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Le jour où j’ai été faible – Texte : Anouk Carmel-Pelosse

Ces derniers mois, je ne me sentais plus moi-même. J’ai toujours fait de l’anxiété mais cette

Ces derniers mois, je ne me sentais plus moi-même. J’ai toujours fait de l’anxiété mais cette fois, c’était pire. J’avais l’impression de passer mes journées avec un collier autour du cou sans savoir si quelqu’un allait tirer dessus pour m’étouffer. J’avais tous mes symptômes habituels, mais maintenant, ils étaient décuplés par 100.

Troubles d’insomnie, plus de patience avec mes enfants, plus envie de manger. J’avais l’impression que tout le monde me méprisait et mes tocs étaient de plus en plus présents. Et ça, c’est sans parler des pensées envahissantes qui ne me lâchaient pas.

Ça faisait un moment que ça empirait, mais je me disais que j’étais capable de gérer. J’étais forte et je m’en sortirais toute seule. Je voyais toutes les femmes, les mères autour de moi gérer leur vie comme des superhéroïnes. Pourquoi moi, je ne serais pas capable ?

Alors j’ai essayé de faire comme si de rien n’était. Plus le temps passait et plus ça empirait. Si vous saviez à quel point c’est difficile d’essayer de retenir la tempête qui fait rage en dedans. J’ai lu une phrase un jour qui disait : « L’anxiété c’est comme avoir peur de faire un accident d’auto, tout en étant assis dans son salon ». C’est quand même très représentatif.

Puis un jour, il n’y a pas si longtemps, j’ai eu un rendez-vous de suivi avec ma médecin de famille. Lorsqu’elle m’a demandé comment j’allais, j’ai ouvert mon sac. Je me suis sentie faible, mais avec elle, je n’avais pas peur de me faire juger. Elle m’a écoutée et on est venues à la conclusion que je devais commencer une médication pour dormir et une autre pour m’aider à gérer mon anxiété.

En sortant du bureau, j’ai eu l’impression que le simple fait d’en avoir parlé avait retiré le collier imaginaire autour de mon cou. J’ai réalisé que parfois, être forte, c’est aussi aller chercher de l’aide et des outils afin de s’en sortir. Être forte, c’est reconnaitre ses faiblesses. Peut-être que les autres femmes autour arrivent à gérer leur vie sans aide, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Et il n’y a pas de honte à ça.

Aujourd’hui, je ne peux pas dire que tout est redevenu à la normale, mais je peux dire que je fais tout pour apprendre à gérer la situation. On ne se sent pas honteux de prendre des médicaments lorsque nous avons une douleur physique, ça devrait être la même chose lorsqu’on veut soigner notre tête.

À toutes les personnes qui souffrent en silence, que tu souffres d’anxiété comme moi ou d’un autre trouble de santé mentale, je vous souhaite d’être assez forts et fortes pour demander de l’aide. Seul, on peut gagner quelques batailles, mais c’est en équipe qu’on peut gagner la guerre.

Anouk Carmel-Pelosse

« Maman, je pense que je suis dépressif » – Texte : Eva Staire

« Maman, je pense que je suis dépressif. » Il m’a sorti ça, comme ça, à 9 h le matin

« Maman, je pense que je suis dépressif. »

Il m’a sorti ça, comme ça, à 9 h le matin, devant ma tasse de café, en mangeant ses céréales.

J’ai senti mon cœur bondir dans ma poitrine, j’avais peur, j’avais envie de crier, de courir.

– Comment ça, dépressif ?

– Tout est « dark »

– Depuis quand ? À cause de la pandémie. tu penses ?

– Je suis comme ça. Depuis toujours, je crois. Je ne suis pas heureux, je ne le serai jamais. Je suis dépressif.

– As-tu des idées noires ?

– Tout est noir.

(Ne pas paniquer, ne pas paniquer…)

– As-tu envisagé de mettre fin à tes jours ?

(Je ne peux pas croire que je pose cette question à mon enfant !!!!)

– Je sais pas trop, mais mourir n’est pas quelque chose qui me dérange parce que je ne suis pas heureux.

– Merci de m’en parler, mon fils. Veux-tu de l’aide ?

– Je crois que j’aimerais bien de l’aide. Comme toi.

Je ne sais pas où j’ai trouvé en moi la force de ne pas hurler. Il m’a tendu la main et je l’ai prise.

Quelques mois plus tôt, j’ai frappé le mur pandémique et j’ai perdu mon étincelle. J’ai eu la chance d’être très bien entourée et accompagnée par des gens incroyables. J’ai investi dans ma santé mentale. Je me suis arrêtée, et je suis allée chercher de l’aide. Petit à petit j’ai rallumé mon étincelle et elle brille encore plus fort qu’avant.

Je suis devenue un exemple pour mon enfant.

« Maman n’allait pas bien, elle a reçu de l’aide, elle va mieux. Ça peut m’arriver à moi aussi. »

Je suis devenue de l’espoir pour mon enfant.

En quelques heures, avec des professionnels de santé très réactifs, nous avons tissé un filet d’urgence et de sécurité autour de mon gars.

Oui j’ai eu peur. Nous avons eu peur.

On peut mourir de ce mal-là. Je le sais.

Mais crois-moi, autour de toi, il y a des humains, qui sont là pour toi, et qui vont te redonner ce souffle, cet espoir et cette joie de vivre.

