Tag communication

Pour s’entendre il faut s’entendre – Texte: Nancy Pedneault

Jamais je n’aurais pensé qu’un simple bout de tissu pourrait autant changer ma vie. Le masque.

Jamais je n’aurais pensé qu’un simple bout de tissu pourrait autant changer ma vie. Le masque. Essentiel en ces temps de pandémie, je le sais, mais qui empêche les sons de parvenir à mes oreilles déficientes. Et je ne suis pas seule. Au Québec, 25 % de la population vit avec une déficience auditive (source ReQIS).

Être malentendante, ça ne paraît pas. C’est un handicap qui est invisible jusqu’à ce que je te demande de répéter. Et crois-moi, lorsqu’on me parle avec un masque, je fais répéter. Malheureusement, dans une même conversation, il est possible que je te fasse répéter plus d’une fois.

Je sais, c’est vraiment désagréable quand je te demande de répéter. Je sais, je ralentis le processus de communication. Tu as parfois envie de t’impatienter (et ça arrive que tu le fais) mais je t’en prie, résiste.

Pour moi, et pour toutes les personnes malentendantes, le port du masque a rendu notre monde flou. Les sons qui étaient autrefois faibles sont maintenant sourds ou même absents. Les mots que je lisais sur tes lèvres ont complètement disparu.

Parfois, en plus du masque, nous sommes séparés par un Plexiglas. C’est l’horreur ! Je cherche les sous-titres (comme dans ma télé) mais il n’y en a pas.

Je dois vraiment faire un effort pour t’entendre. Je mets toute mon attention pour comprendre les mots déformés qui sortent de ta bouche. S’il y a du bruit ambiant, c’est pire, c’est épuisant. Mon cerveau doit éliminer les sons superflus avant de saisir le message qu’il n’a pas entendu.

Il arrive que ma réponse n’ait ni queue ni tête, car il se peut que j’aie compris tout de travers. C’est que j’essaie, tant bien que mal, de mettre les mots que j’ai entendus ensemble. Je les assemble rapidement selon le contexte et j’essaie de faire une phrase logique. Parfois, je me trompe. Alors, j’ai l’air un peu perdue avec ma réponse hors sujet.

Je dois même t’avouer que parfois, j’évite les situations qui nécessiteront un effort de communication. Des fois, je reste chez moi, dans le silence, avec ma famille qui est habituée à ma surdité.

Désormais, si tu croises quelqu’un qui, comme moi, est malentendant, s’il te plaît, prends le temps qu’il faut et répète un peu plus fort. Essaie de ne pas avoir ce ton impatient que nous entendons trop souvent. Et surtout, rappelle-toi que c’est plus difficile pour nous que pour toi.

Un jour, les masques seront retirés et les mots reviendront sur tes lèvres. Je ne comprendrai pas parfaitement, mais la communication redeviendra plus facile. D’ici là, pour mieux s’entendre, il faudra parler plus fort.

Nancy Pedneault

Bonjour, comment vas-tu ? Texte : Klaude Laflamme

Je suis de ces personnes qui questionnent les ami.e.s de ses enfants. Personne ne rentre chez moi sa

Je suis de ces personnes qui questionnent les ami.e.s de ses enfants. Personne ne rentre chez moi sans d’abord avoir eu droit à un « Bonjour, comment vas-tu ? » Pas pour faire ma détective, mais parce que leur vie m’intéresse. Certains fixent le plancher, d’autres me renverront d’emblée la question, mais tous finiront par répondre. Je veux que dès la première rencontre, la communication soit établie.

J’aime rencontrer ces jeunes, j’aime connaître avec qui mes enfants passent leur journée. Je sais que pour bien des parents, quand les enfants deviennent des adolescents, ils deviennent plus discrets. Pourquoi ? Est-ce qu’en vieillissant, les jeunes ne veulent plus qu’on s’intéresse à eux ? L’adolescence, c’est tellement intense et tumultueux. Même les plus jeunes plus silencieux aiment qu’on prenne le temps de s’informer. Ils aiment aussi qu’on leur raconte nos premiers amours, échecs, bons ou mauvais coups. Ils aiment sentir qu’ils sont normaux, que notre adolescence n’était pas bien différente de la leur.

C’est en parlant avec eux qu’on ouvre les discussions sur les sujets plus délicats. Pour qu’ils se sentent compris, on doit nous aussi se montrer vulnérable.

La communication n’est pas que dans un sens, si je peux me permettre d’être en désaccord, ils le peuvent aussi. Je ne suis pas là pour être leur amie, mais pour les écouter, discuter et conseiller.

Ils se font souvent juger sévèrement, mais ils ont énormément à nous apprendre. Ils sont tellement plus ouverts sur les autres et la diversité que nous pouvons l’être. Ils sont beaux, sensibles et purs. C’est difficile d’être un adolescent dans ces années de pandémie. Rien n’est comme ce serait censé être, pourtant ils sont d’une résilience incroyable. J’en ai marre qu’on les mette tous dans le même panier. Il y a beaucoup plus de beaux jeunes que l’image de paresseux sans envergure qu’on aime nous projeter.

J’ai envie de vous dire de laisser vos adolescents vous impressionner. Commencez doucement par un : Bonjour, comment vas-tu ?

 

Klaude

 

Les mots que je me dis – Texte : Nathalie Courcy

Êtes-vous comme moi, du genre à vous parler à vous-même ? Non, non, je ne suis pas folle (j

Êtes-vous comme moi, du genre à vous parler à vous-même ?

Non, non, je ne suis pas folle (je reviendrai d’ailleurs sur ce mot un peu plus loin…)

Je me parle pour m’aider à réfléchir. À voix haute ou dans ma tête, mais je me parle ! Ça m’aide à organiser mes idées, à ne rien oublier, à apprendre plus facilement des notions et à me refléter des opinions qui pourraient être différentes de ma première idée.

