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Mon fils

Ça y est, c’est fait ! Mon fils a fait un pas de plus pour que

Ça y est, c’est fait ! Mon fils a fait un pas de plus pour que son corps soit compatible avec qui il est vraiment. Mon fils est transgenre. Sa transition sociale est faite et sa transition physique est commencée depuis 3 ½ ans. Son prénom a été changé et la mention du sexe aussi. Il est en couple avec une belle jeune femme depuis 2 ans et ils sont heureux d’être ensemble.

Dernièrement, il a eu l’opération qu’il souhaitait tant. Faire disparaître ses seins. L’opération devait avoir lieu en mai, mais avec la COVID, la mastectomie a été remise au mois d’octobre.

Ça m’a laissé un peu plus de temps pour m’y faire, un peu plus de temps pour stresser aussi. Mais bon ! J’ai quand même réussi à me gérer.

Nous sommes allés le reconduire en famille à la clinique GRS de Montréal, en plein trafic un mercredi matin d’octobre. Dès qu’il est descendu de l’auto, j’ai pleuré pour la première fois depuis des mois. Je le regardais marcher seul vers la clinique, un jour gris, un jour de pluie, et le flot de larmes s’est déversé.

Je ne pouvais pas l’accompagner. Je ne pouvais même pas être présente avant et après l’opération. Je sais que c’est maintenant un adulte, un homme de 20 ans, mais c’est toujours mon bébé. J’avais le cœur en miettes et la morve au nez.

Mon chum et ma fille se sont demandé pourquoi je pleurais ainsi. Pour eux, c’était enfin une affaire de faite ! Et on allait tous pouvoir passer à autre chose. Mathis serait encore plus heureux. C’est ce que je souhaitais moi aussi !

Mais il allait vivre cette expérience tout seul sans moi. Je voulais être près de lui, lui donner la main, le rassurer au besoin, mais non ! Mausus de COVID ! J’avais l’impression d’abandonner mon enfant. Mon cœur de mère se sentait encore une fois coupable.

Il est sorti le jour même, c’est son père qui est allé le chercher, j’en étais incapable. Lorsqu’il a passé la porte, il avait le teint gris, encore un peu sous l’effet de la médication, mais heureux que ce soit fini.

J’ai pris congé pour être auprès de lui. Au CLSC de ma région, on m’a dit que nous devions enlever les bandages nous‑mêmes. Je me suis donc pointée à ma pharmacie et j’ai demandé un rendez-vous avec l’infirmière. Je ne voulais pas du tout enlever les bandages. Oh ! Que non ! J’avais trop peur de me remettre à brailler comme une Madeleine. J’avais besoin du soutien de quelqu’un, d’être accompagnée, juste au cas où !

Un choc ! Mais plus petit que ce que je croyais. C’est comme si ça devait être comme ça depuis longtemps. On a ri, on a eu les yeux pleins d’eau. L’infirmière était remplie d’empathie et de bienveillance envers nous deux.

Maintenant, Mathis se promène en chest au sortir de la douche, fier comme un paon.

Line Ferraro

Déploie tes ailes, mon grand!

Mathis aura droit à un très beau cadeau de Noël cette année. Il

Mathis aura droit à un très beau cadeau de Noël cette année. Il pourra enfin se départir d’une partie de son corps dont il n’a jamais voulu. Il va pouvoir continuer sa transition. Mon enfant est transgenre.

Cela fait maintenant deux ans que Mathis a commencé sa transition physique. Deux ans qu’il prend de la testostérone. Deux ans à le regarder se transformer physiquement. Deux ans à chercher le moindre signe qui me permettrait de croire qu’il changerait d’idée, qu’il garderait ses tout petits seins. Mais non! Il est prêt! Il le désire depuis si lonnnnngtemmmmmps!

Bientôt, la chirurgie pour faire disparaître ses petits tetons aura lieu. Pour lui, la période d’attente a été une éternité. Pour moi, c’est beaucoup trop rapide. Une autre étape à vivre dans la transition de ma doudoune. Une autre étape à vivre dans mon deuil.

