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Et puis un jour, nous sommes redevenus deux à Noël ー Texte: Mylène Groleau

Nous avons, mes filles, mon mari et moi, au fil des ans, créé des

Nous avons, mes filles, mon mari et moi, au fil des ans, créé des traditions entourant les festivités de Noël ainsi que pour accueillir les nouvelles années. Ces moments de réjouissances que, désormais, nous contemplons avec de plus en plus de nostalgie. Mais aussi avec la fébrilité d’envisager les futures célébrations auxquelles s’ajouteront, nous le souhaitons, de nouveaux membres à notre famille.

À chaque début de décembre, nous retrouvons ce qui entoure les préparatifs. Passant de la décoration de la maisonnée au menu à planifier. Puis, s’émouvoir de revoir, au creux des boîtes de rangement, des bricolages confectionnés jadis par les petites mains de mes enfants. Des cartes remplies d’amour avec une calligraphie fraîchement apprise. Chacune des décorations qui prennent place dans l’arbre est, pour moi, synonyme d’un souvenir heureux. 

Les réceptions avec la famille, les cousins, les oncles et tantes, papi, mamie et grand-maman partie trop tôt. Le passé qui rejoint le présent. Les rires, les repas copieux. La musique en arrière-plan. Les odeurs de plats sortant du four avec les épices typiquement décembre.

La féérie du père Noël. Ces lettres acheminées directement au Pôle Nord. Les lutins coquins. Les yeux illuminés par autant de magie. Les étoiles dans les yeux des enfants au réveil en découvrant le pied de l’arbre garni de cadeaux. J’ai des souvenirs enfouis en moi.

Et puis…

Puis un jour, mes enfants ont grandi. Ou nous avons vieilli. Les enfants ont cessé de croire peu à peu au père Noël. Pour ma part, mes filles ont rencontré des hommes formidables. Elles ont élargi leurs traditions entourant les fêtes. Mon conjoint et moi avons vu l’inconfort les habiter, chacune à tour de rôle, de ne pas pouvoir être présente certains jours de nos traditions et ça, c’est pleinement correct. 

Petit à petit, elles vont instaurer des traditions qui compteront pour elles. Créer des souvenirs. Leurs souvenirs. Meubler les boîtes de rangement de bricolages et de décorations importantes pour elles.

Nous allons apprécier les moments de plus grande qualité mais en moins grande quantité. Leur présence se gravera dans nos instants les plus précieux. Noël et le Nouvel An se feront plus silencieux, mais nous serons deux. Nos deux cœurs comblés par ces années à courir et à remplir les cases du calendrier des deux semaines de vacances. Dorénavant, nous profiterons de ces moments où mes filles seront toutes avec ceux qu’elles auront choisis.

Et puis, puisque tel est votre désir, nous agrandirons la table pour accueillir de nouveaux petits êtres qui métamorphoseront nos traditions. Revisiter à nouveau cette magie et créer de nouveaux moments.

Bref, malgré les aléas de la vie, et bien que nos enfants se font plus rares aux événements familiaux, malgré nos moments plus tranquilles, il y a aussi ces instants de souvenirs qui nous tiennent en vie. Ces instants qui vous ont vus grandir. Qui nous ont vus vieillir. 

Maintenant, papa et moi profitons de nos souvenirs pour meubler nos soirs de fêtes en sachant que vous êtes bien entourées. Que les traditions que vous instaurez seront aussi importantes que celles que nous avions élaborées. 

Nous ne sommes jamais seuls lorsque nous avons nos souvenirs que vous nous avez permis de créer. 

Merci mes enfants. Merci mon amour.

 

Mylène Groleau

Une maman différente pour chaque enfant – Texte: Joanie Fournier

J’entends souvent les mamans autour de moi s’inquiéter à l’idée d’avoir un deuxième enfa

J’entends souvent les mamans autour de moi s’inquiéter à l’idée d’avoir un deuxième enfant. Parce que c’est vrai que quand on a un enfant unique, on jongle tellement pour en connaître chaque facette, pour l’outiller, pour l’accompagner, pour le stimuler. On est débordée. On l’aime tellement qu’on se dit que c’est juste impossible d’aimer quelqu’un d’autre autant… Et on s’inquiète à l’idée de mettre un enfant au monde qu’on pourrait risquer de ne pas aimer autant que le premier. On a l’impression que notre premier bébé a fait gonfler notre cœur et qu’il y prend toute la place.

