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Lettre à ma fille

Ma fille, mon amour, mon joyau, sache que maman

Ma fille, mon amour, mon joyau, sache que maman t’aime depuis la première fois qu’elle t’a vue. Tu es tout pour moi. Ma raison de vivre, ma fierté, mon phare… C’est pourquoi je te souhaite toutes ces choses, plus belles les unes que les autres.

Ma fille, je te souhaite de t’aimer et de t’apprécier pour ce que tu es. Ne te laisse pas influencer par qui que ce soit et bats-toi pour toi. Prends-soin de toi et aime-toi. Vois-toi comme je te vois, si forte, si belle et si intelligente. Tu as l’avenir devant toi. Ne te laisse pas dévaloriser et surtout, ne laisse personne avoir raison de toi. Crois en tes capacités et sache que je serai présente pour te les rappeler.

Ma fille, je te souhaite d’apprendre de tes erreurs. La vie est remplie d’épreuves, tu l’apprendras en grandissant, mais sache que nous en sortons toujours plus forts. Ne baisse jamais les bras. Après chaque tempête, tu finiras par voir les rayons du soleil surgir. Rien n’est éternel, toute chose a une fin, autant les bonnes que les mauvaises, ne l’oublie jamais. Ne laisse rien effacer ton sourire de façon permanente.

Ma fille, je te souhaite d’aimer. De vivre ce sentiment qui est l’un des plus beaux qui existent. De te permettre d’avoir confiance en quelqu’un et de pouvoir compter sur lui. De vivre et de grandir avec lui, et d’apprendre l’un de l’autre. Laisse la chance à ton cœur d’y laisser entrer une personne de confiance et profite de chaque moment.

Ma fille, je te souhaite des moments de folies. Ils sont essentiels. La vie est souvent trop sérieuse. Ris d’un rien, chante à tue-tête dans la douche ou danse sur ton morceau préféré en passant le balai. Ne suis pas toutes les règles, enfreints-en en quelques-unes sans impact majeur. Sors de la routine du quotidien. Pars sur un coup de tête quelque part pendant une fin de semaine ou en voyage à l’étranger.

Ma fille, quels qu’ils soient, je te souhaite de réaliser tes rêves. Crois en eux. Fais tout en ton pouvoir pour qu’ils deviennent réalité. Ils sont une de tes raisons de vivre. Je ferai tout ce que je pourrai pour te permettre d’y arriver, peu importe si je suis d’accord ou non avec ton choix. Je ne te jugerai jamais. Je t’épaulerai du mieux que je le peux.

Sur ce, merci de m’avoir choisie comme maman. Merci de rendre mes journées maussades plus lumineuses. Sache que je serai toujours là pour toi, dans les moments les plus pénibles de ta vie comme dans les plus beaux. Je ne t’abandonnerai jamais, ma puce.

 

Cynthia Bourget

L’histoire de ta naissance

Hier soir, en allant te border, tu m’as demandé de te raconter lâ

Hier soir, en allant te border, tu m’as demandé de te raconter l’histoire de ta naissance. Collée contre moi, tu me regardais avec tes grands yeux fascinés et remplis de curiosité. Tu voulais savoir où tout avait commencé. Comment j’avais su que c’était LE moment ? Est ce que j’avais eu mal ? Est ce que ça s’était passé comme je l’espérais ?

Je me demandais si je devais tout te raconter… mes espoirs, mes petites victoires, comme mes grandes douleurs… Puis, j’ai jugé que tu étais assez grande et mature pour entendre l’intégralité de l’histoire, de ton histoire. J’ai répondu à chacune de tes questions, ne négligeant aucun détail.

D’une part, je suis contente que tu saches toute la vérité. Parce que le jour où tu choisiras de mettre un enfant au monde, tu sauras. Tu sauras que oui, accoucher, ça peut faire mal. Oui, ça peut se dérouler différemment que ce que l’on espérait, parce qu’on ne peut pas tout contrôler. Tu sauras que ce grand jour est une épreuve de force, d’endurance et d’amour. Tu sauras que la douleur peut être intense, mais si vite oubliée.

Et s’il m’arrivait quelque chose… si je n’avais pas la chance de vivre ta première naissance avec toi, je serais heureuse d’avoir pris le temps de te raconter la tienne. Ta venue au monde, telle que moi je l’ai vécue, telle que nous l’avons vécue ensemble. Je n’aurais pas voulu que quelqu’un d’autre te raconte cette expérience qui nous lie toutes les deux.

