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Débuter l’année scolaire la peur au ventre – Texte : Annick Gosselin

Pour la majorité des enfants et des parents, le retour à l’école est synonyme de bonheur. Mais

Pour la majorité des enfants et des parents, le retour à l’école est synonyme de bonheur. Mais pour beaucoup de familles, la rentrée scolaire rime avec anxiété.

Je parle ici des parents qui ont un enfant différent, qui ne rentre pas dans le moule de notre société. Ces familles ont vécu une ou plusieurs années scolaires difficiles et le retour à l’école n’est vraiment pas une expérience agréable.

Leur réalité est un enfant qui a des difficultés scolaires, des difficultés d’adaptation, qui est différent et qui finit par manquer de confiance en lui, qui réalise qu’il n’arrive pas à être comme les autres élèves de sa classe, qui subit une intimidation discrète, qui revient de l’école frustré, révolté et le cœur plein de tristesse.

Les parents voient leur enfant qu’ils aiment plus que tout dans cet état chaque soir en rêvant de l’école et le voyant partir le matin avec une grosse dose d’anxiété. Ça finit par être devenir une situation familiale difficile.

Malgré toute la bonne volonté des enseignants et leur support indéfectible, la réalité pour ces élèves est qu’ils souffrent en silence chaque jour, ou presque. C’est si difficile de voir un enfant souffrir en silence. Il manque cruellement de ressources dans nos écoles et chacun fait de son mieux pour rendre le quotidien de ces enfants plus léger.

Votre bataille comme parents ou comme enseignants pour aider ces enfants ne semble pas donner de résultats au quotidien. Mais le temps est votre meilleur ami. Tout l’amour et les outils que ces enfants reçoivent aura assurément un impact positif à long terme sur le cheminement des élèves en difficulté.

Je suis passée par là, comme élève et comme maman. Je crois qu’en fin de compte, ces élèves qui en ont tellement arraché finissent par devenir les personnes les mieux adaptées pour affronter leur vie d’adulte. L’adaptation et la résilience font partie intégrante de leur vie, depuis leur plus jeune âge, et on les a rapidement outillés pour réagir avec sérénité avec les difficultés que la vie leur envoie.

Chers élèves avec plus de difficulté ou différents, croyez en vous et en vos capacités. Ce n’est pas parce que vous avez l’impression d’être en marge des attentes de la société que vous valez moins, au contraire : vous représentez l’avenir le plus solide de notre société.

Annick Gosselin

Nouvelle étape, la suite — Texte : Annick Gosselin

Certes, je m’attendais à une réaction de mon petit homme, mais pas aussi intense que celle-là.

Certes, je m’attendais à une réaction de mon petit homme, mais pas aussi intense que celle-là.

Le premier soir, lorsque je suis arrivée de travailler, je me suis penchée pour lui donner un bisou et il a attrapé le balai, oui ! Oui ! Le balai ! Il m’a donné un bon coup avec le manche dans le front ! Tout un accueil !

Il était habitué que j’aille le chercher chaque soir. Non seulement je n’étais pas allée le chercher, mais en plus, je n’étais pas à la maison. Ça n’avait plus aucun sens dans sa petite tête de petit bonhomme de trois ans.

Depuis, il s’est écoulé trois semaines. Je réussis à l’approcher, à lui voler un bisou à la sauvette. Mais il me repousse la majorité du temps. Rien ne m’avait préparée à cela.

Je sais que c’est passager, mais c’est plus difficile que je ne le croyais, surtout que ça faisait trois ans que je le cajolais chaque jour. J’étais sa source de réconfort. Maintenant, il me repousse.

Ça va passer, il va s’adapter. Mais pour l’instant, mon réservoir de câlins de mon petit homme est complètement à sec et mon cœur de maman trouve cela difficile.

Je sais que pour lui, c’est tout un changement. Et c’est sa manière de me dire qu’il proteste. Mais nous allons doucement nous adapter à cette nouvelle vie. Qui, j’espère, ne laissera pas trop de cicatrices.

Une chance, il a un excellent papa. J’adore mon nouveau travail où je m’épanouis vraiment. Je rentre le soir en ayant hâte de voir ma famille, je suis calme et heureuse. Cela fait en sorte que je culpabilise moins de rendre mon petit bout de chou triste. Je sais que le temps arrange tout. Il en sera ainsi pour mon petit homme et moi.

Annick Gosselin

Une nouvelle étape — Texte : Annick Gosselin

Quelle mère ne s’est pas sentie déchirée à l’idée de retourner au travail après son congé

Quelle mère ne s’est pas sentie déchirée à l’idée de retourner au travail après son congé de maternité ? C’est la quatrième fois que cela m’arrive et c’est chaque fois le même sentiment : mi-nostalgique/mi-heureuse.

