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Leçons d’enfants…

Claire Pimparé a dit lors de sa conférence : « Les enfants so

Claire Pimparé a dit lors de sa conférence : « Les enfants sont des maîtres, c’est eux qui nous enseignent à être parents. » J’ai beaucoup aimé entendre cette phrase qui m’a fait réfléchir et qui m’a fait prendre conscience de tout ce que mes enfants m’ont apporté.

Depuis leur naissance, chacun d’eux avec sa personnalité unique m’a beaucoup appris sur moi. Chaque étape de leur vie a été pour moi, de vivre différentes émotions, tintée de moments rigolos, de tristesse, de frustration, de déception, d’enthousiasme, de compassion, d’anxiété, de réconfort, etc.

Ils m’ont appris à être à l’écoute de leurs besoins, à persévérer, à m’organiser, à planifier mon agenda (avec toutes les activités, les rendez-vous, le travail, les tâches, etc.), à adapter ma communication selon la perception sensorielle de chacun, à lâcher prise (non sans inquiétude, car ils devaient aller au bout de leur apprentissage, c’est souvent la meilleure école de la vie), à donner le meilleur de moi-même et à accepter de faire des erreurs.

Ils m’ont fait grandir depuis leur tendre enfance et continuent de le faire encore aujourd’hui. Ce n’est pas parce qu’ils sont adultes qu’ils ne me font plus vivre d’émotions, bien au contraire. Je reste maman toute ma vie, il n’y a pas de date d’expiration.

Chaque étape apporte son lot d’émotions fortes :

J’ai vécu une joie indescriptible lors de la naissance de ma fille et de mon fils.

Les premières séparations, pour la garderie et pour l’entrée dans le monde scolaire, ouf… Mon corps était au travail, mais mon esprit était avec mon petit. Je crois que ç’a été les journées les plus difficiles de ma vie de maman.

Et ne vous en faites pas, lors de l’entrée aux niveaux secondaire, collégial et même universitaire, ils m’ont fait vivre des émotions similaires. Les séparations sont plus grandes, car ils sont de plus en plus autonomes et indépendants.

Le mal-être intérieur que j’ai vécu quand j’ai dû aller en inhalothérapie avec ma fille de huit mois. Quand elle avait mal au ventre de peur et d’anxiété chaque matin avant de partir pour se rendre à l’école. Quand j’ai dû lui acheter des lunettes à trois ans et demi. Le jour où elle s’est blessée à la cheville lors du premier entraînement pour obtenir sa certification de sauveteur océan à Hawaii, l’empêchant de recevoir ce titre.

Je me suis sentie coupable lorsque mes enfants ont eu des échecs scolaires ou lors des activités sportives, quand ils ont vécu des tensions avec des amis, et avec moi et leur père. Quand mon fils a été diagnostiqué TDA et a vécu de l’intimidation. Le bouleversement émotionnel et le changement de vie qui leur a été causé lors de la séparation de leur père et moi.

J’avais deux choix dans chacun des cas : m’effondrer ou me relever et donner le meilleur. Je me suis souvent posé ces questions : « Quel enseignement je veux donner à mes enfants? »; «  Qu’est-ce que je veux leur transmettre comme valeurs? »

Selon moi, c’est dans les défis qu’on apprend et développe des forces que nous ne connaissions pas.

Ils m’ont aussi fait vivre des émotions de joie et de fierté immenses quand :

– Mon fils a gardé les buts lors du tir de barrage en tournoi atome. Quand il a pratiqué au Centre Bell avec Le Canadien de Montréal. Lors d’un changement d’école, quand il m’a dit : « C’est correct, je vais me faire de nouveaux amis. » Il est un exemple dans son organisation et dans sa planification des tâches scolaire.

– Ma fille qui a atteint un niveau provincial en compétition de natation par quelques secondes. Quand elle était sauveteuse à la piscine de la ville. Quand elle étudiait avec acharnement pour atteindre les notes exigées, afin de pouvoir entrer au cégep en sciences de la nature. Passer de la petite fille timide et anxieuse à une jeune femme confiante qui mord dans la vie.

Mes enfants sont, aujourd’hui, deux jeunes adultes de vingt-deux ans et de vingt ans. Je suis très fière de tout ce qu’ils ont fait, mais surtout de qui ils sont devenus. Ils sont deux jeunes adultes responsables, respectueux, gentils, travaillants et qui savent se relever quand un défi de la vie se présente.

Ils m’ont transmis des messages dernièrement me confirmant que j’avais fait le bon choix de me relever.

Ma fille qui me dit : « Maman, il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions. »

Mon fils qui me dit : « Merci, maman, de m’avoir dit “non” parfois, de m’avoir transmis de bonnes valeurs. »

Ils m’ont fait grandir, ils ont fait la maman que je suis aujourd’hui.

