Tag deuil

Au revoir mon chat

Certains diront que tu n’étais qu’un chat, mais pour moi tu ét

Certains diront que tu n’étais qu’un chat, mais pour moi tu étais beaucoup plus que ça. Tu as fait partie de ma vie dès le début de ma vingtaine.

Tu étais là quand j’avais des chagrins d’amour, quand je rentrais tard après avoir fait la fête. Tu étais un petit chaton tannant et très actif la nuit. Avec ton pelage noir et tes grands yeux verts, je t’appelais mon « petit chat d’Halloween ».

Un jour, je t’ai amené chez mon nouvel amoureux qui devint bien vite ton « papa ». Tu pouvais t’asseoir pendant des heures devant notre grand aquarium pour regarder passer les poissons.

Ensuite, on a déménagé dans une maison où deux petites filles se sont ajoutées. Évidemment, la tranquillité te manquait un peu, puisque parfois tu te retrouvais entouré de peluches sur le divan ou même avec des bijoux!

Tu as vieilli et des petits problèmes de santé sont arrivés. Il y a quelques semaines, nous avons dû prendre la terrible décision de te faire euthanasier.

Ta présence me manque énormément, surtout le soir lorsque tu avais l’habitude de venir me voir pour me faire comprendre que tu avais faim! Je te vois encore couché sur ta chaise préférée avec le soleil qui te réchauffe.

Ce n’est pas facile de dire au revoir aux petites bêtes qui partagent notre quotidien.

J’espère qu’au paradis des chats, tu auras des gâteries à volonté et un petit coin confortable juste pour toi.

Julie Lampron Désaulniers

Le deuil de fin d’année

À l’heure où les chapeaux des finissants valsent dans le ciel de

À l’heure où les chapeaux des finissants valsent dans le ciel de juin, regardez bien au fond du terrain de récréation ou dans le coin des classes. Vous pourriez être surpris d’y voir un enfant pleurer.

Cet enfant est endeuillé. Endeuillé de son année d’écolier. Endeuillé des personnes rencontrées, profs, directrices et copains. Endeuillé de la routine qui le sécurisait. Peut‑être même endeuillé de la fierté et des défis que les matières scolaires lui apportaient. Probablement inquiet devant l’inconnu d’une nouvelle année qui l’attend au détour des vacances d’été. Il venait à peine de s’habituer…

Mes filles sont souvent parties et déménagées, ont souvent changé de garderie, d’école et de quartier. Peut-être est-ce pour ça que leur moral se fait ramasser par une grosse vague de fond émotive dès que le décompte de fin d’année commence? 20 jours d’école… 19… 18… Chaque matin, l’enthousiasme du reste de la classe leur rappelle qu’elles sont différentes. Elles, elles ont de la peine que ça se termine. Elles, elles ont juste hâte que maman annonce le lancement officiel de la saison du magasinage d’effets scolaires. Si je ne les retenais pas, elles feraient le pied de grue tout l’été à l’arrêt d’autobus, pour ne pas le manquer.

Mes garçons ont vécu plus de stabilité géographique, ils sont déménagés moins souvent, n’ont jamais changé d’école. Pourtant, l’école est un repaire sécurisant, un lieu rempli des plaisirs d’apprendre et de jouer. Donc quand la page du mois de juin apparaît sur le mur, leur caractère change. Ils deviennent plus irritables, la fatigue embarque, l’écœurantite aigüe des mille et une répétitions les attaque, la chaleur suffocante (ah non, ça, c’était l’année dernière)… Si je pouvais leur faire finir l’année plus tôt, leur éviter cette torture du dernier mois, je le ferais! Mais leur deuil commencerait seulement plus tôt, et durerait trois mois au lieu de deux.