Ce retour est différent des autres. J’ai eu l’immense privilège de rester avec mon petit homme trois ans. Trois magnifiques années à pouvoir lui donner un bisou, un câlin, sentir son odeur quand j’en avais envie ou à pouvoir remplir son petit réservoir d’amour lorsqu’il me tendait les bras. Je suis pleinement reconnaissante d’avoir été celle qui était témoin de ses grandes premières.

Malgré ces grands bonheurs, j’avoue que le travail m’a manqué, surtout ces derniers mois. Le besoin d’échanger avec des adultes, de m’accomplir professionnellement et d’être stimulée intellectuellement s’est fait sentir. Je suis donc très heureuse de reprendre le travail, surtout que cette pause m’a permis de réorienter ma carrière.

Fiston a quant à lui débuté la garderie depuis quelques mois déjà. Il a une éducatrice extraordinaire qui s’occupe de lui et l’aime autant que moi. Son petit réservoir continuera de se remplir d’amour. Il adore jouer avec ses amis et il fait de belles activités chaque jour, et cela me remplit de bonheur. Sa vie de petit homme en dehors de sa famille est bien débutée.

L’adaptation sera probablement plus difficile pour moi que pour lui. Généralement, les enfants s’adaptent beaucoup mieux que les adultes. Mais le fait d’occuper un emploi que j’aime et de savoir que mon fils est heureux aidera grandement à ce que la transition se fasse en douceur.

Comme toute maman qui retourne travailler avec un enfant en plus à sa charge, j’appréhende un peu ce retour et je me demande comment j’arriverai à tout faire. Certes, il faudra une période d’ajustement pour toute la famille, mais au bout d’un mois, ça ne paraîtra plus. Nous aurons une nouvelle routine, dans laquelle chacun naviguera avec aisance.

Annick Gosselin

Je te lève mon chapeau, l’ado ! Texte : Marilyne Lepage

Tellement obnubilés par nos problèmes d’adultes, on a fini par

Tellement obnubilés par nos problèmes d’adultes, on a fini par oublier l’essentiel, toi. On a tenu pour acquis que tu avais la maturité de tout gérer, on a même minimisé ce que tu traversais. Voyons, l’école à la maison, il y a bien pire que ça, on se disait !

Vois-tu, tu es dans une période de ta vie où le côté social occupe une place très importante. Du jour au lendemain tu as dû faire le deuil des rassemblements avec ta gang à l’école, le plaisir de traîner dans les rues, de voir ton chum ou ta blonde et vivre au jour le jour sans te soucier de demain. Ce qui fait la beauté de l’adolescence, quoi !

Le problème, c’est que pour toi, la motivation d’aller à l’école passe par le côté social. Sur Teams, ce n’est pas tout à fait le même feeling. J’ai rêvé de mon bal de finissant à partir de ma première année du secondaire. Si j’avais eu à faire le deuil de cet évènement, ça aurait passé de travers. Alors à toi qui finissais, je ne peux qu’imaginer ce que tu traverses.

Je ne sais pas comment va ta motivation, je ne sais pas comment tu vas, mais j’ai envie de te dire que tu as le droit de te sentir comme tu te sens. Tu fais quotidiennement des concessions sur ce qui compte le plus pour toi. C’est normal que ça finisse par te fatiguer, que ta patience ait des limites.

On sait qu’on ne peut changer le contexte. C’est un fait. Mais ce n’est pas le temps de lâcher, parce que s’il y a bien une chose dont je suis certaine, c’est qu’il y a eu un début, il y a un maintenant et il y aura un après. Ce que je veux te dire, c’est que c’est temporaire !

Même si ça peut te sembler banal actuellement, accroche-toi à ce qui compte le plus pour toi et bats-toi pour ça. Penses-y, fixe-toi des objectifs et déploie tous les efforts pour y parvenir. Parce que le soleil va finir par revenir, il finit toujours par revenir.

Petits et grands, on a perdu quelques plumes durant cette crise planétaire. T’es pas seul, promis !

Je te lève mon chapeau bien haut, l’ado ! T’es vraiment fort, tu as su t’adapter plus que jamais et tu as encaissé les coups sans broncher. Je m’excuse que tu sois tombé entre deux chaises durant cette pandémie. Ta résilience est inspirante, mais ça ne veut pas dire que tu doives réduire au silence ta souffrance.

Si plus rien ne va, parle à tes parents, à tes intervenants ou à une ligne téléphonique. La seule chose qui compte, c’est que tu parles.

