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S’impliquer, ça fait du bien ! Texte : Roxane Larocque

La Semaine de l’action bénévole me pousse à réfléchir à l’aspect essentiel de cet apport c

La Semaine de l’action bénévole me pousse à réfléchir à l’aspect essentiel de cet apport collectif. Idéalement, l’implication bénévole, ça fait du bien à tout le monde ! Autant à celui qui donne qu’à celui qui reçoit. Ça peut prendre plein de formes aussi : encadrées par un organisme ou spontanées, régulières ou sporadiques, bref il y en a pour tous les goûts !

L’implication bénévole, c’est bon pour la santé mentale collective. D’un point de vue personnel, il a été démontré que de faire du bénévolat contribuait à diminuer le stress et à diminuer l’isolement, et qu’il contribuait à l’épanouissement personnel. Or, d’un point de vue collectif, cela me semble tout aussi juste. C’est intéressant de sortir un peu de la vision du bénévole qui offre son temps et son expertise généreusement comme un sauveur. De mettre en lumière sa contribution, certes, mais aussi et surtout de mettre l’éclairage sur la nécessité collective de son apport dans une société où les inégalités de toute sorte sont encore présentes.

Le bénévolat c’est une relation, une implication qui change le vécu de celui qui reçoit, mais également de celui qui offre. Le bénévolat, c’est le tissu social collectif qui s’épaissit, le filet de protection qui retricote ses trous pour prendre soin des plus vulnérables. Or ce tissu social nous est commun : prendre soin de l’intégrité de tous, c’est aussi prendre soin de soi. Personne n’est à l’abri d’un jour crouler sous le poids des facteurs de risques qui s’accumulent et entraînent un déséquilibre, une vulnérabilité.

C’est intéressant de comprendre ce qu’on apporte aux autres par le bénévolat, mais également ce qu’on répare en nous en le faisant. Qu’est-ce qui fait qu’on s’implique pour une cause en particulier ? À quel besoin ça répond pour nous ? Il y a certainement des échos de notre passé : un membre de la famille qui a souffert d’une maladie pour laquelle vous vous impliquez maintenant, un manque de soutien à l’enfance que vous voulez éviter de faire vivre maintenant aux enfants plus vulnérables, une intolérance à l’injustice sociale que vous voudriez voir disparaître, l’impression d’avoir une voix, de participer à un changement social, etc. Bref, la Semaine de l’action bénévole, c’est aussi un beau moment pour mettre en lumière tous les bénévoles qui ont surmonté des épreuves, des angoisses, des injustices et qui en font quelque chose de plus grand, de plus doux pour le bien commun.

Merci à tous ceux qui s’impliquent à petite, moyenne et grande échelle. Vous faites assurément une différence, aussi petits vos gestes d’implication soient-ils. Aujourd’hui plus que jamais, votre implication est essentielle !

Roxane Larocque

Ça sent les impôts ! Texte : Nathalie Courcy

La neige fond, les petits oiseaux font cui-cui, on ouvre les fenêtres pour entendre la joie des enf

La neige fond, les petits oiseaux font cui-cui, on ouvre les fenêtres pour entendre la joie des enfants qui jouent dehors sans être écrasés par mille couches de manteaux… Ça sent la gadoue bien fraîche, le trou d’eau qui dégèle et le nid de poule qui apparaît pour notre plus grand bonheur (nope ! )…

Et qu’est-ce qu’on voit qui trône fièrement sur notre comptoir de cuisine ? Nos papiers d’impôts.

Le post-it nous rappelant de prendre notre rendez-vous chez le comptable ou d’acheter le logiciel de déclaration de revenus.

Non mais, est-ce que ça tente à quelqu’un, ça, de passer des heures à rassembler des tonnes de papiers datant de plusieurs mois, de rentrer des chiffres dans des colonnes, de stresser parce qu’il manque un formulaire ou parce que les calculs ne balancent pas ?

Est-ce que quelqu’un trouve ça plaisant de voir ses revenus fondre au soleil au fil des tranches d’imposition ?

Bien sûr, on a des services qui viennent avec, qu’on soit d’accord ou non. Mais quand même, ça fait mal au compte en banque quand on voit une partie de son salaire partir dans les poches de la société (je ne dis pas « dans les poches du gouvernement », c’est voulu, parce qu’après tout, l’argent est redistribué dans la communauté, merci de ne pas partir de débat politique, ce n’est pas le but de l’article. Et si vous voulez vraiment en partir un, go ! Je ne m’embarquerai pas dedans).

Bien sûr, si on a payé des impôts toute l’année, ça se peut qu’on reçoive un remboursement d’impôt qui fait du bien au moral. Mais c’est toujours ben juste parce qu’on en avait trop donné ! Et ça n’enlève pas le « pas de fun » qu’on a eu à faire notre déclaration de revenus.

La mauvaise nouvelle : qu’on aime ou pas, ça revient chaque année. Chaque fois, ça me prend six mois pour me remettre de cette période de platitude et c’est déjà presque le temps de recommencer. Si on a plein d’enfants ou une entreprise, des logements, un travail autonome, c’est pire. Ça nous prendrait un entrepôt juste pour stocker la paperasse. (Remerciement sincère aux entrepôts de données en ligne qui permettent de classer de façon plus écologique nos nombreuses factures !)