Même si tu trouves tout ça trop… trop noir… crois-moi, c’est beau après.

Parles-en. Tu n’es pas seul. Je suis là. On est là.

Eva Staire

 

Ma dépression ce n’est pas moi — Équipe Maïka

Lorsqu’elle nous habite, nous envahit, s’immisce en nous, elle prend tranquillement toute la pla

Lorsqu’elle nous habite, nous envahit, s’immisce en nous, elle prend tranquillement toute la place… Parfois, la porte lui est ouverte par des évènements, mais elle peut être là sans raison. Ces raisons que nous inventons, imaginons et qui justifieraient notre état… Elle est là, elle est notre ombre, elle nous habite, elle nous déchire. La dépression nous tient, nous retient. La souffrance est parfois telle que l’on a l’impression de devoir sortir de notre corps, de notre tête pour cesser cette indescriptible douleur. Nous sommes vidés, désespérés, absents, inconscients. Une journée est un fardeau, la traversée nous semble impossible. Les nuits sont courtes et remplies de questions, de peurs et d’inquiétudes. Le mal-être, c’est d’avoir littéralement mal d’être ! Cet être qui se fissure et se déchire de partout.

Voilà à quoi ressemblait ma dépression et pourtant…

J’ai deux fils et une famille extraordinaires, j’avais un amoureux exceptionnel. Une maison, un bon travail, un chien et un chat. J’avais tout pour être heureuse et pourtant…

Elle s’est invitée dans ma vie, en a pris la direction et en a fait un enfer. Des mois à tenter de ME survivre. De faux sourires, du maquillage, quelques blagues pour tenter de démontrer que je remontais la pente. Cette pente illogique, incompréhensible et terriblement ardue. Médecin, psychologue, rien ne m’aidait… Je savais que certaines personnes me trouvaient lourde, se sentaient impuissantes et prises au dépourvu. Des phrases revenaient : « Tu devrais retourner au travail, ça te changerait les idées ! » ou « Tu ne peux pas te laisser aller comme ça, tu as des enfants ! »… Quoi dire à part JE FAIS CE QUE JE PEUX ! Ces phrases remplies de bonnes intentions sont si difficiles à entendre… Si vous saviez toute la culpabilité qui nous habite en plus de cette douleur viscérale de l’être… Si vous saviez à quel point j’aurais aimé être capable de poursuivre ma vie « normalement » et me donner le coup de pied au derrière que d’autres auraient bien aimé me donner. Si vous saviez…

Mais je ne peux en vouloir à personne… Ils ne savent pas, ils ne le vivent pas et chacun vit la situation à sa façon… c’est aussi ça la dépression.

Si comme moi il y a quelques mois, tu souffres avec ou sans raison, il y a des ressources faites pour toi. Ne te limite pas à un diagnostic, tu N’ES PAS TA DÉPRESSION, tu es une personne qui souffre. Donne-toi du temps, sois indulgent face à toi-même, sois doux. Regarde et essaie, il n’y a pas d’échec, il y a des expériences. Tu trouveras LA bonne façon POUR TOI de traverser cette montagne. Je veux que tu saches que c’est possible d’en sortir et de vaincre cette envahisseuse : LA DÉPRESSION.

Marie-Christine Roy

 

UN CALACS, MAIS QU’OSSÉ ÇA ? Texte : Cindy LB

Agression sexuelle, violence physique ou verbale, harcèlement psychologique… malheureusement, nou

Agression sexuelle, violence physique ou verbale, harcèlement psychologique… malheureusement, nous connaissons tous une personne qui a vécu une de ces situations. Nous connaissons certains organismes, les refuges pour les femmes vivant avec de la violence conjugale, mais qu’en est-il des femmes victimes d’agressions sexuelles ? Il n’y a pas beaucoup d’informations qui circulent à ce sujet, que ce soit pour avoir un soutien ou pour une personne avec qui parler. Ce que nous entendons, c’est : « Va porter plainte à la police. » Connaissant notre système de justice actuel (il y a présentement une tentative de changement, à suivre), les victimes, dont je fais partie, sont complètement découragées, perdues et se sentent abandonnées.

Première chose, je ne connaissais pas la ligne téléphonique d’aide pour les victimes d’actes sexuels : 1‑888‑933‑9007. Ce sont des intervenants spécialisés dans ce domaine, c’est confidentiel, bilingue, 24/7. J’ai téléphoné à plusieurs reprises et ils sont extraordinaires. En plus de leur écoute, ils conseillent et aident à trouver d’autres ressources d’aide. C’est justement une intervenante qui m’a fortement conseillé d’appeler un CALACS. Un quoi ? J’ai l’honneur de vous les présenter.

CALACS veut dire : Centre d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère Sexuel. Ce sont des intervenantes (femmes pour des victimes femmes) qui offrent plusieurs services : groupe de cheminement pour les femmes ayant subi une ou des agressions à caractère sexuel, cheminement individuel, soutiens aux proches, aides et référence téléphoniques, accompagnement auprès des différentes instances, elles font de la formation, de la prévention dans les écoles, de la lutte et défense des droits. Ces centres passent inaperçus, n’ont pas toute la reconnaissance qu’ils méritent. Je vais remédier à ceci maintenant.

