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Viens que j’te serre dans mes bras, ti-gars ! Texte : Sophie Barnabé

J’suis assise devant ta copie d’examen, crayon rouge à la main. J’essaie de me concentrer, ma

J’suis assise devant ta copie d’examen, crayon rouge à la main. J’essaie de me concentrer, mais dans ma tête, ta voix retentit. Cette question que tu m’as posée à la fin du cours de mercredi… « Madame, depuis que j’suis plus sur le bord adulte, c’est tough… la pandémie, la guerre… y’a-tu toujours quelque chose du genre qui se passe, mais je ne le réalisais tout simplement pas avant aujourd’hui parce que j’étais trop petit pour m’en rendre compte ? »

Ti-gars, depuis dix-huit ans, tu grimpes l’échelle un barreau à la fois, sans jamais regarder en bas ni derrière toi. Il y a deux ans, on t’a obligé à ralentir la cadence. T’avais pas ton permis, jamais pris de brosse ni fait l’amour… Bon… peut-être que oui, mais ces aventures d’adolescence ne sont qu’un sursis sans souci… Il te restait encore un bout de pied dans l’enfance et tu vivais tout ça avec insouciance.

Pendant ces deux ans, encabané, t’as vieilli. T’as pris conscience que la vie ne se limite pas à ton nombril. Il y a deux ans à peine, pour l’ado invincible que tu étais, un virus était un simple prétexte pour manquer une journée d’école. Tu réalises maintenant que l’ennemi est parfois sournois. Qu’il y a plus fort que toi. À l’école, on t’apprend à écrire des textes pour partager ton opinion et pourtant, même bien exprimée, elle amène à la division. Tu réalises qu’il y a deux ans à peine, tu rêvais de vieillir pour gagner en liberté, mais que parfois, plus t’es vieux, plus le déploiement de tes ailes devient périlleux. Et puis, comme si ce n’était pas assez, à l’aube du retour à la liberté, tu découvres que « poutine », ça donne des brûlements d’estomac, ça goûte moins le bonheur qu’avant… Le jaune et le bleu ne te font plus simplement penser aux couleurs de la marque de tes jouets Pokemon, non… tu les perçois différemment maintenant…

Ti-gars, depuis deux ans, t’es passé de l’adolescent insouciant au jeune adulte de plus en plus conscient. Entre l’actualité fracassante, les réseaux sociaux et leurs images choquantes, tu te demandes aujourd’hui si c’est toujours comme ça la vie. Tu réalises que lorsqu’on est petit, on enrobe les mauvaises nouvelles de sucre d’orge, on nous rassure en nous berçant tendrement… Plus tu vieillis, plus tu deviens conscient… Tu te poses des questions à répétition.

Et là, t’es venu me voir… Habituellement, à la fin d’un cours, tu me demandes à quand la remise de tel ou tel travail, si je suis dispo pour une période de récup… J’ai toujours réponse à tes questions… Pourtant, même si habituellement, je suis bonne pour t’expliquer les choses, je ne trouve pas les mots pour t’en convaincre. Le secret d’une belle vie ? Qu’elle soit remplie, je crois. Juste de beau ? La vie c’est comme un gâteau… Il y a de bons ingrédients et de très mauvais. Parfois, on le savoure et parfois il nous écœure… Peu importe, c’est ça un gâteau ! Pareil pour la vie. Parfois elle est bonne, parfois elle nous écœure. Peu importe, c’est ça la vie ! La vraie vie, c’est rempli de beau et de laid, c’est doux et c’est rough. C’est triste et c’est heureux… C’est tout ça, une vie !

