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Comment tu as fait pour garder le sourire ? Texte : Nancy Tremblay

Maudit cancer ! Sérieusement, le cancer, c’est une atrocité. Non mais on va se dire les vraies

Maudit cancer ! Sérieusement, le cancer, c’est une atrocité. Non mais on va se dire les vraies affaires ! Pourquoi ça existe cette foutue maladie au juste ? Personne ne mérite d’être malade et surtout, personne ne mérite de souffrir pour faire sortir de son corps un parasite qui risque de tuer, non ? Respect, et ce, à jamais, à tous les combattants et à toutes les combattantes de cette horrible maladie. D’ailleurs, vous méritez le respect de tous !

On dit souvent que les gens qui sont atteints d’une maladie grave trouvent la force pour se battre afin de demeurer en vie. « Oh ! Il est vraiment fort, il va s’en sortir ! Quelle force de caractère ! Son courage va le garder en vie ! » C’est vrai, quelque part, que lorsqu’on affronte une situation extrêmement difficile dans la vie, on va puiser au plus profond de nous une bravoure qui nous était encore inconnue. Mais il y a des personnes qui ressortent du lot. Il y a des personnes qui réussissent à trouver du positif à travers une débandade de mauvaises nouvelles. Ma belle-sœur fait partie de ces êtres d’exceptions. Hey la belle-sœur ! Comment tu as fait pour garder le sourire ? Comment tu as fait pour ne pas t’effondrer malgré le cauchemar que tu vivais ? Honnêtement, je crois que ta force de caractère dépasse la normalité.

Ma belle-sœur a reçu un diagnostic de cancer du sein en septembre 2019. Jusque-là, son histoire ne sort pas de l’ordinaire. En effet, selon la Société canadienne du cancer, deux Canadiens sur cinq seront atteints d’un cancer au cours leur vie. Ouf ! C’est une statistique qui donne froid dans le dos, n’est-ce pas ? L’annonce de la mauvaise nouvelle a évidemment créé une onde de choc pour ma belle-sœur et pour toute la famille. Contre toute attente, elle s’est rapidement mise en mode : j’ai le cancer, je dois faire avec. Quelques semaines après l’annonce, la grosse machine s’est mise en branle. Chimiothérapie, radiothérapie et opération au menu, pour la prochaine année. Un menu qui, on va se le dire, n’est pas attrayant pour deux sous.

J’ai accompagné ma belle-sœur à quelques traitements de chimiothérapie. Je me souviens de la première fois, entre autres. Elle m’a fait visiter le centre d’oncologie de l’hôpital. Elle m’expliquait, tout bonnement et avec un calme déconcertant, qu’elle avait une carte d’accès et un casier pour déposer ses effets personnels. Je crois que la visite était importante pour elle car elle savait, tristement, que cet endroit serait sa deuxième maison, pour quelque temps. Elle était résignée et prête à se battre. Je crois également qu’elle essayait de nous rassurer en disant qu’elle allait recevoir de bons soins et qu’elle était entre bonnes mains à cet endroit.

Tout au long de notre présence à l’hôpital, elle gardait le sourire ! Comment c’est possible de garder le sourire quand tu t’en vas de te faire injecter un traitement qui va te rendre malade ? Toi, tu souriais et moi, j’étais effrayée. J’avais peur pour toi. « Es-tu correcte » ? Qu’elle me demande, après l’installation de son soluté de chimiothérapie. « Pardon ? TOI, es-tu correcte ? Pourquoi tu t’informes de moi ? », que je lui demande. « Je le sais, que tu n’aimes pas les hôpitaux et encore moins les aiguilles », qu’elle me dit. « Je ne veux plus que tu t’inquiètes pour moi, je suis là pour toi ! On peut-tu se concentrer sur toi svp ? Après tout, c’est toi la cancéreuse », que je lui dis. On a pouffé de rire. Comment tu as fait pour pouffer de rire ? Le nombre de fois où je me suis dit qu’à ta place, je serais effondrée en petite boule dans un lit. Toi, tu acceptais ta maladie et tout l’enfer qui allait s’en suivre avec un moral d’acier. J’étais tellement impressionnée par ta force de caractère et ton énergie. Voyons donc la belle-sœur, tu allais prendre ta marche tous les jours pour garder la forme et le moral, malgré tes nausées.

