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Bouquet de pissenlits

Déjà dans mon ventre, tu avais décidé que pour toi, la vie, se

Déjà dans mon ventre, tu avais décidé que pour toi, la vie, se passerait autrement. Des contractions à vingt semaines à peine, des saignements. Je ne compte même plus le nombre d’hospitalisations. À trente-quatre semaines, tu as décidé que tu ne sortirais pas naturellement. J’ai eu un tourbillon dans la bedaine. Tu t’es assise en indien sur mon col, l’air de dire « Sortez-moi donc de là pour voir ». Même le pauvre gynécologue pratiquement à genou sur ma bedaine pour tenter une version n’a réussi qu’à te faire bouger de quelques centimètres.

Je crois que c’est à ce moment que j’ai compris que tu serais une petite rebelle. Bébé, tu étais si différente de ta grande sœur. Tu nous faisais rapidement comprendre la façon dont tu voulais être bercée, la façon dont tu voulais boire, dormir, manger.

Le terrible two est arrivé. Nous nous sommes dit que tu l’avais plus fort qu’un autre enfant, que ça finirait par passer.

Tu as maintenant cinq ans… presque six. L’opposition est toujours là, je dirais même plus que jamais. Faire partie de ta vie, c’est une montagne russe d’émotions. On ne sait pas quelle couleur aura notre journée. Chaque matin, on te regarde lorsque tu viens nous rejoindre après ton lever. Dans les premières secondes, on sait.

Il y a les journées noires, où rien ne va. Tu t’opposes sur tout. Tu n’en manques pas une. Ces journées-là sont difficiles. Tu as su cerner nos failles et tu les utilises contre nous. Dans ce genre de journée, lorsqu’enfin, tu t’endors, j’éprouve du soulagement. Parfois, ce soulagement se transforme en larmes, des larmes d’épuisement, de découragement. Des larmes d’impuissance, parce que j’ai l’impression que rien ne fonctionnera avec toi.

Il y a les journées blanches, celles où tu passes la journée dans la lumière. Des journées remplies de rires, de jeux. Tu files le parfait bonheur, avec nous et avec tes sœurs. C’est dans ces journées-là que, parfois, on se met à douter. Tout va tellement bien, ce n’était peut-être qu’une mauvaise passe. On s’accroche à ce petit fil si fragile. C’est une période de lune de miel.

Et c’est le retour des journées grises. Celles où tu passes d’un extrême à l’autre. Celles où notre matin sera coloré de noir, mais s’éclaircira au cours de la journée. Celles qui se terminent avec toi qui entres dans la maison, le visage illuminé de bonheur et la main dans le dos. Celle où tu me tends un bouquet de pissenlits en me disant :

« Je t’aime maman! Tu es la plus merveilleuse maman du monde, même de tous les mondes réunis ».

Et où je te réponds : « Et moi, je t’aime plus que tous les univers réunis. »

Mélanie Paradis

 

Les parents ont toujours tort (jusqu’à ce qu’ils aient raison)

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Maman, j’ai décidé de prendre soin de moi. Je bois plus d’eau, je bouge plus, je mange mieux. Je veux être en santé et bien dans ma peau.

─ Super! Et qu’est-ce qui t’a décidé?

─ Dans les cours à l’école, les profs nous ont parlé de l’importance d’avoir une bonne hygiène de vie et d’avoir de bonnes habitudes alimentaires.

─ Et en quoi c’est différent de ce que tes parents essaient de t’enseigner depuis treize ans?

─ Ben… euh… ça ne vient pas de vous autres, faque c’est comme plus vrai?

 

Au moins, ma fille a l’honnêteté d’admettre le non-sens de cette maladie qui attaque tous les enfants, peu importe leur âge : la vérité est toujours plus difficile à accepter quand elle vient des parents. Bah, je me dis que l’important, c’est que ma fille mette finalement en pratique les habitudes qu’on essaie de lui inculquer depuis sa naissance. Le plus beau, c’est qu’elle dort mieux maintenant (combien de fois lui ai-je dit qu’en bougeant plus et en s’hydratant suffisamment, elle se donnerait des chances de vaincre son insomnie chronique?), qu’elle est d’humeur plus stable, qu’elle trouve l’énergie qu’elle cherchait pour faire progresser ses projets. Du renforcement positif naturel.

