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Le cododo m’a sauvée

« Moi, mon fils va faire ses nuits ben assez vite ». Ã

« Moi, mon fils va faire ses nuits ben assez vite ». Ça, c’était la maman plus naïve en moi qui parlait. Enceinte, j’avais tout un plan dans ma tête de quand je ferais quoi pour que coco soit ci, fasse ça. Une fois le coco dans mes bras, ç’a un peu pris le bord!

À trois mois, mon fils faisait des nuits. Ben oui! Il a arrêté de boire la nuit, faisait des dodos de 21 h à environ 5 h. Sauf que dans ma tête de jeune maman essoufflée et épuisée, 5 h, c’était tôt. Un peu trop.

J’ai commencé à l’amener dans mon lit, « juste pour quelques minutes », le temps de me décoller les yeux. À ce moment-là, j’ai compris : on était tellement bien ensemble! Coco se rendormait, blotti contre moi. Au chaud, on se berçait ensemble dans notre réconfort et notre bulle d’amour.

Assez rapidement, ma fameuse fatigue extrême est partie. Ma bonne humeur est revenue. Non seulement je dormais plus, mais je dormais tellement mieux. Parce qu’une fois que coco a compris, il a commencé à venir nous rejoindre de plus en plus tôt. Parfois, il est même venu avant que je me couche moi-même. Et savez-vous quoi? Je trouvais ça bien correct!

Avec mon mari, on a établi des balises personnelles à nous. Pour nous, il est important que coco s’endorme dans son lit. Ça nous donne une intimité, ça nous permet de relaxer à deux et, selon nous, ça nous donne le meilleur des deux mondes.

J’ai eu droit à tellement de commentaires désobligeants… « Il va s’habituer, tu ne pourras jamais enlever cette mauvaise habitude » est celui qui revient le plus souvent. Je suis loin de considérer que c’est une « mauvaise » habitude, mais bon, sait-on! « Les gens » connaissent probablement mieux que moi ma dynamique familiale? Quand je deviens exaspérée, je leur réponds toujours la même chose… « Promis, à seize ans, il dormira avec sa copine et pas avec moi! ». Ça marche à tout coup!

Est-ce que ça se peut que moi, je sois tellement bien là-dedans que j’en aie besoin? J’ai des problèmes d’anxiété, et me coucher aux côtés de mon fils, ça m’aide. Après une grosse journée stressante et occupée, me bercer doucement à ses côtés me fait l’effet d’un reboot, et j’ai beaucoup moins de crises de panique ou de difficulté à gérer mes émotions. Je ne l’utilise pas contre son gré, évidemment; je suis à l’écoute et quand il sera prêt à passer à autre chose, je m’ajusterai moi-même. Comme ce n’est pas le cas pour l’instant, je prends mon mal en patience envers les gens qui malheureusement, pensent que je suis un brin hippie!

 

L’angoisse, ce mal inutile

L'angoisse: ce sentiment qui n’est pas du tout réel, mais qui nou

L’angoisse: ce sentiment qui n’est pas du tout réel, mais qui nous fait peur à tous. C’est comme une sorte de manifestation profonde d’inquiétude. Cette grande anxiété qui monte au cerveau en quelques secondes, à son plus haut niveau, et qui nous inflige plein de situations des plus négatives. Nous ne captons plus tout à fait le moment présent, nos pensées sont transportées à un moment futur où toutes les possibilités nous sont projetées très rapidement. Cette peur qui nous envahit sans trop savoir pourquoi et qui nous enveloppe dans le noir.

La peur de tout. La peur de manquer d’argent, de voir nos petits tomber et se blesser avant même que ça se produise. La peur d’être malade ou de savoir qu’un proche est malade. La peur d’avoir peur, souvent.

Mais elle ne s’arrête pas là! L’angoisse nous guette et nous enveloppe. Elle dirige notre esprit comme si elle voulait que l’on perde le contrôle, qu’on ne sache plus quoi faire, quoi dire.

Ce qui peut impliquer par la suite plusieurs maux comme des serrements au niveau de l’estomac, des palpitations, la transpiration, des nausées, des évanouissements, des troubles du sommeil, des frissons, de la fatigue et même des pleurs.

Aussi, sans nous en rendre compte, nous transmettons cette angoisse à notre entourage, et plus sérieusement à nos enfants. Demandez-moi pas pourquoi, ils sont les premiers touchés par cet état de nervosité. Ils le ressentent du premier coup!

Que ce soit la peur, la maladie ou même la mort… il faut se concentrer sur soi et ne pas paniquer. L’angoisse ne devrait jamais prendre le contrôle sur nous et nous déséquilibrer mentalement.

Et combien de fois on a angoissé pour rien! Combien de fois on s’est dit à soi-même :

« Ahhh ! J’m’en faisais pour rien finalement! »

Alors c’est vraiment pas le moment d’une over-reaction!

Je me souviens des moments où j’ai passé trois nuits à m’en faire pour l’achat d’une nouvelle maison, les journées de soucis parce que mon petit-fils commençait la maternelle. La pilule contraceptive que j’avais oublié de prendre ou le manque d’argent pour des factures en souffrance. Il y a aussi la fois où mon conjoint a perdu sa job, que ma mère était transportée à l’hôpital ou tout simplement, quand mon chien saignait du nez sans raison. Seulement la pensée que je me faisais du souci pour tout et pour tout le monde… il y a bien fallu que je lâche prise à un moment donné et que je me calme un peu.

