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Te retrouver

Dans l’incertitude, te retrouver.

Parfois, ne pas pouvoir te répo

Dans l’incertitude, te retrouver.

Parfois, ne pas pouvoir te répondre. Souvent, ne pas savoir.

T’accueillir dans cette classe transformée. T’enseigner d’une nouvelle façon. Te découvrir sous un autre angle.

Profiter de ce temps précieux où tu m’es prêté, retirer le maximum du fait que nous soyons si peu dans ce grand espace…

Faire de cette épreuve, un tremplin et rebondir, comme tu sais si bien le faire. Devenir meilleur, plus curieux, moins timide ; prendre sa place.

Accepter d’être imparfait et à travers ces imperfections, apprendre comme jamais…

Karine Lamarche

Le pays des Calinours

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la pandémie à ses pl

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la pandémie à ses plus jeunes enfants…

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas parler de la situation à ses jumeaux de quatre ans…

Je suis cette mère qui a choisi de ne pas leur parler de la COVID et de les laisser sur leurs petits nuages au pays des Calinours…

Nous avons fait ce choix le 13 mars soit à la fermeture des écoles… Nous revenions de voyage pour la relâche et nous étions tous à la maison depuis quelques jours… Pourquoi vous expliquer la situation, mes amours, alors que vous étiez avec maman depuis décembre, car nous avons déménagé et aucune garderie n’avait de place pour vous ? Pourquoi changer notre routine et vous alarmer ? On est bien ensemble non ?

Oh je sais, on ne comprend pas toujours notre choix… On juge un peu les parents de faire ça… « Ben voyons, comment vous pouvez cacher ça à vos enfants ? »

Je dirais : « Ben voyons, pourquoi je leur donnerais de l’anxiété avec une situation qu’ils ne comprendraient pas ? »

Ma plus vieille est bien entendu au courant. Elle respecte l’omerta. Parce qu’elle connaît sa sÅ“ur, elle sait très bien que c’est mieux ainsi. Je crois qu’elle apprécie ses grasses matinées sans réveil nocturne… Elle respecte notre choix et comprend qu’à quatre ans, ce n’est pas évident de cesser les câlins et respecter le deux mètres avec TOUT le monde sauf sa famille immédiate.

Pour toi, ma plus jeune, celle qui vit toute son anxiété dans son « j’ai mal au ventre maman… », je sais que si on te rend nerveuse, tu auras mal au ventre. Tu voudras te coller sur papa ou maman, tu vas te rouler en boule avec ta doudou sur le divan… Aussi, tu projetteras ton anxiété sur ton frère jumeau qui ne comprendra pas pourquoi il est anxieux, tu nous poseras 1 000 questions auxquelles il nous sera difficile de te répondre… Tu te réveilleras la nuit pour nous les poser une autre fois… t’sais, des fois que la réponse serait différente quand il fait noir…

Pour toi aussi, mon garçon, qui me posera des questions, mais ne comprendra pas ce virus, cette distance de deux mètres, cette inquiétude chez les adultes… Les réponses de papa et maman ne seront pas à ton goût et il y aura beaucoup de pourquoi… Je pense à toi aussi qui vivras l’anxiété de ta sÅ“ur par symbiose… sans l’avoir demandé !

Nous avons fait ce choix de façon consciente et après six semaines, j’y crois encore. Les jumeaux s’ennuient de leurs amis de notre ancienne ville, mais nous ne sommes plus là… Ça va bien aller ! Ils aimeraient voir mamie, mais comme on dit que ce n’est pas possible et qu’ils viennent tout juste de passer une semaine complète avec elle à la relâche… Ça va bien aller ! Ils voudraient souper avec grand-papa et grand-maman, mais ils pensent qu’ils habitent encore loin comme avant… Ça va bien aller !

Toi qui nous connais, sache que je ne veux pas ton avis ; je te demande seulement de respecter notre choix. Nous sommes leurs parents, donc nous sommes les meilleures personnes pour choisir ce qui est le mieux pour eux ! J’aimerais que tu respectes mon choix, mais je ne te demande pas d’être d’accord. 😉

Je suis persuadée que je fais le meilleur choix pour EUX, MES amours.

