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S’impliquer, ça fait du bien ! Texte : Roxane Larocque

La Semaine de l’action bénévole me pousse à réfléchir à l’aspect essentiel de cet apport c

La Semaine de l’action bénévole me pousse à réfléchir à l’aspect essentiel de cet apport collectif. Idéalement, l’implication bénévole, ça fait du bien à tout le monde ! Autant à celui qui donne qu’à celui qui reçoit. Ça peut prendre plein de formes aussi : encadrées par un organisme ou spontanées, régulières ou sporadiques, bref il y en a pour tous les goûts !

L’implication bénévole, c’est bon pour la santé mentale collective. D’un point de vue personnel, il a été démontré que de faire du bénévolat contribuait à diminuer le stress et à diminuer l’isolement, et qu’il contribuait à l’épanouissement personnel. Or, d’un point de vue collectif, cela me semble tout aussi juste. C’est intéressant de sortir un peu de la vision du bénévole qui offre son temps et son expertise généreusement comme un sauveur. De mettre en lumière sa contribution, certes, mais aussi et surtout de mettre l’éclairage sur la nécessité collective de son apport dans une société où les inégalités de toute sorte sont encore présentes.

Le bénévolat c’est une relation, une implication qui change le vécu de celui qui reçoit, mais également de celui qui offre. Le bénévolat, c’est le tissu social collectif qui s’épaissit, le filet de protection qui retricote ses trous pour prendre soin des plus vulnérables. Or ce tissu social nous est commun : prendre soin de l’intégrité de tous, c’est aussi prendre soin de soi. Personne n’est à l’abri d’un jour crouler sous le poids des facteurs de risques qui s’accumulent et entraînent un déséquilibre, une vulnérabilité.

C’est intéressant de comprendre ce qu’on apporte aux autres par le bénévolat, mais également ce qu’on répare en nous en le faisant. Qu’est-ce qui fait qu’on s’implique pour une cause en particulier ? À quel besoin ça répond pour nous ? Il y a certainement des échos de notre passé : un membre de la famille qui a souffert d’une maladie pour laquelle vous vous impliquez maintenant, un manque de soutien à l’enfance que vous voulez éviter de faire vivre maintenant aux enfants plus vulnérables, une intolérance à l’injustice sociale que vous voudriez voir disparaître, l’impression d’avoir une voix, de participer à un changement social, etc. Bref, la Semaine de l’action bénévole, c’est aussi un beau moment pour mettre en lumière tous les bénévoles qui ont surmonté des épreuves, des angoisses, des injustices et qui en font quelque chose de plus grand, de plus doux pour le bien commun.

Merci à tous ceux qui s’impliquent à petite, moyenne et grande échelle. Vous faites assurément une différence, aussi petits vos gestes d’implication soient-ils. Aujourd’hui plus que jamais, votre implication est essentielle !

Roxane Larocque

Le ninjatage

La semaine dernière, une amie m’a ajoutée

La semaine dernière, une amie m’a ajoutée sur un groupe de ninjatage. Pour être honnête, je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce moment‑là. Et je peux vous dire que « j’ai pogné d’quoi » ! J’ai découvert un mouvement rempli de solidarité, d’humanité, de bonté et de générosité. Et j’ai compris que j’étais bien en retard sur mon temps, parce que ça fait un petit bout que le mouvement est lancé, et pas qu’ici !

C’est quoi ça, le ninjatage ?
En fait, c’est assez simple. Je peux résumer ça à une chaîne de dons anonymes. Tu prépares un sac-cadeau. Tu choisis une adresse au hasard. Tu vas porter ton cadeau, mais en prenant bien soin que la personne à qui tu l’offres ne te voie pas. C’est pour ça que ça s’appelle du ninjatage en fait… parce que tu dois être aussi subtile et silencieuse qu’une ninja ! Personne ne doit te voir ou t’entendre ! Tu déposes le sac-cadeau devant la porte d’entrée… et tu te sauves en courant. La personne qui reçoit le cadeau doit le prendre en photo et publier sur le groupe pour prendre le temps de remercier la personne qui le lui a apporté. Et finalement, cette personne a la responsabilité de faire un don à une autre personne anonymement… et ainsi de suite…