En décembre 2020, ma belle-sœur a été déclarée en rémission après plusieurs traitements de chimiothérapie, de radiothérapie, des embûches, des souffrances terribles et une opération pour enlever la tumeur. ENFIN qu’on se disait tous ! Mais non, PAS ENFIN finalement ! Comme si ce n’était pas assez, l’univers a décidé, injustement, qu’elle n’avait pas terminé d’en baver. On lui a refilé une récidive avec en prime, tenez-vous bien, un nouveau cancer. Le cancer inflammatoire du sein. Je me souviens de son appel, suite à cette annonce terrible. Je pleurais. Oh ! Mais pas elle ! Elle me racontait en détail les étapes à venir pour elle. Jamais, elle n’a fait allusion à ses chances de survie. Comme si la guérison était une évidence pour elle. Elle m’a dit : « Je suis vraiment tannée, mais je n’ai pas le choix, on repart ». Comment tu as fait, pour accepter l’inacceptable ? Encore une fois, une série de chimiothérapie l’attendait et une deuxième opération pour tout retirer et reconstruire. Je sais que vous n’allez pas me croire, mais ma belle-sœur a eu de l’infection suite à son opération. Selon le chirurgien, il y avait seulement 1 % de chance que cela survienne.

Ma belle-sœur, tu as gagné le gros lot à la loterie du cancer, on dirait bien. Comment tu as fait pour garder le sourire après ta troisième opération ? Tu sais, celle où ils ont dû te retirer le sein qu’ils avaient minutieusement reconstruit juste pour toi quelques mois avant ? Et ce n’était pas encore terminé ! Oh que non ! L’infection t’a suivie pendant plus de six mois. Tu as eu une machine accrochée à ton corps pendant des semaines pour drainer l’infection. Et comme si ce n’était pas assez, après tout le calvaire vécu, ils ont dû, encore une maudite fois, te réopérer pour enlever toute l’infection. Comment tu as fait pour garder le sourire, suite à cette quatrième opération ? Sérieux, cette force mentale incroyable dont tu as fait preuve au cours des deux dernières années et demie dépasse l’entendement. À travers cette tempête, tu devais réconforter tes filles, car tu étais encore une maman, une conjointe, une fille, une amie. Tu as réussi à jouer tous ces rôles avec brio, malgré ce foutu cancer.

Ma belle-sœur, tu as peut-être perdu un sein et bien plus encore, mais tu as gagné ta bataille contre ce maudit cancer et de surcroit, tu as gagné l’admiration et le respect de tous ceux qui t’aiment et qui t’entourent. Et surtout, tu n’as jamais perdu ton sourire notoire. Tu es tellement inspirante ! Merci pour cette belle leçon de vie !

À tous les combattants, pensez à Julie et essayez de garder le sourire pour mieux guérir. Et à toi, ma belle amie, ta maman Francine a été une combattante exceptionnelle. Je sais, comment elle était précieuse à tes yeux !

Nancy Tremblay

Éloge à mon corps — Texte : Karine Larouche

À toi, mon petit corps d’amour. C’est rare hein que je t’appe

À toi, mon petit corps d’amour. C’est rare hein que je t’appelle comme ça, avec autant de délicatesse ? Je le sais que notre relation n’a pas toujours été très bonne. Je n’ai pas pris soin de toi comme tu le méritais. Je ne t’ai pas souvent chouchouté. Je t’ai « bardassé », parfois plus brusquement que j’aurais dû. Je n’ai pas souvent pris le temps de t’écouter. Je t’ai souvent intimidé en te traitant de toutes sortes de noms, en te dénigrant. J’ai rarement pris la peine de te dire comment tu étais magnifique. Je t’ai ignoré. J’ai ignoré tes signes, j’ai préféré pousser ma limite… du même coup la tienne. Je m’en excuse, sincèrement.

Aujourd’hui mon petit corps d’amour, on a passé à travers toute qu’une épreuve. Au départ, je t’en ai voulu de m’envoyer un cancer à mon âge. Je jouais la victime en me demandant ce que j’avais bien pu te faire pour mériter ça. Plus tard, la colère s’est envolée et une certaine sagesse s’est installée. Là j’ai compris, j’ai vu, j’ai entendu les signes que tu m’as déjà envoyés et que je balayais sous le tapis. J’ai compris que je me devais d’être plus délicate, bienveillante et douce envers toi. J’ai compris que tu étais en train de te noyer et qu’avec ce cancer, tu espérais pouvoir sortir la tête de l’eau pour de bon.