La bonne nouvelle : on peut s’aider en mettant un système en place. Je vous le dis tout de suite, je suis curieuse de connaître vos trucs et astuces.

✏️ Mettre de l’ordre au fur et à mesure dans nos factures. Un système par mois ou par saison, par catégorie, en ligne ou en papier, mais un système. Chaque année, je teste de nouvelles méthodes, j’améliore ma façon de faire, je note les do’s and don’t. Je m’en viens pas pire pantoute.

✏️ S’y prendre d’avance. Vous le savez que rendus au 15 avril, les comptables ont de la broue dans le toupet. Prenez votre rendez-vous d’avance et honorez-le ! À bas la procrastination, ça ne vous tentera pas plus dans deux semaines. À minuit moins une le 30 avril, si le bouton ENVOYER n’envoie pas, vous risquez de renvoyer à force de stresser.

✏️ Se donner le temps. Ce n’est pas l’activité la plus palpitante à faire un samedi matin, mais c’est mieux qu’un vendredi soir quand on a le cerveau magané et le corps épuisé. Une petite coupe de vin (une… pas trois! Faut que vos chiffres balancent!), de la bonne musique, de la place pour étendre toutes nos feuilles et pas d’oreilles chastes et pures autour. Comme ça, si vous sacrez, vous ne ruinerez pas l’éducation de vos enfants.

✏️ S’entourer de personnes de confiance. Les logiciels de comptabilité et de déclaration de revenus peuvent être vos amis, mais le moindrement que votre dossier est complexe, allez chercher de l’aide. C’est rassurant pour vous, ça vous évite des erreurs qui pourraient coûter cher, vous recevrez probablement plus à votre retour d’impôt, et en plus, une fois que vos papiers sont en ordre, vous déléguez le reste du travail. Un excellent investissement qui enlève de la pression et vous redonne du temps libre pour profiter du printemps.

✏️ Respirer. Faire sa déclaration de revenus, ça fait partie des choses qu’on ne contrôle pas. Par contre, on peut choisir notre attitude quand on la fait.

✏️ Se récompenser. Célébrer l’envoi de notre déclaration de revenus, célébrer le remboursement d’impôts, célébrer le fait qu’on a un emploi et un salaire, célébrer le fait qu’on vit dans un pays et dans une province où il y a des services et de la liberté, célébrer le printemps…

Un truc : plus on fait sa déclaration tôt, plus on a de mois pour célébrer avant le retour de cette période satanique!

On se revoit le 1er juin, quand tout le monde aura appuyé sur le bouton ENVOYER!

Nathalie Courcy

Morte de ne pouvoir être elle-même — Texte : Nathalie Courcy

À quelques kilomètres à peine de chez moi, un enfant de 10 ans est mort au bout d’une intimida

À quelques kilomètres à peine de chez moi, un enfant de 10 ans est mort au bout d’une intimidation qui n’en finissait pas. Une ange est morte de ne pouvoir être elle-même.

Cet enfant se cherchait, ne se définissait pas comme son certificat de naissance l’avait décidé. Elle* s’identifiait comme trans, comme lesbienne, comme Alex, comme neutre. Eh ! Oui, à 10 ans, Alex savait déjà qu’elle était différente. Différente de qui ? D’elle-même. De ce que la société voulait qu’elle soit. De ce que la société lui imposait comme vêtements, comme prénom, comme genre, comme orientation. C’est tôt, c’est d’une grande maturité identitaire pour un corps et un cerveau en plein développement. C’est intense. Si intense que cet enfant a fini par se tuer.

Cet enfant s’est-il tué ? Ou a-t-il été anéanti par les jugements, par l’intimidation ? Qui lui a enlevé la vie ? Qui l’a enlevé à sa famille, à ses amis, à ses professeurs, à ses voisins ? Qui sait ce que cet enfant devenu grand aurait pu changer dans la société ?

Son décès a sauvé des vies grâce au don d’organes, mais c’est d’abord la vie de cet enfant qui aurait dû être sauvée. Nos enfants, notre plus grande richesse… Cette fois-ci, la société a jeté la richesse par les fenêtres et a gaspillé une vie précieuse.

Des intervenants suivaient cet enfant, l’aide était disponible. Je ne connais pas les détails, je ne connais même pas la famille. Et pourtant, c’est comme si c’était mes voisins. C’est comme si c’était nous. Un drame comme celui-là, si ça peut arriver dans le quartier d’à côté, ça peut aussi arriver dans notre cour. Se laisser toucher par la souffrance que cet enfant a vécue, par la souffrance que ses proches vivent, c’est une façon de prendre conscience de nos propres comportements et de devenir plus respectueux de la vie, sous toutes ses formes.

La crise identitaire d’Alex, c’est la crise identitaire de plusieurs jeunes et aussi d’adultes. C’est la crise identitaire de mes enfants, c’est la crise identitaire de vos enfants, de vos petits-enfants, de vos futurs enfants. Quand j’ai appris ce suicide, je me suis dit : « Ça aurait pu être un des miens ». Les âges concordent. Les quêtes concordent. L’intensité concorde. Ce n’est pas mon enfant, mais mon cœur de maman saigne. Mon cœur de citoyenne saigne. Mon cœur humain est en hémorragie.