Et quand j’entends ce discours, ça me fait sourire. Je ne peux pas m’empêcher de me revoir, il y a dix ans, dans la même situation. J’avais peur de devoir diviser mon amour entre mes enfants. J’avais peur de devoir aimer moins mon grand, pour pouvoir aimer plus le petit. Comme j’avais tort… Quand mon premier bébé est né, j’ai appris ce que l’amour était. Mon cœur a appris à aimer comme il n’avait jamais aimé avant. Et à chaque naissance ensuite, il a doublé, triplé et quadruplé de taille pour les aimer encore et encore plus.

Il y avait une autre chose pour laquelle j’avais tort : je disais que j’allais être égale et juste pour chacun de mes enfants. C’est sûr que je suis égale quand on pense aux cadeaux de fêtes ou aux activités qu’on fait avec chacun d’eux. Mais là où je me trompais, c’est que je ne suis pas la même mère pour chacun de mes enfants. Parce que c’est impossible de l’être et que je me mentirais à moi-même si je pensais l’être.

Quand j’ai eu mon premier bébé, j’ai eu tout mon temps pour lui. J’étais jeune, énergique et pleine de naïveté. Oui, j’avais l’avantage d’avoir tout mon temps pour lui seul. Pour le cajoler, le bercer, le stimuler et jouer avec lui. Mais la vérité, c’est que la jeune mère que j’étais apprenait aussi jour après jour comment devenir une mère. J’étais naïve, j’avais plein d’objectifs irréalistes et d’idées arrêtées sur la maternité. Je manquais d’expérience, mais j’avais tout le temps devant moi pour apprendre avec mon enfant.

Quand j’ai eu mon deuxième bébé, je trouve que ça a été de loin la marche la plus grande à remonter. J’étais encore jeune, naïve, mais j’avais encore de l’énergie. J’apprenais à jongler entre leurs besoins comme une pieuvre, quitte à m’oublier là-dedans. J’essayais d’être la jeune mère cool et en contrôle, celle qui arrive à tout faire. Mais j’avais encore tant de choses à apprendre…

Quand j’ai eu mon troisième bébé, j’ai arrêté le temps. J’ai arrêté de faire passer les besoins de tout le monde avant les miens et j’ai commencé à penser à moi. J’ai appris à dire non et j’ai considéré que mes besoins étaient aussi importants que les leurs. Puis, ce bébé spécial m’a tant fait cheminer. J’ai arrêté de lui enseigner des choses et d’essayer de lui faire suivre mon rythme à moi. Ce bébé m’a appris plus de choses que j’ai pu lui en enseigner. Ces apprentissages sont arrivés avec des deuils, des obstacles et des murs à franchir. J’ai dû donner plus de mon temps à ce troisième bébé. En échange, il m’a appris la vie.

Quand j’ai eu mon dernier bébé, je n’avais plus rien de la mère naïve et effacée des années passées. J’ai appris à prendre le temps, à profiter de chaque instant. J’ai arrêté de jouer à l’organisatrice d’activités et j’ai appris à les observer pendant leurs jeux. Je joue beaucoup moins avec mon quatrième bébé que j’ai pu jouer avec ma première. Mais ce n’est pas parce que j’ai les bras pleins, au contraire! C’est justement parce qu’il a ses grands frères et grandes sœurs pour jouer avec lui, pour le prendre par la main, pour le consoler quand il tombe, pour lui enseigner tellement de choses. Ce dernier bébé m’a appris à prendre du recul et à apprécier ma vie avec eux.

Je ne me sens plus démunie. Je ne cours plus partout. Je reste assise au souper et je mange mon repas chaud. Je savoure mon café le matin, assise et tranquille. Je suis devenue une maman avec du lâcher-prise. Je reste persuadée d’être la meilleure mère que je peux être, et ce, chaque jour. Même si mon meilleur n’est pas le même tous les jours. Mais une chose est certaine, j’avais tort de penser que je serais la même maman pour tous mes enfants.

Parce que l’humain évolue, vieillit, mature. Une mère, c’est un être complexe et en continuel changement. Et la seule chose qui ne change jamais, c’est le changement en lui-même.

Joanie Fournier

Nouvelle étape, la suite — Texte : Annick Gosselin

Certes, je m’attendais à une réaction de mon petit homme, mais pas aussi intense que celle-là.

Certes, je m’attendais à une réaction de mon petit homme, mais pas aussi intense que celle-là.

Le premier soir, lorsque je suis arrivée de travailler, je me suis penchée pour lui donner un bisou et il a attrapé le balai, oui ! Oui ! Le balai ! Il m’a donné un bon coup avec le manche dans le front ! Tout un accueil !

