintenant hors de cette période de survie depuis longtemps, à vouloir toujours plus de liberté, à réclamer ton intimité, à construire ton univers. C’est parfait, c’est ce que je nous souhaitais, c’est le cours normal de la vie. Mais il reste que mon cœur de maman est rempli d’émotions mélangées en ce moment, puisque tu es maintenant à la veille de ton entrée scolaire.

La fierté, celle de connaître de plus en plus ta belle âme, ton intelligence, ta douceur. La confiance, puisque je te sais prêt, mais aussi la peur, celle que tu sois blessé, que tu souffres, que tu aies mal.

C’est un grand saut vers la société que tu t’apprêtes à faire. Et cette société est un peu mal en point, faut le dire. Elle a bien besoin de vous, petits enfants pourtant déjà si sages. Allumés, près de vos émotions, criant notre vérité, celle que l’on ne veut pas toujours entendre.

Je vous souhaite, à tes copains de classe et toi, d’en apprendre plus sur qui vous êtes et non sur ce qu’on voudrait que vous soyez. Je vous souhaite de croiser sur votre route des enseignants qui vous aideront à garder votre unicité, vos talents, plutôt que d’essayer de vous conformer à des standards vides de sens. Je vous souhaite de recevoir suffisamment d’amour pour avoir envie d’en redonner partout autour de vous. J’espère que l’on verra qui vous êtes et non juste vos diagnostics, les réels et ceux qu’on invente quand on ne vous comprend pas. J’espère que ce milieu saura vous faire briller et non vous éteindre. Vous permettre de découvrir d’autres modes de pensées, d’autres façons de voir la vie. Je vous souhaite un milieu stimulant qui accepte vos souffrances plutôt que de vouloir les effacer.

Ton chemin sera unique. Il y aura des embûches, des défis, des moments difficiles, mais c’est à travers tout ça que tu découvriras tout ton potentiel. Ce que tu aimes, ce que tu détestes, les valeurs qui t’habitent. Et il aura nous, ta famille. Nous serons toujours là pour toi. Ta tribu, ton clan, ton refuge. À juste distance, en bienveillance.

Bonne rentrée scolaire !

 

Roxane Larocque

Une autre étape – Texte : Jessica Archambault

Ce matin, je suis allée reconduire mon aîné à l’école pour la dernière fois avant les vacanc

Ce matin, je suis allée reconduire mon aîné à l’école pour la dernière fois avant les vacances. Mon six ans a voulu marcher jusqu’à la porte seul, que je le regarde près de la voiture plutôt que je l’accompagne jusqu’à l’entrée. Parce que « je suis grand maintenant maman, je suis presque en première année ».

Je l’ai regardé s’avancer, fier, et j’étais émue.

Son entrée à la maternelle me terrorisait. Pourtant je suis prof, je sais. Notre grand intense et sensible, à tendance anxieuse, avec qui nous avions déjà tellement travaillé la gestion des émotions, la communication, qui avait fait de si grands pas du haut de ses cinq ans était encore bouillant, émotif, parfois impulsif ou maladroit avec les autres enfants. Comme il est costaud, on croit qu’il est plus vieux, on s’attend donc à ce qu’il soit plus sage. Ses mouvements brusques ont aussi plus d’impact sur les autres que les mêmes comportements venant d’un enfant de son âge avec une tête de moins. Il adore apprendre, est curieux, pose mille questions, s’intéresse à tout. Je craignais qu’il tombe sur une prof un peu vieux jeu, qu’on étouffe sa soif d’apprendre, qu’on brise son amour de l’école, qu’il ne soit « qu’un tannant ». J’étais terrorisée à l’idée que l’école gâche mon fils. Eh oui, c’est dit.

Je le regardais, disais-je, marcher vers l’école ce matin, la tête haute et j’étais si fière !