C’est toute la société qui doit se pencher sur son identité commune pour permettre aux identités individuelles d’exister et de s’exprimer.

*J’utilise le pronom « elle » pour parler de cet enfant puisque c’est ce que sa maman utilise.

Nathalie Courcy

Si vous avez besoin d’aide

LIGNE QUÉBÉCOISE DE PRÉVENTION DU SUICIDE

www.aqps.info

1-866-APPELLE (277-3553)

 

JEUNESSE, J’ÉCOUTE

www.jeunessejecoute.ca

1-800-668-6868

 

TEL-JEUNES

www.teljeunes.com

1-800-263-2266

 

TransOutaouais

Interligne

Y’a pu personne qui tolère personne ! Texte Marie-Nancy T.

Généralement, quand j’écris un texte, je me donne pour mission d’aider les gens à mettre en

Généralement, quand j’écris un texte, je me donne pour mission d’aider les gens à mettre en mots leurs maux, en faisant référence à des faits tangibles. Pour ce texte, je me suis donné, comme petite mission, de lancer une réflexion sociale sur l’intolérance que nous avons parfois les uns envers les autres. Finalement, après relecture, je me suis rendu compte que mon texte, ben c’est une grosse montée de lait. Pis vous savez quoi ? Je l’ai laissé de même. Vous êtes donc tous prévenus. À vous de voir si vous poursuivez la lecture ou si vous cessez maintenant.

Y’a-tu juste moi qui trouve que l’ambiance est lourde au Québec et partout dans le monde ces temps-ci ? On dirait qu’on est de moins en moins tolérants les uns envers les autres. Les mois de janvier, février et mars sont les mois les plus tough et les plus froids de l’année. C’est difficile pour le moral et pour l’énergie. Il fait -20 à l’extérieur et on dirait qu’en plus, il fait -35 dans le cœur des gens. Hey ! Allô ! Il y a une guerre qui vient d’éclater en Ukraine. On est en 2022 ! Y’a-tu juste moi qui ai peur pour la suite des choses ? Parce qu’on ne va pas se mettre la tête dans le sable, on est tous concernés. Même au Canada, il y a des risques. On fait partie de l’OTAN.

Y’a-tu juste moi qui trouve qu’écouter les nouvelles ces temps-ci, c’est à faire peur ? On dirait que toutes les nouvelles sont construites pour nous faire haïr ou juger quelqu’un. Comprenez-moi bien là, je ne fais pas référence ici à une nouvelle qui parle d’un criminel qui a commis un crime ignoble. Moi aussi, ça me répugne et je condamne le criminel dans ma tête. Je parle de PIERRE qui se fait condamner parce qu’il a décidé de manifester, sans violence, pour s’exprimer. Ou de JEAN, 20 ans, qui est crucifié sur la place publique parce qu’il a osé faire le party un peu trop fort ou encore de JACQUES, qui devient la risée du Québec parce qu’il a fait faillite. Voyons donc, y’a même des artistes qui ont perdu leur emploi après que des gens se sont acharnés sur eux. Simplement parce qu’ils n’étaient pas en accord avec leurs idées. C’est quoi ça ? On est-tu vraiment rendus aussi bas ? Sérieux ? Oh et en passant, juste au cas ! Ce n’est pas contre les journalistes, ils exercent leur métier au meilleur de leur capacité. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas en accord avec une nouvelle qui est annoncée que ça donne le droit d’attaquer ou de pousser un journaliste en pleine rue. Ils sont humains, ils font leur travail. Je le précise parce que oui, aussi honteux que cela puisse paraître, on a vraiment vu cela dans les dernières semaines au Québec. SÉRIEUX ?

Il y a quelque temps, mon enfant a perdu son cellulaire à son école secondaire. J’ai placé une annonce sur un site dédié à cela, pour demander aux gens de garder l’œil ouvert. J’ai eu droit à des commentaires du genre : « Depuis quand on achète des cellulaires à des adolescents de cet âge-là, enfant gâté, parents indignes, enfant roi, demande à tes parents ils vont t’en acheter un autre ». Et là, j’en passe et je n’énumère pas les mots vulgaires utilisés. SÉRIEUX LÀ !! C’est quoi ça ? Mon ado travaille la fin de semaine et paye son cellulaire. De toute façon, ce n’est même pas la question. Je me suis dit : ça dépasse l’entendement ! C’est insensé ! Les gens ne peuvent pas être aussi cruels !