Je ne vous en remercierai jamais assez.

Merci d’être dans ma vie

Je vous aime xx

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Maman est usée

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« Vous êtes une bonne maman! », qu’on me disait parfois quand j’allais au parc ou au restaurant avec mon enfant. Je répondais alors gentiment « Merci », avec un sourire rempli de fierté, parce que je me trouvais bonne aussi. Je n’avais d’yeux que pour mon bébé, mon premier. Je découvrais l’instinct maternel, aussi fascinant que puissant. Quand je parlais à ma fille, chaque mot contenait une telle tendresse, un débordement d’amour. J’étais certes fatiguée, mais comblée par ce petit être qui venait, quelques mois auparavant, quelques années à peine, d’arriver dans ma vie. J’étais pleine d’énergie, débordante d’un bonheur nouveau et inespéré. Je me sentais pleinement compétente et à la hauteur, j’étais fière d’être la maman que j’étais.

Quand je croisais des mamans impatientes, dépassées, surmenées, je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas comprendre. Je les jugeais et je me lançais des fleurs en me disant que moi, je l’avais donc l’affaire. Je regardais mon enfant, fière de lui offrir mieux, et j’étais triste pour ces petits qui se retrouvaient coincés dans l’impatience d’une maman de moindre qualité, qui criait pour un rien, qui ne jouait pas au parc, qui finissait par écouter son enfant au bout d’une dizaine de « Écoute-moi maman! »

Les années ont passé, d’autres enfants sont venus, les petits ont grandi. Les congés de maternité se sont prolongés, les « Mamans! » ont débordé, les crises et les disputes se sont multipliées, le bruit s’est intensifié, les mauvaises nuits et les mauvaises journées se sont succédé. Les cernes ont grossi sous mes yeux, de nouvelles rides sont apparues, quelques cheveux gris également et avec eux, les moments de solitude ont disparu.

Un jour, j’ai réalisé que j’étais devenue cette mère que je trouvais si mauvaise. J’étais celle qui, fatiguée et impatiente, criait après ses enfants pour se faire entendre. Celle qui, lors d’une sortie au cinéma avec ses petits, avait du mal à sourire parce que ce jour-là, c’était une mauvaise journée, une de plus. J’étais devenue cette maman à la tolérance malmenée parce qu’usée par toutes les heures de sommeil en retard, les chicanes à gérer, les comportements à analyser et les tâches à accomplir.

Ce jour-là, j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que je refusais d’être cette maman-là. Moi, j’étais pourtant une bonne maman : tendre, aimante, qui trouvait les bons mots, qui savait réagir simplement par instinct. J’ai pleuré parce que je connaissais pourtant mes enfants par cœur et je savais faire toutes sortes de folies pour les faire rigoler, pour désamorcer. J’avais été la maman que j’admirais et je ne voulais pas être l’autre; celle qui se met en colère pour un rien, qui a du mal à écouter les histoires remplies d’imagination de ses enfants parce qu’elle a la tête saturée et qu’elle voudrait juste cinq minutes pour ne penser à rien.

Soudain, j’ai repensé à cette mère impatiente du parc et je l’ai vue d’une tout autre façon. Bien qu’épuisée de tout donner à ses enfants, je sais maintenant qu’elle était remplie d’un amour inexprimable et inébranlable pour eux. Cette maman était usée par les années, par le manque de sommeil, le manque de solitude et peut-être même par le manque de soutien. Ce jour-là, elle serait volontiers restée à la maison, mais elle était au parc parce qu’elle savait que cela rendrait ses petits heureux. Puis, je me suis rappelé ce moment où elle était accourue à une vitesse folle vers son enfant lorsqu’il avait failli tomber en courant, poussée par l’inquiétude et la culpabilité à l’idée qu’il ait pu se blesser avant qu’elle ne puisse intervenir.

Je sais maintenant qu’une fois de retour à la maison après la sortie au parc, cette maman avait préparé un dîner au goût de ses enfants, pour leur faire plaisir. Elle avait mis plus de fromage dans l’assiette de son garçon parce qu’elle savait que cela le ferait sourire. Elle s’était assurée de choisir les plus petites carottes pour sa fille puisque c’est comme ça qu’elle les aimait. Et bien sûr, elle avait versé leur lait dans leurs verres préférés. Quand ses plus jeunes s’étaient couchés pour la sieste, elle avait laissé de côté ses tâches quelques instants pour jouer un peu avec sa grande qui, depuis quelque temps, avait un grand besoin de son attention.