 

Quand les enfants étaient plus jeunes, il m’arrivait de cuisiner avec ma mère pour congeler des repas faits d’avance. Si je disais aux enfants que j’avais préparé le pâté au poulet, c’était bof. Ils levaient le nez sur le repas, voulaient manger autre chose. Mais si je disais que c’était grand-maman qui l’avait fait, ah! Ben! Là! Ça devenait le meilleur pâté au poulet du monde! Ils ont fini par comprendre que maman ne mettait pas de poison dans les repas et je mérite maintenant le titre de meilleure cuisinière du monde, mais ça a pris du temps! Tout est question de perception…

 

─ Maman, ce livre-là est vraiment le meilleur de la Terre! J’aurais tellement aimé le découvrir plus tôt!

─ Euh… c’est pas le livre dont je t’ai parlé l’année dernière? Et tu m’avais dit que ça avait l’air poche.

─ Ouin… mais là, c’est ma meilleure amie qui me l’a conseillé, c’est pas pareil!

─ En effet, c’est pas pareil. Ça change complètement l’histoire et la façon dont le livre est écrit.

─ C’est pas ce que je veux dire… Tu comprends, là…

Ben oui, je comprends. Je comprends que quand ça vient de maman ou de papa, c’est moins crédible. C’est confrontant. C’est automatiquement poche. Tandis que tu n’as pas à défier l’autorité de ton amie pour couper le cordon avec ta mère et affirmer ton identité.

 

À la longue, à force de laisser mes enfants libres de leurs choix et de leurs découvertes « autonomes », j’entends leur discours changer :

─ Maman, j’aimerais vraiment que tu me conseilles pour le livre que j’écris. J’aurais besoin de ton œil critique, parce que je sais que tu vas me dire la vérité.

Ou encore :

─ Maman, quand tu me dis qu’une amie a une influence positive sur moi, je te crois. Je le sais que tu me dis ça pour me faire du bien et parce que tu me connais.

Voilà! Les parents n’ont pas de raisons de mentir à leurs enfants (sauf quand il est question de fée des dents ou de père Noël) ni de les orienter vers des choix qui leur feraient du mal. Ça se peut qu’ils se trompent, mais ce n’est pas intentionnel. Ça se peut qu’ils disent le contraire de ce que leurs enfants pensent ou désirent, mais ce n’est pas pour les faire suer. Ça se peut qu’ils leur conseillent des façons de faire qui les dérangent, mais ça vaut souvent la peine de les écouter. Comme ça vaut la peine de parfois faire à sa tête pour expérimenter la vie par soi‑même.

Et nous, ben, on continuera à dire à nos enfants ce qu’on pense et ce qu’on ressent. On continuera à les guider vers ce qui est bien et bon pour eux, et à accepter qu’ils prennent leurs propres décisions. On les aime assez pour ça!

 

Nathalie Courcy

Être l’idole de quelqu’un

Ça y est, c’est fait : je suis l’idole de quelqu’un! Oui, ou

Ça y est, c’est fait : je suis l’idole de quelqu’un! Oui, oui! Ce soir, en révisant l’examen d’écriture de mon fils, j’ai découvert que j’étais son idole… Sujet d’écriture pour la 2e étape de sa deuxième année du primaire : Décris-moi ton idole. Un petit velours et une petite tape sur l’épaule pour me rappeler que j’ai probablement fait un bon boulot de maman depuis sa naissance.

Mais être l’idole de son enfant, ça veut dire quoi au juste, Zach? Je suis fière de toi et d’être ton enfant, m’a-t-il dit. On passe beaucoup de temps ensemble et j’aime faire la cuisine avec toi. Hey boy… Moi qui avais l’impression de ne pas avoir assez de temps à lui accorder… Toujours occupée avec le travail, le ménage, le lavage et les transports pour les autres enfants de la famille. Ça m’a permis de constater que le temps accordé à mes enfants n’a pas besoin d’être long pour être significatif pour eux. Ce sont les petites activités de la vie quotidienne où on implique les enfants qui les marquent de façon significative, et ce, au fils de années.

Alors, attention chers parents : si vous voulez devenir « l’idole » de vos enfants, plusieurs options d’activités s’offrent à vous! Cinéma popcorn et piquenique au salon, jeux d’eau avec arrosoir et ballounes d’eau à l’extérieur, jouer aux cartes sur le grand lit de papa et maman (surtout au jeu du trou de cul), bataille de neige et guerre de forts, cabanes avec divans et couvertures, guerre de coussins, jouer à Just dance sur la Wii… Bon, j’avoue que la plupart du temps, je sirote mon café pendant que les enfants s’amusent. Malheureusement, ça ne dure pas très longtemps… La chicane est au rendez-vous chaque fois… ou presque. Ça prend toujours une éternité pour choisir un film, il y en a toujours un qui arrose l’autre dans le visage avec l’arrosoir ou qui défait le fort de neige du plus petit, sans oublier que tout le monde veut sa grande chambre dans la cabane en couverture et que le perdant au jeu de cartes ne veut jamais être le « trou de cul »… Oui, chez nous le jeu du « trou de cul » est devenu le must des jeux de cartes… un peu trop même! Alors, l’idole de Zach finit souvent par se fâcher et siroter son café froid après être intervenue à mille reprises dans leurs nombreuses chicanes.

