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Papi

Papi pensait que le Bon Dieu l’avait oublié.

Papi pensait que le Bon Dieu l’avait oublié.

Ma mère m’a dit qu’il y a tout juste quelques semaines, il Lui avait demandé de se rendre jusqu’à son anniversaire et qu’après, Il pouvait venir le chercher. Il faut dire qu’à 102 ans le temps semblait sûrement s’étirer indéfiniment.

1224 mois et 20 jours exactement entre le samedi où il est arrivé et celui où il est parti.

Ceux et celles qui ont eu le privilège de le connaître savent que c’était un homme bon, généreux et qui ne demandait jamais rien pour lui. Toujours en tenue impeccable, sa plus grande joie était de passer du temps en famille. De voir grandir ses petits-enfants (Véronique, Étienne, Marianne, Julie, Mathilde et moi) et ensuite ses arrière-petits-enfants (Jean-Olivier, François-Étienne, Hayden, Luca, Anna, Livia, Nathan et Finley).

Je ne suis pas religieuse, mais je crois aux anges. Ces êtres nous rendent visite et nous inspirent par leur bonté. Parfois on a la chance d’en connaître un. En leur présence, l’humanité s’anoblit.

Moi j’en ai connu un.

Papi a gagné ses ailes hier.

Il est donc parti accompagné d’une pluie d’étoiles filantes, les Eta Aquarides, et la dernière Super Lune de l’année parce que, évidemment, il méritait un étincelant cortège de départ.Mais il était modeste, Papi, et il voudrait que j’arrête ça là. Il voudrait aussi que nous nous remémorions des bons moments.

Grand-papa, j’espère que tu te trouves maintenant dans les bras de ta belle Judith. Sur une plage d’Espagne à l’image des nombreuses belles vacances que vous y avez passées. Transmet mon amour à Mamie, François, Françoise, Jacques et tous ceux et celles qui t’ont accueilli là-haut.

Ce n’est pas un adieu, Papi. Nous nous reverrons dans les étoiles.

À la mémoire de Philéas Boulay (1918-2020)

Geneviève Brown

Ta petite face rouillée

Récemment, j’ai appris ton décès, cher grand-papa. Oui j’étais tris

Récemment, j’ai appris ton décès, cher grand-papa. Oui j’étais triste. Triste de te perdre, cher grand-père. Et encore plus triste de ne pas pouvoir aller te voir à tes funérailles à cause de cette pandémie, et aussi parce que moi, je suis éloigné. Éloigné dans une région avec beaucoup de cas malheureusement. Mais je me dois de respecter les directives de notre gouvernement afin de protéger tout le monde. Vraiment bizarre de vivre tes funérailles dans une telle situation. Je sais que je ne suis pas le seul à vivre cette situation ces temps‑ci. Mais nous devons nous adapter malgré notre tristesse.

Les 29 dernières années, on ne s’est pas vus très souvent à cause de ma carrière militaire… Aussi parce que je demeurais dans une région éloignée. Mais quand je faisais une visite en Beauce, j’en profitais pour te visiter à chaque fois.

Par contre, j’ai tellement de beaux souvenirs de mes 20 premières années.

Quand j’étais petit et que tu me voyais, tu disais : « Tiens ! Voilà ma petite face rouillée ! » (parce que j’avais des taches de rousseur plein le visage). Et tu partais à rire et tu me faisais rire, car j’étais heureux de voir mon grand-papa rire.

Je me souviens également de toi qui réparais tes autobus scolaires dehors en plein l’hiver, couché sur un morceau de carton sous l’autobus, sans aucun chauffage. Parfois, tu rentrais à l’intérieur pour te réchauffer quelques minutes. Tu effectuais aussi toutes les réparations dans le restaurant de grand-maman.

Plus tard pendant mon adolescence, tu me racontais tes histoires lorsque tu travaillais dans les camps de bûcherons. Tu me parlais des moulins à scie portables que tu avais. Sans oublier le moulin à scie que tu avais construit toi‑même et dont tu avais fait les plans pour que tout fonctionne. Un essieu était sous le plancher à la pleine longueur du plancher du moulin alimenté par un moteur à vapeur. Il servait à faire tourner toutes les courroies pour les scies, etc. Mais tout cela venait de ta tête. Incroyable, non ?

Je pourrais en dire plus, mais la liste est trop longue pour tout ce que tu as réalisé dans ta vie.

Si j’ai été débrouillard et créatif dans la vie, c’est grâce à toi et à mon père. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre comme on dit !

Toute ta vie, tu as travaillé très dur, à la sueur de ton front et dans des conditions extrêmement difficiles. Considérant que tu as travaillé dans le froid et couché sur le sol à maintes reprises pendant des années. Vraiment impressionnant que tu aies vécu jusqu’à l’âge de 98 ans !

