Y en a un qui gratte la peinture de sa tablette et sur son lit quand
Y en a un qui gratte la peinture de sa tablette et sur son lit quand il ne dort pas.
Y en a une qui colle ses dessins partout sur les murs.
Y en a un autre qui laisse des gouttes de lait partout où il passe.
Nos planchers neufs ont vite été grafignés et puckés, et ça continue.
Il y a toujours une pile de vêtements à plier qui traîne sur un coin de divan.
C’est comme ça.
Ma maison n’est pas parfaite.
Parfois, y en a un qui décide de dessiner par terre.
Y a des jouets qui font partie de la déco.
Y a souvent des vêtements à ranger dans les tiroirs qui s’accumulent sur les bureaux.
Y a souvent un Spiderman ou une Barbie au fond de mon bain ou d’un lavabo de salle de bain.
Y a toujours des traces de doigts dans ma porte patio ou sur mes électros.
C’est comme ça.
Ma maison est pleine de vie.
Au tout début de ma vie de maman, je voulais que tout soit toujours parfait. Je ramassais les jouets au fur et à mesure que bébé les sortait. Quand mon bébé mangeait, je devais toujours le nettoyer. Puis, seize mois après avoir eu mon premier enfant, mon deuxième est né. Et j’ai voulu continuer à être parfaite, dans ma maison parfaite.
Je m’excusais aux gens qui venaient si je n’avais pas passé la balayeuse.
Je m’excusais si je n’avais pas épousseté.
Je m’excusais aux autres pour ne pas qu’ils me jugent… ou plutôt pour moins que je ME juge.
Et puis, est arrivée : la réalité.
Un bébé qui ne dormait jamais et pleurait vingt heures sur vingt-quatre.
Résultat : une maman épuisée, qui a dû comprendre.
Comprendre le vrai sens de « choisir ses batailles ». (Je sais, je pense que je l’écris dans chacun de mes textes, cette expression-là !)
Le temps a passé, les miettes sur le plancher se sont accumulées et ont fini par faire partie du décor.
Je me suis rendu compte qu’on cohabitait quand même bien, malgré que j’apprécie quand je les vois disparaître. Je me suis rendu compte qu’elles réapparaissaient aussitôt que je passais l’aspirateur et que ce n’était pas si grave.
Aussi, un jour, bébé (le troisième et dernier né) a laissé sa petite main étampée sur le réfrigérateur en inox, en se levant avec celui-ci comme appui. Et j’ai trouvé ça beau J’aurais pu la laver, l’effacer; mais non.
Je l’ai laissée là pendant plusieurs jours.
Je n’ai pas une chambre à coucher digne de Pinterest. Au‑dessus de chacune de nos tables de chevet, des dessins et des bricos de nos enfants sont collés au mur.
L’îlot de cuisine est généralement trop encombré. Aussitôt vidé et tout rangé, aussitôt il se remplit.
Les murs de la salle à manger ne sont plus épurés comme avant. Babillard, calendriers et notes ornent maintenant ceux-ci pour aider mon mommy brain.
Il y a des crochets pour ne plus que les enfants laissent traîner casquettes et alouette au sol. Ça marche la plupart du temps.
Sans oublier encore quelques œuvres d’art des enfants.
Un jour, les œuvres d’art disparaîtront.
Les traces de doigts s’effaceront et les petites mains deviendront grandes.
Les jouets quitteront petit à petit pour aller dans d’autres maisons amuser d’autres enfants.
C’est comme ça, c’est la vie.
Ma maison n’est pas du tout insalubre.
Mais ma maison n’est pas parfaite.
Ma maison est pleine de vie!
Caroline Gauthier