Je viens tout juste de terminer le cheminement de groupe, 13 séances qui varient entre 1 et 2 heures, qui survolent plusieurs sujets (émotions, sexualité, intimité, honte, culpabilité, l’agression elle-même, etc.) Aucune femme n’est obligée de parler ou dire ce qu’elle ne se sent pas confortable de partager, c’est fait dans le respect et les limites de chacune. Il y a des règles bien établies dès le début, les intervenantes nous font remplir des formulaires de santé pour connaître les signes ou malaises qui pourraient survenir et être en mesure de donner les soins ou conseils pour nous aider. Par exemple, pour ma part, lorsque je vis des émotions trop intenses, je fais des crises d’angoisse très fortes, je peux perdre conscience, donc mon intervenante savait comment me garder dans le moment présent ou me ramener.

Au début de la thérapie, je ne savais pas à quoi m’attendre, j’avais la culpabilité, la honte et la colère au max. Je souhaitais être capable de vivre avec mon agression et ne plus ressentir autant d’angoisse. J’ai vite réalisé que mes objectifs étaient très hauts. Puis, les séances ont débuté, je ne voyais pas trop où les sujets que nous abordions allaient nous amener, à un point tel que j’avais presque oublié pourquoi j’étais là. Chaque sujet est très intéressant et aide dans la vie de tous les jours ; puis vient « Le récit ». Nous devons raconter notre agression avec les détails que nous sommes à l’aise de dire, et les semaines suivantes, la colère est abordée. Les trucs donnés pour évacuer cette colère peuvent être surprenants et très satisfaisants. C’est fou ce qu’une nouille de piscine peut défouler. À la fin, j’ai compris que les sujets du début étaient pour préparer le terrain pour le gros de la job. La dernière journée, il y a le bilan, où nous célébrons tout le chemin parcouru.

Je souhaitais ne plus ressentir d’angoisse ou de peur en pensant à mon agression. Non seulement j’y suis arrivée, je suis très ouverte à parler de mon agression et je veux m’impliquer pour la cause. J’ai plusieurs projets en tête comme une série de livres pour enfants qui explique le consentement et d’autres sujets relatifs aux agressions. Tous ces beaux projets et ambitions ne viennent pas de nulle part, tout vient de la confiance que mes intervenantes et femmes de mon groupe m’ont transmise. Ces femmes qui travaillent jour après jour avec des femmes brisées, traumatisées et perdues ne baissent jamais les bras. Elles travaillent sans arrêt pour améliorer le processus et trouver de nouvelles méthodes pour nous aider. Elles suivent des formations pour rester à jour ou tout simplement parce qu’elles veulent en apprendre plus pour mieux aider. Ça n’arrête pas là, non, elles font de la sensibilisation auprès des enfants et adolescents, organisent des marches pour continuer à faire avancer les droits des femmes, des victimes. Ah ! Sans oublier qu’elles accompagnent certaines femmes qui décident de confronter leur agresseur ou de porter plainte à la police tout au long du processus. Comme si ce n’était pas assez, elles gardent contact avec certaines femmes qui ont terminé leur thérapie depuis longtemps et continuent de les aider si nécessaire. Est-ce que je suis la seule à être essoufflée ? Elles font tout ça avec le plus beau et le plus sincère des sourires.

Ces centres sont essentiels, ces intervenantes sont essentielles. Les agressions sexuelles sont encore trop taboues et très mal comprises. Énormément de fausses informations et perceptions circulent. « Ben là, as‑tu vu comment elle était habillée ? Elle l’a cherché. » « Un gars, ça ne peut pas contrôler ses pulsions. » « Ouin, mais elle n’a pas dit non, elle n’a rien fait. » « Des fois, non veut dire oui. »

*La fille, ça se peut qu’elle veuille juste se sentir belle. Elle n’a pas une affiche qui dit « agresse-moi ».

*Un gars qui a appris le respect et le consentement va accepter si la fille change d’idée.

*Même si un non n’a pas été prononcé à voix haute, le fait de figer signifie un non.

*Non veut dire non. Point à la ligne.

Un CALACS change une vie, change des vies. Tu reprends le contrôle de ta vie. Tu comprends certaines choses. Ton futur est plus beau. Tu as des outils pour t’aider tout au long de ta vie. Tu peux contacter à nouveau ton intervenante en cas de besoin. Surtout, tu comprends que tu es une VICTIME, que ce n’était PAS de TA faute et que TU N’ES PAS SEULE.

Merci au CALACS L’Ancrage des Laurentides, merci à mes intervenantes.

Cindy LB

 

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Ligne téléphonique Info-Aide violences sexuelles :

1‑888‑933‑9007

 

Regroupement des CALACS du Québec (pour trouver celui le plus près) :

http://www.rqcalacs.qc.ca/

 

CALACS L’Ancrage des Laurentides et pour faire un don :

https://calacslancrage.ca/

https://calacslancrage.ca/faire-un-don/

 

 

Tu me « drives »! Texte : Ghislaine Bernard

Tu sais, il y a des matins où je me dis que je me sens bien et d’autres où c’est moins certain

Tu sais, il y a des matins où je me dis que je me sens bien et d’autres où c’est moins certain. Ces matins-là, tu es là. Parfois tu es juste présent, sans avoir à dire quoi que ce soit. À d’autres moments, tu me fais rire, tu me fais réfléchir, tu me fais pleurer dans tes combats, ou tu m’émeus dans tes joies. Tu me demandes de l’aide pour une raison ou une autre et je me précipite comme je l’ai toujours fait pour t’aider. Mais au final, c’est toi qui m’aides.