Il était habitué que j’aille le chercher chaque soir. Non seulement je n’étais pas allée le chercher, mais en plus, je n’étais pas à la maison. Ça n’avait plus aucun sens dans sa petite tête de petit bonhomme de trois ans.

Depuis, il s’est écoulé trois semaines. Je réussis à l’approcher, à lui voler un bisou à la sauvette. Mais il me repousse la majorité du temps. Rien ne m’avait préparée à cela.

Je sais que c’est passager, mais c’est plus difficile que je ne le croyais, surtout que ça faisait trois ans que je le cajolais chaque jour. J’étais sa source de réconfort. Maintenant, il me repousse.

Ça va passer, il va s’adapter. Mais pour l’instant, mon réservoir de câlins de mon petit homme est complètement à sec et mon cœur de maman trouve cela difficile.

Je sais que pour lui, c’est tout un changement. Et c’est sa manière de me dire qu’il proteste. Mais nous allons doucement nous adapter à cette nouvelle vie. Qui, j’espère, ne laissera pas trop de cicatrices.

Une chance, il a un excellent papa. J’adore mon nouveau travail où je m’épanouis vraiment. Je rentre le soir en ayant hâte de voir ma famille, je suis calme et heureuse. Cela fait en sorte que je culpabilise moins de rendre mon petit bout de chou triste. Je sais que le temps arrange tout. Il en sera ainsi pour mon petit homme et moi.

Annick Gosselin

Une nouvelle étape — Texte : Annick Gosselin

Quelle mère ne s’est pas sentie déchirée à l’idée de retourner au travail après son congé

Quelle mère ne s’est pas sentie déchirée à l’idée de retourner au travail après son congé de maternité ? C’est la quatrième fois que cela m’arrive et c’est chaque fois le même sentiment : mi-nostalgique/mi-heureuse.

Ce retour est différent des autres. J’ai eu l’immense privilège de rester avec mon petit homme trois ans. Trois magnifiques années à pouvoir lui donner un bisou, un câlin, sentir son odeur quand j’en avais envie ou à pouvoir remplir son petit réservoir d’amour lorsqu’il me tendait les bras. Je suis pleinement reconnaissante d’avoir été celle qui était témoin de ses grandes premières.

Malgré ces grands bonheurs, j’avoue que le travail m’a manqué, surtout ces derniers mois. Le besoin d’échanger avec des adultes, de m’accomplir professionnellement et d’être stimulée intellectuellement s’est fait sentir. Je suis donc très heureuse de reprendre le travail, surtout que cette pause m’a permis de réorienter ma carrière.

Fiston a quant à lui débuté la garderie depuis quelques mois déjà. Il a une éducatrice extraordinaire qui s’occupe de lui et l’aime autant que moi. Son petit réservoir continuera de se remplir d’amour. Il adore jouer avec ses amis et il fait de belles activités chaque jour, et cela me remplit de bonheur. Sa vie de petit homme en dehors de sa famille est bien débutée.

L’adaptation sera probablement plus difficile pour moi que pour lui. Généralement, les enfants s’adaptent beaucoup mieux que les adultes. Mais le fait d’occuper un emploi que j’aime et de savoir que mon fils est heureux aidera grandement à ce que la transition se fasse en douceur.

Comme toute maman qui retourne travailler avec un enfant en plus à sa charge, j’appréhende un peu ce retour et je me demande comment j’arriverai à tout faire. Certes, il faudra une période d’ajustement pour toute la famille, mais au bout d’un mois, ça ne paraîtra plus. Nous aurons une nouvelle routine, dans laquelle chacun naviguera avec aisance.

Annick Gosselin

Nos matins différents — Texte : Nathalie Courcy

Un jour, j’ai fermé mes yeux et j’ai imaginé des matins différents. Des matins sans « dép

Un jour, j’ai fermé mes yeux et j’ai imaginé des matins différents. Des matins sans « dépêchez-vous », sans triple réveil pour le même enfant, sans retard, sans palpitations cardiaques, sans boucane qui sort par les oreilles. Des matins en douceur, avec du temps pour lire et pour se coller, du temps pour relaxer, du temps pour se dire des mots d’amour au lieu des mots d’urgence.

Ce jour-là, j’ai osé croire que ça se pouvait. J’ai eu le courage de me demander ce que moi, j’apportais dans nos matins de fous, et ce que je voulais apporter dans nos matins doux.

J’ai eu le courage d’ouvrir une discussion au sommet avec mes enfants. Faire le point sur ce qu’on ne voulait plus et surtout sur ce qu’on voulait désormais. Sur nos bons coups, aussi. Personne n’a obstiné, tout le monde a contribué. Des idées, des propositions, des échanges. C’est ça, la famille ! Avec beaucoup d’amour.