Tu sais, mon petit corps d’amour, on a combattu ensemble le méchant, l’intrus comme je l’appelle. Puis, tu t’es tenu bien droit devant l’adversaire. Je n’ai pas été envoyée au plancher. J’ai continué de fonctionner. Par contre, cette fois je t’écoutais, je prenais le repos et l’amour dont j’avais besoin. Tu sais, le mot « chimiothérapie » fait peur en maudit. On s’imagine couché tous les jours pour quelques mois. On s’imagine vomir partout. On s’imagine chauve du coco, mais aussi sans sourcils et sans cils. On s’imagine avoir l’air malade. On s’imagine qu’on ne pourra plus faire d’activités. Le pire est qu’on imagine que le moral en prendra un coup et ira visiter les bas-fonds. Mais toi, mon petit corps d’amour, tu as déjoué mes pensées les plus sombres. Tu n’as pas vomi, tu n’en as pas vraiment eu envie. Tu m’as permis de monter des montagnes, de prendre des marches, de faire du vélo pendant les traitements. Oui, toi et moi on prenait quelques jours de repos, mais au final, ce n’était rien. On a déjoué les gens qui disaient que je n’aurais plus de cheveux, de cils et de sourcils. J’ai gardé un peu de tout, même qu’il me restait encore beaucoup de cheveux (ok, ok, je sais je les ai rasés à 1 pour qu’ils tombent beaucoup moins).

On a déjà fait trois rounds ensemble, on a travaillé en équipe cette fois et tu sais quoi ? J’ai confiance que cette expérience sera enrichissante pour notre relation. Je n’ai pas encore la confirmation à 100 % que le crabe est parti, mais la chirurgienne s’est tout de même avancée à me dire que ça lui surprendrait qu’il reste des traces de lui. Tu sais que c’est une merveilleuse nouvelle. Notre travail aura un beau résultat. Merci d’avoir été là pour moi. Je te promets qu’en retour, je serai là pour toi aussi.

Avec amour, Karine Larouche

P.-S. Ce texte ne veut en rien banaliser la chimiothérapie, je crois que certaines personnes peuvent l’avoir plus durement que je l’ai eue. Peut-être qu’à 34 ans les coups se prennent plus « facilement ». Courage à toutes celles qui passeront par là.

Nancy a des couilles

Quand j’ai vu la Présidente de la Chambre des représentants des

Quand j’ai vu la Présidente de la Chambre des représentants des États-Unis debout derrière son lutrin et son masque fleuri alors qu’elle expliquait la mise en accusation de l’homme le plus puissant du monde (jusqu’au 20 janvier 2021, du moins…), ma première réaction a été : « Wow ! Nancy a des couilles ! »

Une deuxième mise en accusation de Trump par cette femme en petite robe noire, sans compter la fois où elle a osé déchirer le discours présidentiel, debout entre le drapeau américain et les caméras, à un mètre à peine derrière le… Président. Ça prend du guts (des intestins, si on se permet de traduire… pas vraiment mieux que les parties en bas de la ceinture…) en titi ! Qu’on soit pour ou contre, on doit admettre qu’elle s’est, littéralement et symboliquement, tenue debout pour tenir son bout. Discours construit, voix calme et ferme dénuée d’émotions (j’imaginais le stress intense qui devait lui tordre les entrailles, les menaces qu’elle doit recevoir… genre la peur avant un exposé oral au primaire × 1 million), colonne droite malgré les tentatives d’intimidation. Un exemple pour tous les parents, pour tous les humains. On recherche toutes les informations pertinentes, on analyse, on utilise les ressources disponibles pour confronter nos idées, on construit notre discours et on s’y tient. Ferme et bienveillant. That’s it. 

Et là, je me suis demandé pourquoi la première expression qui m’était venue à l’esprit parlait de couilles. Une femme ne peut-elle pas être courageuse et solide sans se faire assigner un attribut mâle ? Nancy Pelosi est féminine, élégante, chic. Et puissante. Pas besoin de veston, de cravate et de testicules pour se tenir debout pour ses convictions, même devant le plus grand clown homme de l’histoire américaine.