Oui, parce que tu me fais confiance pour t’aider.

Oui, parce que j’arrive à te faire atteindre tes objectifs.

Oui, parce que je me sens utile et appréciée.

Oui, parce que simplement, tu es là.

Il y a des soirs où je me sens seule et tu viens, tu m’accompagnes sur ma solitude en me partageant ta journée, ta dernière virée ou ce vidéo absurde qui t’a fait rire. Tu me parles du passé, de nos moments, de nos déboires et de nos fous rires. Parfois ensemble, on redessine l’avenir en se basant sur un présent modifié à notre convenance.

On suit la musique… on fait des pas de danse.

Tu me « drives »

Tu me dis tellement de choses, en paroles, en écrits et même dans tes silences et tes non-dits.

Tu me racontes ta vie et moi la mienne. Totalement ou partiellement, selon l’humeur du moment.

Je pourrais dire encore tellement de choses que tu fais pour moi ! Mais le principal :

Tu me « drives »

Tu me forces à m’élever au-dessus de moi-même, à faire face à mes problèmes. Tu m’enlèves certains poids, parfois. À cent milles à l’heure, tu me percutes par certaines vérités, même si parfois tu n’en as pas conscience, je t’entends, je t’écoute, je te lis et te regarde. J’observe ta verve, tes intonations, tes pauses et tes émoticons.

Tu me « drives »

Chaque jour, je te retrouve sur mon parcours. Je te vois dans la rue, sur mon écran, au bout du fil. Tu me rends visite ou c’est moi qui viens à toi. Nous partageons tout et rien. Nous voguons sur le même océan, toujours droit devant, même si parfois des courbes se présentent.

Tu me « drives »

Tu es mon ami, ma connaissance, mon collègue, mon frère ou ma sœur de cœur. Tu es ce père qui m’a élevé, cette tante, cet oncle, ce cousin. Tu es mon enfant, mon parent, mon amour. Tu es celui qui partage ma vie au travers de celle-ci.

Tu es parfois aussi cet inconnu qui m’offre un regard, un sourire ou même qui ne me regarde pas, trop occupé dans ses pensées.

Tu me « drives »

Avec tes bons et tes mauvais côtés

Toi, dans toute ta splendeur, dans toute ton humanité.

Tu es mon prochain, mon voisin.

Tu es cet humain. Petit ou grand, peu importe vraiment.

Tu es et cela me suffit.

Merci

Simplement, Ghislaine

Les mots – Texte : Line Ferraro

J’ai le goût d’écrire, mais les mots ne viennent pas aussi facilement qu’à l’habitude. Jâ

J’ai le goût d’écrire, mais les mots ne viennent pas aussi facilement qu’à l’habitude. J’ai besoin de réfléchir, de faire de la place dans ma tête pour que les mots puissent s’installer et prendre forme. J’ai besoin de ce moment thérapeutique pour me sentir mieux. J’ai besoin d’évacuer mes maux.

Certains mots restent aussi pris au fond de ma gorge. C’est difficile d’en parler. Ma gorge est serrée. Mon cœur est lourd. Je ne sais pas trop ce qui se passe… Pourtant, je sens qu’ils sont là, prêts à exploser. Ils se retiennent, ils n’osent pas sortir de leur cachette. Mon anxiété les retient. Mais j’ai besoin de sortir de ces maux qui me grugent l’âme et qui me font fuir ma vie.

Les mots n’arrivent pas à se frayer un chemin de mon cœur à mes doigts… C’est sûrement mon cerveau qui mène en ce moment. Mon cœur se débat, mes mains sont moites et glissent sur mon clavier. Mes yeux s’embrouillent et je ne perçois plus les lettres. Il faut qu’ils sortent pour que je me sente mieux. J’ai besoin de me vider la tête et le cœur.

Mais je ne trouve pas les mots. J’ai le goût de crier ! J’ai le goût de pleurer ! J’ai peur !

Mais de quoi ? Aucune idée ! J’ai chaud. On dirait que je vais perdre connaissance. Ce serait si facile de se laisser tomber, de se laisser partir… J’ai l’impression que quelqu’un a pesé sur un bouton et que mon être cherche à s’échapper de mon corps.

Mais je devrais plutôt essayer de dormir, de me laisser porter par le bruit de la musique que j’ai choisie. Me laisser bercer par les mots de quelqu’un d’autre. Respire ! Respire !

Des pensées hors de mon contrôle se sont emparées de mon esprit et elles rejouent en boucle des scénarios tous plus intenses les uns que les autres. Des histoires dont je ne connais ni le dénouement ni la fin, et cela m’inquiète au plus haut point.

J’ai des serrements à la poitrine, je fais sûrement une crise cardiaque. Mais non ! Souviens-toi ! C’est ton diaphragme qui se gonfle comme un chapiteau. Respire ! Respire !

Je dois m’accrocher à quelqu’un pour sentir que j’existe encore ! C’est tellement flou dans ma tête. Pose ta main dans mon dos, tiens-moi la main. Parle-moi ! Dis-moi que je suis toujours là… Je n’ose plus parler de ce que je vis, de ce que je ressens. Mon chum ne sait plus comment m’aider. Et je le comprends ! J’ai vraiment besoin d’aide extérieure !