Quand son fils était redescendu, elle l’avait bercé, parce qu’elle savait comme il avait du mal à se réveiller. Puis, la sieste de son bébé s’était terminée. Elle était allée le chercher, en souriant tendrement. Le calme était resté jusqu’à la prochaine dispute, jusqu’à la crise suivante, jusqu’à l’incontournable avalanche de demandes. L’impatience était alors revenue rapidement, les cris probablement aussi. Cette tension de plus l’avait laissée de mauvaise humeur. Tout le reste de la journée, elle n’avait pas pu sourire, elle n’avait pas pu être douce et attentionnée. Il y en avait juste eu trop… trop souvent.

Comment vous dire, mes enfants, que maman est fatiguée, que ma tête et mon corps sont usés, mais que je vous aime un peu plus chaque jour?

 

Eva Staire

 

           

           

             

Les culpabilités d’une mère étudiante

Les yeux qui brûlent, le crâne en compote et le corps empreint de

Les yeux qui brûlent, le crâne en compote et le corps empreint de fatigue, j’essaie de penser aux quinze derniers mois qui m’ont paru être une éternité.

Plusieurs mois à jongler entre les rôles de mère, d’étudiante, de conjointe et d’amie. De multiples chapeaux que j’enlevais au fur et à mesure, mais que je devais remettre aussitôt selon les différents contextes de mon quotidien.

J’ai fait mon possible. Était-ce suffisant? Je ne sais pas. Mais si j’ai une certitude, c’est bien que chacun de ces rôles a été « botché » à sa façon.

Avec autant de mois à tenter d’exceller dans trop de rôles à la fois, le corps s’use et le mental se met en mode « survie ». Bref, la conciliation n’a pas été facile. Je me levais le matin avec les mêmes pensées qui me hantaient la nuit. Parce que oui, quand tu as autant de rôles à jouer, tu n’as pas le choix de faire un peu de temps supplémentaire. Et le dernier quart, celui de nuit, sert un peu à régler tes comptes.

Bref, dès mon réveil, j’anticipais la journée avec un certain recul. Réveiller les enfants, les préparer pour l’école et la garderie, préparer les lunchs s’ils n’avaient pas été faits la veille, moi à l’école toute la journée, aller chercher les enfants, souper, bain, dodo… Et là, lorsqu’ils fermaient leurs paupières, je me mettais à étudier ou à taper de trop nombreux travaux. Jusqu’à 22 h-23 h-23h30.

Ces journées-là, je les vivais comme le jour de la marmotte. Chaque matin, à 6 h, le cadran sonnait pour me signaler de nouveau que ma réalité plate recommençait.

Et quand je mettais enfin ma tête sur l’oreiller, le soir venu, je m’en voulais. Beaucoup. Je me sentais coupable de n’avoir pris que cinq petites minutes pour jouer avec mes enfants, ou de m’être assise une seule fois dans ma soirée pour demander à mon conjoint : « As-tu passé une belle journée? », ou de ne pas avoir pris des nouvelles de mes amies. La culpabilité était forte et lourde. Comme si ma priorité était de terminer ces foutus travaux au lieu d’envelopper d’amour ceux qui me sont chers.

Je me sentais coincée parce que je n’avais pas le choix. Même si… c’était mon choix. Heureusement, je savais que ce sentiment n’allait pas être éternel.

Néanmoins, la durée, quoique courte dans le temps, m’a paru sans fin.

Maintenant, je me permets de mettre quelques chapeaux sur la patère de ma vie. En fait, c’est la vie qui m’en donne l’occasion. La fatigue est toujours présente et j’ai encore le corps mou comme un pantin, mais je revois le soleil au bout du tunnel.

La culpabilité a troqué sa place pour la fierté. Je me sens fière d’avoir persévéré malgré la douleur de délaisser ces gens que j’aime.

Un jour, je l’espère, mes enfants comprendront que cette absence était de l’amour. Et que ce choix de retourner sur les bancs d’école était, en partie, pour eux. ♥

Kim Racicot

Être la fille d’un policier

Depuis toute petite, j’admirais mon père pour ce qu’il était e

Depuis toute petite, j’admirais mon père pour ce qu’il était et ce qu’il faisait et encore aujourd’hui, j’éprouve pour lui un grand respect! Je me souviens à quel point j’étais émerveillée et que mes yeux s’illuminaient chaque fois qu’il nous rendait visite avec son auto-patrouille. Aux yeux d’un enfant, c’est tellement impressionnant, un papa qui combat les méchants!

Mon père, pour moi, c’était le plus fort de tous. Il était policier, mais à l’époque, je ne comprenais pas ce que cela impliquait, bien entendu. C’est en vieillissant que j’ai compris.

J’ai compris à quel point il a travaillé fort et difficilement tout au long de ces années de service pour la police à combattre constamment le regard négatif qu’ont les gens envers ce corps de métier. Je le sais parce que ça me blessait! Chaque fois que je rencontrais quelqu’un qui narguait les policiers, les traitait de trous de cul, de chiens sales, de mangeux de beignes et j’en passe… toutes ces fois, ça me blessait profondément!