Nancy n’a pas de couilles. Elle n’en a pas besoin. Elle a un utérus et des idées qu’elle assume. Elle porte un masque à fleurs qui tient tête à l’entêtement de son opposant. Qu’on soit pour ou contre le masque, le président, l’existence de la COVID ou le port du vernis à ongles, inclinons-nous devant cette démonstration de calme déterminé.

Nathalie Courcy

 

Crédit photo : Eric Thayer/The New York Times/Redux

Je ne fais pas pitié

Je suis une mère monoparentale saisonnière, et parfois, j’en ai

Je suis une mère monoparentale saisonnière, et parfois, j’en ai plein les choux de me faire prendre en pitié.

– Qu’est-ce que ton chum fait dans la vie ?

– Il est marin[1].

– Heiiiin ! Faque, des fois, il part longtemps ?

– Oui, deux mois de travail pour un mois de congé, de mars à janvier.

– OH. MY. GOD. Pauvre toi, comment tu fais ? Hey t’es bonne, t’es COU-RA-GEUSE ! Moi là, j’pourrais pas, j’serais pas capable… Chapeau, quel courage !

Cette conversation, qui ne cache absolument aucune malice, je le sais bien, je dois la vivre et revivre au moins deux ou trois fois par semaine. Et à la longue, elle m’éreinte. Aussi gentille que soit l’intention, j’en comprends toujours que le sous‑texte est moins glorieux que le courage qu’on m’attribue. Que ma vie de conjointe de marin semble être un peu d’la marde à tes yeux, et que tu préférerais subir mille et une tortures médiévales plutôt que d’être dans les bobettes de la pauvre femme misérable à la vie de malheur que je suis. J’ai alors toujours l’impression d’être une Donalda nouveau genre, la Fantine des Misérables revisitée, ou encore une Loulou Lapierre, pour faire un clin d’œil aux Cowboys fringants, la fierté de ma ville natale.

 

Joyeux calvaire !

Sous un ciel en stuco

Entre les caisses de bière

Et les bébelles des flots.

Joyeux calvaire

Pour Loulou Lapierre

Qui aime autant se dire

Qu’au fond, la vie est pas si pire…

 

J’ai déjà entendu la comédienne Sophie Prégent exprimer son envie difficile à réprimer de corriger les gens qui la décrivent comme courageuse d’avoir un enfant autiste, alors que ce n’est pas une question de courage. C’est une question d’amour. Elle fait juste aimer son enfant, comme toutes les mères et faire ce qu’elle a à faire.

Bien sûr, ma comparaison entre Sophie et moi, aussi glamour soit-elle, paraîtra peut‑être boiteuse aux yeux de certains. J’enchaînerais donc en disant qu’on s’entend, je suis loin d’être la première femme de l’histoire de l’humanité à avoir un quotidien semblable. Ce n’est pas pour rien que tant de poèmes et de chansons ont construit et déconstruit l’inspirant et inspiré thème de l’amour à distance.

Georges Dor a dit…

 

Si tu savais comme on s’ennuie

À la Manic

Tu m’écrirais bien plus souvent

À la Manicouagan

Parfois je pense à toi si fort

Je recrée ton âme et ton corps

Je te regarde et m’émerveille

Je me prolonge en toi

Comme le fleuve dans la mer

Et la fleur dans l’abeille

 

Le poète français Alfred de Musset a écrit le très connu vers, en 1820, qu’« un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! »

Même Steve Tyler a chanté avec son groupe Aerosmith, pour le film Armageddon :

 

I don’t wanna close my eyeeeees

I don’t wanna faaaaall asleeeep

’Cause I’d miss you, baby

And I don’t wanna miss a thiiiing.

’Cause even when I dream of you

The sweetest dream would never do

I’d still miss you, baby

And I don’t wanna miss a thing

 

Oui, des fois, c’est dur d’avoir à absolument tout gérer. C’est dur de me coucher seule sans la chaleur velue de mon homme la moitié de l’année. C’est dur de voir mes trois enfants trouver le temps long sans leur papa au fil des semaines d’absence qui s’écoulent.