Les ajustements étaient mineurs : un cadran, une façon différente de réveiller un enfant, un mot code qui remplace les mots déclencheurs de mauvaise humeur, une heure de réveil personnalisée. Mais plus que tout, c’est la prise de conscience qui a tout changé. On voulait tous commencer nos journées du bon pied et partir de la maison avec le cœur rempli plutôt qu’avec le cœur à sec.

Rapidement, les changements se sont fait sentir. Je suis une fille de matin, c’est là que j’ai le plus d’énergie. Je prends le temps de méditer au lit, même de faire quelques étirements avant de me lever. Parfois, je mets de la musique pendant que je fais les lunchs. Mes plus jeunes s’occupent de leurs collations. Ma plus vieille fait son repas la veille. On a ajouté certains repas du traiteur pour diminuer mon écœurantite de faire des sandwichs et de remplir des thermos. Mes garçons se préparent à leur rythme, ils lisent et jouent tranquillement. J’accepte que mes filles montent à la dernière minute parce qu’elles sont responsables. On a le temps de lire, de se coller, de se dire des mots d’amour. Et tout le monde part à l’heure, l’âme en paix. C’est-ti pas beau ? Je m’ennuie de tous ces matins où mes poussins venaient me rejoindre dans le lit, mais j’adore nos nouvelles routines matinales.

Je suis plus du genre solution que du type problème. Si un problème existe, c’est qu’il a des solutions, mais la première étape, c’est toujours ben de prendre conscience du problème, de le nommer et d’imaginer ce qu’on veut à la place. Et moi, je veux du doux.

Et vous, quelle routine avez-vous réussi à changer ou à améliorer dans votre vie quotidienne ? Ça pourrait donner des idées à d’autres… et à moi !

Nathalie Courcy

 

Nouveau départ

J’ai toujours voulu tout lâcher, recommencer à zéro. Pourtant,

J’ai toujours voulu tout lâcher, recommencer à zéro. Pourtant, chaque fois, je redescendais sur terre. Je ne peux pas faire ça, j’ai un loyer et des comptes à payer. J’ai un bon emploi, je suis syndiquée et j’ai un bon fonds de pension en plus.

Non, non, non. Suffit les rêveries et retour à la routine.

Un jour, mon conjoint se fait offrir un poste pour une ville en Abitibi à plus de sept heures de route de ma famille, de ma ville et de mes amis. C’est maintenant ou jamais. Est-ce que j’ose tout lâcher pour tenter la grande aventure ? Let’s go.

Le lendemain, je donne mes deux semaines de préavis et la fin de semaine d’après, nous descendons en Abitibi pour visiter des logements. Ç’a beau être une ville, ce n’est vraiment pas comme Montréal. La semaine d’après, nous déménagions. Parfois pour oser faire face au changement, il vaut mieux appliquer la méthode du pansement et tout arracher d’un coup.

J’ai pleuré souvent, je me suis sentie loin. Quand on fonce, c’est normal d’avoir la chienne. Seule avec mon amoureux dans une nouvelle ville, pas d’amis, sans repères, sans emploi et avec les comptes qui s’accumulaient. J’ai postulé à quelques endroits, rencontré quelques personnes. Je ne vous cacherai pas que les débuts ont été durs.

Malgré tout, je ne regrette rien. J’ai moins d’amis qu’à Montréal mais ici, la communauté est ton amie. J’ai pu progresser dans ma carrière et j’ai pu obtenir des emplois que je n’aurais jamais eu l’occasion d’avoir à Montréal. J’ai enfin réussi à faire pousser mes tournesols, que je plante chaque été en faisant un souhait avec chaque graine.

Ici, la nature est partout et mon niveau d’anxiété a diminué significativement. Parfois, ça vaut la peine de se faire peur, d’oser tout quitter et de recommencer ailleurs. Il faut croire en ses projets et ne pas arrêter pendant les phases difficiles. C’est le plus beau cadeau que j’ai pu me faire. J’ai peut-être perdu mon ancienneté dans un emploi bien rémunéré, mais j’ai investi dans ma santé, mon bonheur et dans mon fonds de pension spirituel.

Ce n’est pas tous les jours facile. J’apprends encore un peu plus sur moi avec le temps qui passe.

À toi qui penses souvent à tout lâcher. À toi qui es tanné de ton quotidien. À toi qui veux voir du pays ou revoir tes priorités. À toi qui veux commencer un nouveau projet.