À chacune de mes réponses, tu buvais mes paroles et les enregistrais dans un petit tiroir bien précieux de ta mémoire. Je voyais ton regard qui photographiait ce moment. Ce moment où je te contais ton premier souffle sur Terre. Je sais que tu te rappelleras chacun de mes mots. Je sais que cet instant restera figé dans ta tête, peu importe ce qui m’arrivera dans l’avenir. J’ai vu que tu sentais toute l’importance de cette discussion, de ce moment, de notre première histoire. Je suis contente d’avoir pris le temps de le faire.

J’ai longtemps pensé à écrire ton histoire de naissance, pour que tu puisses la garder en souvenir. Je sais que plusieurs mamans la rédigent dans l’album de bébé. Mais ce soir, j’ai vu dans tes yeux que ce n’était pas que les mots qui comptaient… Tu embarquais dans l’histoire, comme si tu pouvais toucher à ce souvenir.

Tu t’es esclaffée en pensant à papa qui courait partout. Tu étais pleine de compassion quand tu savais que j’avais mal. Tu avais le regard plein d’espoir quand je t’ai parlé de ton premier souffle. Tu as vécu ton histoire, à travers mes yeux de maman. Et ça, ce moment, celui où je t’ai raconté l’histoire de ta naissance, ça n’a pas de prix.

Notre maison peut brûler, je peux mourir, tu peux perdre toutes tes photos de bébé… Mais personne ne pourra t’enlever ce souvenir. Tu connais tous les détails, tous les instants importants et les heures qui signifient quelque chose…

Et vous, quel âge avait votre enfant quand vous lui avez raconté l’histoire de sa naissance ?

Joanie Fournier

Trop loin

Maman, j’aimerais tellement habiter plus près quand la vie t’en

Maman, j’aimerais tellement habiter plus près quand la vie t’envoie un coup dur. Je croyais que ce serait plus facile lorsque je rentrerais au Québec. Que les 650 km qui séparent le Saguenay de l’Outaouais seraient de la petite bière comparés à l’océan qui faisait barrage entre nous pendant deux ans. Mais que je sois sur un autre continent ou à la frontière de l’Ontario, c’est toujours aussi difficile. Tu m’annonces une mauvaise nouvelle et je voudrais te serrer dans mes bras… sauf que je dois me contenter d’un téléphone pour essayer de te réconforter et ça me déchire en dedans.

En plus, je sais que je possède le meilleur remède pour te remonter le moral. C’est peut-être toi qui m’as tricotée, mais je connais les aiguilles et la chaude laine de la tricoteuse! Je sais bien ce qui pourrait t’aider : tes deux petits-fils qui débordent de joie de vivre et savent nous faire oublier la souffrance le temps d’un éclat de rire. Mais je ne peux pas t’offrir ce précieux antidote aux idées noires présentement. Lui aussi, je l’ai apporté trop loin.

L’épreuve qui a frappé notre famille aujourd’hui, c’est que la vie de ta mère, ma grand-mère, s’est soudainement retrouvée menacée. Bouleversée, j’ai replongé dans le même sentiment d’impuissance qui m’avait dévastée il y a deux ans quand tu m’annonçais ta biopsie. Je m’en souviens encore comme si c’était hier…

 

Le téléphone avait sonné… Bruit insolite dans ma maison italienne. Habituellement, famille et amis nous contactaient par vidéo… On s’installait devant l’ordinateur, à heure convenue, pour retrouver nos êtres chers. Ce coup de fil surprise m’avait donc automatiquement rendue nerveuse.

Tu n’avais pas étiré le supplice inutilement et m’avais rapidement annoncé l’objet de ton appel. Suite à deux mammographies anormales, tu avais dû passer une biopsie. Tu attendais maintenant les résultats… Qu’on t’annonce si tu avais un cancer du sein ou non.

La première vague d’émotions fut si forte que je n’aurais pu prononcer un seul mot sans me mettre à pleurer. Heureusement pour moi, tu as tout de suite enchaîné avec le récit des deux dernières semaines. Tout s’était déroulé pendant mon voyage en France. Tu attendais mon retour à la maison pour ne pas gâcher mes vacances de Pâques (une vraie maman!). Mais tu savais que je serais en colère si tu me cachais plus longtemps l’attente insupportable que tu devais endurer. Ta vie avait viré boutte pour boutte en deux semaines.

Mon premier réflexe était de vouloir être près de toi. Foutu téléphone! Il y a des choses déjà tellement difficiles à dire, tu ne devrais pas avoir à les répéter. « Excuse-moi, la ligne a coupé. Tu as dit que tu croyais que c’était grave ou que ce n’était pas grave? » Et maintenant, c’était à mon tour de parler. Mais la ligne était tellement mauvaise que tu n’entendais rien de ce que je disais.