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que malgré les chicanes, les enfants sont toujours heureux de passer du temps entre eux et de suggérer de nouvelles activités. Alors, sincèrement, l’objectif n’est pas de devenir l’idole de nos enfants, mais plutôt un modèle de parents impliqués dans leurs activités. Les possibilités d’activités sont infinies et tout le monde y met sa touche personnelle selon l’âge et le nombre d’enfants dans la maisonnée.

 

Amélie Roy

Leçons d’enfants…

Claire Pimparé a dit lors de sa conférence : « Les enfants so

Claire Pimparé a dit lors de sa conférence : « Les enfants sont des maîtres, c’est eux qui nous enseignent à être parents. » J’ai beaucoup aimé entendre cette phrase qui m’a fait réfléchir et qui m’a fait prendre conscience de tout ce que mes enfants m’ont apporté.

Depuis leur naissance, chacun d’eux avec sa personnalité unique m’a beaucoup appris sur moi. Chaque étape de leur vie a été pour moi, de vivre différentes émotions, tintée de moments rigolos, de tristesse, de frustration, de déception, d’enthousiasme, de compassion, d’anxiété, de réconfort, etc.

Ils m’ont appris à être à l’écoute de leurs besoins, à persévérer, à m’organiser, à planifier mon agenda (avec toutes les activités, les rendez-vous, le travail, les tâches, etc.), à adapter ma communication selon la perception sensorielle de chacun, à lâcher prise (non sans inquiétude, car ils devaient aller au bout de leur apprentissage, c’est souvent la meilleure école de la vie), à donner le meilleur de moi-même et à accepter de faire des erreurs.

Ils m’ont fait grandir depuis leur tendre enfance et continuent de le faire encore aujourd’hui. Ce n’est pas parce qu’ils sont adultes qu’ils ne me font plus vivre d’émotions, bien au contraire. Je reste maman toute ma vie, il n’y a pas de date d’expiration.

Chaque étape apporte son lot d’émotions fortes :

J’ai vécu une joie indescriptible lors de la naissance de ma fille et de mon fils.

Les premières séparations, pour la garderie et pour l’entrée dans le monde scolaire, ouf… Mon corps était au travail, mais mon esprit était avec mon petit. Je crois que ç’a été les journées les plus difficiles de ma vie de maman.

Et ne vous en faites pas, lors de l’entrée aux niveaux secondaire, collégial et même universitaire, ils m’ont fait vivre des émotions similaires. Les séparations sont plus grandes, car ils sont de plus en plus autonomes et indépendants.

Le mal-être intérieur que j’ai vécu quand j’ai dû aller en inhalothérapie avec ma fille de huit mois. Quand elle avait mal au ventre de peur et d’anxiété chaque matin avant de partir pour se rendre à l’école. Quand j’ai dû lui acheter des lunettes à trois ans et demi. Le jour où elle s’est blessée à la cheville lors du premier entraînement pour obtenir sa certification de sauveteur océan à Hawaii, l’empêchant de recevoir ce titre.

Je me suis sentie coupable lorsque mes enfants ont eu des échecs scolaires ou lors des activités sportives, quand ils ont vécu des tensions avec des amis, et avec moi et leur père. Quand mon fils a été diagnostiqué TDA et a vécu de l’intimidation. Le bouleversement émotionnel et le changement de vie qui leur a été causé lors de la séparation de leur père et moi.

J’avais deux choix dans chacun des cas : m’effondrer ou me relever et donner le meilleur. Je me suis souvent posé ces questions : « Quel enseignement je veux donner à mes enfants? »; «  Qu’est-ce que je veux leur transmettre comme valeurs? »

Selon moi, c’est dans les défis qu’on apprend et développe des forces que nous ne connaissions pas.

Ils m’ont aussi fait vivre des émotions de joie et de fierté immenses quand :

– Mon fils a gardé les buts lors du tir de barrage en tournoi atome. Quand il a pratiqué au Centre Bell avec Le Canadien de Montréal. Lors d’un changement d’école, quand il m’a dit : « C’est correct, je vais me faire de nouveaux amis. » Il est un exemple dans son organisation et dans sa planification des tâches scolaire.