Mes enfants commencent l’école en septembre, il me reste encore du temps, non ?

Stéphanie Poitras

Pour toi, le finissant du secondaire 2020

C’était ta dernière année. Tu savais déjà ce que tu allais faire plu

C’était ta dernière année. Tu savais déjà ce que tu allais faire plus tard dans la vie ou tu hésitais encore. Tu venais de faire ton inscription au cégep quelques semaines plus tôt et tu te croisais les doigts pour être accepté au premier tour dans ton premier choix. Ton secondaire allait se terminer dans trois mois. Tu rêvais du bal des finissants. Tu avais hâte de regarder ton album et de le faire signer par tout le monde. Ce que tu ne savais pas, c’est que la COVID allait frapper et qu’elle changerait tout cela pour toi.

Tu as toujours rêvé qu’une catastrophe survienne pour qu’il n’y ait subitement plus d’école du jour au lendemain. Je le sais, moi aussi à ton âge, je le souhaitais. Sauf que là, c’est arrivé pour vrai. Une semaine c’est le fun, deux aussi. Mais là, le temps a commencé à être long. Ce que tu n’avais pas prévu dans ton scénario est que la catastrophe qui t’empêcherait d’aller à l’école t’empêcherait aussi de voir tes amis, de sortir et de vivre ta vie normalement.

Semaine 3… 4… 5, tu t’ennuies de l’école, chose que tu ne pensais jamais vivre dans ta vie. Tu t’ennuies des corridors pleins de gens, du son de la cloche, de courir pour changer de local entre les périodes. Tu te demandes si tu te souviens de la combinaison de ton cadenas. Tu t’ennuies de tes collègues de classe et même de tes professeurs !

Semaine 6, la décision est prise : les cours sont annulés pour le reste de l’année pour les élèves du secondaire. Tu seras convoqué pour aller chercher tes effets personnels à l’école, et c’est comme ça que l’aventure va se terminer. Les corridors seront vides, les professeurs absents et tes amis aussi. Toi qui avais si hâte à ton dernier examen en juin pour dire au revoir à cet endroit et aller de l’avant vers une nouvelle aventure, tu vas quitter autrement. Tu n’auras pas la chance de dire au revoir à tes professeurs, de les remercier pour l’aide qu’ils t’ont apportée au cours des dernières années.

Je ne sais pas si le montage de ton album de finissants était terminé. Je ne sais pas si tu pourras en avoir un. Pour le bal, j’ai de la peine pour toi, car je me rappelle à quel point je rêvais de ma robe de bal depuis le début de ma cinquième secondaire. Peut‑être l’avais‑tu déjà trouvée ou peut‑être que tu allais bientôt commencer le magasinage pour la trouver. Savais‑tu déjà avec qui tu irais au bal ? C’est un rite de passage important qui marque la fin d’une étape et un premier pas vers ta vie d’adulte, ça méritait d’être souligné ! Le virus en a décidé autrement.

Pour tous les finissants du secondaire 2020 et plus particulièrement pour ma cousine Rébecca, soyez fiers de vous, de ce que vous avez accompli au fils des dernières années. Vous aurez quelque chose d’unique à raconter à vos enfants lorsqu’ils arriveront eux aussi en cinquième secondaire et qu’ils vous demanderont comment ça s’est passé pour vous.

Annie St-Onge

La rentrée de mai

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances dâ€

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances d’été. Mais sans été.

Les élèves sont partis. Sans savoir.

Les concierges ont tout désinfecté.

Les enseignants ont déplacé leur bureau de travail dans leur cuisine ou leur sous-sol.

Ils ont tout fait pour se réinventer. Pour apprendre de nouvelles façons de communiquer avec leurs élèves, avec les parents, avec l’équipe-école, avec les collègues. Team work encore plus que d’habitude.

Ils ont appris le fonctionnement de toutes les plateformes de partage de fichiers et de vidéoconférences. Ils sont devenus leurs propres techniciens informatiques, leurs propres cameramen ou camerawomen. Ils ont adapté leur matériel d’enseignement et d’évaluation à une modernité qu’on avait plus ou moins vue venir : l’enseignement à distance, à grande échelle, au secondaire comme au primaire. Je ne peux même pas imaginer de quoi ça a l’air avec les petits de maternelle…

***

Et maintenant que l’école rouvre ses portes, on fera le chemin inverse, comme à toutes les rentrées scolaires.

