Je suis l’héroïne silencieuse
Ce matin, je bois mon café comme à l’habitude, avant ma journée de travail. Pourtant, rien n’est normal. Je n’ai pas faim, je suis nerveuse. Ce matin, bizarrement, mes enfants viennent avec moi. Je ne veux pas, je veux les protéger. C’est mon rôle de maman, non?
Pourtant la société a besoin de moi. Pendant que d’autres seront sur la ligne de front, moi je veillerai sur ce qu’ils ont de plus précieux… leurs enfants.
Cette crise de la COVID-19 nous happe de plein fouet. Je comprends que je dois, moi aussi, répondre présente.
Mais je comprends aussi que je prendrai soin des enfants des gens qui ont le plus de risque d’être exposés : médecins, infirmières, infirmiers et autres. Donc mes risques d’être exposée sont élevés.
Mes enfants seront avec moi, car c’est la consigne : je dois me rendre au travail avec elles. Tu me diras que mon conjoint a seulement à rester à la maison. Mais à la fin de ma journée, je vais où?
Pour le moment, nous ne savons pas où cette crise nous mènera. Mon travail sera d’expliquer l’importance du lavage des mains à mes petits. On le fera en jouant, parce que tout ça doit rester un jeu pour eux.
Nous sommes les grands, c’est à nous d’avoir peur. Tu sais, nous serons le papa dans La Vita è bella. Parce que c’est un peu une lutte contre la guerre tout ça. Un combat contre un être microscopique, mais un combat tout de même.
Alors je te demande, s’il te plaît, à toi, de respecter les consignes du gouvernement. Tu les connais, je ne les répéterais pas.
Fais‑le pour ceux et celles qui sont sur la ligne de front.
Fais‑le pour nous, les héroïnes silencieuses… les éducatrices.
Mélanie Paradis