Pourquoi être une ninja ?
Parce qu’en plus de faire un beau geste de générosité, c’est vraiment drôle d’essayer de ne pas se faire prendre ! Les enfants aussi adorent jouer aux ninjas et aller porter les cadeaux aux portes ! On les voit se rouler dans le gazon, se cacher derrière un arbre, et ramper dans les escaliers pour ne pas qu’on les voie à travers une fenêtre… Et quand ils reviennent à l’auto, le sourire aux lèvres et le cœur rempli de fierté, ils sont contents en maudit d’avoir réussi leur ninjatage !

Comment on fait pour commencer ?
Moi, on m’a tout simplement invitée sur un groupe de ninjas de mon secteur via les réseaux sociaux. Une simple recherche devrait vous permettre de trouver un groupe près de chez vous assez facilement et de demander d’y adhérer. Une fois dans le groupe, il suffit de dire qu’on est prêt à ninjater dans tel ou tel secteur précis, puis les gens vont écrire leur adresse sous la publication dans l’espoir d’être choisis !

Combien ça coûte ?
Tout dépend de ton budget, mais personne ne dépense une fortune non plus. Tu peux très bien aller au magasin du dollar le plus près ou courir les spéciaux cool à la pharmacie. Si tu n’as vraiment pas les moyens de dépenser, tu peux offrir un service, un plat préparé, un don de vêtements, etc. Oui, certaines dépensent plus que d’autres. J’ai vu passer de bonnes bouteilles de vin, des crèmes à main, des doudous, etc. Mais on se rappelle que le but, c’est de faire une bonne action, de passer au suivant, en sachant que la chaîne de bonté fera son petit bout de chemin.

Qui peut ninjater ?
Tout le monde ! Les femmes de tous âges, célibataires ou non, avec ou sans enfants, se joignent au groupe dans le but d’offrir. C’est un groupe strictement féminin pour assurer la sécurité des participantes (on doit tout de même donner notre adresse!). Toutefois, on peut ninjater avec qui on veut (entre voisines, avec notre maman, nos enfants…), et les enfants ont tellement de plaisir à jouer aux ninjas avec leurs parents ! La seule règle, c’est d’aller ninjater un cadeau pour chaque cadeau reçu. Il ne faut jamais briser la chaîne !

Alors, envie de ninjater ? Hâte d’être ninjatée ? Pressées d’amener vos enfants pour les voir ninjater ? Je vous promets que vous aurez beaucoup de plaisir, sans parler du sentiment incroyable d’avoir participé à ce mouvement plein d’humanité. En cette période où chacun tente de rester chez lui et où on limite nos contacts le plus possible, ça fait du bien de ressentir qu’on fait partie d’un mouvement aussi rassembleur que celui‑là.

Bon ninjatage à toutes !

Joanie Fournier

 

Donner

Offrir mon temps à des étrangers est assurément le beau cadeau qu

Offrir mon temps à des étrangers est assurément le beau cadeau que j’ai pu faire. Cette crise aura eu cela de beau, entre autres : elle m’aura permis d’ouvrir mon cœur comme jamais et de saisir la chance de faire du bénévolat.

Ce bonheur, je le partage avec quelques copines qui, tout comme moi, ont désormais du temps, mais surtout un milieu et une santé qui leur permettent de prendre un tel engagement.

Voir tous ces habitués à l’œuvre, des gens fondamentalement gentils, se donner pour distribuer un brin d’espoir dans les chaumières de la ville… c’est beau sans fin.

Quelques heures passées en ces lieux m’ont permis d’observer toute la bonté qui se dégage des humains, parfois.

Quelques heures m’ont confirmé que cette première journée n’allait pas être la dernière.

Quelques heures m’ont convaincue que cet été, je le souhaite, c’est avec mes filles que j’y retournerai.

À vous, bénévoles au quotidien, gens de cÅ“ur, je vous dis MERCI ! 🌸🌸🌸

Karine Lamarche

Ce qu’est la famille?