Les enseignants sont déjà de retour dans leur classe. Ils ont placé les pupitres (mais en ont sorti la moitié dans le corridor). Ils ont refait leur liste d’élèves (enthousiastes de retrouver ceux qui reviennent, tristes que la moitié du groupe reste à la maison ou soit envoyée dans une autre classe). Ils referont cette liste chaque semaine, en fonction des nouvelles inscriptions et des changements d’idée.

Ils planifient l’horaire des premières journées :

  • Beaucoup de temps consacré aux nouvelles règles à respecter (deux mètres de bulle, des collants aux planchers pour indiquer la direction des déplacements, des lavages de mains encore plus fréquents, et l’obligation d’attendre son tour deux par deux au lieu d’attendre en rang).
  • Le casse-tête des arrivées et des départs d’élèves, des récréations et des dîners.
  • Les matières (en nombre réduit) à réviser ou à enseigner en groupe live et à distance, sans autre matériel scolaire que ce qui se trouve dans les pupitres des élèves et dans l’imagination du prof.

Viendront les journées de canicule, la fatigue de fin d’année et la période des évaluations. Coronavirus, on n’y échappe pas ! Normalement, c’est balancé avec les voyages de fin d’année, les BBQ de juin, les célébrations de finissants, les activités extérieures dans les jeux d’eau et les parcs… mais pas cette année. Juin 2020 sera drabe. Mais mémorable.

Puis, le concierge refera sa tournée, encore et encore. Et encore. Chaque classe, chaque racoin, chaque lieu partagé. Matin, midi, soir. Tout sera nettoyé, organisé, désinfecté. Ça sentira l’eau de Javel dans les corridors ! Chaque jour. Je vous jure, les élèves ne s’enfargeront pas dans les boîtes à lunch qui traînent. Ce sera (en bon québécois) spik’n span.

Puis sonnera l’heure du retour des élèves. Comme à chaque mois de septembre, ce sera progressif, pour ne pas étourdir les enfants et les intervenants. C’est juste que là, la rentrée est en mai. C’est juste que là, la plupart des élèves connaissent leur école, leur classe, leurs amis, leur prof. Mais ils devront les regarder avec des yeux nouveaux. Des yeux prêts à découvrir un nouveau monde stérile en microbes, mais tout aussi fertile en apprentissages et en amitiés. C’est juste que là, les parents ne tiendront pas les mains de leur enfant jusqu’à la porte de la classe. Ils devront plutôt les badigeonner de Purel avant de leur dire au revoir de loin.

Si je me fie à ce que j’ai vu sur l’écran de mon ordinateur cette semaine, quand l’enseignante de mon fils de première année lui a fait visiter sa classe virtuellement, élèves et enseignants attendent ce moment avec impatience, même s’il sera rempli d’inconnu. Tout le monde (incluant les spécialistes du gouvernement, Horacio en tête) aura ses réticences et ses inquiétudes, et une hâte peut-être faite de maux de ventre et d’attentes trop élevées. Et tout le monde apprendra de tout ça.

Les profs et les enfants ont déjà compris que leur plus grand défi, ce sera de résister à l’appel des câlins. Et mon garçon, lui, sait que sa prof a déjà collé dans son pupitre la photo de son toutou préféré parce qu’il devra le laisser à la maison. Bien qu’il ait très hâte de retourner à l’école, il s’ennuiera aussi de son cocon familial. Au moins cette fois-ci, les vacances arriveront à peine un mois après la rentrée !

Nathalie Courcy

Encore plus près

Depuis que je suis née, cette journée t’était réservée.

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Depuis que je suis née, cette journée t’était réservée.

Cette année pour la première fois, nous allons la partager.

Ça me fait tout drôle ce nouveau rôle

Et j’ai la chance que tu m’épaules

Je ne pensais pas pouvoir être plus proche de toi

Que nous le sommes déjà

Pourtant un nouveau lien nous unit

Et je ne pourrais en être plus ravie.