Alors il faut apprendre à contrôler sa pensée et ses émotions. C’est quelque chose qui commence par une très grande respiration. Ouais, aussi simple que ça! Se calmer… Respirer profondément et chasser toute cette nervosité qui monte à la surface pour nous sortir de notre réalité. Je ne dis pas qu’on s’énerve pour rien! Je dis que le fait de respirer nous fait voir plus clair et détruit ces arrière-pensées négatives.

Les mauvais jours, ça arrive à tout le monde. Mais cela ne sert vraiment à rien de s’énerver d’avance.

Si c’est pour arriver, ça va arriver de toute façon, on n’y peut rien… alors, pourquoi ne pas se calmer et prendre le taureau par les cornes avec toute sa tête et ses sens, quand le temps l’exigera.

Quant aux enfants, il est préférable de rester calme et d’avoir toutes ses idées claires pour pouvoir les rassurer. Ils comptent sur nous et nous devons montrer l’exemple et garder notre sang-froid.

N’oubliez jamais les gens autour de vous, qui vivent la même situation que vous. Il faut rester positif le plus possible et vivre le moment une minute à la fois.

Votre cÅ“ur vous en remerciera et votre entourage se sentira en confiance, dans un état positif où la foi vaincra l’angoisse. Croyez-moi, ce sont les moments où il y a plus que des bonnes nouvelles… Souvent, il se produit des miracles!

N’oubliez pas! Respirez un bon coup, calmez votre esprit de toutes ses peurs inutiles et concentrez-vous sur le moment présent. Donnez l’exemple aux gens que vous chérissez et si vraiment c’est grave, vous serez tout de même en contrôle pour passer à travers avec force et courage.

 

 

Malade dans ma tête

Comme le chanterait Lara Fabian : Je suis malaaaaaadeuuuu!

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Comme le chanterait Lara Fabian : Je suis malaaaaaadeuuuu!

Mais ça ne paraît pas. Littéralement, c’est entre mes deux oreilles, comme le diraient ceux qui jugent vite. Une question de chimie du cerveau, de neurones qui capotent et qui envoient des signaux chaotiques dans mon corps. Les maladies mentales, ça s’invite chez vous après avoir visité plusieurs personnes dans votre parenté, ou ça défonce la porte sans s’annoncer, à cause des circonstances qui vous font la vie dure.

Quand ça m’arrive, ça me donne l’impression que la mort m’attend si je dois grimper sur un escabeau de deux marches pour arroser les plantes. Ou que mon cœur va partir se promener au milieu de l’autoroute tellement il bat vite. Ou que la foule présente lors d’une activité familiale va m’avaler et kidnapper mes enfants et mettre le feu à la bâtisse… On appelle ça de l’anxiété. C’est dans ma tête, mais ça existe pour vrai. Malheureusement.

Ce qui se passe à l’étage du haut, juste en dessous de ma calotte crânienne, affecte ce qui se passe dans tout mon corps. Vous essaierez, vous, de vous endormir ou de calmer votre respiration quand vous pensez à cinquante mille choses en même temps. Je n’exagère même pas. « Est-ce que j’ai barré la porte? Pas sûre… Je devrais aller vérifier. Si j’y vais, ça va réveiller tout le monde. Les enfants ont besoin de sommeil pour grandir et apprendre. Je vais avoir froid. Comme pendant le verglas de 1998. Je pensais mourir. Si je ne dors pas bientôt, je vais arriver en retard au travail. Merde! Je suis sûre que j’ai une réunion à huit heures. Si je vérifie sur mon cellulaire, je vais nuire à mon sommeil. Les ondes qui se dégagent de ça ne sont pas bonnes pour la santé. Est-ce que j’ai mangé assez de légumes aujourd’hui? Peut-être que ça pourrait compenser? Ah! non, j’avais promis au petit de laver ses pantalons préférés. Je suis une mauvaise mère. Et… » Vous voyez le portrait.

Avec une colonie de gerboises qui spinnent en dedans vingt-quatre heures par jour, on s’épuise. Mentalement et physiquement. On développe des tensions musculaires, des maux de tête, des crises d’urticaire, des maux de ventre. Et on dort encore moins. Et on stresse encore plus. Et on a le gros orteil sur le bord d’un précipice appelé dépression ou épuisement. Et on tombe dedans, éventuellement.

La dépression, je l’ai rencontrée dans mon miroir, mais aussi chez plusieurs personnes que je connais. Certaines avec qui je partage des gènes, d’autres avec qui je partage une amitié. Certaines sont encore ici, d’autres ont choisi sans choisir de mourir. Une quinzaine de suicides autour de moi. Des internements. Des crises pas possibles. Ça fesse. Ça porte à réfléchir. Ça amène à me demander si un mauvais moment donné, ce sera mon tour.

Je choisis l’autre option : la vie. La vie pas tout le temps facile, celle qui passe par le travail de guérison, l’acception de qui je suis avec mes côtés ensoleillés et mes bibittes à grandes pattes poilues qui rampent partout. La vie, ça passe par la communication et les demandes d’aide, par les projets qui me donnent le goût de me lever le matin. Mais pendant longtemps, ça passait par l’effort surhumain pour m’habiller et pour sourire. Ça me prenait tout mon petit change pour me rendre à l’épicerie et en revenir, parce que quand je revenais, je retrouvais ce qui m’épuisait. Ça me déprimait encore plus que le prix des bananes et les nouvelles de vingt-deux heures. Ça m’a pris du temps, ben, ben de l’énergie, une grosse gang d’amis et de thérapeutes respectueux de mon rythme, capables de me pousser juste assez pour que je reprenne mon élan sans crasher.