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Marilyne

Faire confiance à l’univers

Après une quinzaine d’années de vie commune, divorce. Nos chemin

Après une quinzaine d’années de vie commune, divorce. Nos chemins n’étaient plus parallèles. Notre petite famille a éclaté. Garde partagée. Nos deux belles cocottes ne comprenaient pas trop ce qui se passait. Ça m’a rentré dedans. J’étais à terre, complètement désemparé. J’avais besoin d’aide. Je voulais comprendre ce qui s’était passé. Pourquoi ce fossé s’était‑il creusé entre nous au fil du temps ? Pourquoi « Pour le meilleur et pour le pire » ne voulait rien dire pour elle ? Je me suis ramassé à la petite cuillère et suis allé voir une psychologue. Je me souviens encore de la toute première séance. J’étais déterminé. Je voulais comprendre. Ce jour‑là, sans trop le savoir, j’ai débuté un merveilleux cheminement qui m’a permis de vivre une transformation. Et aujourd’hui j’en suis fier.

J’ai compris que notre mariage n’était pas fait pour durer. Depuis le début, il avait une date de péremption. Que nous n’étions pas compatibles, finalement. Nous avons vécu ce que nous avions à vivre. Ce divorce a été un épisode douloureux, mais avec du recul, je remercie l’univers de me l’avoir fait vivre. Mon âme avait besoin de vivre cette expérience très émotionnelle pour grandir et s’épanouir. Je ne suis plus la même personne que j’étais. J’ai réussi à dépoussiérer ma sensibilité qui s’était réfugiée dans un coin reculé de mon cœur. « Tu as zéro intelligence émotionnelle », me disait mon ex-conjointe. C’était tellement faux. J’étais blessé, voilà. System shutdown. La thérapie m’a permis de réparer le filage qui était brisé entre ma tête et mon cœur. J’ai appris à ressentir et à comprendre mes émotions, à ressentir mon énergie et celle des autres. Ce cheminement magnifique n’aurait pas été possible si je n’avais pas vécu ce divorce. Merci, univers. Je me suis retrouvé. Et j’ai appris une leçon très importante : ne jamais avoir peur d’être moi-même et d’apparaître.

Quelques années se sont écoulées depuis le divorce.

Aujourd’hui, je partage ma vie avec une âme merveilleuse avec qui je vis un amour profond. Merci, univers. Ma nouvelle conjointe et moi avons choisi de vivre ensemble. Dès l’annonce de notre beau projet de vie commune et de famille unie, j’ai senti une résistance de la part de mes filles. Je suppose qu’elles ne voulaient pas briser leur routine, soit celle d’avoir leur papa à elles toutes seules une semaine sur deux. Elles étaient réticentes à faire partie d’une deuxième famille recomposée. Qu’étais-je censé faire ? Reporter à plus tard le beau projet que ma conjointe et moi caressions ? Non. Nous avons choisi de faire confiance à l’univers. Nous avons donné le GO à notre projet. Quelques mois plus tard, nous étions tous sous le même toit.

Aussitôt déménagés, voilà que la pandémie liée à la COVID‑19 a confiné notre nouvelle famille recomposée à la maison. On ne l’avait pas vue venir, celle‑là. L’adaptation a été moins graduelle que prévu. Mais nous n’avions pas le choix. Mes adolescentes, déjà fragiles à l’idée de déménager et d’avoir à partager leur papa avec une autre femme et ses enfants, ont eu de la difficulté à s’ajuster et à s’adapter. « Ils sont différents de nous. » « On n’a rien en commun avec eux. » « Ses enfants sont turbulents et bruyants. » « On n’a pas choisi de déménager. » « C’était ton choix, pas le nôtre. » Quand l’être humain résiste au changement, il se concentre uniquement sur les irritants et fait abstraction de tout ce qui est positif et qui peut favoriser la croissance et l’épanouissement. Et c’est pire encore quand l’ex-conjointe se mêle de tout ça en arrière-plan.

Voilà que quelques mois plus tard, ma plus vieille a choisi d’aller vivre chez sa mère à temps plein. Bien que son choix m’ait fait beaucoup de peine, je l’ai accepté. Elle était soulagée de savoir que je n’étais pas fâché et que je continuais à l’aimer. Notre relation va continuer d’évoluer, mais d’une manière différente. Quelques semaines plus tard, sa sœur cadette a fait le même choix. J’étais atterré. Je le suis encore.

Mes filles, je les aime, je les adore. Je leur ai proposé une nouvelle vie. Un cheminement différent. Ma conjointe et moi avons tout fait pour rendre la transition la plus agréable pour toute la famille : rénovations pour que chaque membre puisse avoir sa chambre, ajustements au niveau des repas, activités organisées pour favoriser la création de nouveaux liens, etc. Tout ça pendant le merveilleux confinement. Mais depuis le début, je ressens une résistance chez mes filles. Une fausse croyance que ça ne marchera pas, que ça ne marchera jamais. Et depuis le tout début, il y a mon ex-conjointe qui essaie de s’ingérer dans notre projet par tous les moyens possible en s’interposant entre nos filles et moi. Franchement pas agréable. Et inacceptable.