Mais c’est encore plus dur quand on nous fait sentir miséreux, alors que nous sommes loin de l’être. Nous sommes une petite famille ordinaire avec une dynamique un brin particulière qui exige un petit peu plus de travail et d’organisation de ma part en l’absence de mon chéri. Pas la mer à boire (pour rebondir sur le thème marin !)

Je n’ai pas besoin de pitié, de grande compassion, d’une pluie d’empathie inactive. J’ai besoin de dignité. Si tu es disponible et que tu as envie de m’aider l’espace d’un instant, j’aurais besoin que tu m’assistes au moment d’installer mes enfants dans la voiture, que tu m’aides à les habiller et à mettre leurs bottes quand je pars de chez toi, que tu viennes jouer avec mes fafouinettes le dimanche après-midi pendant que je fais l’épicerie de la semaine ou que je passe la mope dans la cuisine. J’ai besoin oui de soutien, mais pas de pitié. Des paires de bras proactives, et non des grands yeux esseulés.

[1] Attention, attention ! À ne pas confondre avec un marine tel que nommé en anglais. Il n’est pas soldat, il travaille dans la marine marchande.

 

Veronique Foisy

Ma mère est une force de la nature…

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Ma mère est devenue veuve lorsque j’avais un an et demi. Elle se retrouvait avec deux bébés, seule à nous élever. Malgré sa peine incroyablement profonde, elle a réussi à nous déménager près de sa famille et à prendre soin de nous.

 

Je n’ai pas grandi avec un père, mais je n’ai jamais manqué d’amour. Je me suis toujours sentie aimée. Nous n’avions pas de richesses; d’ailleurs de ce côté, ma mère sait faire des miracles. Je ne me suis jamais non plus sentie moins bien nantie que mes amis. Elle a toujours tout fait pour nous. Elle a été mon père et ma mère. C’est une femme qui représente très bien, parfois trop, le don de soi. Elle est d’une générosité incroyable. Elle est la personne qui écoute le mieux sur cette planète. Sans te juger, sans arrêter de t’aimer.

 

Elle a survécu à la mort de son mari et plus tard, à celle de son fils. J’ose à peine imaginer ce que cela peut être pour une mère de perdre son enfant. Lorsque ton enfant choisit de mettre fin à ses jours, alors là, comment passer au travers? La douleur me tenaille juste à y penser. Mais encore là, elle s’est relevée et a continué. On a vécu des deuils très différents. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs à cette époque. Mais jamais elle ne s’est effondrée.

 

Ma mère, c’est aussi une Superwoman. Elle n’a pas attendu après un homme pour s’établir. Elle va chercher ce dont elle a besoin. Elle est tendrement appelée « la BM » par son gendre. Elle est Madame Bricole, elle répare tout ce qu’elle peut. Elle cuisine le meilleur bœuf aux légumes de la terre. Elle a cousu plus qu’à son tour. Elle entretient son terrain et sa maison elle-même. Il n’y a rien à son épreuve!

 

Ma mère est la meilleure accompagnatrice de l’humain que je connaisse. Si tu ne vas pas, elle est la meilleure à qui parler. Si tu es malade, c’est la meilleure infirmière que je connaisse. Si tu as besoin d’aide, elle est toujours présente. Elle a aussi accompagné dans la mort tellement de gens qu’elle a aimés. Mais malgré sa propre souffrance, elle affiche présente. Elle est l’Amour même.

 

Ma mère est une femme toute petite, toute mince, tellement douce et qui semble toute fragile. Ne vous laissez pas tromper, car en fait ma mère est… une force de la nature!

 

 

La dangereuse aventure de la vie

Ah, le sentiment de sécurité! Nos sociétés modernes vouent un vÃ

Ah, le sentiment de sécurité! Nos sociétés modernes vouent un véritable culte au sentiment de sécurité. Nous aimons contrôler, planifier, prévoir, anticiper. Cela nous rassure. Nous accordons une importance primordiale au fait d’établir une routine stable pour notre enfant. Tout doit filer droit. C’est sécurisant pour le parent et pour l’enfant.