Si vous êtes malades dans votre tête, ça se peut que ça vous prenne tout ça et même plus. Ça se peut que l’idée de vous jeter par-dessus bord de votre vie vous passe par la tête. Une fois, deux fois… chaque jour, chaque seconde. Mais ça passe, parce que la maladie, ce n’est pas vous. Ce n’est pas votre identité. Au pire, faites comme Anna dans la Reine des neiges : couchez-vous par terre en claquant la langue à chaque seconde. Vous allez voir : le temps avance, les choses progressent. Un jour, quelqu’un nous tend la main et nous aide à nous reprendre en main, un pas à la fois.

Les maladies mentales, c’est comme les maladies physiques : ça se guérit avec le temps, l’aide appropriée et beaucoup d’amour. Un bon bouillon de poulet ne peut pas nuire. Ça nous ramène du côté de la santé mentale et de ce que j’appelais l’« heureusité » quand j’étais petite.

L’Association québécoise de prévention du suicide

http://www.aqps.info/

Besoin d’aide? 1-866-J’APPELLE (1-866-277-3553)

 

http://apammrs.org/semaine-nationale-de-sensibilisation-a-la-maladie-mentale/
Êtes-vous prêt pour le 25 janvier?
http://cause.bell.ca/fr/nouvelles/1072/etes-vous-pret-pour-le-25-janvier

Je lancerais bien mes médicaments par la fenêtre

Depuis plus d’un an, je suis médicamentée. Ça m’aide vraiment

Depuis plus d’un an, je suis médicamentée. Ça m’aide vraiment à gérer mon anxiété. Et aussi mes colères. Ça joue même un rôle bénéfique sur mes tendances dépressives. Efficace, pour une petite pilule blanche! La pilule miraculeuse, diraient certains! Mais des fois, je lancerais bien mes médicaments par la fenêtre. Et je brûlerais la boîte et la prescription pour être sûre.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été perçue comme une personne zen et tolérante. Intense émotivement, surtout à l’adolescence (qui ne l’est pas?), mais tout de même calme et patiente. Mes gènes sont entachés de maladies mentales. Dépression, bipolarité, schizophrénie, psychose, dépendances, name it. Je transporte en moi ces fragilités neurologiques et le risque était grand que je les transmette à mes enfants.

J’ai toujours su qu’un jour, je m’enfoncerais dans une dépression. Cette certitude a sûrement joué un rôle dans l’arrivée d’une dépression à la fin de ma vingtaine. Elle m’a aussi protégée, puisque je suis allée chercher de l’aide psychologique dès l’âge de douze ans. Je n’ai pas attendu de péter au frette pour m’informer sur les symptômes et sur les solutions. Pourtant, ça m’a pris deux ans pour allumer : j’étais en  dépression majeure et j’avais besoin d’une solide thérapie et d’une médication adaptée.

Après plus d’un an, j’ai pu arrêter la médication. Ça allait mieux, mais je ne peux pas dire que j’étais top shape, psychologiquement parlant. À vrai dire, ce n’est que depuis quelques mois que j’ai retrouvé presque toute mon énergie d’antan, donc dix ans plus tard dans les Maritimes. C’est long, dix ans, quand on pense à mourir au quotidien. On marche toujours sur la corde raide avec laquelle on pourrait se pendre.

Entre temps, ma fille aînée a reçu un diagnostic d’anxiété généralisée. Les intervenants qui la suivaient me trouvaient hyper stressée, trop contrôlante. Mon mari me trouvait trop colérique, avec raison. Moi qui étais auparavant si zen, si « Roger-bon-temps », je pétais une coche à rien. Un presto sous haute tension. Je ne m’aimais pas ainsi, mais il m’était plus qu’impossible de me contrôler.

Ma fille aînée reçoit une médication depuis qu’elle a sept ans. Et grâce à ma fille, j’ai compris que moi aussi, j’avais besoin d’une aide chimique en plus de toutes les ressources thérapeutiques que j’allais chercher. Mon médecin est très pro médecines alternatives. Elle valorise en priorité les approches naturelles comme la massothérapie, la méditation, les changements nutritionnels et l’amélioration du style de vie. Alors, quand elle m’a dit : « Nathalie, je ne veux pas te faire peur, mais ça se peut que toi, tu aies besoin d’une médication toute ta vie pour fonctionner normalement », je l’ai prise au sérieux.

Après tout, ce n’était pas une surprise. J’avais tout essayé pour avoir de l’énergie, pour gérer mon stress et mes sautes d’humeur, pour voir la lumière au lieu des ténèbres, bref, pour être heureuse. J’y arrivais parfois deux jours de suite, mais après, tout s’écroulait. Même pas besoin de raison concrète ni de SPM.