Tu m’as toujours impressionné cher grand-papa et je m’en souviens encore. Je n’ai pas travaillé aussi dur que toi, mais j’ai été brave et courageux à ma façon.

Cet article pour moi est une façon de te rendre hommage. Je suis honoré de t’avoir eu comme grand-père et tu resteras toujours dans mon cœur et dans celui de ma famille. Mes enfants n’ayant pas eu la chance de connaître un grand-papa dans leur vie, ils ont eu celle d’avoir un arrière-grand-père. À chaque fois qu’on allait te visiter, les enfants étaient contents d’aller voir grand-papou, comme ils disaient.

Maintenant grand-papa, le temps est venu de te reposer après cette vie bien comblée. Tu as tellement travaillé fort que tu le mérites, ce repos. Mais sache que tu seras toujours dans mon cœur et que je ne t’oublierai jamais.

Ta petite face rouillée qui t’aime.

Carl xx

Carl Audet

Ne méprisez pas nos anges gardiens

J’ouvre la télévision. Je vous vois et vous entends, vous qui bl

J’ouvre la télévision. Je vous vois et vous entends, vous qui blâmez le système de santé présentement, dans la pleine folie à laquelle nous faisons face tous ensemble.

Je vous entends et je tiens à vous dire qu’une partie de moi vous comprend, mais qu’une autre vous méprise. Malheureusement…

Vendredi dernier, le 3 avril 2020, j’ai perdu mon papa. Non, il n’était pas censé nous quitter!

Il était jeune et en excellente forme à son entrée à l’hôpital. Il est entré dans cette aventure de greffe de moelle osseuse avec une seule pensée : sortir de là et vivre sa retraite tant méritée avec sa famille et ses amis.

Seulement, des complications ont pris le dessus de son corps, si fragile.

Le virus qui s’est invité dans ses poumons, alors que ses soldats reformaient une équipe solide pour son futur, a eu le dessus sur lui.

On m’a donc appelée, le 3 avril dernier, pour me dire que si je voulais venir voir mon père, lui parler et lui dire au revoir, c’était le moment.

J’ai eu la chance, dans cette frénésie actuelle, d’être avec mon père pour ses derniers souffles. Bien évidemment, avec toutes les précautions recommandées.

J’ai pu être à ses côtés pour lui souffler à l’oreille quelques paroles. De se reposer, que nous allions nous occuper de notre maman, de sa femme. Que nous, ses enfants, allions nous soutenir et bien nous occuper de sa petite‑fille adorée. Ma fille qui aimait tant son papi.

J’ai pu lui dire que, malgré le fait que je n’ai pas pu aller lui parler doucement à l’oreille pendant qu’il était intubé et dans le coma, j’ai appelé chaque jour et chaque soir de son hospitalisation pour avoir de ses nouvelles et suivre son état de santé.

J’ai pu lui dire que depuis deux semaines, si je ne pouvais pas être à ses côtés pour lui tenir la main et lui dire que tout irait bien, c’est parce que dehors, c’est dangereux. Il y a un virus plus féroce que celui qu’il combattait et qui ne m’aurait peut‑être pas permis de pouvoir lui tenir la main tendrement et de lui dire au revoir s’il l’avait attrapé à cause de mes visites.

Je parle de ma situation. Et voilà pourquoi je vous méprise, vous à la télé qui blâmez le système de santé et les membres du personnel de la santé. Ils se donnent corps et âme en dépit de leur propre santé et de celle de leur famille afin de soigner LA VÔTRE.

Vous qui êtes assis à la maison et vous êtes mécontents de ne pas avoir de nouvelles claires de votre maman, de votre papa, de votre grand-papa, de votre grand-maman.

J’ai passé deux semaines à appeler chaque jour et chaque soir. Pendant ces deux semaines, j’ai eu la chance de parler à des humains plus qu’extraordinaires. Des médecins, des infirmiers, des infirmières et beaucoup d’autres personnes du corps médical, qui prenaient toujours quelques minutes pour m’informer de l’état de mon père. Qui, malgré la charge de travail, m’assuraient que son état était stable et que je pouvais dormir la tête plus légère.

Pendant ces deux semaines, de douces voix me réconfortaient en me disant qu’ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour améliorer l’état de mon père. Qu’ils lui faisaient passer les examens nécessaires pour trouver le problème et tenter de le guérir. Qu’ils n’allaient pas le laisser tomber à cause de la situation extérieure. Qu’ils étaient à ses côtés bien que moi, sa fille, qui était là depuis le début de la maladie, je ne pouvais y être.