Je peux t’imaginer, dans ton salon, fixant un banc de neige gris par la fenêtre… Tu viens d’annoncer à ta fille que le cancer est revenu dans ta vie et tu n’as même pas bien compris ce qu’elle t’a répondu. J’aurais voulu que tu sentes qu’on était avec toi. Qu’on te soutiendrait autant que la première fois que ces maudites cellules atypiques étaient apparues. Du temps où on habitait dans la même ville et qu’on pouvait remplir ton congélateur de bons petits plats avant l’opération. Qu’on pouvait t’organiser un Noël de rêve pour t’entourer d’amour et te faire sourire.

Ce qui avait été un soulagement la première fois (réaliser qu’on pouvait aider par notre simple présence) était maintenant ma plus grande source d’abattement. Je devais faire le deuil de pouvoir offrir un câlin à ma mère au moment où elle en avait le plus besoin. Le soleil éblouissant de la côte méditerranéenne m’agressait. La grisaille se serait mieux accordée à mes états d’âme.

Quand les kilomètres nous séparent de nos proches et nous empêchent de traverser une épreuve ensemble, le poids de cette épreuve est cent fois plus lourd. Comment faire quand des gens si près de notre cœur vivent si loin de nous?

Pour vous laisser sur une note plus positive, je veux quand même préciser que les résultats de la biopsie, reçus quelques semaines plus tard, nous annonçaient une bonne nouvelle : pas de cancer. Ça ne change pas grand-chose à la distance entre une mère et sa fille, mais ça fait toute la différence du monde quand tu as peur de perdre ta maman.

Elizabeth Gobeil Tremblay

 

Ma relation avec ma sœur

Ma sœur est moi avons quatre ans de différence, je suis la plus vi

Ma sœur est moi avons quatre ans de différence, je suis la plus vieille. Elle est grande, mince, yeux bleu turquoise et les cheveux brun foncé. Je suis plutôt petite, j’ai des rondeurs, blonde, yeux bleu plus foncé. Nous sommes très différentes tout en étant très semblables. Si ça peut avoir du sens. Nos parents étaient mariés et très heureux. Nous avons été élevées en sachant que notre père était malade. Il était cardiaque, la maladie d’Epstein. Il est décédé le 27 novembre 2005 d’une crise d’arythmie maligne. Il avait 45 ans, ma mère 42 ans, ma sœur 14 ans et moi, 19 ans.

Ma sœur s’appelle Andrée-Anne. Nous ne nous sommes jamais, mais jamais bien entendu. Toujours en chicane, à se battre (littéralement). Nous n’avions aucun respect l’une envers l’autre. Honnêtement, je n’ai aucune idée pourquoi. Lorsque notre père est décédé, ma sœur a fait des choix que je n’approuvais pas. J’ai déménagé de la maison familiale pour aller vivre chez mon copain de l’époque. Ma mère n’allait vraiment pas bien et je n’en pouvais plus de vivre avec ma sœur qui foutait sa vie en l’air et avec ma mère qui me donnait l’impression de vivre une crise d’adolescence.

Trois ans plus tard, en octobre 2008, ma relation avec mon copain s’est terminée et j’ai dû retourner chez ma mère. Je vous jure, je voulais aller n’importe où sauf là. Malheureusement, ce ne fut pas possible. Je n’avais pas parlé à ma sœur durant ces trois années. J’ai été très déprimée, ça faisait six ans et demi que j’étais avec mon copain. J’étais dans le brouillard total. Je me chicanais constamment avec mon ex, ma mère, ma sœur et avec son chum qui vivait là aussi.

Un soir de novembre 2008, le 25 novembre, deux jours avant le troisième anniversaire de décès de mon père, je venais de me chicaner vraiment fort avec mon ex. Je venais de prendre ma pilule pour dormir et je me suis couchée dans mon lit. Je sentais le sommeil arriver, quand j’ai entendu ma mère parler plus fort et dire : « Vous êtes où? Êtes-vous blessés? Comment va Déa? » Je me suis levée d’un bond et j’ai monté les escaliers à une vitesse record. Je ne savais pas ce qui se passait, mais j’étais déjà en train de m’habiller. Ma mère et moi avons sauté dans son camion. Elle me dit en chemin que ma sœur et son chum ont eu un accident pas loin de la maison. J’ai téléphoné à mon ex qui était pompier volontaire pour la ville. Je lui ai dit que l’accident qui avait eu lieu impliquait ma sœur. Il m’a promis de bien s’occuper d’elle et qu’il ne la laisserait pas seule.

Nous étions en route, il faisait noir, il neigeait un peu. Au loin, j’ai vu une file de voitures arrêtées et une tonne de gyrophares. Ma mère a ralenti, j’ai sauté du camion en marche. J’ai couru au milieu des véhicules. J’ai esquivé les policiers et j’ai couru le plus rapidement possible jusqu’à ma sœur. Mon ex était avec elle et lui tenait la tête. Elle était consciente. Le soulagement. Elle m’a souri et elle a ri. J’ai su après que leur auto avait glissé sur de la glace noire et qu’ils avaient fait un face-à-face. Son chum n’avait heureusement que des contusions.