Quand je suis en mode créatif, je m’installe avec de grandes feuilles ou un grand tableau blanc, des marqueurs de couleur 🖊🖊, parfois des ciseaux ✂️. Je lance mes idées, je dessine, je me fais des schémas, je rature, je fais des flèches. Je vous le dis, dans ce processus, ma calligraphie n’a aucune importance ! J’écris vite et mal ! L’important, c’est qu’aucune idée ne s’égare ! Une fois sur la feuille, il sera toujours temps de copier, de réécrire, de mettre ça cute !

Même dans mon travail au gouvernement, je suis plus productive quand je peux me parler (sans parler de la musique qui occupe mon cerveau et l’empêche de divaguer !). Imaginez ce que ça faisait dans un bureau à aire ouverte… charmant. Je m’explique les étapes à suivre, je m’exclame (« Voilà ! C’est ça qui manquait ! » ou « Ben là, ç’a pas de bon sens ! »), je me questionne, je me félicite. D’ailleurs, en télétravail, chaque fois que je lâche un « Bon ! » de satisfaction, notre chien Fred 🐕 est convaincu que la journée est terminée et qu’on l’amène marcher dans le quartier ! Il est déçu plusieurs fois par jour parce que je le dis souvent.

Mais je me parle aussi quand je conduis (je parle aussi aux autres conducteurs, ça fait bien rire mes enfants), quand je cuisine, quand je lis, quand je fais mon épicerie, bref, tout le temps.

J’ai appris avec le temps à utiliser cette manie de me parler à mon avantage. J’ai d’abord dû faire des surprises de conscience majeures.

D’abord, je me maltraitais à tour de bras. Le nombre de fois que je pouvais me traiter d’imbécile, de niaiseuse, de nulle… ça n’avait aucun sens ! Mon préféré, c’était « épaisse ❗ ». Ça fait mal, hein ! Ouch ! Aucun amour dans mon mot ni dans mon ton, je vous le jure. Je me cognais l’orteil sur une patte de meuble, épaisse ! Je me trompais de chemin en auto, épaisse ! Je prononçais mal un mot en anglais, épaisse ! Tout le temps ! Si j’avais traité mes enfants comme ça, j’aurais eu la DPJ sur le dos, et avec raison. Quand j’ai compris que j’étais violente psychologiquement avec moi-même, j’ai fait « WO ! » (mais sans ajouter d’adjectif dénigrant).

J’ai décidé de m’observer et d’attraper au vol tous les mots méchants que je m’adressais. Au début, c’était un emploi à temps plein ! Je me trouvais niaiseuse d’avoir autant de misère à arrêter de me dire ces mots. Oui, oui ! Encore ! Je me trouvais niaiseuse, je me sentais coupable, j’avais honte ! Le temps que ça m’a pris avant d’avouer à une thérapeute que je me traitais sans arrêt d’épaisse, c’est ridicule (oui, encore un autre mot pas fin !). Une fois que je l’ai dit, ça m’a encore plus encouragée à arrêter de me parler comme ça. Je ne parlerais à personne de cette façon, jamais, alors pourquoi je m’imposerais ça ?

Alors ça, c’était ma première surprise de conscience.

Cette semaine, j’ai lu deux livres d’Anick Lapratte, À quelle fréquence vibrez-vous et Reprogrammez votre cerveau. Et j’ai compris qu’intuitivement, j’avais fait la bonne chose en interceptant les paroles blessantes que je m’adressais, mais que j’aurais pu aller plus loin approfondir l’impact dans ma vie.

Arrêter de me traiter d’épaisse, c’est bien, c’est sain, c’est essentiel, mais encore faut-il que je remplace ces mots et ces pensées par autre chose. Si j’ai passé des décennies à me définir comme épaisse à la première bévue, mon identité en a pris un coup de pelle. Suis-je vraiment épaisse ? J’ai un Q. I. élevé, j’ai un doctorat en main, j’ai une intelligence émotionnelle développée, j’ai une intuition et une sensibilité au-delà de la moyenne. Ce ne sont pas les caractéristiques d’une personne stupide, n’est-ce pas ? Alors j’ai décidé de me redéfinir. Ces temps-ci, j’écris et je me répète qui je suis, qui je veux continuer de devenir.

Je suis une humaine intelligente, sensible, originale, courageuse, différente et fière de l’être, intuitive, organisée, multipotentielle. Je suis une artiste 🎨, une planificatrice, une maman cool et stricte à la fois, une entrepreneure, une fonctionnaire, une amie aimée et aimante, une amoureuse amoureuse 💝, une passionnée des mots et de la langue, une graine de divin (ben oui ! Vous aussi !).

Plus je me répète qui je suis, plus l’ombre de mes mots blessants pâlit. Moins ils sont fréquents. Et si jamais quelqu’un me servait ces mots, je ne les croirais pas, et je passerais mon chemin. Merci, bonsoir.

Je vous le dis tout de suite, dans un autre texte, je vous jaserai d’autres surprises de conscience, entre autres en lien avec les scénarios qu’on se construit quand on a du temps à perdre ailleurs que dans la réalité. Mais en attendant, je vous invite à vous demander : quels mots utilisez-vous pour vous parler à vous-même ? Et comment vous parler vous sert-il ?

Nathalie Courcy

Accueil

Pourquoi tu pleures ?  

Toi, ma fille qui n’arrive à t’exprimer que par les pleurs et l

Toi, ma fille qui n’arrive à t’exprimer que par les pleurs et les rires… si seulement je pouvais lire dans tes pensées. J’ai le cœur qui saigne juste de savoir que tu ne peux communiquer tes sentiments et tes besoins par de simples mots. J’essaie de faire de mon mieux sachant que jamais, ce ne sera à la hauteur de tes besoins. Je dois deviner en faisant du « essai/erreur ». Souvent, après quelques tentatives, je vais te déposer dans ton lit. Mais je suis qui, moi, pour décider ce que tu veux, toi ? Je suis qui, moi, pour abandonner si rapidement ?