Je sais que tu trouves difficile

Que 650 km séparent nos domiciles.

Ça me brise autant le cœur de savoir

Que ma fille ne pourra pas souvent te voir.

Heureusement que Facetime existe

Pour que les beaux moments persistent

Tu as fait de moi la maman que je suis aujourd’hui

Et pour ça, jamais je ne te dirai assez merci

Tu m’as transmis toutes tes valeurs

Grâce à toi je vois avec les yeux du cœur

Je sais que je peux compter sur toi

Peu importe l’heure, le jour, le mois

Je sais que tu répondras présente

Quelle que soit la raison pour laquelle je me lamente

Merci maman d’être celle que tu as été

Celle que tu es et celle que tu seras

J’ai tellement hâte qu’on soit tous déconfinés

Pour enfin pouvoir te prendre dans mes bras

Je t’aime

Anouk Carmel-Pelosse

Mon papa, confiné

Dans quelques jours, ce sera la fête de mon papa. Il aura 73 ans. Mon

Dans quelques jours, ce sera la fête de mon papa. Il aura 73 ans. Mon papa est atteint d’une maladie grave des poumons, une maladie dégénérative et malheureusement, elle ne se guérit pas.

Mon papa, comme beaucoup de papas, est confiné. S’il sort, il met sa vie en danger. Comme la plupart d’entre nous, vous me direz. Oui. Mais lui, ses poumons fonctionnent à moins de 30 %. Mon papa a des poumons malades.

Je lui ai donc formellement interdit de sortir. J’ai mal en dedans. J’ai mal de devoir lui dire quoi faire. J’ai mal aussi de voir que beaucoup de papas, de mamans et de grands‑parents sont prisonniers. J’ai mal de savoir qu’il y a des gens malades qui ne peuvent voir leur famille et qu’ils sont confinés, seuls.

Mon papa est dans une maison remplie d’amour. Une maison où les gens font attention, où les gens ne sortent pas vraiment sauf pour l’essentiel. Une maison où le lavage de mains devient presque une manie et où une crise d’hystérie surgit si la personne entre sans le faire. Mon papa est, je crois, bien entouré. Oh, ce n’est pas toujours facile, comme dans toutes les maisons, mais mon papa n’est pas seul. C’est ce qui compte.

Je lis de plus en plus des témoignages de préposé. e. s ou d’infirmiers. ères qui racontent comment les personnes âgées sont isolées et comment ces humains sont maltraités, mal nourris, mal aimés. J’ai mal en dedans.

J’ai souvent mal en voyant mon papa ne plus travailler et ne plus avoir de souffle. Sa santé va bien, mais son souffle ne va pas, lui. Ses poumons malades ne vont pas bien, eux, mais il me dit qu’il est heureux parce qu’il n’est pas seul. J’ai toujours peine à le croire. Je sors toujours de sa chambre avec le cœur en miettes. Et lui, il sourit, tout le temps!

Depuis le confinement, je réalise peu à peu ce que mon papa a toujours voulu me dire. Je réalise que j’ai fait le bon choix. Avoir les gens qu’on aime loin de soi en sachant qu’ils sont malades, il n’y a rien de pire. J’ai une pensée pour celles et ceux qui le vivent. Vraiment.  

  • Papa, tu peux descendre, le souper est prêt!

Tranquillement, je vois une petite tête blanche descendre l’escalier, à son rythme bien sûr, le sourire aux lèvres pour déguster un bon repas, en famille.

Oui, mon papa habite avec moi et en cette période de confinement, nous sommes bien heureux de nous avoir! Bonne fête papa!

Tania Di Sei

M’avouer vaincue, moi? Nah!

Ben oui, je suis une maudite bornée. Celle qui ne veut jamais perdre la fa

Ben oui, je suis une maudite bornée. Celle qui ne veut jamais perdre la face. Celle qui fera tout pour éviter le pire. Je suis celle qui va sourire en public, mais qui va rager rendue à la maison. Je suis comme ça. 