Elle m’a demandé de regarder son pied parce qu’il lui faisait vraiment mal. Il était très enflé, je savais qu’il était cassé juste en le voyant. Je n’ai pas quitté ma sœur une seule seconde. Je suis montée dans l’ambulance avec elle. Je suis restée toute la nuit à ses côtés ou je faisais des allers-retours entre elle et son chum à titre de messagère. J’étais avec elle le lendemain pour faire son plâtre, je tenais à la pousser dans le fauteuil roulant. J’ai même foncé dans un cadre de porte avec son pied cassé. Nous avons tellement ri de ce moment parce que nous étions fatiguées et à cause du ridicule de la situation. J’étais avec elle lors de ses séances de physiothérapie, je l’aidais dans ses exercices.

Depuis ce jour, nous nous sommes plus quittées, nous sommes devenues inséparables. Nous nous écrivons tous les jours, plusieurs fois par jour. Je suis la marraine de ses quatre magnifiques enfants et elle est la marraine de ma fille.

Je suis celle qui l’aide à faire son deuil de papa, même après quatorze ans de deuil. J’ai été présente lors des grossesses, j’étais très présente pour l’aider avec les petits, j’étais là à la naissance du petit dernier. Je serai sa Dame d’honneur à son mariage en août prochain.

Elle était là durant mes grossesses, lors de mon accouchement pour ma fille quand ça virait mal, à ma césarienne pour mon fils, durant ma dépression, durant mes hauts et mes bas. Elle m’a organisé un surprise lors de ma graduation de mon DEP en pharmacie.

Ma relation avec ma mère a aussi beaucoup évolué. Nous sommes plus proches qu’avant.

Je suis fière de ma mère et de ma sœur.

Ma sœur est extraordinaire, une mère incroyable, même si elle doute d’elle constamment. J’espère qu’un jour elle va voir ce que je vois en la regardant. Elle est une femme forte, courageuse, persévérante. Elle a un caractère de m**de, mais elle a le cœur gros comme l’univers.

J’ai toujours pensé que l’accident était un signe de notre père. Un signe dur, souffrant. Mon père était un homme de famille, nous étions toujours avec mes oncles, mes tantes, mes cousins et mes cousines. À son départ, la famille a éclaté. Je crois du plus profond de mon cœur que cet accident avait pour but de nous rappeler l’importance de la famille et tout l’amour que nous éprouvons les uns pour les autres.

Je t’aime ma petite sœur. Papa serait tellement fier de nous voir.

Cindy LB

 

De la méchante belle-mère que tu méprises

À toi, la mère déterminée à convaincre l’univers tout entier

À toi, la mère déterminée à convaincre l’univers tout entier qu’elle est une maman ayant tout sacrifié pour ses enfants, une mère ayant pallié seule l’absence des pères de sa progéniture pendant près de dix ans, une soi-disant victime de la DPJ, une pauvre martyre tassée de côté par la cruelle belle-mère qui a « brainwashé » sa fille… sache que tu ne mets pas ton énergie au bon endroit.

Je comprends que ça doit être plus facile pour toi de jeter le blâme sur les autres. Moi aussi, j’aurais tendance à trouver ça gênant d’avouer que je n’ai plus de contact avec mon enfant par choix. J’aurais un peu peur de perdre la face en expliquant que j’ai rejeté ma propre fille, que j’ai choisi de ne pas la croire lorsqu’elle a dénoncé les actes de violence qu’elle subissait de mon chum, que je lui ai dit qu’elle n’était plus la bienvenue chez nous et qu’elle représentait un danger pour ma nouvelle famille. Ça demande quand même une méchante dose de courage et de transparence pour avouer au monde entier que ton ex a fait des pieds et des mains pour que tu voies ton enfant, qu’il t’a proposé plusieurs droits d’accès et qu’au final, tu as préféré t’en passer. C’est vrai que ce n’est pas le genre de chose qu’on a envie de crier sur les toits, hein ?

J’imagine aussi que c’est devenu impossible pour toi de faire marche arrière après tant d’années de mensonges. C’est sans doute pour ça que tu mets tant d’ardeur à me salir sur les réseaux sociaux, à prétendre que derrière ma belle enveloppe se cache quelqu’un de laid, à répandre des rumeurs sur nous à qui veut bien les entendre. Au fond, t’essaies sans doute de te convaincre toi-même que c’est à cause de nous, et surtout de moi, la méchante belle-mère, que tu n’as plus vraiment de relation avec ta fille. Je peux comprendre que la vérité soit difficile à accepter et que le déni puisse t’offrir une belle porte de sortie.