Et lorsqu’un grain de sable vient enrayer la machine, nous nous sentons perdus. Dépassés par les événements. Alors nous paniquons. Notre monde s’écroule. Notre illusion de contrôle s’évanouit. Notre vie s’est transformée en un gros tas de marde. Nous sommes victimes du mauvais sort. C’est « la faute à pas de chance » ou à un « mauvais karma ». Et pourtant, c’est dans ces moments de chaos que nous donnons le plus de sens à notre vie et que nous définissons qui nous sommes…

Alors pourquoi prônons-nous autant le principe de précaution?

Pourquoi martelons-nous sans cesse à nos enfants, dans les premières années de leurs apprentissages, qu’il faut être prudent ? On ne sait jamais ce qui peut arriver?! Mais que peut-il arriver? Personne ne le sait vraiment. Et quand on ne sait pas, on adopte, par défaut, le principe de précaution. Après tout, il vaut mieux être prudent.

La prudence prime sur le courage. Voilà ce que nous enseignons à nos enfants, chaque fois que nous leur répétons « Faites attention », « Soyez prudents », à chacun de leurs pas, à chacune de leurs explorations, à chacune de leurs nouvelles expériences. Mais à travers l’histoire de l’humanité, a-t-on déjà franchi des sommets, découvert des continents, donné naissance à des inventions révolutionnaires avec des expressions comme « Fais attention. Tu vas y arriver! »? Je ne crois pas qu’on puisse avancer dans la vie par excès de prudence… Attention! Je ne dis pas que la sécurité et la prudence doivent être négligées, et qu’il faut laisser nos enfants faire n’importe quoi tout le temps. Je dis juste qu’il serait bon de reconsidérer les priorités que nous fixons à nos principes.

Je m’explique. Si l’on fait de la prudence la réponse, par défaut, à tout problème, est-ce que nous n’entravons pas le développement de vie de nos enfants? Ne devrions-nous pas, plus souvent, les encourager à oser, essayer, tester leurs limites, apprivoiser leurs peurs, plutôt que de les alimenter par une attitude trop protectrice?

Je vous l’accorde : la routine est plus confortable et nous épargne bien des angoisses, à nous, simples parents. Continuer à faire ce que l’on a toujours fait, ne pas déroger du « comment faire » que l’on nous impose, nous ménager d’essayer autrement ou différemment, nous épargner des risques inutiles, prendre des décisions raisonnables, refouler notre instinct, etc.  Tout ça dans le but de protéger notre zone de confort. Celle que l’on s’est bâtie depuis notre tendre enfance, avec l’aide de nos parents, pour mieux survivre aux événements de la vie. Mais n’est-il pas ironique d’essayer de préserver notre peur de sortir de notre routine et de nos habitudes, parce que l’on nous a toujours enseigné à être prudents, mais jamais à être à l’aise dans le changement? Et puis, la vie, par nature, ne va-t-elle pas suivre son cours, que l’on soit confortable ou non avec les situations qu’elle nous présente?

Alors, pourquoi entretenir une routine trop bien établie et des habitudes de vie qui, à la longue, mettent en péril notre capacité d’adaptation et nos aptitudes à gérer les aléas de la vie?

Plus nous défendons la zone de confort de nos enfants, plus nous mettons en danger sa sécurité face à l’imprévisibilité de la vie. Pourquoi leur faire prendre un tel risque, alors?

Notre rôle de parents est de les préparer à la vie. Pas de les en prémunir.

Alors, enseignons-leur que la vie est un perpétuel changement, qu’elle est faite d’inattendus. Et que tout ce qui nous arrive n’est pas la « faute à pas de chance », un « mauvais karma » ou un alignement imparfait des planètes dans notre signe. Que nous ne sommes pas les victimes d’une conspiration des forces de la nature. Que finalement, tout ça fait partie de la vie. Que les imprévus soient bons ou mauvais, c’est dans la nature de la vie d’être fortuite et déstabilisante. Expliquons-leur que tout ce qui nous arrive, c’est seulement la vie, et ce que nous en faisons…

La meilleure façon d’apprendre à gérer l’imprévisible n’est-elle pas de s’habituer à y être confronté? Plus on prend l’habitude de faire face à des situations inopinées, plus on développe notre capacité à s’adapter, et plus, on est confortable de le faire.