La vie c’est parfois s’attendrir devant le rire d’un bébé, c’est avoir le goût de vomir devant certaines injustices. La vie, c’est aussi se sentir bien après avoir fait le ménage de sa chambre, se sentir beau après s’être fait couper les cheveux et pogner les nerfs après ces p’tits cheveux qui restent collés et nous piquent dans le cou. La vie, c’est se questionner à savoir si on mange des toasts ou des céréales le matin, c’est rêver de se marier même après la rupture qui nous a tant fait pleurer. La vie, c’est perdre son temps sur TikTok et c’est goûter à des huîtres pour la première fois. La vie c’est perdre espoir à la vue d’un hôpital bombardé pour ensuite se raccrocher au masque qu’on pourra bientôt enlever. La vie, c’est se faire friend zone par la p’tite brunette d’à côté et choisir un prof pour se confier…

La vie, c’est accueillir chaque événement, chaque émotion et se coucher le soir en disant que t’as appris quelque chose, que t’as été choqué devant une nouvelle, que t’as vibré au son d’une chanson. Si tu te couches le soir heureux, c’est que tu vis. Si tu te réveilles anxieux, c’est que tu vis. Si tu pognes un fou rire dans un salon funéraire, c’est que tu vis. Si tu trembles en faisant l’amour, c’est que tu vis. C’est comme ça la vie !

Je n’ai peut-être pas les bons mots pour te rassurer, j’aurais envie de te serrer dans mes bras, mais j’peux pas. Si je te dessine un bonhomme sourire à l’encre rouge, tu comprendras… Assure-toi que ta vie soit remplie et fais-lui confiance comme tu l’as fait avec moi mercredi… Merci de me faire confiance ti-gars, tu contribues à ma belle vie remplie…

Sophie Barnabé

À l’adulte que je ne suis pas — Texte : Shanie Laframboise

Tomber les pieds dans le monde adulte, c’est devoir avoir les deux pieds sur Terre sans savoir sur

Tomber les pieds dans le monde adulte, c’est devoir avoir les deux pieds sur Terre sans savoir sur lequel danser. C’est aussi réaliser qu’il n’y aura pas de marche arrière après avoir heurté le pied du mur nous séparant de l’enfance.

Comme la plupart des adultes, vais-je également atterrir les pieds dans les plats d’une vie en noir et blanc ? À les voir suivre le cours de leur vie comme des fourmis, il me vient la peur de vivre, à mon tour, dans l’ombre de moi-même ou, pire encore, de vivre une vie heureuse sans l’être moi-même. Je me représente combien il y a, en somme, d’adultes dits « heureux ». Toutefois, ceux-ci ne se sentent apparemment ainsi que parce que les malheureux portent leur poids sans s’en plaindre. Et si, enivrée par l’idée de trop vouloir vivre, je me perdais à mon tour, en silence, à côté de ma vie, à accumuler ce qui ne peut être dit ? Et si je suivais le chemin des grandes personnes qui confondent l’amour et le désir, surtout le désir d’être aimé ?

L’arrivée dans ce monde fait naître de grandes questions enterrant toute la magie. Elle fait naître la nostalgie du passé, quand le présent n’est plus à sa hauteur. Ce n’est que lorsque l’impatience a tué l’enfance qu’on doit faire le deuil de cette magie qui animait notre vie. Ce moment est celui où l’on voit la peur des monstres sous nos lits être remplacée par la peur d’être soi-même, ce qui est pire que tout. C’est également celui où l’on se doit d’accepter les limites de la réalité et que le père Noël n’entre pas nécessairement par la cheminée. Qui aurait pensé qu’un jour viendrait cette nostalgie de l’enfance, alors que notre plus grand souhait était d’être adulte ?

Dix-huit ans, c’est se faire entraver les poignets par la réalité et se voir confronter par la pression de se rendre à l’évidence. C’est d’autant plus un grand saut venant avec l’insécurité d’inexorables vertiges suivant une vertigineuse tombée. Il est encore plus déstabilisant de voir nos relations changer, et ce, loin de ce qu’on aurait pu nous imaginer.

On a beau se faire croire que tout est beau en fermant les yeux sur cette solitude naissante, il reste qu’on n’a nul autre choix que d’accepter de nous détacher de ceux qui veulent nous voir voler en croyant nos ailes totalement déployées. Au fond, ces mêmes personnes peinent à regarder à l’arrière pour constater comment elles se sentaient avant de devenir ce qu’il « fallait ». Bien entendu, elles pensent nous avoir tracé les sentiers en réussissant leur vie dans le simple but de sentir qu’elles existaient. En fait, c’est plutôt à nous de tout désherber, les mains vides, afin d’éviter le piège dans lequel ces gens sont tombés : celui de s’oublier.