Mais tu sais quoi ? T’auras beau manipuler et « enfirouaper » ta famille et le peu d’amis qu’il te reste, la seule personne dont l’opinion compte vraiment dans tout ça, c’est celle de ta fille ! Ta fille à qui on a tendu le téléphone chaque fois qu’elle a voulu t’appeler et qu’on a ensuite ramassée en mille miettes, ta fille qu’on a écoutée si souvent pleurer ton absence en se tournant langue sept fois dans la bouche avant de parler, ta fille qu’on a reconduite dans TA famille à chaque fête et à chaque occasion spéciale afin qu’elle maintienne un lien avec eux, ta fille que nous avons accompagnée chez le psy chaque mois pour tenter d’alléger un peu sa souffrance, ta fille à qui on a tenté tant bien que mal d’expliquer l’inexplicable, ta préado qu’on a soutenue et aimée au moment où une fille a le plus besoin de sa mère.

Cette petite cocotte‑là, bien qu’un peu naïve et prête à tout pour retrouver sa maman, tu ne pourras jamais lui faire avaler tes histoires, car elle… elle connaît la vérité !

Eva Staire

 

Assise là

Je suis assise là, derrière elle.

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Je suis assise là, derrière elle.

En silence, parce qu’il n’y a pas de mots. Nul besoin de voir son visage pour comprendre, je ressens dans chaque cellule de mon corps la souffrance. Ses épaules sursautent à cause des sanglots et instinctivement, des larmes s’abattent sur mes joues.

Mon amie se trouve face à un beau décor. Mais au milieu de celui‑ci trône une urne. À l’intérieur se trouvent les cendres de celle qui, autrefois, l’aurait prise dans ses bras réconfortants pour la consoler et lui dire que tout irait bien.

Sa maman, sa moitié.

Et c’est là qu’assise derrière ma belle amie, le chaos monte dans ma tête.

Devant moi, il y a ces enfants qui vont devoir continuer sans celle qui leur a donné la vie. Lorsque je les regarde, je n’arrive pas à croire que c’est ce qui doit être, que c’est la vie. Un parent, c’est celui qui est aux premières loges de notre vie. Toujours prêt à nous acclamer ou à nous ramasser, il ne manque aucune représentation.

Du premier souffle au premier pas, des premiers mots aux premiers exposés oraux, du premier ami au premier amour, des premières larmes à la première chicane. Derrière chaque première d’un enfant, il y a son parent. Difficile de croire qu’un humain qui vit dans chacun de nos souvenirs puisse un jour ne plus être.

La réalité est fracassante, parce que je réalise que cela aurait pu être moi, assise à cette première rangée.

J’aurai encore la chance d’entendre la voix de ma mère alors que pour mon amie, ce sera désormais silence radio. J’aurai encore la chance de serrer ma mère contre moi, alors qu’elle devra désormais trouver son réconfort avec un bout de tissus imprégné de l’odeur de celle qui lui a donné la vie. J’aurai encore la chance de voir ma mère, alors qu’elle n’a plus qu’une photo.

Je me sens si petite parce que jusqu’à cet instant précis, je n’avais jamais envisagé qu’un jour, j’aurai à continuer sans mes parents. Pourtant, se trouvent devant moi des adultes vêtus de noir, le regard transpercé par la souffrance, qui eux aussi ont cru, un jour, que leur maman était immortelle.

Un parent, c’est plus fort que tout. La seule exception, c’est qu’il n’échappe pas à la mort.

Derrière cette tempête qui me déchire l’intérieur, je suis partagée entre un soulagement égoïste de savoir que j’ai encore ma mère aujourd’hui, et j’ai de l’espoir pour demain, alors qu’elle n’a même plus hier. Il n’y a rien que je puisse faire pour lui rendre une parcelle de ces moments‑là.

À part être assise là, derrière elle…

À ceux qui doivent composer avec l’absence, mes pensées vous accompagnent.

À la douce mémoire de Diane Rose, maman de Audrey, Marika et Mickaël

Marilyne Lepage

Je serai là…

C’était écrit dans les étoiles depuis le jour où j’ai aperç

C’était écrit dans les étoiles depuis le jour où j’ai aperçu ces petites lignes roses : j’allais être là pour toi, qui que tu sois, quoi qu’il arrive.

J’aime t’accompagner dans ton apprentissage de la vie, même si ce n’est pas toujours aussi simple que cela puisse paraître. Ce que je trouve le plus difficile, c’est te laisser te tromper, faire des erreurs et surtout, accepter que tu n’es pas moi (une chance, en fait!). Tu as ta personnalité, énergique, audacieuse, généreuse… Mon rôle, c’est de t’apprendre à trouver l’équilibre dans tout ça.