Oui, il est tombé sur des profs super qui ont su l’accompagner avec les bonnes doses de fermeté et d’amour, stimuler sa curiosité, sa créativité et canaliser son énergie. Oui, nous l’avons bien guidé. Cependant, la réalité est que c’est lui qui a fait le plus à travers les derniers mois. C’est lui qui est persévérant et humble, ouvert et réceptif, honnête et bon. Je suis capable de relever nos bons coups de parents, mais c’est lui qui fournit des efforts au quotidien et qui désire sincèrement s’améliorer. Il en a fait du chemin. Il est plus posé. Ses champs d’intérêt se sont diversifiés. Il aime encore autant l’école, il adore ça, même ! C’est tellement ce qu’il y a de plus important en maternelle. La base des années qui suivront : le rendre disponible et réceptif aux apprentissages. On discute de plein de choses avec lui, il nous en apprend beaucoup ! Il est plus habile avec les autres, a de super amis et sait les choisir judicieusement.

La veille, nous avions une amie à la maison et il a insisté pour lui présenter son portfolio rapporté le jour même. Tous ses travaux, activités et bricolages commentés de septembre à juin (oui, mon amie est patiente) avec, encore, beaucoup de fierté. Je trouvais ce moment beau et précieux.

Mon premier bébé est officiellement sorti de la petite enfance et c’est merveilleux. Merveilleux et émouvant.

Sa personnalité et ses goûts se définissent. Il choisit ses amis volontairement et consciemment. Il devient un enfant différent tout en étant le même. Nous sommes choyés de le côtoyer et de l’accompagner.

J’observe ses frères de quatre ans et de dix mois et j’ai hâte de les voir grandir ainsi, tout en voulant savourer d’autant plus leur petite enfance, période magique, intense et volatile.

Mon pincement au cœur de voir mon grand entrer à l’école en septembre s’est transformé en fierté et en joie. J’ai confiance qu’il fera son bout de chemin et j’ai hâte de revivre cette étape de grande transformation avec mes deux plus jeunes.

Jessica Archambault

 

Nos jeunes diversifiés — Texte : Nathalie Courcy

Mon fils est blanc, blond, aux yeux bleus. Il est la minorité visible de son groupe d’amis et je

Mon fils est blanc, blond, aux yeux bleus. Il est la minorité visible de son groupe d’amis et je trouve ça parfait. Il a un prénom et un nom francophones parmi les prénoms et les noms afghans, africains, asiatiques, russes et haïtiens de ses amis. Et personne ne s’en formalise. Ça aussi, c’est parfait.

Dans son groupe d’amis, il n’y a pas de filles (c’est l’âge, vous savez comment ça se passe… ça viendra un jour, peut-être, ou peut-être pas), mais il y a des grands, des petits, des gros, des minces, des moyens, des bollés, des jeunes qui ont plus de difficultés, des allergiques, des asthmatiques. Il y a des intellos, des sportifs, des artistes, des musiciens, des scientifiques, des passionnés de robotique et de cuisine. Des joueurs de soccer, de basket, de volley, de baseball. Leurs rêves d’avenir sont tout aussi diversifiés, et c’est parfait. Tant qu’ils peuvent passer du temps ensemble. Le reste, ce n’est pas si important.

Cette semaine, ils ont célébré la fin de leur parcours scolaire à l’école primaire. Les parents étaient invités à la cérémonie seulement (parce que vous savez ce que c’est… out, les parents, pour le party !) J’ai vu défiler des jeunes habillés en mou et en chic, en paillettes, en veston et en espadrilles. Toutes sortes de corps et d’esprits. Des sourires gênés et des faces d’énervés. Dès que le OK a été donné, tous ces jeunes se sont retrouvés en motton au milieu de la salle pour être, tout simplement. J’ai été émue de voir à quel point chacun peut être lui, chacune peut être elle.

Ils avaient tous le même papier dans la main : un diplôme qui leur sert de passeport pour leur prochaine étape, celle qu’ils ont choisie. École privée ou publique, programme sportif ou artistique, éducation à domicile ou traditionnelle, programme international ou adaptation scolaire : tout a sa place, et tout mérite la même fierté. C’est le message très clair qui se dégageait du regard de tous ces humains et du personnel de l’école.

Il est vrai que les jeunes ont beaucoup à apprendre des adultes. Mais il est tout aussi vrai que nous, les adultes, avons beaucoup à apprendre de nos jeunes.