Nous avons rencontré la chirurgienne en septembre dernier. Elle est spécialisée dans ce type de chirurgie. Dans la salle d’attente, quelques parents accompagnent leurs enfants. Par curiosité, je les observe. Je voulais voir leurs yeux. Je voulais essayer de voir leurs émotions, je voulais voir si l’on ressentait la même chose. Mais chacun semblait dans sa bulle. Un peu malaisé. La peur du jugement? L’inconnu? Je ne sais pas!

J’ai peur! Peur de m’effondrer devant lui. J’ai peur pour lui. J’ai peur des autres. J’ai peur de sa réaction après la chirurgie. J’ai peur de MA réaction. Est-il vraiment prêt à subir une mastectomie? Est-il conscient de tout ce que ça implique? Qui va faire un suivi avec lui par la suite? Sera-t-il plus heureux? Plus libre? Plus ancré dans la vie? Dans sa vie? Aura-t-il besoin d’un soutien psychologique?

Il était tout heureux de m’appeler au travail pour m’annoncer la grande nouvelle. Pour me dire qu’il avait reçu un appel pour son premier rendez-vous. Moi je lui ai dit que j’étais très occupée et que je ne pouvais pas lui parler… j’en étais incapable! J’avais trop le motton… je me suis trouvée vraiment poche!

À qui puis-je parler de cette situation? Qui peut me comprendre? Qui peut consoler ma peine? Il y a très peu de ressources pour les parents d’enfants transgenres. Cette étape est la plus difficile à vivre pour moi. C’est certain qu’il y a la famille, les amis. Mais personne n’a vécu cette situation.

Mathis attend impatiemment de pouvoir se promener le torse nu en sortant de la douche, de ne plus porter son chest binder, de pouvoir se baigner sans porter de chandail. Il veut être fier de porter ses poils sur son chest et de les montrer.

Depuis qu’il sait que l’opération est proche, il y a quelque chose de nouveau qui se dégage de lui. Il semble avoir déployé ses ailes, il semble plus léger. C’est drôle, car dans le bureau du médecin, il y avait une toile d’un beau papillon…

Vas-y mon grand! Déploie enfin tes ailes! Je serai toujours là pour t’accompagner et te soutenir, même si parfois mon cœur chavire encore et toujours. Je t’aime mon grand!

Line Ferraro

 

Ma fille… Mon fils

Ma doudoune n’est plus! Je ne la vois plus! J’ai beau la cherche

Ma doudoune n’est plus! Je ne la vois plus! J’ai beau la chercher, elle s’est volatilisée. Il n’y a que ses yeux qui me confirment qu’elle a bien existé. Le regard lui ne change pas. Par contre, il y a une belle lumière qui n’existait pas auparavant.

Depuis plus d’un an, la testostérone a transformé son corps. Sa voix aussi. Je dois porter plus d’attention lorsqu’il parle, je le confonds souvent avec son frère. Ils ont le même timbre de voix. Et ça lui fait un p’tit velours lorsque je me trompe.

Je ne reconnais plus mon bébé et c’est parfois difficile. Je la cherche dans mes souvenirs, je regarde souvent des photos de son enfance pour me faire du bien, car mon cœur chavire encore à l’occasion.

Je l’aime de tout mon être, mais c’est parfois difficile de le suivre dans ses états d’âme, dans ses réactions dans tout ce que cela comporte comme changement. C’est tellement l’inconnu autant pour lui que pour moi.

Devant moi, physiquement, c’est un garçon. Mais qu’en est-il au niveau psychologique? J’aimerais être dans sa tête pour comprendre tout ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il vit. Mais comme plusieurs garçons de 18 ans, il ne s’exprime pas beaucoup, du moins pas avec moi.

Les changements ne se font pas assez vite pour lui. Pourtant son cou est plus large, ses épaules aussi. Ses mains, ses pieds, tout est différent. De petits poils se sont installés sous son nez et sur son menton. Il est fier d’avoir une moustache molle comme son frère.

Son tour de taille s’est épaissi. Il a engraissé et il a grandi un peu. Il revit une puberté, mais cette fois‑ci, c’est beaucoup plus fort, beaucoup plus épuisant. Il est impatient, frustré et boutonneux. Une chance qu’il n’a plus de menstruations. Il traverse cette étape une deuxième fois et c’est cent fois plus intense.

Ce n’est déjà pas facile de soutenir un adolescent et de l’accompagner dans tous les changements qu’il peut vivre, alors imaginez avec un jeune de 18 ans transgenre. Ouf! Pas toujours évident.