 Mes maux

Ma première thérapie, je l’ai faite à 27 ans. Je cherchais à me comprendre depuis plusieurs années déjà. J’avais pris part à plus de décès que de mariages. Mon parrain est décédé lorsque j’avais 7 ans, ma mère et son chum sont décédés tragiquement dans un accident de moto 11 mois plus tard ; au décès de mon père, j’avais 15 ans, et 21 ans au décès de mon grand-père. Trop de grands deuils à faire pour une seule personne.

Mes maux étaient toujours ancrés dans mon cœur et dans mon âme. J’ai poursuivi ma route, du mieux que je pouvais, avec les ressources que j’avais en moi. Puis, je suis devenue mère assez rapidement. À 31 ans, après un mois de fréquentation, et avec tous les moyens pour ne pas que ça arrive, je suis tombée enceinte. Trois ans plus tard, nous avions trois enfants (jumeaux). La vie était plus douce, plus calme, mais j’avais toujours un vide à l’intérieur. Et puis bang, à 38 ans j’ai dû m’arrêter quelques mois pour prendre soin de moi. J’ai reçu un diagnostic d’anxiété généralisée, de trouble obsessif compulsif et de trouble de l’adaptation. J’ai pris un rendez-vous avec une psychologue. Ça me faisait du bien de parler à quelqu’un qui ne pouvait pas me juger, qui ne pouvait pas me dire des commentaires tels que : Sois forte ! Y’ en a des pires que toi ! Sois courageuse !, c’est comme ça la vie ! Le p’tit Jésus t’a envoyé des épreuves à vivre car tu es capable de les surmonter et qu’il t’aime ! Ben oui, toé !

Le renouveau

À 50 ans, j’ai fait une dépression majeure. Cette fois-ci, j’ai pris 18 mois pour prendre soin de moi. Psychologues, thérapie cognitivo-comportementale de groupe, thérapie par le chant, ergothérapie en santé mentale, méditation. J’ai tellement grandi lors de ces thérapies. J’ai pu faire un grand ménage et je me suis débarrassée de bien des maux. C’est l’un des plus beaux cadeaux que je me suis offerts.

Une chance que j’étais bien entourée autant par ma famille que par mes amies. J’ai osé demander de l’aide. C’est important de parler, d’exprimer ce que l’on ressent, de vivre nos émotions. Il faut aussi des personnes capables d’être à l’écoute de l’autre. Toutes ces thérapies m’ont tellement aidée à cheminer, à comprendre, à me faire confiance et à accepter qui je suis.

Notre santé mentale est aussi précieuse que notre santé physique.

Le beau

Aujourd’hui, j’ai 55 ans et j’arrive beaucoup plus facilement à gérer mes angoisses. Je les sens venir et j’en ai beauuuuuucoup moins qu’avant. J’ai appris à m’arrêter avant que tout déborde. J’ai appris à écouter ma petite voix dès qu’elle me fait signe et avant que celle-ci ne me raconte n’importe quoi…

Line Ferraro

 

Les gars, si on prenait soin de vous maintenant? Texte : Annick Gosselin

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, on parle énormément de la violence faite aux femmes

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, on parle énormément de la violence faite aux femmes et des mesures mises en place pour les aider. C’est très bien ainsi, on veut que ça cesse. Mais n’est-il pas temps de s’adresser aux hommes, d’instaurer des programmes d’aide pour eux et de les soutenir en amont, avant que ça dégénère?

De tous les temps, l’image qu’on a eu d’un homme, c’est qu’il doit être fort et le pillier de sa famille. Un homme, ça ne peut pas « flancher ».  Quand tu es un homme, un vrai, tu endures, tu ravalles et tu continues ton chemin, souvent jusqu’à ce que ça déborde en violence conjugale ou en problèmes de dépendance, notamment.

Il est temps que la société investisse pour eux et qu’on leur donne les bons outils afin qu’ils puissent apprendre à gérer adéquatement leurs émotions, accepter qu’ils ne vont pas bien et qu’ils doivent aller chercher de l’aide lorsque nécessaire.

Les femmes ont dû se battre dans plusieurs domaines afin d’atteindre l’égalité sociale et économique des hommes. Mais je crois qu’il est temps que les hommes, en ce qui a trait à leur santé mentale, aient droit au même traitement que les femmes et que nous en fassions une priorité, un choix de société.

Il nous incombe à tous d’en parler et d’être sensibles aux signes qui démontrent qu’un homme ne va pas bien. Faire preuve d’empathie, de compréhension et lui faire savoir qu’il doit demander de l’aide, c’est aussi de notre responsabilité. Il est si facile de faire comme si on ne s’en rendait pas compte et de continuer à vivre dans notre individualité quotidienne. Quand on sait qu’un gars vit quelque chose de difficile, c’est quoi de prendre de ses nouvelles? De l’écouter? D’aller boire un verre ou un café avec lui? T’sais, juste lui faire sentir qu’il n’est pas seul. Ça peut faire toute la différence quand tu ne vois plus la lumière au bout du tunnel.

Pour nos petits garçons, nos petits hommes en devenir, on a la chance de changer les futures mentalités. Il faut leur enseigner dès le plus jeune âge que c’est correct de ne pas toujours bien aller. Arrêtons de leur mettre la pression du gars fort et parfait. Montrons-leur l’importance d’avoir des émotions, donnons-leur le droit de les exprimer et les outils pour les gérer adéquatement.