Tu es là, seule, étendue dans ton lit, avec les larmes qui coulent sur tes joues. Tu prends une grande respiration pour pleurer de plus belle. Tu veux être certaine que quelqu’un entend ta détresse, parce que tu n’as que le pleure comme moyen de communication.

Malheureusement, ton sourire et ton rire contagieux n’arrivent pas à exprimer la douleur et l’inconfort qui habitent ton corps tous les jours. Tu es là, étendue dans ton lit, à fixer le plafond avec ton Luminou en bruit de fond. Tu pleures, tu attends, dépendante de moi, mais je ne suis plus là. Je suis lâche, fatiguée, fâchée. Tu as besoin de moi et je ne suis pas là. Je pleure parce que tu pleures… Je m’en veux de ne pas avoir la patience que tu mérites. Je crie intérieurement. Je n’arrive pas à savoir ce que tu as, toi, MA FILLE.

Mon cœur est rempli d’amour pour toi, mais ma tête n’arrive pas toujours à suivre. Mon cœur aimerait tant te consoler et faire tout pour toi, mais ma tête, elle, essaie encore de comprendre pourquoi je n’y arrive pas. Parfois, l’impatience prend le dessus sur mon rôle de maman et me fait dire des choses que, jamais, on ne devrait dire à son enfant. « Pourquoi tu fais ça ? Tu n’es pas fine ! Je suis tannée. » Mais encore une fois, je suis qui, moi, pour te dire ça ?

Tu pleures et j’essaie de comprendre ce qui se passe, mais tu es inconsolable. Je vois dans ton regard le désespoir, parce qu’encore une fois, je ne te comprends pas.

Ce soir, je te dépose dans ton lit en te donnant un bisou sur le front et en te souhaitant de faire de beaux rêves, et je me demande encore ce que j’aurais pu faire de mieux pour toi. Je n’ai pas de réponse car tu es là, étendue dans ton lit. Tu me regardes quitter ta chambre avec ton regard déviant et tu ne dis rien. Non pas parce que tu n’as rien à dire, mais parce que tu ne sais pas comment le dire. Quelques petits rires et quelques pleurs, puis c’est le silence. Une autre journée à me demander pourquoi tu pleures.

Je suis là, étendue dans mon lit, et je pleure.

Carolanne Fillion

Égo-médias

Je ne réinventerai pas la roue en parlant des aspects néfastes des

Je ne réinventerai pas la roue en parlant des aspects néfastes des médias sociaux. Mais en lisant le livre I Hate You. Don’t Leave Me de Jerold J. Krisman et Hal Straus, j’ai eu le goût qu’on parle de communication et d’humains, et oui, de médias sociaux.

Les médias sociaux sont nés en même temps que le millénaire. À ce moment, mes enfants étaient encore à l’état d’ovules célibataires dans mon ventre. Dans mon cœur, ils étaient déjà bien présents. Je les rêvais. Je rêvais qu’ils grandissent dans un milieu ouvert et communicatif comme celui qui m’a vue grandir. Et ouf ! Jusqu’à maintenant, la présence de la communication entre nous est inversement proportionnelle à celle des médias sociaux dans notre maison, ce qui est trrrrrès positif. Les écrans s’interposent parfois, mais c’est rare. Touchons du bois…

Certes, les médias sociaux servent à communiquer. À minuit en cachette des parents, c’est cool. En confinement, c’est pratique. Mais combien de jeunes (et de plus en plus d’adultes) sont encore capables de regarder leur interlocuteur dans les yeux en faisant une phrase complète ? Combien sont devenus incapables d’écrire ou de prononcer correctement les mots qu’ils abrègent en pitonnant ? Tout le monde sait qu’écrire « LOL », ça prend infiniment plus de temps qu’écrire « haha ! » (Je vous épargne la description de mon regard la fois où mon aînée a dit LOL au lieu de rire pour vrai. Elle n’a plus recommencé.)

Combien demandent à leurs parents ou à leurs frères et sœurs « Comment s’est passée ta journée ? », au lieu de seulement afficher sur une page ou dans une story leur quotidien, leurs pensées, leurs critiques de la société, ou encore la photo de leur dernier look ? Combien ont le « tu » sincère quand vient le temps de s’intéresser aux autres ? Combien textent leur mère au lieu d’aller la voir dans la pièce d’à côté ? Des couples le font aussi, je sais… (soupir)

Ok, ok, les médias sociaux incitent à centrer la parole autour du « JE », ce qui peut être positif. Connais-toi toi-même, comme disait l’autre. Mais dire « je-me-moi » ne revient pas à dire « Je me sens… quand… et j’ai besoin de… » Les bases de la communication non violente, ce n’est pas sur Facebook qu’on les apprend… Le « je-me-moi », c’est plutôt (quand utilisé à outrance, bien entendu) une méthode expresse pour faire gonfler le nombril et fondre les liens.

Sur les médias sociaux, nos « amis » sont des connaissances 95 % du temps. Kreisman et Straus parlent de « faux family », de fausse famille. Des faux proches, souvent, qui remplacent la famille traditionnelle, la famille élargie qu’on voisinait, les voisins de quartier à qui on pouvait se fier et la fierté qu’on ressentait d’appartenir à un groupe tissé serré. Je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à la fausse réalité des téléréalités et des influenceurs… Des personnes qu’on voit tellement souvent dans une journée qu’on pense les connaître et qu’on les prend pour modèles absolus.

Que dire de la communauté des « followers » ? En bon français, des « suiveurs »… C’est vraiment ce qu’on veut, être suivi plutôt qu’accompagné ? Suivre plutôt que côtoyer ? Comment fait-on pour approfondir une relation si tout le monde marche en parallèle, à distance virtuelle ? Au moins, le but est commun : gagner la compétition du plus grand nombre de followers… La célébrité et la richesse viennent juste après.