Les papiers pour qu’il puisse subir une mastectomie sont maintenant envoyés. Il connaît le nom de la chirurgienne qui l’opérera. Mais pas encore la date. Il est prêt. Il n’en peut plus d’attendre. Mon chum s’est occupé de faxer tous les papiers. J’en étais incapable!

C’est mon enfant et je souhaite qu’il soit bien dans son corps. Mais cette ablation des seins me bouleverse, me vrille le cœur, me rentre dedans comme un truck. La panique me pogne et la peur m’envahit.

À cette étape, c’est comme si cette opération confirmait que mon enfant a réellement une dysphorie de genre. Que c’est un fait observable, qu’il n’y aura plus de retour en arrière. Que Leane n’existera plus… J’ai de la peine dans mon cœur. Je me dois de faire mon deuil. Faire le deuil de ma fille. Dans mon ventre, il y avait deux filles… des jumelles pas pareilles!

Je dois passer par plusieurs étapes du deuil et ce n’est pas toujours évident. Par contre, je sais et je comprends la chance que nous avons qu’il soit toujours en vie et plus heureux.

C’est une grande partie de sa féminité qu’il veut voir disparaître à tout prix. Il n’en a jamais voulu de toute façon.

Cette étape est pour moi la plus déchirante. Et pour lui, c’est l’une des plus importantes.

En attendant, il fait du taping pour cacher ses seins. Il utilise un chest binder pour camoufler sa poitrine. Cette partie de son corps qu’il ne voulait pas voir se développer est si intensément compressée qu’il a subi une inflammation intercostale (muscles des côtes). Cette situation devait être très douloureuse, car il m’a appelée au travail en me disant « Viens maman! Je souffre! »   Mon bébé avait besoin de moi. Direction urgence. Deux heures plus tard, anti-inflammatoires et médicament pour l’aider à dormir.

Je sais que je serai là pour l’accompagner lors de son opération, je sais que je prendrai soin de lui.

Mon enfant laisse partir des morceaux de son corps pour mieux se reconstruire. Mais cette étape à franchir me fait mal à mon cœur de maman.

Line Ferraro

Genre?

Sur ce sujet, j’ai souvent en tête l’image de mon parent éloig

Sur ce sujet, j’ai souvent en tête l’image de mon parent éloigné…

Une belle grande « femme » de plus de 100 kilogrammes. Autrefois Pierre, elle adopte ses atours pour de bon vers la fin des années 1990. Je crois qu’elle a toujours l’appareil externe, mais je n’irai certainement pas vérifier. Je sais, cependant, que son choix ne change rien pour moi. Ne cause aucun malaise dans mon identité.

J’étais quand même un brin curieux. Eh oui, le Barreau la reconnaît uniquement dans sa nouvelle identité. De nouveaux prénoms. Elle a sans doute provoqué aussi le changement à l’État civil. Et puis alors? Je crois qu’elle aime bien provoquer. Il y en a plein d’autres comme ça.

Je ne veux pas m’attarder à ces détails. Si superficiels. Encore moins me demander dans quelle toilette elle va. Elle doit aller. J’ai encore souvenir de ces filles qui profitaient de celles des hommes, dans les bars. Pour éviter la file. Aucune émeute provoquée par une telle impertinence sociale. Ça faisait sourire, tout au plus.

Cet être reste plutôt une occasion de réfléchir à la question.

Dans la nouvelle définition, LGBTTIQQ2S, il semble y en avoir pour tous les goûts. Les leurs. S’ils tiennent à entrer dans une case. Comme si une étiquette pouvait donner la réponse. Une sexualité à la carte. Un menu du jour, plein de tendances. Moi, j’y serais allé au plus simple : « Différent(e) ».

À nouveau, l’angle obtus de la vision religieuse érige un mur. C’est beaucoup plus simple de tirer la femelle par les cheveux. Derrière soi. Quitte à prôner une solution finale pour tout ce qui n’entre pas dans la dichotomie de base. Ou, par un certain humanisme, chercher au moins à les soigner.

Qui sont les malades?