Chaque soir, je parlais à des infirmières ou à des infirmiers différents, mais tous se partageaient les mêmes valeurs. On me disait que même si mon papa était dans le coma, ils lui parlaient. Une infirmière m’a même dit qu’elle le soignait comme si c’était son père. Elle lui mettait la radio, sifflait en entrant dans sa chambre et qu’elle lui transmettait mes mots. Ceux que j’aurai aimé lui dire de vive voix.

Chaque matin, la douce voix de son médecin des soins intensifs se faisait rassurante tout en étant honnête. Non ça ne va pas, mais je m’occupe bien de lui. Elle m’assurait que si papa n’était plus en mesure de se battre, elle allait m’aviser pour que je puisse être à ses côtés lors de son départ.

Et vous savez quoi? Malgré le chaos, elle a tenu sa parole. Ils ont tenu leur parole.

Soyez donc certains que d’une façon ou d’une autre, même si ce n’est pas l’idéal souhaité, le personnel fera en sorte que le départ de votre proche soit doux et rassurant malgré le fait que vous ne pouvez pas y être.

Vous savez, je comprends votre peine, votre rage. Mais, au‑delà de votre frustration, il y a des humains extraordinaires, qui font un travail magnifique au détriment de leur santé et de la santé de leur famille. Des hommes et des femmes qui se sentent démunis mais qui jour après jour, s’occupent de leurs patients (vos proches) comme si c’étaient des membres de leur propre famille.

Alors je tiens à vous dire, chers anges gardiens, que grâce à vous, grâce à votre humanisme et à votre bienveillance… Vous avez mis un baume d’une douceur indescriptible sur cette douleur et cette tristesse. Et pour ces raisons, je vous serai éternellement reconnaissante.

Isabelle Nadeau

Déception saisonnière

Depuis de nombreuses années, j’ai ce sentiment au printemps…</p

Depuis de nombreuses années, j’ai ce sentiment au printemps…

En fait, ça fait bientôt quinze ans. Le temps, le boulot, la famille, les amis et toutes mes responsabilités actuelles n’y font rien. Si je ferme les yeux, je m’y replonge complètement. Cet hier, celui qu’on ne désire ni aujourd’hui ni demain. Pourtant, tout semblait si parfait.

J’avais passé l’été à bien m’y préparer. Une espèce de maturité naissante. Mon père m’avait inscrit à un camp de perfectionnement. Pour celui‑là, je m’y étais donné à fond. J’ai aussi mieux assumé le stress de la période de sélection. Ce court moment, où d’autres vous remettent à votre place.

Enfin, je faisais le double lettre. U13 Pee-Wee BB.

Nous avions une saison formidable. Quatorze jeunes qui formaient une équipe. Un ensemble, fort de chacun de nous. Chacun de nous, fort de l’ensemble. Solidaires. William et Thomas sont restés mes amis. Nous jouons toujours le jeudi soir, le souffle court et moins de rapidité qu’autrefois.

J’aimais beaucoup notre entraîneur. Patrick était motivé, mais juste. Surtout, il nous a communiqué la responsabilité. Le jeu, c’est le nôtre. Du banc, il ne peut ni arrêter les rondelles ni compter de buts. Encore moins fournir les efforts nécessaires.

À la mi‑saison, nous étions déjà qualifiés pour faire les séries régionales. Les Seigneurs avaient le vent dans les voiles depuis une dizaine de matchs. J’étais le deuxième marqueur de la ligue. Avec espoir encore d’être le meilleur. Ma plus belle saison « à vie », comme je le disais alors.

Tout était prévu. Grand-papa Gaston y serait comme chaque année. Il avait ajusté son séjour pour y être. Lui, moi et le hockey, c’était lié. Il était celui qui m’avait accompagné si souvent aux activités, parce que mes parents ne pouvaient pas. Enfin, pas tout le temps. Cette année‑là, c’était le premier hiver qu’il passait en Floride. Au chaud, comme il disait à tous. Avec son clin d’œil espiègle.

Tout semblait possible, même le championnat…

Puis, la décision a été prise. Évidemment, sans nous. Nous prenant complètement par surprise. C’est terminé! Plus de matchs, plus de séries, plus de saison. La pandémie et le virus avaient gagné. J’ai tellement pleuré. Seul, dans ma chambre. Effondré par le choc. Mon premier, de ceux qui nous marquent à jamais.

Je ne vous parle pas de ma déception sportive. Je pense à mon grand-papa Gaston, mort en Floride. En mars 2020, l’année de la COVID-19.

Tu me manques tellement, grand-papa…

michel

 

Assise là

Je suis assise là, derrière elle.

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Je suis assise là, derrière elle.