Messieurs, on vous soutient. Vous avez le droit de tomber au combat, de trouver la vie difficile. Mais il n’y a rien que le temps n’arrange pas. Allez chercher de l’aide de votre famille, d’un ami, d’un collègue ou d’un professionnel, mais ne restez surtout pas seuls à porter tout le poids de vos difficultés sur vos épaules.

Annick Gosselin

La dépendance affective – Texte: Ghislaine Bernard

Quel titre ! Depuis notre naissance, nous vivons tous des relations familiales, amicales et amoure

Quel titre ! Depuis notre naissance, nous vivons tous des relations familiales, amicales et amoureuses, c’est un fait. Nous partageons notre vie ou des parcelles de celle-ci avec autrui, ce qui est de la plus simple normalité, voire nécessité. La plus grande relation qu’on devrait vivre est avec soi-même. Mais parfois pour diverses raisons, cette relation est difficile, même à certains moments, trop demandante. Car bien vivre avec soi est un défi de tous les jours. La confiance en nos aptitudes n’est pas toujours au rendez-vous, alors nous recherchons chez ceux qui nous entourent l’approbation, l’encouragement et surtout l’affection qu’on ne réussit pas à se procurer soi-même.

Vous allez me dire que c’est normal de rechercher chez les gens que l’on aime ces propulsions de positivisme et vous avez, à mon humble avis, raison.

Mais à quel moment l’affection devient-elle une dépendance ?

Je crois que dans la vie, il est tout à fait normal d’avoir des piliers sur lesquels nous appuyer de temps en temps. Là où, je crois, il commence à y avoir un problème, c’est lorsqu’une personne n’est plus « un » pilier, mais « LE » pilier. C’est de mettre toutes nos attentes sur une seule et unique personne. C’est de constater que cette personne ne fait pas partie de notre aventure, mais qu’elle « est » notre aventure. La seule, l’unique. Que sans cette personne, nous ne fonctionnons plus ou juste sur « l’automatique ».

Je crois aussi qu’il est normal et sain qu’à certains moments de notre vie, surtout à la suite de traumatismes affectifs, que l’on ait plus « besoin » de l’approbation des autres. Mais ça ne doit durer qu’un temps individuel à chacun et surtout ne pas perdurer en temps et intensité.

J’ai moi-même vécu des situations qui m’ont chamboulée au point de perdre totalement confiance en moi en toutes choses, et je sais que j’ai demandé, sans le savoir, beaucoup à mes gens. J’ai demandé en encouragement, j’avais constamment le besoin d’être rassurée, encouragée, félicitée. Cela est encore présent à certains niveaux, mais je ne dépends plus de ce sentiment d’insécurité. J’ai réappris à croire en moi plus qu’il y a quelque temps et chaque jour, j’apprends davantage.

Dans le passé, j’ai appris à me passer de tout, de tous. Puis je me suis effondrée, ce qui a eu l’effet contraire. Ce qui a pu à certains moments sembler être une dépendance affective aux yeux de certains. Mes insécurités, mes demandes non verbalisées d’encouragements et ce besoin de faire valider mes choix ont dû peser sur certaines personnes. Je remercie ces gens aujourd’hui, car ils m’ont redonné espoir en moi, ils m’ont remise devant ce miroir que j’évitais depuis si longtemps.

Lorsque vous percevez que tout repose sur les autres, posez-vous quelques questions :

Suis-je dépendant de l’avis de cette personne ou de ces personnes ?

Suis-je irrationnellement apeuré de perdre cette personne ?

Suis-je jaloux ?

Ai-je toujours besoin de son approbation avant de prendre une décision ?

Ai-je des comportements impulsifs ?

Est-ce que je tourne en rond constamment durant ses absences ?

Si vous répondez oui à plusieurs de ces questions, c’est que vous vous approchez, si vous n’y êtes pas déjà, de la dépendance affective.

Il existe des dangers relationnels à rester dans cet état, alors prenez-en conscience et sachez qu’il existe de l’aide pour sortir de cette dépendance. N’oubliez pas que l’amour est une construction qui prend pied dans le respect de chacun, dans le respect des individus et de leurs aspirations. Sortir de la dépendance affective est un apprentissage pas-à-pas qui demandera beaucoup d’efforts de votre part, mais aussi une certaine patience de la part de vos congénères. Mais déjà en prendre conscience en est le premier. Apprenez à reconnaître vos agissements de dépendance et à changer ceux-ci par des actions positives pour vous d’abord et avant tout.

Vous vous apercevrez rapidement que chaque jour est moins lourd qu’il n’y paraît, que vous n’avez plus autant « besoin » de l’approbation des autres. Que vous vous faites confiance dans vos décisions. Que les autres autour de vous vont percevoir ces changements et certains iront jusqu’à vous féliciter, mais vous ne serez plus en attente de ces félicitations. Vous allez les accueillir avec joie certes, mais même si elles ne viennent pas, cela ne vous freinera plus.

Reprenez les rênes de votre vie. Il est tout à fait normal d’échanger avec les autres, de consolider certaines décisions, d’avoir un partenariat décisionnel dans votre couple et vos relations interpersonnelles, mais vous n’en serez plus dépendant.

Si vous n’arrivez pas à dépasser cette dépendance, sachez qu’il existe de l’aide, que ce soit par suivi psychologique, thérapie ou même par accompagnement en relation d’aide alternative. Il existe énormément d’outils pour évoluer dans votre cheminement vers un mieux-être, vers votre indépendance affective, le tout, dans différentes approches qui vous rendront la force qui a toujours été la vôtre, même si vous l’avez oubliée pour des raisons tout à fait légitimes.