Aux tout-petits, je leur parlerais des pièces du casse-tête. Certains n’ont la patience que de faire le pourtour. En commençant par les quatre coins. De beaux angles droits. Rassurants. Souvent, ils se découragent quand ça devient plus confus. Mais la réussite exige l’utilisation de toutes les pièces. Peu importe leur forme, leur couleur. Leur position. L’image globale, on n’y accède qu’avec tous les morceaux.

Imaginons une image de plus de 7,4 milliards de pièces.

Je mettrais le sujet obligatoire, à l’étude en éthique. Dès le primaire. Comme le prolongement de la liberté d’opinion. Cette pluralité essentielle. Celle qui n’aime pas les dogmes. Plutôt, que ces derniers n’aiment pas. Le miroir qu’on veut casser plutôt que d’accepter la réalité. Quand l’interprète veut réécrire le texte à sa façon. Rejeter l’évolution.

Si j’aime l’art pariétal, je ne veux pas revenir au temps de Lascaux…

Est-il si difficile d’accepter l’ouverture? De franchir l’entrée de la grotte. De constater que ce qui y confine l’humain, c’est la peur. Alors que, le plus souvent, ce ne sont que des gens fragiles qui semblent si inquiétants. Qu’ils ne menacent pas grand-chose, sinon le conformisme.

Et là, je les rejoins totalement. Je ne voudrai jamais que certains m’imposent leur pensée. Que la société soit dirigée par les faiseurs de contours. Que l’ignorance prévale. Que les dinosaures soient de retour. Qu’on me force à rester au fond de la caverne. En m’imposant quelles images je dois aimer.

En cette journée toute féministe, j’aimerais que ces êtres puissent aussi continuer de s’épanouir. D’avoir la même finalité que moi. Que nous tous. Chercher à être heureux. À aimer et à être aimés. Égaux. Acceptés pour qui nous sommes. Essentiellement différent(e)s.

Il en va de notre avenir commun…

michel

Ma fille est maintenant mon fils

Ma doudoune, oups! Mathis va avoir dix-sept ans. Il sait maintenant

Ma doudoune, oups! Mathis va avoir dix-sept ans. Il sait maintenant ce qui se passe en lui. Il s’est informé sur ce qui se passait dans sa tête et dans son corps. Il peut mettre des mots sur ce qu’il ressent. Il a pris contact avec un jeune qui vit la même chose que lui. Il communique avec lui, lui pose des questions. Il ne se sent plus seul. Il peut enfin affirmer, confirmer qu’il est bien un garçon dans un corps de fille.

C’est pour cela qu’il m’a envoyé un texto pour me dire qu’il n’était pas bien dans son corps, qu’il n’était pas dans le bon corps. Biologiquement, mon enfant est né fille, mais son cerveau lui dit le contraire. Maintenant, je comprends tellement de choses! Mon fils a une dysphorie de genre, qu’on appelait autrefois un trouble de l’identité.

Après le choc de son coming out, j’ai versé beaucoup de larmes, je pleure encore cachée dans ma chambre. J’ai été en colère, car je me sentais coupable. Qu’est-ce que j’avais fait pour qu’il se sente ainsi? J’ai cherché de l’information sur le net, il n’y en a pas beaucoup. J’en ai parlé avec mon chum, mais il garde tout pour lui. Avec la jumelle de Mathis, qui est tout à fait à l’aise avec la décision de Mathis. Pour mon fils le plus vieux, c’est une autre histoire, mais comme il me l’a déjà dit : « Je comprends pas, mais je vais toujours l’aimer. »

Ce n’est pas toujours facile, l’angoisse me monte souvent à la gorge et m’empêche de respirer, mais je ne peux que l’aimer, le soutenir, l’accompagner dans sa transition.

Maintenant qu’il se sent de mieux en mieux dans son corps et dans sa tête, il est beaucoup plus calme, agréable, souriant, drôle, joyeux, moqueur, disponible pour ses études et ses apprentissages. Il ne fait presque plus de grosses colères, il est beaucoup moins impulsif et il me permet maintenant de l’embrasser, de lui faire des massages aux pieds, de gratter son dos, il veut parfois que j’aille le border, on fait des blagues ensemble. Cela faisait tellement d’années que je n’avais plus de contact affectueux avec lui. Il ne me laissait plus l’approcher.

N’ayez crainte, il est comme tous les autres adolescents que je connais, il passe par sa crise d’adolescence lui aussi! Et ce n’est pas toujours une partie de plaisir!