En silence, parce qu’il n’y a pas de mots. Nul besoin de voir son visage pour comprendre, je ressens dans chaque cellule de mon corps la souffrance. Ses épaules sursautent à cause des sanglots et instinctivement, des larmes s’abattent sur mes joues.

Mon amie se trouve face à un beau décor. Mais au milieu de celui‑ci trône une urne. À l’intérieur se trouvent les cendres de celle qui, autrefois, l’aurait prise dans ses bras réconfortants pour la consoler et lui dire que tout irait bien.

Sa maman, sa moitié.

Et c’est là qu’assise derrière ma belle amie, le chaos monte dans ma tête.

Devant moi, il y a ces enfants qui vont devoir continuer sans celle qui leur a donné la vie. Lorsque je les regarde, je n’arrive pas à croire que c’est ce qui doit être, que c’est la vie. Un parent, c’est celui qui est aux premières loges de notre vie. Toujours prêt à nous acclamer ou à nous ramasser, il ne manque aucune représentation.

Du premier souffle au premier pas, des premiers mots aux premiers exposés oraux, du premier ami au premier amour, des premières larmes à la première chicane. Derrière chaque première d’un enfant, il y a son parent. Difficile de croire qu’un humain qui vit dans chacun de nos souvenirs puisse un jour ne plus être.

La réalité est fracassante, parce que je réalise que cela aurait pu être moi, assise à cette première rangée.

J’aurai encore la chance d’entendre la voix de ma mère alors que pour mon amie, ce sera désormais silence radio. J’aurai encore la chance de serrer ma mère contre moi, alors qu’elle devra désormais trouver son réconfort avec un bout de tissus imprégné de l’odeur de celle qui lui a donné la vie. J’aurai encore la chance de voir ma mère, alors qu’elle n’a plus qu’une photo.

Je me sens si petite parce que jusqu’à cet instant précis, je n’avais jamais envisagé qu’un jour, j’aurai à continuer sans mes parents. Pourtant, se trouvent devant moi des adultes vêtus de noir, le regard transpercé par la souffrance, qui eux aussi ont cru, un jour, que leur maman était immortelle.

Un parent, c’est plus fort que tout. La seule exception, c’est qu’il n’échappe pas à la mort.

Derrière cette tempête qui me déchire l’intérieur, je suis partagée entre un soulagement égoïste de savoir que j’ai encore ma mère aujourd’hui, et j’ai de l’espoir pour demain, alors qu’elle n’a même plus hier. Il n’y a rien que je puisse faire pour lui rendre une parcelle de ces moments‑là.

À part être assise là, derrière elle…

À ceux qui doivent composer avec l’absence, mes pensées vous accompagnent.

À la douce mémoire de Diane Rose, maman de Audrey, Marika et Mickaël

Marilyne Lepage

Tu habites avec nous et c’est le plus beau des cadeaux

Il y a dix ans quand papa est parti subitement (mon papa est décédé d’une crise de cœur en dé

Il y a dix ans quand papa est parti subitement (mon papa est décédé d’une crise de cœur en déjeunant au resto, comme ça, sans prévenir, il est parti).

Ce fut la journée la plus difficile de notre vie… Tout était décousu et irréel.

Les journées ont passé et la douleur, elle, se transformait de jour en jour, mais restait toujours aussi vive.

Le vide qu’a laissé papa était indescriptible, comme s’il nous avait enlevé une partie de nos vies.

On est venus passer le temps chez toi, avec toi… On ne se quittait plus. Te voir souffrir et te voir te retrouver veuve à 50 ans est le spectacle le plus difficile que j’ai eu à regarder. Tu étais jeune, vivante, tellement belle… et tu étais sa femme, celle qu’il aimait et protégeait depuis 35 ans… Il t’avait laissée seule, orpheline, veuve… Tu étais veuve, maman.

Juste penser à papa… m’arrachait le cœur. S’il avait pu, il serait resté. Par-dessus tout, c’est à tes côtés qu’il voulait être, et ce, depuis toujours. Toute la vie, c’était à tes côtés.

Une journée, c’est mon mari à moi qui m’a regardée et m’a dit : « On va prendre ta mère ».

Ça sonnait tellement doux à mon oreille… je n’avais rien demandé. Mais il savait.

Comme papa avait su que c’était le temps pour grand-maman de venir vivre sous notre toit… il n’a pas hésité, sa voix n’était pas incertaine. C’était une évidence.

J’étais tellement heureuse et amoureuse de celui qui me faisait le cadeau de pouvoir annoncer à ma petite maman qu’elle s’en venait vivre avec nous et qu’elle n’aurait plus de soucis.

