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Saute, saute, saute !

J’ai tendance à personnaliser l’éducation de mes enfants. Peut-être

J’ai tendance à personnaliser l’éducation de mes enfants. Peut-être à outrance, mais certainement pas avec de malhonnêtes intentions. Je crois en la différence, en l’humanité, au potentiel de chacun. Ce n’est pas que le moule n’est pas fait pour tous, c’est surtout qu’il y a plusieurs moules, et plusieurs façons de rentrer dedans.

Le système scolaire est un moule. Tout comme le système social, la famille, le gouvernement, l’économie, name it. Les rebelles entrent dans un moule. Les manifestants aussi. Les criminels, les non-conventionnels, tout le monde. Mais. Mais le moule peut être adapté, modifié, élargi, cassé, ramolli. Et l’humain peut aussi s’adapter au moule, jusqu’à un certain point.

Long préambule pour en venir à mes petites grenouilles. Ils sont nés différents, tout autant que tous les autres enfants. Une de leurs différences, c’est leur façon de penser et de comprendre le monde, de le ressentir et d’y réagir. Ils ont le défi (oui, oui, je ne parle pas de chance, même si c’est un coup de pouce génétique) de comprendre vite et autrement. Ils ont appris à lire, à écrire, à compter par eux-mêmes. Ils divisaient des milliers à trois ans ou lisaient des briques à sept ans. Certains ont une mémoire phénoménale, d’autres ont une intuition qui dépasse toute logique. Une est autodidacte chronique, l’autre pourrait jaser de sciences avec Einstein. Si au moins j’exagérais…

Donc, mes petites grenouilles ont tendance à se sentir coincées dans le moule scolaire. Il y a tant à apprendre… et le cadre se veut restrictif, veux, veux pas ! La force et la faiblesse du groupe. Que fait une grenouille qui se sent à l’étroit dans son étang ? Elle essaie d’aller voir ailleurs, elle fait des vagues, elle saute sur les nénuphars et énerve tout le monde… ça la tient occupée. Ça lui donne l’espoir que quelqu’un la remarque et lui dise : « Eille, p’tite grenouille, me semble que tu serais mieux dans un étang plus grand. » Si elle n’est pas entendue, elle déprime, elle détruit les autres ou elle-même.

L’étang plus grand, ça peut être un endroit où il y a une plus grande diversité écologique. Ou un espace plus élevé d’où on voit mieux l’horizon. Ou un étang qui permet de sauter dans une rivière et sur un rivage et sur une plage. Ça peut être le même étang, mais avec des possibilités de jouer aux touristes une fois de temps en temps pour faire l’école buissonnière. Certaines grenouilles sont même très heureuses dans leur étang, sans plus, sans moins. Ça peut être un étang qui n’a même pas l’air d’un étang. La beauté de la chose, c’est que les petites grenouilles n’ont pas toutes besoin du même genre d’étang. Sinon, ce serait plate, hein ! Tout le monde pareil, arkeuh !

Alors mes petites grenouilles ont vécu dans différents étangs scolaires, en y faisant souvent beaucoup (trop) de vagues. Ça énerve, les batraciens qui font des vagues. Pour les parents, c’est tout un art de choisir le bon étang pour la bonne grenouille au bon moment. Sans compter les contraintes, les programmes offerts ou non, la surpopulation, les déménagements, les politiques des institutions, les croyances de tout un chacun, la désinformation. Et chaque année, c’est à recommencer.

En septembre, deux de nos grenouilles sauteront une année et vivront leur année scolaire avec des élèves plus vieux. Les nombreuses évaluations, les nombreuses opinions de spécialistes, les nombreuses rencontres avec l’équipe-étang suggèrent que c’est une bonne idée. Que ça correspond à leurs besoins. Que pour eux, ça semble faire partie de la solution. Ça ne résout pas tout, mais ça pourrait les aider à moins s’ennuyer, à se sentir moins différents, à se sentir stimulés, à avoir le goût de trouver leur place dans un moule. Ça semble être une façon de casser le moule sans tout casser. Ils sont prêts à rencontrer de nouveaux défis et de nouveaux amis, même si l’inconnu fait des « coucou ».