Je suis maman de quatre enfants, mais je suis aussi une belle-mère.

Je suis maman de quatre enfants, mais je suis aussi une belle-mère. Notre famille fait partie des milliers de familles recomposées de ce monde. Nous ne sommes pas mises à part de la société. Bien au contraire, c’est un mode de vie de plus en plus reconnu. Tant qu’il y a de l’amour, c’est ça non?

Ce qu’est la famille pour moi?

Peu importe la couleur, l’origine, besoins particuliers ou pas, couple homosexuel, couple bisexuel, que tu aies deux pères, deux mères, une belle-mère, un beau-père, une maman, un papa et une belle-mère, ou que tu sois un parent monoparental, tant qu’il y a de l’amour et du bonheur, c’est ce qui, quant à moi, représente la famille.

Une famille, c’est d’apprendre à devenir parent tous les jours. C’est d’accepter que nos enfants nous soient prêtés et que la vie est tout, sauf éternelle. Nous avons perdu notre petite fille âgée de vingt mois le 12 octobre 2019 d’un accident extrêmement tragique. Son petit cœur a cessé de battre dans nos bras. Nous avions plein de scénarios et tout plein de rêves pour notre Livia. Et d’un coup, le temps s’arrête et tout ceci ne devient que mémoire. Livia est devenue mémoire, j’ai peine à l’imaginer. Ce qui nous reste? Des souvenirs. Aussi vite elle est née, aussi vite elle nous a quittés, si prématurément. Mais la vie de famille ne s’arrête pas. Elle grandit à travers cette épreuve, la famille devient davantage un mouvement d’espoir et d’amour.

La famille, c’est aussi cela malgré tout. Les liens entre nos enfants et nous se sont grandement solidifiés. Nous comprenons tant de choses en si peu de temps. La famille pour moi, c’est de savoir s’accepter, s’aimer et partager autant de bonheur qu’il est possible de le faire. Mais c’est aussi d’accepter les peines et les joies de chacun d’entre nous.

C’est d’apprendre à partager une maison avec tous ses membres d’une famille différente. En tant que belle-mère, c’est de savoir prendre sa place d’apprendre à aimer les enfants d’une relation ancienne. Être un beau-papa, c’est d’ouvrir sa porte à sa femme, mais aussi à ses enfants. C’est aussi d’apprendre à aimer ces petits inconnus qui deviendront des amours inconditionnels à leur tour. Au fond, c’est ça être une famille. Qu’elle soit recomposée ou non. L’amour mène toujours.

C’est ça la famille pour moi :

Aimer – partager – pardonner – accepter – s’ouvrir – apprendre – bonheur – confiance – partage – être coloré – profiter de la vie – une ouverture d’esprit – juste beaucoup d’amour – des activités enrichissantes – des moments de douceur – des moments de joie – des moments de peine – des moments heureux – des moments moins heureux – des rires – des pleurs – des moments doux –

Mais tellement juste de L’AMOUR.

Comment vois-je les choses au niveau d’une communauté?!

Nous résidons à Saint-Samuel, un petit village au Centre-du-Québec.

Je peux vous dire que c’est beau de voir la solidarité entre citoyens. Des rencontres sur la patinoire pour un match improvisé. Les citoyens sont âgés de tous âges, et c’est ce qui est beau. Une diversité. Une acceptation du fait que cette fois‑ci, il ne faut pas être le plus fort, mais bien celui qui va partager la puck de hockey avec un enfant tout jeune, qui apprend tout juste à patiner. C’est d’avoir une ouverture d’esprit envers tout un chacun et non d’avoir un esprit compétitif. Un beau bonjour lorsque l’on se croise au bureau de poste. Parce qu’on va se le dire, nous sommes une petite population et un bonjour se transforme vite en une conversation sur la vie d’aujourd’hui!

C’est de se rencontrer à la bibliothèque. Rencontrer d’autres parents qui vivent la même chose que nous : être un parent. Être « propriétaire » d’une famille!