Regardez cette vie bien remplie de l’oisiveté des forts et de l’ignorance des faibles. Cette hypnose générale ainsi que l’insomnie d’un monde trop adulte me hantent, de cette peur de vivre à mon tour une vie bien pleine. Pleine de vide.

Shanie Laframboise

 

Traîner sa douance intellectuelle au travail

Juste écrire le titre me donne l’impression de devoir me justifie

Juste écrire le titre me donne l’impression de devoir me justifier au risque de m’attirer le panier de tomates au complet.

Oui, j’ose dire qu’une neuropsychologue et un médecin m’ont identifiée comme personne à haut potentiel intellectuel. Ils ont déterminé, au terme de plusieurs rencontres et de nombreux tests, que j’ai un quotient intellectuel supérieur à 130, une façon de réfléchir qui ne rentre pas dans le moule habituel, que mon cerveau traite plein d’informations en même temps et rapidement, que ma mémoire de travail est supérieure à celle de la plupart des gens de mon âge et que mes capacités verbolinguistiques et logico-mathématiques sont particulières. Voilà, les présentations sont faites. C’était la leçon Douance 101 en bonne et due forme. Mais ce n’est pas de la vantardise, croyez-moi. J’aimerais parfois avoir un cerveau qui fonctionne dans la moyenne, avec un Q.I. dans la moyenne et une façon de réfléchir qui ressemble à celle de monsieur et madame tout le monde.

Je ne m’étais jamais doutée de cette particularité, jusqu’au jour où mes enfants ont été évalués en douance. Et comme le haut potentiel intellectuel vient en grande partie des gènes… J’ai fait un savant calcul de 2 +2=4 et j’ai pris un rendez-vous pour moi. Je ne souffrais pas de cette différence, mais je voulais comprendre comment j’avais pu traverser les années sans qu’elle ressorte, alors que pour mes enfants, les défis scolaires, sociaux et personnels étaient immenses.

Enfant et adolescente, j’ai été suffisamment stimulée et entourée. J’avais un caractère assez facile (OK, peut-être moins à l’adolescence… mais c’était de la petite bière à côté de certains camarades de classe !). Je m’adaptais aux groupes dans lesquels j’étais, j’avais des amis, des passions, de bonnes notes. Mes émotions étaient intenses, oui, mais quel adolescent dirait le contraire ?

À dix-sept ans, je suis partie en appartement à deux heures de route de la maison pour faire mon baccalauréat international. Je trippais solide, entourée de personnes qui mangeaient de la philo et la digéraient à grands coups d’expériences scientifiques, d’analyses littéraires et d’humour.

Comme adulte, j’ai gravi les échelons universitaires, j’ai voyagé pour le plaisir et pour le travail, j’ai déménagé plus souvent qu’à mon tour, je me suis mariée jeune, j’ai eu quatre enfants. Bref, j’ai clenché ma vie au quart de tour. Pour moi, c’était un rythme normal. Dans ma tête, tout le monde faisait ça.

Quand la vie s’est faite plus stable, j’ai commencé à me sentir isolée dans mon couple et dans mon milieu de travail, que ce soit à l’université ou au gouvernement. Pourtant, je suis entourée de personnes intelligentes, compétentes, sympathiques, ambitieuses. Mais je me fais souvent dire : « Ish… ça va vite dans ta tête ! Comment fais-tu pour faire des liens comme ça ? ». L’impression d’être une extraterrestre…

Je ne vois pas souvent les situations de la même façon que mes collègues. Je trouve des solutions qui paraissent bizarres. Je fonctionne mieux dans un milieu qui me fournit constamment de nouveaux projets et des défis originaux, sinon, mon cerveau s’assoupit, je perds ma motivation. Si en plus, je peux écouter du Pink dans le piton en travaillant, ça roule en titi, parce que ça occupe les cellules qui auraient trouvé ça plate.