Notre nouvelle famille recomposée se transforme déjà et devra poursuivre son évolution d’une manière différente. Ça nous fait vivre beaucoup d’émotions.

Peu importe ce qui arrivera dans les jours et les mois à venir. Je fais confiance à l’univers. Rien n’arrive pour rien.

Le papa anonyme

Défi relevé !

En cette fin d’année scolaire, nous pouvons enfin souffler, respirer et

En cette fin d’année scolaire, nous pouvons enfin souffler, respirer et mettre toute cette période derrière nous. Les quatre derniers mois furent particuliers, exceptionnels, différents, éreintants… Je pourrais trouver une centaine d’adjectifs pour décrire cette période qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. Depuis la grippe espagnole, nous n’avions jamais eu à apprendre à vivre avec un virus aussi virulent et dangereux. Tout le monde a dû s’adapter. Le milieu de la santé, le milieu de l’éducation, les familles, les commerces, l’économie. Bref, tous ont dû apprendre à vivre avec la Covid-19.

Travaillant dans le milieu de l’éducation, j’ai envie de lever mon chapeau à tous les acteurs qui gravitent autour de nos enfants.

Bravo à tout le personnel des écoles pour leur dévouement, leur patience, leur implication et leur facilité à se tourner de bord sur un 10 cents ! Que ce soit les directions, les enseignants, les éducatrices spécialisées, les éducatrices en service de garde, les concierges, les secrétaires ou les professionnels, tous se sont impliqués jusqu’à la fin pour que nos jeunes vivent des réussites et continuent de garder le lien avec leur école.

Certains enseignants ont dû développer leur côté informatique et ont relevé ce défi avec brio. D’autres ont dû s’adapter à travailler de la maison et à consolider le boulot et la famille. J’ai vu des enseignants organiser des rencontres virtuelles avec des minis de six ans afin de leur faire vivre un dîner chic ! J’ai vu des enseignants stressés d’enseigner de façon virtuelle, ce qui est tout à fait justifié. Le lien avec les humains était maintenant disparu et parler à un ordinateur ne fait pas partie de la réalité d’un enseignant ! J’ai vu des enseignants créer des capsules vidéos en se faisant filmer et ainsi passer par-dessus leur orgueil pour les présenter à leurs élèves.

J’aurais bien aimé que vous soyez là pour voir tout ce que j’ai vu. C’est tellement beau et inspirant ! Le travail d’équipe s’est développé à vitesse grand V. Tout le monde s’entraidait ! Bravo à tout le personnel œuvrant au sein des écoles. Je suis fière d’en faire partie et je suis fière de nos métiers.

Il ne faut surtout pas oublier les parents. Ces parents qui ne sont pas des enseignants et qui, du jour au lendemain, ont dû travailler de la maison et enseigner à leurs enfants. Ils ont dû faire un horaire pour leurs enfants pour pouvoir les garder motivés. Ils ont dû improviser leur nouveau quotidien et vivre avec les conséquences que cette crise a apportées. Les parents de nos élèves sont maintenant les champions des rencontres virtuelles. Ils sont maintenant capables de « plugger » deux enfants en même temps sur des rencontres virtuelles, tout en travaillant de la maison et en faisant une ou deux brassées ! Ouffff, cela n’a pas dû être évident pour tout le monde, chacun vivant cette crise à sa façon.

Un immense bravo, aussi, aux parents qui ont des enfants différents ! Par expérience, ce n’est pas reposant de voir son enfant vivre ce stress, cette anxiété et courir partout pour évacuer son trop-plein !

Les vacances, à la maison, arrivent à grands pas. Ce sera un bon moment pour se reposer et refaire le plein d’énergie. Ainsi, nous espérons tous revoir nos cocos en présentiel en septembre. Le monde de l’éducation, c’est un milieu humain où nous sommes constamment remplis d’amour et d’affection. Nous voulons revoir nos élèves et jaser avec eux face à face ! Gageons que les premières causeries de l’année seront assez remplies d’anecdotes. 🙂

Karine Filiatrault

Merci de refuser mes excuses

Je reçois un appel du service de garde. Puis de l’enseignante. Pu

Je reçois un appel du service de garde. Puis de l’enseignante. Puis de la technicienne en éducation spécialisée. Un même message : mon fils a eu une mauvaise journée. Encore. Il a insulté sa voisine de pupitre, a crié après la prof, s’est sauvé dans l’école, a frappé dans la porte à grands coups de pied. Et quand les intervenants interviennent, il baboune, refuse de collaborer. À la question : « Qu’est-ce qui te fait agir comme ça ? », il répond par l’évasive « Je ne sais pas ». Ou par la réplique « autruche-tête-dans-le-sable » : « Je ne veux pas en parler ». On ne va pas loin, avec des réponses qui n’en sont pas…