Et comme le disaient savamment Passe-Montagne et son nœud papillon : Saute, saute, saute, petite grenouille… tu n’as pas peur de l’eau…

Nathalie Courcy

Lettre à ma fille dysphasique

Ma chère et belle enfant,

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Ma chère et belle enfant,

Aujourd’hui, j’ai dû prendre la décision la plus difficile de ma vie. Celle qui aurait une influence sur ton futur, celle qui ferait de toi une enfant plus heureuse, selon moi, et selon les professionnelles qui te côtoient chaque jour. J’ai eu le privilège de t’accompagner et de te côtoyer chaque jour depuis le premier jour de ta maternelle à l’école, à MON école. J’ai eu le privilège de t’enseigner et de te voir évoluer au sein d’une classe régulière. Les inquiétudes? J’en ai tout le temps.

Le doute? J’en ai constamment. Je voulais t’offrir une partie de ton enfance, la vraie vie. Côtoyer des personnes qui sont « normales » pour t’offrir un échantillon de la société dans laquelle tu vivras. Ton handicap n’est pas visible, et plusieurs personnes ne sont pas en mesure de comprendre. Elles ne peuvent comprendre parce que « ça paraît pas ». Tu aimes tellement discuter avec tout le monde, comment pourrait-on se douter que tu as un problème de langage? Pourtant, ce « problème » est au cœur de ton quotidien et il t’empêche très souvent d’entrer en relation avec des enfants de ton âge. J’ai longtemps espéré que t’avoir avec moi te protégerait d’une certaine façon de la cruauté des autres… Mais malheureusement, je dois accepter que je ne peux pas tout faire ni tout contrôler.

Tu travailles fort chaque jour, tu essaies tant bien que mal de comprendre ce que le professeur t’explique. Tu essaies de résoudre des problèmes mathématiques, de lire des textes en français, mais c’est difficile pour toi. C’est bien normal, TOUT passe par le langage. Quelqu’un est avec toi, un ange qui t’accompagne quelques heures par semaine, et ce, parce que l’école a su que c’était essentiel pour toi… Mais malgré tout ton travail, tu n’y arrives tout simplement pas, et nous voyons que tu décroches de plus en plus… Décrocher en troisième année, c’est un non-sens, et je me dois de faire quelque chose.

Une opportunité se présente à nous. L’occasion que tu puisses aller dans une classe spécialisée, qui, je l’espère, sera épargnée par toutes les coupures de services engendrées par cette période d’austérité. J’ai peur… Et si ce n’était pas la bonne décision? Et si tu étais malheureuse loin de ton milieu, loin de moi? Je crois que nous n’avons rien à perdre d’essayer puisque ton milieu ne te convient plus. Je dois « couper le cordon » et essayer de te laisser voler de tes propres ailes. Tu verras, je suis certaine que tu y seras heureuse. Il y aura des personnes, différentes comme toi, qui ont un problème de langage. Je souhaite de tout mon cœur que tu y connaisses enfin ce que c’est que l’amitié.

Ma chère et belle enfant, je t’écris ces quelques lignes puisque je ne peux pas te l’expliquer… Tu ne le comprendrais pas… parce que ton handicap, ce sont les mots… les mots des autres, et les tiens… Mon seul et unique but est de te rendre heureuse, et je suis prête à tout pour y parvenir.

Valérie Cléroux

Le grand saut

Et oui, ça

Et oui, ça y est, je l’ai fait ! Après des années à chercher comment réorienter ma carrière, me voici de retour sur les bancs (bon pas de panique là, je fais le tout à distance) d’école.

J’ai fini mon Baccalauréat en mai 1999 et me voici, à 46 ans, de retour aux études.

Pas facile d’y retourner après tant d’années. Pas facile, car ma vie a beaucoup changé depuis et mon amie technologie a pris le dessus.

Retourner aux études aujourd’hui, ça prend beaucoup de discipline. Oui, je sais, les enfants sont grands. Mais eux ne comprennent pas le défi que je réalise en ce moment. Eux voient seulement qu’ils en ont de la chance, maman est à la maison. Vous savez, la maman qui a passé les huit dernières années à travailler à temps plein. À quitter la maison pour le travail douze heures par jour. Cette maman à qui ils devaient parler tout doucement pour ne pas qu’elle explose à cause de ses douleurs intenses causées par des hernies cervicales. Eh bien, cette même maman, elle est à la maison, mais elle est également aux études.