Et que font ces suiveurs ? Ils aiment nos publications à grands coups de Like et d’émoticônes sans mots 😃🥰😎😬. Ça, c’est de l’amour sincère ! Je serais curieuse de savoir combien de followers peuvent dire les mots « je t’aime » en personne, en regardant dans les yeux ou en échangeant un véritable câlin. Nos abonnés nous alimentent en informations sur leur déjeuner végan full santé, le dernier défi malsain à la mode, leur opinion sur la politique américaine ou la coupe de cheveux du prof de maths (ça dépend bien sûr de chaque compte). Même dans les années 80, on parlait de ces sujets (je vous dis, la coiffure des profs n’était pas vraiment mieux que celle du président d’aujourd’hui…) Mais on ne se définissait pas par ce qu’on partageait. C’était de passage et ça ne visait pas 3549 personnes.

Les Like s’ajoutent en quantité au bas de publications instantanées. Vive le moment présent, bien d’accord ! Une belle valeur. Si elle s’ajoute à la conscience du passé et du futur. Qu’en est-il de la capacité à s’enraciner dans un vécu et de se projeter dans un avenir rempli d’espoir ? Où est passée la joie de vivre un moment que pour soi, sans le photographier, sans le commenter, sans attendre qu’on y réagisse ?

L’être humain ne se résume pas à des snapshots arrangés par le gars du nombre de vues. Rien de nouveau sous le soleil, les internautes mettent bien ce qu’ils veulent sur les médias sociaux. Et cachent ce qu’ils veulent. Ils construisent une identité, une image de marque. Il faut se vendre. À quel prix ? Notre valeur marchande diminue au fur et à mesure que chute le nombre de Like et de suiveurs… suivie de près par notre estime personnelle et notre goût de vivre. Ça donne beaucoup de pouvoir à un piton de clavier, n’est‑ce pas ?

Comme le disent les auteurs du livre, l’égo est ce qui motive le plus les internautes à participer aux médias sociaux, puisque ceux-ci contribuent à leur capital social, intellectuel et culturel. Capital sans intérêt, il me semble, s’il n’est pas construit sur une communication humaine réelle.

Des fois, j’aimerais retourner avant les années 2000, et faire CTRL-ALT-DELETE. Sortir du programme sociétal dans lequel on s’est embourbés.

Nathalie Courcy

Crier contre un enfant de 4 ans

Un adulte a crié contre mon fils de 4 ans lors de son dernier entraî

Un adulte a crié contre mon fils de 4 ans lors de son dernier entraînement de soccer. Oui, contre un enfant de 4 ans. Cette histoire se termine bien, mais elle me fait réfléchir.

D’entrée de jeu, je dois vous mettre en contexte en toute transparence. Notre fils a énormément d’énergie et son principal défi est de gérer ses émotions qui peuvent être fortes et l’envahir. On travaille très fort depuis longtemps avec lui pour l’outiller. Il a tellement fait de chemin depuis son terrible two ! Les crises sont moins fréquentes, passent plus vite, il connaît ses trucs, les utilise de plus en plus par lui‑même, verbalise bien, fait de la méditation. Bref, c’est un processus qui n’est pas terminé, mais il fait de gros efforts et évolue super bien ! Je pourrais aussi vous énumérer ses mille qualités qui font de lui un enfant génial, mais ce n’est pas le sujet du jour.

Il aime beaucoup le soccer et est capable de bien faire toutes les activités, d’encourager ses amis et d’être très positif. Par contre, il peut également se fâcher quand c’est plus difficile et être brusque avec les autres enfants en les poussant, par exemple. Mon mari et moi connaissons bien notre fils. Nous ne sommes pas du genre à idéaliser nos enfants. On est tout à fait en mesure de voir leurs merveilleuses qualités, mais aussi les défauts qu’ils doivent travailler. Nous sommes donc très présents et attentifs lors de ses entraînements. Nous intervenons à partir des lignes de côté et il nous arrive même de le retirer lorsque c’est nécessaire. On essaie de trouver un juste milieu entre laisser son entraîneur (un ado qui apprend lui aussi) faire son travail et ses interventions, et ne pas laisser notre fils déborder ou exagérer. J’ai même pris la peine de vérifier auprès de l’entraîneur qu’il était à l’aise avec notre approche, lui demandant s’il préférait qu’on intervienne moins ou, au contraire, qu’on intervienne plus. L’équilibre est atteint sur ce point.

Ceci étant dit, lors du dernier entraînement, je marchais avec notre plus jeune pour rejoindre mon mari. Nous étions de l’autre côté du terrain voisin lorsque j’ai entendu un homme crier. En m’approchant et en voyant mon mari réagir, j’ai réalisé que cet homme criait contre mon fils de 4 ans. Il a crié beaucoup, contre mon mari et contre moi aussi. « Vas-tu arrêter de pousser! » Il a entre autres dit (crié) que notre fils était mal élevé. Quand je lui ai fait remarquer qu’on l’entendait du terrain voisin, sa réponse a été « J’espère ben ! » tout aussi fort. La discussion n’était pas possible, on était les pires parents, on ne faisait rien, alors qu’il nous a vus intervenir plusieurs fois depuis le début de la saison. Sa conjointe est venue nous parler. Nous avons compris que leur fils ne voulait plus venir au soccer parce qu’il en avait assez que le nôtre le pousse.

Je disais que l’histoire se terminait bien parce qu’en allant leur reparler vers la fin de la pratique, ils étaient tous deux visiblement très chamboulés par l’événement et le père s’est excusé plusieurs fois. Nous avons pu discuter.

Je comprends que ça nous chavire et nous prenne aux tripes quand il est question de nos enfants. Je tremblais de tout mon corps quand j’ai entendu cet homme crier contre mon garçon. Je peux donc imaginer à quel point ça leur brise le cœur d’entendre leur petit bonhomme leur dire qu’il ne veut pas revenir au soccer parce qu’un autre garçon le pousse. On est super sensibles à ça, c’est justement pourquoi on travaille autant ce point avec notre fils, parce qu’on est conscients de l’impact que ça peut avoir sur les autres.