Ça me blessait parce que moi je sais, papa, à quel point c’était difficile pour toi de ne pas nous voir aussi souvent que tu le désirais. Je le sais parce que tu as passé une partie de ta vie à travailler sur des quarts de travail pas possibles et à faire des heures supplémentaires pour subvenir au besoin de ta famille. Je sais aussi que tu as perdu huit de tes collègues policiers qui se sont enlevé la vie et que Dieu seul comprend pourquoi…

Je sais aussi que tu as vu des choses que personne n’oserait voir, dire ou faire… T’sais, annoncer à un autre parent que son enfant est décédé quand on est père soi-même, ça fesse! À l’époque, je sais aussi que ça jouait plus dur : la santé mentale n’était pas un sujet d’actualité, mais plutôt évité.

Aujourd’hui, je réalise que chaque jour, tu risquais ta vie pour aider autrui, que ce soit dans une bagarre qui dégénère, pour attendre tes résultats d’analyse parce qu’un porteur de VIH t’avait craché au visage… Confronter chaque jour l’inconnu et ne pas connaître le déroulement des événements… Je me demande toujours si ces gens qui ont autant de haine envers la police échangeraient leur place pendant un moment.

Toutes ces années, jamais tu ne nous as fait ressentir la détresse, la peine ni la peur qui auraient pu t’habiter. Au contraire, tu revenais du travail avec le sourire et en nous donnant tout l’amour dont nous avions besoin! Tu aurais donné la lune pour tes enfants! Malgré toutes ces épreuves, tu es demeuré un père aimant et démonstratif.

À mon tour maman, je peux te dire que je comprends à quel point tu voulais me protéger de ce monde rempli de méchanceté et de bas fonds. T’sais, virer mal, ça peut aller vite. Même dans mes moments les plus difficiles, tu as su avoir les bons mots, me soutenir sans jugement et m’encourager à surmonter les obstacles. Papa, merci pour toutes ces années de loyauté à servir notre communauté et à garder la tête haute! Tu es mon idole, papa! Je t’aime et je me battrai toujours pour gagner le respect des autres pour tous les papas et mamans de ce monde qui, comme toi, sont policiers! Aujourd’hui, je peux être fière d’être la fille d’un policier. 🙂

 

Pour toi ma fille

Chère fille,

Les vacances de N

Chère fille,

Les vacances de Noël viennent tout juste de se terminer. Elles t’ont fait un grand bien comme à tous tes amis à l’école, j’en suis certaine. Avant Noël, tu étais vidée, cernée, bref pour être franche, j’avais de la difficulté à te reconnaître.  Puis, la magie des vacances a opéré. Même si j’ai travaillé, j’ai quand même passé du bon temps avec toi et j’ai pu constater à quel point tu étais en train de devenir une jolie jeune fille.

Maman est très fière de toi. Nous avons pu passer du temps à dessiner des mandalas, jouer au Monopoly, faire des jeux de mémoires, se coller, se dire qu’on s’aime. Tu as aussi démontré une grande générosité. Le 24 décembre, avant d’aller chez tes grands-parents pour fêter Noël, tu leur as préparé à chacun un petit cadeau dans lequel on trouvait ta photo d’école, des mots doux de ta part (car tu sais lire et écrire !) ainsi que des sous. Je te confirme, ta maman n’avait pas ce réflexe à ton âge. Aussi, ton plaisir lors de la distribution des cadeaux, ce n’était pas d’être la première pour déballer, non! Ce que tu voulais, c’était être la fée des étoiles et donner les cadeaux.

D’ailleurs, concernant la magie de Noël, je crois que ta tête a compris cette année que le Père-Noël n’existe pas, mais ton cœur lui, non. Garde cette magie, ma fille. Elle te sera un plus dans le monde dans lequel nous vivons.

Aussi, cette année, tu as eu la chance de passer des journées seule avec ton père pendant que maman travaillait et également seule avec moi, ton parrain, tes grands-parents. Après chacune de ces journées, je pouvais sentir ce qu’elles t’avaient apporté. Ton cœur était en paix et tu avais su apprécier chacun de ces moments. Dans le monde où nous évoluons, la gratitude aide à se centrer sur l’essentiel et toi, d’instinct, tu l’as.

Un autre beau  moment que nous avons vécu ensemble, ce sont tes débuts en patin. Je dois dire que pour moi, c’est sûrement le meilleur moment que j’ai passé avec toi. Tu l’as pigé assez vite, tu n’as pas pleuré et je ne t’ai pas entendue chialer sur les bleus que tu t’es faits. Parce que tu es un enfant équilibré et que les sports que tu as pratiqués avant t’ont fait développer des aptitudes importantes, tu as su toutes les mettre ensemble et en l’espace d’un après-midi, c’était fait. Maman avait sa fierté accotée au ciel en te voyant.