Lorsque j’ai fait mon choix de cours, je n’ai jamais pensé à tout le travail que demandait un cours universitaire. Je n’ai jamais pensé que je devrais remettre de magnifiques travaux sans fautes, avec une mise en page parfaite. Moi, dans mon temps (OUTCH) on remettait les travaux à la dactylo ! Ben oui… la dactylo ! Cette merveilleuse machine dans laquelle tu insérais une feuille. Cette machine qui ne faisait rien seule, mais que tu pouvais contrôler ! Aujourd’hui, mal de tête m’en prit de faire une belle mise en page avec notes en bas de page, pagination, etc. Une chance qu’un ange est venu à ma rescousse !

Parce qu’il faut savoir que, dans mon ancienne vie, je ne travaillais pas avec un ordinateur. Non, non ! Mon ordinateur c’était ma tête ! 25 ans comme croupière au Casino ! Ce n’est pas rien, mais ça ne t’aide pas beaucoup avec Word et Office !

De plus, chaque cours requiert beaucoup de temps. Et non, je ne suis pas assise dans une salle à prendre de notes, mais bien devant mon écran à faire des recherches, à lire des textes, à organiser mon temps !

Organiser son temps… c’est quoi ça ? Alors, tout enthousiaste, je me suis inscrite à trois cours. Quelle idée de génie ! Championne qui n’a pas été aux études depuis 21 ans pense qu’elle aura le temps de faire trois cours à l’université avec deux enfants (n’oubliez pas que je suis veuve) une maison, des tâches ménagères et une grosse lacune informatique.

Alors devant l’inévitable, moi, Annie la Superwoman, j’ai dû abandonner un cours. Abonner un cours pour lequel je devais investir des heures de travail et qui ne m’apporterait qu’un minimum de savoir approprié à mes futurs défis.

Mon but : faire de la suppléance dans les écoles de ma région. Le monde de l’éducation a bien besoin de personnel qualifié et je crois que je peux faire la différence dans la vie des petits et grands qui croiseront mon chemin. Tout ça pour me rapprocher de mes enfants, être plus présente. Dans les derniers mois, j’avais l’impression d’avoir manqué une partie de leur vie. J’ai l’impression de les avoir négligés, d’autant plus qu’ils n’ont que moi. Alors voilà ! J’ai pris une année sabbatique de mes cartes pour retourner aux études et voir si cette future carrière pourra m’apporter l’équilibre dont j’ai besoin dans ma vie en ce moment.

Dans les derniers mois, le hamster courait pas mal vite pour essayer de trouver une solution à mes deux plus grands problèmes : le manque de temps avec mes enfants et mon corps blessé qui ne peut plus continuer.

J’espère donc maintenant qu’un avenir extraordinaire s’ouvrira devant moi, car j’ai eu des bouts pas mal rough. Je me souhaite la vie douce pour les prochaines années.

Annie Corriveau

Remise des diplômes

[Attention le texte qui suit est un texte complètement subjectif et il se

[Attention le texte qui suit est un texte complètement subjectif et il se base sur mon opinion, mes valeurs ainsi que sur mes expériences de vie. Prière d’argumenter votre désaccord dans le respect.]

Cette année, plusieurs milliers d’étudiants ne pourront pas clore leur fin du secondaire de la même façon que moi. Cependant, il serait injuste qu’ils tombent dans l’oubli. Qu’on les laisse de côté et que l’on relativise un moment super important : la remise des diplômes.

Je crois qu’il est pertinent de célébrer la fin et la réussite du secondaire, car ce n’est pas une étape facile. Puisque depuis cinq longues années, l’horaire de ces jeunes ressemblait à ça :

Ils se lèvent le matin.

Vite, vite, vite, ils déjeunent.

Vite, vite, vite ils courent après l’autobus pour ne pas le rater.

Vite, vite, vite ils entrent dans leur classe pour se bourrer le crâne de notions et de théories.

Vite, vite, vite ils mangent leur dîner dans un temps quasi impossible.

Vite, vite, vite ils retournent en classe pour continuer à se remplir le cerveau de matière.

Vite, vite, vite ils rentrent à la maison pour souper, à la table avec leur famille. Tout en essayant de garder la bonne humeur devant leurs parents qui font l’effort de s’intéresser à eux malgré qu’eux aussi ont eu une grosse journée.