Le bilan neuropsychologique m’a permis de revisiter mon parcours personnel et professionnel. J’ai pu comprendre ce qui me faisait réagir (quand ça ne va pas assez vite ; quand la même tâche se répète sans arrêt ; quand ma manière de penser est repoussée d’un revers de la main parce que ça dérange ; quand je dois me contenter d’un travail en surface ou que je ne peux pas expliquer les nuances de ma réflexion). J’ai pu comprendre à quel point je peux taper sur les nerfs des autres (je parle trop, trop vite ; je m’enthousiasme trop, même pour les sujets qui ne me concernent pas ; je lâche difficilement le morceau quand je considère qu’une situation est injuste ; je ne vois jamais la version simple d’une tâche).

Mais moi, ce qui m’énerve, c’est quand les gens qui entourent les personnes douées intellectuellement tiennent pour acquis qu’elles se vantent et se sentent supérieures aux autres. La plupart du temps, nous nous remettons en question. Nous doutons de nous. Notre estime personnelle peut frôler le zéro. On a tellement de projets de grande envergure qu’on a l’impression d’être incapables de les réaliser. On passe facilement pour des personnes inattentives ou hyperactives, on est hypersensibles. Et on se sent coupables parce que les autres pensent qu’on se vante, alors on se tait, on essaie de se fondre dans la masse.

Pourquoi un doué devrait-il avoir honte de la façon dont son cerveau est fait ? Demande‑t‑on à une personne qui a un TDAH ou un TSA de se cacher pour ne pas déranger les autres ? Ou l’encourage‑t‑on à révéler qui il est pour avoir tout le soutien et les outils pour réaliser son plein potentiel ? Après tout, la douance, c’est exactement ça : un potentiel. Qui a besoin d’être reconnu pour s’actualiser.

Nathalie Courcy

Co-auteure du livre Zoé douée. Regards d’enfants sur le haut potentiel intellectuel

www.4etdemi.ca

 

Quand nous serons grands

Que rêviez-vous d’être lorsque vous étiez petits et que l’on

Que rêviez-vous d’être lorsque vous étiez petits et que l’on vous posait la question?

Êtes-vous passé par les classiques?

Vétérinaire, pompier, enseignant, policier?

Aviez-vous plusieurs aspirations qui ont changé au fil des années? Ou avez-vous réalisé le rêve de la première, ou presque première, idée?

Si vous avez réalisé vos aspirations, quelles étaient-elles?

Pour ma part, je me rappelle. Un jour à la maternelle, je me souviens d’un livre d’histoire que mon enseignante Catherine nous avait lu. J’ai le souvenir bien clair que dans cette histoire, une dame avait les cheveux bruns et les teignait en noir. C’est le seul détail dont je me souvienne. Pourquoi? Je ne saurais dire, peut-être parce que ma maman avait les cheveux d’un noir de jais naturellement. Moi‑même étant châtaine et parce que nous aimons à cet âge ressembler à notre mère, peut-être ai‑je voulu être « comme maman ». Mais depuis, j’ai toujours gardé ce souvenir bien présent dans ma mémoire.

Ce jour-là, je me rappelle avoir dit haut et fort à ma mère au retour à la maison :

« Maman, quand je vais être grande, je vais me peinturer les cheveux en noir, avoir trois bébés, vivre à la campagne et écrire des livres! »

Mon constat du jour : même si je suis rousse maintenant, oui, j’ai bel et bien teint mes cheveux en noir!

J’ai effectivement trois enfants, je vis dans une petite ville de campagne et j’ai édité mon premier livre en juin dernier!

Par contre, au fil des ans, j’ai eu d’autres aspirations, de photographe à éleveuse de chevaux.

D’enseignante à entraîneuse sportive. De designer d’intérieur à psychologue. Ce ne sont pas les idées qui m’ont manqué!