Non mais, on n’est pas censés, nous les humains, être la version la plus évoluée des êtres vivants ? Y’a pu personne qui tolère personne, on dirait ! Je comprends que la pandémie a divisé les gens et va continuer de le faire, inopportunément, pendant quelques années. Ben oui, on va être honnêtes là. Peu importe notre opinion sur le sujet, vaccin ou non-vaccin, pour ou contre les mesures, on s’entend pour dire qu’il a y eu déshumanisation au cours des deux dernières années. C’est mon domaine d’expertise les relations humaines, donc je peux m’avancer sur le sujet. Les gens peuvent bien ne plus se tolérer entre eux. Je comprends aussi que les réseaux sociaux sont parfois la courroie de messages haineux. Mais au-delà de ça ! Est-ce que je suis la seule à trouver que c’est à faire peur ? Est-ce que vous avez peur, vous aussi, pour les futures générations ? Pour la génération de nos enfants ? Ça va être quoi leur avenir à eux si ça continue ? C’est vraiment un bel héritage qu’on génère pour eux en ce moment. Bravo à nous tous, gang de champions !

J’ai mal à ma société ces temps-ci. Peut-être que la religion c’est dépassé, mais je m’ennuie du temps où le message principal était : aimez-vous les uns les autres. Si au moins on pouvait se dire : « respectez-vous les uns les autres » ou encore moins d’investissement, JUSTE : « Tolérez-vous les uns les autres » ! Ça serait déjà ça !

Quand on regarde toutes les énergies qui sont déployées pour gérer les conflits de toutes sortes au Québec et à travers le monde ou pour débâtir la réputation d’une personne sans raison, je me dis ceci : imaginez si tout ce temps et tout cet argent étaient investis et dépensés pour la protection et l’éducation de nos enfants, pour nos systèmes de santé et de justice ou pour les relations humaines en général ! Me semble que notre société serait beaucoup plus en santé, non ?

Sérieux, je nous souhaite d’être de plus en plus tolérants les uns envers les autres. Arrêtons de blâmer PIERRE, JEAN ou JACQUES et faisons tous notre part pour défaire cet engrenage-là. J’ai le goût de laisser ça en héritage à nos enfants et à nos futures générations, moi. Me semble qu’ils se sont sacrifiés pour notre société au cours des deux dernières années, nos jeunes ? Ils méritent que les adultes qui construisent la société de demain se sacrifient pour eux maintenant. Si tu as le goût de faire une différence eh bien, c’est aujourd’hui que nous devons commencer, tous ensemble.

 

Marie-Nancy T.

 

 

Délestage Covid : la chasse aux sorcières ? Texte : Liza Harkiolakis

J’ai souvent eu envie d’écrire sur la pandémie. Je ne l’ai jamais fait<span data-ccp-charsty

J’ai souvent eu envie d’écrire sur la pandémie. Je ne l’ai jamais fait, car je n’avais pas envie de débattre sans fin et de me faire rabrouer pour les opinions que j’ai sur le sujet. Je trouvais aussi qu’il y a suffisamment de tensions en ce moment, alors je trouvais inutile d’en ajouter. Aujourd’hui, c’est différent. Pour la énième fois en deux semaines, je viens d’entendre quelqu’un dire que « les gens qui refusent d’être vaccinés ne devraient pas avoir accès au système de santé, car ils doivent assumer leur choix ». Ici, on ne parle pas de risque de contamination possible, mais bien « d’assumer un choix ». Je me questionne. 

 Je comprends les enjeux du système de santé, les urgences qui débordent, le personnel soignant épuisé, l’obligation du délestage et les conséquences tragiques tout comme la souffrance et l’anxiété que ça peut engendrer. Cependant, je me demande en quoi choisir ou non d’être vacciné empêcherait une personne d’être soignée? Qui sommes-nous pour faire ce choix ? Sur quoi nous basons-nous pour avoir cette opinion ? Quel est notre raisonnement et quels sont nos véritables motifs ou critères de sélection ? 

 C’est un profond désir d’équité ou un besoin de justice sociale qui nous pousse à vouloir que les autres assument « leur choix » ? Si c’était le cas et que nous décidions d’en faire une nouvelle règle de société, il nous faudrait exiger de tous qu’ils « assument leurs choix ». Conséquemment, il faudrait refuser l’accès au système à tous les gens qui ont des problèmes cardiaques ou de diabète causé par une alimentation inadéquate ou une mauvaise hygiène de vie. Il nous faudrait priver de soins tous ceux et celles qui pratiquent de façon non sécuritaire tout sport risqué et activité dangereuse ou controversée. Si on tient à cette règle « d’assumer nos choix », il nous faudrait refuser de soigner tous les accidentés de la route qui par excès de vitesse, facultés affaiblies ou autres se retrouvent dans le système de santé. À cette liste de gens qui doivent « assumer leurs choix », ajoutons les personnes qui ont subi un accident de travail à cause de leur négligence, les hospitalisations causées par la consommation excessive de drogues et d’alcool. La liste de ceux qui doivent « assumer leur choix » pourrait sans doute s’allonger encore beaucoup… 

 Est-on retournés au Moyen Âge, à l’époque où les gens qui avaient des opinions différentes étaient envoyés au bûcher ? Se cherche-t-on encore des sorcières à brûler ? Est‑ce notre désir de voir les autres se responsabiliser ou assumer leurs choix qui nous pousse à dire qu’ils ne méritent pas d’être soignés ou alors est‑ce une façon de prendre position sur ce qui nous semble moral ou non ? Ce sont là deux intentions bien différentes. 