Après un repas mangé rapidement, ils s’enferment dans leur chambre et ils font des devoirs, une tonne de devoirs. Se fendre le cerveau en deux pour comprendre des problèmes d’optimisation en mathématique, trouver de l’inspiration pour leur texte argumentatif sur un sujet poche comme « pour ou contre les publicités ». Après trois longues heures d’efforts, ils pensent mériter un peu de repos. Alors ils s’installent devant Netflix et essaient de ne pas terminer la nouvelle saison de La Casa del Papel. Puis, ils finissent par réaliser qu’il est peut-être temps de se coucher. Et cette journée recommence, encore et encore. Et je n’ai pas parlé d’une job étudiante, d’un chum ou d’une blonde ou des activités parascolaires qui s’ajoutent à l’horaire.

Émotionnellement, ça n’a pas été facile. Le secondaire est un zoo où tu essaies de te démarquer ou de simplement vivre. Tu as sûrement été la proie de quelques emotional breakdown comme on dit en bon français. Tu as sûrement pensé que ta vie était finie, car tu as coulé un examen d’anglais pour la troisième fois. Tu n’as sûrement pas dormi les trois jours précédant la date de ton exposé oral parce que tu étais beaucoup trop stressée. Tu as sûrement pleuré dans un de tes cours devant tout le monde (expérience vécue en ECR !). Tu as sûrement célébré la réussite de ton examen de conduite. Tu as sûrement adoré chaque moment de ton voyage scolaire.

La remise des diplômes, c’est ça : c’est plein d’émotions contradictoires qui t’assomment en même temps : tu es, à la fois, content(e) d’avoir terminé cette étape de ta vie, mais triste de la voir finir. Tu vas pleurer avec tes amis qui t’ont accompagné(e) tout au long de cette aventure. Qui ont grandi avec toi. Tu vas pleurer aussi, car tu sais qu’elles vont s’éparpiller un peu partout au Québec l’automne prochain. Tu sais aussi que ta vie d’adulte va commencer. C’est excitant, mais c’est difficile d’accepter la fin de l’adolescence.

C’est aussi l’occasion de célébrer. Fêter cette réussite qui n’a pas été facile à avoir, mais avec la persévérance et l’ambition, tu t’es battu(e) et tu l’as eu ton foutu diplôme. Pour certain(e)s, c’est l’occasion de montrer aux gens qui ne croyaient pas en toi, que tu es plus fort(e) qu’ils ne le pensent. Que tu ne t’es pas laissé abattre.

Je pense qu’on devrait être plus « lousses » face à nos adultes de demain. On devrait les laisser souffler un peu. D’une part, parce qu’ils ont eu une année différente. D’autre part, parce qu’ils ont tellement de choix à faire en si peu de temps à un âge beaucoup trop jeune. Ils étouffent face aux possibilités.

Chanceux vous dites ? Probablement, mais avoir dix-sept ans et choisir parmi plus de 1 000 formations offertes dans les cégeps et les DEP du Québec, ce n’est pas une tâche facile.

Je crois que la prochaine fois que l’on rencontre un fraîchement diplômé, nous ne devrions pas lui poser la question suivante : « Pis ? Tu t’en vas à quel Cégep l’année prochaine ? »Je pense sincèrement que celle‑ci est beaucoup plus importante : « Pis ? Comment tu te sens ? Es‑tu fier de ta réussite ? »

Cet été sera différent. Je vous souhaite de vous reposer, d’avoir beaucoup de plaisir et de profiter du moment présent.

Bon été à tous et bravo aux fraîchement diplômés ! J’espère que vous êtes fiers de vous.

Clara (une diplômée 2019)

Défi relevé !

En cette fin d’année scolaire, nous pouvons enfin souffler, respirer et

En cette fin d’année scolaire, nous pouvons enfin souffler, respirer et mettre toute cette période derrière nous. Les quatre derniers mois furent particuliers, exceptionnels, différents, éreintants… Je pourrais trouver une centaine d’adjectifs pour décrire cette période qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. Depuis la grippe espagnole, nous n’avions jamais eu à apprendre à vivre avec un virus aussi virulent et dangereux. Tout le monde a dû s’adapter. Le milieu de la santé, le milieu de l’éducation, les familles, les commerces, l’économie. Bref, tous ont dû apprendre à vivre avec la Covid-19.

Travaillant dans le milieu de l’éducation, j’ai envie de lever mon chapeau à tous les acteurs qui gravitent autour de nos enfants.

Bravo à tout le personnel des écoles pour leur dévouement, leur patience, leur implication et leur facilité à se tourner de bord sur un 10 cents ! Que ce soit les directions, les enseignants, les éducatrices spécialisées, les éducatrices en service de garde, les concierges, les secrétaires ou les professionnels, tous se sont impliqués jusqu’à la fin pour que nos jeunes vivent des réussites et continuent de garder le lien avec leur école.