– Ma fille qui a atteint un niveau provincial en compétition de natation par quelques secondes. Quand elle était sauveteuse à la piscine de la ville. Quand elle étudiait avec acharnement pour atteindre les notes exigées, afin de pouvoir entrer au cégep en sciences de la nature. Passer de la petite fille timide et anxieuse à une jeune femme confiante qui mord dans la vie.

Mes enfants sont, aujourd’hui, deux jeunes adultes de vingt-deux ans et de vingt ans. Je suis très fière de tout ce qu’ils ont fait, mais surtout de qui ils sont devenus. Ils sont deux jeunes adultes responsables, respectueux, gentils, travaillants et qui savent se relever quand un défi de la vie se présente.

Ils m’ont transmis des messages dernièrement me confirmant que j’avais fait le bon choix de me relever.

Ma fille qui me dit : « Maman, il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions. »

Mon fils qui me dit : « Merci, maman, de m’avoir dit “non” parfois, de m’avoir transmis de bonnes valeurs. »

Ils m’ont fait grandir, ils ont fait la maman que je suis aujourd’hui.

Je ne vous en remercierai jamais assez.

Merci d’être dans ma vie

Je vous aime xx

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                                           Linda Cusson Coach, auteure et conférencière

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Quand les larmes sonnent l’alarme

Dans deux semaines, mon militaire de mari reviendra de sa troisième

Dans deux semaines, mon militaire de mari reviendra de sa troisième mission à l’étranger. Six mois au Kosovo. Je ne suis pas une ennuyeuse de nature, alors je savais que l’éloignement ne serait pas trop souffrant pour moi. Mais l’épuisement parental, lui, devient rapidement douloureux quand on est seul pour gérer une marmaille intense qui, elle, réagit à l’absence.

Les premiers temps, la vie se gérait bien. L’adaptation à la vie monoparentale s’est déroulée bien mieux que je l’imaginais. Entre la rentrée scolaire, l’entrée en maternelle et au secondaire et les préparatifs d’Halloween, les journées se déroulaient dans la joie et la facilité. J’étais fière de moi, j’étais soulagée, et j’étais tellement fière de mes enfants! Ils semblaient plus stables, peut-être parce que l’autorité émanait d’une seule personne.

Puis, le party a commencé. Pas dans le sens de party où on se fait du fun et qu’on n’a pas le goût de quitter. Plutôt le genre « open house » : tu sais quand ça commence, mais tu ne sais plus comment y mettre fin. Tu sais que tu es la personne qui a lancé le OK pour faire le party, mais ça devient trop, trop vite. Tu perds le contrôle, tu perds les pédales, tu vois les dégâts qui s’accumulent et tu ne sais plus comment mettre un stop à tout ça. Et tu penses à appeler la police ou à t’auto-amener à l’urgence psychiatrique avant que ça ressemble à Hiroshima.

L’hiver a été pénible. Pas pour le pelletage, ça, j’aime ça et mon gentil voisin s’est occupé de la bordure de glace que je n’étais pas capable de pelleter. L’hiver a été pénible parce que les voitures ont brisé à tour de rôle (mille mercis, CAA! Je vous dois ma santé mentale!) Mais surtout parce que certains de nos enfants ont complètement dérapé malgré les filets de sécurité qu’on avait mis en place : psy, communication avec les profs, horaire dégagé de tout ce qui n’était pas nécessaire, Skype régulier avec papa.

Souvent, j’avais l’impression de me tenir sur le bout d’un seul orteil au bord du Grand Canyon. La respiration, les massages et quelques bons amis m’ont empêchée de tomber malgré toutes les fois où mes enfants me poussaient vers le précipice à grands coups de « T’es folle » et de « Je vais te tuer ». Chaque nouvelle obstination inutile (« Ça sert à rien de ranger mes vêtements, il va falloir que je recommence la semaine prochaine »; « Il est 9 : 02, pas 9 : 00 ») me mettait dans tous mes états. Ma carapace était usée, élimée. Je marchais sur le fil auquel ma famille s’accrochait en le brassant de tous les côtés. Chaque refus de collaborer m’amenait plus près du trou noir dans lequel le stress, la fatigue physique et mentale et l’absence de soutien m’entraînaient. Je ne compte pas les fois où j’ai eu le goût de mourir pour tout arrêter. Mais quand on est le seul soutien pour ses enfants, on ne peut pas mourir. On doit rester fort pour garder le fort.