Cet enfant qui pleure dans le coin de la classe ou dans le fond du terrain, c’est le mien, c’est la mienne. Je les écoute, je les comprends, je les rassure (la plupart des amis seront encore là en septembre, on les reverra pendant l’été ; le prof de l’an prochain sera aussi cool que celui de cette année ; l’été sera palpitant!). Nous célébrons ce qui mérite d’être célébré (la fin des évaluations, le dernier lundi d’école, le dernier réveil à 6 h 45, le dernier lunch à faire). Nous soulignons tous les efforts faits pendant l’année, et nous rappelons que ces efforts doivent encore toffer la run quelques jours pour finir l’année sur une bonne note. Nous passons plus de temps dehors pour faire passer le motton et rappeler que l’été, c’est comme dans Passe-Partout : l’été, c’est fait pour jouer! Mais au bout du compte, le 21 juin, des larmes couleront sur leurs joues et dans leur cœur.

À tous les parents dont les enfants vivent un deuil à chaque fin d’année scolaire, je compatis. Ça tord le cœur de voir nos poussins si désespérés et incompris alors que tous les autres jubilent.

À tous les enseignants qui voient, dans le coin de leur classe ou au fond du terrain de récréation, un jeune qui pleure ou qui retient ses larmes, n’hésitez pas à prendre un moment spécial avec lui pour le réconforter et pour donner une place à sa peine. Il mérite de savoir qu’il n’est pas un extraterrestre. Et prenez cette expérience comme un compliment : s’il s’endeuille de sa classe et de vous, c’est qu’il s’est beaucoup attaché, c’est que vous avez réussi à créer un lien puissant. C’est qu’il vous aime, tout simplement.

Nathalie Courcy

 

Ce moment…

On frappe à la porte de ma classe. Je croise les yeux inquiets de l

On frappe à la porte de ma classe. Je croise les yeux inquiets de la secrétaire et de ma collègue. Ce sera elle qui prendra le relais, le temps que je sorte et que la secrétaire me fasse cette annonce, celle du décès du papa d’un de nos élèves.

Une banalité. La mort s’est invitée sans s’annoncer.

Du coup, je me rappelle ce moment, les yeux de l’infirmière qui m’avait annoncé sans parler le décès de ma mère, il y a déjà quatorze ans.

Ce moment, tu ne l’oublies jamais.

Ce matin, je suis retournée en classe chamboulée, habitée par un chagrin sans fin, sachant toutes les douloureuses étapes qui attendent ce petit humain, son jeune frère et surtout, leur maman.

Désorganisée, j’ai tenté de mon mieux de rester sereine. Il nous fallait attendre le plan de match.

Comment annoncer à des enfants de douze ans que leur ami aura grandement besoin d’écoute et de soutien pour les prochaines semaines? Comment leur expliquer ce drame tout en les rassurant, en leur rappelant qu’une histoire comme celle-là, c’est rare? Si c’est rare, pourquoi lui? Pourquoi cet élève?

Pour plusieurs de ces enfants, ce sera un premier contact avec la mort, le moment où on commence à prendre conscience que nous ne sommes pas éternels.

C’est en après-midi et après avoir pris une grande respiration que j’ai expliqué ce grand malheur aux petits humains devant moi.

L’onde de choc s’est fait sentir. Certains connaissaient ce papa. Pour d’autres, cette situation leur remémore le départ d’un grand-parent, d’un animal, la maladie d’un proche. Chacun a reçu cette nouvelle à sa façon, avec son petit bagage de douze ans de vie.

Nous avons eu besoin de sortir au grand air. Les accolades et les bons mots étaient au rendez-vous.

Aujourd’hui, je me suis souvenue à quel point la vie est fragile.

Mon grand, toi qui contamines ceux qui t’entourent par ton bonheur facile, je souhaite de tout mon cœur que cette douleur si vive s’apaise rapidement, que la flamme qui t’habite jamais ne s’éteigne.

Je pense à toi et sache que je te comprends.