Je suis aussi celle à qui la vie a enlevé des personnes importantes cette année, mais qui continue de dire que tout va bien. Parce que je suis celle qu’on croit quand je dis que tout va bien. Je ne veux pas m’avouer vaincue et montrer que ça pourrait ne pas aller.

Oh, je suis celle qui dit que ça va avec le confinement ! Oui, je me plains de la perte des festivals, des spectacles et de ma belle culture d’amour qui me manque déjà, mais je ne veux pas m’avouer vaincue si je dis que chaque fois que quelqu’un sort de chez moi, je panique ; que si ma fille revient à la maison sans se laver les mains, c’est l’hystérie en dedans de moi parce que je pense à mon père qui est là avec ses poumons malades. Je voudrais avoir des yeux à rayons X pour scanner tout le monde qui s’approche de ma porte et surtout, je voudrais envelopper mon père dans du papier bulle pour le protéger. 

Je ne veux sûrement pas m’avouer vaincue en lâchant quelques sanglots quand maman m’appelle pour me parler de son boulot et de ses journées épuisantes à s’occuper des personnes âgées atteintes de la maudite COVID‑19. Une maman si extraordinaire, un ange gardien qui a été là toute ma vie pour moi et qui maintenant, met presque sa vie en danger pour les autres. Mais qui s’occupe de maman, aujourd’hui ? Je ne peux pas aller la voir ! 

Je ne veux sûrement pas m’avouer vaincue en disant haut et fort que je ne dors pas depuis le début du confinement ! Mon cerveau est sur le mode puissance maximale ! Il n’a pas compris le concept du repos, lui ! 

Je ne veux pas m’avouer vaincue devant ma fille, si grande, qui pense que tout va bien malgré le confinement, mais au fond, j’ai la chienne ! Qu’est‑ce qu’il va arriver avec ses études ? Elle saura s’adapter mais moi, je gère tout croche ! Je ne suis pas bonne dans ces affaires‑là de gestion d’émotions.

Je ne veux pas m’avouer vaincue en pleurant, en criant ou en disant que tout me rend anxieuse. 

J’ai l’habitude de tout contrôler et pour la première fois de ma vie, je ne contrôle rien. 

Alors je souris et je continue mon chemin en continuant de ne pas dormir, en me demandant quand est‑ce que je vais retourner travailler, de quelle couleur devrais‑je repeindre ma cuisine, quelle autre plante pourrais‑je acheter, est‑ce que je dois repasser à la SAQ ou à l’épicerie ?… Et en me disant que j’ai vraiment hâte de changer d’activité !  

Tania Di Sei

Et si on parlait un peu d’actualité ?

Je ne vous apprends rien si je vous parle du retour progressif du système

Je ne vous apprends rien si je vous parle du retour progressif du système scolaire de nos enfants.

Combien d’entre vous se sont proclamés sur le retour en classe de vos enfants ? En fait, combien d’entre vous n’ont pas été jugés en fonction de leurs décisions parentales ? Elle est plus là, la vraie question. 

Depuis quelques jours, je vois plusieurs amies et connaissances se proclamer haut et fort sur cet éventuel retour. Ça fait partie intégrante des réseaux sociaux, c’est le sujet de l’heure… Personnellement, ce qui m’attriste le plus dans tout ça, c’est le nombre de gens qui jugent. C’est triste de voir notre belle société s’indigner contre les personnes qui ne partagent pas notre opinion. 

Maman monoparentale de trois enfants, je travaille quarante heures par semaine et je suis présentement en télétravail. Je voyais presque la réouverture des écoles comme une bénédiction. Mais comme deux de mes enfants ont des difficultés respiratoires, j’ai décidé d’attendre quelques semaines pour voir où en seront les statistiques. Je me suis fait juger en tant que maman, je me suis même fait dire que je nuisais à leur éducation. 

Pourtant, cette même éducation n’a pas débuté au niveau scolaire, mais bien dès leur naissance. Depuis maintenant onze ans, j’éduque mes enfants non pas à la perfection, mais au mieux de ma connaissance.

Je rêve d’un monde où les gens arrêteront d’avoir peur de s’exprimer à cause de la peur de se sentir jugés par leur famille, leurs amis. 