La semaine dernière, j’ai éclaté. Ce n’était pas la première fois. Mais c’était la première fois devant les enfants. J’avais beau mettre toutes les chances de notre côté, tout faire pour intervenir de la bonne façon, prendre soin de moi pour prendre soin d’eux (ajuster mon masque à oxygène en premier pour ensuite ajuster celui des autres…), la situation familiale se dégradait. La mission était trop avancée pour exiger que mon mari soit rapatrié. Il restait un mois et je n’étais pas certaine de survivre.

À bout de ressources et de souffle, je me suis mise en time-out. Je me suis assise en position fœtale dans le coin du divan, une doudou douce autour des épaules, un coussin dans les bras. Et j’ai pleuré. Non. Sangloté. Je me suis vidée du trop-plein d’émotions sombres que je contenais. Je l’écris et le nez me pique tellement le souvenir est émotif.

Ma grande fille est venue me prendre dans ses bras, flatter mon dos, me répéter des « Je t’aime, maman ». Ma deuxième cocotte me parlait comme si de rien n’était. « Pourquoi tu ne réponds pas? Maman, je te parle! » Jusqu’à ce qu’elle voie que je pleurais. Si je ne répondais plus, c’est que j’en étais incapable. Toute mon énergie était réservée pour survivre à ces minutes de panique intérieure où tout en moi était à bout d’espoir. « Maman, pleure pas! Sois pas triste comme ça! », ce à quoi ma plus vieille a répondu : « Laisse-la pleurer. Elle a toutes les raisons de pleurer, et elle a le droit de pleurer. Ça fait tellement longtemps qu’elle se retient! »

Puis, mes deux garçons se sont approchés. « Pourquoi tu pleures, maman? »; « Tu as mal, maman? » Ma grande fille a trouvé les mots pour leur expliquer que maman était épuisée. Que maman n’était plus capable d’endurer les chicanes constantes, les « non » incessants et les menaces. Que maman avait besoin que chacun collabore à l’harmonie familiale. Que maman avait tout donné depuis des mois et que là, il était plus que temps qu’elle reçoive, elle aussi. Que maman avait besoin de ses enfants.

« On est là, maman. On a fait beaucoup d’erreurs. On aurait dû t’écouter depuis longtemps. Ça fait longtemps que tu nous demandes de faire notre part dans la maison et d’arrêter de se chicaner. On s’excuse. Ça va changer. Maintenant. On t’aime, maman! »

Ce soir-là, mes filles ont raconté l’histoire du dodo aux plus jeunes. Elles les ont bordés. « Maman, les garçons aimeraient que tu ailles leur donner un bisou. Mais ils comprennent que tu le feras juste quand tu auras repris des forces. Nous aussi, on va se coucher. On espère que tu dormiras vraiment bien même si tu as beaucoup de peine. Tu as raison d’être épuisée et de nous le montrer. On aurait dû comprendre plus tôt. Bonne nuit, maman. »

J’ai pris du temps pour moi, comme je le fais chaque soir. Mais ce soir-là, quelque chose en moi s’est reconstruit. Des briques qui s’effritaient de jour en jour depuis l’automne se sont recollées. Un peu. Quand je suis allée me coucher, j’ai trouvé sur mon oreiller un pendentif en forme de cœur que ma fille avait confectionné. Et une note : « Ma chère maman, j’avais pensé te donner ce collier pour la fête des Mères, mais je pense que c’est maintenant que tu en as besoin. Je t’aime. »

Depuis ce soir-là, je n’ai presque plus à répéter, à gérer de conflits, à empêcher la troisième guerre mondiale d’éclater sous mon toit. Je n’ai plus entendu de « Tu es la pire mère de la Terre » ni de « C’est de ta faute! » Je n’ai plus entendu mes enfants dire « Je veux mourir ». Ni moi.

Il arrive que les larmes qui dévalent lavent les traces de désespoir et de colère. Il arrive que les larmes sonnent l’alarme.

Nathalie Courcy

Sérieux, Man?

Mon grand a huit ans. Un beau petit mec de huit ans tout blond qui r

Mon grand a huit ans. Un beau petit mec de huit ans tout blond qui ressemble lentement, mais sûrement, plus à un début d’ado qu’à un petit garçon. Un petit monsieur qui se développe, se construit et devient un lui à part entière, à part de moi et à part de quiconque. Son lui à lui.

Hier, j’ai eu droit à un « Sérieux, Man? » quand je lui ai dit d’aller prendre sa douche… Mon premier. Perplexe que j’étais, je n’ai pas réagi immédiatement. Mon premier réflexe a été de me demander « c’est qui ça Man? » Moi??? C’est quoi? C’est fini ça, maman, ma petite maman d’amour, mamaaaaaan et toutes ces variantes que j’entends depuis huit ans? À compter de maintenant, je vais m’appeler Man? Seigneur! Je baignais dans le doute. Est-ce que j’aime ça, Man, ou je mets un stop à cela? Je le laisse s’émanciper ou je le couve?