 Les conséquences du délestage dans le système de la santé sont tragiques et personne ne devrait en souffrir. Malheureusement, c’est le cas et ça n’ira sans doute pas en s’améliorant pour le moment. Je comprends la peur, la colère et l’incompréhension face à certaines décisions, mais je crois qu’il faut être prudents et faire preuve d’introspection quand on s’exprime sur le sujet ou lorsqu’on prend position d’une telle façon. 

 Nous sommes tous à cran. Nos amitiés les plus sincères ont été bousculées, notre anxiété a décuplé, notre société est fragilisée. Si nous n’avons plus personnellement ou collectivement le désir ou la capacité d’être empathiques les uns envers les autres, nous avons encore le choix de faire preuve d’intégrité, d’honnêteté et de bienveillance. Ce sera, selon moi, le seul moyen de sortir de cette pandémie sans en être trop écorchés comme ami, comme conjoint, comme frère, comme sœur, comme parent, comme société. 

Liza Harkiolakis

Apprivoiser mon côté sauvage, cette douce anxiété sociale — Texte : Geneviève Dutrisac

Regarder l’horizon et me perdre dans mes pensées. Me ressourcer en regardant cette simple ligne q

Regarder l’horizon et me perdre dans mes pensées. Me ressourcer en regardant cette simple ligne qui se dessine au loin, me demandant ce qu’il y a exactement là où je regarde. Ces moments de solitude où je me sens si bien, si calme. Les années passent et je me rends compte à quel point ma solitude est un besoin viscéral.

Depuis le début de la pandémie, j’ai développé une belle anxiété sociale. Un doux côté sauvage qui sommeillait en moi est sorti de sa tanière afin d’éloigner tout prédateur se voulant trop amical avec moi. Je n’ai plus l’énergie d’aller à la rencontre d’inconnus, je n’ai plus l’énergie d’être déçue par un autre être humain. Je ne veux plus. Je ne peux plus. Un réflexe de protection ? Peut-être…

Lorsqu’il y a foule, je veux disparaître. J’ai toujours l’impression de ne pas être à ma place, de déranger ou même d’être ennuyante. Je préférerais avoir la cape magique d’Harry Potter afin d’être invisible et de pouvoir écouter les autres sans nécessairement avoir à participer aux conversations. Je me sentirais bien à simplement observer, écouter.

Quoi qu’il en soit, je dois apprendre à dompter cette bête sauvage que j’ai créée. Je dois réapprendre à vivre en société, dans un monde qui socialement ne me rejoint plus. Je veux fuir cette chaleur humaine qui me laisse maintenant de glace.

Le plus ironique dans tout ça est que je dois montrer à mes enfants comment vivre en société quand moi-même, je ne sais plus comment m’y prendre. Imaginez les enfants qui ont le sentiment de perdre tous leurs repères, d’avoir le syndrome de l’imposteur, peu importe l’endroit où ils vont. Du haut de mes 35 ans, j’ai la chance d’être bien outillée et d’avoir une belle maturité afin de vivre ces nouvelles émotions, mais j’ai énormément d’empathie envers les jeunes qui souffrent en silence.

Je ne suis ni hautaine ni étrange, j’ai simplement besoin de vous côtoyer à petite dose. Je vous aime, mais doucement. Sans accolades ni baisers sur la joue, mais dans le plus grand des respects mutuels.

Geneviève Dutrisac

 

L’éducation, une priorité! Texte : Annie Corriveau

Ça fait un bout que je n’ai pas écrit car je me suis lancé de t

Ça fait un bout que je n’ai pas écrit car je me suis lancé de très gros défis depuis l’an passé. En fait, d’énormes défis et surtout en temps de pandémie. J’ai 47 ans, maman de deux magnifiques et adorables (et non, ce n’est pas sarcastique) ados. Des ados résilients, agréables et tellement beaux ! Donc, maman à temps plein puisque papa est décédé il y a 9 ans. J’ai travaillé pendant 25 ans comme croupière au Casino de Montréal. Un travail qui paraît facile et agréable, mais qui est très difficile sur le corps, surtout le cou et les membres supérieurs. Étant blessée, j’ai cherché à me réorienter, à me trouver une nouvelle carrière.

C’est sous les conseils de plusieurs amis proches que j’ai décidé de retourner à l’université en enseignement. Comme j’ai un baccalauréat en Études françaises, je n’ai pas eu de difficultés à me trouver de la suppléance. Au début de l’année scolaire, alors que je distribuais de CV dans le but de faire de la suppléance à nouveau, on m’a offert un contrat en enseignement du français au secondaire. J’avais d’ailleurs fait un cours en français langue d’enseignement, et c’est vraiment vers cette avenue que je voulais me tourner. J’ai donc accepté le contrat sans même savoir dans quel bateau je sautais… et laissez-moi vous dire que c’est tout un bateau ! Un bateau qui n’arrête jamais. La planification, la correction, la gestion de conflits, de classe, le matériel, les messages TEAMS à 21 heures. Ça n’arrête jamais. J’ai accepté le contrat sans même connaître le salaire. Et je peux vous dire que pour la charge de travail, je suis du cheap labour pour notre beau gouvernement.