Karine Lamarche

 

Ce soir

Je suis présentement assise à côté de toi. Je te regarde et j’

Je suis présentement assise à côté de toi. Je te regarde et j’ai le cœur gros.

Toi, tu dors paisiblement dans le milieu de mon lit. Habituellement, je ne suis pas enchantée à l’idée que tu passes la nuit entre papa et moi. Aujourd’hui, c’est moi qui te l’ai offert. Le sourire sur ton visage représentait bien ta joie. Maman qui te demande de faire dodo avec elle et papa. WOW! On pourrait même te dire d’aller t’acheter un 6/49 (bon juste le dire en expression, car tu n’as pas l’âge).

Ce soir, j’ai décidé que je passais par-dessus mes idées préconçues. Tu sais, celles qui me font dire que si tu fais dodo avec nous, tu ne seras plus capable de dormir seul et ce genre de truc. Oui c’est vrai, je ne dors jamais aussi bien quand nous sommes trois dans un lit queen. Mais, là, présentement, j’avais envie de sentir ta respiration, de voir ta petite bette endormie, de sentir ton bras d’enfant autour de moi. Je te regarde et j’apprécie ce moment, probablement plus que tu ne peux l’imaginer.

Ce soir, un ami nous parlait de l’enfant d’un collègue. Un petit garçon de cinq ans. C’est presque ton âge ; toi, tu as quatre ans. Ce petit garçon s’apprête à quitter ses parents. Non pas pour aller faire dodo chez sa grand-maman. Non, lui, il deviendra une étoile. Il veillera sur sa famille de là‑haut. Ce petit garçon, il allait bien, très bien même. Comme toi, il adorait jouer. Puis un jour, la vie a décidé que la sienne se terminerait plus rapidement que prévu.

Ce soir, mon cœur de maman saigne. Je ne le connais pas, mais je ne peux m’empêcher de penser à lui et à ses parents. Je ne sais pas comment un parent peut survivre à une épreuve comme ça. J’ai l’impression qu’une partie de ton cœur meurt à tout jamais. Juste l’imaginer, je manque d’air. La seule chose que je peux faire est de compatir avec eux et de leur envoyer une grosse dose d’amour et des ondes positives.

Puis, c’est là que je te regarde et que je me dis qu’on ne sait jamais ce que demain nous réserve. Alors, le mieux que je peux faire est de profiter des moments que nous avons ensemble. Ce n’est pas quelque chose de facile pour moi de vivre le moment présent sereinement. Je suis plus du genre à te dire : ne fais pas ci, ne fais pas ça, dépêche-toi et patati et patata. Je veux tellement que tu sois parfait que j’oublie parfois que tu n’es qu’un enfant. Un enfant qui doit apprendre de ses erreurs.

Aujourd’hui, je me fais la promesse de profiter plus de la vie avec toi, ton frère et ta sœur. De ne pas vous rendre parfaits, mais heureux. Oui, je tiens tout de même à faire respecter mes valeurs, mais je veux accepter que la perfection ne soit pas de ce monde.

Ce soir mon coco, je m’endormirai à tes côtés, je te regarderai avant de sombrer dans les bras de Morphée et je remercierai la vie pour les moments qu’elle nous offre ensemble.

À toi qui lis ce texte, que dirais‑tu d’aller faire un gros câlin à tes enfants, leur dire combien tu les aimes et remercier la vie des moments que vous pouvez vivre ensemble?

Karine Larouche

Hommage à un frère d’armes

<span style="margin: 0px; font-family: 'Times New Roman',serif; font

Au mois d’août 2001, j’apprenais que j’étais encore déployé à la dernière minute en Bosnie-Herzégovine. Mon nouveau commandant m’a appelé personnellement pour s’informer de moi et s’assurer que je pouvais prendre mon congé d’été avant de partir. Le camp était à Velika Kladuša et j’y suis arrivé le 23 septembre 2001.