Soyez le maître de votre vie, ne marchez ni derrière ni devant les autres… apprenez à marcher à leurs côtés !

Simplement Ghislaine

Ne jugez pas ma mort comme vous jugez mon vivant…

À l’aube de la nouvelle année, je ne peux croire ce que je lis,

À l’aube de la nouvelle année, je ne peux croire ce que je lis, entends et constate. L’humanité pas toujours humaine aura deux mille vingt ans et elle n’en est dans certains domaines qu’à son balbutiement.

Les sociétés sont bien mal en point. Le suicide, malgré toutes les discussions, les échanges et les ressources, reste pour beaucoup tabou. Surtout, leurs victimes qui s’en sortent, ou pas, sont encore et encore jugées.

Pour avoir été de ceux qui souhaitaient « mourir », je peux confirmer que le souhait de mourir n’est pas de ne plus vivre… mais plutôt d’arrêter de survivre. D’avoir envie de vivre plus que jamais mais ayant, à tort, la certitude que cette vie ne lui apportera jamais l’envie d’y rester, en étant dans cet état de mal de vivre.

Ce que j’affirme peut paraître décousu, je vous l’accorde. Mais comprenez bien : la personne souffrante ne croit tout simplement pas qu’il existe pour « elle » une autre issue. Elle souffre, elle culpabilise d’être devenue un poids d’inquiétude pour les gens qu’elle aime. Elle veut arrêter cette souffrance de part et d’autre, elle est fatiguée de porter de faux masques qui laissent paraître une joie de vivre qu’elle ne ressent plus. Masques à double tranchant, qui lui arrachent la peau chaque fois qu’elle les enlève. Alors elle les garde. Devant tous, devant elle-même, jusqu’au jour où elle s’y sent à l’étroit, où elle ne les supporte plus.

Alors, elle crie. Brutalement, de toute son âme, mais son corps lui joue parfois ce tour de crier silencieusement ou de se contenter de quelques murmures. Elle voit alors dans les yeux de ses confidents sa propre souffrance qui les atteint, et elle souffre encore. Elle a honte. Alors elle accepte l’aide ou elle la fuit.

La remontée n’est jamais sans nouvelles souffrances. La personne souffrante le sait, car cela fait bien longtemps qu’elle se bat. Elle ne voit plus les solutions qu’on lui apporte comme étant efficaces. La personne suicidaire se sent dépossédée de toute possibilité de rédemption. Cette pression contre sa cage thoracique est de plus en plus étouffante. Ce bourdonnement dans sa tête raisonne en rebondissant sans cesse contre les parois de son crâne. Ses yeux ne perçoivent tout simplement plus les couleurs et leurs nuances de ce monde devenu lourd, si lourd.

La personne qui pense à mettre fin à ses jours ne cherche jamais l’attention, elle la fuit. Elle sait que si les gens « savaient », ils voudraient la retenir, l’aider à ne pas mourir de corps, puisque son intérieur, lui, l’est déjà à ses yeux. Alors, celle qui n’arrivera jamais à parler, crier ou même murmurer, vous n’en saurez rien jusqu’à ce qu’elle agisse fatalement.

PAR CONTRE, la personne à qui il reste une parcelle d’espoir et qui demande de l’aide, ne la jugez pas! Ne lui dites pas que tout va bien, c’est faux! Ce n’est pas sa réalité! Ne pensez surtout, non surtout pas qu’elle cherche une attention démesurée face à ce mal-être qu’est son quotidien.

La dépression, les maladies mentales, les troubles de la personnalité, les blessures immondes sont bel et bien R-É-E-L-S.

Si vous croisez la route d’une personne en mal de vivre qui aspire à la mort, prenez-la par la main, serrez-la bien fort contre vous et amenez-la à l’hôpital. Soyez l’accompagnateur de sa demande d’aide. Vous n’avez très probablement pas l’expertise de l’intervention nécessaire, mais soyez son transport vers les bonnes ressources. Vous craignez pour la vie d’une personne? Contactez les autorités. Elle ne l’appréciera peut-être pas pour quelque temps, mais un jour, lorsqu’elle sera « guérie » ou qu’elle acceptera le chemin de la guérison, elle aura au fond du cœur une reconnaissance sans borne pour votre geste, même si elle n’en fait pas mention.

Aucune phrase unique ne peut guérir le mal de vivre. C’est un long chemin à parcourir, mais il existe. Aidons ceux qui empruntent cette voie à la parcourir petit à petit. Renseignons-nous sur ce que l’on peut faire et dire, mais surtout, NE LES JUGEONS PAS.

Simplement Ghislaine

*Je vous invite à visiter ce lien qui pourrait très fortement vous aider à « aider ».

Maman… AIDE-MOI!

J’ai beaucoup hésité à écrire ce texte. Même en écrivant ces

J’ai beaucoup hésité à écrire ce texte. Même en écrivant ces lignes, je doute toujours. Ce soir-là, j’ai pleuré en me demandant si la vie ne s’était pas trompée en me donnant le titre de maman…

Pourtant, c’était un dimanche soir plus que banal. On terminait notre souper. C’est vrai que dans la journée, il y avait eu beaucoup de frictions entre sœurs et entre maman et enfants. Pourtant, le souper se déroulait plutôt bien malgré tout.