Faire des faux pas, c’est normal. C’est vivre! C’est même ce qui nous fait avancer le plus, je crois. Pourtant, je dois me rappeler qu’avant de marcher seule, avec assurance, tu es tombée, tu t’es blessée parfois, mais chaque fois, tu t’es relevée.

Encore une fois, hier, tu nous as démontré toute ta détermination. Nous sommes fiers de toi, belle nageuse! Tu es notre athlète préférée!

Ce matin, je veux te redire que peu importe où tes rêves te mèneront et quel que soit le chemin que la natation tracera pour toi, je serai là.

Maman xxx

 

Montagnes russes matinales

Je sais, je suis au courant, avoir un toit sur la tête et des paren

Je sais, je suis au courant, avoir un toit sur la tête et des parents aimants, c’est la base pour les enfants. C’est leur sécurité, leur petit monde. C’est rassurant et ils peuvent être eux-mêmes en tout temps. Énergiques, anxieux, tristes et en colère. Drôles, turbulents, colleux ou distants. Oui, je sais tout ça.

Mais à un certain âge, c’est comme si le cerveau de nos ados pouvait changer d’émotion en quelques minutes. Je vous le jure que c’est possible. Au début, ça m’a prise par surprise! Une blague, une niaiserie ou un délire qui était super drôle la veille était devenu TELLEMENT niaiseux le lendemain… Pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé entre hier et aujourd’hui? Mes niaiseries ont perdu de la valeur en une nuit?

Alors ce matin, l’impolitesse et l’air bête de ma grande étaient au rendez-vous. Habituée à ces montagnes russes matinales, je gardais mon calme et je gérais la routine du matin comme une Ninja, en esquivant les yeux dans les airs, les soupirs, les remarques plates et le chialage entre sœurs à grands coups de grandes respirations.

Nous voilà dans la voiture, en route pour l’école, et j’ai joué le tout pour le tout. J’ai essayé de lui parler, de lui expliquer ou plutôt, de lui faire prendre conscience de son air matinal vraiment pas agréable.

« J’espère que tu n’auras pas cet air‑là avec tes amies! Pauvres eux! »

« Ben là, franchement, j’ai pas cet air‑là avec mes amies… »

C’est à ce moment que j’ai compris que j’étais la chanceuse, la privilégiée, qui avait droit à son air bête de temps en temps. Et c’est aussi ce matin‑là que j’ai réalisé que nos enfants se donnent le droit de vivre leurs émotions à la maison avec ceux en qui ils ont confiance.

Nos enfants se sentent en sécurité et ils savent qu’ils peuvent être de mauvaise humeur de temps en temps sans se faire rejeter. Bon, c’est certain qu’une petite discussion occasionnelle sur le fait que je suis quand même sa mère et qu’un sourire, ça fait du bien, va s’imposer. Mais au moins, je sais maintenant que mes enfants sont à l’aise d’avoir l’air bête.

Valérie Grenier

 

Lettre à ma fille unique

Il y a plus de onze ans, tu es arrivée dans nos vies. Ton papa a ai

Il y a plus de onze ans, tu es arrivée dans nos vies. Ton papa a aidé Dr Elizabeth à te sortir et te voilà toute petite sur mon ventre. Les yeux grands ouverts dès tes premières heures de vie. Tu fais ton premier sourire à un mois jour pour jour et depuis ce temps, tu ne cesses de sourire et d’attirer le regard des gens.

Mais d’où te viennent ces cheveux roux et ces yeux verts? Moi qui attendais une petite fille blonde comme les blés… Partout où nous allons, les gens te sourient, te remarquent avec tes cheveux flamboyants et ta personnalité charismatique.

Tu étais debout à sept mois et demi, mais tu décides de prendre ton temps pour marcher. À seize mois et demi, un certain Vendredi saint, tu te décides à te lever debout et tu te mets à marcher sans aucune hésitation. Tu parlais peu et tout à coup, tu nous fais des phrases incroyables et nous dis : c’est magnifique! Tu nous suis partout, tu raffoles des sushis, des olives, des huîtres… Tu veux tout goûter! Même ton papa madelinot réussit à te faire manger du fort de homard et tu adores.

Vers tes deux ans, tu me dis : « Je t’aime maman » au moins vingt fois par jour. Tu t’inquiètes dès que je ne souris pas et me dis : « Maman, sois heureuse ». Comment ne pas fondre devant ces phrases? Quelques fois, je te regarde et me dis que tu grandis trop vite. Tu me dis que tu as hâte de prendre le gros autobus jaune, d’aller à l’école.