Alors par prudence, encourageons nos enfants à prendre des risques dans la vie. Ne sait-on jamais, à force, ils pourraient trouver le courage de vivre leur vie…

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez www.laviecontinuemalgretout.com

Vanessa Boisset

La peur qui m’a empêchée de conduire pendant 13 ans

Lorsque j’étais petite, j’ai été victime d’un accident impl

Lorsque j’étais petite, j’ai été victime d’un accident impliquant un homme, quelques bouteilles et une voiture. S’en sont suivies de bonnes blessures, dont je vous épargnerai les détails scabreux.

Chez moi, mes parents ne conduisaient pas. Du coup, durant mon enfance, je n’ai pas pris place bien souvent dans une voiture. Rendue adulte, j’ai voyagé parfois comme passagère. Mais je dois vous l’avouer, j’étais morte de trouille à chaque fois! Pire, le traumatisme le plus profond de mon accident aura été une peur panique, quasi viscérale, de conduire à mon tour.

En 2003, j’ai pris mon courage à deux mains, je suis allée faire mon examen théorique et je l’ai réussi du premier coup.

Oui, je suis suffisamment vieille pour avoir eu la « chance » de ne pas devoir suivre de cours « obligatoires » comme c’est le cas aujourd’hui…

Par la suite, chaque année, je renouvelais mon permis « d’apprenti ».  Je devais prendre mon temps, j’avais peur.  Cela aura duré treize ans!

Treize années où j’ai été incapable de conduire. Je savais le faire, mais mon corps entier se braquait. J’avais soudainement le Nil qui coulait dans mon dos!  Les dents me grinçaient et le cou me barrait! J’avais tellement peur! Les jointures blanchies à serrer le volant si fort. J’étais incapable de détacher ne serait-ce que mon petit doigt pour mettre mon clignotant!  Mon corps entier me disait qu’il était terrifié et tétanisé!

Durant ces treize années, je suis devenue mère, trois fois.  Comblée.  Mon époux étant sur la route, être piétonne n’était pas toujours aisé.  Alors, j’essayais de passer par-dessus mon traumatisme, sans succès.

Un jour, mon fils ainé m’a demandé pourquoi je ne conduisais pas. Je lui ai raconté. Il m’a écouté, empathique, comme il sait si bien l’être.  Il m’a même fait un gros câlin! Puis, me regardant droit dans les yeux, il me lança :

– Maman, tu as peur. Mais tu nous dis toujours qu’on doit passer par-dessus nos peurs! Pourquoi tu ne le fais pas ?

…

Dans ses yeux bleus, l’interrogation était complète et il avait bien raison! Alors, je lui ai répondu tout bonnement :

– Tu as raison mon chaton, on peut toujours combattre nos peurs, alors je vais conduire! Ça va me prendre du temps, mais je vais le faire! Je te le promets!

À partir de là,  je me suis forcée à conduire. Chaque fois que je prenais le volant, mon époux à mes côtés, les enfants restaient calmes. Puis, de temps en temps, une des trois petites voix chuchotait: « Bravo maman té bonne! »

À quelques reprises, en arrivant à destination, je suis sortie de la voiture, en laissant mon homme s’occuper des enfants, me sauvant toute tremblante. Je me sauvais pour pleurer. J’avais si peur! Chaque fois,  je revenais et mes trois amours m’entouraient de leurs beaux mots. Les mêmes mots que je leur répétais depuis leur naissance: « Bravo, je suis fière de toi, continue!  N’abandonne pas! »

Le 25 juillet dernier, je l’ai fait! Après treize ans et bien des pleurs, JE L’AI FAIT !  Mes enfants m’ont aidée, plus que quiconque, à passer cette peur. Aujourd’hui, je conduis, encore nerveuse, mais en contrôle.

Ce matin, mes deux ainés étaient à l’école. Nous étions, mon plus jeune et moi, en route pour faire quelques achats. Tout en conduisant, j’ai appuyé sur le bouton de la radio. Cela n’a l’air de rien, mais je n’ai jamais réussi à conduire avec la radio ouverte! Une seconde plus tard, mon petit homme de quatre ans me lance tout bonnement :

– Hey maman, tu as ton permis de radio ?!?

– Bha oui chéri d’amour, maman continue sa route.

Je n’arrive pas encore à sortir de ma ville, mais ça viendra…  Promis !