Certains enseignants ont dû développer leur côté informatique et ont relevé ce défi avec brio. D’autres ont dû s’adapter à travailler de la maison et à consolider le boulot et la famille. J’ai vu des enseignants organiser des rencontres virtuelles avec des minis de six ans afin de leur faire vivre un dîner chic ! J’ai vu des enseignants stressés d’enseigner de façon virtuelle, ce qui est tout à fait justifié. Le lien avec les humains était maintenant disparu et parler à un ordinateur ne fait pas partie de la réalité d’un enseignant ! J’ai vu des enseignants créer des capsules vidéos en se faisant filmer et ainsi passer par-dessus leur orgueil pour les présenter à leurs élèves.

J’aurais bien aimé que vous soyez là pour voir tout ce que j’ai vu. C’est tellement beau et inspirant ! Le travail d’équipe s’est développé à vitesse grand V. Tout le monde s’entraidait ! Bravo à tout le personnel œuvrant au sein des écoles. Je suis fière d’en faire partie et je suis fière de nos métiers.

Il ne faut surtout pas oublier les parents. Ces parents qui ne sont pas des enseignants et qui, du jour au lendemain, ont dû travailler de la maison et enseigner à leurs enfants. Ils ont dû faire un horaire pour leurs enfants pour pouvoir les garder motivés. Ils ont dû improviser leur nouveau quotidien et vivre avec les conséquences que cette crise a apportées. Les parents de nos élèves sont maintenant les champions des rencontres virtuelles. Ils sont maintenant capables de « plugger » deux enfants en même temps sur des rencontres virtuelles, tout en travaillant de la maison et en faisant une ou deux brassées ! Ouffff, cela n’a pas dû être évident pour tout le monde, chacun vivant cette crise à sa façon.

Un immense bravo, aussi, aux parents qui ont des enfants différents ! Par expérience, ce n’est pas reposant de voir son enfant vivre ce stress, cette anxiété et courir partout pour évacuer son trop-plein !

Les vacances, à la maison, arrivent à grands pas. Ce sera un bon moment pour se reposer et refaire le plein d’énergie. Ainsi, nous espérons tous revoir nos cocos en présentiel en septembre. Le monde de l’éducation, c’est un milieu humain où nous sommes constamment remplis d’amour et d’affection. Nous voulons revoir nos élèves et jaser avec eux face à face ! Gageons que les premières causeries de l’année seront assez remplies d’anecdotes. 🙂

Karine Filiatrault

Te retrouver

Dans l’incertitude, te retrouver.

Parfois, ne pas pouvoir te répo

Dans l’incertitude, te retrouver.

Parfois, ne pas pouvoir te répondre. Souvent, ne pas savoir.

T’accueillir dans cette classe transformée. T’enseigner d’une nouvelle façon. Te découvrir sous un autre angle.

Profiter de ce temps précieux où tu m’es prêté, retirer le maximum du fait que nous soyons si peu dans ce grand espace…

Faire de cette épreuve, un tremplin et rebondir, comme tu sais si bien le faire. Devenir meilleur, plus curieux, moins timide ; prendre sa place.

Accepter d’être imparfait et à travers ces imperfections, apprendre comme jamais…

Karine Lamarche

Quand mon plancher brille…

Remettre les pieds dans sa classe et la retrouver si propre ! Avoir telle

Remettre les pieds dans sa classe et la retrouver si propre ! Avoir tellement peur de salir ce plancher tout frais ciré…

Vraiment, en ce matin particulier et riche en émotions, cette sensation de propreté était bienvenue ! Ce sentiment qu’une partie du boulot était déjà accomplie m’a donné la petite tape dans le dos qu’il me fallait pour démarrer.

Voir toutes ces chaussures d’enfants bien cordées dans les casiers, comprendre combien on a de la chance d’avoir un monsieur Benoît dans notre école. Un concierge dans une école primaire, c’est précieux. Je me souviens de monsieur Marcel, à l’école qui a bercé mon enfance. 

On a tous un monsieur Marcel, un monsieur Benoît… Celui qui fait un petit plus auprès des élèves et même, auprès des adultes, celui qui arrose les plantes de votre classe pendant le confinement. 😉

Ces gens qui travaillent dans l’ombre, particulièrement en cette période de pandémie, méritent qu’on prenne un moment pour souligner l’importance de leur travail. Évoluer dans un environnement propre et organisé influence notre humeur, notre journée. 