Et si je vous disais que la meilleure décision, c’est vous chers parents qui la prendrez pour le bien‑être de vos enfants ? 

J’ai confiance en l’humanité des gens. Chaque famille prend les décisions en fonction de son histoire. Cessez de juger et essayez de comprendre les autres qui vous entourent.

Seuls on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! 

Jessica Thériault

Se réveiller la peur au ventre

Depuis trois semaines, je me réveille avec une boule dans le ventre e

Depuis trois semaines, je me réveille avec une boule dans le ventre et je me sens envahie par une grosse vague de déprime. Un peu comme quand on se réveille d’un mauvais rêve et qu’on reste avec un arrière-goût de tristesse, de colère, de peur… T’sais, comme lorsqu’on rêve que notre chum nous a trompée et qu’on se réveille un peu en maudit après lui ?

Je pense pouvoir dire que les choses allaient relativement bien depuis le début du confinement, du moins le premier mois. Je pensais avoir découvert la clé du succès : m’occuper ! Je me suis lancée dans mille et un projets qui m’occupaient l’esprit : j’ai terminé des rénovations qui ne finissaient plus de finir, j’ai lavé des recoins perdus de ma maison, j’ai savouré des instants de bonheur avec ma marmaille, j’ai pris goût à la popote, etc. J’en étais rendue à croire que la COVID-19 avec eu raison du pauvre hamster qui habitait ma tête depuis vingt ans !

Mais il faut croire que le satané hamster s’en est remis et il semble bel et bien immunisé parce qu’il est revenu en force ! Maintenant que la maison est propre (et dire que personne n’en sera témoin !), que j’ai réglé la To do list qui ornait le devant du frigo depuis cinq ans, que je peux affirmer fièrement avoir fait du pain maison et que mes enfants se sentent aimés et encadrés à souhait, j’ai peur ! Oui, j’ai peur ! 

Je n’ai pas tant peur des microbes : ça, mon rationnel s’en charge. J’ai peur de la suite des choses, de l’après-confinement, du retour à la normale. J’ai peur d’avoir un peu perdu ma place dans la société dont je me suis volontairement exclue depuis quelques semaines. Je me sens loin de mes amis, de ma famille, de mes collègues et des enfants que je côtoie habituellement chaque semaine. Je n’ai plus accès à tous ces sourires, ces tapes dans le dos et ces échanges qui me valident que je suis appréciée, que je suis utile, que j’ai des forces et que je suis « essentielle », moi aussi, à ma façon. J’ai l’impression de ne plus briller et ça me fait peur, parce qu’une étoile qui ne brille plus a tendance à être oubliée.

Pour le moment, je vais respirer par le nez, tenter de négocier avec mon p’tit hamster et me donner le droit de m’éteindre un peu, le temps de laisser les autres étoiles briller pleinement dans le ciel… tout en souhaitant retrouver mon éclat d’ici quelques semaines.

Stéphanie Nesteruk

L’enfant oublié

Pour toutes sortes de raisons, où que tu sois en ce moment, tu vis quelque

Pour toutes sortes de raisons, où que tu sois en ce moment, tu vis quelque chose de triste. Au retour de la relâche, tu n’avais plus vraiment d’enseignant. Peut-être même avant.

Tu as vu défiler tellement d’adultes dans ta classe depuis les derniers mois que tu as oublié le nom de certains. Ton enseignant à toi, ton repère, ton phare, a quitté pour sa raison à lui. Épuisé, blessé, malade… Tu as compris, tu avais accepté.

Ce n’était pas facile, mais tu t’étais habitué à ces changements. Parfois, tu as dû t’adapter à cinq adultes en une seule journée… Ta consolation, c’était d’être avec ta gang.❤️

Et voilà que cette situation inattendue survient… Tu es coupé de ta classe, de ta gang. Ton prof? Bof, tu n’en avais plus vraiment. Sauf que présentement, cette absence commence à peser. Entendre tes amis dans la rue raconter leur rencontre virtuelle, recevoir des messages attentionnés de leur enseignant… Ça te fait de la peine. Tu n’as pas cette chance.