Ce soir, ma grande Peanut m’a traitée de tous les noms. Elle a réussi à se calmer rapidement et s’est excusée. Elle m’a avoué qu’elle n’avait pas pris ses médicaments les deux derniers matins. Elle voulait profiter des vacances pour « tester » ce qui arriverait si elle cessait sa médication. « Maman, je suis tannée de dépendre des médicaments pour me contrôler. J’aimerais ça, continuer à dire des choses gentilles et à bien agir même quand je ne prends pas mes pilules. »

« Ma peanut, moi aussi, ça m’arrive de vouloir lancer mes médicaments par la fenêtre. Parfois, je suis tellement écÅ“urée de les prendre que j’ai le goût de les engueuler. Mais quand ça m’arrive, je repense à la façon dont je me comportais avec ma famille avant que la dose soit la bonne pour moi. Je me souviens que je me sentais tout le temps fâchée, inquiète, dépassée. Ça me convainc de continuer à les prendre. Tu as fait d’énormes progrès, tu te contrôles de mieux en mieux, tu te connais de plus en plus. On va continuer le travail avec la psychologue, ton cerveau et ton corps vont continuer à se développer. Peut-être qu’un jour, tu vas pouvoir diminuer ou même arrêter de prendre des médicaments. Quand ça arrivera, on va le faire progressivement, avec l’aide de ton médecin. Pour l’instant, tes médicaments t’aident, comme les miens m’aident aussi. N’oublie pas qu’on est là pour toi et avec toi. »

Autant de lourdeur dans une si petite pilule. Mais aussi, autant d’espoir au jour le jour. Un médicament qui supporte la santé mentale, c’est une béquille qui aide à faire des pas (parfois de bébé, parfois de géant) pour continuer d’avancer.

 

Non, je ne te sauverai pas!

8 : 39 ─ Maman, je suis dans le trouble. J’ai manqué mon arrê

8 : 39
─ Maman, je suis dans le trouble. J’ai manqué mon arrêt de bus. Je suis rendue du côté d’Ottawa. Je fais quoi pour retourner vers l’école?
─ Oups! Reste dans l’autobus, il va retraverser le pont vers Gatineau.
─ Ah! non… je suis déjà débarquée. Aide-moi!

Le genre de message texte qui démarre un lundi matin sur les chapeaux de mère sauveuse.
Je suis là, ma cocotte! Je tiens ta main, par cellulaires interposés. Mais je ne te sauverai pas.

8 : 42
J’appelle ma grande de douze ans pour la rassurer et l’aider à trouver ses solutions.
─ Où es-tu? Vois-tu un arrêt d’autobus de l’autre côté de la rue?
─ Non, maman! Je ne vois rien! Je suis perdue! Viens me chercher!
─ Écoute-moi. On va respirer ensemble.
─ Non, maman! Je ne suis pas capable! En plus, je vais avoir une retenue! Je vais être super en retard…
─ Peanut, une chose à la fois, ok? On va commencer par trouver un autobus pour te ramener de ce côté-ci de la rivière. Le prochain autobus qui passe, monte dedans et demande de l’aide au conducteur.
─ Je ne peux pas! Il ne va pas m’écouter! Il n’a pas le temps! Il a un horaire à respecter!
─ C’est son travail de t’aider.
─ Non, maman! Je ne serai pas capable! Il va rire de moi! Puis ici, il n’y a personne qui parle français! Il y a juste toi qui peux m’aider. Viens me chercher!

Mes oreilles entendaient son hyperventilation, les sanglots étouffés d’une détresse honteuse. Ma fille ne voyait plus que l’inconnu, n’entendait plus rien sauf les bruits terrorisants du centre-ville. Elle ne sentait que l’angoisse monter et dévorer toute sa logique.

J’ai déjà été cette fille-là. Je n’avais pas encore mon diagnostic d’anxiété ni la prescription qui va avec. En réalité, je n’aurais jamais pensé souffrir d’anxiété. Jusqu’à cette escapade en solitaire au haut d’une des tours de La Rochelle, en France. Ma tête savait que j’aurais le vertige, mais ma tête de cochon avait choisi d’être brave. Une fois en haut, mon corps s’est figé. La profondeur de l’océan et le vide du vent camouflaient l’escalier qui aurait pu me ramener au bas de la tour. Un fœtus emprisonné sur une passerelle, recroquevillé, étampé contre le muret. Ma panique engluait mon cerveau, ramollissait mes jambes, crispait tous mes muscles. Freeze! J’allais mourir de froid au sommet de cette tour maléfique et mon cadavre serait découvert mangé par les oiseaux…

J’aurais pu crier à l’aide, j’aurais pu… non, je n’aurais pas pu. L’image d’être secourue s’affaiblissait au fur et à mesure que l’idée qu’on se moque de moi prenait de l’ampleur. C’est ce qui arrive quand on a l’imagination hyperactive.

8 : 47
Ma belle, je comprends que tu te sens paniquée. Mais je sais aussi que tu es capable de retourner vers le collège. Je vais rester au téléphone avec toi jusqu’à ce que tu sois assise dans le bon autobus. Ok?
─ Non, maman… C’est impossible…
Déjà, la panique faiblissait et la force de ma fille reprenait ses droits. Mon calme de maman faisait le reste, le temps que ma grande cocotte refasse surface complètement.
─ Qu’est-ce que tu vois? Un nom de rue? Un bâtiment?
─ La Cour suprême. De l’autre côté de la rue. Mais il n’y a pas d’arrêt d’autobus. Maman…
─ Je sais où tu te trouves. Marche jusqu’à l’intersection. Tu vas traverser la rue. À ta droite, tu vas voir un arrêt.
La communication a coupé. J’ai essayé de la rappeler, pas de réponse. Je l’ai textée, pas de réponse. Je lui ai envoyé les numéros d’autobus par message texte et j’ai croisé mes doigts.
─ Je t’aime, ma grande. Fais-toi confiance.