Mais crier contre un enfant de 4 ans ne peut jamais être la solution. Aller en discuter avec ses parents, avec l’entraîneur, avec l’organisation. Plusieurs options sont possibles avant de se rendre là.

Cet homme a fait exactement ce qu’on essaie d’enseigner à notre enfant à ne pas faire : écraser les autres. Ce n’était pas intentionnel et je crois qu’il a été suffisamment secoué pour ne pas le refaire. J’aurais été bouleversée aussi si j’avais vu mon fils se faire pousser par un autre et en être tout à l’envers.

Cet épisode me fait réfléchir. On se transforme en lion quand nos enfants souffrent et vivent des difficultés. C’est tout à fait normal et sain. Mais il ne faut pas oublier que les autres sont aussi des enfants, qu’ils apprennent tous. Surtout, nous ne connaissons pas leur histoire et le jugement est trop facile. Leur ai‑je dit que leur fils ne savait pas s’affirmer parce qu’ils le surprotégeaient ? Bien sûr que non, parce que je n’en sais rien ! Peut-être que c’est un grand timide et que de venir au soccer est une victoire en soi. Peut-être qu’il n’en est rien et que l’épisode avec mon fils l’a simplement ébranlé, ce qui serait tout à fait humain. Même si ce garçon avait de la difficulté à s’affirmer, ce serait son défi à lui et ça n’enlèverait en rien le fait que le défi du mien est d’être plus doux et à l’écoute des autres. Mais je ne le sais pas, je ne juge donc pas ses parents.

Cet événement se termine bien. Mon fils n’en a pas été traumatisé, nous avons pu nous reparler calmement et je crois que nous avons tous appris de ça.

Par contre, je crains de revivre ou d’être témoin de ce genre de comportement à nouveau.

N’oublions pas que ce sont des enfants. Avec leur histoire, leur parcours et leurs défis. Comment vous sentiriez-vous si un autre parent s’en prenait à ce que vous avez de plus précieux ? Même si une situation difficile que vit notre petit nous remue le cœur, écraser ou intimider un autre enfant ne peut jamais être une option. Jamais. Ce sont des enfants.

Jessica Archambault

Réfléchir à son utilisation du numérique

Mon ami Fletcher Peacock dit : « La qualité de votre vie est di

Mon ami Fletcher Peacock dit : « La qualité de votre vie est directement proportionnelle à la qualité de vos questions. »

Je poursuis donc ma réflexion pour revenir à l’essentiel pendant cette période d’arrêt forcé #Covid19. Je vis ma réflexion au jour le jour et tout se précise autour d’un bon café. En réalité, ce n’est pas tant le café que l’écoute attentive que je me donne pour préciser mon intention de la journée et le temps nécessaire pour entendre mes réponses. La question qui roule en boucle en moi est : qu’est-ce qui m’importe sincèrement ?

Ce qui s’installe tranquillement, c’est ce désir que notre utilisation du numérique soit de plus en plus sain, éducatif et éthique. Ok, j’ai déjà un bon bout de réflexion sur le sujet de l’utilisation des écrans. J’évolue dans ce monde depuis dix‑huit ans déjà. Je présente même une conférence destinée aux parents sur le sujet Revenir à l’essentiel avec le numérique.

Mon constat actuel, c’est qu’un ménage s’impose dans les applications et nos habitudes de consommation. Ce qui est chouette, c’est que j’ai le temps de faire de l’écran avec mes enfants et d’ouvrir avec eux le champ des possibles, de nouveaux possibles. Sans imposer ou dicter quoi faire, mais apprendre avec eux et essayer des choses ensemble.

Mon allié pour accomplir cette intention : le dialogue constructif YEAH ! (Ressource à explorer : monurl.ca/dialogueconstructif) Apprendre à communiquer et entrer en relation est primordial. Et vous savez quoi ? Mon constat est que la plupart d’entre nous avons de la difficulté à communiquer et à entrer en relation, et ce, même avec les gens les plus proches de nous, avec notre amoureux ou notre amoureuse et avec nos enfants.

Pour créer cette nouvelle dynamique relationnelle, je fais ça en deux étapes :

1- Préciser la situation irritante et répétitive qui occupe mon attention ou qui me préoccupe. Je me questionne sur ce que je souhaite sincèrement pour mes enfants dans ce contexte précis. Je me donne du temps en mode réflexif, un temps de questionnement pour voir clair dans notre réalité.

2- Ouvrir le dialogue. Je nomme la situation avec des faits et avec le souhait sincère que j’ai pour mes enfants dans ce contexte précis. Nous allons ainsi améliorer nos habiletés de communication. Vous me suivez ?!

Comment ça prend forme ?

1- Je vous décris la situation qui me préoccupe : mes enfants consomment beaucoup de jeux et de contenus sur YouTube (pas toujours très éducatifs, parfois présentant de l’information trompeuse et surtout bourrés de publicités). Ce que je souhaite sincèrement pour eux, c’est que la technologie devienne leur alliée, une source pour résoudre des problématiques, pour s’informer, pour collaborer, pour apprendre et pour créer.

2- Quand le moment sera venu (honnêtement, je ne sais pas encore quand ce sera), j’aurai un échange avec eux pendant lequel je vais nommer la situation (sans accuser ni juger…) Allez, on est capables d’être neutres autant dans nos opinions que dans nos émotions pour aborder une situation qui nous préoccupe ! Pour moi, cette capacité de se positionner et de partager son intention de manière neutre démontre le niveau de maturité émotionnelle. Ensuite, je vais demander à mes enfants comment ils pourraient transformer leur utilisation des écrans en ce sens. Je vais écouter, écouter et proposer. Ensuite, je vais essayer des choses avec eux selon leur ouverture et accepter qu’ils vont probablement démontrer de la résistance à un moment donné et que nous allons vivre des tensions. Ça fait partie du processus.