Vous? Vos enfants, eux?

Mon aîné ne veut rien de moins qu’être le Da Vinci des temps modernes (très modestement! Haha!)

Ma fille balance entre devenir artiste ou écrivaine et faire des courses équestres.

Mon petit dernier, quant à lui, a émis plusieurs idées, de policier à moto ou pompier volontaire à pilote de course automobile. La dernière idée est très ancrée en lui, au point où il regarde déjà du haut de ses six ans quelles voitures il pilotera plus tard.

Dites‑moi : de votre côté, quels sont les rêves réalisés? Quels sont ceux de votre progéniture?

Simplement Ghislaine

 

Les privilèges d’adultes

L’enfance apporte son lot de joies et, à en croire les terrib

L’enfance apporte son lot de joies et, à en croire les terribles two, son lot de frustrations également. Nous, parents, veillons à ce que notre progéniture se développe adéquatement, mange sainement, joue dehors, fasse du sport, apprenne à gérer ses émotions, reçoive les meilleurs soins. On donne aussi l’exemple, etc. Le tout à la sueur de notre front, parce qu’on ne se le cachera pas, ce n’est pas de tout repos tout ça ! (Je n’ai même pas abordé les tâches ménagères, les devoirs, la vie de couple et ce qui nous reste de vie sociale.) Alors, je crois que nous méritons des privilèges d’adultes.

Oui monsieur ! Oui madame ! Mais qu’est‑ce qu’un privilège d’adulte ? C’est toutes les petites choses que nos enfants doivent faire ou ne pas faire, et pour lesquelles nous pouvons réclamer, avec notre valeureux titre d’adulte, le droit de faire totalement et de façon assumée le contraire. Vous me voyez venir, là, n’est‑ce pas ?

– Maman, pourquoi toi tu ne mets pas ta tuque ?

– Papa, c’est pas juste ! Pourquoi tu manges des chips avant de te coucher ?

– Maman, tu as dit un gros mot !

– Papa, pourquoi toi, tu as le droit de monter debout sur une chaise ?

– Maman, pourquoi tu te couches tard, toi ?

PRIVILÈGES D’ADULTES !

Je sais, il faut donner l’exemple aussi et ne pas trop embarquer dans le « fais ce que je dis mais pas ce que je fais ». Mais utilisé stratégiquement avec parcimonie, le privilège d’adultes nous donne une solide réplique et nous rappelle qu’on le mérite ! Après tout, on l’a déjà faite notre enfance, nous…

Terminé, la culpabilité !

Krystal Cameron

À toi, l’ado qui a hâte de devenir un adulte!

J’ai voulu être une adulte rapidement. La période de l’adolesc

J’ai voulu être une adulte rapidement. La période de l’adolescence, c’était pas mal trop long à mon goût et j’avais hâte que la grande vie commence. Avoir des enfants, une famille. Dans ma tête, c’était clair depuis longtemps, j’allais être une maman.

Maintenant maman depuis dix ans, j’ai eu le réflexe de regarder en arrière et de me demander si j’avais des regrets. J’ai eu des amies, des amoureux de quelques mois, le cégep, la première voiture, un amoureux sérieux, etc. Et j’en suis venue à la conclusion que le seul regret que j’ai, c’est que je n’ai tout simplement pas appris à me connaître, moi. Je n’ai jamais habité seule ou en colocation avec des amis. Et surtout, j’ai trop souvent voulu ressembler à mes amies, à ma « gang », pour plaire. Je n’ai jamais osé être moi même, par peur de ne pas être acceptée.

Ne vous méprenez pas, j’adore mes enfants et ils sont ce que j’ai de plus précieux au monde. J’adore les regarder apprendre et découvrir, et j’adore voir leurs yeux briller. Je ne regrette pas d’avoir eu des enfants, au contraire. J’aurais simplement aimé en profiter un peu plus avant que la routine familiale nous avale.