J’avais déjà remarqué l’énorme changement dans le pays depuis ma dernière visite, cinq ans auparavant. La reconstruction des maisons était bien établie. Les voitures circulaient sur les routes, ce que je n’avais pas eu l’occasion de voir lors de ma première visite. Par contre, les trous de balle sur les murs étaient toujours visibles et les cimetières étaient encore plus grands. Des tours avec des haut-parleurs étaient dressées et les prières pour Allah nous réveillaient le matin.

Au lieu de vivre dans des tentes, nous vivions dans des conteneurs maritimes meublés. Wow! Quelle gâterie de voir cela! Pour moi, c’était presque comme des vacances comparativement à ma première mission (façon de parler, bien entendu).

Ce que j’ai trouvé difficile cette fois a été de passer Noël loin des miens. J’ai téléphoné à ma mère la veille de Noël. Elle était chez ma grand-mère maternelle. Pendant notre conversation, j’entendais la musique en arrière-plan et tout le monde qui avait du plaisir. Je me sentais si loin et si seul en les entendant…

Après la conversation, je me suis dirigé vers la cafétéria où nous avions notre souper de Noël. Là, je me rappelle, j’étais debout devant ma chaise et j’observais la belle table et tous les efforts mis en place pour nous faire plaisir. Je me serrais les dents pour ne pas verser une larme. J’étais triste. Triste de ne pas pouvoir passer Noël avec ma famille. Triste de me sentir seul, même si j’avais de bons frères d’armes avec moi. C’était la première fois que je vivais un Noël à l’étranger.

La veille du jour de l’An, j’étais à l’extérieur sur le camp. À minuit, les coups feu se sont mis à retentir. Je me demandais vraiment ce qui se passait. La panique a monté. Puis, un collègue m’a rassuré en me disant que c’était la coutume des gens d’ici. Même coutume que pour les mariages.

Il y a une chose, ou plutôt une personne, qui a fait toute la différence sur ce camp. Il était caporal-chef. J’ai perdu beaucoup de frères d’armes, mais lui revient souvent dans mes pensées. Pourquoi? Parce qu’il était un bon vivant. Il aimait toujours rire et faire des blagues. C’était le genre de gars qu’on écoutait parler et soudainement, tout allait mieux. C’était un frère d’armes qui pouvait remonter le moral à tout le monde. Toujours joyeux, avec un beau sourire, il savait comment s’y prendre pour nous faire rire. Je le voyais presque tous les jours quand j’allais prendre mes pauses. Et quand il n’était pas là, c’était décevant!

Lorsque j’ai appris son décès en décembre 2013, je ne voulais pas y croire. Pourquoi lui?

Cet article, je le dédie à toi, mon cher ami. Tu resteras toujours dans mes pensées en tant que bon frère d’armes et Gaspésien joyeux. Repose en paix et jamais je ne t’oublierai. Je me souviendrai.

 

Carl Audet

 

 

 

J’m’ennuie de toi, p’pa

J’m’ennuie de toi, p’pa. Parce qu’avant que tu partes, je ne

J’m’ennuie de toi, p’pa. Parce qu’avant que tu partes, je ne pense pas que je réalisais vraiment ta place dans mon monde. Je t’avais et c’était parfait ainsi.

Quand tu es parti, j’ai tranquillement apprivoisé un quotidien sans papa.

J’étais désormais une jeune femme qui envierait toutes les filles qui danseraient leur première danse dans leur belle robe blanche.

Tu es parti sans préavis.

On ne s’est pas dit au revoir et c’est sûrement mieux ainsi. Seulement, tu ne m’as pas préparée à ton absence.

Tu ne m’as pas dit à quel point la vie serait triste après ton départ.

À quel point je ne serais plus jamais la même.

J’ai dû m’habituer à ne plus entendre ta voix forte qui me répond « oui, puce » après une sonnerie quand je téléphone, et ce, peu importe l’heure.