Je crois que le mouvement de solidarité devrait durer. Je crois que des activités pour regrouper les gens, les vieux, les plus jeunes, c’est réellement de redonner un souffle de vie et d’espoir dans une société. Au fond, tu n’as pas d’âge tant que tu garderas ton cœur d’enfant.

Et si la communauté était tout simplement ça : une famille?!

Une famille n’a pas de sexe. Une famille n’a pas de couleurs. Une famille n’a pas d’origines.

Une famille n’a pas d’orientation sexuelle. Tu peux être qui tu as envie d’être. Tu peux être la famille de tes rêves.

Jessyca Brindle

J’aime mon voisin

Oui, j’aime mon voisin! Et j’adore ma voisine. Mon autre voisinâ

Oui, j’aime mon voisin! Et j’adore ma voisine. Mon autre voisin… et ma deuxième voisine! Celle d’en face… et celui du bout de la rue. Changez de côté… mais pas de partenaire!

Oubliez tout de suite l’idée d’une histoire croustillante! C’est au sens sacré du terme amour que je fais référence. Pas au sens romantique. Juste qu’au lieu de se juger, on a décidé de s’aimer. C’est tout. Une touche d’humanité dans le quotidien effréné. Quelqu’un pour te saluer et te demander simplement : « Comment ça va? ». Quelqu’un pour te donner un coup de main, quand la vie te fait un croche-pied.

Mon cœur a trouvé sa maison, dès que j’ai mis les pieds dans le village. C’est ainsi qu’on surnomme notre rue. Une petite oasis dans une grande ville.

Mes voisins, je les aime tellement, que je les appelle encore mes voisins. Même si j’ai traversé l’océan. Même si j’ai quitté pour un autre continent. Voisins un jour, voisins toujours! Surtout après une tempête de neige, quand tout le monde sort gratter. Et que celui qui a une souffleuse, fait preuve de générosité.

Savoir qu’on retournerait en Outaouais, après notre aventure en Europe, ce n’était pas suffisant. Nous voulions retrouver notre rue. Y accrocher des petits bouts de racines. Nous avons donc décidé de louer notre nid douillet. Notre maison nous attendrait. Et aujourd’hui, nous entreprenons le chemin du retour. En sachant bien que nous avons beaucoup changé en deux ans. Et en se demandant : comment notre petit îlot, lui, a-t-il bien pu évoluer?

Il y a un peu de magie sur cette rue et évidemment, elle vient des gens qui y vivent. Ce sont de magnifiques personnes qui réservent une place d’honneur à la famille et s’entraident au lieu de se comparer. Je n’avais jamais ressenti un tel sentiment d’appartenance à une communauté. Comment ces belles paroles s’expriment dans la réalité? Je sais que ça fait de beaux mots : famille, entraide, communauté… Mais ça mange quoi en hiver?

Ça se nourrit de soupers de filles, où on rit et on pleure ensemble.

Ça se nourrit de fins de semaine de camping « interdites aux mamans » : sept gars, quatorze enfants.

Ça se nourrit d’un voisin qui cherche sa fille, et d’une gang qui se lance en battue pour la retrouver. Surtout qui le soutient en lui racontant que ça nous est tous déjà arrivé. Sans jamais insinuer qu’il aurait dû mieux la surveiller.

C’est des enfants qui jouent dans la rue : au hockey, au basket, à la corde à danser…

Des petits vélos abandonnés dans une entrée, et un groupe d’amis en train de s’amuser.

C’est des parents qui sont présents à l’extérieur. Qui distribuent des popsicles, par un bel après-midi d’été.

Une voisine qui accueillera tes enfants à leur sortie de l’autobus, quand une réunion t’aura retardé…

Tu peux être ce voisin toi aussi! Créer ton village si ce n’est pas déjà fait. Oui, j’ai des voisins en or, mais tout a débuté par une simple fête entre voisins. La 13e édition québécoise de cette fête du mieux-vivre ensemble approche à grands pas (fetedesvoisins.qc.ca). Pourquoi ne pas en organiser une sur ta rue le 8 juin prochain? Parce que lorsqu’on a goûté à une rue vivante, on ne veut plus s’en passer.