Je dis souvent à la blague quand mon mari propose quelque chose : « Je m’oppose ! ». Ça veut juste dire que j’ai besoin de nommer ce qui risque de générer de la frustration en moi. Une fois dit, le dialogue s’installe pour ajuster l’idée afin qu’elle soit simplement harmonieuse pour tout le monde. Ensemble, on va trouver ! Faut se faire confiance et se donner le temps de s’ajuster, gang !

Qu’est‑ce qui fonctionne pour vous quand vous souhaitez discuter en famille à propos d’une situation que vous voulez régler comme orienter l’utilisation des écrans dans votre famille ? Arrivez-vous à passer au travers des tensions que cela génère ?

Stéphanie Dionne

 

Messenger Kids

Si on m’avait prédit l’an dernier que j’écrirais un jour une

Si on m’avait prédit l’an dernier que j’écrirais un jour une opinion en faveur d’une application pour enfants, je ne l’aurais jamais cru. En ce qui concerne mes enfants, je trouve qu’il n’y a rien de plus beau que de les regarder jouer, jouer pour vrai. Je suis une adepte de la nature, du jeu libre et actif et une grande amoureuse du jeu symbolique. Je suis aussi une anti-écran. Oui, oui, une anti-écran. Mes enfants n’ont pas de tablette. Pas d’écouteurs. Pas d’écran dans la voiture. Aucun jeu vidéo. Nous avons un ordinateur commun, situé dans une aire ouverte de la maison. Nous avons d’ailleurs une seule télévision dans la maison, qui sert exclusivement aux soirées film-popcorn en famille. Elle n’est jamais allumée sans raison ni pour une longue période. Nous avons aussi un seul cellulaire pour toute la famille, mais ça, c’est un autre débat.

J’ai découvert cette semaine l’application Messenger Kids et j’avoue que je suis sous le charme, rien de moins. Comme toute nouvelle application, il arrive encore que certains bogues fassent leur apparition. Il faut prendre le temps de se familiariser avec l’application avant de débuter, mais son utilisation reste très conviviale. C’est une application gratuite qui permet à l’enfant d’avoir sa propre boîte de messagerie. Il peut écrire des messages, en recevoir, effectuer des appels vidéo, etc. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire… mais… l’application a été créée grâce à l’avis précieux de nombreux parents, qui cherchaient une façon sécuritaire de communiquer avec leurs proches, tout en ayant un contrôle total sur les communications. Donc, on retrouve une application conviviale et rassurante qui nous permet d’accompagner l’enfant dans l’apprentissage des réseaux sociaux et de la communication virtuelle.

Voici les dix raisons qui font que je suis enchantée par cette nouveauté :

1- Aucun compte Facebook ne sera créé pour l’enfant. Ça, c’est le plus bel avantage en soi. L’enfant n’a pas besoin de se connecter avec un mot de passe et n’a pas besoin de fournir de numéro de téléphone.

2- L’enfant ne peut contacter que des personnes que ses parents ont approuvées! Tout est vérifié grâce au compte du parent sur Facebook. Le parent contrôle totalement la liste de contacts et doit approuver chaque personne autorisée à parler à son enfant. En cas de doute sur les communications, les messages ne disparaissent pas et ne peuvent pas être masqués. Le parent y a accès en tout temps par son propre téléphone.

3- Son utilisation est très simple. On connecte l’enfant. On ajoute des amis d’école, des cousins, des grands-parents, des amis proches, etc. L’enfant peut ensuite parler à tout ce beau monde en toute sécurité.

4- Le parent peut également vérifier tous les contrôles parentaux à distance. Il choisit avec qui son enfant peut correspondre. Il peut ajouter des contacts, choisir un horaire d’utilisation limité et mettre en veille l’application quand il le veut.

5- Il nomme ses contacts comme il le veut, par exemple « Lau » au lieu de « Laurence Tremblay », et peut personnaliser son application avec les couleurs qu’il aime. Il peut choisir des collants rigolos, des GIF animés et des dessins spécialement conçus pour les enfants.

6- Si l’enfant veut ajouter un nouveau contact, le parent sera toujours avisé immédiatement sur son compte Facebook et choisira d’accepter ou non l’ajout du contact avant une première discussion. Aucune chance qu’un inconnu ou un pédophile contacte l’enfant.

7- Une grande sensibilisation est faite concernant la cyberintimidation. L’enfant peut bloquer quelqu’un de sa liste de contacts quand il le souhaite. Il peut également faire un signalement s’il sent qu’un ami lui transmet du contenu inapproprié ou s’il se sent harcelé. Tous les signalements mènent automatiquement à une alerte sur le compte du parent. Et si des enfants partagent du contenu indésirable ou s’ils ne respectent pas les règles établies par l’application, ils n’auront tout simplement plus accès à l’application.

8- Aucune publicité ne passe dans Messenger Kids! L’application est gratuite, accessible et aucun achat n’est possible à travers celle-ci.

9- Les concepteurs semblent avoir pensé à toutes les facettes de la sécurité des enfants. Le parent doit approuver à distance par son compte Facebook tout appareil avec lequel l’enfant demande à se connecter! Donc aucune chance qu’il se connecte de l’école, par exemple, sans que le parent le sache.

10- Lors de sa première connexion, l’enfant doit approuver un contrat d’utilisation, en présence de son parent. Ce contrat le sensibilise au respect de l’autre dans ses communications. Il prône également la discussion avec le parent si l’enfant a des questionnements, s’il se sent mal à l’aise ou menacé. Il encourage l’enfant à communiquer dans le respect et le plaisir.

Nos enfants grandiront dans ce monde où les réseaux prennent une grande place. Je ne suis pas d’accord avec le fait de les lancer trop tôt dans un monde virtuel dont ils seront un jour dépendants, qu’on le veuille ou non. Ceci étant dit, je trouve enfin une application qui me permet de contrôler l’accès des enfants et de leur permettre d’apprivoiser en douceur et sans surstimulation ce monde virtuel.