Depuis… on a déménagé une fois, de maison en maison, on bâtit toujours ton petit nid. Que tu peaufines mieux que quiconque.

Tu es là, en dessous de nous, toujours disponible… pour un café ou un vino.

Pour faire manger mes trois hommes quand je ne suis pas là. Pour aller chercher tes petits‑fils quand je travaille.

Pour faire mon ménage juste comme ça pour m’aider.

Tu es de loin le plus beau des cadeaux.

Ce soir, je t’écris et Phénix, mon bébé, dort avec toi en bas.

Tu étais heureuse quand il t’a dit qu’il voulait rester chez toi pour la nuit.

Ça paraît niaiseux parce que tu habites en bas. Mais chez mamie, c’est chez mamie et c’est spécial.

Mon grand, lui, aime bien venir trouver le calme auprès de toi.

Vous avez des moments bien à vous et moi, j’ai le meilleur des mondes. J’ai toujours la meilleure des associées pour un p’tit souper improvisé, peu importe la journée, avec les meilleures salades en ville en plus, les tiennes!

Tu es toujours souriante et joyeuse. Tu allèges mon cœur nerveux quand c’est le cas et tu calmes souvent les tempêtes de mon homme. Tu es meilleure que moi dans la vie de couple et de famille, tu as l’expérience. C’est parfois tannant de prendre tous tes conseils, car plus souvent qu’autrement, je sais bien que tu as raison.

Tu m’aides à m’accomplir en tant que femme et en tant que maman.

Tu me donnes toujours l’heure juste et ça me réconforte.

Je ne te le dis pas chaque jour, mais je sais que tu sais… que tu sais comme je t’aime et comme nous apprécions ta toute petite personne qui demeure juste en bas. Jamais dérangeante ni bruyante.

Ta présence pour nous depuis les neuf dernières années, c’est inévitablement le plus doux des cadeaux.

Merci à mon homme d’y avoir aussitôt vu toute la beauté, car sans lui, rien de toute cette belle histoire n’aurait été possible! Mais grâce à lui, on se fait notre petite galère avec ma sœur qui est ici comme chez elle et c’est tellement, mais tellement le meilleur des mondes.

Ma vie d’adulte en haut et ma vie de bébé à maman deux pas plus bas!

On t’aime maman!

 

Lisa-Marie St-Pierre

Je suis ma pire ennemie, ou l’autosabotage du bonheur!

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Pour changer quoi que ce soit dans la vie, il paraît qu’il faut commencer par accepter et nommer la situation que l’on veut changer. Alors je me lance : mon nom est Annie, j’ai 45 ans et j’autosabote mon bonheur. Voilà, je l’ai dit. Je l’avoue, j’ai tellement peur que quelque chose vienne gâcher ma vie quand ça va bien, que plutôt que subir cet événement qui pourrait gâcher mon bonheur, je le gâche moi-même inconsciemment.

 

C’est facile de mettre le blâme sur les autres pour ses malheurs. Ils ont le dos large. Bien plus facile de blâmer la terre entière pour nos malheurs que de réaliser que nous en sommes nous-mêmes les artisans. Je pense, sans me tromper, que tous les êtres humains ont ce même défaut de fabrication.

 

Pour être franche, ça fait treize ans que je suis en dépression fonctionnelle. Depuis la mort de mon premier fils pour être exacte. Depuis cette journée, j’ai continué à avancer, mais une partie de mon cœur et de mon âme est morte avec lui. J’ai été dans un groupe de soutien pour parents endeuillés, ça m’a aidée un moment. Quatre ans après son décès, j’ai eu recours à des antidépresseurs pour m’aider à passer à travers son « cinquième anniversaire » que je voyais venir et que je n’aurais pas le courage d’affronter autrement. Sous médication, j’étais une zombie : j’existais, je fonctionnais, mais je ne ressentais rien. J’ai arrêté la médication quand j’ai voulu redevenir enceinte. Est-ce que j’allais mieux? Non, mais je ne voulais plus être dans un état de zombie permanent.

 

La naissance de mon fils devait être l’événement le plus heureux que j’avais vécu jusqu’à ce jour et on me l’a enlevé. À la place, j’ai eu une douleur avec laquelle je devrai vivre le reste de mes jours. Depuis ce moment, dès que quelque chose de bien m’arrive, j’ai peur qu’on me l’enlève sans avertissement et de manière sauvage comme ce fut le cas pour mon fils. Donc, je fais tout « foirer » moi-même de manière inconsciente. Je me mets à angoisser sur ce qui pourrait arriver, j’analyse beaucoup trop les choses afin de trouver la faille, je deviens anxieuse, ce qui engendre des disputes et des malaises. On va dire les choses comme elles sont : je suis ma pire ennemie! Je me fais du mal à moi-même pourquoi dans le fond? Pour des situations catastrophes qui ne se produiront jamais dans 99,99 % des cas.