J’ai donc décidé d’agir, ou plutôt de ralentir, pour pouvoir profiter de la vie sans toujours être dans ce train, vitesse grand V, qui fait passer les années beaucoup trop vite. Ralentir pour apprendre à me connaître, parce que je n’ai malheureusement pas pris le temps lorsque j’étais ado. Je voulais que le temps passe vite pour être une adulte rapidement. Pourtant… aujourd’hui je trouve que le temps passe trop vite. Je veux aussi apprendre à connaître mon couple et connaître mes enfants. Et ce qui est beau dans tout ça, c’est qu’en prime, je vois l’émerveillement dans leurs yeux autant que dans les miens.

À toi, l’ado qui a hâte de devenir un adulte, j’aimerais te dire d’en profiter. N’essaie pas d’être quelqu’un d’autre. Fais ce que tu aimes et fais-toi plaisir. Sois toi-même et les gens qui sauront t’apprécier comme tu es seront tes vrais amis. Il ne faut surtout pas avoir honte de ce qu’on est, c’est ce qui fait qu’on est spécial. Et tout le monde est spécial, à sa façon. Prends le temps de réfléchir à ce que tu es, à ce que tu veux dans la vie. Prends du temps pour toi, prends le temps de te connaître et surtout, de t’aimer.

Valérie Grenier

 

J’aimerais tellement être une adulte

Vous, chers adultes qui travaillez et vivez dans VOTRE logement et q

Vous, chers adultes qui travaillez et vivez dans VOTRE logement et qui avez peut-être une famille, qu’est-ce que ça fait d’être un adulte? De décider des repas, de travailler, de faire le taxi et bien sûr, de faire le ménage? Beaucoup de gens nous disent de profiter de notre jeunesse, car ça passe vite. D’autres disent même s’ennuyer de leurs folies d’adolescents. Pourtant, je sais que je ne suis pas la seule « ado » à avoir hâte d’être une adulte. Il y a tant d’avantages à être une grande personne, mais vous ne le voyez pas.

Premièrement, vous pouvez conduire. Vous avez peut-être même votre propre voiture. Repensez aux années où vous ne pouviez vous déplacer qu’à vélo ou en transport en commun. Ce n’était pas pratique, hein? Bien sûr, vous devez payer l’essence et les réparations de la voiture, je le sais bien.

Deuxièmement, vous avez maintenant votre propre logement ou votre maison ainsi que vos propres « électros ». Que demander de mieux? Oui, je sais, vous devez les nettoyer ce logement et ces électroménagers, mais dites-vous qu’en les nettoyant, ça vous fait bouger. Donc, pas besoin d’aller au gym!

Ensuite, vous choisissez vous-mêmes ce que vous mettez dans votre panier d’épicerie. Vous pouvez y mettre ce que vous voulez! Des croustilles, des bonbons, de la pizza, etc. Mais attention, c’est vous qui allez payer ces gâteries. Et soyez raisonnables : faire le ménage, ça brûle des calories, mais manger des croustilles, pas vraiment!

Finalement, vous n’avez plus l’obligation d’aller à l’école. Si on oublie le fait que j’adore l’école, les cours d’histoire commencent à m’ennuyer. Les adultes, eux, peuvent choisir un travail qu’ils aiment!

Bon, je sais qu’être un adulte, ça coûte cher, mais j’ai hâte de faire partie de ces grandes personnes. Pour l’instant, je profite du moment présent, car je sais qu’on ne peut pas refaire le passé. Mais s’il y a une chose que je sais, c’est que le temps passe vite et bientôt, je serai déjà une adulte. Alors, j’écoute les grandes personnes et je profite de ma jeunesse (et des croustilles gratuites) pendant qu’il est encore temps ;o)

Juliette Roy

Nostalgie pour l’été de mes 24 ans ou quand tout était plus simple

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Je m’ennuie du temps où mon seul souci pendant l’été était de savoir quelle saveur de crème glacée j’allais manger.

 

Maintenant, mon souci est de savoir si je vais avoir assez d’argent pour payer tous mes comptes. La crème glacée, c’est trop cher de toute manière.