Je te dis : FONCE ! Tu ne regretteras pas. Fais de toi et de tes rêves une priorité. Que ce soit de partir un blogue, écrire un livre, faire un album, déménager ou bien changer de carrière, tu n’as rien à perdre et tout à gagner.

Tu ne perds jamais au change quand tu décides de miser sur toi.

Et toi, à quoi rêves-tu ? Quel est ton plan ?

Et surtout, comme dirait Yan Thériault du Daily Buffer Podcast, qu’avez‑vous fait aujourd’hui pour faire avancer votre projet ?

Anouk Carmel-Pelosse

 

Il y a deux mois

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C’était il y a un peu plus de huit semaines. Dans un élan d’impulsivité, tu as dit ces mots. C’est si difficile de comprendre pourquoi ils sont sortis de ta bouche, toi qui peux être si à cheval sur la langue française. Ces mots, tu les as dits à mon avis huit semaines plus tard sans penser qu’ils étaient pour faire résonner quelque chose de complètement clair en dedans de moi : c’est terminé.

 

À la suite de ces paroles, nous avions un événement familial dans ta famille. J’y suis allée avec toi, mais je me souviens de deux choses pour cette soirée. Il faisait chaud à l’extérieur, c’était agréable, mais j’ai été d’une grande froideur avec toi et encore à ce jour, je ne sais pas comment j’ai fait pour que rien n’y paraisse.

 

Nous sommes revenus à la maison et dans la nuit, alors que je m’étais couchée dans une autre chambre, je suis allée te voir et je t’ai clairement dit que ces propos n’avaient pas leur place, que je ne les acceptais pas et que c’était terminé. J’ai offert dès cet instant à ce que tu rachètes ma part de notre maison.

 

Il y a eu depuis ce jour une cassure, une cassure nette. Je ne pouvais plus à ce moment précis penser que je pouvais continuer ma vie avec toi. Ce n’était pas la première crise que nous vivions, mais cette fois-là, c’était autre chose ; une conviction profonde a jailli de cet événement.

 

Là où ça accroche depuis un peu plus de huit semaines, c’est toi. Au début, tu m’as confirmé que tu voulais racheter ma part de la maison. Tu as débuté les démarches à ton rythme, c’est-à-dire très lentement. Puis il y a quelques semaines, tu m’as annoncé que tu avais interrompu les démarches, car un enfant ne vit pas dans deux maisons. Tu as décidé à ce moment de me mettre en cage. Depuis, oui j’ai l’impression d’être prise, mais en même temps, je pense que c’est davantage toi qui te mets en cage.

 

Moi, de mon côté, je reconnecte avec moi, je reconnecte avec mes passions, mes valeurs, mon amour-propre. Ça fait du bien. Nous avons encore des discussions parfois, ce n’est pas toujours simple, ce n’est pas toujours beau. Mais c’est clair pour moi : le chapitre qu’était notre relation est terminé pour moi.

 

J’ai compris que chaque séparation est unique et amène son lot de défis (y compris des cassures et des déchirures). La mienne se déroule à la vitesse leeente et oui, je voudrais parfois que ça aille plus rapidement. Cependant, à chaque discussion ou accrochage, je comprends que j’en ai beaucoup vécu, parfois de manière trop silencieuse. Mais savoir que j’avance me permet de me sentir plus légère. Noël s’en vient, on me dit que ce ne sera pas facile. En faisant une petite introspection, je me suis rendu compte que cela fait quelques Noëls que rien n’est simple, alors je ne crois pas que ce sera pire.

 

Je sais que le nouveau chapitre qui s’ouvre me permettra de me redécouvrir et je fais confiance à la vie. Pour le reste, elle s’en occupera adéquatement.

 

Eva Staire

Ma femme, celle qui m’a sauvé

Ma femme : la personne la plus importante pour moi. Si elle n’ava

Ma femme : la personne la plus importante pour moi. Si elle n’avait pas été sur ma route, je ne serais pas là pour vous écrire cet article. J’aurais sûrement fini comme d’autres frères d’armes.

Il fut un temps où je ne voulais plus rencontrer personne. J’étais vraiment désespéré. De mauvaise rencontre en mauvaise rencontre, je me préparais à vivre seul. Vivre seul dans ma maison canadienne en pierre, sur un vaste terrain boisé, avec mon chien.

Quelqu’un m’a conseillé un jour de placer une lettre sous mon oreiller. Cette lettre décrivait le type de personne que je voulais rencontrer et comment elle devait être. Je replaçais la lettre sous mon oreiller chaque fois que je changeais les draps de mon lit. Éventuellement, je n’y ai plus porté attention. C’était devenu une habitude. C’était ancré dans mon inconscient.