Dorénavant, ma fille de huit ans peut inviter son amie à jouer sans que j’aie à appeler le père de cette amie sur son cellulaire. Elle peut aussi contacter ses anciennes amies, celles qu’elle aimait tant mais dont elle a dû se séparer suite au déménagement. Elle peut aussi prendre des nouvelles de ses cousines d’amour, sans me harceler pour les appeler. Elle peut le faire seule. J’apprends à lui faire confiance moi aussi.

Ma fille de six ans aussi apprécie l’application. Elle commence tout juste à écrire des mots. Cette semaine, elle a envoyé un magnifique « Je t’aime » à sa mamie qui habite loin et un beau dessin à son amie de la maternelle.

Ce monde virtuel a aussi du bon. Si on m’avait prédit l’an dernier que j’écrirais un jour une opinion en faveur d’une application pour enfants, je ne l’aurais jamais cru. Puis, Messenger Kids est arrivé…

Joanie Fournier

 

Dialoguer ?

— Maître, pourquoi ne voulez-vous pas protéger vos valeurs et vo

— Maître, pourquoi ne voulez-vous pas protéger vos valeurs et vos enfants ? N’avez-vous aucun principe moral…

J’étais surpris de cette question de michel. Il était mon disciple préféré. Curieux, avec une soif inassouvie de connaissance. Sur tous les sujets. De loin le plus ouvert. J’entame alors le dialogue avec lui.

— Aide-moi à comprendre. Fais-tu référence à mes interventions sur les réseaux sociaux ?

— Oui, en voulez-vous des exemples ?

Cette impertinence me faisait toujours sourire. Je m’attends à ce que les esprits critiques s’y adonnent. Je prends alors le temps de faire une longue pause. Ça calme souvent les gens qui me paraissent trop émotifs pour discuter.

— … puis, Maître ?

— Dis-moi d’abord, michel, est-ce que tu me respectes ?

— …

— Alors pourquoi tu me poses une question multiple ? Rappelle-toi tes premières leçons ; il est impossible de répondre correctement à une question qui en contient deux. Alors, imagine celle-ci, qui en contient trois ! Permets-moi de te répondre différemment.

— Comme tous, j’exprime mes idées en tentant d’être cohérent. Évidemment, ma vision des choses évolue. Le maître, tout comme l’élève, n’a jamais terminé d’apprendre. Il est normal que mes principes moraux soient différents dans le temps. Je comprends bien mieux les liens entre la religion, les valeurs et les principes. Pour ces derniers, je tente de respecter l’essence de ce qui est nécessaire pour la vie en société. Sur la base du respect de l’autre et du partage de l’espace commun.

— Mais pourquoi nous n’avons pas tous les mêmes principes ? Ce serait bien plus facile…

— C’est vrai ! Il est plus simple de voir les choses de la même manière. Mais c’est malheureusement impossible. L’homme cherche trop à avoir raison et pas suffisamment à comprendre… Il doit alors faire l’effort de se concerter pour mettre des balises. En cherchant à ce qu’elles conviennent au plus grand nombre. C’est un peu ce qu’on retrouve dans les grands énoncés des droits fondamentaux. Le droit à la vie, à la liberté de penser, à l’éducation, au bonheur…

— Je comprends, Maître. Désolé d’avoir douté de vous sur ce point. Je connais vos valeurs. Elles sont toujours dans le plus grand respect de l’homme. Quel qu’il soit, quel que soit l’endroit d’où il provient. Et même, malgré ce qu’il croit être sa pensée.

— Tu me parles de protéger mes enfants ? La réponse est évidente. Mais je dois les protéger de quoi, de qui ? De ceux qui veulent toujours plus d’armes ? De conflits ? Il est de mon devoir d’assurer leur sécurité. Mais je constate que la fermeture à l’autre, l’étranger, ne peut la garantir. Au contraire. Aucun mur ne peut réussir ce qu’un pont peut faire. Crois-tu que tu pourrais comprendre les choses si tu étais isolé de celles-ci par une cloison ? J’enseigne à mes enfants à accepter l’autre. Dans toutes ses différences.

— Et la protection de nos valeurs communes ?

— C’est le plus grand piège de ta question. Le plus souvent, quand tu demandes à ces personnes — celles qui émettent l’ultimatum — quelles sont ces valeurs, ça reste vague. Le risque est trop grand. Si elles sont clairement exposées, elles ne peuvent toutes être partagées. Le groupe implosera de lui-même. Moi, je reconnais facilement que les leurs sont fondées sur l’exclusion. Sur le « nous contre eux ». Je suis alors effrayé. As-tu les yeux bleus ?

— …

— Nous savons tous les deux la réponse. Dans le discours haineux de ceux qui prônent l’exclusion, personne n’en connaît l’aboutissement. Des régimes totalitaires, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont donné des réponses claires. Le mouvement est trop dangereux pour accepter le moindre pas.

michel

 

Le spectre du trouble des réseaux sociaux

Dans toute la documentation que nous lisons en tant que parents d’

Dans toute la documentation que nous lisons en tant que parents d’enfants avec un TSA, on cite toujours des « autistes célèbres ». Le diagnostic et le terme « trouble du spectre de l’autisme » est récent, alors je me suis toujours demandé comment il a été possible de déceler longtemps après leur décès que ces personnes l’étaient, mais ça, c’est une autre histoire !

Ce qui me frappe chaque fois dans cette liste est que nous y retrouvons plusieurs personnes ayant développé des moyens de communication. Avec le téléphone d’Alexander Graham Bell, on a pu « parler » à des gens à distance sans être dans la même pièce qu’eux. Bill Gates et Steve Jobs ont respectivement mis sur pieds Microsoft et Apple, et avec tout ce qui découle de ces deux compagnies, pas besoin de plus amples présentations pour eux. Mark Zuckergberg, quant à lui, est le fondateur de Facebook, plateforme qui nous permet de rester « connectés » avec le monde qui nous entoure, encore une fois, sans contact physique entre les gens.