 

J’ai longtemps hésité à reprendre des antidépresseurs même si j’en avais besoin. Pourquoi? Premièrement, je ne voulais pas revenir au stade d’être vivant fonctionnel sans aucune émotion et, deuxièmement, je ne voulais pas reprendre les 40 livres que j’avais prises avec cette médication. Vous allez dire que c’est futile comme raison. Peut-être. Mais quand on a déjà un surplus de poids important, 40 livres supplémentaires en raison d’une prise de médicament, c’est difficile à avaler comme pilule!

 

Il y a presque un an, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée voir mon médecin de famille. Je prends à nouveau des antidépresseurs qui fonctionnent bien quand je n’oublie pas de les prendre. En discutant avec elle, elle m’a prescrit un médicament qui n’avait pas de prise de poids comme effet secondaire.

 

Il faut maintenant que je m’attaque à l’autosabotage de mon bonheur. Pour ça, il n’y a pas de pilule miracle malheureusement, juste beaucoup de travail à faire sur moi-même. Je sais que ce sera un travail de longue haleine et un combat quotidien pour moi. Ce n’est pas une bataille gagnée d’avance, mais je suis déterminée à dompter cette bête en moi. Elle ne me croit pas faite pour le bonheur, mais j’y ai droit moi aussi.

 

Au cours de la dernière année seulement, ce comportement a causé tellement de dégâts. J’ai gâché plein de beaux moments pour les gens que j’aime et je me suis aussi privée de plein de beaux moments. Il paraît que pour changer quelque chose dans notre quotidien, il faut le faire durant sept journées consécutives et après, ça devient une habitude. Je veux naïvement espérer pouvoir voir une différence en sept jours même si je sais pertinemment que ce sera plus long que cela!

 

Je termine ce texte en offrant mes plus sincères excuses aux gens que j’ai blessés par mes paroles ou mes actions au cours des dernières années. Aux personnes qui sont encore dans ma vie, je demande un peu de patience, le meilleur est à venir. J’en fais la promesse!

 

Annie St-Onge

 

La beauté de la mort

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Une pluie de « Je t’aime » si sincères.

Des millions de sourires inquiets et à la fois si reconnaissants.

Des yeux angoissés qui s’apaisent lorsque je te prends la main.

Des larmes qui coulent sur tes joues lorsque tu reçois, une fois de plus, de mauvaises nouvelles à propos de ton combat, celui que tu mènes depuis près de deux ans.

Un regard vers moi, comme celui d’un enfant qui demande à sa maman de le rassurer. Ce regard si naïf et fragile.

Des rires et des pleurs à un intervalle si rapproché que nous en sommes étonnées.

La maladie qui t’a emportée nous aura permis de vivre des moments que jamais je n’oublierai.

 

J’aurais pu écrire sur l’incompréhension qui me hante, ma frustration ou la peine que je ressens que tu sois partie si jeune, laissant derrière toi tes deux parfaites petites filles et ton amoureux à qui tu vas tellement manquer.

J’ai plutôt décidé de composer sur les doux derniers jours de ta courte vie.

Des rires dans ta chambre d’hôpital, des amis qui « popent » ton veuve Clicquot pendant que tu prends tes dernières respirations avec une force déroutante.

Tes petites amours qui courent autour de ton lit avec des ballons que les infirmières ont gonflés pour elles. Tes filles qui s’arrêtent de temps à autre pour caresser tes mains de maman qui deviennent de plus en plus froides et marbrées. Puis, elles retournent dans la salle de jeux pour rire et s’amuser avec les jouets. Elles ne le savent pas, mais elles aussi, tout comme leur maman, elles nous enseignent sans le savoir, la beauté de la vie à travers la mort.

Tes amis, ta famille… nous sommes autour de toi à nous raconter des anecdotes vécues avec toi. Parce que toi, par la personne que tu es, tu nous laisses le souvenir de ta vie et non de ta mort qui approche.

Tu as créé sans le savoir de si belles amitiés entre nous tous. J’ai connu, grâce à toi, des personnes merveilleuses, des femmes aussi fortes que toi, des battantes. J’ai aussi rencontré des amies à toi, qui feront maintenant partie de ma vie et qui, par ce qu’elles sont, feront vibrer ton âme pour que tu demeures près de moi… près de nous.

Pendant que tu expirais tes derniers souffles, nous qui t’entourions avons inspiré ton courage et ta résilience.

 

Certaines personnes entrent dans notre vie et y laisseront sans le savoir des empreintes sur notre cœur. Ces traces feront en sorte que nous ne serons plus jamais la même personne.