Nathalie Courcy

 

Mon cher élève – Texte : Nancy Pedneault

Mon cher élève, Depuis le début de ton primaire, tu vis l’école comme personne ne l’a vé

Mon cher élève,

Depuis le début de ton primaire, tu vis l’école comme personne ne l’a vécue auparavant : ouverture, fermeture, école à la maison, école en ligne, nettoyage, masque, et j’en passe. Je dois t’avouer quelque chose, je te trouve vraiment fort.

Tu n’as pas connu l’école « normale » avec quelques cas de grippe et de gastro. L’école, au temps où les enfants (et les profs) venaient à l’école malades. Tu n’as pas cette naïveté d’avant où tout le monde jouait ensemble malgré la toux et les nez bien coulants.

En début d’année, tu étais épuisé par la charge de travail. Tu n’étais pas habitué à cette école à temps plein. Je voyais tes yeux fatigués et tes joues rougies. On prenait des pauses plus fréquentes. Je te racontais des histoires pour travailler autrement.

J’ai bien vu toutes les difficultés scolaires qu’ont engendrées les multiples fermetures. Ensemble, nous avons redoublé d’efforts pour rattraper le temps perdu, travailler les notions que tu n’as pas apprises, développer les méthodes de travail qui t’ont manqué.

À ta place, bien des adultes se seraient plaints. Toi, tu as continué de travailler, de faire confiance aux adultes qui décident pour toi.

Malheureusement, tu n’as pas rattrapé tout le temps perdu. Ce serait impossible. Cependant, tu as fait tout ce qu’il fallait pour y arriver.

Je suis fière de tout le travail que tu as accompli et tu es maintenant prêt pour ta prochaine année. D’ici là, repose-toi, profite des vacances et n’oublie pas de lire le plus souvent possible !

Bonnes vacances !

 

Nancy Pedneault

Mon enfant, tu peux crier victoire – Texte : Audrey Léger

Ce matin, j’avais envie d’écrire sur la motivation, la confiance en soi, le bonheur et la RÉUS

Ce matin, j’avais envie d’écrire sur la motivation, la confiance en soi, le bonheur et la RÉUSSITE. J’avais la tête pleine d’idées. Évidemment, pour saisir le poids de ces mots, il faut accepter le cheminement : défis, obstacles, doutes, peurs, ÉCHECS. Sur la table, devant moi, j’ai vu l’évaluation scolaire de ma fille de 9 ans. Elle est en 3e année. C’est une année difficile. Nouvelle école, pandémie interminable, dyslexie et dysorthographie diagnostiquées, vous voyez le topo.

Pas besoin de spécifier que son évaluation ne satisfait pas les attentes du système scolaire. Toutefois, voici ce que j’ai demandé à son enseignant en cours d’année : « Pouvez-vous arrêter d’écrire NON RÉUSSI sur ses évaluations ? »

Ça m’arrachait le cœur chaque fois parce que moi, sa maman, je voyais toutes ses bonnes réponses et que j’étais fière et impressionnée ! Mais elle, elle pleurait, ma petite. Elle s’est mise à penser qu’elle n’était pas bonne, pas capable et qu’elle ne réussissait jamais. Elle était triste et découragée. C’est là que j’ai parlé au personnel de l’école. Je pleurais moi aussi. Ça n’allait pas du tout.

Est-ce qu’on pourrait souligner ses bonnes réponses plutôt que ses erreurs ? C’est PRIMORDIAL !

Si ma fille de 9 ans perd confiance en elle, que son estime s’effondre, ce sera ça, le réel échec. Ma fille est fabuleuse. Elle se relève les manches et veut toujours s’améliorer. Elle a du plaisir, elle est heureuse et épanouie. Ne la privons pas de ça, c’est le plus important right ?

Maintenant, sur ses évaluations, il est inscrit « 9 bonnes réponses » et c’est là-dessus qu’on va construire quelque chose de solide, quelque chose de GRAND ! Ma fille est bonne, elle est belle, elle est capable de tout. Je suis fière d’elle et fière de moi, fière d’être sa maman. Elle a fait de moi une personne meilleure ! Et quand je la regarde dans les yeux, je vois tout le chemin parcouru, je vois sa fierté et je sais que RIEN NI PERSONNE ne va la niveler vers le bas. Parce qu’elle croit en elle, elle est fière et heureuse. N’est-ce pas cela, le SUCCÈS ?