Lui qui est si gentil d’habitude… tellement affectueux, bon leader, joueur, hop-la-vie ! Mais dès qu’il doit affronter un changement, un départ, l’absence d’un parent, ça dérape. En tant que famille en garde partagée, les changements, les départs et l’absence d’un parent sont… comment dire… constants ? Bref, pas l’idéal. Autrement dit, mon petit bonhomme vit quotidiennement des émotions fortes, qu’il gère de son mieux avec notre soutien. Il apprend, il avance de trois pas, puis recule de deux. Mais il avance.

Alors aujourd’hui, comme la semaine précédente et l’autre d’avant, notre bonhomme a fait du trouble à l’école. Et le personnel de l’école a fait ce qu’il avait à faire : intervenir, mettre des conséquences naturelles, encadrer, lui permettre de s’exprimer, ajuster les interventions, faire du renforcement positif, communiquer avec les parents, travailler en équipe avec le reste du personnel.

Des fois, je me dis qu’ils doivent être écœurés. Qu’ils ont autre chose à faire que de gérer mon petit homme et ses montagnes russes émotives. Il y a quand même 499 autres élèves dans l’école, chacun avec son bagage d’émotions… Je me dis qu’ils doivent se dire que vraiment, les parents l’ont échappé, qu’ils ont failli à leur job de parents. Mais non. À aucun moment, ils ne m’ont fait sentir mauvaise mère ou inadéquate.

« Je suis vraiment désolée qu’il agisse ainsi… ce genre de paroles ne passent pas à la maison, je sais qu’elles ne sont pas acceptables à l’école non plus, mais quand même, il les dit et il vous fait de la peine. Pourtant, il vous aime ! Il adore l’école, sa prof, les amis de sa classe… Je m’excuse tellement… » Ce que je ne dis pas, c’est que j’ai peur que mon garçon devienne un petit bum, qu’il prenne l’habitude de mal agir.

Vous me répondez, chaque fois : « Madame, vous n’avez pas à être désolée. Ce sont ses choix et ses réactions. On sait que vous l’encadrez et que vous faites tout ce que vous pouvez. On le fait aussi à l’école, et c’est ce qui compte : on travaille dans le même sens, de façon constante. Continuez de nous tenir au courant des changements qu’il vit, ça nous aide à l’aider. » Et ils offrent de l’inscrire dans les ateliers d’habiletés sociales offerts à l’école.

On peut bien chialer à l’occasion contre les écoles à cause du manque de ressources, à cause de cette enseignante qui n’est pas à sa place en enseignement ou parce que le matériel coûte cher. Mais on doit avouer que les intervenants des milieux scolaires font des miracles, parfois avec très peu de moyens, parfois avec des cas individuels pas faciles à suivre. Ils sont un prolongement de ce que les parents font de leur mieux à la maison au quotidien, et c’est ensemble qu’on construit nos enfants, leur caractère, leurs comportements et leurs connaissances.

Je vais quand même continuer à m’excuser pour les comportements dérangeants de mes enfants quand ils dérapent, tout simplement parce que je n’excuse pas leurs comportements. Je les comprends, je sais d’où ils viennent, mais je ne les accepte pas nonchalamment. Je me soucie de ce que vivent mes enfants, mais aussi de ce qu’ils font vivre aux personnes qui les entourent et qui les aiment.

Après l’appel du service de garde, de l’enseignante et de la T.E.S., je m’imagine ce qu’ils rapportent à la maison comme pensées blessées, comme cœur écorché. Ils sont humains eux aussi. Si un de mes collègues de travail avait le même type de comportements que ceux de mon garçon, je serais épuisée, je me remettrais en question, je ne dormirais pas de la nuit. J’espère qu’eux savent mieux se blinder contre les insultes. J’espère qu’ils savent laisser ces dérapes entre les murs de l’école et qu’ils retournent dans leur foyer avec la certitude d’avoir bien fait leur travail.

Oui, je m’excuse. Et je vous remercie de refuser mes excuses.

Nathalie Courcy

Fini les bisous

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 «Maman, maintenant je suis grande. Je ne veux plus de bisous le soir pour dire bonne nuit, ni de câlins.»

Onze ans…

BANG! VLAN! Dans mon cœur de maman!
Hey! Dans mon livre à moi, ça ne devait pas se passer comme ça! On était si proches, si fusionnelles… J’en ai manqué un bout? Suis-je une bonne mère? Me déteste‑t-elle à ce point? Que dois-je répondre?