L’école m’a confirmé un peu plus tard que ma fille était arrivée à l’école et qu’elle était calme. Elle n’était même pas en retard.

Ai-je été cruelle de ne pas sauter dans ma voiture pour secourir ma fille? Non. J’ai été aimante et encadrante. C’est ce que m’avait enseigné une travailleuse sociale. Plus jeune, ma fille manquait de l’école chaque semaine pour des maux de ventre, des nausées, des insomnies. Sa douleur était réelle, mais en la ramenant toujours à la maison, je renforçais sa certitude d’être en danger partout, sauf près de moi. Il avait fallu lui prouver qu’elle était en sécurité à l’école, qu’elle y avait des moyens de s’y sentir bien et des personnes qui pouvaient l’aider.

17 : 18
─ Ma peanut, sais-tu pourquoi je ne suis pas allée te chercher ce matin?
─ Hum… Je devais me pratiquer à me faire confiance?
─ Viens me donner un câlin. Tu as tout compris.

Mon fils ne se laisse plus gérer par l’anxiété; il danse avec elle

Je dis souvent à la blague que si vous cherchez dans le Larousse la

Je dis souvent à la blague que si vous cherchez dans le Larousse la définition du mot anxiété, vous y trouverez le nom de mon père. Je le dis sans méchanceté et avec une certaine gratitude. Oui absolument, de la gratitude, car sans ce fait, je serais probablement intransigeante avec les gens qui en souffrent et mon empathie serait assurément moindre.

Je suis toujours peinée de voir à quel point cet état n’est pas reconnu au même titre que n’importe quel autre état physique dont nous pourrions être atteints. Peinée de voir tous les préjugés associés…

Toute jeune, j’ai expérimenté cet état à tellement de reprises. La plupart de mes actions étaient soigneusement choisies pour éviter des sorties, actions, événements qui me causaient du stress. Vous savez, même avec les becs du 31 décembre à minuit, j’en ai passé du temps à la toilette, le temps que ce soit terminé. Me réveiller la nuit et imaginer une troupe de voleurs sanguinaires parcourant ma maison…pour un plancher qui a seulement craqué légèrement… Majoritairement non réaliste comme peur et non fondées, mais tellement réelles dans ma tête d’enfant et d’adolescente.

J’ai appris parfois par moi-même, parfois avec de l’aide extérieure, à gérer mes émotions, à les vivre au lieu de les fuir et à repousser mes limites. Dommage que fréquemment, celles-ci m’aient empêchée de faire des choix tout à fait en accord avec mon être. Par exemple, j’aurais adoré être journaliste, mais la seule pensée d’étudier à l’extérieur m’en a empêchée, la peur de manquer mon coup était plus forte que tout. Avec ma personnalité actuelle, je n’aurais absolument pas hésité. Dommage, mais parfait en même temps, puisque j’ai emprunté d’autres chemins qui m’ont permis d’être un humain empathique, pour qui le laisser être est capital. On dit qu’avec l’âge vient la sagesse et je confirme que c’est tout à fait vrai.

Ensuite est arrivé le premier plus beau cadeau de ma vie, mon fils. Oui, grâce à lui, par qui la tradition anxieuse s’est perpétuée, un mini-moi de mon père, j’ai tellement appris, tellement compris, tellement réfléchi. Je n’ai pas été parfaite, j’ai été moi, toute là pour lui. Grâce à lui, j’ai compris mon propre passage. Je nous ai fait confiance à tous les deux, convaincue que cet enfant m’était destiné par sa sensibilité jumelle à la mienne (dès sa naissance: très sensible aux bruits, mouvements brusques et stimulations soudaines. Très affectueux et aimant être dans son univers personnel; préférant jouer à la maison que d’aller chez les autres.).

D’une grande intelligence perspicace, on ne pouvait pas lui en passer de petites vites comme le veut l’expression. Il a gagné de nombreuses médailles d’or à l’invention de scénarios catastrophes, du genre : bac de poubelles dans la rue, vu de loin, qui devient tout à tout coup un agresseur à la forme humaine à trois têtes. Le nombre de fois où je ne me suis même pas imaginé ce qui se passait dans sa tête et où j’aurais voulu comprendre avant, partager son sentiment. Mon cœur de mère a souvent eu mal pour lui. Pour ses six ans, nous lui avons offert un chien, une des meilleures idées de ma vie; la zoothérapie, ça fonctionne! Ce chien a été la meilleure oreille poilue au monde!

Tout juste avant son adolescence, les allergies alimentaires sont entrées dans sa vie, tellement ce dont on n’avait besoin pour ajouter au stress… SUPER SARCASME ICI! Elles lui ont créé de nombreuses peurs, pas toujours rationnelles, mais bien réelles pour lui. Il a pratiqué un niveau d’évitement catégorie élite à ce sujet, et tranquillement, il a apprivoisé à sa façon.

Le gros du travail, ce n’est pas moi qui l’ai fait. Non, c’est lui qui a accepté de se faire aider, pas toujours de gaieté de cœur, mais il l’a fait; il pourra toujours s’en féliciter! La tentation de faire à sa place, de prendre les rênes a souvent été présente, mais j’ai résisté. J’ai toujours su au fond de moi qu’avec tout l’amour que j’ai pour lui, c’était le meilleur chemin, le plus beau cadeau à lui faire pour la vie. J’ai développé une patience et une résilience dont je ne me croyais pas capable avant, et c’est tant mieux.