Je veux te dire que même si tu te sens oublié, sois assuré que quelque part, un enseignant t’es dédié, virtuellement, sur papier. Cette personne ne te connaît pas. C’est difficile pour elle d’organiser des rencontres alors que tu ne l’as peut-être jamais vue. Dis-toi une chose, cet enseignant n’attend que ça : te rencontrer en vrai, te connaître.

D’ici là, continue d’écrire à tes amis, de les appeler. Le soleil brillera à nouveau très bientôt. 🌸

Karine Lamarche

Ta petite face rouillée

Récemment, j’ai appris ton décès, cher grand-papa. Oui j’étais tris

Récemment, j’ai appris ton décès, cher grand-papa. Oui j’étais triste. Triste de te perdre, cher grand-père. Et encore plus triste de ne pas pouvoir aller te voir à tes funérailles à cause de cette pandémie, et aussi parce que moi, je suis éloigné. Éloigné dans une région avec beaucoup de cas malheureusement. Mais je me dois de respecter les directives de notre gouvernement afin de protéger tout le monde. Vraiment bizarre de vivre tes funérailles dans une telle situation. Je sais que je ne suis pas le seul à vivre cette situation ces temps‑ci. Mais nous devons nous adapter malgré notre tristesse.

Les 29 dernières années, on ne s’est pas vus très souvent à cause de ma carrière militaire… Aussi parce que je demeurais dans une région éloignée. Mais quand je faisais une visite en Beauce, j’en profitais pour te visiter à chaque fois.

Par contre, j’ai tellement de beaux souvenirs de mes 20 premières années.

Quand j’étais petit et que tu me voyais, tu disais : « Tiens ! Voilà ma petite face rouillée ! » (parce que j’avais des taches de rousseur plein le visage). Et tu partais à rire et tu me faisais rire, car j’étais heureux de voir mon grand-papa rire.

Je me souviens également de toi qui réparais tes autobus scolaires dehors en plein l’hiver, couché sur un morceau de carton sous l’autobus, sans aucun chauffage. Parfois, tu rentrais à l’intérieur pour te réchauffer quelques minutes. Tu effectuais aussi toutes les réparations dans le restaurant de grand-maman.

Plus tard pendant mon adolescence, tu me racontais tes histoires lorsque tu travaillais dans les camps de bûcherons. Tu me parlais des moulins à scie portables que tu avais. Sans oublier le moulin à scie que tu avais construit toi‑même et dont tu avais fait les plans pour que tout fonctionne. Un essieu était sous le plancher à la pleine longueur du plancher du moulin alimenté par un moteur à vapeur. Il servait à faire tourner toutes les courroies pour les scies, etc. Mais tout cela venait de ta tête. Incroyable, non ?

Je pourrais en dire plus, mais la liste est trop longue pour tout ce que tu as réalisé dans ta vie.

Si j’ai été débrouillard et créatif dans la vie, c’est grâce à toi et à mon père. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre comme on dit !

Toute ta vie, tu as travaillé très dur, à la sueur de ton front et dans des conditions extrêmement difficiles. Considérant que tu as travaillé dans le froid et couché sur le sol à maintes reprises pendant des années. Vraiment impressionnant que tu aies vécu jusqu’à l’âge de 98 ans !

Tu m’as toujours impressionné cher grand-papa et je m’en souviens encore. Je n’ai pas travaillé aussi dur que toi, mais j’ai été brave et courageux à ma façon.

Cet article pour moi est une façon de te rendre hommage. Je suis honoré de t’avoir eu comme grand-père et tu resteras toujours dans mon cœur et dans celui de ma famille. Mes enfants n’ayant pas eu la chance de connaître un grand-papa dans leur vie, ils ont eu celle d’avoir un arrière-grand-père. À chaque fois qu’on allait te visiter, les enfants étaient contents d’aller voir grand-papou, comme ils disaient.

Maintenant grand-papa, le temps est venu de te reposer après cette vie bien comblée. Tu as tellement travaillé fort que tu le mérites, ce repos. Mais sache que tu seras toujours dans mon cœur et que je ne t’oublierai jamais.

Ta petite face rouillée qui t’aime.

Carl xx

Carl Audet