Dans la vie, tout le monde réussit à sa manière. Soulignons les réussites plus que les échecs. Soyons indulgents et patients avec nos enfants. Au bout du chemin, même si leurs routes sont différentes, ils pourront tous crier victoire… et NOUS AUSSI !

Audrey Léger

IG: Audrey. sans. artifice

La maternité, un droit donné à toutes… malheureusement non ! – Texte : Annie Corriveau

Avec toute cette controverse cette semaine à propos du départ d’une enseignante en congé de mat

Avec toute cette controverse cette semaine à propos du départ d’une enseignante en congé de maternité, je me devais de mettre mon petit grain de sel !

Toutes les femmes n’ont pas cette chance de pouvoir porter un enfant. Plusieurs aimeraient tellement connaître cette joie, ce bonheur de sentir grandir ce petit être en soi. Une grossesse, c’est comme gagner à la loterie. Certaines vont gagner le gros lot plusieurs fois et certaines autres jamais. Une grossesse, ça ne se décide pas comme ça, c’est un hasard. Ça peut se planifier, oui, mais ça n’arrive pas quand on le décide mais quand ça arrive.

Quel que soit le métier que tu pratiques, tu as le même droit que chaque femme à la maternité. Que tu sois policière, comptable, secrétaire, enseignante, chaque femme est libre de porter la vie. Le débat de cette semaine ne devrait pas être sur ce droit, mais bien sur les causes du manque d’enseignants en ce moment.

Le problème du manque d’enseignants n’est vraiment pas causé par les femmes qui deviennent enceintes. C’est un problème de société, tant qu’à moi. C’est certain que pour un enfant, changer d’enseignant à chaque deux mois n’est vraiment pas l’idéal, mais il est où le vrai problème ? Qu’en est-il des vraies raisons ?

Je suis maman. La vie m’a choyée avec deux beaux enfants en santé et j’en suis reconnaissante chaque jour. J’ai aussi été enseignante. J’ai enseigné un an le français au secondaire et je vais vous dire pourquoi j’ai quitté. Et là, je vous parle en toute sincérité et en connaissance de cause. Vous croyez que les enseignants sont chanceux parce qu’ils ont tout l’été de congé, qu’ils ne travaillent pas les jours fériés, qu’ils ont plein de journées pédagogiques. Allez passer ne serait-ce qu’une semaine dans une école à faire toute la planification, la recherche de matériel, s’assurer que chacun de vos élèves a accès aux ressources auxquelles il a droit, à gérer les plans d’interventions, l’enseignement, la correction, l’aide aux devoirs, la récupération. Vous pensez sincèrement que ces sept semaines de vacances sont exagérées. Une année scolaire pour un enseignant, c’est comme un marathon. Tout le monde franchit la ligne d’arrivée, pas tous à la même vitesse, pas tous avec la même énergie. Une seule année m’a permis de constater à quel point être enseignant est une vocation.

Et oui, j’avais un contrat encore cette année comme enseignante. Oui, j’ai dû me désister de mon contrat car je me suis trouvé un autre emploi. Est-ce que ça m’a brisé le cœur d’abandonner mes élèves en pleine année scolaire ? TELLEMENT ! Alors de dire que c’est sans émotion qu’une enseignante quitte en congé de maternité, OUF… Personnellement, ça m’a brisé le cœur, mais encore là, pour quelle raison ai-je quitté ? Le salaire, la charge de travail, l’essoufflement. Une année, une seule année et jamais au grand jamais je ne vais critiquer les raisons pour lesquelles un enseignant ou une enseignante quitte en pleine année scolaire.

Ce problème, il faut vraiment le régler en société. La profession enseignante n’est tellement plus valorisée aujourd’hui. Il faut vraiment se poser des questions. Connaître les raisons du pourquoi. Qui se doit de régler ce problème ? Moi, vous… non, malheureusement !