J’ai dû contacter le CLSC pour avoir une personne ressource pour aider Mathis à prendre la bonne décision. Une sexologue clinicienne a pris Mathis en charge et elle le voit régulièrement à l’école depuis le mois d’octobre.

Mon fils a fait sa transition sociale. Il se fait appeler Mathis par sa famille et ses amis. Nous utilisons le pronom « il », il nous parle de lui au masculin. Je le trouve fort et courageux. Je le découvre, j’apprends à le connaître.

Il s’habillait déjà avec des vêtements de jeune homme, donc pas si nouveau comme changement, et facile d’adaptation pour sa famille et ses amis.

Il en a parlé à deux de ses professeurs en qui il a confiance. La directrice, l’éducatrice spécialisée, le médecin de famille, la coiffeuse sont maintenant au courant.

Il s’est fait pousser le poil sur les jambes et sous les aisselles, un p’tit choc pour maman!

Il avait les cheveux longs jusqu’aux fesses, maintenant ils sont très courts. Il a perdu tout le blond doré de ses belles bouclettes… Un autre choc pour maman!

L’autre changement qu’il voulait faire le plus rapidement possible, c’était de cacher ses seins. Sa sœur jumelle, Mathis et moi sommes partis à Montréal, dans une ressource pour personnes trans pour qu’il puisse faire l’acquisition d’un chest binder (camisole d’un tissu extrêmement rigide qui permet de cacher ses seins) Nous étions tous les trois dans la salle de bain lors de l’essayage. On a eu quelques fous rires, ça nous a fait du bien.

Mais ça ne s’arrêtera pas là! Mathis veut se faire enlever les seins à dix-huit ans! Un ostie de gros choc pour Maman!

Je trouve ça pénible de savoir que mon enfant va souffrir physiquement lors de cette intervention. Même si je sais que présentement et depuis quelques années, il souffre psychologiquement. C’est comme un point de non-retour!

La sexologue nous a donné le numéro de la clinique du Dr Gosh. Il est le seul pédiatre au Québec spécialisé en la matière. L’attente fut longue pour Mathis. Il s’est mis en colère à plusieurs reprises, car ça n’allait pas assez vite pour avoir un rendez-vous, et c’est moi qui payais pour cela. Il devenait agressif envers moi. Une chance que j’avais du soutien moi aussi de la part de la sexologue et qu’elle m’aidait dans tout ce cheminement.

J’avais aussi besoin de m’exprimer sur ce que j’étais en train de vivre comme maman. J’avais besoin de comprendre, j’avais besoin de pleurer, j’avais besoin de dire tout haut ce que j’avais sur le cœur, sans jugement, sans taire ce qui me blessait au plus profond de mon être.

Mon bébé a choisi de vivre une vie différente de celle que je lui ai offerte.

Mon bébé a choisi un chemin de vie difficile. Et j’ai peur pour lui.

Peur qu’il souffre des commentaires et des jugements des autres. Peur qu’il ne trouve personne pour l’aimer comme il le mérite, peur qu’il vive de l’intimidation, peur qu’un jour il regrette…

Nous avons posé nos questions, Mathis aussi! Nous sommes repartis avec une requête pour des prises de sang et une prescription pour des bloqueurs d’hormones (transition médicale). Mathis a encore le temps et le droit de changer d’idée à cette étape. Mais je ne crois pas qu’il le fera. Mais pour moi, c’est rassurant! Il est très heureux de savoir qu’il n’aura plus à subir de cycle menstruel.

Prochaine étape, ce sera la thérapie hormonale qui va commencer autour du mois de juin.

Je m’arrête ici, car j’essaie de vivre une étape à la fois. Le « ici et maintenant »! Le moment présent!

Ha oui! Mathis est un jeune homme qui pogne avec les filles. Merci aux parents qui vont peut-être croiser le chemin de mon fils. Merci d’être ouverts d’esprit, merci de l’accepter, de ne pas porter de jugement. Merci de respecter le choix de vie de votre fille, de respecter mon enfant. Nous les adultes avons souvent peur des différences, peur de ce que nous ne connaissons pas, peur des qu’en dira-t-on. Mais donnez-vous la chance de connaître mon enfant, il est et il sera un homme d’une belle droiture.