Et puis, c’est quoi cette nouvelle manie de me demander si je suis sérieuse à chaque intervention? J’ai trois enfants, un chum, un ex, de nombreux amis, des collègues de travail, vingt-cinq appels de job par jour, des parents retraités qui ont plein de temps pour jaser, une belle-famille, des voisins, des interactions obligatoires quotidiennes avec la fille de l’épicerie, le gars du dépanneur, la cosméticienne de la pharmacie… Est-ce qu’il pense qu’après tout ça, je pourrais encore avoir un soupçon d’envie de parler pour rien? De jaser pour jaser? De donner des consignes « pas sérieuses »? Euh, sérieux, non!

Mais je sais que je m’en vais lentement vers cette fabuleuse adolescence qui m’amènera assurément son lot de « Sérieux, Man? » et je m’y prépare bon gré, mal gré. Et de là une toute nouvelle réflexion qui germe en moi : comment être un parent cool et un peu ami, tout en demeurant dans notre rôle de parent? Je veux bien que nous ayons des discussions intéressantes et que je fasse partie de leurs confidences, mais je dois jauger correctement pour demeurer ce que je serai à jamais : leur mère!

La ligne est mince et difficile à tracer pour ne pas verser dans un côté ou l’autre. Comprenons‑nous bien, mes enfants, je les A-DO-RE! Mais je ne veux pas être juste leur amie-cool. Et je ne veux pas juste être leur mère-figure-d’autorité. Je veux du respect, de bonnes manières et de l’obéissance. Je veux également de la complicité, des discussions et des confidences. Mon plus grand souhait est l’équilibre parfait entre les deux.

Et l’équilibre, il se construit au fil du temps, selon moi. On le développe lentement, on le façonne selon nos expériences et sûrement par des essais-erreurs aussi. J’espère être à la hauteur. J’espère qu’ils me trouveront cool et auront envie de me confier leurs états d’âme. J’espère que je saurai garder une poigne de fer dans un gant de velours maternel. J’espère qu’ils sauront faire leur bout de chemin pour qu’on arrive à se retrouver au centre. J’espère que nous aurons toujours envie de nous retrouver à cet endroit où l’amie-cool et le parent ne font qu’un et que ça fonctionne.

Souhaitons‑nous le meilleur. Comme chaque parent se souhaite de ne jamais perdre le fil invisible du lien qui nous unira toujours. En attendant, Man va aller lui répéter de prendre sa douche et jouer son rôle de parent pour que ça bouge un peu… Mais ce sera assurément maman qui ira le border ce soir; Man laissera sa place le temps d’un bisou et d’un câlin.

Isabelle Rheault

Des mots, des maux et de l’amour

Combien de fois entend-on nos enfants nous dire des mots qui nous fo

Combien de fois entend-on nos enfants nous dire des mots qui nous font réagir? Des phrases marmonnées, criées, murmurées, qui nous font rager. Qui nous font pleurer. Ou qui font sourire notre cœur de parent. Elles font partie de leur développement, du testage de limites à la quête maladroite d’autonomie jusqu’au moment où ils reconnaissent notre rôle dans leur existence. Quelles sont les phrases qui VOUS font réagir?

Les phrases clés qui font damner les parents…

1-      C’est pas de ma faute, c’est lui qui m’a fait fâcher! (Ok, notre jeune se déresponsabilise, mais au moins, il verbalise une émotion…)

2-      Je vais le faire plus tard. (Me semble, oui.)

3-     Je veux pas dormir! (Et la version ado rempli d’hormones en folie : Pas capable de me lever… zzzzzzzzzzzzz)

4-      J’ai pas envie. Ça me tente pas! (Et toi, tu penses que ça nous tente de laver les toilettes et de plier trois tonnes de vêtements chaque semaine?)

5-      Grrrrrrrr! (Là, c’est le côté « mammifère sauvage enragé » qui sort. Et souvent, quand on demande d’utiliser des mots pour nous aider à comprendre, ça empire les choses. Mais un jour, il nous en remerciera. Peut-être.)

6-      C’est trop difficile, j’suis pas capable! (Habituellement déclamé sur le ton du gars fatigué du Groupe sanguin, mais version « Je suis sur le bord de mourir sous la torture! C’est quoi l’idée de me forcer à apprendre à lacer mes souliers?! »)

7-      J’m’en fous! (Ou sa version encore pire : Je m’en câ…, qui peut se décliner en plusieurs variétés selon les connaissances qu’a notre jeune de la terminologie d’Église.)