Quand je me chicanerais avec mon chum, je ne pourrais plus venir trouver réconfort dans tes bras… t’entendre tout dédramatiser d’un seul coup et me faire sentir légère.

Tu ne serais plus là pour venir accrocher mes cadres sur mes murs… faire un feu d’après-midi pour faire brûler les branches et ouvrir une bonne bouteille pour regarder les flammes… te voir gêné de me redemander pour la millième fois de t’aider à reprogrammer ton répondeur. Ça me faisait tellement plaisir et tu ne me dérangeais tellement pas, papa…

Tes conseils, ton écoute, ta trop grande sensibilité que je me suis appropriée malgré moi me manqueraient tellement.

Ton angoisse qui était rendue un grand spectacle… elle n’était plus.

Je ne partagerais plus de café avec toi ni de regards complices, rien. Tu es parti en emmenant une partie de moi.

J’aurais aimé que mes garçons te connaissent, j’aurais aimé te voir courir autour de la table après eux pendant que maman cuisine. J’aurais tellement aimé que tu ne partes pas.

J’aimerais, juste une fois, te voir les regarder avec le même regard que tu avais pour ma sœur et moi.

Cette fierté qui émergeait de toi quand tu nous voyais entrer dans une pièce…

Seul toi pouvais nous faire sentir aussi spéciales, seul mon papa. J’aurais aimé te rendre fier de la mère que je suis.

Je me demande souvent quelle maman je serais si tu étais encore là.

Mon stress, mon angoisse, mon insécurité n’existaient pas avant ton départ.

Mais malheureusement, te perdre si tôt dans ma vie de jeune femme a laissé plusieurs blessures que le temps a su apaiser. Ce temps n’a jamais su guérir à la femme que je suis devenue.

Bientôt dix ans que tu n’es plus là, p’pa, et je suis celle que je devais devenir grâce ou à cause de ton absence. Je t’en remercie quand même, parce que malgré ton trop tôt départ, ma vie est tellement belle.

Imagine si tu étais là, encore.

 

Lisa-Marie Saint-Pierre

 

Quand un enfant s’envole

Il y a quelques années, j’ai vécu une histoire unique, une histo

Il y a quelques années, j’ai vécu une histoire unique, une histoire magnifique, une histoire dramatique.

J’ai accompagné un enfant jusqu’à son dernier souffle. Il était si petit, et chaque jour, il combattait ce fléau dans ses artères et dans son corps. Il avait cette étincelle de vie dans le regard qui déjouait tous les pronostics. Ce petit regard qui transperçait mon cœur et criait si fort « ESPOIR ».

Je l’ai bercé, je lui ai tenu la main, et chaque jour… je l’ai regardé s’éteindre. Je voulais hurler. Mais je ne pouvais pas. Il aurait eu si peur. Je voulais pleurer. Mais je lui ai donné mes sourires.

Je l’ai regardé agoniser. Un enfant qui meurt… c’est contre nature. C’est inhumain. C’est… je n’ai pas de mot assez fort pour décrire la détresse que cela engendre.

C’est irréel. Ça ne peut pas arriver. Ça déchire ton âme et ça jette ton corps à terre. Ce même corps qui ne contiendra jamais assez de larmes et ce cœur qui ne guérira jamais vraiment.

« J’ai perdu un enfant. »

Combien de mamans vivent avec ce grand vide dans le cœur ? Combien de papas pleurent le soir dans le noir ?

On ose si peu en parler, ça fait si mal.

Pourtant… que ce soit un nouveau‑né, un nourrisson, un bambin, un ado ou même un adulte, quand la vie de ton enfant est arrachée, tout s’effondre et un parent ne fait jamais ce deuil‑là. Une perte impossible.

Je crois qu’en parler apaise. Un peu. Ouvrez votre cœur. N’ayez pas peur. La mort n’est pas contagieuse mais l’amour, lui, l’est. Aimez encore plus fort. Aimez fort.