Son odeur, sa chaleur et ses petits bras apaisants me manquent déjà…

Je me sens rejetée par mon enfant. Mon âme saigne. Je me fais violence pour respecter ce souhait, respecter cet être qui grandit et se détache de moi… Il est où le mode d’emploi quand on a un enfant? Il faut s’adapter sans arrêt et tout va si vite!

Pour moi, tu es et tu seras toujours mon bébé. Je traverserais le pays tout entier à la course si tu avais besoin de moi. Je serais capable d’étrangler ceux qui te feraient du mal. Je ferais tout pour toi. Tu es un bout de moi. Je t’ai sentie grandir au creux de mon corps, je t’ai nourrie de mon lait et je pensais que nous avions gardé cette proximité…

– Mais… pourquoi?
– C’est comme ça maintenant!
Et tu claques la porte de ta chambre.

VLAN!

Mon premier déchirement de maman…

Fini les bisous…

 

Gwendoline Duchaine

 

Suivez le guide! Et si le guide était perdu?

Après deux semaines en Italie, le moral des troupes a chuté. D’a

Après deux semaines en Italie, le moral des troupes a chuté. D’abord, c’est mon 9 ans qui s’est retrouvé avec la boule au ventre et ensuite, c’est mon 6 ans qui a fondu en larmes : « Maman, je m’ennuie de mes amis! Ici, il n’y a que mes parents et mon frère à qui je peux parler. Nos voisines, je ne les comprends même pas! »

Ils étaient si beaux à voir, mes cocos, depuis notre arrivée. Enthousiasmés par leurs découvertes, photographiant les insectes les plus étranges, goûtant à de nouveaux mets (mon aîné a mangé de la pieuvre le premier soir)… Ils voulaient tout essayer et s’amusaient à comparer le Canada et l’Italie (l’Italie gagnait très souvent). Ils étaient excités par l’aventure et faisaient déjà beaucoup d’efforts pour apprendre l’italien et pour s’adapter au fait que leur confort avait été compromis.

Mais aujourd’hui, ils semblent être passés à une autre étape et maman est là pour les aider à comprendre ce qui leur arrive, à dénouer avec eux les cordages de leur intérieur. Creuser avec mon 9 ans pour identifier que c’est la perte de sa routine qui fait qu’il est soudainement gagné par l’anxiété. Laisser mon 6 ans exprimer sa déception face à la barrière de la langue. Leur offrir un endroit où déposer leur tristesse, leur peur, leur frustration. Écouter et accepter que ce soit comme ça pour le moment, que ce soit normal. Et lorsque je les sens prêts, distribuer également quelques encouragements.

Mes propres désillusions d’expatriée sont éclipsées par celles de mes garçons. Qui a le temps de gratter ses propres blessures alors que sa progéniture souffre? La principale émotion qui m’envahit présentement est l’inquiétude. J’ai peur de ne pas bien les accompagner. J’ai toujours aimé cette image du parent qui joue le rôle d’un guide en pays étranger pour son enfant. En bonne guide, j’aidais mes fils à naviguer à travers eux‑mêmes et à travers les coutumes de l’homme moderne. Ici c’est l’inconnu, autant pour eux que pour moi. Je découvre tout en même temps qu’eux et je crains de ne pas être à la hauteur.

Quand ce petit bonhomme me réclame ses amis, ou de nouveaux amis, je sais qu’il me crie un besoin fondamental. En tant que parent, c’est ma responsabilité de m’assurer que ses besoins sont comblés. Il y a le toit à fournir, le garde-manger à remplir, les vêtements à choisir (haha! Bon, ça je lui laisse!) et son petit cœur à emballer avec de belles rencontres. Je connais l’importance des liens que l’on crée. J’ai toujours joué mon rôle de facilitatrice et je compte continuer à l’assumer. Au Québec, j’avais fait mes preuves, mais est-ce que j’y arriverai ici?

C’est tellement difficile d’avoir l’impression que les gens doutent de nous. Notre entourage au Québec s’était habitué à notre décision de faire l’école à la maison. Depuis deux ans, on vivait cette aventure avec beaucoup de plaisir. Ici, je recommence à expliquer, justifier, informer… et je finis par tout remettre en question moi aussi! J’aimerais que l’instruction en famille soit considérée comme un choix parental parmi tant d’autres (au même titre que l’allaitement ou le biberon, une famille nombreuse ou un enfant unique, une maison à la campagne ou une vie urbaine…) Notre choix n’a pas à être le meilleur ou à convenir à tous. Je ne connais pas beaucoup de situations où tout est noir ou tout est blanc. On nage en zone grise la plupart du temps… L’éducation ne fait pas exception.