J’adore ce que je fais maintenant, j’adore mes élèves, la matière, ma merveilleuse équipe-école qui m’a encadrée et soutenue. J’aspire même à être acceptée à la maîtrise qualifiante en enseignement du français au secondaire dans le but de parfaire mes connaissances, mes techniques, ma pédagogie. Mais sérieusement, l’enseignement est vraiment malade au Québec.

Oui, c’est vrai, ils engagent des personnes comme moi qui ne sont pas qualifiées. Des personnes qui partent de zéro et qui doivent s’adapter, apprendre à gérer les élèves, leurs nombreux plans d’intervention, leurs particularités. Qui doivent communiquer avec des parents qui les blâment pour les problèmes de leurs enfants, qui trouvent que l’école n’offre pas assez de services, qui ne s’impliquent pas, qui ne répondent pas à leurs nombreux courriels. Mais en ce moment, les directions d’école ne peuvent pas faire autrement. Le manque de personnel est tellement grand et ceux qui restent sont à bout de souffle.

Aujourd’hui, les profs réclament haut et fort de l’aide. De l’aide pour offrir plus de ressources à nos enfants, à VOS enfants. Pour avoir plus de soutien, plus de services car sérieusement, je ne savais pas qu’un élève pouvait nécessiter à lui seul autant de ressources et d’attention. Les profs réclament le même salaire que dans les autres provinces canadiennes. Si vraiment vous saviez combien gagne un prof en début de carrière, vous comprendriez probablement chaque minute de revendication des professeurs.

Ah oui, c’est vrai, je vais avoir deux mois de vacances cet été. Oui, deux mois à me refaire une santé, à me reposer de mon année mouvementée, sans pause, sans congé et en temps de COVID en plus ! Je veux continuer dans ce domaine car je réalise que j’y suis vraiment à ma place. J’ai l’avenir d’une soixantaine d’ados entre mes mains et je trouve ça stimulant, captivant, enrichissant. Quand j’entends les parents se plaindre parce que les profs font un débrayage de nuit ou de fin de journée afin de se faire entendre auprès du gouvernement pour l’avenir de LEUR enfant, ça vient me chercher. L’école est un endroit où l’on enseigne, où l’on encadre, où l’on dirige, et non où l’on garde les jeunes. Les profs essaient, en ce moment, de se faire entendre par tous les moyens avec le moins d’impact sur l’année scolaire de leurs élèves. Non, ce n’est pas un geste égoïste de la part de profs et oui, les élèves ont manqué une moitié d’année scolaire l’an passé, mais s’il vous plaît, appuyez-nous ! C’est pour le bien de VOS enfants !

Annie Corriveau

Mon Halloween contre Mme C-19

Cette année, comme plusieurs Québécois, nous avions décidé de f

Cette année, comme plusieurs Québécois, nous avions décidé de fêter l’Halloween différemment… Nous avions fait le choix de ne pas offrir de bonbons, de ne pas passer de maison en maison et de faire une journée spéciale à la maison avec nos enfants. Raclette, films d’horreur, jujubes et chips.

Mon Halloween à moi, pendant cette pandémie, ce ne fut pas seulement de passer du temps avec mes enfants. Non, ce fut aussi de prendre part à une importante surveillance de milieux avec des cas confirmés ou suspectés de COVID-19. Un enchaînement d’interventions à distance afin de limiter la propagation de ce virus et de limiter les éclosions par des recommandations exemplaires en prévention et contrôle des infections.

Depuis le début de cette pandémie, le système de santé redouble d’efforts à tous les niveaux. Malheureusement, ce virus à des particularités qui font de lui un ennemi des plus importants. Il a cette caractéristique particulière de s’attaquer à plusieurs groupes d’âge et d’entraîner des symptômes des plus inusités. Il faut se le dire, elle ne manque pas d’originalité, cette COVID-19 ! Elle peut passer d’un extrême à l’autre en s’attaquant au système nerveux central en passant par les nerfs olfactifs, les papilles gustatives, les poumons, le cœur et j’en passe. Et le plus extraordinaire, c’est qu’elle peut passer comme un simple fantôme en ne laissant aucune trace de son passage ! Tout de même rusée, cette Mme C-19…

Ce qui est particulier dans cette histoire de pandémie, c’est qu’il y a encore du monde qui croit à la théorie du complot. Un faux virus, un contrôle du gouvernement, une façon d’appauvrir l’humanité. Ces gens, je les implore de passer ce ne serait-ce qu’une journée avec moi afin de constater l’ampleur des dégâts de Mme C-19. Des milieux déstabilisés, des gens impuissants, des usagers malades et confinés dans leur chambre, des professionnels et des responsables de milieux épuisés… Ce ne sont que quelques exemples de tous les impacts négatifs de ce virus dans le système de santé. Évidemment, il y a tous les dommages collatéraux dans la population en général : augmentation des troubles liés à l’utilisation de l’alcool, des drogues, d’Internet… Sans oublier les problèmes de santé mentale : la dépression, les idées suicidaires, le suicide…

Ceci étant dit, je constate actuellement un état de fatigue et une fragilité émotionnelle importante autour de moi. Des gens impatients, aigris, déprimés et nostalgiques de l’avant COVID. À ces gens, je dis que nous sommes tous dans le même bateau, mais que nous nous devons de garder la tête hors de l’eau pour passer au travers de cette époque qui marquera l’histoire à tout jamais. Une époque où nous aurons été en mesure de démontrer notre résilience et notre grande capacité d’adaptation.