 

Je m’ennuie du temps où ma mère me donnait 1 $ pour m’acheter un steamé à la Belle Province et que j’avais l’impression d’être riche.

 

C’est triste de constater que je suis encore contente de récupérer 1 $ que je croyais avoir perdu.

 

Je m’ennuie du temps où je prenais un ensemble au hasard dans mon garde-robe et je ne me demandais pas si c’était beau : c’était confortable, alors c’était parfait.

 

Hier matin, j’ai passé vingt minutes à changer mes ensembles pour finalement revenir avec mon choix initial. Je voulais être certaine que les gens trouvent cela beau.

 

Je m’ennuie du temps où je sortais à l’extérieur pour aller jouer au parc avec ma maman. Elle me poussait si haut que j’avais l’impression de m’envoler dans les nuages.

 

Dorénavant, quand je passe près d’un parc, je pense égoïstement à mon futur enfant que je pourrai amener au parc pour me balancer avec lui, comme avant.

 

Je m’ennuie du temps où je sautais dans la piscine sans regarder la température et que les grands me trouvaient si courageuse.

 

Aujourd’hui, je trouve les gens fous de sauter dans la piscine à 78. Je suis triste d’être devenue aussi moumoune.

 

Je m’ennuie du temps où je pouvais manger du Kraft Dinner sans me sentir coupable.

 

Maintenant, je surveille attentivement tout ce que je mange pour être en santé. Quand je me fais un cheat day, je me le rappelle constamment.

 

Je m’ennuie du temps où je mettais du gloss transparent et que je trouvais que je ressemblais à la plus belle des top-modèles.

 

J’avoue, je passe parfois des heures à regarder des tutoriels beauté sur YouTube, en étant toujours déçue de ne pas ressembler à Cynthia Dulude après avoir essayé.

 

Je m’ennuie du temps où mes amis ne me jugeaient pas sur les actions que je pouvais faire.

 

Quand je regarde les gens autour de moi qui se jouent dans le dos et qui se disent amis, je me dis parfois que ça ne vaut presque pas la peine d’avoir des amis…

 

Je m’ennuie du temps où les seules dettes que j’avais étaient celles de la cour d’école où j’avais échangé des cartes Pokémon contre des pailles de sucre.

 

En ce moment, j’ai une dette d’études, mais d’autres suivront éventuellement, et ça me stresse.

 

Je m’ennuie du temps où je me regardais dans le miroir et où j’étais fière d’avoir grandi.

 

Présentement, je me regarde dans le miroir et je suis fière d’avoir maigri.

 

Je m’ennuie du temps où jouer à l’ordinateur était un luxe.

 

Je me rends compte maintenant qu’en 2017, une panne d’électricité qui devient une source d’angoisse est vraiment un énorme problème.

 

Je m’ennuie du temps où je passais du temps de qualité avec ma famille, où je riais à en avoir mal au ventre.

 

Maintenant, je tague les membres de ma famille dans des publications Facebook pour dire que je les aime plutôt que de le dire devant eux ou d’au moins les appeler.

 

Je m’ennuie du temps où je n’avais pas de pression. J’avais mes propres modes, mes propres idées.

 

Pression au travail, pression de la famille, pression-obsession de la santé, pression portant sur le physique, pression sur mes opinions. Même écrire ce texte me met de la pression.

 

Je m’ennuie du temps où je me sentais tout énervée après avoir croisé mon enseignante à l’épicerie.

 

Présentement, je fuis du regard toutes les personnes que je pourrais connaître et que je croise.

 

Je m’ennuie du temps où je regardais le ciel le soir et où je me demandais comment les étoiles pouvaient être aussi belles.

 

Ah, pour ça, rien n’a changé. Je suis encore la même petite fille quand je regarde le ciel étoilé la nuit. Il faut bien que je me préserve un peu.

 

Être adulte, ce n’est pas facile, mais au moins, j’ai la chance d’avoir assez de maturité pour constater mes forces et mes faiblesses et du coup, pour m’améliorer.

 

Stéphanie Parent