Tu es cette personne.

Après avoir vécu avec toi les derniers instants de ta courte vie, je ne serai plus jamais la même.

Je te remercie de m’avoir laissé entrer dans ta vie, de m’avoir permis d’être à tes côtés afin d’escalader les montagnes qui se sont dressées devant toi ces derniers mois.

Tu vas me manquer… nous manquer.

Pour donner pour soigner le cancer du sein: Donner!

 

Isabelle Nadeau

 

 

 

 

 

Parler de la mort avec les tout-petits

Je ne m’attendais pas à en parler aussi rapidement avec mes enfan

Je ne m’attendais pas à en parler aussi rapidement avec mes enfants. Mon plus vieux me prend parfois par surprise. Nous sommes chanceux, nos enfants n’ont pas encore été réellement confrontés à la mort, ils n’ont perdu aucune personne qu’ils aiment. On se croise les doigts pour que ça n’arrive pas de sitôt. Ce sujet reste donc assez abstrait pour eux.

La première fois que notre aîné m’en a parlé, il n’avait pas encore trois ans. Il m’a demandé où était son papi, mon père. Il est décédé. Je ne voulais pas lui mentir, mais je ne voulais pas le traumatiser non plus. Pas évident. J’ai réussi à lui faire comprendre son décès sans que ça le préoccupe tellement dans les jours suivants, ouf! Je m’en suis sortie. Il a plus accroché sur le fait qu’il aimerait un papi et que c’est triste de ne pas en avoir que sur la mort en tant que telle.

Je lui ai alors demandé ce que c’était, selon lui, un papi. Il m’a répondu que c’était quelqu’un, un monsieur, qui jouait avec lui, qui le consolait, qui lui lisait des histoires et qui prenait soin de lui. Je lui ai alors fait remarquer qu’il a donc plusieurs papis. Le père de son père d’abord, mais aussi mon parrain qui a une place privilégiée dans la vie de mes enfants et l’amoureux de ma mère qui aime beaucoup jouer avec eux. Il se trouve maintenant bien chanceux d’avoir autant de papis.

Une chance qu’il ne m’a pas encore demandé comment mon père est décédé parce que je ne sais vraiment pas comment ni quand aborder le concept du suicide avec un enfant… Si vous avez des conseils, je suis preneuse!

Ensuite, l’an dernier, dans un épisode de Passe-Partout, Cannelle et Pruneau discutaient de Grand-Maman Bi avec Grand-Papa Bi. Ce dernier expliquait à ses petits-enfants que Grand-Maman Bi était décédée parce qu’elle était simplement arrivée à la fin de sa vie.

Le soir même, notre plus vieux m’en a parlé à l’heure du coucher. Il était très inquiet de mourir. J’ai tenté de lui dire que Grand-Maman Bi était très vieille, que ça n’arriverait pas avant très, très longtemps. J’ai essayé de mieux lui faire comprendre la notion du temps en comparant les âges de membres de notre entourage. Rien à faire. « J’ai pas envie d’être mort, maman. Je ne veux pas arriver à la fin de ma vie ».

Depuis plus d’un an, ça revient parfois. Il en reparle, nous répète qu’il n’a pas envie d’être mort. On le rassure du mieux qu’on peut, on lui dit qu’on prend bien soin de lui, qu’il ne mourra pas. Mais ça finit toujours par revenir le chicoter.

J’ai tenté de trouver des livres qui traitent de ce sujet, mais tous ceux que j’ai consultés sont destinés à des enfants ayant perdu quelqu’un. Ce n’est pas le cas des nôtres, c’est encore abstrait pour eux. Chaque fois, j’ai l’impression que ça le tracassera plus après avoir lu un livre qu’avant. Par exemple, un livre qui parle d’une mamie au ciel pourrait faire qu’il s’inquiète de perdre sa mamie.

Il est déjà si sensible. Je veux le rassurer sans lui mettre prématurément des soucis en tête. Ce n’est pas une tâche facile. Avez-vous déjà vécu quelque chose de semblable? Comment y avez-vous fait face?

Jessica Archambault

 

La laisser partir

Dès que mes yeux se sont posés sur elle, je savais que ce serait l

Dès que mes yeux se sont posés sur elle, je savais que ce serait le pire jour de notre histoire. Je le redoutais tant, ce moment. Durant toutes ces années, j’évitais d’y penser, profitant d’elle et espérant que ce jour n’arrive jamais.

Neuf années à être aux premières loges de nos grands jours : la maison, le mariage, les projets et les bébés. À assister, aussi, à nos pires jours. J’ai perdu notre premier bébé en pleurant, collée contre elle. Elle était une source d’amour et de réconfort incroyable.