Gwendoline Duchaine

 

Aimer de la même façon?

La plupart d’entre vous savent que j’ai perdu l’homme de ma vi

La plupart d’entre vous savent que j’ai perdu l’homme de ma vie, le père de mes enfants, mon âme sœur, il y a sept ans. Sept années où je me suis posé des millions de questions sur moi, sur comment, sur pourquoi, pour savoir si l’amour, c’est la même chose après un deuil. Un deuil si jeune qui m’a laissée seule avec les deux plus beaux trésors du monde.

La semaine dernière, lors d’une magnifique soirée, mon amie m’a présenté une de ses amies qui est dans la même situation que moi. Un coup de foudre amical incroyable. Une connexion facile et agréable. Compassion, compréhension, tout y était. Et c’est là que la question m’a frappée en plein visage. C’est là que j’ai réalisé ou compris que oui, c’est possible d’aimer quelqu’un d’autre après un deuil.
Elle m’a demandé : « Dis, est ce qu’on aime de la même façon après cette épreuve? » Et la réponse est venue tellement de façon spontanée et facile… NON, on n’aime pas de la même façon. C’est un autre genre d’amour. Pas un amour de famille, un amour de bien être. Un amour pour se faire du bien, pour se faire plaisir.

Je fréquente un homme depuis bientôt cinq ans et il n’a jamais été question de cohabitation, de former un autre genre de famille. C’est un amour pour moi, car l’amour inconditionnel, je l’ai d’une autre façon. Cet amour que leur père avait pour moi, je le ressens à travers eux. Ce regard qu’il avait lorsqu’il me regardait, je le vois dans leurs yeux à eux, mes deux trésors.

Avec mon copain, c’est un tout autre amour. Son regard pour moi est rempli de beauté et de bien être. Un regard qui dit nous allons vieillir ensemble mais pour nous. Pour voyager, pour nous amuser, pour être ce que nous sommes.

Annie Corriveau

Notre premier Noël à nous

D’aussi loin que je puisse m’en souvenir, Noël a toujours été

D’aussi loin que je puisse m’en souvenir, Noël a toujours été simple chez moi.

Le 24, c’était chez mes parents en famille.

Les cadeaux, la grosse bouffe à maman, le toast à papa. Un Noël important et sans prétention.

Mais les années ont passé et je ne suis plus enfant. J’ai ma propre famille maintenant. Et je suis maintenant la maman de ma famille à moi.

Mais reste que dans mon petit cœur d’enfant, j’aimerais qu’en ce retour du mois de décembre, la magie et la nostalgie s’unissent.

J’aimerais que la maison de papa et maman existe encore et que le 24 décembre existe encore à nouveau comme avant, comme quand c’était simple.

Mais papa est parti et il a volé la magie des fêtes. Il nous a quittés et nous a enlevé notre Noël sans prétention.

Maintenant, maman a son nouvel amoureux que j’adore, mais qui a lui aussi son Noël…

Et ma sœur, elle, a également son copain qui a son Noël. Tous deux le 24 décembre.

Alors me voilà, face à mon premier Noël en tant qu’adulte. Je ne le fuirai pas cette fois.

J’ai toujours tendance à accepter la première invitation ou à inviter tous les orphelins des fêtes pour fuir ma peine durant cette période, ou bien à remplir la maison soir après soir devant de belles tablées pour occuper ma tête et mon cœur un peu toujours tristes à ce temps de l’année.

Mais je me suis dit que cette année, les deux pieds dans ma première année de trentaine, il était temps que je crée nos traditions à nous,

Que l’on se fasse notre 24.

Mon chum est très traditionnel et adore tout ce qui est intime, juste nous quatre.