Tu me demandes un ordinateur rose pour tes trois ans. Tu veux un gâteau de fête à la vanille avec du rose et La Belle au bois dormant sur le dessus. Tes demandes sont précises et tu me parles souvent d’hier et de demain. Tu te souviens de petits détails comme la couleur du pyjama que ta tante portait lors de sa visite chez nous six mois plus tôt quand tu me vois avec un pyjama semblable. Comment peux-tu te souvenir d’aussi petits détails qui sont arrivés il y a des mois quand tu étais incapable de te déshabiller toute seule le soir pour prendre ton bain ou de monter sur la toilette?

Déjà à trois ans, tu remarques tout. Tu as même fait un commentaire sur le changement de couleur de mes ongles d’orteils pendant les vacances à Cape Cod dès que je suis entrée dans le chalet loué pour les vacances. Tu adores Madonna, me demande du Cabrel dans la voiture et tu veux que papa te fasse écouter du Jack Johnson. Tu leur donnes même des qualificatifs très précis : Francis Cabrel est vieux, Jack Johnson est malade et Nicolas Ciccone pleure en chantant. Mon dieu, mais d’où te viennent toutes ces images de ces artistes que tu n’as jamais vus de ta petite vie et qui pourtant sont souvent si près de la réalité.

Vers l’âge de quatre ans, tu me regardes sérieusement et me lances avec une confiance en toi inébranlable : « Maman, sais-tu que tu es vraiment chanceuse toi? (silence) Bien oui, car moi je suis très rare avec ma couleur de cheveux roux, je suis unique! ». Une autre fois où je te demande de ranger tes crayons et tes cartons de couleur sur le sol de la cuisine, tu te lèves et me regardes avec les deux mains sur les hanches en me disant que ramasser des choses, ce n’est pas grave, car ce qui est TRÈS grave dans la vie, c’est le cancer!

Vers six ans, ta vie change du jour au lendemain quand ton papa et moi décidons de nous séparer. Tu réagis fortement sur le coup en nous disant que nous devrions attendre que tu sois en appartement! Malgré tout, tu t’adaptes rapidement et à la fin de ta maternelle, on nous dit que tu as été un rayon de soleil pour ta classe, que tu aides beaucoup les plus petits et les amis qui ont besoin d’aide en classe.

Puis déjà huit ans… durant l’été, tu pars pour la première fois pendant une semaine au camp de vacances. Tu reviens avec les genoux écorchés, mais les yeux remplis d’étoiles. Tu écoutes de la musique populaire, me demandes d’installer Instagram, tu choisis tes vêtements et me parles que tu aimes bien le look « boho ». Tu me répètes encore très souvent : « Je t’aime maman ou I love you more! » Tu es encore très affectueuse. Nous partons ensemble sur un voilier en Grèce et réaliserons un de tes rêves durant cet été.

Puis-je arrêter le temps? Tu auras onze ans et demi en mai prochain. Tu me fais découvrir de la musique chaque semaine, tu as ton style, des lunettes que tu portes avec fierté, tu cuisines de plus en plus. Tu adores voyager et me parles souvent de retourner au Costa Rica où nous sommes allées il y a deux ans. Récemment en voiture, tu m’as dit que tu aimais vraiment ta vie avec tes deux maisons, ta famille avec papa, Kat, les jumeaux, tes chiens et tes amies du Lac-Beauport. Tu es passionnée de théâtre, tu adores la décoration et tu es d’une créativité sans bornes. Tu es soucieuse de l’environnement et tu me parles souvent de ne plus acheter de sacs de plastique (finis les petits jus pour tes lunchs!) et tu aimes essayer plein de recettes végétariennes.

J’espère que notre vie sera encore remplie de doux moments, de voyages, de confidences, de rires et de bonheur. Je t’aime de tout mon cœur ma grande Charlotte, et oui tu es une fille unique à mes yeux!

Véronique Hébert

Mon ado dans l’accélérateur de particules

J’ai le goût de t’appeler « mon bébé », mais je dois ma

J’ai le goût de t’appeler « mon bébé », mais je dois maintenant t’appeler « ma grande fille »… même si, par veto, je conserve le droit de t’appeler « mon bébé », tant que ce n’est pas devant tes amis. Après tout, ça ne fait pas siiiiiiiii longtemps que tu es sorti de ma bedaine!