Annie Corriveau

La prof qui n’a pas oublié mon enfant – Texte : Joanie Fournier

J’ai trois enfants dans le système scolaire au niveau primaire. Ça fait déjà sept ans qu’on

J’ai trois enfants dans le système scolaire au niveau primaire. Ça fait déjà sept ans qu’on y est, dans ce système oublié par le ministère et amputé dans tous ses services. Les professionnels dévoués peinent à faire descendre les piles de demandes sur leurs bureaux. Ils doivent prioriser tellement d’enfants pour tenter de leur donner un maximum de chance de réussite. Tellement d’enfants qui ont besoin d’accompagnement, d’outils, de temps… Tout le monde le sait que le système actuel est insuffisant pour ces enfants-là. On voit les parents autour de nous courir sans cesse pour obtenir des services supplémentaires pour aider leurs enfants et essayer de contacter tous les professionnels au dossier de leur enfant.

Mais pour une fois, je veux parler des autres enfants. Les z’oubliés. Ceux qui fonctionnent « bien », ceux qui apprennent « vite », ceux qui n’ont « pas besoin » d’accompagnement. J’en ai trois, moi, des z’oubliés. Parce qu’on nous répète qu’on a beaucoup de chance que nos enfants réussissent bien. Mais il y a toujours un revers à la médaille… À chaque fin d’étape, depuis sept ans, on reçoit un petit bout de papier sur lequel il est écrit : « Rien ne semble problématique pour votre enfant jusqu’ici. Il ne sera donc pas nécessaire de vous déplacer pour une rencontre de parents. » La première fois, on était fiers comme parents de lire ce papier. La deuxième fois, on était déçus de ne pas pouvoir rencontrer l’enseignante de notre enfant. La troisième fois, on a commencé à se demander si c’était normal de ne jamais avoir de suivi pour notre enfant. Puis, les années et les enfants se sont accumulés et en sept ans, nous n’avons jamais été conviés en personne à une rencontre de parents…

La plupart du temps, on se répète qu’on est vraiment chanceux. Nos enfants semblent bien fonctionner dans ce système scolaire. Pis une maudite chance, parce que les services seraient insuffisants si ce n’était pas le cas. Mais chaque année, quand l’année se termine, on a un petit sentiment que ce système a oublié nos enfants. On imagine tellement l’enseignante de la classe en sueur en train de se démener pour que tous les enfants devant elle réussissent. Et on a une image en tête de notre enfant derrière la classe, effacé et oublié, parce que lui t’sais, « il va bien ».

Quand mon aînée est entrée en 5e année, elle a eu pour la première fois de sa vie une prof qui ne l’a jamais oubliée. Et aujourd’hui, je veux parler de cette enseignante qui a refusé de l’oublier. Elle l’a motivée, écoutée, interpellée. Elle l’a vue. Vue pour de vrai. Elle a fait ressentir à ma fille qu’elle aussi, elle avait sa place dans une classe. Elle l’a fait se sentir importante. Elle lui a donné des lectures supplémentaires, des exercices de plus, des devoirs plus difficiles. Elle s’est assurée de la pousser au maximum de ses capacités et pour la première fois de son primaire, ma fille a eu des défis. Des vraies montagnes à gravir. Ces grandes tâches où on sent que l’adulte nous fait confiance et qu’on est fier d’avoir accompli à la fin. Pour la première fois de son primaire, elle ne faisait plus ses devoirs en cinq minutes en clamant que c’était trop facile pour elle.

Miss Émilie, je veux vous remercier. Je veux vous remercier d’avoir vu ma fille. De l’avoir considérée. De ne pas avoir tenu pour acquis que « parce qu’elle allait bien », elle n’avait pas besoin de vous. Votre présence durant cette année a été salutaire pour ma grande fille. Avant de vous rencontrer, j’ai eu peur que cette enfant termine son primaire sans avoir eu la chance d’avoir un adulte significatif pour elle. Un adulte qui fait la différence. Vous avez été cet adulte-là. Vous lui avez fait goûter à quelque chose d’inestimable : le sentiment d’exister et d’être importante. Je ne vous remercierai pas assez.

Peut-être même que vous lisez ces lignes et que vous vous dites : « Ben voyons donc… ? Pourtant je n’ai rien fait de différent avec cette enfant-là… ? » Je vous assure que oui. Vous avez fait ce qu’aucun autre enseignant n’a fait pour elle.