Line Ferraro

Tu étais ma fille, maintenant tu es mon garçon

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Vous trouverez la deuxième partie içi : Ma fille est maintenant mon fils

Lors de ma deuxième grossesse, je souhaitais avoir un autre garçon. J’avais tout ce dont j’avais besoin pour en prendre soin. Des vêtements, de la literie, des jouets… Je trouvais cela beaucoup plus facile de prendre soin d’un p’tit homme en devenir et moins compliqué qu’avec une fille ! Je l’sais ! J’en suis une !

 

J’avais aussi acquis de l’expérience avec fiston. Mais ce que j’avais encore en  grande quantité, c’était de l’amour à offrir à l’enfant qui allait se joindre à notre famille. Peu importe son sexe, peu importe la couleur de ses cheveux, peu importe la grandeur de ses doigts… j’allais l’aimer jusqu’au bout de ma vie.

 

Des jumelles PAS pareilles

 

Mes deux filles sont nées à trente-huit semaines de grossesse. Deux petites filles très différentes. Des jumelles pas pareilles! La seule ressemblance était leur poids: 7 lbs.2 et 7 lbs.6. L’une avec beaucoup de cheveux noirs, l’autre avec un petit duvet châtain. L’une calme, l’autre impatiente. Une dormeuse et une curieuse.  Une rigolote et une réservée. Elles ont grandi, chacune à leur rythme. L’une s’est mise a parler, pendant que l’autre se déplaçait partout dans la maison. Elles se complétaient bien dans leurs différences. Et ces différences se concrétisent encore davantage en vieillissant.

 

 

L’enfance de ma doudoune

 

À l’âge de quatre ans, ma doudoune m’a dit : « Maman, j’ai pu l’goût d’être une jumelle! »

Pourtant, elles étaient si différentes physiquement et rarement habillées de la même façon. Elle ne voulait plus mettre de robes ni de jolis souliers. Fini les lulus et le vernis bleu sur ses ongles. Elle me disait que les chandails de filles étaient trop serrés, qu’elle se sentait coincée. Que les chandails de filles avaient trop de fleurs, trop de papillons et beaucoup trop de brillants. Alors pour lui faire plaisir, je lui refilais les chandails trop petits de son grand frère!

 

Elle continuait de grandir, de vieillir et de s’affirmer de plus en plus!

Pendant que sa soeur jouait à la princesse, ma doudoune faisait le pirate. Pendant que sa soeur se déguisait en Blanche Neige, ma doudoune se déguisait en Spider Man. Pendant que sa soeur faisait des bracelets, ma doudoune jouait au hockey dans la rue avec son frère. Plusieurs personnes que l’on croisait la prenaient souvent pour un p’tit gars!

Elle disait aux personnes qui l’entouraient que lorsqu’elle serait grande, elle aurait un pénis et qu’elle pourrait faire pipi debout, comme son frère! Que lorsqu’elle serait grande, elle ferait partie d’une équipe de hockey, comme son frère! Que lorsqu’elle serait grande… Elle avait plein de projets!

 

Vers l’âge de 12 ans, elle s’affirmait plus fort que d’habitude!

Elle ne voulait plus choisir ses vêtements du côté des filles, elle voulait faire des choix du côté des garçons! J’avais peur qu’elle se fasse juger, j’avais peur du regard des autres envers elle. Alors, pour lui faire plaisir et pour éviter une méga crise, j’acceptais! Oui oui, une MÉGA crise! Ma doudoune a un TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité) avec impulsivité.

 

14 ans.  Elle s’affirme avec encore plus de convictions!

Je vais la chercher chez une amie. Une nouvelle amie qu’elle connait depuis septembre. Une amie qui semble importante dans sa vie. Ses yeux pétillent lorsqu’elle en parle! Ce soir-là, elle est en retard. J’attends, j’attends !  Elle arrive enfin et s’excuse de son retard! Je sens qu’elle va m’annoncer une grande nouvelle.  Une grosse nouvelle! Une nouvelle dont je suis consciente depuis plusieurs années, mais que je cache au fond de mon coeur de maman. Je prends les devants et lui dis :

– Hé! doudoune, t’es amoureuse!

– Qui te l’a dit, maman?

-Une maman, ça sait tout!