Comme vous le devinez certainement, un beau jour, j’ai rencontré celle qui devint ma femme. Je l’avais demandé dans ma lettre. Je me rappelle que j’avais demandé qu’elle aime les animaux, qu’elle m’accepte comme je suis et qu’elle n’essaie pas de me changer. Tout ce que j’avais demandé était là, devant moi, comme par magie.

Ma femme a changé ma vie pour le mieux. J’avais retrouvé ma sensibilité. Noël avait longtemps été un moment ennuyant dans ma vie. Un de mes frères s’était enlevé la vie le 3 décembre 1991, à l’âge de seize ans. Mon père était décédé le 26 décembre 1997, à l’âge de cinquante ans. Par la suite, Noël a toujours été un moment exécrable, et ce, pendant une dizaine d’années.

Cependant, lorsque j’ai connu ma femme, tout a changé. Elle m’a donné le goût de redécouvrir la joie de Noël. Le goût d’aimer et de vivre à nouveau, même plus que jamais.

Un jour, alors que je cherchais des cartes de Noël dans un magasin spécialisé, ma femme m’a vu en train de pleurer devant le présentoir de cartes. C’est alors que je lui ai expliqué que chaque fois que je lisais une pensée dans une carte, ça me faisait pleurer. Tout cela à cause des décès dans ma famille.

C’était devenu un gag lors de la remise des cadeaux. Tout le monde avait les yeux rivés sur moi pour me voir lire ma carte et pleurer. Et là, naturellement, tout le monde trouvait ça drôle ! C’était la même chose pour les films sentimentaux. Je devais me cacher le visage parce que j’avais les yeux pleins d’eau. J’étais devenu hypersensible. Tout cela parce que ma femme avait changé ma vie et avait fait de moi un homme heureux. Peut‑être aussi parce que j’avais une blessure en moi.

Lors de l’échographie de ma fille, je me retenais, mais j’avais encore le goût de pleurer. Elle était parfaite cette petite que j’avais créée avec ma femme ! Dans l’auto, j’ai éclaté en pleurs. Ma femme a pensé que j’étais déçu parce que c’était une fille. C’est seulement le fait que j’allais être papa d’une belle petite fille en santé. Je pleurais de joie. J’étais un papa déjà très fier et content ! J’allais être papa ! Ce que j’avais toujours désiré dans ma vie !

Et je vous épargne toutes les premières fois ! Oui, les enfants, ça nous change beaucoup.

Ma femme, je ne pourrai la remercier suffisamment pour tout ce qu’elle m’a apporté. Pour toute la joie qu’elle m’apporte. Pour tout le soutien qui n’est pas facile avec ma blessure. Je lui en suis très reconnaissant. Vraiment, merci mon épouse ! Je t’adore !

Carl Audet

Au bout de sa route

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C’est arrivé au fil des jours. Au début, je n’ai pas voulu voir. Je n’ai pas voulu y croire non plus. C’est cliché, mais c’était quand même comme ça : ça arrivait aux autres, mais pas à moi.

 

Je perdais mes couleurs. Je devenais gris terne. Même pas un beau gris. La vie, ma vie, perdait aussi un peu de ses couleurs. Mon travail m’épuisait. Je n’y arrivais plus. Ça m’a pris beaucoup de temps avant de le reconnaître. Probablement trop. Je me suis perdue solide.

 

J’ai commencé à oublier des choses. Futiles, puis importantes. La concentration avait oublié de se concentrer sur moi. Les hamsters qui couraient dans ma tête se sont mis à faire des bébés et dieu sait que ça se reproduit vite ces bibittes‑là. L’anxiété prenait sa place tranquillement mais sûrement. Je perdais le contrôle. Et ça m’effrayait. Et quand on a peur, eh bien, on fait deux choses : on affronte le monstre avec sa lampe de poche ou on se cache en dessous des couvertures. J’ai choisi les couvertures.

 

Je ne me suis pas bien cachée. Je devenais de plus en plus fatiguée, de plus en plus fragile. J’arrivais toujours à maintenir la façade pour moi, pour ma famille, pour mes collègues, mais je sentais bien que quelque chose en moi s’effritait. Je ne voulais pas. Je voulais être un beau paysage de Monet. Un beau lac bleu pastel avec de petits nénuphars dessus. Je me sentais plutôt comme une toile de Picasso. Tout abstraite. Toute défaite. Une belle toile, mais chaotique.

 

J’ai rapporté du travail à la maison. Des fois pour vrai, des fois dans ma tête. J’enchaînais les heures supplémentaires parce que tout était plus long, plus difficile à faire, me demandait plus d’énergie. La fille était brûlée, mais travaillait plus. J’essayais de reprendre le rythme. Ça n’a pas fonctionné.