Oui, ça m’angoisse de voir mes enfants vivre une épreuve mais, en même temps, je me rappelle que c’était l’objectif premier de toute cette entreprise : bouleverser nos habitudes et explorer un environnement différent. Alors dans ce cas, il ne me reste plus qu’à être cohérente et à accepter ce qu’on a à traverser. Nous faire confiance et nous accorder le temps qu’il faudra pour notre adaptation.

Elizabeth Gobeil Tremblay

Déménager en Italie : ce que mon profil Facebook ne vous dit pas

Le 29 juin 2017, je débarquais en Italie avec mon mari, nos deux ga

Le 29 juin 2017, je débarquais en Italie avec mon mari, nos deux garçons et notre chat. Mon mari a été choisi pour travailler sur la base internationale de l’OTAN à Naples. Nous vivrons donc les trois prochaines années sur un autre continent. Quelques jours après notre arrivée, une bonne amie m’écrit pour prendre des nouvelles et pour savoir si on est au paradis. Est-ce qu’on est au paradis ? Cette question tourne en boucle dans ma tête…

Il est normal que mes amis assument que je suis au paradis si je ne partage que les photos de notre magnifique hôtel, de notre première pizza napolitaine et d’un coucher de soleil sur la mer Méditerranée. Mais ça me met mal à l’aise. Évidemment que je souhaite profiter de chaque occasion et garder le focus sur le positif dans toute cette aventure, mais ça me chicotte d’avoir l’impression de manquer d’authenticité. J’ai donc décidé de corriger le tir et d’ajouter un peu plus de « vrai » sur les réseaux sociaux. Voici donc mon dernier statut, version « Dans la vie, tout n’est pas toujours rose », avec un pot-pourri des moments %#?!& de notre déménagement :

  1. Nous devrions emménager dans notre maison vers la fin juillet. Imaginez deux secondes… un mois sans : votre salle de lavage, votre cuisine, les jouets des enfants…
  1. On a TOUJOURS avec nous deux sacs qui contiennent ce que l’on possède de plus précieux et nos documents les plus importants. Toujours. À la piscine, à l’épicerie, en randonnée, dans l’avion… Et on doit toujours être vigilants pour ne pas se les faire voler.
  1. Dans l’avion, il faut aussi ajouter à ces deux sacs : une cage à chat, une valise à roulettes pour le chat (litière, bouffe, bols…) – lesdites roulettes ont bien sûr déclaré forfait et explosé à l’aéroport – et un sac à dos pour les trucs standards de voyage (collations, chandails chauds, crayons à colorier…)
  1. Une hôtesse de l’air bête qui trouve que tu n’es pas sortie assez vite de l’avion avec tes deux enfants, ton chat et tes quatre sacs. Notez qu’il est 2 h du matin pour tout ce beau monde, que les calmants pour le chat et les Gravol pour ton neuf ans ne font plus effet après huit heures de vol et que le chat, le neuf ans et toi, n’avez pas du tout apprécié les turbulences de l’atterrissage. T’es juste rendue à Munich.
  1. Ton hôtel, y’é ben beau, mais les fourmis envahissent la place pour se pitcher dans le bol de bouffe du chat, pis la douche ben, est tellement petite que tu ne peux même pas te pencher pour ramasser ton savon.
  1. Ton neuf ans a presque passé une nuit blanche dans l’avion et ses deux premières nuits à Naples à lire dans son lit à cause du décalage horaire. Quand tu le réveilles à 9 h du matin pour qu’il s’habitue au changement d’heure, il est 3 h du matin pour lui. Vous pensez que ça donne quoi comme humeur ?
  1. Et évidemment, tout le monde a attrapé le rhume. Pis les Italiens ben, je sais pas où ils cachent leurs boîtes de Kleenex. Je n’en ai pas encore trouvé une seule à l’épicerie ni à l’hôtel…
  1. Et moi qui réalise que ma belle capacité d’adaptation est motivée par une immense peur de ce que les autres peuvent penser. Moi qui me considérais bien libre par rapport au jugement des autres. Je réalise que je suis encore très sensible sur ce point. Plongée dans une autre culture où je ne connais pas les coutumes et les façons de faire, je me mets une incroyable pression à jouer au caméléon, à vouloir m’intégrer rapidement. Je supporte difficilement de ne pas connaître encore la langue, l’étiquette… Est-ce que le serveur s’attend à recevoir un pourboire ? Quel montant ? Pourquoi tout le monde enfile un gant à l’épicerie pour choisir ses fruits ? Comment fonctionne cette balance avec laquelle je semble devoir peser mes légumes ? Où est le foutu beurre ? Ça fait trois fois que je fais le tour du rayon des produits laitiers !
  1. Et il y a la peine d’avoir quitté nos proches, notre peine et celle des enfants. Et cette espèce d’attente entre deux mondes où on a commencé à s’intégrer aux lieux et aux gens, mais en sachant que c’est temporaire. Que dans trois semaines, il faudra explorer un nouvel endroit encore.
  1. Et la paperasse, la bureaucratie… Passer six heures sur la base militaire à se promener de bureau en bureau pour trouver tel formulaire, faire étamper tel formulaire, retourner chercher quelque chose qui manque… Et savoir qu’on y retourne demain encore avec les enfants pour chercher d’autres formulaires, s’inscrire à d’autres endroits, signer une autre feuille…

Bref, le paradis ? Honnêtement, non. Une aventure que j’adore avec des hauts et des bas ? Définitivement, oui !