Que tentons-nous de faire avec les personnes atteintes d’un trouble du spectre de l’autisme ? Faire en sorte que celles-ci soient le plus fonctionnelles possible dans un monde de neurotypiques (une personne dite neurotypique est une personne qui n’a pas de diagnostic de TSA ou autre trouble du même type, bref une personne que plusieurs qualifieraient de « normale »).

Par contre, de nos jours, tout le monde a un ordinateur qui fonctionne sous Windows (Microsoft) ou sur OS (Apple), nous envoyons des courriels par leur entremise, nous nous informons sur le web avec ces derniers (à preuve, vous êtes en train de lire ce texte), nous avons tous des téléphones cellulaires dits « intelligents » et des tablettes. Selon les dernières statistiques, il y a 1,4 milliard d’utilisateurs actifs sur Facebook.

Où je m’en vais avec tout ça ? C’est bien simple. Il y a actuellement plus d’un milliard de personnes qui communiquent entre elles sans se voir, sans voir l’émotion de leur interlocuteur, qui parlent sur leur mur de sujets qui n’intéressent pas nécessairement les autres. Combien de fois avons-nous envoyé un message texte qui a mal été interprété parce que la personne à qui nous l’avons envoyé n’a pas pu déceler l’émotion à travers le message ? C’est une situation des plus frustrantes. Imaginez que c’est le quotidien des personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme : ne pas pouvoir déceler l’émotion derrière le message et de ce fait, ne pas réagir en fonction de celle-ci.

Avouez que c’est paradoxal comme situation. D’un côté, on essaie de faire en sorte que nos enfants TSA fonctionnent comme les neurotypiques, mais les neurotypiques, eux, communiquent sur les réseaux sociaux comme des personnes TSA. Ça ne se limite pas uniquement à Facebook ; observez ce qui se passe au restaurant, dans les transports en commun : les gens sont souvent l’un à côté de l’autre, mais ne se parlent pas, ils s’envoient des textos, des tweets, se taguent sur Facebook. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’un adolescent autiste nous lance : « Vous voulez que nous agissions comme vous, mais vous, vous agissez comme nous ! »

Je me demande si c’était conscient de la part du fondateur de Facebook de nous amener dans son univers, de nous faire découvrir d’une façon un peu sournoise ce que c’est que de communiquer sans voir l’émotion ou l’intention réelle derrière un texte. Moi la première, je ne compte plus le nombre d’accrochages que j’ai pu avoir avec des amis dans des textos ou par la messagerie de Facebook, tout ça parce qu’on a juste le message et qu’on ne décode pas tout ce qui vient avec ne se compte plus.

Je lève donc mon chapeau et dis un immense merci à Mark Zuckergberg, Bill Gates et Steve Jobs de nous avoir ouverts, sans s’en rendre compte sûrement, l’univers de la communication TSA. Faire connaître à la population mondiale ce que ces enfants et adultes vivent au quotidien. D’avoir mis sur pieds des plateformes nous permettant de vivre une partie de leur quotidien et de nous avoir sensibilisés, encore une fois sans que nous nous en rendions compte, aux défis de communication que ces gens doivent relever chaque jour de leur vie.

Annie St-Onge

Être une équipe

Il arrive qu’on traverse certaines passes moins faciles que d’au

Il arrive qu’on traverse certaines passes moins faciles que d’autres dans un couple. Ces périodes qui amènent leurs lots de disputes, d’émotions fortes et de remises en question. Parce qu’évidemment, à travers la routine et les tâches infinies, c’est tout à fait possible de s’oublier en tant que couple. Mais ces moments rough sont indispensables selon moi, parce que c’est grâce à eux qu’on ne se tient pas pour acquis.

Ça nous arrive tous de nous réveiller et de nous demander : « C’est quand, dont, la dernière fois qu’on s’est vraiment vus tous les deux ? » Je ne parle pas de sexe ni de faire la vaisselle ensemble. Je parle de ces moments où tu regardes la personne que tu as choisie en te répétant que tu as justement fait le bon choix. Ce moment où tu as la certitude absolue de faire ta vie avec la bonne personne. Ce moment où cette même personne te regarde avec un amour infini. Là, vous vous voyez. Et oui, il y a des jours où on n’arrive plus à se souvenir de la dernière fois qu’on a vécu ça…

Ces moments ont mené plusieurs couples à la rupture… Et chez nous, on s’y refuse. Quand on tombe dans une phase plate et qu’on en prend conscience, eh bien, on s’assoit et on en jase. On parle de nos sentiments… déception, colère, impatience, tristesse. On parle de nos impressions… l’impression d’être oublié, d’être transparent, de ne pas être apprécié. On parle de nos peurs… la peur de se perdre, de s’oublier comme individu. Et surtout, on parle de nos objectifs. Et heureusement, la séparation n’en a jamais fait partie.

Alors on s’assoit ensemble, on parle, on pleure, on se serre dans nos bras et on fait l’amour. Le plus souvent, dans cet ordre-là… parce qu’après toutes ces années passées ensemble, c’est facile de tenir l’autre pour acquis. Il n’y a rien de facile dans ces discussions-là. Ça prend de l’énergie, du temps, de l’espoir et beaucoup d’amour pour remonter la pente ensemble. Il faut remonter un énorme escalier en posant le pied sur chacune des marches.

Et on y arrive. Chaque fois. Parce qu’on est une équipe. Et on retrouve ces moments… ceux où l’on sent les papillons au ventre chaque fois qu’on se frôle dans la cuisine. Ceux où on regarde l’heure toutes les cinq minutes parce qu’on a hâte au coucher des enfants pour pouvoir se retrouver. Ceux où on passe des heures à parler, à débattre, à rire et à vivre. Ceux où on s’enlace comme si c’était la première fois. Et chaque fois, on y arrive. Parce qu’on est une équipe.