Merci à mon fils pour ce cadeau. Il en a passé des étapes et il a eu de merveilleuses personnes sur sa route: sa famille, ses amis, des spécialistes, des professeurs qui l’ont bien compris, des directeurs d’école présents comme je n’aurais pas osé exiger d’eux. La vie est bien faite, parfaite avec tous ses détours !

Aujourd’hui, il ne se laisse plus gérer par l’anxiété; il a appris à danser avec elle! Parfois, c’est un petit set carré, parfois c’est un beau tango. L’important, c’est de persévérer. En fait, on sait tous les deux que nous pouvons franchir tous les défis; la vie nous l’a appris et on ne peut que faire confiance. Il y a parfois des bas, qui sont de moins en moins bas, et des hauts, qui sont de plus en plus hauts.

Je suis très fière de mes deux enfants, très fière de mon ainé, et je suis une maman comblée de les avoir dans ma vie. Ils sont ce qui m’a appris à me tenir debout, à écouter mon instinct de mère et d’aller jusqu’au bout pour eux. Épatant tout le merveilleux qui nous attend à tout moment lorsqu’on y croit!

Carpe Diem !

 

Quand monsieur Zen rencontre miss Peur

8 h 20, jeudi matin. Mon grand bonhomme de cinq ans est installé da

8 h 20, jeudi matin. Mon grand bonhomme de cinq ans est installé dans la chaise du dentiste, comme un roi sur la plage avec ses lunettes fumées et ses espadrilles de Skylanders. Zéro troublé par l’arrachage de dent qui s’en vient. Sa première dent d’adulte est complètement poussée et la dent de bébé ne fait même pas semblant de branler.

Je le regarde et je l’admire. Pour lui, la vie est juste belle. Il ne voit aucune raison pourquoi ce serait différent, arrachage de dent ou pas. Quand j’étais enceinte de lui, j’ai traversé des périodes extrêmement stressantes, comme la perte de son jumeau.

J’avais lu qu’un bébé qui a vécu un stress important in utero peut réagir de deux façons : être de nature anxieuse ou être immunisé contre le stress. Vous n’avez pas idée à quel point je lui ai parlé pour le réconforter. Dès ses premiers jours, je disais que mon Tiloup était un mélange de Gandhi et de Bouddha. Et pourtant, il avait dû être réanimé à la naissance et j’avais passé les deux premières journées de sa vie à l’urgence (bon… c’est peut-être le soluté de Gravol et de morphine qu’il a ingéré par le lait maternel qui a eu un impact!). Du stress à la pelle pour commencer dans la vie.

Combien de fois me suis-je fait dire par des étrangers : «Madame, votre bébé a une vieille âme! Dès qu’on le voit, on se sent calme…» Il lui arrive de s’énerver, mais habituellement, c’est parce qu’il a faim ou qu’il s’ennuie. Le reste du temps, il avance dans la vie comme un voilier vogue sur une mer sans rides. Alors, quand c’est le temps de se faire enlever une dent, c’est comme s’il devait boire un verre de lait. «Maman, est-ce que je peux retourner à l’école maintenant?» Pas plus compliqué que ça.

Quand on sait que j’ai déjà dû appeler l’ambulance pour ma fille aînée (elle avait sept ans) qui paniquait pour un plombage, on comprend que la zénitude de mon garçon me soulage. Vers l’âge de deux ans, ma Peanut a pris un abonnement aux phobies : dentiste, médecin, animaux, insectes, piqûres, seringues, bruits… Lorsque j’osais sortir avec elle, elle essayait de rentrer dans mon utérus parce que les corneilles sur les fils électriques l’angoissaient ou qu’une personne s’approchait. Pauvre Peanut. Elle souffrait! Et nous, nous n’avions plus de vie.

On a travaillé fort pour la libérer. Un pas après l’autre. «Peanut, de l’autre côté de la rue, il y a un chien. Il est en laisse. Tu peux rester derrière moi si tu veux. Il a l’air gentil». «Peanut, devant nous, il y a un petit chien dans les bras de son maître. On va passer à côté sans le regarder. Tu es capable. Respire avec moi». «Peanut, aimerais-tu dire bonjour au chien de notre voisin? Regarde, il fait dodo». Même principe avec les humains, les chats, les oiseaux, les maringouins, les brocolis.

Maintenant, ma grande Peanut a du plaisir à aller chez le dentiste. Elle cohabite avec notre chaton avec plaisir (elle sait qu’il est dégriffé). Elle va vers les autres avec une aisance admirable. Elle qui était maladivement timide m’a déjà dit que l’endroit où elle se sentait le mieux était sur une scène de théâtre. Vous imaginez le chemin parcouru?

Pourtant, elle se relève chaque soir pour vérifier que toutes les portes de la maison sont verrouillées. Si elle doit se faire piquer, c’est l’hyperventilation garantie. Au calme, elle comprend que la seringue n’est pas là pour lui faire mal et que l’araignée peut être aussi répugnante qu’elle le veut, elle n’est pas dangereuse. Sa tête le comprend. Son instinct de survie, non. Ma fille ne sera peut-être jamais «phobie-free» et elle aura longtemps besoin de ses anxiolytiques, mais elle peut maintenant profiter de la vie et nous aussi.