C’est ce que je voulais te dire ma fille: je suis fière de qui tu es. Oui, je pourrais vivre dans la nostalgie de lorsque tu étais plus jeune et que tu avais besoin de nous pour tout, mais je dois te laisser déployer tes ailes et être tout près pour t’aider à grandir dans ce monde pas toujours facile.

Ma chérie, sois fière de qui tu es et j’ai bien hâte au prochain moment d’arrêt pour constater toute ta richesse et ton évolution.

Avec tendresse,

Maman

Mon couple, ma fierté

Lorsque j’entends les gens dire : « Ma plus grande fierté, ce

Lorsque j’entends les gens dire : « Ma plus grande fierté, ce sont mes enfants », je ne peux qu’être en accord avec eux. Mais au-delà de cela, je crois que mon couple est en fait ma plus grande fierté. Puisqu’à la base, personne ne croyait vraiment en nous.

J’ai rencontré mon homme à l’âge de vingt-deux ans; lui était alors âgé de trente-et-un ans. J’allais à l’université, je travaillais à temps plein et vivais dans mon petit condominium une vie débridée. Loin de moi l’idée d’avoir des enfants. Mon plan était fait : j’allais devenir psychologue et vivre d’un bonheur matérialiste. Je visualisais ma vie de luxure : voiture de luxe, sac à main hors de prix, voyages à faire rêver…

C’est un soir de beuverie qu’un homme assis au bar m’a demandé mon numéro de téléphone. Ironiquement, je ne donnais jamais mon bon numéro, sauf cette fois apparemment, puisque trois jours plus tard, je recevais l’appel d’un parfait inconnu.

Pour être honnête, je ne me rappelais aucunement cet homme. En ne reconnaissant pas le numéro, je me suis fait prendre à répondre à l’appel de ce charmant inconnu. Résultat : nous avons parlé au téléphone quarante-cinq bonnes minutes. Il me faisait rire, simplement. Il m’a téléphoné une seconde fois deux jours plus tard. Idem ici. Ses appels étaient légers, humoristiques, ironiques. Exactement comme moi, et d’un seul coup, j’espérais qu’il me rappelle encore et encore.

Au bout d’une semaine vint le moment critique. Il fallait bien se rencontrer. Qu’est-ce que j’allais faire? Mon amie me répétait de ne pas y aller et j’étais déchirée entre la logique et mon impulsivité. J’ai bien sûr suivi mes intuitions et je me suis rendue à ce rendez-vous.

Première impression : oh non! Qu’est-ce que je fais ici?! L’homme en question était le contraire même de mes espérances! Souliers pointus à l’européenne, jeans évasés et chemise rentrée dans ses pantalons. Oh boy! Il avait planifié un repas sushi chez lui. Résultat : j’ai mangé trois sushis! Parce que se remplir la bouche d’un gros sushi, ce n’est pas super pour avoir une bonne conversation!

Vous ai-je spécifié que je n’étais pas un ange? Plusieurs consommations plus tard, je me suis retrouvée en boîte sur le gros party avec cet homme. Eh! oui, nous avions quelque chose en commun, les deux, nous étions des party animals. Pour être honnête, je ne me rappelle rien de cette soirée, à l’exception d’une chose : le premier baiser de l’homme de ma vie. Vous savez dans les films lorsque des feux d’artifice éclatent après un évènement grandiose? Et bien, voilà! Cela fait huit ans maintenant, et je peux encore me rappeler l’endroit exact dans le bar où nous étions et le déclic que j’ai ressenti au plus profond de mon être. J’ai su en une fraction de seconde que ma vie allait changer à jamais grâce à cet homme! Je suis le contraire même du romantisme, mais ce feeling, je l’ai bien senti.

Trois mois plus tard, il emménageait avec moi. Six mois plus tard, j’étais enceinte. J’ai fait le test de grossesse la journée même où nous recevions ses parents à souper pour la première fois. Oh! Vous ai-je dit que mon conjoint est portugais? Les traditions sont très présentes chez les Portugais, vous pouvez donc imaginer le malaise au souper lui et moi.

Nous n’avions aucune idée si nous allions garder cette petite surprise. Nous avons fait semblant de rien un mois durant. Nous n’osions même pas en parler. Jusqu’au jour où il m’a dit : « La décision te revient. J’ai trente-et-un ans, tu en as vingt-deux. Tu es à l’université, moi j’ai un travail stable. Moi je suis prêt et je t’aime, alors j’accepterai la décision que tu prendras ». Vu la sagesse et le respect dans sa prise de décision, je me suis lancée les yeux fermés dans cette nouvelle aventure qu’était la maternité.