Bien sûr, dans les dernières années, ton corps s’est transformé. Dans le temps, on se faisait expliquer que le corps se préparait à enfanter… Ne prends pas ça pour une mission urgente! La grossesse peut attendre plusieurs années, tu sais! (Ben oui, je le sais que tu le sais! Tu sais toute la théorie, tu sais comment te protéger, tu sais même que tu ne veux pas être enceinte aujourd’hui ou plus tard, que tu adopteras… mais j’espère que tu sais aussi que la pensée magique n’est pas suffisante pour éviter la grande rencontre utérine ou l’ITS…)

Le chemin que ton corps a pris des années à faire, ta tête le fait en quelques semaines. Comme si les hormones venaient de s’emboîter dans un bloc Lego à grands coups de maillet. Cloc! Nouveau (premier) chum, le printemps qui invite les jupettes, « maman, j’aurais besoin d’un nouveau maillot de bain… je peux choisir un bikini? ». Tu t’ouvres au monde social, tu cherches un emploi à temps partiel, tu donnes des rendez-vous à des amis à l’heure des activités en famille. Ton passage à l’adolescence vient de passer dans un accélérateur de particules et je te le dis, c’est un peu étourdissant pour ta maman (et en même temps, ça me rappelle plein de souvenirs! Les mamans aussi ont été ado avant d’être des mamans!).

J’aimerais ça, moi, pouvoir te garder un peu plus longtemps tout près, mais j’ai tellement espéré que tu serais prête un jour à couper le cordon! Et voici que je dois me rendre compte que tu as trouvé une méchante grosse paire de ciseaux pour faire la coupure! Ta pile de toutous envahit encore ton lit, mais je sais que tantôt, tu les tasseras pour découvrir des plaisirs qui t’étaient inconnus. Tu me donnes encore des méga colleux, mais maintenant, je ne suis plus la seule à en recevoir. Et c’est très sain, tant que tu prends ton temps.

C’est ça, être maman : on joue souvent à l’équilibriste sur son fil, à mi-chemin entre notre rôle maternel et votre autonomie.

Je te regarde aller et je suis fière de toi. Je vois tes valeurs, je vois notre communication, je vois la confiance que tu as en moi et que j’ai en toi, et je suis fière. Mais s’il te plaît, donne-toi quand même la chance de freiner à l’occasion pour que tu redeviennes ma petite fille encore un peu.

Eva Staire

Un alien vit dans mon enfant

Je sens que tout m’éclate au visage.

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Je sens que tout m’éclate au visage.

La petite fille altruiste, généreuse, portée vers son prochain n’existe plus.

Une version non améliorée a pris sa place.

Une humaine qui ne pense qu’à sa propre personne, qui ne voit que ce qui l’avantage et laisse tomber le reste.

Ma fille s’est fait voler son corps par un alien, qu’il n’y aurait pas de différence.

Peu importe ma façon d’approcher la bête, je suis l’ennemie.

Est-ce que tu vis ça, toi?

Ne me dis pas que je suis la seule à vivre cette invasion?

Je ne reconnais plus cette enfant qui avait le  bonheur facile.

Qui ne voyait que le bon en tout.

Qui aimait ma présence.

Maintenant, elle me fuit.

Maintenant, elle m’ignore.

Chaque matin m’offre une version de cet être que j’ai mis au monde et que je ne reconnais plus.

Parfois, à certains moments, je vois l’étincelle de qui elle a émergé. Un peu comme si elle me disait de ne pas lâcher prise, de continuer mes efforts.

Comme si elle me parlait avec ses yeux pour me dire qu’elle est toujours là, latente, attendant que l’alien la quitte.

Cet alien qui lui permet de créer cette essence qui lui fera quitter l’enfance, mais qui la submerge la plupart du temps.

Je sais qu’elle vaincra cette adolescence alien et que de cette aventure émergera ma fille devenue femme, mais les temps sont difficile ces jours‑ci.

La noirceur envahit ma tête, mon âme.

J’ai beau me coller à mon soleil intérieur, ma peine est grande.

Je dois avouer que me rebeller n’améliore jamais les choses, surtout pas le quotidien répétitif.

Je dois faire confiance à cette belle âme qui est cachée à l’intérieur de mon enfant et qui, comme un diamant, se polit tout doucement.

J’ai confiance que le soleil reviendra.

Je dois travailler de mon côté sur moi, pour être prête à accueillir cette merveille qui m’a choisie comme maman.

Peu importe la tempête, je travaille en moi le pardon, le lâcher-prise, l’espoir, l’accueil de l’autre dans ce qu’elle est. Je me donne de l’amour et je ne culpabilise pas, car moi aussi, j’ai à me polir doucement.

Cette invasion de  l’adolescence alien, qui n’est que temporaire et qui dans le fond, je le sens, sera bénéfique autant à moi qu’à ma fille.

En attendant, dis‑moi que je ne suis pas seule, que tu vis l’invasion toi aussi. Comme ça, je me sentirai moins seule…

Martine Wilky

Auteure, coach et conférencière

martinewilky@gmail.com

www.martinewilky.com

514.258.3606