Plus jeune, elle n’arrivait pas à mettre des mots sur son tourbillon interne, autant dans sa tête que dans son coeur. Elle était de plus en plus impulsive, bougonne, impolie, colérique. Je ne pouvais plus l’embrasser, la coller, discuter avec elle. Je sentais qu’il y avait quelque chose de plus! Je la perdais de jour en jour!!! Elle ne semblait pas bien! C’était plus que la période de l’adolescence. Elle se faisait du mal et se cachait sous de grands chandails, ceux de son grand frère! Elle se faisait du mal. Elle portait des pantalons, même en été!

 

Ce n’était pas le fait d’être gaie qui la bouleversait…

C’était plus que ça!

 

 

Elle me confrontait, m’accusait de tout et de rien! Puis, vers la mi-septembre, elle m’a envoyé un message texte :

« Maman j’veux pu être pognée dans un corps qui n’est pas à moi! J’veux être bien dans mon corps. J’veux pouvoir me sentir moi-même. C’est que j’suis pas bien dans mon corps! J’suis pas dans le bon corps! J’veux être moi.  J’veux être bien et pas me sentir pognée! »

J’ai compris que ma doudoune cherchait tout simplement à savoir si je l’aimerais toujours jusqu’au bout de ma vie…

 

Ma doudoune est, en fait, un garçon nommé Mathis!

 

Si je me concentre pour me rappeler, fouiller mes souvenirs et sonder mon coeur, les yeux de ma doudoune brillaient lorsque quelqu’un la prenait pour un garçon!

 

 

 

Je t’aime Mathis!

Et je t’aimerai jusqu’au bout de ma vie!

 

 

** Crédit photo lespetitinclassables.com **

Lettre à ma fille : Si jamais tu étais gaie

Au cours de ton développement, il y aura beaucoup d’impasses et d

Au cours de ton développement, il y aura beaucoup d’impasses et d’obstacles que nous allons surmonter ensemble. D’autres fois, tu devras grandir et surmonter les épreuves sans moi ni ton père. Dans ta vie, il y aura peut-être un moment stressant, une parcelle de ta vie que tu n’avais jamais dévoilée et qui devra faire surface. Tout sera rendu beaucoup trop évident dans ta tête pour penser que ce n’est qu’une phase comme la plupart des parents disent. Tu choisiras une date, une heure. Tu espionneras nos comportements pour être certaine que le moment parfait est arrivé pour nous en parler.

Sache que si cette journée existe dans notre famille, ce moment où tu décideras de nous exprimer ton choix d’être gaie ou trans, ce sera le plus beau jour de ma vie. Pour moi, mon travail de maman sera accompli avec succès. Tu seras une femme accomplie, une personne forte qui ne vit pas dans la peur ni selon les intentions de la société. J’accueillerai avec joie tes copines ou je t’accompagnerai dans tes changements.

J’espère que d’ici ce temps la société aura évolué et que le choix de vie de chacun sera accepté. Que les termes « sortir du garde-robe » ou « coming out » seront désuets et qu’à partir du plus jeune âge nous accepterons la différence. Je souhaite de tout mon oceur qu’il y ait en abondance des contes de princesse-qui-tombe-amoureuse-d’une-autre-princesse et que nous aurons le réflexe de dire ‘’Quand tu vas être plus grande et que tu vas avoir un chum OU une blonde…’’ plutôt que d’imposer une idée qui met des doutes dans la tête alors que ça ne devrait pas.

D’ici là, si les tabous ne sont pas tombés, pour nous, tu seras toujours notre raison de vivre et nous serons heureux peu importe ton choix. Ton orientation sexuelle ne changera pas qui tu es ni la manière dont je te perçois. Tu es et resteras toujours notre petite fille que nous aimons inconditionnellement. Les gens qui t’entourent pourront être cruels avec tes décisions, mais sache que si un jour tu dois nous faire ce type de révélation, nos bras, grands ouverts, t’attendront pour t’encourager, te consoler et t’aimer. Petite-fille, la façon dont tu décides de vivre ta vie est la tienne. Ne laisse jamais personne te dire le contraire. Tu feras déjà face à beaucoup d’épreuves difficiles à surmonter, ton orientation sexuelle ne devrait pas faire partie de ceux-ci mais devrait plutôt être une célébration. Nous t’acceptons comme tu es et comme tu seras.