Je vais préparer une belle table, on va rester en pyjama… ouvrir nos petits cadeaux et ce qu’on mangera et fera durant cette soirée deviendra une coutume réconfortante pour mes enfants…

Ces petits détails qui nous paraîtront anodins sur le moment deviendront terriblement importants pour eux et aussi pour nous.

Un chocolat chaud près d’un feu d’hiver dans la cour deviendra irremplaçable pour les années qui se succèderont.

J’aime penser que notre Noël à nous arrive… même s’il me fait de la peine à la fois, parce qu’il m’éloigne de mon Noël d’enfant.

Et vous, vos traditions ont‑elles changé au fil des ans pour faire place à de nouvelles?

Lisa-Marie Saint-Pierre

Je ne peux m’empêcher de penser à toi…

<span style="margin: 0px; color: #333333; font-family: 'Georgia',ser

Alors que les familles se réunissent et que les éclats de rire des enfants éclatent dans la pièce, je ne peux m’empêcher de penser à toi.

Je regarde ce beau sapin rempli de milliers de lumières et je me dis qu’il aurait mis de la magie dans ta vie. Comme tellement de parents, j’ai perdu un enfant. Et peu importe les circonstances, c’est une perte dont on ne se remet jamais vraiment…

Parfois, nos petits anges nous quittent pour de funestes raisons. Que ce soit à quelques semaines de grossesse ou à quelques mois de vie, ça reste une peine qui ne guérira jamais entièrement.

Mon histoire n’est pas plus spéciale que les autres. Mon petit bébé aurait mené une vie emprisonné dans un corps handicapé où les murs de l’hôpital auraient été le seul décor qu’il puisse voir… Nous avons fait consciemment le choix de le laisser partir.

Je me suis promis que je ne regretterais jamais ce choix… mais… mais quand je vis des moments magiques, ceux où le temps semble s’arrêter, je ne peux m’empêcher de penser à toi, mon bébé.

Je pense à ton quatrième anniversaire, que l’on aurait fêté cet automne. Je pense à ton inscription à la maternelle, que j’aurais faite en février prochain. Je regarde tes sœurs ouvrir leurs cadeaux du père Noël, avec leurs yeux remplis de magie, et je t’imagine secrètement parmi nous…

Je sais aussi que bien des familles ont perdu des êtres chers, et pas seulement des enfants. Un père, une mère, une tante, un frère, un grand-père… et ça me réconforte en fait de penser que je ne suis sûrement pas la seule à vivre la nostalgie des fêtes…

La mort, ça reste un grand tabou. Plus les années passent et moins on se donne le droit d’en parler. Pourtant, même si on refait nos vies, même si on est très heureux dans le présent, on ne peut s’empêcher d’y penser.

Je me surprends encore à m’imaginer au bord de la rivière où on a dispersé ses cendres… Ça me fait du bien. Ce n’est pas de la tristesse que je ressens, pas uniquement… Je ne suis pas dépressive, et j’ai fait le deuil de ce petit être. Cela ne m’empêche pas toutefois de penser à tout ce que serait notre vie s’il en faisait encore partie.

Ce soir, je salue avec tendresse les parents qui ont perdu une partie d’eux‑mêmes. Je salue les enfants qui ont perdu ceux qui les ont mis au monde. Je salue tous ceux qui ont perdu quelqu’un qui faisait battre leur cœur plus fort. Je salue toutes les personnes qui regardent leur sapin illuminé cette année, en pensant à la personne qui manque à la fête.

Je vous envoie des milliers de câlins. Je lève les yeux au ciel et je regarde chacune des étoiles. Je me dis que si mon bébé est là‑haut, il semble bien entouré. Alors je lève mon verre ce soir, à vous, nos étoiles. Je vous souhaite d’être heureux où que vous soyez. Continuez de veiller sur nous. Et embrassez mon bébé pour moi…


Joyeuses fêtes à tous!