Les phrases qui font mal (même si on essaie de mettre notre carapace) :

1-      T’es vraiment (choisissez votre préféré) nul, stupide, poche! (Blindez-vous et ne le croyez pas : vous n’êtes pas un zéro, vous avez un Q.I. plus qu’acceptable et vous ne contenez pas de thé. Donc vous n’êtes ni nul, ni stupide, ni poche.)

2-      Va-t’en! (Ok, pour aller où au juste? Parce que ça adonne que tu es dans MA maison.)

3-      T’es même pas ma mère (ou mon père)! (Oh! Que je l’attendais celle-là! Mais je peux te jurer, preuves corporelles à l’appui, que tu es sorti de mon ventre. Bon, si c’est monsieur qui parle, ça se peut que les preuves soient moins évidentes… mais la paternité est là quand même.)

4-      Je serais plus heureux dans une autre famille! (Peut-être, on ne le saura jamais. Mais il n’y aura jamais personne qui t’aimera autant et aussi inconditionnellement que nous. Ça te tenterait qu’on essaie d’être heureux ensemble?)

5-      J’t’aime pu! (Ben moi, je t’aime tout le temps, même si je n’aime pas ce que tu me dis présentement.)

6-      Je veux mourir. (Non. Je ne veux pas. Je ne peux pas. Je veux que tu vives. Et que tu aies le goût de vivre.)

Les phrases qui font fondre notre cœur de parent :

1-      T’es la maman la plus belle/patiente/intelligente mais pas genre nerd du monde! (Ah! Mais je te retourne les compliments!)

2-      T’es le papa le plus musclé/drôle/niaiseux mais dans le bon sens de la Terre! (Yes! J’ai réussi ma job de papa!)

3-      Je t’aime tellement que je ne connais pas de mots assez grands pour le dire. (Ton sourire le dit, tu n’as pas besoin de mots pour l’exprimer.)

4-      Maman, sais-tu quelle heure il est? C’est l’heure du câlin! (Oh! Mon bébé! C’est tout le temps l’heure des câlins!)

5-      Merci de m’avoir créé. C’est grâce à vous deux que j’existe. (Merci à toi, mon fils, ma fille, de faire partie de notre vie. C’est grâce à toi que notre famille existe!)

6-      Je m’excuse pour les mots pas gentils que je t’ai dits. C’est ma colère qui parlait. Je regrette. La prochaine fois, je vais de gros efforts pour respirer au lieu de crier. (Bon ben coudonc. On a dû faire une bonne job!)

Nathalie Courcy

 

Un cœur de parent

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Que l’arrivée de vos enfants soit longuement attendue ou bien que ce soit une surprise, notre vie en est marquée à jamais. Avant l’arrivée d’un enfant, nous croyions connaître l’amour, mais en fait, ce n’était qu’une légère égratignure.

L’amour à l’état brut, vous connaissez? Lorsque vous donneriez votre vie sans même vous poser la question. Lorsque le bien-être de l’autre vient bien avant le vôtre. Lorsque par moment, vous vous oubliez complètement, à force de prendre soin des autres.

Lorsque votre enfant est malade, vous souhaiteriez prendre son mal à tout moment. Vous dormez à ses côtés pour le rassurer, pour VOUS rassurer. Lorsqu’il prend du mieux, vos yeux brillent à le voir gambader normalement. Son premier sourire après la nuit d’enfer que vous venez de passer à son chevet vous réchauffe le cœur. Quelques jours passent, la routine revient et sans même vous en rendre compte, ces tendres petits moments, vous ne les remarquez presque plus. Du moins, pas assez. Tout va simplement trop vite pour pouvoir savourer chaque moment.

Leurs premiers pas, leur première fois à vélo, leur première journée d’école sont de précieux souvenirs. Notre cœur est alors rempli de fierté. Pour d’autres, leur cœur déborde de tristesse. Peut-être ces derniers sont-ils conscients qu’il s’agit d’un moment de moins à vivre avec leur enfant. J’imagine que c’est comparable à savoir si le verre est à moitié plein ou à moitié vide.

Nos enfants sont des cadeaux qui nous sont prêtés. Comme ils sont venus, une fois grands, ils repartiront d’eux-mêmes pour mieux profiter de cette courte vie. Nous leur servirons de repère lorsqu’ils se sentiront égarés. Nous serons des conseillers lorsqu’ils ne seront pas certains de leurs choix. Nous serons là pour les réconforter lorsque la vie sera dure avec eux. Peu importe la situation, nous serons là. Parce que nous conservons notre cœur de parent à jamais, même si eux ne sont plus à nos côtés.