Elizabeth Gobeil-Tremblay

 

Se remettre de l’arrivée de bébé

J’étais bien préparée à la venue de mon bébé. Je m’attenda

J’étais bien préparée à la venue de mon bébé. Je m’attendais à ce que son arrivée chamboule ma vie, je lui avais fait de la place dans mon cœur, dans ma maison, dans mes projets. J’avais entendu parler du quatrième trimestre. Je savais que les premiers mois seraient demandants, que j’allais devoir faire preuve de souplesse. Tout ça je le savais, j’étais prête… je n’avais juste pas pensé à la suite.

Tout s’est en effet passé comme prévu les premiers mois. Je me suis remise de l’accouchement, bébé a trouvé sa routine de vie, son père était présent à la maison, le bonheur s’est installé rapidement dans notre maison. Quand je dis le bonheur, je ne veux pas dire que tout était parfait, loin de là, mais j’y étais prête, je dansais à travers les ajustements, je trouvais ça beau tout ce désordre, je n’avais d’yeux que pour mon fils et notre nouvelle famille.

Mais voilà, après trois mois, j’étais heureuse oui, mais encore tellement dépassée par tout. J’avais de la difficulté à arriver à une heure précise pour un rendez-vous. Mon mari était de retour au travail et je croulais sous les tâches ménagères que je n’arrivais juste pas à faire. J’avais un bébé très zen et pourtant, j’étais nerveuse. Pas de panique généralisée, mais toujours un petit stress de tâches inachevées, de cheveux pas lavés, de rendez-vous reportés. J’avais l’impression que je ne faisais pas grand-chose. Pourtant, je sais que s’occuper d’un petit mini être dépendant totalement de son entourage, ce n’est pas rien, mais je me mettais de la pression pour être une fée du logis en plus.

On dirait que dans les livres que j’avais lus, je n’arrivais pas à trouver d’expérience qui résonnait avec mon vécu. On parlait de dépression postpartum ou d’anxiété postpartum, et bien que j’aie une profonde empathie pour les mamans dans cette situation, ce n’était pas mon cas. En fait, je crois qu’il s’agit d’un continuum : ma vie n’était pas paralysée par mon état mental, mais si j’avais à placer un curseur sur cette ligne qui ne part de « aucun stress » à « anxiété postpartum », je dois dire que ce curseur y était nettement plus vers la droite qu’avant. J’ai appris à l’accepter plutôt qu’à le combattre. Il y a des jours où je me trouvais super comme maman et d’autres où je me culpabilisais beaucoup. J’ai appris à stopper mes préoccupations les jours où je manquais de sommeil, parce que vraiment, à part alimenter ma culpabilité, ça ne servait à rien ces pensées-là. J’ai aussi appris à ne pas avoir honte de cela. Je suis une mère, parfois je suis dépassée, parfois je suis en contrôle, mais je fais toujours mon possible.

Quand j’ai commencé à lire des témoignages sur des blogues et des groupes Facebook, j’ai bien vu que je n’étais pas seule à vivre ce dépassement au quotidien. J’ai commencé à réaliser que peut-être, je ne m’en remettrais jamais. J’ai commencé à vivre le fameux lâcher-prise… Et je n’ai jamais arrêté de cheminer par rapport à cela depuis. Il faut encore que je me parle pour y arriver. Que je me rappelle l’importance de prendre soin de moi pour pouvoir prendre soin de mon fils.

Au fond, l’arrivée d’un bébé, c’est une grande adaptation qui arrive à un moment où tu es tellement vulnérable qu’inévitablement, il y aura des creux de vagues.

Le chaos, il ne cesse jamais, tout est une phase. Le bon, comme le mauvais, finit toujours par passer. C’est ce qui fait que les beaux souvenirs s’accumulent, que les moins beaux deviennent des références nostalgiques, mais aussi que l’adaptation est constante, elle évolue en même temps que bébé.

Mon bébé n’est plus un bébé maintenant, il aura deux ans dans moins d’un mois. Je remercie le ciel chaque jour de son arrivée dans ma vie. Elle m’aura permis de travailler encore plus fort sur moi, de guérir de vieilles blessures et de faire le ménage dans mes priorités.

Roxane Larocque