Elizabeth Gobeil Tremblay

On peut sortir la fille du village, mais on ne peut pas sortir le village de la fille

Ce dicton s’applique bien à moi. Depuis plus de trente ans, j’h

Ce dicton s’applique bien à moi. Depuis plus de trente ans, j’habite Saint-Boniface, un village qui se situe à environ vingt minutes de Trois-Rivières.

L’idée de ce texte m’est venue suite au merveilleux carnaval d’hiver que nous avons eu la semaine dernière. Les petites familles y ont participé en grand nombre afin de se créer des souvenirs. Concours de luges artisanales, Zumba en plein air, glissades sur tubes et jeux gonflables : nous étions retombés en enfance ! Nous avons une super équipe de bénévoles qui s’implique auprès du Club Optimiste afin d’organiser des activités qui plaisent autant aux petits qu’aux grands. La St-Jean-Baptiste à « St-Bo » est aussi un incontournable ; le 23 juin de chaque année, les citoyens se retrouvent autour d’un gigantesque feu de joie pour festoyer. C’est souvent l’occasion de revoir de vieux amis que tu n’as pas croisés depuis l’école primaire.

Parlant de l’école, celle‑ci est une des plus grosses écoles primaires de notre commission scolaire. Elle est actuellement en rénovation pour un agrandissement, une grosse victoire pour plusieurs parents qui se sont impliqués activement pour obtenir la subvention. Cet agrandissement devrait être prêt juste à temps pour la rentrée scolaire de ma plus vieille !

Les sportifs dans l’âme savent se plaire à St-Boniface. Été comme hiver, les activités sportives y sont nombreuses. Nous avons un aréna qui a son propre club de patinage artistique, et les petits comme les grands peuvent s’adonner à notre sport national : le hockey. Mon père en est d’ailleurs certainement le doyen, puisqu’il enfile ses patins chaque mercredi soir depuis plus de trente ans. Quand les beaux jours reviennent et que la neige fond, c’est sur notre beau terrain de golf qu’il se rend chaque matin pour jouer « un petit neuf ». Pour ceux et celles qui préfèrent la course comme moi, la 23e éditons du demi-marathon Marcel Jobin aura lieu le 15 juin prochain.

J’ai habité plus de cinq ans au cœur du village dans une charmante maison ancestrale où nous pouvions entendre les cloches de l’église sonner midi et soir. C’est là que je suis revenue de l’hôpital avec mes deux bébés, c’est aussi là que Junior, mon chien, mon gros toutou gentil, nous a quittés. C’est avec un petit pincement au cœur et de doux souvenirs que je j’ai dit au revoir à cette maison en juin dernier, pour un autre quartier situé à quelques kilomètres.

Je suis heureuse d’avoir choisi de rester dans mon petit coin de pays pour y élever ma famille. J’espère que mes filles auront le même sentiment d’appartenance que leur maman, et que même si elles choisissent d’aller habiter dans une autre ville, elles auront « St-Bo » tatoué sur le cœur.

Julie Lampron Désaulniers

Groupes d’entraide sur le web : Quand les amitiés virtuelles deviennent réelles

Seriez-vous prête à donner votre lait maternel au bébé d’une v

Seriez-vous prête à donner votre lait maternel au bébé d’une voisine qui en a besoin? Accueilleriez-vous dans votre maison une personne que vous n’avez jamais vue? Oseriez-vous réserver une cabane à sucre pour quinze mamans et autant d’enfants atteints de terrible-two aigu?

Dans les dix dernières années, j’ai rencontré des humains magnifiques en dedans comme en dehors (le cliché n’est même pas subtil, mais c’est quand même ça) sur les pages virtuelles de forums de soutien. Pendant les années afghanes, je m’étais inscrite à un forum de discussions regroupant des conjointes de militaire. Il y a six ans, j’avais commencé à discuter avec un groupe de mamans qui allaient accoucher en janvier 2011 et qui échangeaient sur le site de Canal Vie. Ces groupes ont fermé. Les relations ont duré.