Quand mon plancher brille, mon cÅ“ur scintille. ⭐️ 

Merci monsieur Benoît !

Karine Lamarche

Le pays des Calinours

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la pandémie à ses pl

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la pandémie à ses plus jeunes enfants…

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la situation à ses jumeaux de quatre ans…

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas leur parler de la COVID et de les laisser sur leurs petits nuages au pays des Calinours…

Nous avons fait ce choix le 13 mars soit à la fermeture des écoles… Nous revenions de voyage pour la relâche et nous étions tous à la maison depuis quelques jours… Pourquoi vous expliquer la situation, mes amours, alors que vous étiez avec maman depuis décembre, car nous avons déménagé et aucune garderie n’avait de place pour vous ? Pourquoi changer notre routine et vous alarmer ? On est bien ensemble non ?

Oh je sais, on ne comprend pas toujours notre choix… On juge un peu les parents de faire ça… « Ben voyons, comment vous pouvez cacher ça à vos enfants ? »

Je dirais : « Ben voyons, pourquoi je leur donnerais de l’anxiété avec une situation qu’ils ne comprendraient pas ? »

Ma plus vieille est bien entendu au courant. Elle respecte l’omerta. Parce qu’elle connaît sa sÅ“ur, elle sait très bien que c’est mieux ainsi. Je crois qu’elle apprécie ses grasses matinées sans réveil nocturne… Elle respecte notre choix et comprend qu’à quatre ans, ce n’est pas évident de cesser les câlins et respecter le deux mètres avec TOUT le monde sauf sa famille immédiate.

Pour toi, ma plus jeune, celle qui vit toute son anxiété dans son « j’ai mal au ventre maman… », je sais que si on te rend nerveuse, tu auras mal au ventre. Tu voudras te coller sur papa ou maman, tu vas te rouler en boule avec ta doudou sur le divan… Aussi, tu projetteras ton anxiété sur ton frère jumeau qui ne comprendra pas pourquoi il est anxieux, tu nous poseras 1 000 questions auxquelles il nous sera difficile de te répondre… Tu te réveilleras la nuit pour nous les poser une autre fois… t’sais, des fois que la réponse serait différente quand il fait noir…

Pour toi aussi, mon garçon, qui me posera des questions, mais ne comprendra pas ce virus, cette distance de deux mètres, cette inquiétude chez les adultes… Les réponses de papa et maman ne seront pas à ton goût et il y aura beaucoup de pourquoi… Je pense à toi aussi qui vivras l’anxiété de ta sÅ“ur par symbiose… sans l’avoir demandé !

Nous avons fait ce choix de façon consciente et après six semaines, j’y crois encore. Les jumeaux s’ennuient de leurs amis de notre ancienne ville, mais nous ne sommes plus là… Ça va bien aller ! Ils aimeraient voir mamie, mais comme on dit que ce n’est pas possible et qu’ils viennent tout juste de passer une semaine complète avec elle à la relâche… Ça va bien aller ! Ils voudraient souper avec grand-papa et grand-maman, mais ils pensent qu’ils habitent encore loin comme avant… Ça va bien aller !

Toi qui nous connais, sache que je ne veux pas ton avis ; je te demande seulement de respecter notre choix. Nous sommes leurs parents, donc nous sommes les meilleures personnes pour choisir ce qui est le mieux pour eux ! J’aimerais que tu respectes mon choix, mais je ne te demande pas d’être d’accord. 😉

Je suis persuadée que je fais le meilleur choix pour EUX, MES amours.

Mes enfants commencent l’école en septembre, il me reste encore du temps, non ?

Stéphanie Poitras

Pour toi, le finissant du secondaire 2020

C’était ta dernière année. Tu savais déjà ce que tu allais faire plu

C’était ta dernière année. Tu savais déjà ce que tu allais faire plus tard dans la vie ou tu hésitais encore. Tu venais de faire ton inscription au cégep quelques semaines plus tôt et tu te croisais les doigts pour être accepté au premier tour dans ton premier choix. Ton secondaire allait se terminer dans trois mois. Tu rêvais du bal des finissants. Tu avais hâte de regarder ton album et de le faire signer par tout le monde. Ce que tu ne savais pas, c’est que la COVID allait frapper et qu’elle changerait tout cela pour toi.