Quand je vois mon champion se faire enlever une dent sans broncher, je ressens tout le bien qu’il me fait. Grâce à lui, j’ai compris que je ne dois pas me culpabiliser à cause des angoisses de ma fille. Mon autre fille a déjà donné un bisou à un scorpion et trouve que les araignées sont dégueulasses, à l’exception des tarentules… C’est à se demander si ces deux enfants ont été élevés par les mêmes parents. Mon garçon le plus jeune, eh! bien, tant qu’il a quelque chose à manger et quelqu’un à bécoter, il est heureux. Bien loin de l’anxiété généralisée diagnostiquée de ma grande Peanut.

J’observe mon garçon, si minuscule sur l’immense chaise du dentiste et au milieu des instruments intimidants. Je m’émeus devant son sourire rempli de cotons absorbants. Sa sœur et lui parcourent une route différente, mais leur cheminement mérite mon admiration. Je les accompagne sur le chemin, et j’apprends à chaque pas que nous faisons ensemble.

J’ai accouché de l’anxiété – Partie 2

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Ce texte est la suite de  J’ai accouché de l’anxiété – Partie 1

 

Voilà. J’avais soudainement le mal des mots. « Vous faites de l’anxiété ». Ces paroles, lancées par le médecin, dansaient dans ma tête au point où j’en étais étourdie.

Cet après-midi-là, je me suis assise pour me relever que beaucoup plus tard. Café à la main, j’ai réfléchi. Beaucoup trop. Mais surtout, je me suis sentie coupable. Un sentiment de culpabilité que j’avais envers moi-même.

Les naissances difficiles que j’avais vécues quelques années auparavant étaient la réponse. Donc, à l’intérieur de moi, j’étais un peu la cause de mes maux. La grande responsable de l’anxiété qui me rendait folle.

Malgré tout, dans mon for intérieur, il y avait une petite lumière. Vous savez la petite flamme qui ne s’éteint jamais. C’est cette même flamme qui nous donne le courage dont on a besoin pour se relever lors de moments plus difficiles. Il n’était pas question que mon anxiété m’avale, qu’elle me mette knock-out, qu’elle me manipule comme on manipule une petite marionnette. Non, je ne voulais pas devenir l’esclave de l’anxiété et de sa médication.

J’avais besoin d’aide.

J’ai donc fait des recherches. Des heures et des heures à lire, à me documenter et à tenter de trouver des solutions et des professionnels en mesure de m’aider. C’est la partie qui, en toute honnêteté, a été la plus facile.

Toutefois, le moins évident a été de me l’avouer. Demander de l’aide est une chose. Mais comprendre pourquoi on le fait en est une autre. La culpabilité et la honte prennent toute la place dans les petits tiroirs situés dans notre tête. Et déjà, que l’anxiété est bien en place, de devoir en plus demander de l’aide, devient un stress supplémentaire.

Parce qu’on se demande ce que diront les gens, ce qu’ils penseront de nous, si leurs perceptions auront changé… On ne veut surtout pas être étiqueté comme étant un trouble au lieu d’une personne. Est-ce que les gens comprendront? Nous jugerons?

L’anxiété, c’est un travail d’une vie sur soi-même. C’est au fil du temps que je l’ai compris. Et ce n’est pas mes recherches qui me l’ont fait comprendre.

Puis un jour, je me suis tout simplement dit : je m’en fous. J’ai senti briller cette petite lumière au fond de moi. Et j’ai eu envie de lâcher prise. Je me fous de ce que diront les gens et de ce qu’ils penseront. L’important, c’est moi. Je devais arrêter de me sentir coupable de tout, d’avoir honte de cette facette de moi. Ça faisait partie de moi et je devais prendre conscience que ceux qui m’aime vraiment allaient m’accepter tel que j’étais.

C’est vrai… j’ai accouché de l’anxiété. Mais ce n’est pas tout. Grâce à elle, ce fut également le début d’une longue réflexion et surtout… la naissance d’une belle histoire d’amour avec moi-même. ♥

 

Le mal de mère

Je suis une maman de 50 ans. J’ai trois enfants, dont deux adolesc

Je suis une maman de 50 ans. J’ai trois enfants, dont deux adolescentes de 16 ans et un jeune adulte de 18 ans. Je suis une conjointe depuis 19 ans et je travaille dans le domaine de la petite enfance depuis 32 ans.

Je suis aussi une orpheline depuis 42 ans !

Lorsque je suis devenue maman, la peur et le stress ont envahi mon corps et ma tête. Le choc d’avoir perdu ma mère à un si jeune âge me rendait maintenant très sensible, vulnérable, anxieuse et stressée. Je venais d’attraper le mal de mère.

Je voulais toujours être près de mes enfants, je ne voulais jamais quitter la maison. Je voulais tout faire toute seule pour être certaine qu’il ne leur arrive rien. Je voulais les protéger de tout ; des microbes, des coins de moulures, des escaliers, des inconnus, des voisins, des petits amis qui voulaient les mordre. J’étais plus que prudente, j’en étais fatigante !

Je voulais leur donner tout ce qui m’avait tant manqué. Les câlins, les bisous, un environnement familial agréable, des souvenirs, une enfance de rêve quoi !

J’avais tellement peur qu’ils disparaissent tout comme ma mère ! Cela me hantait !

Je ne pouvais même pas leur dire « Bye Bye maman revient tantôt ! » Sans avoir les larmes aux yeux. Ma mère elle, n’était jamais revenue…

J’essayais de garder le contrôle. Je voulais être la maman parfaite. Je travaillais très fort pour gérer mes angoisses.