Attention, je ne blâme personne ici. Tous les autres enseignants ont fait de leur mieux et j’en suis consciente. Ils sont tous débordés, essoufflés et ensevelis sous les demandes. Ce n’est aucunement un reproche.

Je veux simplement, Miss Émilie, que vous sachiez que vous avez fait une grande différence. Vous avez redonné envie aux enfants d’apprendre et de relever des défis. Des vrais défis. Vous avez été à l’écoute, chaleureuse, humaine. Vous connaissiez les intérêts de chacun des enfants de la classe… parce que vous vous y intéressiez sincèrement. Peut-être que c’est banal pour vous comme approche, mais encore une fois, sachez que ça a fait toute la différence. Au-delà de ne pas avoir oublié ma fille, je pense surtout que vous avez refusé de le faire.

Merci encore pour tout.

Joanie Fournier

Entendez-vous la voix des vacances ? Texte : Nathalie Courcy

Je me suis offert deux nuits dans un gîte pendant la relâche. Seule. Juste assez loin de chez moi

Je me suis offert deux nuits dans un gîte pendant la relâche. Seule. Juste assez loin de chez moi pour être dépaysée, mais pas pour me ruiner.

J’y vois le blanc de la neige à perte de vue. La rivière gelée. Les arbres, le ciel, l’espace.

J’y entends le silence. La jasette des coyotes. La voix basse des propriétaires.

J’y sens le parfum des chandelles, le repas libanais qui cuit. La mousse du bain que je me fais couler.

Je m’y dépose, avec mes livres, mes cahiers, ma balle de laine, mon tapis de yoga. J’y ai apporté la partie de moi qui voulait prendre soin de moi. J’ai laissé derrière les responsabilités, les tracas, les urgences. Ils y seront encore à mon retour, mais moi, je les verrai un peu différemment, comme s’ils étaient devenus un filigrane pâle sur une page.

Enceinte, on cohabite à temps plus que plein avec notre enfant, pendant neuf mois, plus ou moins quelques semaines. On est loin des gestations éléphantesques de 22 mois, mais quand même, cette fusion persiste même après la sortie de l’utérus. La survie humaine est ainsi programmée : bébé a besoin d’un adulte, d’un parent, et si possible de sa mère, pour rester en santé et en vie et pour devenir autonome.

Vient un temps où c’est à la maman de sortir de la bulle construite avec son enfant. C’est sain pour lui, c’est sain pour elle. Comme pour toute transition, il peut y avoir une impression d’être « arraché », de se lancer dans l’inconnu, de tomber dans le vide. Ne plus savoir ce que fait notre bébé (nos ados aussi sont nos bébés…) en tout temps, ne plus savoir qui on est sans notre bébé.

Même si je m’absente à l’occasion de la maison pour le travail, je constate que je l’ai peu fait pour prendre soin de moi ou par pur loisir. Ce n’est pas naturel pour moi de m’éloigner de mes enfants, je dois m’y entraîner, développer l’habitude pour la rendre plus confortable. Je le fais par nécessité, mais aussi parce que je les vois, eux, s’éloigner tranquillement. Ils grandissent et les pas qui les éloignent de moi s’allongent de plus en plus. Ainsi va la vie qui va…

Donc plutôt que de me rebeller et de tout faire pour les retenir, je préfère me pratiquer à les laisser s’éloigner… en m’éloignant une fois de temps en temps. J’existais avant eux, j’existerai après ! En version modifiée, améliorée. Quand je prends soin de moi, je prends soin d’eux et bonus : je leur donne l’exemple.

Nous recommençons bientôt un blitz école-activités-amis-rendez-vous jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ce n’est pas moi qui suis assise devant les profs, mais quand même, je suis derrière, en soutien, en encouragements, en « go, t’es capable », en réveil le matin. Donc la relâche, c’était pour moi aussi !

J’avais besoin de petites vacances pour être plus présente à moi, plus présente à eux. Je me suis entendue. Je me suis écoutée.

Pourquoi attendre que l’épuisement, la maladie ou la dépression nous soufflent à l’oreille d’arrêter quand on peut choisir le meilleur moment et la meilleure façon de le faire ?

Entendez-vous ? Il y a une petite voix qui me dit de reprendre des mini vacances bientôt…

 

Nathalie Courcy