Joanie Fournier

Mes beaux sapins

<span style="margin: 0px; line-height: 107%; font-family: 'Times New

La première année d’un deuil, ce n’est pas jojo. Chaque fête, chaque anniversaire, chaque occasion de célébrer, en est une de se rappeler. Se rappeler ce qu’on a perdu, pleurer ce qu’on regrette. Imaginer la liste des « si » : et si ce n’était pas arrivé? Si je n’étais pas partie? Si la vie avait été différente?

La deuxième année d’un deuil, ce n’est pas tout le temps jojo non plus : une plaie qui se referme, ça gratte, ça pique, ça pétille, ça démange. Mais tout ça, c’est bon signe : ça guérit. Chaque fête, chaque anniversaire, chaque occasion de célébrer devient, petit train va loin, une occasion de célébrer nos progrès. Une larme en moins, un rire en plus, un souvenir plus serein, une étincelle dans le regard.

Novembre 2017 : moi, fraîchement déménagée après une séparation. Quatre enfants éplorés, déchirés entre deux maisons. Le chat un peu perdu au milieu des boîtes éventrées et de l’odeur du félin de l’ancienne propriétaire. Et Noël qui s’annonce… comment dire… pas très festif.

« Je suis vraiment désolée, les enfants. Cette année, je ne me sens pas la force de monter le sapin, de décorer pour Noël. On sera chez grand-maman le 24 de toute façon… »

Leur tristesse même pas dissimulée, mais exprimée doucement, sans reproches. Être si petits, et exprimer autant de compassion. L’écrire m’émeut autant que le vivre.

« Mais l’année prochaine, je vous le promets, ce sera différent. J’ai besoin de temps. Je suis tellement désolée… »

***

« Les enfants, je dois sortir ce soir, réunion de parents. Soyez sages! »

Ce soir-là, quand je suis revenue, ils avaient été très sages. Et très complices. Et très aimants.

J’ai ouvert la porte, doucement. La fée du sommeil était passée. Soulagement : je n’osais jamais les quitter depuis le déménagement. Je me trouvais déjà tellement dépouillée de mon temps avec eux…

J’ai ouvert la porte, doucement. J’ai entendu le silence. Et j’ai vu.

J’ai vu, au milieu du salon et des boîtes éventrées, un sapin. Tout monté, tout décoré. Magnifique. Rempli d’amour et de joie. La joie pure d’enfants et d’adolescents qui tenaient à vivre un Noël joyeux et « presque » comme d’habitude.

Le lendemain, ils m’ont raconté : à la seconde où ma voiture avait tourné le coin, ils s’étaient dépêchés de trouver les gigantesques boîtes contenant le sapin et les décorations. Ils avaient tout monté au rez-de-chaussée (ah! le travail d’équipe et la débrouillardise!). Ils avaient tout démêlé. Tout installé, en ordre de grandeur de branches et de couleurs de guirlandes. Ils avaient tout créé. Et ils avaient rangé tout le reste, « pour que maman n’en ait pas plus à faire ». Et ils s’étaient couchés en paix, heureux d’avoir respecté ma fatigue et leur désir d’être des enfants.

***

Alors cette année, j’ai attendu que le jour du Souvenir soit passé (par respect pour ceux qui se sacrifient pour préserver notre paix) et j’ai proposé :

« Gang! Ça vous tente? On met de la musique de Noël dans le piton et on décore le sapin! »

Ce à quoi ma plus vieille, qui avait tout orchestré l’an dernier, a répondu : « Ok, mais est-ce qu’on va pouvoir mettre la chanson ˝Noël, j’ai mal au cœur˝? » Et voilà, c’était parti : cinq enfants (je m’inclus là-dedans!) qui chantent à tue-tête en riant et en décorant le sapin.

Mon beau sapin, cette année, a une beauté tout aussi grande que celui de 2017, mais différente. Ces deux sapins trôneront dans mes souvenirs pour toujours, symboles du chemin parcouru et de l’amour partagé.

 

Nathalie Courcy