Ce soir, je termine ma fin de semaine de garde en me disant que depuis le début de cette pandémie, j’aurai peut-être aidé à limiter les dommages de la COVID-19 en contribuant au meilleur de mes connaissances. Des connaissances que je n’avais même pas avant l’arrivée de Mme C-19…

Sérieusement, il faut continuer nos efforts collectifs afin de limiter la propagation de ce virus. Ce que nous faisons actuellement n’est pas en vain même si cela demande beaucoup de sagesse. Il ne faut donc pas hésiter à demeurer chez soi au moindre symptôme d’apparence COVID, continuer à maintenir le 2 m entre les personnes qui ne se retrouvent pas dans notre bulle familiale et porter le masque dans les lieux publics et au travail. Ceci fera en sorte de diminuer les éclosions et donc de diminuer les heures supplémentaires de plusieurs personnes du réseau de la santé. Dont moi !

Amélie Roy

C’est la chaleur qui fait lever le pain

J’ai écrit un article il y a quelques jours sur les déplorables

J’ai écrit un article il y a quelques jours sur les déplorables effets de la peur et de la surconsommation pendant ce moment de crise et d’inconnu provoqué par le coronavirus. Il me semblait que l’humain porte parfois en lui, bien ancré, le sentiment que sa survie est au détriment de l’autre.

J’ai été depuis témoin de nombreuses expressions de résilience et de sacrifice. Des mères de famille qui font les courses pour les personnes âgées, des individus invitant des amis immunodéprimés à quitter la ville et leur offrant un gîte en campagne, des restaurants qui offrent des repas aux enfants qui, normalement, en auraient reçu un à l’école.

Bien que plusieurs aient succombé à la pression et commis des actes répréhensibles, d’autres ont sublimé leur angoisse, leurs préoccupations et leurs craintes et les ont transformées en défis à relever. Ces personnes admirables sont italiennes et ont offert des concerts d’opéra de leur balcon pour leurs voisins aussi en quarantaine. Ce sont des entraîneurs privés américains qui offrent quotidiennement des sessions d’entraînement à la maison diffusées sur YouTube. Ce sont des influenceuses canadiennes qui créent des partys virtuels sur Instagram.

C’est beau à voir, cette solidarité. Ça efface un peu le goût amer que j’avais à l’âme ces derniers jours en voyant la réaction initiale de mes compatriotes américains.

C’est beau de voir tous ces gens partager leurs talents en ces moments difficiles. La pression sous laquelle cet esprit d’échange s’est développé cette « chaleur », ça fait heureusement lever le bon pain.

Genevieve Brown

Ma gang de malades

C’est une sensation étrange ces jours‑ci que d’aller dans un

C’est une sensation étrange ces jours‑ci que d’aller dans un commerce américain. Que ce soit Costco, Target, Walmart ou l’épicerie du coin, des étagères sont vides. Au pays de la démesure, même au fin fond du Nouveau-Mexique, une folie passagère germophobe a pris le contrôle des étalages : on ne trouve plus de lingettes désinfectantes. Dans plusieurs commerces, on peine aussi à trouver du savon à mains, de l’eau embouteillée et du papier de toilette. Et ce n’est pas juste ici : des Australiennes ont fait la manchette il y a quelques jours pour s’être querellées afin de déterminer qui aurait le privilège d’acheter du papier de toilette.

Alors que la saison de la grippe bat son plein, c’est une autre bibitte qui fait la une : le coronavirus (COVID-19).

Ce qui est un peu ridicule dans cette situation est que, malgré toute cette attention médiatique, chez l’adulte en santé, les symptômes du coronavirus sont similaires à un rhume. Oui, c’est dramatique un bateau de croisière en quarantaine, mais en réalité (et ce qui ne fera pas la une aux nouvelles), nous serons des milliers à avoir contracté le COVID-19 sans le savoir. Alors, soyons responsables et limitons les occasions de contaminer les autres.

Cette crise illustre aussi quelques faits déroutants qui semblent indiquer que pour certaines personnes, la survie personnelle est aux dépens de l’autre.

Cette compulsion d’accumulation et de surconsommation fait peine à voir. Ça te donne quoi de désinfecter ton bureau au travail et tes poignées de porte trois fois par jour avec ta douzaine de caisses de lingettes désinfectantes accumulées au détriment de ton voisin si celui‑ci n’a pas de savon pour se laver les mains? Est‑ce que tu te sens mieux avec tes 2 000 rouleaux de papier de toilette accumulés dans ton garage?

Est‑ce que ce sont les mêmes personnes qui se présentent au travail en toussant et avec une fièvre parce qu’elles ne veulent pas utiliser leurs journées de congé? Ces personnes sont‑elles différentes des trois passagers sur mon vol des États-Unis à destination de Montréal dernièrement qui, après avoir entendu l’équipage partager un message expliquant les symptômes à déclaration obligatoire à la douane canadienne, ont immédiatement cessé de tousser?