 

À la maison, rien n’allait plus. Les demandes de mes enfants m’irritaient, tout comme leur insouciance. Ça courait partout, ça riait fort, ça criait quand on les chatouillait. Un genre d’allergie au bonheur. J’ai failli m’acheter des bouchons pour les oreilles. Je me sentais coupable. Je n’y arrivais plus au travail, je n’y arrivais plus à la maison. Mon homme voulait faire l’amour. Moi, je voulais dormir.

 

 

Et le matin est arrivé. Un évènement et je me suis effondrée. J’ai réussi de peine et de misère à sortir du bureau et je suis allée me réfugier dans ma voiture. Milieu neutre et connu. Pas bon et rassurant comme la maison mais bon, j’ai pris ce que j’avais pas loin. Sangloter à ne plus respirer. Je me suis dit que c’était fini. Je me suis dit que je l’étais aussi. Ce matin‑là, je ne suis pas retournée au bureau. Je me suis inventé une urgence avec les enfants. Mais l’urgence, pour vrai, c’était moi.

 

Ça m’aura pris des mois, si ce n’est pas un an pour m’être rendue là. Dans le fond de ma peine, dans mon sentiment d’incompétence au travail qui s’est transformé en sentiment d’incompétence de maman, puis de conjointe, puis de sœur, puis d’amie, etc. J’ai eu mal. Je somatisais de partout, mon corps réagissait au fait que je ne veuille pas arrêter. Mes émotions devenaient de plus en plus difficiles à gérer. J’avais l’impression d’avoir perdu la bataille. J’étais une perdante. Et ça, tout ça, ça m’a fait beaucoup pleurer.

 

J’ai mis mes couvertures dans la salle de lavage et j’ai allumé la lumière, même pas la lampe de poche. J’ai parlé à mon conjoint, il m’a donné sa main et j’ai respiré mieux. Je suis allée voir mon médecin, j’ai arrêté de travailler et je me suis posé un million de questions. J’ai finalement quitté le domaine d’emploi dans lequel je travaillais depuis plus de dix ans. Aujourd’hui, je suis ailleurs. Je suis à la maison. Mais je suis rose. Un beau petit cochon avec une petite patte cassée, mais ça va aller. Ça prendra le temps qu’il faudra. Là, j’ai des enfants qui veulent rire et se faire chatouiller.

 

Eva Staire

À vous qui quittez pour la grande école…

Une dizaine de jours à partager avec vous : c’est tout ce qu’i

Une dizaine de jours à partager avec vous : c’est tout ce qu’il me reste.

Je suis toujours nostalgique en fin d’année. Partager votre quotidien fut une chance. Vous m’êtes prêtés pendant quelques mois et ceux-ci s’achèvent.

Du haut de vos douze ans, vous regardez le monde, chacun à votre façon.

Certains avec le désir fou de voler de vos propres ailes, d’autres que je n’aurai pas réussi à rassurer et qui vous interrogez encore sur la grande école, quelques-uns qui partez avec la crainte de perdre des amis.

Vous partez avec un bagage de connaissances, mais surtout avec le cœur bien rempli d’expériences de toutes sortes !

Vous accompagner vers la sortie du monde magique de l’enfance est un privilège dont je ne me lasse pas. Malgré vos humeurs, malgré vos doutes, malgré votre laisser-aller, parfois. Franchir la porte de la préadolescence amène son lot d’émotions😊!

J’aime être la dernière à vous faire prendre un rang, la dernière à apposer un collant sur votre dictée (qu’elle soit réussie ou non, vous savez que c’est l’effort qui compte)…

J’aime être celle qui aura tenté, souvent, de calmer vos peurs face à ces belles années qui vous attendent.

J’espère vous avoir bien préparés et vous avoir transmis le souci du travail bien fait.

Que les années à venir vous guident vers une profession qui vous fera trouver les fins de semaine trop longues (ça m’arrive parfois, vous savez !) ou du moins, qui vous fera aimer les lundis matins😊!

Vous me manquez déjà. Comme chaque année, j’aurai du mal à retenir mes larmes. Accompagner des grands, côtoyer des enfants aux personnalités si variées, découvrir la sensibilité de plusieurs, rire avec vous et pleurer, parfois, partager vos moments de bonheur et vos peines aussi ; tout cela fait que j’adore enseigner.

Il m’arrive de devoir me pincer tant j’ai le cœur gonflé de joie juste à penser à vous, à vos réussites, à vos bons coups.