Puis la vie étant ce qu’elle est, personne n’échappe au temps, elle y compris. Dans sa dernière année, il était évident que le pire jour de notre histoire était à nos portes. Un soir, à la suite d’une discussion, nous avons dû prendre LA décision. Égoïstement, nous aurions voulu n’avoir jamais à la prendre. Cependant, cette décision demeurait pour elle la meilleure. Parfois, il faut savoir aimer assez pour laisser partir.

Après avoir pleuré toute une nuit, après avoir annulé notre journée, nous l’avons emmenée à la fin de notre histoire. C’est avec un mélange de mal de cœur, d’engourdissement général et d’un chagrin énorme que j’hésitais à être présente lorsqu’elle allait s’endormir. Puis je me suis souvenu, je me suis souvenu combien elle a toujours été ma source de réconfort et que je me devais d’être la sienne, jusqu’au bout. C’est ça, la famille, après tout.

C’est en la flattant, en lui chuchotant à l’oreille combien elle a été un bon chien, combien elle a été aimée, combien elle a été importante que Clémentine s’est endormie, dans la même position qu’elle avait l’habitude de le faire depuis qu’elle était bébé. Elle avait l’air bien et sereine. Tout le contraire de moi. J’étais dans un mélange d’hystérie et de suffocation. On venait de m’enlever une grosse partie de notre histoire.

Nous sommes restés auprès d’elle puisque je savais que plus jamais je ne pourrais sentir son poil sous mes doigts, sentir son odeur, sentir son gros museau chaud contre ma joue. J’aurais tellement voulu repartir avec elle, mais au lieu de ça, je suis repartie avec le cœur vide, seulement avec son collier en main.

La douleur de son départ était si vive, le vide qu’elle a laissé est immense. La source de réconfort qui s’occupait de moi jadis est partie pour un autre monde. Je souhaite que dans ce monde, on puisse se retrouver.

Elle n’était pas qu’un chien, elle était une membre à part entière de la famille.

Il y a bientôt un an, je lui murmurais à l’oreille, avant qu’elle ne s’endorme éternellement :

« Merci pour la belle aventure, ma nounou ».

Marilyne Lepage

Laissez-les jouer!

C’est le festival des yeux rougis et des épaules qui tressautent

C’est le festival des yeux rougis et des épaules qui tressautent sous la force des sanglots. Dans une boîte, un corps. Une personne aimée. Adorée. Partie trop jeune. Beaucoup trop jeune.

Il fait froid dans la salle et dans nos cœurs. On ressent le vide immense laissé par cet être cher. On gèle… Plus tard, à la réception, on aura la force de se remémorer quelques anecdotes plus rigolotes. Le son de son rire. Ses rêves d’enfance. Et ceux qu’elle avait pour ses enfants. Devenus orphelins.

Mais pour l’instant, on observe le silence rituel. On chuchote nos condoléances. On entend le voisin se moucher, discrètement. On regarde le plancher parce qu’au moins, lui ne nous fait pas pleurer. L’atmosphère est lourde.

Et puis, il y a ces enfants qui jouent à la cachette entre les chaises. Les plus jeunes qui chevauchent les épaules des plus vieux. Une table avec des cahiers à colorier, quelques collations. Un enfant endormi au creux d’un fauteuil. Il est capable d’oublier ce qui se passe à l’instant, le chanceux… Un bébé qui réclame bruyamment son lait ou sa routine.

Il fut un temps où petits et grands avaient la même obligation lors des cérémonies mortuaires. À genou, debout, chut! Contenance obligatoire. Comme si le deuil faisait vieillir de vingt ans. Mais plus maintenant.

J’ai tellement passé de temps dans les salons funéraires que je m’y sens chez moi. Et chaque fois, je remarque les yeux embués qui s’illuminent quand un enfant reste un enfant. Je remarque la tension qui baisse de quelques échelons dès qu’un jeune parent entre dans la pièce avec son bébé. Je vois les regards soulagés de pouvoir observer les enfants qui jouent au lieu de n’avoir que le cercueil comme seul point de mire. Je vois les sourires au milieu des larmes. À la vue des enfants, on se souvient que la vie continue…

Je n’amènerais pas mes enfants « pour le fun » dans un salon mortuaire ou dans des funérailles, mais je ne m’empêcherai jamais de les y amener pour une personne proche ou s’ils demandent de m’accompagner. Et surtout (dans les limites du raisonnable, bien sûr!), je ne les empêcherai jamais d’être des enfants.

Au salon comme partout, les enfants ont un pouvoir magique : celui de s’ancrer dans le moment présent et de faire sourire les gens.

Nathalie Courcy