Le 5 mai est la journée mondiale des sages‑femmes. Je veux donc e
Le 5 mai est la journée mondiale des sages‑femmes. Je veux donc en profiter pour faire l’éloge de grandes femmes compétentes et dévouées qui servent humblement le monde de la naissance depuis la nuit des temps. Je le mentionne tout de suite, je suis complètement en amour avec ce service. Bien que je comprenne que c’est encore un choix de suivi qui peut faire peur, intriguer ou même rebuter certaines personnes, aujourd’hui je n’ai pas envie de convaincre qui que ce soit. J’ai juste envie de vous partager ma vision et mon expérience avec les sages‑femmes qui ont marqué ma vie. Celles qui m’ont suivie et celles qui sont passées autrement dans ma vie, mais qui m’ont tout autant influencée.
Il a bien changé, le métier de sage-femme avec les époques. Maintenant, les femmes font quatre ans d’études universitaires spécifiquement liées à la physiologie de l’accouchement, à sa normalité et à ses complications en plus des milliers d’heures de stages cliniques. Il y a également un ordre qui les régit. Elles arrivent formées, outillées, compétentes, mais surtout respectueuses de la femme qui porte la vie. Et ça, c’était présent bien avant leur formation officielle.
Le service
Je n’ai jamais eu un aussi bon service public que celui offert lors de mes grossesses. Je me suis sentie respectée, écoutée, encouragée. Les rencontres, d’au moins une heure, ne couvraient pas seulement l’aspect physique, mais aussi psychologique et la préparation mentale de la naissance. J’ai ri, j’ai pleuré, j’ai partagé mes peurs les plus profondes par rapport à mes grossesses et mes accouchements et toujours, j’ai été reçue avec respect et empathie. Comme un beau mélange d’approches féministes inclusives écosystémiques qui redonnent le pouvoir aux femmes et leur permettent de comprendre toute la force qui les habite. Le plus beau c’est que la place des conjoints/conjointes est très bien définie. Le bébé, la femme, le partenaire, la famille, la famille élargie, tout le monde est pris en considération.
En plus, elles sont accessibles. Elles font de la garde par cellulaire pour les urgences, 24 h sur 24 h, sept jours sur sept. Bien sûr, je n’ai jamais abusé du concept, mais savoir que je pouvais leur parler directement s’il y avait quelque chose, ça me faisait un grand bien. Et puis, les fois où je les ai appelées, elles m’ont tout de suite déculpabilisée. Parfois, j’ai eu peur pour rien, d’autres fois, elles ont préféré faire des tests supplémentaires. Jamais je n’ai senti de panique et elles m’ont toujours prise au sérieux. C’est ce qui est beau des sages-femmes, elles font confiance aux femmes et mélangent leur savoir à notre instinct maternel pour être certaines de ne rien laisser passer. Un service rigoureux, mais pas exagéré.
L’accouchement
Je vivrai bientôt mon deuxième accouchement à la maison et je repense encore au premier avec beaucoup de bonheur. Il y a certainement eu de la douleur oui, on ne s’en sort pas. Mais ce que je retiens, c’est tout le travail fait avec mon bébé vague par vague. Mon conjoint présent et encourageant. Ma mère qui veille à ce que tout le monde soit bien. La sage‑femme en retrait, mais jamais loin, confiante, rassurante, aimante. À un moment donné, j’étais découragée, elle m’a simplement prise dans ses bras et m’a dit que j’allais y arriver. Peu de mots, mais une douceur et une confiance qui m’ont fait continuer.
Elle est repartie quatre heures après la naissance de mon fils. Elle n’a rien précipité, la pesée, les mesures, tout ça a attendu à après le premier boire. Il y a bien sûr eu un examen pour s’assurer que mon bébé et moi allions bien, mais ce n’était pas intrusif. Nous avons collé notre bébé mon mari et moi, je l’ai allaité, il s’est endormi et puis on a fait le reste. Puis tout le monde est reparti et on est restés dans notre bulle d’amour à regarder notre bébé dormir et manger à son rythme sans être dérangé. J’ai mangé ma nourriture, dormi dans mon lit avec mon fils et mon mari, je me suis lavée dans mon bain. Bref, le confort de notre maison pour récupérer, c’était parfait pour nous.
Les six semaines suivantes, c’est encore les sages‑femmes qui assuraient le suivi. Un service personnalisé de la sorte, ça n’a pas de prix, surtout pour une nouvelle maman un peu perdue et sans repère. Savoir que les mêmes deux sages-femmes qui avaient assuré le suivi de ma grossesse suivaient maintenant mon petit bébé sorti du bedon, c’était hyper rassurant pour moi, car elles avaient toute ma confiance.
Le bébé
Finalement, une chose qui m’a beaucoup touchée chez les sages‑femmes outre leur vision si enrichissante de la naissance, c’est toute la place qu’elles font au bébé dès sa conception. Il est reconnu comme un être à part entière. Elles se soucient de son physique, mais de son psychologique aussi et ça, c’est extrêmement rare dans notre société. Avant de toucher ma bedaine, elle s’adresse toujours à mon bébé pour l’avertir, pour se présenter, pour prendre de ses nouvelles. Elle lui reconnaît des traits de caractère ou une humeur à la façon dont il bouge, dont il réagit.
En cette journée mondiale des sages‑femmes, je vous dis merci ! Merci de vos sacrifices, surtout merci de ne pas nous en faire porter le poids. Merci de votre respect, de votre écoute, de votre grande compétence et de votre dévouement. Merci aux sages‑femmes pionnières du Québec qui ont ouvert le chemin pour les nouvelles, et merci aux nouvelles de continuer à se battre pour être reconnues à leur juste valeur. Le Québec a besoin de plus de sages‑femmes accessibles, mais pas à n’importe quelles conditions non plus. Je vous souhaite finalement la reconnaissance que vous méritez.
Roxane Larocque