Je suis reconnaissante sans fin de pratiquer un métier qui me permet d’aider des p’tits humains à grandir.

À vous, mes élèves devenus grands, je vous souhaite de relever de grands défis, de faire des rencontres inoubliables, de changer le monde, à votre façon.

Je profiterai des dernières journées à vos côtés, heureuse de voir l’étincelle dans vos yeux et la grande fébrilité qui vous anime en ces jours si précieux : les derniers de votre enfance…

Bonne fin d’année !

Madame Karine

(Texte de Karine Lamarche)

Je n’ai plus de bébés!

Dix années. Voilà bientôt dix années que je suis maman. Durant c

Dix années. Voilà bientôt dix années que je suis maman. Durant ces années, j’ai eu la chance, le bonheur, l’apothéose de la joie de créer, avec mon époux et tellement d’amour, trois bébés.

Mais voilà, je n’en ai plus!

Mon plus jeune quittera la jupe de maman du haut de ses cinq ans pour prendre la route de la maternelle! Précédé par ses aînés, il est fort impatient d’être considéré « comme un grand ». Il est prêt, pleinement! Il a une imagination vive, une curiosité débordante et une énergie qu’on devra quelque peu encadrer, je m’y attends. Mais il est plus que prêt. Son école en est de celles qui excellent. Sa future enseignante et lui se connaissent déjà et s’apprécient pleinement. Bref, tout est P‑A‑R‑F‑A‑I‑T.

MAIS MOI?

Égoïstement, maman, elle… n’est pas prête! Ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Je n’ai pas été prête lorsque mon aîné a pris l’autobus scolaire pour la première fois. Je me suis précipitée au sous-sol en pleurant, allez savoir pourquoi. Lui aussi était prêt, même bien au-delà! Il faisait l’école « à la maison » depuis déjà bien des mois! Pour ma fille, ma puce à moi, j’ai pleuré tout autant. Elle était « bien préparée », mais plus réservée.

Cela fait quatre années que bébé regarde les « grands » partir, sac au dos, et il en rêve! À trois ans, il disait à qui lui demandait :

          Vas-tu à l’école?

          Oui.

          Mais tu as quel âge?

          J’ai cinq ans! Torse bombé, épaules bien droites, empli de l’espoir de se faire croire.

Mais cette fois, c’est VRAI. Il aura dans moins d’un mois ce cinq ans si attendu de sa part.

La maison me paraîtra bien vide en septembre. Je sais, il sera temps pour moi de passer à une toute nouvelle routine, celle d’avoir du temps. Le temps de faire le ménage calmement, le temps pour le lavage sans devoir plier trois fois les mêmes morceaux. Le temps de lire, d’écrire et de peindre. Le temps de m’entraîner, de prendre « soin » de moi.

Mais surtout, le temps de m’ennuyer.

Je suis de ces mères accros à sa marmaille, celle qui planifie tout son emploi de temps selon ses enfants. Qui se plie à LEURS activités. En septembre, je vais avoir du temps pour avoir MES activités!

Je ne mentirai pas, j’ai parfois hâte. Lorsque mon bébé-qui-n’en-n’est-plus-un me fait la vie dure à la maison, je soupire en lui disant : « Tu es dû pour l’école, toi! Vivement l’automne! » Mais sincèrement, après avoir passé près de dix années à ne vivre qu’à travers eux nuit et jour, me retrouver avec autant de « temps » m’effraie un peu.

Je SAIS que je vais bien m’occuper après un peu d’adaptation. Mais j’anticipe et parfois, je ressens une certaine, minuscule, mais bien présente, panique.

Au-delà de ma personne, j’ai confiance. Je suis fière de mes trois amours. Je suis envahie d’euphorie à les voir si bien évoluer, s’épanouir et devenir les « grands » de demain. J’aurai tout au moins participé à cette élévation humaine. Maman est comblée, mais malgré mes dires en ce moment, maman reste déchirée.

Je n’ai plus de bébés, ne me dites pas d’en faire un autre : ce temps est passé!

Mais je n’ai plus de bébés : je me le répète, car ce matin, alors que j’ouvrais mon traitement de texte, fiston avec ses quatre ans et trois quarts (selon ses propres dires!) m’a regardée et m’a dit : « Maman, tu sais, quand je vais aller à l’école, tu vas pouvoir faire ton travail d’écrire et je ne vais pas pouvoir te déranger. Alors aujourd’hui, on va pratiquer ça: je vais aller dans la salle de jeux et tu vas écrire comme si j’étais pas là! Allez, maman, t’es capable! »

Définitivement… bébé est devenu grand. **émue**

Simplement Ghislaine