Une simple petite phrase a tout fait basculer : « Mady, n’oublie pas, il faut faire tes devoirs ce soir. » J’aurais dû comprendre, avec son « non » tranchant et un peu agressif, de ne pas insister. Pourtant, j’ai succombé à la pression scolaire… j’ai insisté.

La tornade a touché terre à ce moment. Une crise forte, trop forte à mon avis, pour ce que je lui avais demandé. Des objets fusaient de tout bord tout coté. Des larmes, des cris, des mots durs sortaient de sa bouche. Toutes les tensions accumulées dans cette journée, cette semaine ou même ce mois s’évacuaient dans cet énorme débordement.

J’ai fermé les yeux et j’ai voulu mettre ma soirée sur pause. Rembobiner la cassette juste avant le moment qui a déclenché la crise. Malheureusement, je ne pouvais pas… Je devais vivre ça.

Mais mon cerveau refusait de gérer ça. J’ai regardé mon chum, en le suppliant du regard de m’aider. Je me suis butée à la même demande dans ses yeux.

Alors j’ai crié moi aussi, crié plus fort qu’elle. Je l’ai conduite dans sa chambre. Je lui ai interdit de sortir tant qu’elle ne serait pas calmée. J’ai fermé la porte sur ses pleurs, ses cris. J’ai fermé la mienne pour étouffer mes pleurs, mon désespoir.

Ma petite Boucle d’or est revenue plus tard, toujours en pleurant mais sans colère, me donner un petit carnet.

Elle y avait écrit son désespoir et me suppliait de l’aider à se comprendre. Elle se sentait perdue. Perdue face à ses explosions de colère qui la submergeaient, la contrôlaient.

Les larmes ont recommencé à rouler sur mes joues. Je n’ai pas compris ma fille, je n’ai pas vu toute cette peine, cette incompréhension, cette douleur en elle.

Je sentais que j’avais échoué dans mon rôle de maman. Même encore ce matin en vous écrivant, je me demande pourquoi je n’ai rien vu…

Mélanie Paradis

Ce que je veux dire, c’est…

Ce que je veux dire, c’est exactement ce que j’ai dit ou demandÃ

Ce que je veux dire, c’est exactement ce que j’ai dit ou demandé. Ni plus ni moins.

Par contre, parfois, je n’ose pas demander, de peur que l’autre interprète mes propos différemment, tente d’y trouver un sens plus profond.

On entend et lit très souvent, quasi partout, tant de la part des professionnels de la santé et de l’éducation, des blogues traitant de la parentalité ou de monsieur et madame tout le monde, qu’on doit demander de l’aide, que ça prend un village pour élever des enfants… Je suis d’accord. Je suis la première à offrir mon aide et si on m’appelle, c’est certain que j’essaie de m’organiser avec chéri-mari et les enfants pour répondre positivement, et je serai là avec plaisir. Néanmoins, j’ai de la difficulté à le faire. Je me dis que c’est chéri-mari et moi qui avons choisi de faire des enfants, pas les membres de notre entourage. Ce n’est pas leur responsabilité, je n’ai pas à leur imposer de partager ce qui n’appartient qu’à nous…

Puis, dernièrement, une amie maman a partagé une publication sur sa page Facebook (une traduction d’un texte de Charity Beth). C’était assez long, mais somme toute, ça disait que les demandes des mamans ne sont pas plus que ce qu’elles énoncent, que leurs actions à un instant donné ne représentent pas nécessairement leur quotidien. Par exemple, une maman qui servira des céréales pour souper ne le fait pas généralement tous les soirs, que celle qui perd patience ne le fait pas souvent pour autant, qu’une maman qui dit être fatiguée ne veut pas dire qu’elle regrette sa maternité. Elle est simplement fatiguée, point.

« Quand une mère dit qu’elle a besoin d’aide pour faire les choses, c’est tout ce qu’elle veut dire. Elle ne veut pas dire qu’elle n’est pas capable. » Cette phrase m’a particulièrement interpellée. Quand le stress et l’anxiété montent, je sais rationnellement que de l’aide me ferait le plus grand bien. Qu’avoir de la compagnie durant mes journées ou mes soirées solos les adoucit autant pour moi que pour les enfants. Après tout, c’est beaucoup plus agréable pour mon grand de trois ans de jouer à un jeu de société avec une amie de maman que de rester très calme en s’occupant seul pendant que son bébé frère boit son lait, même s’il est capable de le faire.

Mais comme je suis capable et que nos familles et nos amis n’ont pas demandé à ce qu’on ait des enfants, je n’ose pas les solliciter ou encore trop peu.

Quand je parlais récemment à une amie de ce malaise d’imposer nos responsabilités à notre entourage, elle m’a dit que bien que j’aie raison de dire que nos enfants sont notre choix à chéri-mari et moi uniquement, ceux qui nous aiment voudront nous aider et prendre soin de nous, et de nos enfants par le fait même. Même s’ils ne sont pas obligés de le faire ou justement parce qu’ils ne le sont pas.

C’est vrai que c’est également parce que je me préoccupe de ceux que j’aime que ça me fait plaisir de les aider, même si leurs choix ne m’appartiennent pas.

Ces paroles résonnent encore en moi, font leur chemin tranquillement. Je me répète également que je peux être capable et recevoir de l’aide ; ce n’est pas incompatible.

Jessica Archambault