Je me suis demandé si ces voyageurs avaient des attentes différentes quand il était question d’être eux-mêmes exposés à la maladie de quelqu’un d’autre. Ne serait‑il toutefois pas irraisonnable de demander à quelqu’un qui ne sait pas s’il est contagieux de s’abstenir de prendre l’avion? Je n’ai pas de réponse à vous offrir, mais l’arrêt soudain de la toux après le message de l’équipage me laisse croire que ce qui était primordial pour eux était de passer sous le radar des douanes.

Cette peur de la maladie a non seulement engendré une pénurie artificielle en magasin et une augmentation indécente des prix en ligne, elle exacerbe la propension humaine à élaborer des théories du complot. Le virus a été créé en laboratoire! Le gouvernement cache la vérité! Fake news! Les Chinois ont fait exprès!

Ah, les Chinois. Plusieurs situations ont été reportées où des actes haineux ont été transmis envers des Asiatiques, perçus par certains comme responsables de la maladie. Des attaques dans les transports en commun, des messages d’intimidation, des billets d’opinion, etc. On a toujours une bonne raison pour pointer du doigt.

On n’a qu’à porter attention au mouvement survivaliste et à l’offre grandissante d’ensembles de nourriture sèche destinés à affronter les catastrophes naturelles pour comprendre que l’homo sapiens est obsédé par sa survie. D’un point de vue biologique, ça se comprend. N’est-il pas naturel pour toute forme de vie d’assurer sa subsistance et sa survie?

Mais de là à accumuler dans ton garage une douzaine de caisses de lingettes désinfectantes et tout le papier de toilette que tu as pu trouver, Bob? Vraiment?

Ceci dit, comme pour la grippe saisonnière, il est recommandé de prendre des précautions et d’être attentif à la maladie dans les situations où vous pourriez exposer une personne immunodéprimée ou au système immunitaire affaibli. Si tu ne te sens pas bien, laisse faire Dr Google ; va voir ton médecin et reste à la maison.

Pour plus d’information sur le coronavirus, je vous invite à consulter : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/2019-nouveau-coronavirus.html

Note de l’auteure : Depuis l’écriture de ce texte, la gouverneure de l’état du Nouveau-Mexique et le président des États-Unis ont déclaré l’état d’urgence. Les écoles sont fermées pour une période de trois semaines et les étagères des épiceries sont vides dans tous les départements (denrées non périssables, produits ménagers, produits frais, boucherie, etc.).

Genevieve Brown

Coronavirus, mais dans quelle merde nous as-tu mis?! 

Je vais parler du coronavirus, mais pas de son aspect médical. Non,

Je vais parler du coronavirus, mais pas de son aspect médical. Non, plutôt de ses répercussions. Le virus en tant que tel ne me fait pas peur, sauf pour les membres de ma famille pris avec des maladies pulmonaires ou avec un système immunitaire affaibli.

Je travaille comme technicienne en laboratoire dans une pharmacie communautaire. Je suis en première ligne avec les patients. Je n’ai pas de protection essentielle contre ce virus, ni gants, ni masque, ni désinfectant. TOUT EST EN RUPTURE D’INVENTAIRE PARTOUT. C’est très inquiétant. J’ai une famille avec deux jeunes enfants. Je suis stressée au maximum. Mes patrons font leur maximum pour nous aider, mais c’est impossible en ce moment. J’angoisse × 100 000.

Mon conjoint travaille dans l’industrie de l’audiovisuel. Tous ces contrats sont annulés jusqu’en juin. Il risque très fortement de perdre son emploi. Ce qui veut dire que je risque de perdre ma maison, ma voiture. Soyons réalistes, l’économie va être très affectée et l’industrie dans laquelle mon conjoint travaille ne repartira pas à plein régime lorsque la pandémie sera écartée.

Mes enfants… ils ne comprennent pas ce qui se passe. Maman et papa ne sont pas comme d’habitude. Même si je m’efforce du mieux que je peux de garder une vie normale, rien n’est pareil. Comment expliquer à mes enfants pourquoi les gens sortent de l’épicerie du coin avec des paquets de papier de toilette en quantité phénoménale? « Maman, est‑ce qu’ils ont la gastro? » a été leur question.

Un vent de panique s’est installé et tout part en vrille. Je suis angoissée comme je ne l’ai jamais été. Je suis en état de stress à un niveau inexplicable. Le futur me fait peur, je ne sais pas à quoi va ressembler demain. J’ai peur pour mes enfants. Je n’avais jamais connu de peur aussi intense. J’en ai mal physiquement.

S’il vous plaît, je vous en prie, au nom de ceux qui sont malades, mais aussi au nom de ceux qui risquent de tout perdre, prenez vos responsabilités d’êtres humains. Lavez-vous les mains. Si vous êtes à risque d’avoir contracté le virus, prenez les précautions mentionnées par le gouvernement. S’il vous plaît, ne soyez pas égoïstes avec les paquets de papier de toilette et offrez votre aide à vos voisins âgés, handicapés ou malades. Soyons des êtres humains. Soyons respectueux envers chacun.

Une maman essoufflée