Tu as toujours rêvé qu’une catastrophe survienne pour qu’il n’y ait subitement plus d’école du jour au lendemain. Je le sais, moi aussi à ton âge, je le souhaitais. Sauf que là, c’est arrivé pour vrai. Une semaine c’est le fun, deux aussi. Mais là, le temps a commencé à être long. Ce que tu n’avais pas prévu dans ton scénario est que la catastrophe qui t’empêcherait d’aller à l’école t’empêcherait aussi de voir tes amis, de sortir et de vivre ta vie normalement.

Semaine 3… 4… 5, tu t’ennuies de l’école, chose que tu ne pensais jamais vivre dans ta vie. Tu t’ennuies des corridors pleins de gens, du son de la cloche, de courir pour changer de local entre les périodes. Tu te demandes si tu te souviens de la combinaison de ton cadenas. Tu t’ennuies de tes collègues de classe et même de tes professeurs !

Semaine 6, la décision est prise : les cours sont annulés pour le reste de l’année pour les élèves du secondaire. Tu seras convoqué pour aller chercher tes effets personnels à l’école, et c’est comme ça que l’aventure va se terminer. Les corridors seront vides, les professeurs absents et tes amis aussi. Toi qui avais si hâte à ton dernier examen en juin pour dire au revoir à cet endroit et aller de l’avant vers une nouvelle aventure, tu vas quitter autrement. Tu n’auras pas la chance de dire au revoir à tes professeurs, de les remercier pour l’aide qu’ils t’ont apportée au cours des dernières années.

Je ne sais pas si le montage de ton album de finissants était terminé. Je ne sais pas si tu pourras en avoir un. Pour le bal, j’ai de la peine pour toi, car je me rappelle à quel point je rêvais de ma robe de bal depuis le début de ma cinquième secondaire. Peut‑être l’avais‑tu déjà trouvée ou peut‑être que tu allais bientôt commencer le magasinage pour la trouver. Savais‑tu déjà avec qui tu irais au bal ? C’est un rite de passage important qui marque la fin d’une étape et un premier pas vers ta vie d’adulte, ça méritait d’être souligné ! Le virus en a décidé autrement.

Pour tous les finissants du secondaire 2020 et plus particulièrement pour ma cousine Rébecca, soyez fiers de vous, de ce que vous avez accompli au fils des dernières années. Vous aurez quelque chose d’unique à raconter à vos enfants lorsqu’ils arriveront eux aussi en cinquième secondaire et qu’ils vous demanderont comment ça s’est passé pour vous.

Annie St-Onge

La rentrée de mai

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances dâ€

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances d’été. Mais sans été.

Les élèves sont partis. Sans savoir.

Les concierges ont tout désinfecté.

Les enseignants ont déplacé leur bureau de travail dans leur cuisine ou leur sous-sol.

Ils ont tout fait pour se réinventer. Pour apprendre de nouvelles façons de communiquer avec leurs élèves, avec les parents, avec l’équipe-école, avec les collègues. Team work encore plus que d’habitude.

Ils ont appris le fonctionnement de toutes les plateformes de partage de fichiers et de vidéoconférences. Ils sont devenus leurs propres techniciens informatiques, leurs propres cameramen ou camerawomen. Ils ont adapté leur matériel d’enseignement et d’évaluation à une modernité qu’on avait plus ou moins vue venir : l’enseignement à distance, à grande échelle, au secondaire comme au primaire. Je ne peux même pas imaginer de quoi ça a l’air avec les petits de maternelle…

***

Et maintenant que l’école rouvre ses portes, on fera le chemin inverse, comme à toutes les rentrées scolaires.

Les enseignants sont déjà de retour dans leur classe. Ils ont placé les pupitres (mais en ont sorti la moitié dans le corridor). Ils ont refait leur liste d’élèves (enthousiastes de retrouver ceux qui reviennent, tristes que la moitié du groupe reste à la maison ou soit envoyée dans une autre classe). Ils referont cette liste chaque semaine, en fonction des nouvelles inscriptions et des changements d’idée.

Ils planifient l’horaire des premières journées :

  • Beaucoup de temps consacré aux nouvelles règles à respecter (deux mètres de bulle, des collants aux planchers pour indiquer la direction des déplacements, des lavages de mains encore plus fréquents, et l’obligation d’attendre son tour deux par deux au lieu d’attendre en rang).
  • Le casse-tête des arrivées et des départs d’élèves, des récréations et des dîners.
  • Les matières (en nombre réduit) à réviser ou à enseigner en groupe live et à distance, sans autre matériel scolaire que ce qui se trouve dans les pupitres des élèves et dans l’imagination du prof.