Huit ans plus tard, je suis mère au foyer de trois merveilleux enfants. Est-ce la vie dont je rêvais? Non. Mais je ne la changerais pour rien au monde! Notre couple est fort et unique. Sans aucune goutte de romantisme, nous avons un respect mutuel et une admiration l’un pour l’autre.

Personne ne croyait en nous et moi-même, avec le savoir que j’ai aujourd’hui, je n’aurais jamais parié sur notre couple. Mais je suis fière de ce que nous sommes devenus. Nous sommes fiers d’avoir prouvé à tout le monde qu’il faut parfois choisir son propre chemin pour être heureux, qu’il n’y a aucune route pré-établie à suivre pour être heureux. Le bonheur et l’accomplissement varient pour chacun.

Et vous, en quoi consiste votre fierté?

Geneviève Dutrisac

Confessions d’une maman

  • Y a des matins où, en me levant, j’ai déjà hâte à la sieste.
Y a des
  • Y a des matins où, en me levant, j’ai déjà hâte à la sieste.

Y a des matins où je laisse les enfants manger dans le salon, devant la Pat Patrouille, juste parce que j’ai envie de boire mon café chaud.

Des fois, sur le chemin pour aller reconduire les enfants à la garderie, quand il y a une bonne chanson qui joue, que le chauffage est dans le tapis, et que coco me répète la même chose pour la quatrième fois en parlant toujours le plus bas possible (et dans son cache-cou), j’arrête de baisser le son de la radio et je réponds juste « Ah oui!? ». Ça semble faire son affaire.

Y a des fois où, quand on fait une activité ou un bricolage, j’ai plus de plaisir que mes enfants, ou tout autant qu’eux. Je veux finir mon dessin moi aussi, bon! Et je ne veux pas qu’on le barbouille, ok?! Et d’autres fois, ça ne me tente tellement pas de gérer de la colle et des retailles de papiers partout…

Y a des fois où je dis aux enfants qu’on fait une journée spéciale-pyjama, mais au fond, c’est juste que je suis trop paresseuse pour tous nous habiller ce matin-là.

Normalement, j’aime impliquer mes enfants dans ce que je fais, mais il y a aussi ces fois où je fais les choses à leur place, parce que je n’ai pas envie que ce soit long, parce que je n’ai pas envie de ramasser un dégât de plus (je suis déjà assez capable d’en faire moi-même).

Y a des fois où je dis beaucoup trop de jokes de pets à mes enfants (ce qui les fait évidemment rire à tous coups) et je pense par la suite : « Hi la la! Imagine s’ils répètent ça à la garderie ou à l’école… BRA-VO! »

Y a des jours où je me trouve vraiment hot comme maman.

Y a des jours où je me trouve vraiment poche comme maman.

Y a des fois (en fait tout le temps) où je rêve d’avoir un chien pour manger toutes les miettes sur le plancher.

Y a des jours où j’aimerais pouvoir « caller malade ».

Y a des fois où je google trop de symptômes sur les zinternets.

Y a des fois où je suis découragée pour mon mari quand il arrive certains soirs dans une maison bordélique et qu’il voit sa femme, cheveux sales, habillée en mou, dépourvue de patience et le moral dans les talons. (Fiou, il y a aussi des fois où je me reprends!)

Y a des fois où, quand je vais embrasser mes enfants pendant qu’ils dorment, je leur chuchote à l’oreille que je m’excuse d’avoir haussé le ton et manqué de patience dans la journée. Que demain, je serai une meilleure maman.

Y a des fois où, quand mes enfants me disent spontanément « Je t’aime » ou qu’ils me surprennent avec un câlin, je me retiens pour ne pas pleurer à chaudes larmes. Ça me touche profondément, car pour moi, c’est la plus belle paye qu’une maman puisse avoir.

Mais surtout, je suis toujours tellement trop fière d’être la maman de ces trois amours et d’être une maman tout court.

 

Cher papa, j’ai encore mal.

Cher papa,

Je n'ai pas encore eu la chance d'être parent. Donc je

Cher papa,

Je n’ai pas encore eu la chance d’être parent. Donc je ne sais pas encore à quel point ça peut être difficile d’avoir ce rôle. Mais j’ai été une enfant. Et je sais ce dont j’aurais eu besoin. Des besoins qui m’ont manqué, et qui me manquent encore même rendue dans la vie adulte. Tout d’abord, je sais que tu m’aimes. Mais ça aurait été l’fun que tu me le démontres un tantinet, par des gestes comme des câlins, par des mots, comme un «je t’aime ma fille». Fournir les besoins de base à tes enfants, ce n’est pas démontrer que tu les aimes. C’est juste normal. Il faut faire un petit peu plus.