Je chérissais ces trois boules d’amour. Je travaillais, j’entretenais la maison, j’étais une bonne conjointe, une bonne collègue, une bonne amie. J’étais super woman! Je me donnais a 100% partout !

Et à l’âge de 38 ans, super woman a foncée dans un mur ! Anxiété généralisée, trouble obsessif compulsif. Ouch !

Une thérapie s’est imposée. Je devais apprendre à prendre soin de moi, de la femme, de la mère, de la petite fille. Je devais m’aimer et être bien dans ma tête et dans mon cœur pour être en mesure de continuer à bien prendre soin de ma famille.

Je devais convaincre la petite fille en moi que j’étais une bonne mère et calmer ses angoisses.   Je devais faire le deuil de ma maman.

Maintenant, je vais bien. Les enfants ont vieilli en santé et en bonté. Ce n’est pas toujours facile pour eux de vivre avec une mère anxieuse (mais qui se soigne !), mais je m’adapte à toutes les nouveautés qu’apportent l’adolescence.

Dernièrement, mon fils m’a dit « maman cesse de t’inquiéter, je suis fier d’être ton fils et je sais que tu as fait une bonne job avec nous. » Tout un baume sur mon cœur de maman.

Je suis très fière de la maman que je suis devenue. Le mal de mère est moins présent, mais elle me manque toujours autant !

Prenez soin de vous les mamans!

J’ai accouché de l’anxiété – partie 1

Il y a quelques mois, je me suis levée, un bon matin de semaine, av

Il y a quelques mois, je me suis levée, un bon matin de semaine, avec un goût amer dans la bouche. Pourtant, la veille, je n’avais rien fait de vraiment spécial. J’avais commencé ma journée à 6 h. Je m’étais habillée avec mes vêtements choisis la veille, maquillée pour avoir l’air moins blanche que je ne l’étais déjà et aplatis mes cheveux entre deux gorgées de café. Puis, j’avais réveillé les enfants afin de débuter leur journée avec cette routine à la fois usée et rassurante : habillage, déjeuner, lavage des dents et tout le bataclan.

Puis, vint le moment de cette dernière gorgée de café froid pour aller les déposer à la garderie, leur seconde demeure.

La journée s’était déroulée comme à l’habitude. Mais je me souviens d’avoir partagé mes pensées entre la tâche demandée et mes enfants qui me manquaient effroyablement. Plus qu’à la normale.

Je vous évite la routine du soir entre le retour à la maison, les cris de supplice d’enfants affamés qui semblaient n’avoir rien mangé depuis trois semaines et le concours de celui ou celle qui aura la lourde tâche de baigner dans le bain en premier.

Petite routine d’un parent qui tente de bien concilier la vie de famille et le travail. Néanmoins, ce jour-là, j’avais une écœurantite aiguë de ce train de vie. J’avais un poids sur les épaules. Une belle grosse brique qui semblait vouloir m’accoter au mur l’instant d’une inspiration. Au point où les étourdissements venaient me troubler sans cesse et que le cœur ne demandait qu’à fuguer de mon corps. J’ai voulu reprendre mon souffle, mais j’avais mal.

Il se passait quoi avec mon corps? Je n’avais jamais vécu de tels symptômes physiques. Étais-je malade? Non, je n’avais pas le temps de l’être. Je devais me ressaisir.

Les semaines ont passé. Et un soir, les palpitations ont recommencé de plus belle. Plus intenses, plus douloureuses. Ce même goût amer dans la bouche aussi. Comme du métal.

Je me souviens d’avoir tourné en rond, dans le grand lit, à me demander si j’étais en train de faire une crise cardiaque. J’étais jeune et j’avais pourtant l’impression d’être sur mes derniers miles. Et plus j’avais cette idée en tête, plus j’avais cette pression constante sur mon abdomen. Je ne voulais pas mourir.

Laissez-moi vous dire que j’ai rapidement pris rendez-vous avec ma médecin de famille pour qu’elle puisse me diriger vers un cardiologue. Prenant ma demande au sérieux, la secrétaire m’a offert un rendez-vous dès le lendemain. Bien heureusement, elle avait compris ma détresse.

Après un examen complet, une panoplie de questions et une seconde vérification de mon cœur (à ma demande!), la médecin pose son diagnostic.

« Votre cœur va très bien! Je ne vous réfère pas en cardiologie puisque ce que vous avez ne provient pas directement de là. »

Oh… Intérieurement, j’ai le cœur en chamade. Des chaleurs et des palpitations et elle prétend que mon cœur n’est en rien en cause de toutes ces manifestations physiques!?

« Vous faites de l’anxiété, madame! »

Quoi? Un trouble anxieux? Mes inquiétudes constantes, c’était ça? Le cœur qui me sort littéralement de la poitrine, c’était ça aussi? Et toutes les fois où je n’ai pas réussi à faire face à une situation parce que la nausée me prenait?

« Oui, et ça vient de tout ce que vous avez vécu, madame. Dont les naissances difficiles de vos enfants… Des traumatismes qui ont laissé des traces »

(…)

Une prescription plus tard, les questions dansaient dans ma tête…
L’anxiété, c’est génétique? Est-ce que mes enfants auront le même trouble que moi? Comment bien m’outiller et les aider si c’était le cas? Mais comment allais-je trouver la sérénité pour vivre à travers cette anxiété?

Je réalisais maintenant la complexité de ce trouble, auquel j’avais donné naissance, en même temps que mes enfants…