Ces grands-mamans si précieuses — Texte : Marie-Nancy T
J’ai toujours pensé que les grands-parents jouaient un rôle extrêmement important dans le parcours de vie d’un enfant. C’est vrai que le lien qui unit les grands-parents à leurs petits-enfants nait d’une complicité profonde et hors du commun. Avez-vous déjà remarqué les yeux de vos parents ou de vos beaux-parents lorsqu’ils regardent votre enfant ? Ou les yeux de vos propres grands-parents lorsqu’ils vous regardent, s’ils sont toujours présents ? Avez-vous déjà analysé le regard que vous portez sur vos petits-enfants, vos « précieux » ? Nous pouvons voir de la fierté, évidemment, mais aussi de l’adoration. C’est fort et puissant ça, de l’adoration !
J’ai toujours su que ma grand-mère était précieuse à mes yeux et qu’elle occupait une place importante dans mon cœur. Je l’ai réalisé encore plus, l’an dernier, lorsqu’elle nous a quittés. Lorsque grand-maman est décédée, j’ai eu l’impression, en quelque sorte, que c’était la fin d’une époque. Quand on y pense, le tronc de chaque famille prend racine dans l’identité des grands-parents. C’est d’eux que nous viennent nos valeurs. C’est souvent auprès d’eux que nos plus beaux souvenirs d’enfance se sont créés. Avouez qu’ils ont cette capacité, les grands-parents, d’être des générateurs de souvenirs mémorables. Vous savez, le souvenir d’entrer chez nos grands-parents et de sentir l’odeur des petits plats que seules les mamies peuvent nous cuisiner ? Ou le souvenir des rassemblements familiaux où l’on était tous entassés dans les maisons trop petites de nos grands-parents ? Ou encore, les innombrables moments doux partagés avec eux lors d’une soirée pyjama ?
Je crois que lorsque ma grand-mère est décédée, j’ai eu peur, en plus de vivre le deuil de son départ, que ma famille ne soit plus jamais la même sans elle. Ça démontre l’importance qu’elle avait à mes yeux ! Ma grand-mère était l’âme et l’épicentre de notre famille. C’est souvent le cas, pour chaque famille en fait. La mamie, c’est le roc, le noyau de la gang, la rassembleuse, celle sur qui on peut toujours compter. Savoir qu’elle ne serait plus jamais présente pour jouer tous ces rôles m’effrayait quelque part.
Ma grand-mère, je lui serai à jamais reconnaissante, car grâce à elle, j’ai pu m’épanouir au sein d’une famille unie, une famille qui accepte tout le monde avec ses qualités et ses défauts et qui aime, sans jugement. C’est mamie qui nous a inculqué et transmis toutes ces belles valeurs et cette bienveillance que nous avons les uns envers les autres. Tout ça, c’est son œuvre à elle ! Ma grand-mère, elle avait cette force incroyable pour une femme de sa génération de ne pas juger les gens, d’être ouverte d’esprit et de nous encourager malgré nos erreurs. Elle était une grande dame et un être d’exception.
C’est pour toutes ces raisons, et bien d’autres, que nos grands-mamans si précises sont difficiles à laisser partir. En fait, je suis maintenant convaincue qu’il est impossible de les oublier et c’est parfait ainsi. Il faut les laisser vivre à travers nos souvenirs. En réalité, les mamies ne meurent jamais. Quand on y pense, elles continuent de vivre en nous. Je trouve réconfort en me disant que même si ma grand-mère n’est plus présente physiquement, elle fait encore partie de moi. Elle est immortalisée, en quelque sorte, dans mon âme et dans ma mémoire émotionnelle. Il suffit de se remémorer tous les moments passés avec nos grands-mères, de se rappeler leur voix douce et aimante ou les odeurs de leur maison pour les faire revivre. Pour garder ma grand-mère vivante, je tente tant bien que mal d’honorer sa mémoire en essayant de transmettre, à mon tour, ses valeurs et ses accomplissements à mes enfants. Et qui sait ! Peut-être qu’un jour, j’aurai l’immense privilège de pouvoir revivre moi aussi, à travers mes petits-enfants. Ainsi va la vie, comme on dit.
Lorsque ma grand-mère était vivante, la voyant de plus en plus vieillissante, j’ai développé cette crainte qu’elle ne me reconnaisse plus et qu’elle oublie qui j’étais. Je crois que c’était trop difficile de penser que le lien fort qui nous unissait ne serait plus jamais le même. Je me souviens que vers la fin de sa vie, je ressentais parfois un doute avant de lui téléphoner. J’avais cette inquiétude qu’elle me demande : « Qui es-tu ? » Ou qu’elle oublie ma voix ou encore bien pire, mon nom. Un peu comme dans la chanson « Ficelles » d’Ingrid St-Pierre, qui dit : « mais n’oublie pas mon nom ».
En tout cas, moi, je ne t’oublierai jamais grand-maman, et surtout pas ton nom !
Merci à ma mère et à ma belle-mère d’être des créatrices de souvenirs et encore bien plus pour mes enfants. Votre rôle est si précieux.
Marie-Nancy T