Quand j’étais petite et qu’on allait visiter les oncles et les tantes, tu refusais que je joue avec mes cousins et cousines. Semble-t-il que tu avais peur que je devienne une p’tite criss en me tenant avec eux. J’étais enfant unique, et tu m’as empêchée de vivre ma vie d’enfant avec les membres de ma famille pour ton honneur. Ton honneur était plus important que mon bonheur. T’avais peur que le monde te juge en disant: Heille, t’as tu vu sa fille speedy gonzalez? Il ne sait pas l’élever! Ben je vais t’apprendre quelque chose. Ce n’est pas parce que j’aurais joué une fois semaine avec mes cousins que je serai virée mongole. J’pense au contraire que ça aurait eu plus d’effets positifs que négatifs.

Également, je vais t’annoncer quelque chose: je suis un être humain à part entière au même titre que toi. Tous les êtres humains ont ce besoin de base d’être reconnus par les gens autour d’eux, surtout leur famille. Ce n’est pas parce que je suis plus jeune ou que tu as une autorité sur moi que je ne peux pas être reconnue. Mes idées, mes actions et mes opinions sont toutes aussi importantes que les tiennes. Tu n’en as toutefois jamais tenu compte. Ce que je disais était (et est encore) toujours moins important, moins intéressant, moins nécessaire, moins intelligent que toi. Encore aujourd’hui, quand j’émets une opinion contraire à la tienne, je le sais assez vite que ce que je dis c’est de la marde. Même si c’est dans un domaine que tu ne connais pas. À l’âge où tu es rendu, tu devrais savoir qu’une opinion n’est pas bonne ou mauvaise, parce que c’est quelque chose de personnel. T’as le droit de ne pas être d’accord, mais tu ne peux pas m’empêcher d’avoir mes idées, même si elles sont différentes des tiennes.

Aussi, tu n’as jamais été capable d’approuver mes choix. C’était toujours de mauvaises décisions. Pourquoi faire du sport? Pourquoi travailler avec des enfants? Pourquoi devenir enseignante? Pourquoi partir en appart? Pourquoi si, pourquoi ça? Tu pouvais juste me dire que ce n’était peut-être pas la meilleure chose à faire selon toi, mais que tu approuvais mon choix tout de même.

T’as de plus oublié d’être fier de ta fille. J’ai deux diplômes postsecondaires. Je n’ai jamais eu de félicitations de ta part. Jamais je n’ai eu la chance d’entendre un simple “bravo pour tes accomplissements”. Je sais que tu n’étais pas d’accord avec mon choix de carrière, mais ça ne signifie pas que tu ne peux être fier que ta fille ait réussi quelque chose d’important. Crois-moi, des parents fiers de notre travail acharné, ça vaut pas mal plus qu’un bout de papier signé par un recteur d’université. Tu sais, il y a des parents qui félicitent leurs enfants et qui en sont fiers pour beaucoup moins que ça. Il fallait que je fasse quoi pour que tu le sois toi aussi? Que je fasse ce que toi tu voulais que je fasse? Que je monte le Kilimandjaro? Que je trouve le remède contre le cancer? Mon pire souvenir en lien avec ça, je m’en rappelle encore comme si c’était hier. Je finissais mon secondaire 5 j’avais en main mon bulletin, avec mes notes finales. Des 85 et plus partout. J’étais fière. Je t’ai demandé de le regarder. T’étais occupé m’as-tu dit. Le lendemain, je te l’ai encore demandé, mais encore une fois, t’avais autre chose à faire. La journée d’après, je te l’ai encore montré. Pis la, ben c’était trop. Tu l’as pris, tu l’as déchiré, devant moi. J’étais fatigante. Tu n’avais pas compris que tout ce que je voulais, c’était ton approbation, ta fierté, ton amour, ta reconnaissance. Je crois que tu as oublié que tu as été enfant toi aussi et à quel point ces choses sont importantes.

Encore aujourd’hui, du haut de mes 23 ans et demi, t’es encore comme ça avec moi. Je suis partie de la maison avec un manque terrible d’amour paternel, et il est encore là. Et il le sera toujours. Tu n’étais pas un père absent. Mais tu n’étais pas non plus un père présent.

Ta fille, qui t’aime malgré tout.

xx

Quand monsieur Zen rencontre miss Peur

8 h 20, jeudi matin. Mon grand bonhomme de cinq ans est installé da

8 h 20, jeudi matin. Mon grand bonhomme de cinq ans est installé dans la chaise du dentiste, comme un roi sur la plage avec ses lunettes fumées et ses espadrilles de Skylanders. Zéro troublé par l’arrachage de dent qui s’en vient. Sa première dent d’adulte est complètement poussée et la dent de bébé ne fait même pas semblant de branler.