Nous sommes encore une vingtaine de femmes, conjointes de militaire, ex-conjointes de militaire ou conjointes d’ex-militaire, à rester en contact. Nous nous sommes rencontrées à l’occasion, nous avons approfondi notre relation avec certaines. Il nous est arrivé, lors d’un déploiement ou d’une mutation hors province, de développer des amitiés plus solides et un soutien concret.

Garder un bébé pendant que la maman visite des maisons dans une nouvelle ville. Apporter un sac rempli de bons petits plats pour la famille grippée. Donner une référence pour une compagnie de ménage ou pour l’homme à tout faire le plus fiable du coin. Accourir dès que le téléphone sonne : « Je ne sens plus mon bébé bouger et mon mari n’est pas là » ou « ça ne feel vraiment pas ce soir, j’ai les blues ». Clavarder sur Facebook jusqu’aux petites heures du matin parce qu’on sait qu’on est comprise sans jugement. Des femmes en or, chacune avec sa personnalité et son histoire. On ne s’entend pas bien égal avec tout le monde, bien sûr. Mais c’est une grande famille avec des liens tissés avec du barbelé.

Certaines ont perdu leur mari à cause d’un divorce, d’une mine antipersonnel ou des cauchemars provoqués par le syndrome de stress post-traumatique. Certaines se sont mariées et ont invité des amies du forum. Plusieurs nous ont annoncé en primeur qu’elles étaient enceintes, en attendant de pouvoir partager la nouvelle avec leur amoureux par Skype quand il reviendrait à la base principale. Nous avons tout vécu ensemble, mais à distance. Nous comprenons nos hauts, nos bas, nos délires d’humour et nos histoires d’amour.

Aux alentours de janvier 2011, le forum des mamans de janvier a explosé d’histoires d’accouchements, toutes uniques et touchantes. Les conseils, les questionnements et les photos se faisaient aller sur les écrans d’ordinateur! Pendant qu’une allaitait son bébé pour la vingtième fois de la nuit, le regard perdu et le sommeil oublié, une autre lui rappelait que c’était un pic de croissance et que ça passerait. Deux mamans se donnaient rendez-vous pour aller user les pneus de leur poussette plutôt que de s’isoler chacune de son côté. Un petit groupe préparait une fête au resto ou au parc, histoire de parler autrement qu’en bébé.

J’habitais en Alberta à ce moment, mais l’énergie des mamans se rendait jusqu’aux Rocheuses. Le forum, c’était comme un service d’appel vingt-quatre sur vingt-quatre. Avec en prime, des rires, des émotions (mettez cinquante mamans post-accouchement ensemble… ça se remplit d’hormones assez vite!), des idées, de l’entraide.

Nos bébés de janvier 2011 viennent d’entrer à la maternelle. Le défunt forum a laissé place à une page Facebook et à des rencontres en personne. On partage les photos de nos cocos, on constate jusqu’à quel point ils ont grandi, on annonce la première dent perdue ou le premier petit chum. C’est léger et profond à la fois.

Il y a quelques semaines, un des bébés de janvier 2011 a eu en cadeau une petite sœur, belle comme une pivoine et pétante de santé. Mais voilà, la petite sœur a été hospitalisée d’urgence il y a quelque temps. Diagnostic : malformation cardiaque. À quelques reprises, elle a failli quitter sa famille en emportant avec elle tout l’avenir qu’elle représentait. Panique. Incompréhension. Épuisement. La petite ne pouvait plus téter, la maman n’avait pas de réserve de lait, le stress diminuait sa production…


Dites-moi…

 

Ça vous étonne qu’une des mamans de janvier 2011 qui venait aussi d’accoucher ait offert de donner son lait à la petite cocotte, le temps que la maman se remette de ses émotions ?

Et que les amies virtuelles se soient cotisées pour faire livrer des repas chez les parents éprouvés ?

 

Le lien peut bien être virtuel, mais l’amitié, elle, est bien réelle.

 L’entraide va bien au-delà d’un « www. Les forumeuses. Je vous amitié! »