Parfois, ils nous aimeront tendrement ; parfois, ils seront en colère contre nous. Peut-être même que dans certaines situations, ils nous détesteront avec passion. De notre côté, nous souhaiterons qu’avec le temps, ils comprendront. Qu’ils nous pardonneront.

Viendra un moment où nous souhaiterons simplement recevoir un appel. Nous souhaiterons qu’ils viennent souper à la maison, pour savoir ce qui se passe dans leur vie. Avoir une vraie conversation face à face et peut-être même espérer un câlin. Mais oui, même quand ils auront trente ans, j’en voudrai! Mais tsé, ils auront leur propre vie et pour eux aussi, tout ira très vite.

Nous souhaitons qu’ils soient heureux, épanouis. Qu’ils mènent une vie sans barrières, sans jugements. Qu’ils atteignent leurs buts parce que notre niveau de bonheur est à jamais relié à l’épanouissement de nos enfants. Qu’ils croquent à pleines dents dans cette vie qu’on leur a tendrement offerte puisqu’elle peut être si belle.

Chaque fois qu’un obstacle ou un malheur arrive, je regarde mes enfants. Je me console en voyant comment mes enfants sont heureux. Dès que j’ai la chance de les prendre dans mes bras, je saute sur l’occasion. Je me fais des réserves de câlins dans mon câlin-omètre (machine fictive pour accumuler les câlins). Parce que le jour où je serai triste ou juste nostalgique, je puiserai dans mon câlin-omètre et serai reconnaissante d’avoir profité de ces petits moments pour me faire une belle réserve.

 

Geneviève Dutrisac

 

 

Et si j’arrêtais de crier ?

Ça m’est arrivé tout d’un coup. J’étais enfermée dans le g

Ça m’est arrivé tout d’un coup. J’étais enfermée dans le garage pendant que mes deux enfants étaient à la table pour le souper. Presque tous les jours, le repas était une catastrophe.

Ils ne mangeaient pas, pas assez vite, pas assez bien. Ils parlaient et chialaient qu’ils ne voulaient pas manger.

Moi, j’étais à bout… Non, j’étais À BOUTTE!

J’ai senti mon cœur battre plus fort, la veine apparaître dans mon front et mes doigts devenir engourdis. J’allais crier… C’était inévitable! Je me suis alors enfermée dans le garage et après quelques minutes, j’ai lancé un cri bestial. Il n’y avait pas de paroles, simplement un son rempli de détresse.

Non, je n’avais pas signé pour cela! Lorsque j’ai voulu être parent, ce n’était pas ce que je recherchais. En tendant l’oreille, j’ai entendu une petite voix féminine, derrière la porte, dire à son frère « OK là, faut qu’on arrête, maman est vraiment trop tannée ». C’est à ce moment que je me suis dit : « Et si j’arrêtais de crier ? »

Je n’ai jamais voulu élever mes enfants dans les cris et la rage. Je me disais que j’allais être capable de faire autrement. Chez nous, ça criait beaucoup. Ce n’était tout simplement pas la partie d’héritage que je voulais transmettre à mes enfants.

Tout cela est très simple à dire, mais comment fait-on pour arrêter de crier, comme cela du jour au lendemain ? J’ai décidé de suivre un peu les conseils qu’on voit à la télévision et dans les magazines. J’ai essayé de garder mon calme, de parler sur un ton neutre, tout en imposant mon respect.

Les premières journées, le cœur continuait à me débattre et la veine restait présente dans mon front, mais tranquillement, je me suis rendu compte des bienfaits que cela avait sur moi. J’ai bien sûr vu une différence sur mes enfants, mais principalement, je l’ai vu une sur moi. Je me sens moins colérique, moins à boutte, moins prise dans un tourbillon de négatif. Je me sens plus patiente, plus douce et plus stricte… Oui oui, plus stricte. Je sens que je représente une autorité en dehors de la peur; je remarque que mes enfants m’écoutent plus rapidement. Ils n’attendent plus que je CRIE pour réagir, ils réagissent.

Je ne vais pas mentir en vous disant que tous les soupers sont maintenant parfaits, mais je vais renchérir en disant que je ne me couche plus avec cette grande culpabilité d’avoir encore crié aujourd’hui. Est-ce que mon ton restera neutre à jamais? Je ne crois pas, non! Je l’échapperai parfois, perdrai sûrement encore le contrôle, mais je me pardonnerai de l’avoir fait et recommencerai à parler… sans crier.