Je le regarde et je l’admire. Pour lui, la vie est juste belle. Il ne voit aucune raison pourquoi ce serait différent, arrachage de dent ou pas. Quand j’étais enceinte de lui, j’ai traversé des périodes extrêmement stressantes, comme la perte de son jumeau.

J’avais lu qu’un bébé qui a vécu un stress important in utero peut réagir de deux façons : être de nature anxieuse ou être immunisé contre le stress. Vous n’avez pas idée à quel point je lui ai parlé pour le réconforter. Dès ses premiers jours, je disais que mon Tiloup était un mélange de Gandhi et de Bouddha. Et pourtant, il avait dû être réanimé à la naissance et j’avais passé les deux premières journées de sa vie à l’urgence (bon… c’est peut-être le soluté de Gravol et de morphine qu’il a ingéré par le lait maternel qui a eu un impact!). Du stress à la pelle pour commencer dans la vie.

Combien de fois me suis-je fait dire par des étrangers : «Madame, votre bébé a une vieille âme! Dès qu’on le voit, on se sent calme…» Il lui arrive de s’énerver, mais habituellement, c’est parce qu’il a faim ou qu’il s’ennuie. Le reste du temps, il avance dans la vie comme un voilier vogue sur une mer sans rides. Alors, quand c’est le temps de se faire enlever une dent, c’est comme s’il devait boire un verre de lait. «Maman, est-ce que je peux retourner à l’école maintenant?» Pas plus compliqué que ça.

Quand on sait que j’ai déjà dû appeler l’ambulance pour ma fille aînée (elle avait sept ans) qui paniquait pour un plombage, on comprend que la zénitude de mon garçon me soulage. Vers l’âge de deux ans, ma Peanut a pris un abonnement aux phobies : dentiste, médecin, animaux, insectes, piqûres, seringues, bruits… Lorsque j’osais sortir avec elle, elle essayait de rentrer dans mon utérus parce que les corneilles sur les fils électriques l’angoissaient ou qu’une personne s’approchait. Pauvre Peanut. Elle souffrait! Et nous, nous n’avions plus de vie.

On a travaillé fort pour la libérer. Un pas après l’autre. «Peanut, de l’autre côté de la rue, il y a un chien. Il est en laisse. Tu peux rester derrière moi si tu veux. Il a l’air gentil». «Peanut, devant nous, il y a un petit chien dans les bras de son maître. On va passer à côté sans le regarder. Tu es capable. Respire avec moi». «Peanut, aimerais-tu dire bonjour au chien de notre voisin? Regarde, il fait dodo». Même principe avec les humains, les chats, les oiseaux, les maringouins, les brocolis.

Maintenant, ma grande Peanut a du plaisir à aller chez le dentiste. Elle cohabite avec notre chaton avec plaisir (elle sait qu’il est dégriffé). Elle va vers les autres avec une aisance admirable. Elle qui était maladivement timide m’a déjà dit que l’endroit où elle se sentait le mieux était sur une scène de théâtre. Vous imaginez le chemin parcouru?

Pourtant, elle se relève chaque soir pour vérifier que toutes les portes de la maison sont verrouillées. Si elle doit se faire piquer, c’est l’hyperventilation garantie. Au calme, elle comprend que la seringue n’est pas là pour lui faire mal et que l’araignée peut être aussi répugnante qu’elle le veut, elle n’est pas dangereuse. Sa tête le comprend. Son instinct de survie, non. Ma fille ne sera peut-être jamais «phobie-free» et elle aura longtemps besoin de ses anxiolytiques, mais elle peut maintenant profiter de la vie et nous aussi.

Quand je vois mon champion se faire enlever une dent sans broncher, je ressens tout le bien qu’il me fait. Grâce à lui, j’ai compris que je ne dois pas me culpabiliser à cause des angoisses de ma fille. Mon autre fille a déjà donné un bisou à un scorpion et trouve que les araignées sont dégueulasses, à l’exception des tarentules… C’est à se demander si ces deux enfants ont été élevés par les mêmes parents. Mon garçon le plus jeune, eh! bien, tant qu’il a quelque chose à manger et quelqu’un à bécoter, il est heureux. Bien loin de l’anxiété généralisée diagnostiquée de ma grande Peanut.

J’observe mon garçon, si minuscule sur l’immense chaise du dentiste et au milieu des instruments intimidants. Je m’émeus devant son sourire rempli de cotons absorbants. Sa sœur et lui parcourent une route différente, mais leur cheminement mérite mon admiration. Je les accompagne sur le chemin, et j’apprends à chaque pas que nous faisons ensemble.