Viendront les journées de canicule, la fatigue de fin d’année et la période des évaluations. Coronavirus, on n’y échappe pas ! Normalement, c’est balancé avec les voyages de fin d’année, les BBQ de juin, les célébrations de finissants, les activités extérieures dans les jeux d’eau et les parcs… mais pas cette année. Juin 2020 sera drabe. Mais mémorable.

Puis, le concierge refera sa tournée, encore et encore. Et encore. Chaque classe, chaque racoin, chaque lieu partagé. Matin, midi, soir. Tout sera nettoyé, organisé, désinfecté. Ça sentira l’eau de Javel dans les corridors ! Chaque jour. Je vous jure, les élèves ne s’enfargeront pas dans les boîtes à lunch qui traînent. Ce sera (en bon québécois) spik’n span.

Puis sonnera l’heure du retour des élèves. Comme à chaque mois de septembre, ce sera progressif, pour ne pas étourdir les enfants et les intervenants. C’est juste que là, la rentrée est en mai. C’est juste que là, la plupart des élèves connaissent leur école, leur classe, leurs amis, leur prof. Mais ils devront les regarder avec des yeux nouveaux. Des yeux prêts à découvrir un nouveau monde stérile en microbes, mais tout aussi fertile en apprentissages et en amitiés. C’est juste que là, les parents ne tiendront pas les mains de leur enfant jusqu’à la porte de la classe. Ils devront plutôt les badigeonner de Purel avant de leur dire au revoir de loin.

Si je me fie à ce que j’ai vu sur l’écran de mon ordinateur cette semaine, quand l’enseignante de mon fils de première année lui a fait visiter sa classe virtuellement, élèves et enseignants attendent ce moment avec impatience, même s’il sera rempli d’inconnu. Tout le monde (incluant les spécialistes du gouvernement, Horacio en tête) aura ses réticences et ses inquiétudes, et une hâte peut-être faite de maux de ventre et d’attentes trop élevées. Et tout le monde apprendra de tout ça.

Les profs et les enfants ont déjà compris que leur plus grand défi, ce sera de résister à l’appel des câlins. Et mon garçon, lui, sait que sa prof a déjà collé dans son pupitre la photo de son toutou préféré parce qu’il devra le laisser à la maison. Bien qu’il ait très hâte de retourner à l’école, il s’ennuiera aussi de son cocon familial. Au moins cette fois-ci, les vacances arriveront à peine un mois après la rentrée !

Nathalie Courcy

L’enfant oublié

Pour toutes sortes de raisons, où que tu sois en ce moment, tu vis quelque

Pour toutes sortes de raisons, où que tu sois en ce moment, tu vis quelque chose de triste. Au retour de la relâche, tu n’avais plus vraiment d’enseignant. Peut-être même avant.

Tu as vu défiler tellement d’adultes dans ta classe depuis les derniers mois que tu as oublié le nom de certains. Ton enseignant à toi, ton repère, ton phare, a quitté pour sa raison à lui. Épuisé, blessé, malade… Tu as compris, tu avais accepté.

Ce n’était pas facile, mais tu t’étais habitué à ces changements. Parfois, tu as dû t’adapter à cinq adultes en une seule journée… Ta consolation, c’était d’être avec ta gang.❤️

Et voilà que cette situation inattendue survient… Tu es coupé de ta classe, de ta gang. Ton prof? Bof, tu n’en avais plus vraiment. Sauf que présentement, cette absence commence à peser. Entendre tes amis dans la rue raconter leur rencontre virtuelle, recevoir des messages attentionnés de leur enseignant… Ça te fait de la peine. Tu n’as pas cette chance.

Je veux te dire que même si tu te sens oublié, sois assuré que quelque part, un enseignant t’es dédié, virtuellement, sur papier. Cette personne ne te connaît pas. C’est difficile pour elle d’organiser des rencontres alors que tu ne l’as peut-être jamais vue. Dis-toi une chose, cet enseignant n’attend que ça : te rencontrer en vrai, te connaître.

D’ici là, continue d’écrire à tes amis, de les appeler. Le soleil brillera à nouveau très bientôt. 🌸

Karine Lamarche